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19 avril 2014 6 19 /04 /avril /2014 05:33

 

Le disque Bob Dylan s’inscrit parfaitement dans la veine folk. Le chanteur interprète des chansons traditionnelles (“ House of the Rising Sun ”, “ Freight Train Blues ”), adapte d’anciens succès (“ You’re No Good ”, “ Highway 51 ”) tandis que sa contribution en tant qu’auteur est assez maigre, si l’on excepte la très belle “ Song to Woodie ”, dédiée à Guthrie.

 

Immédiatement, Dylan se distingue du flot des autres chanteurs folk. Il s’accompagne exclusivement à la guitare sèche et à l’harmonica. Sa voix rauque est surprenante et désagréable au point d’en devenir prenante et agréable. À mi-chemin entre le beatnick et l’enfant de chœur, il échappe à tous les stéréotypes : les chveux sont longs et bouclés, les vêtements sont négligés, les yeux de myope se cachent derrière d’épaisses lunettes noires, il méprise, pour le moment, l’argent et l’estime. Repoussant l’étiquette de chanteur engagé, il se veut le chroniqueur et le révélateur acerbe du malheur des humains et de leur aliénation matérielle et spirituelle.

 

En mai 1963, il produit The Freewheeling Bob Dylan (En roue libre). Cet album, disque de platine aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, assoit définitivement sa notoriété. Il contient “ Blowing in the Wind ” qui va devenir l’hymne des droits civiques. Sur tous les campus, on va la fredonner pendant un an du matin au soir et du soir au matin. La chanson attaque sans indulgence l’apathie, le non-engagement et l’indifférence de la majorité silencieuse face aux problèmes les plus brûlants qui corrodent les États-Unis. Elle va également devenir la bannière de ceux qui luttent pour l’intégration des Noirs alors qu’en fait deux vers seulement étaient spécifiquement consacrés à ce problème :

 

How many years can some people exist

Before they’re allowed to be free

 

Combien de temps encore devront vivre certains

Avant d’avoir le droit d’être  libres.

 

Le ton de la chanson n’était point vindicatif ou hargneux. Dylan se contentait de poser des questions sans y répondre vraiment. Toutefois, il se réservait le droit de faire observer que la réponse existait puisqu’elle soufflait dans le vent.

 

 

Il y avait dans ce 33 tours deux chansons d’une violence rare pour l’époque : “ The Masters of War ”, les marchands de canons du complexe militaro-industriel et “ Oxford Town ”, inspirée par l’arrivée dans l’université du Mississipi du Noir James Meredith, un ancien soldat de l’armée de l’air étasunienne :

 

You that never done nothing

But build to destroy

You play with my world

Like it’s your little toy

You put a gun in my hand

And you hide from my eyes

And you turn and run farther when the fast bullets fly

 

Vous qui n’avez jamais rien fait

Que de construire pour détruire

Vous jouez avec mon univers

Comme si c’était votre joujou

Vous mettez un fusil dans ma main

Et vous vous cachez à ma vue

Et vous vous sauvez en courant

Quand les balles se mettent à siffler

 

…                                                                                                     …

 

He went down to Offord Town

Guns and Clubs followed him down

And because his face was brown

Me and my gal and my gal’s son

We got met with a tear gas bomb

 

Il est arrivé à Oxford Town

Harcelé par les fusils et las matraques

Seulement parce que sa figure était brune

Moi et ma femme et le fils de ma femme

On a été reçus à coups de bombes lacrymogènes.

 

 

Racisme anti-Noirs, racisme anti-jeunes. Dylan chante la fraternité et l’égalité raciale. On salue en sa personne celui qui réveille la conscience du pays. Allen Ginsberg, qui reconnut avoir pleuré lorsqu’il entendit pour la première fois “ A Hard Rain’s Gonna Fall ”, a trouv » son archange :

 

Oh enfin la radio parle

Invitation bleue

L’angélique Dylan chante pour la nation

Sa tendresse perce l’éther

Douces prières sur les ondes.

