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7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 06:15

C'était au temps où la classe ouvrière n'était pas écrasée, niée, comme aujourd'hui.

 

C'était au temps où les 200 familles étaient moins puissantes que celles du CAC 40.

 

C'était au temps où Hollande (cet homme “ sans couleur, sans regard et sans voix ”) n'avait pas encore percé sous Blum.

 

C'était au temps où les jeunes, qui profitaient pour la première fois des congés payés (je hais le mot “ vacances ” qui fait comme si les conquêtes du Front populaire n'avaient pas existé), croyaient – à tort malheureusement – en un avenir lumineux.

 

Lumineux, comme les photos magnifiques de Pierre Jamet (futur membre des Quatre Barbus, ah “ La Pince à linge... ”, écoutez ces voix magnifiques, même Beethoven aurait aimé la contribution géniale de Francis Blanche !) publiées récemment par Mediapart.

 

À lire également également le portrait de Pierre Jamet brossé par Edwy Plenel.

 

Au temps du Front Populaire
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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 10:08

Au moment où l’extrême droite, les fascistes de tout poil font plus que relever la tête en Europe et dictent les ordres du jour, le fait que le président du Conseil européen, le chrétien-démocrate flamand Van Rompuy ait osé, en 2007, publier sur son site – sans le retirer –  un poème (daté de 1909) d’un prêtre flamand nazi, antisémite, condamné à mort par contumace à la Libération, et ce dans l’indifférence totale des opinions publiques, est extrêmement préoccupant.

 

Un ami belge (wallon) me dit qu’il a toujours pris soin de ne pas tenter le diable du nationalisme flamand, mais que, à partir du moment où la question est posée, quand le président du Conseil européen prend comme référence un curé nazi qui a été condamné à mort par contumace en Belgique et qui n’a jamais été réhabilité, il n’est plus possible d’éluder le débat.

 

Né en 1874, Cyriel Verschaeve devient vicaire en 1911. Durant la Première Guerre mondiale, , il est conseiller spirituel du mouvement intellectuel nationaliste flamand le Frontbeweging. Après l’Armistice, la condamnation de ce mouvement par les autorités belges convainc Verschaeve qu'il n'y a plus rien à attendre de la Belgique. Dans les années trente, il se détourne de la politique belge et de la démocratie. Il se rapproche du mouvement national-solidariste Verdinaso.

 

Durant l’été 1940, il affiche par écrit sa sympathie pour l’Allemagne nazie. Le 6 novembre 1940, il est nommé par l'administration militaire allemande à la tête du Conseil culturel flamand. En 1941, il soutient la Légion flamande SS, pour contrer le « bolchévisme satanique ».

 

 

 

Selon un historien belge, Verschaeve a même tenté de convaincre Himmler de renoncer au paganisme et se voyait déjà en pape du nazisme !

 

Fin août 1944, il devient consultant du « gouvernement flamand en exil ». Il s’enfuit en Autriche en 1945, où il résidera jusqu’à sa mort en 1949. Les Autrichiens ne l’extraderont donc pas, bien qu’il ait été condamné à mort. En 1973, une organisation flamande fasciste, le Vlaamse Militanten Orde, exhume son corps et le rapatrie illégalement en Flandre.

 

En pays flamand, Verschaeve a laissé son nom dans la toponymie de plusieurs rues. On trouve encore une Cyriel Verschaevelaan (avenue Cyriel Verschaeve) à Zoersel et à Kapelle-op-den-Bos ; une Cyriel Verschaevestraat (rue Cyriel Verschaeve) à Courtrai, à Lanaken (à deux pas de Maastricht, ainsi qu’à Puurs (près d’Anvers), à quelques centaines de mètres du camp de concentration de Breendonck.

 

Le poème a été publié en 2007. Il n'a jamais posé le moindre problème à l'homme politique belge de premier plan, pétri, n’en doutons pas, de valeurs européennes.

 

Reste que Van Rompuy n’est pas qu’un simple politicien flamand (indépendantiste « à titre personnel ») : il est censé incarner l’Europe. Est-il dès lors acceptable qu’il se livre à une telle réhabilitation d’un poète nazi, fût-il Flamand ? L’Union a-t-elle encore une quelconque légitimité à condamner le premier ministre hongrois Viktor Orban lorsque celui-ci se livre au même exercice avec l’écrivain nazi Jozsef Nyiro ?

 

Que dirait-on chez nous si Copé citait Brasillach ?

Les lectures malsaines d’Herman Van Rompuy
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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 06:23

Jean-Pierre Adami, universitaire à la retraite, ancien secrétaire national du snesup, analyse ci-dessous les réformes qui ont eu cours depuis 30 ans, leurs tenants et aboutissements.Un texte très complet.

 

 

L’évolution du Service Public de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche depuis 1984.

 

Après les déclarations du Président de la République, le 14 janvier 2014, il est indispensable de faire un retour en arrière pour apprécier la pertinence de ses propos. Celui-ci a officiellement reconnu son identité social-démocrate. Depuis, les « experts » médiatiques bien en cours, se félicitent de cet aveu pourtant tardif. Par une analyse des 30 dernières années, il apparait clairement que ce tournant social-démocrate a été endossé par les responsables du PS dès 83-84, et que depuis, il y a eu dérive social-libérale complètement aboutie et assumée en ce début d’année 2014.

 

Pour ne pas être taxé de faire un procès d’intention, je vais justifier mes propos sur cette dérive en revenant sur le début des années 80, en montrant que celle-ci s’est faite en parallèle à la transformation libérale de l’UE, impulsée par le PS et la droite. La connivence, à ce sujet, de ces deux forces politiques a influencé depuis 84 le Service Public de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (SPESR). Son évolution est en effet un bon marqueur idéologique de cette entente.

