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3 juin 2014 2 03 /06 /juin /2014 05:20

Je ne résiste pas au plaisir d’évoquer la mémoire de Félix Faure, mort « soudainement, quatre ans après son élection, dans des circonstances passées à la postérité », selon les mots de Wikipédia. On a malheureusement oublié que la mère du futur président s’appelait Rose Cuissard. La malheureuse mourra de tuberculose alors que Félix était âgé de onze ans.

 

Félix passera quatre ans au futur collège Félix Faure de Beauvais (j’y ai eu des copains complètement innocents des circonstances de la mort du futur président), puis – ça ne s’invente pas – à l’école Pompée, un internat privé d’Ivry-sur-Seine. Déjà, à l’époque, certains établissements privés suppléaient aux défaillances du public.

 

En 1865, Félix épouse à Amboise Marie-Mathilde Berthe Belluot. Lorsque les époux emménagent à l’Élysée en 1895, le polémiste d’extrême droite Édouard Drumont menace de révéler dans son journal que le père de Berthe, avoué véreux, avait écopé de vingt ans de prison par contumace. Félix Faure allume un contre-feu en communiquant ces informations à la presse. La représentation parlementaire soutient le couple présidentiel.

 

Bien que d’origine modeste, Félix Faure s’avéra un malade du protocole, demandant par exemple à sa femme de toujours s’asseoir en retrait.

Sous les ors de l’Élysée (5)

Les Faure fréquentent le professeur Proust et songent à marier leur fille aînée avec le jeune Marcel. La pauvre ! À l’Élysée, le couple mène grand train, organisant bals et repas fastueux (certains journaux surnomment Faure le « Président Soleil »). Mais le palais devient rapidement un hôtel de passe. Car il en passe des créatures… Berthe fait comme si de rien n’était. En 1899, Félix fréquente assidument Marguerite Steinhell (née Japy, la célèbre famille industriels), la femme du peinte pompier [sic] Adolphe Steinhell, qui mourra dans des circonstances étranges. Lors du cambriolage de son domicile, il est étranglé en compagnie de sa belle-mère. Ce double assassinat est à ce point mystérieux que Marguerite sera traduite devant les assises en novembre 1909, et acquittée.

 

Pour l’heure, Marguerite reçoit fastueusement dans sa demeure de l’impasse Ronsin, à commencer par le président de la République en personne. La relation flatteuse de sa femme débouchera pour le peintre sur une commande officielle de la République. Mais le 16 février 1899, Félix reçoit Marguerite à L’Élysée. Peu de temps après son arrivée, Marguerite appelle les domestiques. Le président tremble et suffoque tandis que sa maîtresse se rhabille prestement avant de s’éclipser par une porte dérobée. Berthe ne sera prévenue que deux heures plus tard, alors qu’elle était présente au palais, et elle recueillera les derniers souffles de son mari, emporté par une congestion cérébrale.

 

Félix Faure serait mort d’avoir abusé d’un produit aphrodisiaque.

 

La présidence de Félix Faure fut marquée par la conquête de Madagascar, la crise de Fachoda et l’affaire Dreyfus. Faure fut longtemps hostile à la révision du procès du capitaine avant de changer progressivement d’opinion.

Sous les ors de l’Élysée (5)

 

 

Le monument funéraire du président est assez étrange, n'est-il pas ?

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2 juin 2014 1 02 /06 /juin /2014 05:16

 

Les Zindignés n° 15 s’attaque au productivisme à tout crin « qui conduit d’abord les pauvres dans le mur ».

 

La zootechnicienne Jocelyne Porcher aborde la question animale. Il faut « changer notre rapport à la nature et notamment au monde animal », à l’animal d’élevage pensé comme machine depuis la révolution industrielle, dont il faut « maximiser le rendement ». L’élevage est devenu un système industriel. Avec la FNSEA d’aujourd’hui, on est dans la caricature, depuis qu’elle a élu à sa tête Xavier Beulin, président d’un groupe industriel dont le chiffre d’affaires est de 5,5 milliards d’euros. En 2011, Beulin a soutenu une proposition de loi sénatoriale transposant un règlement européen de 1994 sur la protection des obtentions végétales, qui a pour conséquence que les agriculteurs, s’ils veulent ressemer leur propre récolte, doivent verser une « rémunération aux titulaires des Certificat d’obtention végétale » que sont les semenciers. Or Beulin dirige le groupe Sofiprotéol qui détient des participations dans plusieurs grands groupes semenciers français. Pour les paysans (exploitants agricoles) productivistes, voter Le Pen, c’est bien sûr se tromper d’ami (et d’ennemi).

 

La même Jocelyne Porcher explique également qu’il va falloir réfléchir à la question considérable suivante : « Comment penser un monde dans lequel les animaux seraient presque totalement absents ? » On ne pourra pas fonctionner éternellement face à la violence et au tragique des conditions de vie et de mort que nous infligeons aux animaux. « Nous ne libérerons pas les animaux sans nous libérer nous-mêmes », écrit-elle.

