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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 12:54

http://a3.idata.over-blog.com/201x300/1/01/23/35/Aout-2012/livre_livres_a_lire_laisser_les_cendres_s_envoler.jpgPas facile d'être un enfant de riches de nos jours. Félicité Herzog nous en a apporté récemment une magistrale démonstration en montrant à quel point son géniteur alpiniste n'avait été qu'un père pitoyable et sulfureux (link). Dans la même veine, Nathalie Rheims, fille du célèbre et richissime commissaire-priseur, nous offre avec Laisser les cendres s'envoler (Éditions Léo Scheer), une description déchirante de sa relation fracassée avec sa mère.


Je doute que Nathalie Rheims soit de gauche et qu'elle ait voté Mélenchon ou Poutou lors de la dernière élection présidentielle (à vrai dire, je n'en sais rien). Mais au moment où tout ce que la France compte d'idéologues du discours unique et de défenseurs des intérêts des riches demande au peuple de verser une nouvelle et énorme obole aux grands patrons, Nathalie Rheims évoque une technique misérable utilisée par les détenteurs de dividendes – qui ne sont pas, eux, à l'ordre du jour des réflexions de Louis Gallois – pour escroquer le prolétariat et les classes moyennes :

 

Un soir, au cours d'un dîner chez [l'un de mes cousins banquiers], j'avais entendu une étrange conversation. Il était question d'un nouveau produit financier, qu'ils appelaient le "prêt à neutrons". Je me souvenais que cette expression m'avait fait sursauter.


Elle faisait évidemment référence à la bombe du même nom […] qui ne détruisait que les gens, laissant intacts les biens matériels.


[…] Ils disaient que c'était le nec plus ultra. Il s'agissait de prêter de l'argent à des personnes démunies qui voulaient, par exemple, acheter une maison. Le banquier savait que les emprunteurs ne pourraient pas rembourser, qu'ils seraient ruinés par ce crédit, alors que le bien immobilier, lui, serait préservé. On pourrait toujours le revendre. Tout le jeu consistait à faire varier la valeur de cette maison et surtout celle du prêt, qu'on avait, dans le même temps, transformé en titre côté en bourse.


On jouait avec les êtres comme s'ils étaient des numéros sur un tapis de roulette. Mais surtout on spéculait sur l'effondrement du système, qui devenait un moyen pour les riches de l'être encore davantage.


[…] Lorsque notre monde commença à s'enfoncer dans la crise avec l'affaire des subprimes, cette conversation me revint à l'esprit, et j'eus enfin la réponse à ma question. C'était bien une fraude, mais personne n'était coupable ou responsable. C'était la conséquence d'un système livré à lui-même, en roue libre, protégé de toute règle, une sorte de bombe à neutrons qui allait peut-être nous détruire, laissant intacts les biens matériels, fabriquant du désespoir et de la suspicion.

 

 

PS :  Ohé Gallois, porte-coton du CAC 40 ! La masse salariale des entreprises non financières (industrielles et de services) a été multipliée par 3,6 depuis une trentaine d’années. Pendant ce temps, la somme des dividendes versés aux actionnaires a été multipliée par 20. 

 


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