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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 15:13

http://www.fourmi-lierre.fr/tte%20ma%20vie%20mensonge.jpgAinsi donc, le kleiner Mann est favorable à des sanctions contre les exilés fiscaux et à une renégociation musclée des accords de Schengen. Certains observateurs qui, n’ayons pas peur des mots, lui sont plutôt hostiles, n’ont pas hésité à dire que Sarkozy changeait d’avis comme de chaussettes. Je dirais plutôt qu’il ment comme il respire.

 

Depuis qu’il œuvre dans la politique – donc même au temps où il n’était que “ simple ” maire – il n’a cessé de raconter des histoires. Attention : cet homme a des convictions ! C’est un homme de droite classique, je dirais orléaniste (donc nullement gaulliste), partisan d'un État réduit à ses fonctions régaliennes, catholique convaincu. À côté des convictions, il y a sa volonté, sa quête de pouvoir. Ces deux pans de sa personnalité ne se recouvrent pas forcément. Autant il est inébranlable dans ses convictions, autant il peut fluctuer dans sa pratique de la politique au jour le jour. On l’a vu, des années durant, emprunter des aspects du discours et des solutions de l’extrême droite. On est tout de même un peu surpris aujourd’hui lorsqu’il pioche dans la besace de Mélenchon. Seulement, lorsque le candidat du Front de gauche propose de rattraper les évadés fiscaux, cela s’inscrit dans une démarche beaucoup plus large dont on ne saurait nier la cohérence (ici, son programme en "8 minutes chrono" link).

 

Les visées sarkozyennes sont tout autres. Il s’agit, afin de répondre à la tripaille de ce qui n’est pour lui que la populace, de s’approprier l’air du temps en proposant des solutions que, non seulement, il fait siennes, mais qu’il présente comme siennes. La scène politique est, pour lui, un libre service. On lui dit que le vote pied-noir est moins lepéniste qu'auparavant, et hop!, il invite Enrico à son show et pleure une larme pour les harkis.

 

Que le peuple ne se fasse aucune illusion : si Sarkozy est réélu, jamais il ne causera le moindre tort aux très riches dont il est l’agent. Les évadés fiscaux ne seront pas déchus de leur nationalité (jamais une Cour de Justice européenne n’accepterait une telle sanction) La moindre incartade de sa part et il sera sanctionné en trois coups de cuiller à pot. Il ne faudra pas longtemps au Figaro de Dassault pour le faire venir à résipiscence, ou, si nécessaire, pour le déstabiliser.

 

Pour l’instant, le kleiner Mann drague le « peuple du non », c’est-à-dire cet ensemble extrêmement composite de gens de droite de gauche qui ont voté non au référendum de 2005. Il s’y prend en mentant puisqu’il a bafoué la décision populaire (avec l’aide du parti socialiste) en faisant accepter le Traité de Lisbonne par le Parlement.

 

Il ment tout le temps. Lors de l’émission de TF1 présentée par Laurence Ferrari (un jour la petite histoire nous dira pourquoi il y a tant d’agressivité mal contenue entre ces deux-là), il jure à un contradicteur de couleur noire qu’il n’a jamais dit : « La France, vous l’aimez ou vous la quittez ! » Or, tout le monde a en mémoire ce discours de 2006 où, accompagné par une future ministresse de la diversité, il proférait cette petite ignominie.

 

Parmi les dizaines de mensonges de ce bonimenteur, je vous donne mon préféré. Il y a cinq ans, il jure, les yeux dans les yeux, à des employés de GDF que jamais il ne privatisera leur entreprise. Au même moment, les siens préparent l’entrée de nombreux actionnaires privés dont le noyau dur est constitué de copains à lui.

 

PS : Dans son éditorial d'aujourd'hui pour Libération, Nicolas Demorand explique la démarche, mensongère par essence, du kleiner Mann et de son équipe :


"En 2007, le storytelling sarkozien avait été formulé sans détour par l’un de ses conseillers : «La réalité n’a aucune importance. Il n’y a que la perception qui compte.» D’où les cinq années de vidéocratie, de gouvernement par et pour l’image. En 2012, un autre conseiller invite désormais les médias à s’intéresser à «l’histoire qui est en train de s’écrire» dans cette campagne. […] De manière chaotique, au passage, puisque ce ne sont pas moins de trois scénarios qui ont été essayés, ces dernières semaines, sans aucun effet sur les courbes d’opinion : «le capitaine à la barre en pleine tempête» ; «le réformateur jusqu’au bout» ; «sus au halal !», sans oublier la séquence «émotion et états d’âme», avec abandon de la vie politique en cas d’échec. […] Oublié, le quinquennat qui vient de s’écouler et a enseigné que le sarkozysme se nourrissait de ces grands spasmes médiatiques, qu’il était un «présentisme» pensé pour frapper les esprits dans l’instant. Et masquer la triviale réalité : celle d’une campagne attrape-tout qui, jusqu’à aujourd’hui et jusqu’à preuve du contraire, n’est ni parvenue à imposer ses thèmes, ni à dessiner de cohérence."

 

En évoquant la dualité réalité-perception, Demorand met le doigt sur la différence entre information et communication. Un journaliste digne de ce nom doit informer parce que les politiques, comme les industriels, les financiers etc., communiquent. La différence entre information et communication est la suivante : lorsque j'informe, je m'adresse à l'autre, j'œuvre pour l'autre parce que je "forme" un discours. Lorsque je communique, je me mets en scène et j'installe une relation. Le contenu est secondaire. Seule compte la manière dont le contenu parvient à l'interlocuteur. D'ailleurs, au XIVe siècle, communication signifiait “ relations sociales ”. Communiquer, ce n'est pas informer l'autre, c'est se faire valoir par le biais d'un discours clos.

 

 

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commentaires

D
Bah, tout de même, c’est avant tout un avocat. Il plaide donc pour une stratégie, pas pour une conviction personnelle. C’est un boni-menteur (salement culotté comme tous les avocats l’sont)<br /> Savez-vous ? à tout procès, l’avocat gagne (même si le client perd). Son objectif est bien celui-là. En politique, écoutez l’objectif impudique de la plupart : comme au foot, GAGNER.<br /> Catholique ? Pour les honneurs, oui. Si le Christ revenait il serait basané, barbu, hirsute, mal habillé et sans papiers, et l’autre ferait jeter ce pouilleux hors des frontières. Un catholique qui<br /> aime les riches et méprise les étrangers pauvres, c’est contradictoire.<br /> Côté finance le type a été l'avocat du libéralisme sans limites.<br /> <br /> J’ai déjà une vision partielle : je sais pour qui je n’ai aucune envie de voter. Hélas je cherche un candidat qui aime les gens, qui soit bien placé dans les sondages, en qui j’ai confiance, qui<br /> lutte contre le libéralisme, les paradis fiscaux, la spéculation parasite, la corruption. Je promène mon portrait-robot sur les candidats… bredouille.
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