 

Un très bon article de Yann Fiévet pour Le Grand Soir : “ Le grand commerce aux champs ” : « A l’heure où l’ambiance artificielle et vulgaire des « grandes surfaces » horripile de plus en plus de consommateurs, où l’on mesure pleinement les conséquences sociales de la désertification commerciale des centres villes, où le tout automobile est remis en cause, où l’intérêt général commande, pour l’avenir alimentaire de la population, de préserver les terres agricoles – notamment à proximité des grandes agglomérations – l’on est autorisé à se demander si le gigantisme des complexes mercantiles péri-urbains n’est pas d’ores-et-déjà un vestige du passé. Né dans les Trente Glorieuses il a traversé sans trop souffrir les Quarante Piteuses qui suivirent en dissimulant sous de nombreuses pratiques douteuses sa nature profonde. On parle de complexes. Pourtant, ils n’en ont guère ces monstres du « grand commerce » ! Grâce à l’essor débridé des « marges arrières », ils ont pu faire payer aux fournisseurs de leurs « centrales d’achat » une part non négligeable du coût de leur développement. Grâce à une classe politique facilement asservie à la cause du grand commerce ils ont réussi à s’implanter partout contre le petit commerce de proximité existant. Par temps de chômage de masse l’argument de l’emploi brandi sous le nez des élus locaux a fonctionné à merveille bien que lorsque la Grande distribution crée un emploi elle contribue à en détruire quatre ou cinq dans le reste de l’économie. Nous passerons ici sous un silence pudique les contreparties moins avouables à l’obtention des permis d’implantation. Sachons cependant que l’esprit de la démocratie en est passablement écorné. »

 

 

Revue de Presse (94)

Denis Sieffert, dans Politis, rapproche deux événements très récents :

 

Avouons-le, l’implosion de l’UMP de MM. Copé et Sarkozy pris la main dans le sac d’une gigantesque affaire de fausses factures nous a d’abord réjouis. La politique nous offre trop rarement des moments de vérité comme les aveux pathétiques du directeur de cabinet de Copé que son chef courageux avait envoyé au sacrifice. Dans un tout autre registre, nous avons assisté, perplexe, à la pauvre intervention télévisée de François Hollande. Le Président a eu des accents bravaches (« pas plus tard que demain, je vais dire qu’il faut réorienter l’Europe ») pour finalement conclure qu’il ne changerait rien à rien. Pourquoi lier ces deux événements ? Parce que nous avons là tout ce qui fait le miel du Front national : la corruption et l’impuissance. Et dans les deux cas, le discrédit terrible de la parole politique. Le vieux monde avec lequel il est urgent de rompre.

 

Marianne.fr publie nous offre une publicité pour la société Eurochallenges. J’ai beau me torturer les méninges dans tous les sens, je ne parviens pas à déterminer si Eurochallenges est une agence matrimoniale respectable ou une entremetteuse. « Et si la femme de votre vie venait d’ailleurs ? » suggère la société. Ailleurs, c’est la Russie, et les femmes sont toutes belles. Le racolage (le teasing comme il faut dire maintenant) serait presque taquin : « Les conseillères d’Eurochallenges assurent un accueil chaleureux, sont à l’écoute de chacun et de chacune et fournissent des services rapides et efficaces. L’agence propose un encadrement (pardon : un coaching) pendant un an, de véritables services sur mesure et, cela va sans dire, une charte de déontologie. » Si les femmes russes sont trop gourmandes, l’agence propose des femmes « des îles ». Pas des îles Sakhalines, tout de même !

 

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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 05:33

Les Zindigné(e)s, n° 15

 

Ce numéro s’attaque au productivisme à tout crin « qui conduit d’abord les pauvres dans le mur ». La zootechnicienne Jocelyne Porcher aborde la question animale. Il faut « changer notre rapport à la nature et notamment au monde animal », à l’animal d’élevage pensé comme machine depuis la révolution industrielle, dont il faut « maximiser le rendement ». L’élevage est devenu un système industriel. Avec la FNSEA d’aujourd’hui, on est dans la caricature, depuis qu’elle a élu à sa tête Xavier Beulin, président d’un groupe industriel dont le chiffre d’affaires est de 5,5 milliards d’euros. En 2011, Beulin a soutenu une proposition de loi sénatoriale transposant un règlement européen de 1994 sur la protection des obtentions végétales, qui a pour conséquence que les agriculteurs, s'ils veulent ressemer leur propre récolte, doivent verser une « rémunération aux titulaires des Certificat d'obtention végétale » que sont les semenciers. Or Beulin dirige le groupe Sofiprotéol qui détient des participations dans plusieurs grands groupes semenciers français. Pour les paysans (exploitants agricoles) productivistes, voter Le Pen, c’est bien sûr se tromper d'ami (et d’ennemi).

 

La même Jocelyne Porcher explique également qu’il va falloir réfléchir à la question considérable suivante : « Comment penser un monde dans lequel les animaux seraient presque totalement absents ? » On ne se pourra pas fonctionner éternellement face à la violence et au tragique des conditions de vie et de mort que nous infligeons aux animaux. « Nous ne libérerons pas les animaux sans nous libérer nous-mêmes », écrit-elle.

 

Lucile Daumas parle des 4 500 personnes qui se sont organisées dans l’Association de Protection Populaire pour le Développement Social et qui mènent une lutte dans la région de Ouarzazate contre des institutions de micro-crédit, pour abus de confiance et conditions de crédit insoutenables. Prévues pour financer des micro-projets et des micro-entreprises, les sommes ont souvent été utilisées comme crédit à la consommation ou pour pallier des services publics devenus payants et inaccessibles pour les couches les plus pauvres de la population (notamment pour des soins de santé).