 

Pour clôturer le festival de Newpart, ce festival qui, selon Jerry Rubin (qui deviendra reaganien dans les années quatre-vingt), ne réunissait que des libéraux et des curés, les participants avaient l’habitude d’entonner la traditionnelle chanson intégrationniste “ We Shall Overcome ”. Mais en 1963 le public obtient que “ Blowing in the Wind ” termine en apothéose la grande fête annuelle de la musique folk.

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15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 05:32

Ces gentils nageurs ont réussi un jeu de mots franco-anglais bien sympatique. Mais d'un point de vue programmatique, l'effet recherché n'est pas très rassurant.

Méprisons la langue française (16)
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14 avril 2014 1 14 /04 /avril /2014 05:24

 

 

Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2014 pour Au revoir là-haut, a accordé à mes amis et camarades de l’Institut d’histoire sociale du Gers et à moi-même un entretien passionnant, repris dans les colonnes du Grand Soir. J’en extrais une première réflexion sur le roman populaire :

 

Evidemment que « l’art pour l’art » n’est pas mon slogan préféré. Cela étant, l’expression « littérature populaire » n’est guère pratique non plus... Qu’est-­ce que c’est un « roman populaire » ? Un roman lu par un grand public ? En ce cas, « L’amant » de Marguerite Duras est un roman populaire, il a été lu par plusieurs millions de lecteurs. Un roman assez simple pour être lisible par tous ? On peut alors penser aux Misérables et à Madame Bovary. Un roman qui tente avant tout de séduire, faisant de « populaire » une variante de « populiste » ? On peut alors penser à Gérard de Villiers et sa série des SAS. En fait, personne n’en sait rien. Mais la catégorie romanesque capable de regrouper Duras et de Villiers, Flaubert et Hugo a bien des chances de poser plus de problèmes de classification qu’elle n’en résout. C’est pourquoi, chacun en a une définition. Moi pas. J’écris des romans et il appartient à ceux qui les lisent de dire ce qu’ils en pensent, de les placer sur l’étagère qui leur convient.

 

Et un autre sur l’aspect malheureusement pérenne d’une fiction qui se déroule à la toute fin de la Première Guerre mondiale et dans l’immédiat après-guerre :

 

Tout lecteur peut voir quelle est mon échelle de valeurs et donner à mon histoire le sens qui lui convient. Je la bâtis en espérant que mon point de vue sera clair et accessible, je tâche de faire ce que je dis et de dire ce que je fais. C’est ma manière à moi d’être simple qui est ma conception du roman : tenter de faire très bien des choses très simples.

 

Reste que tout lecteur peut voir des corrélations entre l’époque que je décris et la nôtre : un système social incapable de faire de la place à une population qui pourtant n’a pas démérité, plaçant ceux qui l’ont servie dans une situation de précarité proche de l’exclusion et faisant de ceux qui parviennent à surnager des travailleurs pauvres. Si un lecteur aperçoit ce constat derrière les vicissitudes de mes personnages, ce n’est pas du tout un hasard.

 

 

Puisque nous sommes dans Le Grand Soir, restons-y encore un instant. Dans un article très documenté, Jean-Marie Bourget évoque les liens étroits et déjà anciens de Manuel Valls et du Qatar :

 

Alors qu’il est devenu ministre de l’Intérieur, Doha va être un fidèle soutien d’un pan de la politique de Valls, celle des Cultes. L’argent du Qatar wahhabite, c’est-à-dire salafiste, va aider le gentil Manuel à tenir en main les musulmans comme Sarkozy avait commencé à la faire. En finançant des mosquées, des centres culturels et autres universités islamiques, Doha assure une sorte de paix coranique. Le ministre semble ignorer que, dans son dos, Doha rêve d’embrigader la jeunesse de nos « quartiers ».