 

Vu le cadre contraint de cette tribune, je suis dans l’obligation d’être très synthétique, au risque d’être schématique, et de ne pas pouvoir aborder certains points pourtant importants.

 

 

Lors de son congrès à Metz en 79, le PS, veut accéder au pouvoir, et parce que le PCF a des résultats électoraux au-dessus de 15%, met en perspective des réformes radicales reposant sur l’idée du rôle déterminant de l’Etat sur le contrôle de l’économie, orientation déclinée en 80 dans les 110 propositions pour l’élection présidentielle. Après la victoire de François Mitterrand en mai 81, le rapport de forces découlant des résultats du premier tour s’est concrétisé par des réformes importantes, en particulier la Loi de Programmation du SPESR (Loi Savary). Cela dit, il faut noter que le socialisme de transformation sociale n’a pas duré longtemps. François Mitterrand, en renforçant la dimension présidentialiste des institutions de la Vème République, a imposé au PS le tournant social-démocrate dès 83-84. La cohérence du programme de 81 a été remise en cause profondément, la logique de marché a balayé la volonté politique d’encadrer le capitalisme. Mitterrand a astreint son gouvernement à une politique d’austérité en bloquant les salaires, en abaissant les charges des entreprises, en réduisant les dépenses publiques et sociales, pour soi-disant favoriser la compétitivité des entreprises et donc l’emploi, air repris aujourd’hui pour le Pacte de responsabilité. Dès cette époque, le tournant social-démocrate du PS est complet, après les fluctuations des gouvernements socialistes de 3ème force sous la IVème république.

 

On peut regretter qu’en 1983, deux ministres sur quatre (Anicet Le Pors et Marcel Rigout) n’aient pas accepté que les 4 ministres communistes claquent la porte du Gouvernement pour manifester leur désaccord sur cette dérive, qualifiée par P.Mauroy d’un « Bad Godesberg rampant » après son remplacement au poste de Premier Ministre, par Laurent Fabius. Ce tournant en 84 n’a plus eu pour objectif de bâtir un compromis entre le travail et le capital, mais d’accompagner, voire d’anticiper les transformations du capitalisme mondialisé.

 

Au même moment, François Mitterrand engage nettement la France dans la construction européenne. S’appuyant sur la Présidence française de l’UE, lors du premier semestre 84 et en imposant en 85 Jacques Delors à la tête de la Commission Européenne (CE), il participe activement à l’objectif du marché unique. Depuis, tous les textes de l’UE ont été votés par la droite et la majorité du PS. Au fil des cohabitations et des alternances politiques, il y a toujours eu accord sur le fond entre ces deux forces politiques, quant à l’évolution libérale de l’UE, avec deux moments symboliques : la Stratégie de Lisbonne signée par Jacques Chirac et Lionel Jospin en 2000 et le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) en 2012, dit pacte « Merkozy », devenu pacte  « Merkollande ». La droite gaulliste des années 70 a dérivé vers l’ultra-libéralisme et la social-démocratie des années 80 vers le social-libéralisme. Cette connivence idéologique a eu des effets sur le SPESR avec deux moments également symboliques : la Loi Pécresse relative aux Libertés et Responsabilités des Universités (LRU) en 2007 et la Loi Fioraso relative à l’Enseignement Supérieur et la Recherche en 2013.

 

Avant de faire un survol rapide des 30 dernières années pour pointer les étapes significatives des réformes du SPESR, en parallèle avec la construction de l’UE, il est indispensable de dire quelques mots sur la Loi Savary du 24 janvier 84 qui abrogeait la Loi Faure. Acteur syndical, participant à l’élaboration de cette Loi, je peux attester que sa rédaction s’est faite dans de bonnes conditions : après la Loi Recherche de 82, les débats sur Loi Savary ont duré jusqu’en 84 sans aucune discrimination quant aux participants, sans sujet tabou, avec la volonté d’aboutir à un large consensus avec la communauté universitaire et les acteurs sociaux. Le résultat, malgré quelques limites, a été de qualité, avec référence explicite à la dimension nationale du SPESR avec toutes ses missions traitées à égalité, maillage universitaire du territoire par souci de démocratisation, crédits d’Etat et personnels titulaires à la hauteur des besoins, coopération entre établissements et renforcement de la vie démocratique par la collégialité….

 

 

Depuis, tous les gouvernements, de droite ou à majorité PS, ont transformé les valeurs et le rôle social du SPESR :

 

  • 86, pour mémoire, tentative avec le projet de Loi Devaquet, de mettre en concurrence les établissements. Projet retiré devant la mobilisation étudiante avec, en particulier, l’UNEF-SE en pointe. Il est regrettable que l’unification des deux UNEF en 2001 se soit soldée par un syndicalisme étudiant d’accompagnement des réformes libérales. A ce sujet, la présence de J-B.Prévost, (ex-Président de l’UNEF de 2007 à 2011), au cabinet de Geneviève Fioraso depuis 2012 est significatif de cette alliance tactique entre l’UNEF et le PS ;

  •  

  • 90, Lionel Jospin, avec son plan Université 2000 (U 2000) a permis au patronat de peser sur les formations, de dégager 7 grands pôles européens devenus en 2006, des PRES et enfin de permettre un transfert de l’État vers les régions, via les Contrats de Plan Etat Régions (CPER) ;

  •  

  • 96, François Bayrou, avec ses États Génaux du Supérieur, déboucha sur des stages diplômants en entreprise, sous la férule du CNPF, organisation patronale devenue le MEDEF en 98 ;

  •  

  • 99, Claude Allègre et son plan Universités du 3ème millénaire (U3M) a renforcé la logique U2000 avec la poursuite du désengagement de l’Etat, en augmentant la contribution des collectivités territoriales, entraînant des disparités importantes entre les régions ;

  •  

  • 99, Claude Allègre avec sa Loi Recherche et Innovation, avait comme objectif d’asservir le SP aux exigences des lobbies financiers et du patronat, au détriment des autres missions ;

  •  

  • 99, Claude Allègre, après la Déclaration de la Sorbonne, suite au rapport Attali (98), a impulsé le Processus de Bologne qui va modifier les valeurs du SPESR et la hiérarchie de ses missions, pour répondre aux exigences d’intégration à l’Europe libérale.