 

Claire Tauty prône une souveraineté alimentaire locale : « Agissons ensemble pour une souveraineté alimentaire locale », telle a été le leitmotiv du MIRAMAP (Mouvement interrégional des AMAP) à l’occasion des 10 ans des AMAP à Aubagne en décembre 2011. La souveraineté alimentaire est un concept promu en 1996 par Via Campesina, et dont la définition de 2003 indique qu’elle « désigne le droit des populations, de leurs pays ou unions, à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-à-vis des pays tiers ».

 

Aurélien Bernier s’affirme partisan de la démondialisation. L’Union européenne et la démocratie sont incompatibles, affirme Bernier. Si Le Pen continue sur sa lancée vers 2017, la gauche radicale portera, elle aussi, une part de responsabilité. Il faut donc restaurer, une fois pour toutes, la souveraineté nationale et populaire.

 

Thierry Brugvin explique pourquoi la répression profite aux banques : « Pour la classe des élites économique, industrielle ou bancaire, la répression et les guerres peuvent être très profitables pour les profits et les débouchés économiques ».

 

Élise Ayrault, secrétaire générale de l’association Résistance à l’agression publicitaire, invite à redévelopper le mouvement pour une rentrée sans marques, contre toute présence de la publicité à l’école : « La deuxième droite socialiste multiplie en effet les cadeaux aux grandes firmes et leur ouvre le marché éducatif. »

Laurent Paillard note que le conseil constitutionnel a inventé la déclaration des droits des patrons : « La censure de certains articles de la loi visant à reconquérir l’économie réelle, dite « loi Florange », obligeant un chef d’entreprise de plus de 1000 salariés voulant se débarrasser d’un site rentable à chercher un repreneur, illustre la conception néo-libérale de la propriété et révèle son extrême confusion. »

 

Marcel Cervera-Marzal veut rouvrir la question démocratique : « Face à la crise démocratique dont l’explosion du taux d’abstention à gauche n’est qu’un symptôme parmi d’autres, que faire ? Renoncer au pouvoir, désobéir pour dire Non mais aussi pour dire Oui en créant d’autres façons de vivre la politique. Avancer vers des formes autogestionnaires. Nous sommes aussi aux Zindigné(e)s des partageux en matière de pouvoir !

 

Patrice Brun, ancien président de l’Université Bordeaux-Montaigne, a, après un mandat, renoncé volontairement au pouvoir. Dingue. Il s’est souvenu de la phrase d’Aristote : « La véritable démocratie réside dans la succession du commandement et de l’obéissance. »

 

Le mensuel donne la parole à Claude Carrey et lui demande « Comment pratiquer concrètement l’autogestion ? »

 

Florent Bussy revient sur la gratuité en se demandant si elle est une utopie. « Les Zindigné(e)s (et auparavant Le Sarkophage) valorisent la gratuité des biens communs (eau, énergie) et des services permettant de garantir à chacun des droits fondamentaux (santé, transports, revenu universel etc.), contre leur marchandisation et le gaspillage lié à la recherche du profit. La gratuité est au cœur d’un combat politique de rupture avec le capitalisme. Déjà William Morris avait imaginé, dans ses Nouvelles de nulle part, une société fondée sur une gratuité totale. »

 

Jean-Pierre Garnier analyse l’irrésistible ascension de la petite bourgeoisie intellectuelle : « la reproduction des rapports de production capitalistes ne peut s’effectuer, lorsque ceux-ci ont atteint un certain stade de développement, qu’avec le concours structurel d’une classe intermédiaire scolairement dotée et préposée aux tâches de médiation assurant le relais entre direction et exécution, soit entre « le haut » et « le bas » de la société. Ces tâches peuvent se subdiviser, en se combinant parfois, selon quatre fonctions : conception, organisation, contrôle, inculcation. Pour les accomplir, on trouve aussi bien les cadres, les ingénieurs et les techniciens, que les enseignants et les chercheurs, les technocrates de la planification, de la programmation ou de la gestion aux niveaux national et local, que le personnel qualifié des établissement médicaux et socio-éducatifs, sans oublier évidemment les professionnels de l’« info-com » (publicité et propagande) et les « créateurs » et « créatifs » en tout genre (architectes, artistes, écrivains, éditeurs…), ni les agents des échelons supérieurs et intermédiaires de l’appareil répressif d’État. Soit, pour l’ensemble, un bon quart de la population active. »

 

Garnier poursuit sa réflexion dans “ Du « social » au sociétal » ” : « De par sa position médiane et sa fonction médiatrice, la PBI (Petite Bourgeoisie Intellectuelle) ne peut qu’être traversée par les contradictions sociales qu’elle a pour vocation structurelle de gérer. Or, vivre ainsi le c... entre deux chaises c’est-à-dire cerveau entre deux classes n’est pas chose aisée. D’où un malaise à la fois idéologique et psychologique qui incite les néo-petits bourgeois à se réfugier la plupart du temps dans le déni et la mauvaise foi. »

 

Nous avons besoin de philo pour enfants », affirme Lilian Noiret : « L’éducation est un point central de la philosophie. Nous pensons aux Zindigné(e)s avec Lilian Noiret que les enfants peuvent être de grands philosophes à leur manière. L’expansion de la philosophie pour enfants en l’exemple même. Il devient possible d’en faire dès la maternelle. »

 

