Ne plus enseigner le français en France présenterait, entre autres, l'avantage suivant : les Français ne seraient plus capables de décrypter les finesses langagières d'un Claude Guéant, par exemple (voire la note précédente).
J'ai reçu hier cet appel urgent :
Langue française : Opération
Chatel
Tous ensemble devant le ministère de l'Éducation
Anglo-saxonne
dirigé (et détourné) par M. Luc Chatel, 110 rue de Grenelle - 75007 Paris, pour un
RASSEMBLEMENT
samedi 30 avril à 15h.
Nous ne les laisserons pas instrumentaliser
l'École !
Refusons l'endoctrinement impérialiste et linguistique de nos enfants !
M. Chatel, pédagogue bien connu, aime tant l'anglais qu'il tient à en faire partager sa
passion à tous nos enfants, dès 3 ans, -et tout au long de leur scolarité. M. Chatel est un homme de convictions : il est seulement à déplorer que le patriotisme et la loyauté n'en
fassent partie, -ou plutôt que ce patriotisme exacerbé, franchement chauvin et péniblement exclusif, s'exerce vis à vis des États-Unis -probablement la patrie "de
cœur", pour l'ancien DRH de la multinationale Lauréal.
Mais ce n'est pas le seul projet du gouvernement dont il est l'homme de peine. Notre tâcheron de l'endoctrinement devra bientôt répondre au souhait présidentiel de voir les
mathématique, l'Histoire (et le sport !) enseignés "en langue étrangère" (langue dont le choix n'est plus un mystère...) dans les
lycées, rendant de facto la langue de Business Europe, le syndicat du patronat européen, LA matière principale pour avoir son bac, puisque celle qui conditionne l'accès et la
compréhension de toutes les autres ! Un jeune britannique de passage aura ainsi plus de facilités que nos enfants à réussir son bac en France -une délicatesse rare et très ciblée en
matière d'intégration, sans doute le véritable sens de l' "immigration choisie" chère à M. Sarkozy- mais surtout une façon de faire comprendre très efficacement à tout parent et tout
écolier la véritable hiérarchie des langues en France : rater le français c'est perdre une matière -bien marginalisée qui plus est, avec la division par deux dès l'an prochain de son
volume horaire en première et terminale L, au profit d'un apprentissage "de la littérature étrangère en langue étrangère" dont n'a peine à deviner, là encore, quelle langue en bénéficiera.
Échouer en anglais c'est louper son bac.
[Quelques précisions très officielles -la partie émergée, celle déjà mise en œuvre, pour le reste relire les discours de nos gouvernants : http://www.education.gouv.fr/cid55664/installation-du-comite-strategique-des-langues.html.
On y parle beaucoup "des langues étrangères", d'ailleurs, mais pour ce qui est des stages gratuits au lycée, les masques tombent : c'est pour l'anglais seulement].
Après avoir été, selon les vœux de Jules Ferry, le moyen de notre unité et le premier service de la République française, l'École publique, laïque et obligatoire, est donc en passe de
devenir l'instrument par excellence de notre formatage linguistique et culturel, de la "normalisation" de notre "exception culturelle" -de la relégation accélérée de notre langue maternelle au
rang d'idiome local pour nostalgiques d'un réservoir de travailleurs qualifiés interchangeables qui s'est appelé un jour France.
Car autant les causes d'une mesure aussi brutale et délétère sont profondes et ramifiées -créer de toute pièce un peuple européen dont la langue "nationale" serait l'anglais, ce qui aurait
l'avantage de donner une apparence de légitimité à la construction bruxelloise tout en favorisant les rapprochements ultérieurs avec les "modèles" anglo-saxons ; rendre nos enfants plus à l'aise
avec l'anglais qu'avec toute autre langue (y compris... la nôtre, si possible !), pour que la nouvelle génération n'est plus de réticences à voir cette langue s'imposer ; rendre l'anglais
naturel pour eux, puisque connu dès le plus jeune âge et légitimé par l'École, étape indispensable au remplacement pur et simple du français...- autant les raisons de s'y opposer sont
simples. Évidentes. Parmi elles, conserver la capacité à accéder notre patrimoine littéraire -ces textes qui ont forgé notre pensée à travers les âges et infléchis notre histoire collective-,
mais aussi plus immédiatement, nos propres concepts pour décrire le monde et ses possibles, car une langue est tout sauf objective ! Préserver ce creuset particulier de
définitions et de non-dits, de connotations, d'usages, d'abstractions et de descriptions imagées qui donne à une langue toutes ses nuances pour décrire la réalité de ses locuteurs : la nôtre,
notre pacte social, et cet humanisme des Lumières que l'on voudrait bien extirper de nos têtes. Conserver, d'ailleurs, simplement une langue pour s'exprimer, revendiquer s'il le
faut, car ce qu'on nous propose n'est qu'un code formaté, toiletté, neutralisé. Du globish plus que de l'anglais. Un jargon mercatique politiquement corrigé, une boussole faussée qui
indiquera toujours la droite plutôt que le nord...
Vous voudrez bien trouver en pièce-jointe l'appel à ce rassemblement -qui reprend certains aspects de celui du 19 mars, dont il
est un prolongement.
En pièce-jointe également, le compte-rendu du Rassemblement de la fontaine Molière, qui fut une belle réussite pour ce tout premier coup d'essai. Merci à tout ceux qui en furent
!
A vous retrouver le 30 avril,
salutations militantes,
M.V., pour le COURRIEL.