  •  

A ce stade de l’inventaire des répercussions négatives sur le SPESR des différentes réformes citées ci-dessus, il est indispensable de faire un détour par l’évolution de l’UE car tous ces textes ont été influencés par le cadre d’un libéralisme impulsé en 85 par Jacques Delors, Président de la CE, avec des choix institutionnels et macroéconomiques qui répondaient aux préconisations de l’OCDE et de la Banque Mondiale. Ces choix se sont traduits par la construction d’un « Espace européen de l’Education, de la Recherche et de l’Innovation » avec un discours considérant que ces secteurs ont une finalité essentiellement économique. L’« économie de la connaissance » débouchant sur une approche libérale des formations supérieures et de la recherche, avec un enfermement du SPESR dans des activités essentiellement marchandes.

 

Cette politique libérale s’est renforcée à l’époque de la « vague rose ». Celle-ci a concerné les principaux états de l’UE, avec des figures de proue du social-libéralisme : 96, R.Prodi, Italie ; 97, Tony Blair, Angleterre ; 98, Gerhardt Schröder, Allemagne,… La convergence social-libérale de 11 pays de l’UE sur 15 a permis l’adoption de la Stratégie de Lisbonne dans un large consensus. Elle décline une représentation libérale de la société où la recherche de compétitivité économique est le maitre mot. Elle ne propose, au-delà des discours généreux sur la cohésion sociale, rien de concret pour l’amélioration du volet social des salariés. La doxa d’une concurrence par la compétitivité économique est sensée constituer la base du progrès social, alors qu’elle provoque des désastres sociaux et écologiques.

Il faut rappeler que cette Stratégie a été signée lors du Conseil Européen des 23-24 mars 2000 par J.Chirac et L.Jospin. Trois jours plus tard, le 27 mars 2000, lors du premier remaniement du Gouvernement Jospin, il aurait été souhaitable que les 4 ministres communistes quittent ce gouvernement vu le contenu et les conséquences prévisibles de la Stratégie de Lisbonne. A ce sujet, lors de ce remaniement, J-L.Mélenchon a été nommé Ministre délégué à l’Enseignement Professionnel et lors d’un colloque de la FSU en octobre 2000 sur la Formation Professionnelle, parlant de cette Stratégie, il n’a pas formulé de critique de fond. Visiblement à l’époque « la radicalité concrète » n’était pas à l’ordre du jour.

A partir de 2000, les coups de boutoir de C.Allègre contre le SPESR vont provoquer un déferlement de réformes ultra-libérales de la droite et du PS, sous couvert d’harmonisation européenne :

  • 2002, J.Lang en application du Processus de Bologne, met en place la nouvelle organisation des cursus, Licence-Master-Doctorat (LMD), avec pour conséquence la disparition de la valeur nationale des diplômes, la disparité des formations sous la pression des milieux patronaux locaux (cf. Licence Pro) ;

  • 2004-2005, François Fillon concocte secrètement le projet de Loi d’Orientation et de Programmation pour la Recherche et l’Innovation (LOPRI) qui aurait fragilisé la Recherche publique, au profit du capital et du patronat, ainsi que le statut des chercheurs, augmenté les précaires et mis en perspective les pôles de compétitivité ;

  •  

  • 2006, Gilles de Robien promulgue la Loi de Programme pour la Recherche, texte qui reprend toutes les orientations de la LOPRI. De plus deux agences sont créées (ANR et AERES) qui fonctionnent dans l’opacité, concentrent les lieux de décision et imposent le financement de projets-contrats-crédits fléchés, comme le fait la CE, depuis plusieurs années avec ses Programmme-Cadre de Recherche et Développement Technologique (PCRDT) au seul bénéfice des grands groupes industriels ;

  •  

  • 2007, Valérie Pécresse impose la Loi LRU, qui sous-couvert d’une pseudo autonomie, fragilise les universités et les laboratoires de recherche, engageant ceux-ci vers une gestion managériale. Des principes fondamentaux comme l’égalité entre étudiants, la liberté académique, la gestion collégiale… sont mises en danger par la concurrence entre établissements et la répartition des moyens publics en fonction de critères de rentabilité à court terme. De plus, le patronat fait une entrée en force dans les conseils d’administration ;

  •  

  • 2008, Valérie Pécresse, avec son Plan Campus, poursuit la même logique que les deux plans précédents (U2000 et U3M), désengagement de l’Etat dans le financement du SPESR avec, en plus, le choix de faire appel à des Partenariats Publics/Privés (PPP), solution qui s’avère, à terme, catastrophique ;

  •  

  • 2008, forte augmentation du Crédit Impôt Recherche (CIR) au bénéfice des entreprises du CAC 40 et au détriment des PME/TPE, sans aucune évaluation et contrepartie, avec un effet d’aubaine évident ;

  •  

  • 2009, mise en place de la Stratégie Nationale de Recherche et d’Innovation (SNRI) qui oriente la Recherche vers des créneaux voulus par le MEDEF en remettant en cause l’indépendance des chercheurs ;

  •  

  • 2010, le Grand Emprunt, avec l’usine à gaz des Investissements d’avenir (IDEX …) ayant pour objectif d’asservir complètement le SPESR aux exigences du grand patronat, avec comme conséquence la mise en concurrence des territoires, des établissements et de tous les acteurs du SPESR ;