Un article très intéressant de politique française par Yann Fiévet : “ La politique hors sol ” : « L’on connaissait l’agriculture hors-sol qui engraisse ses animaux enfermés loin des prairies à l’herbe grasse ou du regard doux des enfants et fait pousser des légumes en suspension dans l’air. Le productivisme mâtiné de technocratie arrogante en fut la cause voilà cinquante ans. L’on apprit à connaître, de plus fraîche date, l’industrie déterritorialisée où les lieux de la production se déplacent au gré de l’aubaine des salaires les plus bas et de l’hyper-concurrence des travailleurs du monde entier. Avec cette « internationale capitaliste » issue de la libéralisation débridée de l’économie planétaire nous pensions peut-être que la déshumanisation de nos sociétés touchait presque à son comble ? Oui, elle « était presque à son comble. Il ne lui manquait plus que la confiscation des lieux où s’ancrent l’histoire et la sociologie des populations humaines. Eh bien, en France les départements vont disparaître, les régions – conséquence relative des ancestrales provinces – vont voir leur nombre fondre comme peau de chagrin. C’est ainsi qu’à l’heure de la finance totalitaire le territoire n’a lui-même plus lieu d’être !

 

Productivisme/Antiproductivisme : le débat est enfin ouvert !

Les Zindigné(e)s ont publié en mars Une lettre ouverte à Amar Bellal responsable communiste de la revue « Progressistes », symptôme, disions nous, d’une gauche toujours productiviste sinon scientiste. Nous publions ci- dessous la réponse d’ Amar Bellal.

 

Que nous apprend Babeuf aujourd’hui ?, par Benoît Schneckenburger : « La pauvreté apparaît de plus en plus comme une forme de fatalité. Raison de plus pour s’intéresser à ceux qui l’ont toujours combattue. Tel a été le cas de Gracchus Babeuf, au cœur de la Révolution française. »

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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 06:14

La France, sous le capitalisme financier, c’est de plus en plus la jungle, l’individualisme forcené, le recul de l’État. À Lyon, comme dans d’autres grandes villes, des groupements d’individus identitaires, des milices tout de jaune vêtues déambulent dans le métro « comme ça », pour montrer qu’ils existent face à la “ caillera ”.

 

Je cite La Tribune de Lyon :

 

 

Le groupuscule d’extrême droite Reybène a mené, en début de semaine, une action dans le métro lyonnais pour “lutter contre l’insécurité de la racaille et la démission des forces de l’ordre ” dans les transports en commun lyonnais. Plusieurs dizaines de militants identitaires portant des gilets jaunes avec le logo “Génération anti-racailles”, ont distribué des tracts. Contacté, le Sytral assure ne pas avoir été informé. Mais qui fait la loi dans le métro lyonnais ?

 

 

Toujours dans la Tribune de Lyon, et pour bien se persuader que l’individualisme devient une politique tout à fait naturelle, voici comment réagissent des parents d’élèves ordinaires face au non remplacement des instituteurs absents :

 

Les parents d'élèves sont bien décidés à faire bouger les choses. À l'école François-Ravier (Lyon 7e), les parents ont réussi à obtenir des remplaçants. La méthode ? « Quand un enseignant est absent, on contacte directement l'Inspection académique, et on les harcèle. Comme on est plusieurs à appeler, on finit par obtenir un remplaçant », explique un parent d’élève. Une démarche efficace, mais qui n'est pas sans contrepartie. « On sait très bien que quand on obtient un remplaçant, ça fait un trou dans une autre école. C'est à celui qui criera le plus fort », regrette Marielle Bigot, une autre maman. Sans apporter de solution au problème, l'inspecteur académique reconnaît que « la brigade de remplacement n'est pas à la hauteur de la demande ». En attendant, la fronde des parents continue... 

Revue de Presse (93)

Sur son blog (que je cite régulièrement), Jean-Emmanuel Ducoin en appelle à la mémoire du combat des gueules noires en 1948 :

 

Quand un gouvernement socialiste usait et abusait de la répression syndicale et faisait tirer sur des ouvriers...

 

«Le renouvellement de ces attaques sauvages oblige le gouvernement à décider que, à l’avenir, les forces de l’ordre, lorsqu’elles seront ainsi assaillies, pourront se défendre après les sommations nécessaires.» Ainsi parle François Mitterrand. Nous sommes en 1948, la grande grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais vient de s’achever par une répression d’une rare violence, et les «forces de l’ordre» en question, au service du gouvernement socialiste de l’époque, ont répondu aux instructions du ministre de l’Intérieur, Jules Moch. Les «attaques sauvages» évoquées par Mitterrand, alors secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil, ne sont rien d’autres que des faits de grève, menés par les ouvriers des mines de France en rébellion contre les décrets signés par Robert Lacoste, ministre de l’Industrie, qui, d’un trait de plume, venait de leur supprimer les acquis sociaux obtenus à la Libération.

Ces travailleurs de la terre noire ne sont pourtant pas n’importe qui. Résistants pour la plupart, militants CGT et/ou communistes, ils avaient été les acteurs courageux d’une grève pour l’Histoire, en 1941, déjà à l’appel de la CGT et du PCF clandestin, pour « du savon et du pain », acte de résistance et d’espoir au cœur de la nuit noire. Ce sont ces mêmes hommes, ces mêmes familles, qui se battent pour les salaires et la dignité de leurs droits, que le gouvernement socialiste de 1948 traite comme des ennemis. La même année, la CGT a remporté haut la main les élections professionnelles et organisé, dans la foulée, un référendum auprès des mineurs : 89% votent pour la grève dans le Nord-Pas-de-Calais. Ils cessent le travail le 4 octobre, dans l’unité syndicale. L’action se durcit. Le gouvernement lance les CRS, la gendarmerie et l’armée. Bilan ? Six morts, 2.000 arrestations, autant de condamnations à la prison et des centaines de vies brisées.

