Aujourd’hui, deux fois moins d’enfants français apprennent l’allemand que dans les années soixante-dix. Je ne connais pas la situation outre-Rhin, mais le pessimisme m'habite. L’allemand, cela sert à faire des affaires avec les Allemands. Ils sont très flattés quand on leur parle dans leur langue. Et puis, cela permet aussi, accessoirement, ce qui n'est pas rien, de lire Zweig, Mann ou Werfel dans le texte.
Je me disais tout cela récemment parce que j’étais retombé sur quelques vers admirables de Goethe, géant parmi les géants : l’un des deux “ nocturnes du promeneur ”, que le poète écrivit en quelques minutes dans une petite maison en bois, dans les bois. Ce court texte fut mis en musique par Schubert.
Je propose ma traduction, qui vaut ce qu’elle vaut.
Über allen Gipfeln
Ist Ruh,
In allen Wipfeln
Spürest du
Kaum einen Hauch;
Die Vögelein schweigen im Walde.
Warte nur, balde Ruhest du auch.
Sur toutes les cimes
Le calme
Au faîte de tous les arbres
Tu ressens à peine un souffle ;
Les oiseaux se taisent dans les bois.
Attends, bientôt toi aussi tu te reposeras.
Germanophones ou francophones, nous mourrons tous un jour. Espérons que ce sera dans cette sérénité.