À l’automne 2013, lors de la cérémonie de départ du très regretté Mohamed Jaham Al-Kuwari, l’ambassadeur, le ministre est présent. La fête est œcuménique puisque deux autres anciens « Premiers flics », Guéant et Michèle Alliot-Marie sont également présents. Valls, au moment des larmes d’adieu, y va de son couplet : « Nous voulons vous témoigner toute l’amitié que nous vous portons. Plus de dix ans passés en France, ce n’est pas rien. Quand on connaît votre talent, votre gentillesse, votre élégance », au service d’un « partenariat stratégique. Nous savons tous ce que nous vous devons... Le Qatar est un ami de la France ». Tant pis si, de son côté le méfiant Ayrault, que l’on regrettera peut-être bientôt, déclare : « Moi, avant d’aller au Qatar, je réfléchirais »...

 

 

Carré Rouge nous dit que Suez convoite l’eau de Thessalonique et d’Athènes :

 

En Grèce, la privatisation des services de l’eau des deux principales villes grecques, Athènes et Thessalonique, a été exigée par la « troïka » dans le cadre du traitement de choc socio-économique infligé à un pays en pleine crise financière. La troïka, au sein de laquelle sont associés Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international, mais qui fonctionne de manière aussi autonome qu’opaque, a imposé à la Grèce une série de « conditions » pour le versement des tranches successives de l’aide financière internationale – parmi lesquelles une réduction du nombre de fonctionnaires et la cession au privé d’innombrables propriétés et entreprises publiques. La mise en œuvre de cette politique a entraîné, pour les Grecs, une diminution dramatique de leur niveau de vie et de leur accès aux services essentiels, notamment dans le domaine de la santé. Selon ses opposants, la privatisation des services de l’eau de Thessalonique et d’Athènes ne peut que marquer un nouveau recul, au bénéfice exclusif d’intérêts commerciaux (grecs ou internationaux), aux dépens des citoyens grecs et, en dernière instance, de la démocratie.

 

 

Revue de Presse (89)
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14 avril 2014 1 14 /04 /avril /2014 05:21

Robert Zimmerman

 

Robert Zimmerma, alias Bob Dylan, est né le 24 mai 1941 à Duluth, une ville moyenne située à la frontière du Minnesota et du Wisconsin. Ses grands-parents ont fui les pogroms de l’Europe de l’Est. Il reçoit le nom juif de Shabtai Zisel ben Avraham. Les parents de Bob jouissent d’un statut social moyen, mais la famille ne connaît pas la gêne grâce à l’emploi du père à la Standard Oil. En 1947, les Zimmerman s'installent à Hibbing, la ville possédant la plus grande mine à ciel ouvert du monde. La cité est conservatrice, très chrétienne. Le père de Bob fréquente le Rotary Club et la loge juive maçonnique B’nai Brith.

 

Très tôt, le jeune Robert ressent l’injustice sociale, qu’il dénoncera plus tard vigoureusement, et l’ennui. Son adolescence est ponctuée d’une série de fugues au cours desquelles il découvre les États-Unis. En 1953, à l’âge de 12 ans, il suit en tournée le guitariste de blues Big Joe Williams qui va lui communiquer l’émotion, les sensations propres à la musique populaire noire. En 1956, il compose sa première chanson dédiée, ô surprise, Brigitte Bardot (qui, à la même époque, fait également fantasmer Lennon et McCartney). Il écoute la musique country de Hank Williams et celle des musiciens de blues tels John Lee Hooker ou Muddy Waters.

 

En 1959, il s’inscrit à l’université de Minneapolis pour y suivre des cours d’art et s’installe dans le quartier étudiant de Dinkytown où évoluent toutes sortes d’artistes de la Beat Generation. Sa carrière estudiantine durera moins d’un an. Il découvre la musique folk (Pete Seeger en particulier). Il prend alors le pseudonyme de Bob Dylan, non pas sous l’influence du poète gallois Dylan Thomas mais parce que l’un de ses oncles se nommait Dillion. Il changera de nom légalement en 1962.