 

Pour finir, je voudrais parler d’un gigantesque trou noir, l’absence quasi totale d’articles consacrés aux élections législatives de la plus grande démocratie au monde. Je ne parle pas des Etats-Unis mais de l’Inde. Les élections en Inde ont eu lieu sur cinq semaines, du 7 avril au 12 mai. Le dépouillement a eu lieu le 16 mai. Nos chaînes nationales n’en ont strictement pas rendu compte.

 

Le 20 mai, sur son site, le Monde Diplomatique publiait un article intitulé "Un "tsunami" nommé Modi", qui faisait était de la victoire de M. Narendra Modi et de son parti de droite, antimusulman, ultralibéral et nationaliste, le BJP.

 

On peut trouver stupéfiant de voir passer à la trappe un pays de près de 1,3 milliards d'habitants, dont les électeurs sont au nombre de 814 millions, c'est-à-dire presque autant que le total des habitants des Etats-Unis et de l'Union européenne, entre lesquels se négocie le fameux TAFTA, présenté comme celui des deux plus grands ensembles économiques du monde !

 

Selon que vous serez puissant ou misérable…

 

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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 06:25

Voilà une annonce bien dans l'air du temps, où tout se vaut, où l'on peut tout mélanger, où Papa Freud est renvoyé dans les cordes, peut-être au nom du cognitivisme.

 

En quoi la malbouffe peut-elle guérir nos maux, peut-elle nous aider à être mieux dans notre peau ?

 

Et puis – là, je vous livre mon juron favori quand j'étais en 4ème, bordel de dieu de curé à roulettes et de pompe à merde, que vient faire la langue du dollar et de la CIA dans ce quartier populaire de Paris ?

 

Il ne suffit pas de nous aliéner avec une nourriture qui ne renvoie à aucune racine, aucune culture, il faut nous la balancer dans la langue de l'occupant économique. Et le type responsable de cette infamie de croire, à tort, qu'il va vendre davantage de ses produits.

 

Ne nous étonnons pas que les pauvres (ouvriers, jeunes en recherches d'emploi) se trompent d'ennemi, et surtout d'ami, en votant massivement pour la châtelaine de Saint-Cloud.

 

Tout ne se vaut pas, mais tout se tient.

Méprisons la langue française (17)
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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 06:00

Sadi Carnot et Madame, c’est autre chose que les Grévy ! Carnot (Marie, François, Sadi Carnot) devait son prénom persan à son grand-père révolutionnaire, humaniste et admirateur du poète Saadi de Shiraz (de son vrai nom Abū-Muḥammad Muṣliḥ al-Dīn bin Abdallāh Shīrāzī).

 

Carnot sort major de l’École des Ponts et Chaussées. Il  élabore le système qui régule les eaux du lac d’Annecy. Il est haut fonctionnaire, député. Il épouse Cécile Dupont White qui lui donnera quatre enfants. Un de ses descendants collatéraux est Valéry Giscard d’Estaing.

 

 

Fille d’un brillant économiste, Cécile est une femme de classe. À l’Élysée, elle fait valser le tout-Paris et installer un kiosque à musique dans le parc où elle joue au tennis sur gazon.

 

Mais Sadi Carnot à des ennemis violents, boulangistes ou anarchistes. Les anars n’avaient pas apprécié qu'il refuse sa grâce présidentielle à Auguste Vaillant qui avait lancé une bombe chargée de clous à l’intérieur du Palais Bourbon. En représailles, l’anarchiste italien Caserio poignarda Sadi Carnot à Lyon le 24 juin 1894. Carnot fut enterré au Panthéon avec son grand-père Lazare.

 

Sa veuve refusa la pension que le gouvernement souhaitait lui attribuer. Elle mourut quatre ans plus tard à l’âge de 55 ans.

 

Combien de rues Sadi Carnot en France ?

 

 

 

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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 05:11

« Quel malheur d’avoir un gendre ! » C’est à peut près tout ce que l’histoire nous a légué de Jules Grévy. Une blague de chansonnier à propos d’un président terne dont le gendre faisait preuve de simonie républicaine en vendant des décorations à l’intérieur même du palais.

 

Il n’a pas fait que des mauvaises choses, loin de là, le Jules. Il fut un très bon juriste, s’opposa à la déclaration de guerre contre l’Allemagne en 1870. Il combattit le boulangisme revanchard. Président de la République, il abandonna le droit de dissolution et, à l’occasion de la mort de Victor Hugo, il rendit au Panthéon son statut de temple républicain. Il fut facilement réélu à la présidence de la République en 1885. Malheureusement, en 1887, éclata le scandale du trafic des Légions d’honneur.

 

Daniel Wilson, le gendre de Grévy est issu d’une famille des forges du Creusot. En 1869, membre du parti radical, il remporte une élection législative à Tours contre le maire de la ville Ernest Mame, célèbre imprimeur et papetier. Mais Wilson est d’abord un trafiquant de haute voltige qui vend des décorations très cher et qui monnaye son intervention pour l’obtention de marchés publics ou la grâce présidentielle (combien pour une tête ?).