  •  

  • 2011, l’application de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) aux organismes de recherche, fragilise les fonctions support et soutien dans les laboratoires et introduit une précarisation massive. Le dispositif de Modernisation de l’Action Publique (MAP) mis en place après la victoire de F.Hollande, a les mêmes effets « austéritaires » sur le SPESR ;

  •  

  • 2012, Geneviève Fioraso lance les Assises de l’ESR. A l’opposé des débats sur la Loi Savary, elles ont été corsetées par le ministère, à travers un comité de pilotage, composé d’anciens responsables de la CPU, imposant un cadre très contraignant des débats. Au niveau territorial, les Assises ont été organisées par les Préfets, les Recteurs et les Présidents de Région en marginalisant les acteurs de la Recherche et de l’Université, évacuant leurs revendications exprimées depuis plusieurs années ;

  •  

  • 2013, Fioraso impose sa Loi sur l’ESR, sans les voix du Front de Gauche. Sur le fond, pas de grand changement par rapport à la LRU et même sur certains points, une aggravation à la soumission d’une logique libérale européenne, avec la réduction des dépenses publiques et ses conséquences sur les établissements. Actuellement, plus d’1/4 d’entre eux sont en grande difficulté financière, avec des conséquences sur les formations et les personnels. La mise en place de grands complexes universitaires va mettre en concurrence encore plus les régions et faire disparaitre la cohérence nationale du SPESR, au profit d’une organisation régionale d’inspiration européenne. Dernière initiative de Geneviève Fioraso, qui confirme, s’il en est besoin, l’instrumentalisation du SPESR par le patronat, la création du Comité Sup’emploi, qui sous-couvert d’insertion professionnelle ouvre toutes grandes les portes des universités au MEDEF.

  •  

On peut constater une forme de schizophrénie du PS, car lorsqu’il est dans l’opposition, il exprime des désaccords sur les réformes de fond du SPESR, faites par la droite, alors qu’il les reprend en l’état ou même les aggrave, lorsqu’il est au pouvoir. Cette posture s’explique par sa connivence avec la droite sur la politique de l’UE. Les deux derniers traités ratifiés de concert sont révélateurs :

 

  • le Traité sur le Fonctionnement de l’UE (TFUE) dit Traité de Lisbonne, ratifié en 2007, après un déni démocratique suite au référendum de 2005, qui impose aux Etats l’application stricte du principe de la « concurrence libre et non faussée » qui impacte, en particulier, les SP ;

  •  

  • le TSCG, ratifié en 2012 avec sa « règle d’or », responsable de l’austérité actuelle, prive notre pays de sa souveraineté quant à ses choix budgétaires et notamment les crédits pour les SP, avec comme conséquences que leurs missions soient privatisées et permettent aux capitalistes d’amasser des profits.

  •  

Après cet inventaire des réformes de l’ESR sur 3 décennies, il est possible de faire une synthèse des principales conséquences du libéralisme sur ce SP (en sachant que les mêmes causes provoquent des effets comparables sur d’autres SP). Ces réformes ont pour effet de considérer les connaissances scientifiques comme une marchandise. Elles deviennent un outil de la concurrence au sein du capitalisme mondialisé et, de ce fait, sont limitées aux seuls rapports strictement économiques de l’innovation et de l’insertion professionnelle, au bénéficie quasi exclusif du capital et du grand patronat. Cela remet en cause toutes les autres missions du SPESR, notamment les questions d’émancipation, de citoyenneté et d’enrichissement culturel ainsi que le développement d’une recherche fondamentale détachée du principe de la concurrence et de la marchandisation sur le marché mondial de la connaissance. Ces orientations influencent les étudiants qui limitent souvent leurs choix aux seules formations rentables du point de vue des débouchés à court terme (logique « adéquationiste») en écartant des formations soi-disant inutiles sur le marché du travail actuel. Ce qui écarte toute évolution prospective des formations, et qui hypothèque l’avenir de notre pays.

 

Devant ce constat alarmant, il est urgent que le peuple de gauche se rassemble autour d’organisations, d’associations et de syndicats, porteurs de propositions alternatives. Bien que la situation soit difficile, deux échéances politiques cette année peuvent permettre à ces forces alternatives, en particulier le Front de Gauche, de changer réellement le court des choses. Les élections municipales de mars 2014 doivent être un moment de rassemblement du peuple de gauche, dans toutes ses sensibilités, chaque fois que le programme le permet. L’enjeu communal, dans sa dimension locale, peut-être un ferment, permettant de convaincre tous les citoyens qu’une autre politique est possible. Toutes invectives et diatribes sur les choix stratégiques de ce rassemblement sont contre-productives. Les élections européennes en mai 2014, seront également un moment crucial pour défendre le projet d’une « autre Europe ». Pour cela, il est important que les forces politiques et sociales, pour une alternative au plan européen, prennent des initiatives en France, mais aussi dans les autres pays de l’UE, afin de construire un rapport de force suffisant et créer un front de résistance le plus large possible contre les dérives libérales actuelles.

L’ultra-libéralisme et le social-libéralisme, même combat contre les services publics ?
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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 08:45

 

Marianne aborde un sujet sensible, celui de la ou les langues que l’on peut, que l’on doit, que l’on pourrait parler en France si l’on suivait la directive européenne en la matière :

 

Procès, mariages, permis de conduire et de construire, déclaration d’impôts, dossier de chômage, etc, : tous les actes et démarches de la vie publique devraient alors pouvoir se faire dans la langue de son choix. Ce qui veut dire que l’administration soit obligée d’y répondre en se « bilinguisant », des formulaires aux guichets, avec batterie de traducteurs et de fonctionnaire bilingues.