 

Son premier engagement d’importance date d’avril 1961, où il joue à New York en première partie de John Lee Hooker. Il fait à l'époque l’une des rencontres les plus importantes de sa vie en la personne de Woodie Guthrie (1912-1967), atteint de la chorée de Huntington. Il se plonge dans Bound for Glory, l’autobiographie du chanteur. Guthrie se situe très nettement à gauche. Sur toutes ses guitares, on pouvait lire « This machine kills fascists »).

 

 

 

Il écrivit plusieurs chansons à la gloire de Sacco et Vanzetti, exécutés en 1927. Dylan est frappé par la similitude de leurs personnalités et de leurs styles : même conscience sociale, même refus du modèle dominant étasunien, même simplicité des thèmes, même aptitude à transformer les mots les plus simples en images poétiques. Sur les conseils de Guthrie, Dylan s’installe à Greenwich Village et se produit pour un temps au Gerde Folk’s City. En 1961, CBS le découvre et lui fait enregistrer son premier disque intitulé simplement Bob Dylan.

 

 

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12 avril 2014 6 12 /04 /avril /2014 06:07

Il s'agit d'une résidence estudiantine lyonnaise. Pourquoi "le floor" ? Je ne vois pas.

Méprisons la langue française (15)
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11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 06:09

“ Wings de poulet panées ”. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? “ Breaded chicken wings ” serait too much, le bon consommateur ne comprendrait pas. C'est comme pour “ nuggets de poulet ”. Et mon ass, c'est du chicken ?

Méprisons la langue française (14)
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10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 05:58

Peut-être plus que John Kennedy, dont le mythe et le style n’ont que peu survécu à sa mort (et dont la personne est désormais très controversée), Martin Luther King, courageux mais vite assimilé, Herbert Marcuse, visionnaire mais entendu uniquement par une élite intellectuelle, Bob Dylan a marqué de son empreinte les Etats-Unis dans les années soixante.

 

C’est qu’il a su, dans une période placée sous le signe de la guerre “ chaude ”, des tensions raciales, du complexe militaro-industriel, de la poussée technologique et du conflit des générations entretenir de façon originale, riche et heureuse, la communication sans laquelle une société se désagrège.

 

Dylan fut presque un dieu, ce qu’il n’avait pas voulu. Mais, dans le même temps, il fut diable car telle était assurément la portée de ses textes et de ses musiques. Pendant plusieurs années, il a mené une lutte âpre contre les valeurs de la société dominante avec, pour seule arme, une « symphonie des mots ». Il a révélé les tares et les contradictions du système, dénoncé l’absurdité et la turpitude des rapports humains en vigueur (à commencer par le racisme) et a été – avec quelques autres – à l’origine de la plus formidable campagne jamais ourdie aux Etats-Unis contre une guerre. C’est un peu facile, mais, rétrospectivement, on cherche encore le “ Dylan ” des guerres d’Irak et d’Afghanistan, à commencer par Dylan lui-même.

 

On peut imaginer ce qu’auraient pu être les Etats-Unis de ces années de tensions exacerbées sans Dylan. On peut se représenter le comportement de toute une jeunesse égarée, nihiliste et prête à tout en l’absence d’un prophète, d’un porte-parole calme, froid, détaché et sur de lui. Car si ce personnage intangible, quasi-mythique, a exacerbé, il a aussi temporisé et catalysé, ce qui a permis aux insatisfaits de tous âges et de tous bords de construire et non de détruire.

Bob Dylan, 1961-1971. La révolte sans la révolution (1)
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9 avril 2014 3 09 /04 /avril /2014 05:57

Lu dans Le Progrès de Lyon :

 

JURA. Création d'un Center Parcs à Poligny : 300 emplois à la clé
 

Le groupe de tourisme et d’immobilier Pierre et Vacances a annoncé vendredi qu’il allait ouvrir à l’été 2018 deux nouveaux Center Parcs en France, dont un dans le Jura (à Poligny dans le Revermont) pour un investissement de 170 millions d’euros hors taxe. Cette création pourrait générer 300 emplois dans le département, et jusqu’à 500 liés directement au chantier de réalisation.