 

C’est par milliers que se vendent les décorations, à l’intérieur du palais de l’Élysée même, ou dans quelques maisons closes. Wilson avait plusieurs complices, dont le général boulangiste Caffarel. C’est une ancienne prostituée qui dénonce ce beau monde. Les chansonniers se déchaînent :

 

J' suis un honnête père de famille

Ma seule passion, c'est l' jeu d' billard

Un blond barbu, joli gaillard

Une fois me demande la main d' ma fille

Nini, qui s' desséchait d'attendre

Un parti, m' dit "Papa, j' le prends"

I' sont mariés, mais c' que j' m'en repens !

Ah, quel malheur d'avoir un gendre !

 

D'abord i' s' fit donner un poste

Grâce auquel il put à propos

En s'affranchissant des impôts

Ne rien affranchir à la poste

Un jour, il voulut s'en défendre

À Tours et dans les alentours

Mais il en fut pour son discours

Ah, quel malheur d'avoir un gendre !

 

Sous c' nom "Podvins et Compagnie"

Mon gendre ouvrit des magasins

S'associant à des "Limousins"

Pour exploiter un fond d' mercerie

À sa boutique i' s' chargeait d' vendre

Rubans, faveurs... Ah, quel camelot !

Maintenant, son commerce est "Dans d' l'eau"

Ah, quel malheur d'avoir un gendre !

 

 

 

Grévy démissionnera, Sadi Carnot lui succédera. Protégé par son immunité parlementaire, Wilson continuera de siéger dans l’hémicycle. Il finira par être condamné en 1888 mais sera acquitté en appel pour vice de procédure. Il avait en effet été poursuivi pour « corruption de fonctionnaires » alors que les députés ne sont pas fonctionnaires. Il reviendra à la Chambre, sourd aux quolibets de ses collègues et sera réélu en 1893 et 1896. C’est de cette affaire que date en France le concept juridique de trafic d’influence.

 

À part cela, Jules et Coralie Grévy menèrent une vie très « normale » à l’Élysée. Coralie n’avait pas inventé le fil à couper le beurre, demandant par exemple à Frédéric Mistral si, vu son nom, il était bien  du Midi. Elle géra l’Élysée en petite bourgeoise parcimonieuse. Elle mourut en 1893, deux ans après son mari, dans la plus grande discrétion.

 

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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 05:32

Adolphe Thiers a commencé sa carrière politique du côté des libéraux (au bon sens du terme). Il eut ainsi pour ami le député Jacques-Antoine manuel, expulsé de l’Assemblée par les Ultras. Etudiant en droit, Thiers souhaitait pour la France une monarchie parlementaire à l’anglaise (« où le roi règne mais ne gouverne pas »). Journaliste libéral, il contribua aux trois glorieuses. Il s’opposa à Guizot en 1848, puis au coup d’État de Louis-Napoléon.

 

Mais en 1871, après la chute du Second Empire lors de la guerre contre la Prusse, il devient le premier président de la Troisième République et noie la Commune de Paris dans le sang.

 

 

En 1827, Thiers se lie d’amitié avec la famille d’Alexis Dosne, un riche agent de change. Thiers va alors marcher sur les traces de son père Pierre, coureur impénitent. Il devient l’amant de la maîtresse de maison, Eurydia, dite Sophie. Elle n’a que trois ans de plus que lui. En 1833, il épouse la fille aînée des Dosne, Élise (ce qui lui permettra de ne jamais être bien loin de la mère), qui apporte dans la corbeille une dote conséquente.

 

C’était sans compter avec Félicie (aussi !), la sœur cadette, qui adore ce bel homme (un peu baduc, tout de même), dont elle devient l’intendante. Comme Thiers se déplace le plus souvent avec son aréopage féminin, les journaux se gaussent des « trois moitiés de Monsieur Thiers ». En 1871, Eurydice meurt. Thiers, âgé de 74 ans, tout de même,  continue son commerce amoureux avec les deux sœurs. Thiers inspire alors la poésie des rues :

 

Je n’ai vu ni Montespan ni Fontange

La Vallière ni Maintenon

Mais Madame Thiers, un ange

Et Félicie un jolie nom

 

Lorsque Thiers meurt en 1877, sa belle-sœur entretient son souvenir en créant la fondation Thiers, située entre l’avenue Foch et l’avenue Victor Hugo. Le but était d’accueillir de brillants étudiants scientifiques. Ce bâtiment est aujourd’hui le siège d’une luxueuse résidence hôtelière, le Saint James Paris.

 

Le tombeau de Thiers au Père-Lachaise est l’un des plus imposants du cimetière. La surface de la concession est de 144 m2 :

 

 

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17 mai 2014 6 17 /05 /mai /2014 07:05

Je propose ici un texte fort inquiétant de l'universitaire Pascal Maillard sur les dérives solférino-sarkozyiennes de l'université française. Pauvre et lâche Benoît Hamon !

 

Néolibéralisme autoritaire et démocratie universitaire


Geneviève Fioraso et Simone Bonnafous conduisent l’université à la baguette et tuent la démocratie universitaire. Des documents administratifs confondants témoignent d’une dérive liberticide qui viole l’autonomie statutaire des universités et bafoue le droit. Benoît Hamon et le Premier ministre devraient en tirer toutes les conséquences politiques.