 

En Corse, la langue locale (en fait de l’italien pisan) existe encore, parlée par plus du tiers de la population. Elle est quasiment obligatoire à l’école primaire (les parents doivent se faire remarquer en signant une demande pour que leur enfant ne suive pas les trois heures hebdomadaires de corse…) et quiconque veut suivre des cours de corse en secondaire le peut.

 

Le basque, autre langue régionale encore bien en vie est parlée par plus du quart du pays basque français. Bien que le basque reste très vivant, sa régression n’est pas enrayée par les filières bilingues de l’enseignement public ou le système en immersion du réseau « ikastola ».

 

Pour l’occitan, la situation est plus préoccupante. Cette langue n’est plus maitrisée que par moins de 5% des vieux midi-pyrénéens, bien que les élèves qui le souhaitent puissent aussi en suivre les cours dans leur scolarité.

 

La Riposte :

La lutte des habitants du quartier populaire, le Gamonal, à Burgos, a abouti à une victoire qui peut faire tache d’huile.

 

Les derniers mois en Espagne donnent une image différente de ce qu’on a vu ces dernières années. Pendant des mois, on a vu des mobilisations de masse avec des millions « d’indignés » qui manifestaient contre le système. À première vue, ces mobilisations n’ont abouti à rien.

 

La manière dont les habitants de ce quartier ouvrier de Burgos ont fait reculer la mairie aux mains du Parti Populaire et les promoteurs immobiliers, les tentatives de corruption et les mensonges des médias, est un modèle de lutte.

 

Sur ses 70 000 habitants, le quartier de Gamonal compte 18 000 chômeurs. L’école maternelle publique y est menacée de fermeture à cause d’une dette ridicule de 13 000 euros.

 

Le projet du « Bulevar » démontre encore une fois comment les politiques menées par les institutions publiques sont au service des intérêts des grandes entreprises, en l’occurrence celles de la construction.

L’explosion sociale de Burgos montre qu’il y a beaucoup de colère enfouie dans la société. La mobilisation des voisins de ce quartier a été réprimée d’une manière inouïe par la police. Un couvre-feu non déclaré a été imposé dans le quartier par la force des matraques et par la détention arbitraire de tout habitant se trouvant dans la rue.

 

Le succès de cette lutte est dû à l’unité du mouvement et de son haut niveau d’organisation. « Gamonal » est un quartier avec des traditions syndicales fortes et l’organisation du quartier reflète cela. Il y a eu aussi des manifestations de plus de 5 000 participants. Cette lutte renoue ainsi avec les meilleures traditions du mouvement ouvrier.

 

Cette lutte doit être placée dans le contexte de la victoire des éboueurs de Madrid en décembre. Par une grève illimitée, ils ont réussi à empêcher le licenciement de 1700 travailleurs. A nouveau, cette lutte a été qualifiée de « vandalisme » social par les politiciens de droite.

 

De nouvelles luttes ouvrières éclatent dans de nombreux endroits du pays. Elles apprennent des méthodes de lutte utilisées par les éboueurs et des habitants de « Gamonal » : la grève illimitée, une grande participation aux luttes, des piquets de grève, des caisses de solidarité et des collectes publiques pour financer la mobilisation, la solidarité, le caractère de masse des actions impliquant toute la population. C’est ainsi qu’il est possible de changer le rapport de forces. Des milliers de militants s’en rendent compte maintenant. Cela inquiète la droite et les capitalistes. La classe ouvrière par contre voit son moral remonter.

 

Nicole-Edith Thévenin (Res Publica) propose une réflexion sur la démocratie :

Ce que nous ne cessons de réclamer, l’”extension” de la démocratie, ne change pas la nature de la démocratie telle qu’elle s’exerce dans le système bourgeois, elle ne change pas la structure patriarcale telle qu’elle fonctionne en tant que structure. Se battre pour avoir sa place, des droits, une reconnaissance légale, vouloir ainsi élargir l’espace démocratique est nécessaire, indispensable. Mais lorsque cela crée l’illusion que nous gagnons du terrain et que le système va changer, alors c’est que nous avons perdu la bataille idéologique. Le recul des droits des femmes et de leur poids politique et social nous le signale.

 

Car le propre de la démocratie bourgeoise est de fluctuer sur les bases du rapport de forces dans la lutte des classes, et cette fluctuation, selon les tendances et contre-tendances, est toujours réappropriée en dernière instance au profit de la classe au pouvoir et du procès du capital, c’est-à-dire au profit de l’exploitation et de la marchandisation des êtres humains, de la destruction du monde. Analyser la reproduction du capitalisme, ce n’est pas s’en tenir à l’économique, mais c’est penser en même temps la fonction et le fonctionnement de la démocratie comme appareil idéologique et politique qui assure la reproduction des modes de soumission, en voilant les intérêts réels qui s’y jouent.

Revue de presse (83)
Revue de presse (83)
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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 06:20

Dans son éditorial, Serge Halimi nous dit qui sont les censeurs et les scélérats :

La liberté d’expression n’existe que quand on l’applique aux propos qu’on réprouve. Les atteintes à son principe survivent d’ailleurs très longtemps aux motifs qui les ont justifiées et aux gouvernants qui s’en sont emparés pour sévir. Le 25 octobre 2001, dans le climat de quasi-panique consécutif aux attentats meurtriers du 11 septembre, un seul sénateur américain, M. Russell Feingold, vota contre le Patriot Act, arsenal de dispositions liberticides que le prétexte du combat contre le terrorisme permit de faire adopter en bloc par les élus du Congrès. Treize ans et un président plus tard, ces mesures d’exception demeurent la loi des États-Unis.