 

On se perd en conjecture à propos d' “ un Center Parcs ”. Bien sûr, Center est écrit à l'américaine et non à l'anglaise. Mais l'équivalent de parc en anglais est park. Alors pourquoi cette graphie ? Et pourquoi avec la marque du pluriel ?

Méprisons la langue française (13)
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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 07:30

Le Monde propose la petite devinette suivante :

Vous voulez deviner le score du Front national dans une commune du pourtour méditerranéen ? Regardez son centre-ville. Béziers (Hérault), Perpignan, Brignoles (Var)... toutes ont été frappées par la trilogie du désastre urbain : fermeture des commerces de proximité, manque d'emplois et d'animation, paupérisation de la population. Et toutes ont porté le FN à plus de 30% dès le premier tour.

 

En plein centre-ville de Perpignan, la rue des Augustins aligne à perte de vue des rideaux de fer baissés. La pizzeria a fermé depuis près de deux ans, le coiffeur en face a mis la clé sous la porte, tout comme le restaurant chinois, la boutique de prêt-à-porter, la bijouterie... « Depuis que je me suis installée, il y a cinq ans, j'ai vu au moins six boutiques fermer et ça s'est aggravé ces deux dernières années », témoigne Viviane Amissa, propriétaire d'un salon de coiffure africain qui, elle aussi, songe à fermer boutique.

 

Ce n'est pas un hasard : les villes du Sud qui ont réélu leur maire au premier tour, ou placé en très bonne posture avant le second, sont celles qui se sont lancées, depuis des années, dans une rénovation énergique du centre de leur cité.

 

L'abandon des centre-villes alimente certes le vote FN, mais, dans le Var, le pire souvenir de l'effondrement d'un coeur de ville est lié au passage de Jean-Marie Le Chevallier (FN) à la mairie de Toulon de 1995 à 2001. Dans certains quartiers, les logements commerciaux ne valaient plus rien, et l'animation était réduite à néant. Toulon s'est relevée depuis, de l'avis général, le centre est beaucoup plus vivant qu'avant l'époque de la grande dépression, celle de la mairie Front national.

 

Romain Migus, sur le site Mémoire des luttes nous propose cette petite fable :

 

Commençons par une situation imaginaire.

Imaginons une manifestation, disons à Nantes, contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes. Alors qu’elle se termine, les partis politiques et associations qui l’ont convoquée ne la dispersent pas. Des groupes radicaux prennent le relais et commencent à construire des barricades. Ils sont aidés par les services de la municipalité. Une pluie de cocktails Molotov, de pierres et de pavés s’abat sur les CRS. Une partie du CHU et la totalité de l’Université sont réduits en cendres. Soudain, les CRS sont attaqués à balles réelles. Plusieurs d’entre eux décèderont. Ajoutons que la manifestation est financée par la Russie de Poutine et que, au sein des groupes radicaux, se trouvent plusieurs membres du Hezbollah libanais.

Alors que le gouvernement utilise toute la panoplie des moyens démocratiques pour enrayer la violence, les grands médias internationaux soutiennent cette démarche insurrectionnelle et accusent François Hollande d’être le bourreau du peuple français….Situation surréaliste et improbable ? Et pourtant elle est bien réelle. Elle constitue même un condensé de ce que vit le Venezuela depuis plusieurs semaines.

 

Ignacio Ramonet (Mémoire des luttes)

L’un des principaux dangers du TTPI (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement) c’est qu’il comporte un chapitre important sur la « protection des investissements  ». Cela pourrait permettre à des entreprises privées de dénoncer des Etats, coupables à leurs yeux de vouloir défendre l’intérêt public, et de les traîner devant des Tribunaux internationaux d’arbitrage (à la solde des grandes corporations multinationales). Ce qui est en jeu ici c’est tout simplement la souveraineté des Etats, et leur droit de conduire des politiques publiques en faveur de leurs citoyens.

