Mohamed Amzert, réalisateur algérien de 46 ans exilé en France, ne parvenait pas à concrétiser ses projets.
Le 12 mai 1995, il s'est s'immolé par le feu dans le parc de Choisy, à la périphérie du XIIIe arrondissement de Paris. A l'arrivée des pompiers, Amzert s'est levé du banc, en flammes, les bras tendus, et a tenu un discours. Les sauveteurs n'ont retenu qu'une petite phrase: « Je suis un homme libre. » Il était 10 h 50. Trop tard. Dans sa poche, les policiers ont retrouvé un livre de Sartre à la couverture calcinée; au détour d'une phrase on pouvait encore lire: «10 h 45. »
Ce diplômé de l'université de Vincennes voulait « mettre fin à une humiliation quotidienne et attirer l'attention des pouvoirs publics des institutions sur la situation désespérée de nombre de [ses] compatriotes. »
Auparavant, il avait enregistré ce message sur le répondeur d'un ami :
« J'en ai marre de tous ces exils. Je vais mourir aujourd'hui, maintenant. Bon courage. »
Il laissa un scénario : Bouellem, pas de chance, où le protagoniste, en exil à Paris, se suicide en mettant le feu à ses vêtements, gare du Nord.
(Impatientia doloris/jactatio).