On sait que les ministres de l’intérieur se soucient davantage d’ordre et de sécurité que de libertés. Chaque menace les encourage à exiger un nouvel attirail répressif qui rassemblera autour d’eux une population inquiète ou scandalisée. En janvier, la France a ainsi interdit à titre préventif plusieurs réunions et spectacles jugés contraires au « respect dû à la dignité de la personne humaine ». S’élevant contre les tirades antisémites de Dieudonné, qui « n’est plus un comique » et dont la démarche « ne relève plus de la création », M. Manuel Valls a menacé : « Je ne veux écarter aucune possibilité, y compris un durcissement de la loi (1). » Mais un État démocratique peut-il accepter sans frémir que le ministre de la police juge, ès qualités, l’humour et la création – y compris quand l’un et l’autre sont absents ?

 

Thomas Frank décrit la “ Révolte américaine contre les ogres du fast-food ” :

Le président Barack Obama a récemment fait de la réduction des inégalités l’objectif principal de son second mandat. Il devra pour cela augmenter le salaire minimum, dont la stagnation depuis plus de sept ans a conduit les employés de la restauration rapide à lancer un mouvement de grève dans plus de cent villes des États-Unis.

 

 

 “ La Corée du Nord se rêve en futur dragon ”, selon Patrick Maurus :

Souvent, les dirigeants de la République populaire démocratique de Corée s’acharnent à ressembler à leur caricature, comme lors des récentes purges au sein du Parti du travail ou de l’essai nucléaire de l’an dernier. Mais derrière ces actions spectaculaires se dessine un nouveau paysage économique. Pour longtemps ?

 

 

Vincent Descombes réfléchit sur le concept de “ Crises d’identités ” :

Selon le dictionnaire Larousse, l’identité désigne le « caractère permanent et fondamental » d’une personne ou d’un groupe. Or il n’est pas inhabituel aujourd’hui de considérer que nous avons des identités plurielles, produites par l’histoire, les rencontres, la multiplicité des liens que nous tissons. Que signifie alors cette notion paradoxale, tant pour l’individu que pour la collectivité au sein de laquelle il s’exprime ?

 

 

En Roumanie, Bruxelles évangélise les campagnes (Pierre Souchon) :

Des millions de Roumains vivent de l’agriculture de subsistance. Au nom de la compétitivité, l’Union européenne a décidé d’y mettre un terme. Rappelant des temps anciens, des « agents d’européanisation » parcourent le pays. Loin de leurs spots publicitaires, la population, qui subit l’austérité imposée par les institutions internationales, fait de la résistance.

 

 

Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin relient le malaise français à la colère bretonne :

Bastion électoral de la gauche de gouvernement, la BrÉtatgne fut longtemps le terrain d’expérimentation d’une social-démocratie centriste. Or, durant tout l’automne, les « bonnets rouges » ont animé une contestation aux formes les plus diverses. Ce mouvement traduit le malaise provoqué par le vacillement d’un modèle agricole fondé sur le productivisme et le libéralisme.

 

 

A Sotchi, on va produire de l’or blanc sur la mer Noire (Guillaume Pitron) :

« Plus vite, plus haut, plus fort. » La devise olympique s’applique aussi bien aux performances des skieurs qu’au budget des Jeux d’hiver organisés à Sotchi. Pour M. Vladimir Poutine, il s’agit à la fois de célébrer l’identité nationale et de réaffirmer la puissance de l’Étatt dans le Caucase du Nord. Mais les rebelles islamistes du Daghestan ont juré de saboter la fête.

 

Posée à un chef de chantier œuvrant sur les sites olympiques, la question du respect des droits humains et des réglementations environnementales nous vaut un regard incrédule, tant ce sujet paraît loufoque. S’il avait fallu commencer par éradiquer la corruption systémique et consulter la population à chaque décision administrative, nous répond-on en substance, les fondations de la patinoire olympique seraient aujourd’hui à peine sèches. « Le Comité international olympique a paralysé toute initiative démocratique en cautionnant la réalisation de travaux colossaux en un temps record ! », confirme Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue de diplomatie Russia in Global Affairs. « Dès lors, par essence, ce qui se passe à Sotchi ne pouvait en aucun cas constituer un test pour l’Étatt de droit dans notre pays. »

 

 

Hicham Ben Abdallah El-Alaoui pense que “ le « printemps arabe » n’a pas dit son dernier mot ” :

Trois ans après le début d’un mouvement qui a emporté les dictatures de MM. Zine El-Abidine Ben Ali, Hosni Moubarak et Mouammar Kadhafi, la contestation dans le monde arabe, menacée par les ingérences étrangères et par les divisions confessionnelles, cherche un second souffle. Si la Syrie vit le pire des scénarios, la Tunisie confirme que l’aspiration à la citoyenneté et la recherche de compromis peuvent déboucher sur des avancées réelles.

 

 

Au Soudan du Sud, Gérard Prunier observe “ l’écroulement des espoirs démocratiques ” :

Une féroce guerre civile a éclaté fin 2013 au Soudan du Sud, moins de trois ans après l’indépendance du pays. Opposant les partisans du président Salva Kiir à ceux de son ancien vice-président, M. Riek Machar, elle menace la stabilité régionale. Un fragile cessez-le-feu a été annoncé le 23 janvier pendant que, de l’autre côté de la frontière, l’armée soudanaise provoque des déplacements massifs de populations.