Mais, aux yeux du TTPI, les citoyens n’existent pas, il n’y a que des consommateurs. Et ceux-ci appartiennent aux entreprises privées qui contrôlent les marchés.

Le défi est immense. La volonté civique de stopper le TTPI ne peut être moindre.

 

Lyon People nous rappelle qu’il en va à Lyon comme ailleurs en termes d’emploi et d’économie puisque Renault Trucks supprime 319 postes dans l’agglomération lyonnaise :

 

Les sites de St-Priest et de Vénissieux vont être fortement impactés par ces suppressions d’emplois. Ce sont effectivement 380 postes qui vont disparaître : 319 dans l’est lyonnais mais également 61 à Bourg-en-Bresse (Ain). Une décision annoncée lors de la réunion des organisations syndicales de Renault Trucks, mercredi 19 mars 2014, en comité central à St-Priest. L’entreprise de fabrication de poids lourds, filiale du groupe Volvo, fait l’objet d’un plan de restructuration, touchant sa filiale de véhicules industriels Renault Trucks. Au niveau national, ce sont 508 postes qui seront supprimés. A l’échelle mondiale, une réduction d’effectifs de 4000 salariés est prévue.

 

Revue de Presse (88)
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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 19:00

Pierre Lemaitre, prix Goncourt pour Au revoir là-haut, a accordé un entretien aux responsables de l'Institut d'histoire sociale du Gers et à moi-même.

 

Vous avez toujours rendu hommage aux écrivains qui vous ont influencé. Avez-­vous conscience de vous inscrire dans une chaîne ininterrompue de créateurs ? Construisez-­vous des fictions pour vivre, pour résister au réel ? Autrement dit, pourquoi écrivez-­vous ?

 

Si je cite et rends hommage à certains écrivains ce n’est pas consciemment pour me situer dans une généalogie d’auteurs, c’est simplement que si quelque chose d’eux me vient lorsque je travaille (trois mots, une situation, une tonalité, etc.), il me semble normal de le dire. Je ne m’adresse pas à la postérité mais à ceux qui me lisent, ces citations sont donc également un clin d’œil que j’adresse à ceux pour qui j’écris. Ce qui répond à la seconde question : j’écris pour être lu. J’ai choisi d’être romancier, j’écris donc des romans. Je ne suis rien d’autre que ça, juste un type qui raconte des histoires.

 

Avec Au revoir là-­haut, l’Académie Goncourt a couronné un grand roman populaire, en ce sens qu’il peut être lu avec autant de plaisir et d’intérêt par une aide-­soignante ou par un chef de service. On imagine que vous ne partagez pas l’opinion de Mallarmé pour qui « l’art pour tous est une bêtise, du caviar pour le plus grand nombre ».

 

Evidemment que « l’art pour l’art » n’est pas mon slogan préféré. Cela étant, l’expression « littérature populaire » n’est guère pratique non plus... Qu’est-­‐ce que c’est un « roman populaire » ? Un roman lu par un grand public ? En ce cas, « L’amant » de Marguerite Duras est un roman populaire, il a été lu par plusieurs millions de lecteurs. Un roman assez simple pour être lisible par tous ? On peut alors penser aux « Misérables » et à « Madame Bovary ». Un roman qui tente avant tout de séduire, faisant de « populaire » une variante de « populiste » ? On peut alors penser à Gérard de Villiers et sa série des SAS. En fait, personne n’en sait rien. Mais la catégorie romanesque capable de regrouper Duras et de Villiers, Flaubert et Hugo a bien des chances de poser plus de problèmes de classification qu’elle n’en résout. C’est pourquoi, chacun en a une définition. Moi pas. J’écris des romans et il appartient à ceux qui les lisent de dire ce qu’ils en pensent, de les placer sur l’étagère qui leur convient.

