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21 septembre 2013 6 21 /09 /septembre /2013 06:47

Médiapart a récemment publié un article passionnant sur la famille Dassault. J'en extrais quelques ligne ssur la conception qu'avait Marcel Dassault (l'ingénieur de génie, lui) de la presse et du bon usage qu'un industriel devait en faire.

 

Marcel, dans sa jeunesse (il n'avait que 78 ans), publia ses mémoires, Le Talisman (un trèfle à quatre feuilles ne quittait jamais son portefeuille). Voici sa conception de la presse : « Tout parlementaire désire avoir un petit journal. C’est ainsi que le général de Bénouville et moi-même avons créé Jours de France. Au début, Jours de France était un journal politique mais très vite nous avons compris que, pour qu’un journal politique ait une influence, il fallait qu’il soit beaucoup lu et que, pour être beaucoup lu, il ne fallait pas y parler politique. Cela nous a conduits à faire un hebdomadaire de grande diffusion dans lequel nous ne parlons jamais des catastrophes que l’on voit à la télévision, dont nous entretient la radio et que reprennent tous les quotidiens. Nous avons voulu donner à nos lecteurs quelque chose d’autre. Les femmes sont très intéressées par nos romans, et surtout par la mode, bien sûr, qui plaît aussi aux hommes. C’est, en quelque sorte, l’hebdomadaire de la vie en rose ! Lorsque, par hasard, nous publions un article politique, il est vu par 4 millions de lectrices et de lecteurs. »

 

 

Durant des lustres, Marcel Dassault se paya une circonscription électorale au nord de Beauvais, dans l'Oise. Trente kilomètres de betteraves conservatrices. J'y avais des parents qui, globalement, votaient pour lui. La propriété que la famille Dassault possédait (possède toujours ?) dans le coin était quelque chose d'inouï. On ne pouvait pas en faire le tour à pied, à moins de partir la veille.

 

Marcel ne mettait jamais les pieds à l'Assemblée Nationale, sauf pour présider l'ouverture des sessions parlementaires car il était très vieux, et donc le doyen de cet aréopage. Il dégoisait, en ces circonstances officielles, quelques idées fixes qui faisaient rire même ses amis politiques. Il avait suffisamment de relais parmi les députés UNR pour que ses intérêts d'avioneurs fussent bien gardés.

 

Pour s'assurer – sans peine – des voix de ses électeurs, et surtout des femmes,  Dassault arrosait. Ce n'était pas bien méchant : des milliers de boîtes de chocolat, des fleurs, des subventions pour tel gymnase ou pour tel stade. Jours de France était distribué partout, gratuitement. Mais le plus drôle, une fois par an, c'était le cadeau fait à des milliers de ménagères de moins de cinquante ans : la même robe ou le même tailleur commandés directement à la Redoute. Toutes ces femmes dans les rues de Beauvais portant soudain le même accoutrement et se regardant bizarrement, un peu gênées, tout de même.

 

Chirac lui dut sa carrière. Dassault paya ses premières campagnes électorales en Corrèze. Il lui offrit même un journal, dirigé par Philippe Alexandre, journaliste de droite bien connu dont le professionnalisme, la hauteur de vue et l'objectivité ne faisaient, naturellement, pas l'ombre d'un doute.

 

 

  

Marcel, dans sa jeunesse (il n'avait que 78 ans), publia ses mémoires, Le Talisman (un trèfle à quatre feuilles ne quittait jamais son portefeuille). Voici sa conception de la presse : « Tout parlementaire désire avoir un petit journal. C’est ainsi que le général de Bénouville et moi-même avons créé Jours de France. Au début, Jours de France était un journal politique mais très vite nous avons compris que, pour qu’un journal politique ait une influence, il fallait qu’il soit beaucoup lu et que, pour être beaucoup lu, il ne fallait pas y parler politique. Cela nous a conduits à faire un hebdomadaire de grande diffusion dans lequel nous ne parlons jamais des catastrophes que l’on voit à la télévision, dont nous entretient la radio et que reprennent tous les quotidiens. Nous avons voulu donner à nos lecteurs quelque chose d’autre. Les femmes sont très intéressées par nos romans, et surtout par la mode, bien sûr, qui plaît aussi aux hommes. C’est, en quelque sorte, l’hebdomadaire de la vie en rose ! Lorsque, par hasard, nous publions un article politique, il est vu par 4 millions de lectrices et de lecteurs. »
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