 

 

Tandis que Jean-Baptiste Gallopin  est allé en reportage avec les réfugiés du Nil Bleu :

En ce matin de mai 2012, le village de Gabanit, au pied des monts Ingessana, dans l’Étatt soudanais du Nil Bleu, est sur le point de subir une offensive de l’armée. C’est un Antonov qui lance l’attaque. Volant à haute altitude, l’avion-cargo largue plusieurs bombes artisanales – des barils remplis d’explosifs et de métal, qui roulent hors de sa soute. Puis c’est au tour de l’artillerie, qui pilonne aveuglément le village et les collines avoisinantes, où se sont réfugiés les rebelles du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan nord (Sudan People’s Liberation Movement/Army North, SPLM/A-N). Les civils s’enfuient, pris de panique, tandis que l’infanterie envahit le village, tirant à vue. Ceux qui sont trop lents ou trop faibles sont abattus ou brûlés vifs quand l’armée met le feu aux habitations. Il ne reste du village que son école, transformée en base de l’armée. Même la mosquée est en ruine.

 

 

“ Que viva Mexico ! ”, proclame Laurent Courtens :

Dans le sillage de la révolution mexicaine du début du XXe siècle, des artistes s’unissent afin de créer des œuvres qui rendent sensibles ses causes et ses aspirations. En choisissant la fresque, peinte sur les murs des lieux publics, ils offrent à tous la rencontre de la tradition et de la modernité, la transformation de la réalité commune en légende. Ils signent ainsi l’un des grands manifestes de l’engagement.

 

 

“ Pourquoi l’Uruguay légalise le cannabis ”, demande Johann Hari :

Le 23 décembre dernier, le président uruguayen José Mujica a approuvé un projet de loi visant à créer un marché réglementé du cannabis. Il devient ainsi le premier chef d’Étatt à autoriser la production et la vente – dans un réseau de pharmacies – d’une drogue interdite ailleurs.

 

 

Pendant que François Polet perçoit “ la fin de la « guerre contre la drogue » ” :

Longtemps, Washington a imposé sa solution au fléau des stupéfiants : la guerre, de préférence menée sur d’autres territoires que le sien. Depuis quelques années, toutefois, le consensus se fissure.

 

 

L’Agence France-Presse survivra-t-elle au déclin des journaux ?, se demande Marc Endeweld :

Membre du trio de tête des agences mondiales d’information, l’Agence France-Presse (AFP) subit de plein fouet la crise de la presse écrite française et la concurrence des réseaux sociaux ou des vidéos de particuliers. A l’heure où la plupart des médias sacrifient l’actualité internationale aux potins et aux faits divers, son maillage mondial la rend pourtant irremplaçable. Mais son équilibre économique n’est pas assuré.

 

 

Timour Muhidine est allé observer “ Les apaches d’Istanbul ” :

Le mouvement autour du parc Gezi d’Istanbul, au printemps dernier, a fait émerger les multiples visages d’une société turque volontiers contestataire. Surnommés « apaches », les jeunes banlieusards, en particulier, peuplent les récits d’une nouvelle génération de romanciers.

 

 

Enfin, Évelyne Pieiller nous invite à faire la sieste :

 

« Souffrant insomnie, échangerais matelas de plumes contre sommeil de plomb. » Cette petite annonce de Pierre Dac dans L’Os à moelle, en 1938, ne peut qu’aller droit au cœur, ou plutôt au réseau neuronal, du tiers des Français qui dorment mal. Et qui tentent d’y remédier en faisant un usage conséquent de psychotropes, ces substances qui agissent sur le système nerveux central et contribuent à modifier l’humeur. Le Français est le plus opiniâtre consommateur européen de cette chimie psychique, que dédaigne massivement l’Allemand, ce dont on ne saurait tirer de conclusion. Et il élit parmi ces molécules de secours les hypnotiques – ou somnifères – avec un enthousiasme qui le place dans le peloton de tête de leurs usagers, juste derrière le citoyen belge. Hypnotiques et antidépresseurs ont beaucoup en commun ; on peut donc supposer sans excès de hardiesse que ces nuits agitées ont plus à voir avec le souci qu’avec la qualité de la literie. Et, comme l’enquête qui a établi ce pourcentage date de 2012, il est à craindre que la proportion de bons dormeurs ne tende encore à se réduire.

 

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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 07:25

J'en ai un tout petit peu ras le bol de cette manie qu'ont les médias d'orthographier les noms d'origine étrangère dans leur graphie “ anglaise ”, pour le bien du bon peuple qui aime la simplicité.

 

Un exemple nous est donné ici par France 2 à propos de la ville des prochains JO d'hiver. Il s'agit de Sotchi et non de Sochi (Sot Chie ?).

 

On retrouve également cette tendance de plus en plus lourde dans la graphie des noms arabes. On voit fréquemment Musa au lieu de Moussa.

 

Je sais bien que le français aime à franciser les noms étrangers (Douvres, Munich, Anvers), mais les étrangers savent aussi s'occuper de nous comme il faut. Tenez : connaissez vous la ville française de Rijsel ? Facétieux Flamands qui sont partis de Ter Ijsel, équivalent de L'Isle, donc Lille.

 

Dans ce domaine comme ailleurs, le but du globish est d'éradiquer toutes les différences, la sédimentation des langues, donc l'Histoire.

 

Méprisons la langue française (10)
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2 février 2014 7 02 /02 /février /2014 06:17

Le discours prononcé par le Solférinien en chef à l'université de Strasbourg est extrêmement inquiétant. Hollande va effectivement plus loin que Sarkozy dans la voie de la privatisation et de la  financiarisation de l'université. Je propose ici la réaction du Snesup à ce discours :


 

Intervenant à l’Institut de Science et d’Ingénierie Supramoléculaires de Strasbourg, à l'occasion de son déplacement à Strasbourg sur le thème de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR), le président de la République a dessiné des perspectives à court terme. 

