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19 novembre 2012 1 19 /11 /novembre /2012 06:49

RP2

Interview de Jean-Luc Mélenchon dans La Riposte - « La confrontation sociale semble inéluctable ».

 

La politique de ces six premiers mois du gouvernement Ayrault, c’est celle de tout le Parti Socialiste Européen depuis Blair. Elle a conduit à l’effondrement et la capitulation sans condition de Papandréou en Grèce, premier ministre et président de l’Internationale socialiste. Cette ligne, c’est celle de François Hollande depuis les années 80, comme je l’ai montré dans mon livre Enquête de gauche. Le nouveau pouvoir a mis six mois pour faire un « coming out » qui rompt publiquement avec toutes les traditions de la gauche en France.

Mais le nouveau pouvoir pose un grave problème : il détériore le rapport de force social. Le devoir d’un gouvernement de gauche nouvellement élu est de créer le rapport de force avec le patronat. Au lieu de cela, Hollande et Ayrault repoussent les quelques réformes promises. Ils organisent ainsi la démobilisation de ceux qui ont permis de battre la droite. En même temps sur l’austérité, la « compétitivité » et maintenant les 35 heures, Hollande et Ayrault valident le discours du patronat. Hollande et Ayrault mettent la gauche et les salariés en grand danger.

LR : Le MEDEF fait pression pour un allègement massif des « charges patronales ». Il prétend que cela créerait des emplois. Qu’en dis-tu ?

JLM : Le MEDEF avance ses pions car il sent que le gouvernement est faible. Mais ne nous laissons pas intoxiquer par les mots. Ce que le MEDEF appelle des « charges » est en fait des cotisations, c’est-à-dire une partie du salaire. Et le travail humain n’est pas un « coût » : il a un prix. Ce prix intègre la santé, l’éducation, la protection du travailleur contre le chômage ou la vieillesse. Surtout le travail est la seule source de richesse de la société ! Les chiffres plaident pour nous. Depuis dix ans, les exonérations de cotisations sociales ont déjà coûté 215 milliards d’euros. Et le chômage n’a cessé d’augmenter.

Quant aux secteurs soumis à la concurrence internationale, posons les bonnes questions. Pourquoi ne protège-t-on pas nos industries contre le dumping social et écologique ? Pourquoi ne fait-on pas baisser la valeur de l’euro qui pousse Airbus à aller produire en zone dollar ? Pourquoi continue-t-on à tolérer les délocalisations au mépris de toute logique écologique et sociale en France, mais aussi dans les pays à bas coûts ?

LR : Des syndicalistes se prononcent désormais pour leur « nationalisation ». Est-ce que cette idée ne devrait pas être davantage développée par le Front de Gauche ?

JLM : Le programme du Front de Gauche, L’humain d’abord, propose d’étendre la propriété publique à de nouveaux secteurs, notamment le secteur bancaire ou l’énergie avec la nationalisation de Total.

Le Parti de Gauche s’est par exemple prononcé pour la nationalisation de Florange ou la réquisition de Fralib et Petroplus. Mais l’expérience montre que la question de la gestion et de la stratégie industrielle ne s’arrête pas à la question de la propriété. Elle doit intégrer le pouvoir des salariés.

LR : Les politiques d’austérité menées en Europe ont donné lieu à des grèves et des manifestations massives, notamment en Grèce et en Espagne. Quelles perspectives pour la France, à cet égard ?

JLM : En France, beaucoup d’électeurs ont cru que cette question pourrait se résoudre sans combat social. C’est le sens de l’élection de Hollande. Aujourd’hui, les consciences évoluent. La confrontation sociale semble inéluctable. Mais il y a beaucoup d’abattement.

 

 

“ Le hollandisme ou la continuité du néolibéralisme à la française ” par Frédéric Lebaron pour Mémoires des luttes :

Dans le flot des commentaires qui ont précédé et suivi la publication du rapport Gallois et les annonces gouvernementales qui l’ont accompagné - sous le nom de Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi – on a jusqu’ici assez peu relevé l’intéressante analogie de répertoire entre les premiers mois du quinquennat Sarkozy et ceux du quinquennat Hollande : le lancement, très médiatisé, peu après l’élection présidentielle, d’un rapport de référence commandé à un ou plusieurs « experts », le rapport Attali dans le premier cas et celui de l’ancien président d’EADS dans le second. La méthode permet au gouvernement, inspiré par un travail de fond, de fixer un cap de politique économique, en particulier concernant les « réformes structurelles » nécessaires durant le quinquennat

 

Sur la forme, l’analogie est d’autant plus nette que les « experts » sont issus, très majoritairement, du patronat et de la haute fonction publique économique et financière. Ils s’inscrivent dans une tradition « modernisatrice » pour laquelle la France, toujours « en retard » sur ses concurrents, doit entreprendre avec « courage » une série de réformes inspirées d’expériences étrangères qui garantiront sa croissance future.

Sur le fond, l’analogie est tout aussi frappante, et témoigne de la grande continuité en matière de doctrine économique entre le « sarkozysme » et le « hollandisme », ce dernier constituant une nouvelle forme d’une même doctrine que l’on peut appeler le « néolibéralisme » à la française avec ses deux variantes, dites « de gauche » et « de droite ».

Didas Kalos (Résistance politique: “ Compétitivité : piège à salariés ”. Sans compter que le Kapital d’outre-Rhin a tellement comprimé les salaires que 25% des travailleurs y touchent moins de 9 € 15 de l’heure (brut !). Sans parler de la précarité, qui y a littéralement explosé. Tout cela sans qu’on l’accuse de concurrence déloyale – l’Allemagne est intouchable, et l’inénarrable Montebourg, ministre du « redressement productif », préfère faire diversion avec la Corée…

 

Au passage, économistes et journalistes osent maintenant vanter les progrès réalisés en matière de compétitivité par l’Italie et… l’Espagne (mais oui !). Il faut dire que dans ce dernier pays, le taux de chômage officiel dépasse maintenant les 25 % : l’arme absolue contre les salaires !

 

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