 

Un vent de révolte commencerait-il à souffler contre les diktats de Simone Bonnafous, la très autoritaire Directrice générale pour l'enseignement supérieur et l'insertion professionnelle (DGESIP) ? Ancienne présidente de l’université Paris-Est Créteil, élue sur une liste pro-LRU, elle s’était singularisée pendant le mouvement de 2009 pour avoir giflé une étudiante gréviste. Elle « gifle » aujourd’hui toute l’université française, après avoir décidé de tenir la plume des présidents dans la rédaction des nouveaux statuts des universités.

Après des lettres comminatoires envoyées aux présidents des universités Paris 8 et Paris 10 (voir ici et ) et vigoureusement dénoncées par de multiples acteurs de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (ESR), je publie ci-dessous l’analyse d’un courrier sidérant que Simone Bonnafous a envoyé le 31 mars dernier au directeur de l’Université technologique de Belfort-Montbéliard(UTBM). Cette lettre abîme l’autorité de l’Etat par un dévoiement de l’autorité elle-même, tout comme la loi LRU a détruit l’autonomie des universités par le dévoiement de son concept. Dans les deux cas, ce qui est en jeu n’est rien d’autre que la démocratie, méthodiquement affaiblie par le libéralisme autoritaire, hier celui de droite, aujourd’hui celui pratiqué par notre gouvernement qui porte le nom usurpé de « socialiste ».

 

Suite de l'article ici.

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17 mai 2014 6 17 /05 /mai /2014 05:34

Quand on découvre un texte qu'on aurait écrit à la syllabe près si on en avait eu le talent, on éprouve une jouissance réelle.

 

Outre qu'il est comme moi d'origine chti, l'écrivain Roger Martin, auteur, entre autres, de romans policiers, est écœuré par l'invasion du globish dans la langue française et dans notre société. Comme moi, il suit de près les travaux du site Rouge Cerise.

 

Il a accepté de rédiger le millième article de ce site, qu'il a consacré à l'affaiblissement de la langue française face au rouleau compresseur du globish, mais aussi face à l'idiolecte du néolibéralisme français.

 

Nous sommes ici dans l'un des aspects fondamentaux de la lutte des classes.

 

Je propose ici de larges extraits de son article dont l'original est ici.

 

Ce qui provoque aujourd’hui mon ire (colèrecourrouxire, la langue française est riche, non ?), c’est justement de voir combien ceux qui sont censés parler notre langue correctement, la maltraitent au plus haut point. Rien de nouveau, diront certains, cependant que d’autres ironiseront : la langue est quelque chose qui évolue, d’ailleurs même Alain Rey qui publie Le Petit Robert , le rappelle à tous les échos, car rajouter 500 anglicismes ou mots merdiques ça permet aussi une nouvelle édition…

 

Soit mais alors qu’on m’explique en quoi certaines « évolutions » sont un progrès !

 

Remplacer « frapper », « toucher », « influencer » par l’abominable « impacter », c’est un progrès ? Ne plus dire « ombragé » ou « planté d’arbres » mais « arboré », « témoigner d’une véritable expérience », mais « témoigner d’une véritable expertise », remplacer « sensible » par « sensitive », « consacré » ou « réservé » par « dédié », où sont les progrès dans ces aberrations ?

 

Tiens, prenons « dédier » par exemple. C’est un verbe qui non seulement est toujours transitif, c'est-à-dire qui peut avoir un complément, mais de plus, il signifie à l’origine « consacrer au culte divin ». Eh bien j’en prends à témoin le pape François, vous savez celui que notre ami Serge Guérin appelle le « François de gauche », voilà que mon ami G.M., professeur honorablement connu, a reçu sous pli fermé une publicité d’un genre équivoque (ou pas du tout) : « Sextoys et lingerie, découvrez notre nouvel espace dédié ».

 

Cela n’apparaît pas à première vue, mais cet emploi est encore un glissement de l’anglais. 

 

Ah, nous y voilà, Martin, qui n’hésitait pas à parler de nos voisins d’Outre-manche à ses élèves comme de « Roastbeefs » attaque son couplet contre la langue de Shakespeare.

 

 

 

 

Méprisons la langue française (13)

Mais c’est tout le contraire, mes amis. L’anglais qu’on nous a refilé en contrebande pendant des années avant que cela ne devienne tout à fait officiel, n’a rien à voir avec l’anglais de Shakespeare, ou, plus près de notre époque d’Orwell ou Silitoe. L’anglais qu’on veut nous imposer, celui qui est censé devenir la langue de l’Europe d’ici 10 ou 20 ans, c’est le Globish, entendez par là le Global English, une espèce de bouillie prémâchée, dont la fausse simplicité contribuera à limiter, freiner, empêcher l’analyse, la réflexion, les nuances et les objections. Car ce qu’une certaine droite a compris, grandement aidée par ses amis du Medef en France et de ses équivalents ailleurs ainsi que par les philanthropes du FMI, c’est que la bataille idéologique passe par la bataille du vocabulaire. Dans un monde où « marchés » a remplacé « places-fortes boursières », ou « plan social » a remplacé « licenciements », où  dire « partenaires sociaux » permet de ne plus prononcer des grossièretés comme « syndicats et patronat » et où, enfin, y compris dans nos rangs, il est courant de remplacer « capitalisme » par « libéralisme », il est vital pour les forces de ce Kapital justement de contrôler et la forme et le fond.