Au-delà du choix symbolique de la ville de Strasbourg, de sa dimension européenne, de la qualité scientifique des recherches de l'Université de Strasbourg, la recomposition territoriale est au centre du discours de F. Hollande. Au détour d’une interpellation des élus de la région Alsace, le président a révélé l’un des pans de la prochaine loi de décentralisation. Les universités, la recherche pourraient prochainement faire explicitement partie des « domaines de compétences directes » des Régions. Mettant au centre de son dispositif les métropoles, comme maillons nécessaires au développement économique, indissociable de la formation et de la recherche, il choisit d’accélérer la restructuration tant des territoires que de l’université et de la recherche publique.

Si l’enseignement supérieur et la recherche sont présentés comme épargnés dans les 50Md€ de coupes budgétaires dans les services publics « pour aider les entreprises », on peut craindre que ces annonces creusent des inégalités à la fois entre les établissements et également entre les  territoires, inégalités qu’il conviendrait au contraire de réduire d’urgence.
 


En précisant le lancement du deuxième plan d’investissement d’avenir, et une pléthore de nouveaux appels à projets soumis à un jury international, le président de la République se réapproprie une méthode, initiée par le gouvernement précédent,  et vivement rejetée par la communauté scientifique. Elle a créé de profondes fractures au sein des établissements, des équipes et des personnels. En distinguant les établissements à « dimension mondiale » de ceux « de taille régionale », il remet en selle le modèle d’un ESR à deux vitesses. Le maintien du Crédit Impôt Recherche « élargi », toujours plus attractif pour les entreprises, dont le contrôle  est perçu comme « tatillon », continue de priver le Service Public d’ESR des ressources dont il a besoin.

« L’excellence attire l’excellence » dit le président de la République : que dire du devenir de ceux –très majoritaires- qui ne seront pas retenus, de ces collèges universitaires dont on tait le nom, de leurs liens avec la recherche…

Au centre de cette intervention, l’attractivité (internationale, de chercheurs, d’étudiants…) est omniprésente. « Tout ne se résume pas à la taille [des structures] ». Malgré les précautions d’usage, la masse critique figure désormais comme un enjeu incontournable. La recomposition sous forme de COMUE ou d’établissements fusionnés dotés d’antennes sous tutelle, pouvant contractualiser directement avec l’Etat voit son calendrier accéléré. « En juillet 2014, tout doit être prêt». Comment, dans de telles conditions, les acteurs de l’ESR, pourraient ils se consacrer sereinement à leurs missions ? Comment croire un seul instant aux « ressources sécurisées dans le temps » quand les universités sont frappées par l’austérité et que s'annoncerait une année blanche pour l'emploi scientifique au CNRS? Et enfin, comment croire, avec de tels calendriers, à une volonté de concertation, à l'heure où le suffrage indirect est par ailleurs poussé un peu partout ?

L'obligation de concentration inscrite dans la loi ESR est concrétisée par la carotte du plan d'investissement d'avenir et le bâton de la « relégation » en collège universitaire, selon un plan de restructuration qui oublie le maillage territorial des formations. Formations que d'ailleurs le président a souverainement ignorées, ne prononçant « enseignement supérieur » qu'une fois en fin de discours. Il est par ailleurs frappant de noter que ce discours s'est déroulé dans une université qui, toute excellente, internationale et fusionnée qu'elle soit, se trouve dans une situation budgétaire fort précaire. Après le vote difficile de son budget (avec un mois de retard), le rectorat a exigé une réduction de 20% en 2014 des budgets de ses composantes, services et laboratoires. Nous saurons rappeler que le Service Public d'Enseignement Supérieur et de Recherche nécessite vraiment un changement de politique, de paradigme et de discours.
Université : Hollande bat Sarkozy sur le fil
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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 10:41

J'ai remarqué récemment, un jour que j'avais les écoutilles un peu plus ouvertes que d'habitude, que, dans le TGV, on n'annonçait plus “ La SNCF ceci cela ” mais “ SNCF ceci cela".

 

Sylvain, un cheminot (ici sur twitter : amv_ac) m'explique le sens de cette petite arnaque langagière. “ La SNCF ”, cela renvoie banalement à l'epic (établissement public à caractère industriel et commercial). “ SNCF ”, c'est le groupe.

 

Ne me demandez pas ce que ce groupe groupe, je n'en sais rien. Mais en sociolinguiste amateur, je sais flairer les mensonges et les nuages de fumée de la langue.

 

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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 06:08

Qu'a bien voulu signifier cet entrepreneur dynamique – et tellement colonisé dans sa tête – juste en face de chez moi ?

 

Un colonisé pur sucre ("pure and simple") aurait affiché : "Digital Sound" (son numérique).

 

Mais pourquoi ce compromis ? Pourquoi cet ordre des mots anglais avec un mot français ?

 

Ce colonisé sait-il que "digital" en anglais vient de "digit" qui signifie, au choix, chiffre ou doigt ? Sait-il que la digitale est une jolie fleur vénéneuse en forme de vulve ou de capote anglaise (d'où l'expression "le doigt de la vierge") ?

 

En plus, son panneau est laid.

 

 

Méprisons la langue française (8)
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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 06:42

Là, c'est le bouquet ! Non seulement, le commerçant méprise sa propre langue, mais en plus il veut se faire passer pour un spécialiste en traductologie.

 

Et il se plante. C'est l'inverse qu'il aurait dû écrire, le mot "salon" connotant davantage que "room", étant sémantiquement plus précis et plus riche que le vocable anglais.

 

En allemand, le mot "salon" est repris tel quel pour la coiffure ou pour la littérature. Idem en anglais : "literary salon", "beauty salon", "hairdressing salon".

 

Dans L'Ange Bleu, on a tous en mémoire Marlene Dietrich chantant :

 

Ich bin die fesche Lola, der Liebling der Saison
Ich hab' ein Pianola zu Haus' in mein' Salon
Ich bin die fesche Lola, mich liebt ein jeder Mann
Doch an mein Pianola, da la ich keinen ran

Méprisons la langue française (7)
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