 

Pourquoi, à ce moment de votre vie d’homme et d’écrivain, avez-­vous souhaité écrire sur la Première Guerre mondiale et ses suites immédiates ?

 

Je crains que la réponse soit là encore assez prosaïque : c’est simplement que c’était possible. Je venais d’achever une trilogie policière, commencée en 2006. Pour la première fois depuis que j’écrivais, j’avais l’occasion de faire autre chose, de m’évader un peu des contraintes exigeantes du genre policier. Cette Première Guerre m’avait toujours intéressée et ce roman, entamé en 2008, n’avait pas pu être poursuivi à ce moment pour des raisons de calendrier éditorial. Quant à choisir la fin de la guerre plutôt que la guerre elle-­même, c’est parce qu’il m’a semblé que cette période avait été moins traitée par le roman et que cela me permettait d’éclairer sous un jour un peu original cette guerre, en la montrant, en quelque sorte, dans le rétroviseur.

 

Vous avez rassemblé une documentation historique considérable. Pourriez-­vous nous éclairer sur les moyens et les arguments utilisés pour motiver les combattants du front ? Comment le peuple à l’arrière a-­t-­il vécu cette guerre ?

 

Très franchement, ma documentation n’a pas été phénoménale. C’est un carton de livres et les quotidiens de l’époque sur une période de deux ou trois ans, rien de plus. Quant à la question concernant la motivation des soldats, c’est une querelle historique dans laquelle je ne veux pas entrer parce que je ne suis pas historien. Je n’ai aucune légitimité à donner un avis. Je lis André Loez et Stéphane Audouin-‐Rouzeau, Nicolas Offenstadt et Annette Becker, j’ai mon opinion... qui n’a aucune importance.

 

Je trouve toutefois très intéressant que les historiens discutent cette question, je trouve dommage qu’ils se déchirent mais je reste dans mon domaine : je suis romancier. Et dans l’écriture de mon roman, je n’ai pas voulu aborder cette question parce qu’elle n’était pas au centre de mes préoccupations.

 

Par delà la création romanesque, avez-­vous souhaité transmettre un message historique et politique qui vaudrait encore pour aujourd’hui ?

 

Non, je ne porte pas de message. Tout lecteur peut voir quelle est mon échelle de valeurs et donner à mon histoire le sens qui lui convient. Je la bâtis en espérant que mon point de vue sera clair et accessible, je tâche de faire ce que je dis et de dire ce que je fais. C’est ma manière à moi d’être simple qui est ma conception du roman : tenter de faire très bien des choses très simples.

 

Reste que tout lecteur peut voir des corrélations entre l’époque que je décris et la nôtre : un système social incapable de faire de la place à une population qui pourtant n’a pas démérité, plaçant ceux qui l’ont servie dans une situation de précarité proche de l’exclusion et faisant de ceux qui parviennent à surnager des travailleurs pauvres. Si un lecteur aperçoit ce constat derrière les vicissitudes de mes personnages, ce n’est pas du tout un hasard.

 

Au plan philosophique, quelle est votre idée de l’Homme au vu des événements que vous rapportez ? Votre vision de l’humanité n’est-­elle pas trop noire ?

 

« Trop noire », je ne sais pas. Chacun place le curseur où il le veut, en fonction de son analyse, de sa conception du monde. Je pense qu’un romancier tente de déployer un monde et c’est bien le but de la littérature que de permettre à chacun, en lisant des romans, de dire si ce monde correspond ou non à sa vision personnelle de l’existence et, ainsi, de faire évoluer sa réflexion. 

 

Photo (B.G., d.r.) : Pierre Lemaitre et Angel Rossi, président de l'Institut d'Histoire Sociale du Gers.

 

On retrouvera cet article dans la dernière livraison de la revue de cet institut.

 

Un entretien avec Pierre Lemaitre
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