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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 06:29

RP2À Radio Mon Païs, on est très bon, mais on n'est pas très riche. Ainsi, on ne peut pas se payer d'études savantes pour savoir qui nous écoute, quand, pourquoi etc. Lorsque je donne ma revue de presse pour l'émission “ Excusez moi de vous interrompre ” (lundi 17 heures, 90.1), je ne sais pas si je m'adresse à 10, 100, 1000 ou 10000 personnes. Ça ne changerait rien si je le savais, mais tout de même.

Mais comment certains médias osent-ils remettre en cause la version officielle du 11 septembre ? Ça me fait penser à ceux qui doutent que Lee Harvey Oswald ait pu être le seul assassin de Kennedy. Et pourtant, bon sang de bonsoir, Bush et sa clique n'ont jamais menti, dans aucun domaine ! Ne jamais oublier, comme disait Colombani, que "nous sommes tous américains". 

Plus sérieusement, traiter Kassovitz de révisionniste est grave car, en France, le révisionnisme est un délit. Assimiler ce français d'origine juive à Faurisson ou à Goebbels est ignoble. Pour une même faute, le tribunal a condamné un blogeur mais a relaxé les deux journalistes Bertin et Revel. On ne commentera pas cette décision de justice.

Le fond du problème est que Kassovitz (et des milliers d'autres aux États-Unis) a remis en cause une parole "américaine". Ce qui est d'autant plus outrageant que cette parole est ... française. Pour se justifier, les affidés ont besoin d'être plus royalistes que le roi, plus inégristes que les Bush et consorts qui se fichent totalement de cette vérité officielle et qui doivent bien rire de l'agitation des petits Bertin, Revel et autres chantres de la vérité officielle.

Samedi 19 novembre, Thierry Ardisson recevait, dans son émission “ Salut les Terriens ”, un ancien travailleur de la Normed dont les poumons avaient été brûlés par l’amiante dans les années soixante-dix. Je voudrais rappeler par parenthèse que j’ai connu le mot anglais asbestos avant le mot français amiante au début des années soixante pour la bonne raison qu’en France nous vivions au milieu de l’amiante (il y en avait jusque sur les tables à repasser) mais nous n’en savions rien, alors que les autorités d’outre-Manche s’étaient déjà emparées du problème et avaient commencé à réfléchir à l’interdiction de ce produit. Après plusieurs décennies de combat juridique, ce travailleur, ainsi que quelques centaines de ses camarades, s’étaient vu accorder des indemnités qui ne leur rendraient pas la santé mais qui leur permettraient de vivre un peu moins mal (quelques dizaines de milliers d’euros). Par un jugement de la Cour de cassation, ces travailleurs viennent d’être condamnés à rendre une partie importante des indemnités qu’ils ont en général déjà intégralement dépensées. Statuant dans une perspective libérale sarkozyenne (payer parce qu'on est malade), le tribunal a produit cette cote mal taillée pour une raison toute bête : les technocrates qui avaient évalué les remboursements avaient vu trop juste quant au nombre des victimes. Comme il n'était pas question d’augmenter la somme globale à rembourser, les heureux bénéficiaires allaient devoir se serrer la ceinture et participer à la gestion de la pénurie.

 Jacques Drillon, dans Le Nouvel Observateur, nous alerte : l’incise est bien malade, du moins l’incise de narration, de citation : ce petit bout de phrase de rien du tout, le dit-il, le répondit-il, le demanda-t-il, qu’on place dans les dialogues rapportés.

Autres exemples : On peut y lire une certaine forme de distanciation, euphémise un ministre.
À force d'être fréquenté, l'endroit a fini par devenir un chez-soi, poétise Amigo.

Oui, le mal était fait. Il fallait encore sauter un pas pour que l’incise mute et que le cancer se généralise : ajouter un mot à ces incises pourries, ne fût-ce qu’en développant une expression. Et ce fut dans le Monde que le phénomène se produisit: – C'est une crise mondiale, on peut en parler partout dans le monde, y compris aux États-Unis, a-t-elle botté en touche.

Alphonse Allais l’avait prévu :
– Quel système ? nous interrompîmes-nous de boire.

Tout devient possible :
 – Plus de lumière ! expira Goethe.
Je suis enrhumé, se moucha-t-il bruyamment.
Ce n’est pas ma cup of tea, polyglotta Odette.

Le Nouvel Observateur (Philippe Chriqui) pose la bonne question suivante : De quoi "la lutte contre la fraude sociale" est-elle le nom ?

Elle ne fait aucunement partie des priorités et des attentes des Français, et pourtant le candidat Sarkozy touche au cœur l'électorat.

Bousculer l’agenda politique, créer du clivage gauche-droite, améliorer les reports de voix du FN : telles sont ses ambitions. Sarkozy fait de ce thème un enjeu politique qui dépasse le cadre économique ou technocratique. 

1er objectif : prendre l’initiative des débats. La lutte contre la fraude fait-elle partie des priorités et des attentes des électeurs ? Non. Est-elle populaire ? Oui. Pour l’opinion, le chômage, l’amélioration du pouvoir d’achat, la lutte contre les déficits voire l’insécurité sont les thèmes au cœur de la campagne. Pas la fraude sociale. Aucun sondage n’aborde ce thème ou ne l’inscrit dans la liste des attentes. Sarkozy se place sur un terrain où l’on ne l’attend pas. Il crée l’ordre du jour.

2ème objectif : toucher au cœur les classes moyennes. L’approbation de la lutte contre la fraude sociale est maximale parmi ceux qui gagnent entre 1.500 et 3.000 euros et qui disent s’en sortir difficilement. Employés et ouvriers soutiennent la lutte contre l’assistanat et la dénonciation des fraudes plus que les cadres. Ceux qui sont "trop riches pour être pauvres et pas assez riches pour être aidés" sont en première ligne.

3ème objectif : créer du clivage gauche/droite. 71% des sympathisants de droite s’accordent à dire "qu’il y a trop d’assistanat et que beaucoup de gens abusent des aides sociales". Ils ne sont que 25% à gauche à penser de même. Insister sur la fraude ravive les divergences entre gauche et droite. Plus la gauche réagit, plus l’opération est un succès, car elle l’aide à atteindre sa cible.

4ème objectif : améliorer les reports de second tour. Dans les intentions de vote actuelles, le total des voix de droite au premier tour est élevé, mais Sarkozy enregistre des scores faibles au second. Les reports sont mauvais. Les réserves sont avant tout du côté des électeurs de Le Pen.

 

« Příští týden », comme on dit à Prague.

 

 

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commentaires

M
Il y en a qui gagnent 3000 euros et qui DISENT s'en sortir difficilement.<br /> Le revenu de notre famille est justement celui là, et on vit raisonnablement. On a une voiture basique et d'occasion, une maison un peu merdique mais 500m2 et quelques rangs de légumes, on mange<br /> des choses basiques et on peut nourrir 3 enfants. On ne va jamais ni à l'hotel, ni au resto, on n'achète pas grand chose de fantaisiste, on acheète beaucoup de choses d'occasion, des meubles sur<br /> leboncoin et des trucs pour enfants dans les vide-greniers. On n'aurait pas idée de prendre ça pour une condition difficile. On consomme moins, on s'en fout, ça nous fait gagner du temps pour faire<br /> des trucs plus intéressants.
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M
A la semaine prochaine, en effet..
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