 

Lorsque des dirigeants syndicaux de la CGT (les autres c’est souvent pires) ne disent plus « capables de » mais « en capacité de », « chargés de » mais « en charge de », ils adoptent, involontairement certes, les expressions ronflantes de leurs adversaires, je n’ose par écrire ennemis et pourtant, les ennemis de classes, comme les classes elles-mêmes et la lutte de même nom, ça existe !

 

On dit (les gens sont méchants !) que madame Lagarde, ex-ministre sarkozyste devenue « patronne » du FMI, après un épisode regrettable de la susdite lutte de classes qui a vu un responsable brillantissime (si, si, le Figaro l’a écrit) de la pensée socialo-libérale victime d’une cabale internationale parce qu’on avait omis de lui préciser que FMI signifiait Fonds Monétaire International et pas Fuck Me Immediately, madame Lagarde, donc, obligeait ses collaborateurs au ministère, en France, à parler anglais pendant les réunions de travail ! CQFD !

 

Qu’on se le dise, j’aime l’Anglais. Je suis d’ailleurs de ceux qui pensent que toutes les langues ont leur génie propre et leur beauté, et que leur apprentissage généralisé ne peut que servir la cause de l’amitié, de la fraternité et de la culture.

 

Mais on nage dans la choucroute. Des amis à moi me critiquent quand je regrette qu’on ne traduise plus que rarement les titres des films, voire de certains livres. Outre que je vois là une certaine paresse chez les distributeurs, j’y suppute aussi un soupçon de snobisme chez beaucoup. Comment, tu n’es pas capable de traduire Lost in translation ! Tu ne comprends par que Celebrity de Woody (Allen, of course !) ça a une autre gueule que Célébrité ! Que The Sentinel c’est foutrement plus attirant que La Sentinelle ?

 

Arrêtez, arrêtez, je plaide coupable…

 

Enfin, pas tout à fait.

 

Les films sri-lankais, allemands, russes, japonais, chinois, maoris, on traduit bien leur titre, non ? Autrement vous n’y comprendriez que dalle !

 

À leur regard, je devine qu’ils me considèrent comme définitivement incurable ! Les uns ne vont JAMAIS voir de films autres qu’américains ou français à la rigueur, les autres les regardent en version sous-titrée, en anglais, la plupart du temps !

 

Quel plouc je fais !

 

Bon, Xavier va se maudire de m’avoir demandé de rédiger le millième article de Rouge Cerise, et il envisage déjà de me confier à un « coach » qui se chargera de ma rééducation. Car, impossible de l’ignorer, il y a à présent des « coaches » partout ! Sur les terrains de sports  (avant on les appelait des entraîneurs mais leur fédération a protesté en arguant qu’on risquait de les assimiler à Dodo la Saumure à cause du féminin du mot), dans les entreprises  où ils vous apprennent à « avoir la niaque », le but étant de « niaquer » le collègue de travail sans doute et à « gérer » (autre mot affreux, on gère même des sentiments maintenant, comme un compte-en-banque, moi qui croyais que l’amour et l’amitié, les passions, le militantisme c’était affaire de sincérité !), ils (ou elles) se chargent de vous « relooker », de vous faire prendre conscience de votre corps, ou de votre esprit (ils appellent ça le « mental »), ils sont papa, maman, tonton, prêtre, confesseur, psychologue, assistante sociale, supernanny, tout ça sans aucun diplôme, et ils pullulent autant que les rats dans La Peste de Camus ! J’ajoute que beaucoup appartiennent à des sectes. Eh bien savez-vous qu’une fois de plus les incendiaires de Jeanne d’Arc nous ont piqué le mot avant de nous le refiler « relooké » justement ? Un « coach, c’est tout simplement un « cocher », celui qui sur une diligence ou une barque se charge de vous conduire à bon port. Mais imaginez que vous disiez « je vais voir mon cocher », vous prendriez le risque d’être assimilé à moi, à un pèquenot…

 

Bon, je crois qu’il me faut prendre pitié de vous. J’avais prévu de vous dire que m’entendre expliquer chez mon dentiste le « process » employé pour soigner mes dents, qui n’est jamais qu’un moyen ou un procédé, ou un processus, me fait l’effet du vin doux, avant qu’il ne m’achève avec le « timing » qui était presque parfait ( c’est-à dire le « minutage », l’ « emploi du temps » selon le contexte), en me foutant un « stress »  pas possible.

 

Allez, justement, un dernier pour la route : vous avez remarqué que ce mot, « stress », a remplacé au moins quinze autres. « Énervement », « tension », « inquiétude », « anxiété », « angoisse »…Dommage, non ?

 

Je vous dirai une autre fois, si le standard (en français l’accueil) ne croule pas sous les coups de fil indignés et les messages anonymes de « vraimentdegauche » et de « marco84 », combien la mode des adjectifs substantivés me fait pousser du poil sur les dents. On ne dit plus « ma vie », mais « mon vécu », « mes sentiments », mais «  mon ressenti »

 

J’oubliais : la palme, outre le « tri sélectif » dont se gaussait notre ami Serge, c’est cette expression « en temps réel » qui envahit tout, journaux, radios, télés, internet…

 

Comment faisait-on avant lorsque n’existait que le temps irréel ? Il y avait, entre autres, un adverbe, qui permettait d’éviter la cuistrerie et la connerie généralisée : SIMULTANÉMENT !

 

 

(Nom de Dieu, j’oubliais ! Crions-le bien fort, contrairement à ce que prétendent les journalistes, les gens comme nous ne sont pas des « activistes ». Ce sont des « militants ». Et fiers de l’être !)

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