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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 07:39

http://img.maxisciences.com/geneviève-fioraso/genevieve-fioraso-est-la-nouvelle-ministre-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche-du-gouvernement-de-jean-marc-ayrault_47946_w250.jpgMediapartpublie un article de Pascal Maillart sur les initiatives que compte prendre le ministre de l’Enseignement supérieur Geneviève Fioraso pour pérenniser le pouvoir du patronat et de la finance dans l’université. Ci-dessous, de larges extraits :


A l’occasion d’un discours prononcé devant la Conférence des directeurs d'écoles françaises d'ingénieurs (Cdefi), la ministre a déclaré le 2 octobre dernier souhaiter « responsabiliser » les administrateurs des universités en accordant un droit de vote aux personnalités extérieures à l’occasion de l’élection des présidents d’université. Plus précisément la ministre, en faisant l’éloge des CA des Écoles d’ingénieurs où les personnalités extérieures (représentants des entreprises et des collectivités territoriales) ont un droit de vote, a dit ceci : « dans la prochaine réforme de la loi LRU, il faudra mettre un terme au non-droit de vote des personnalités extérieures dans les CA des universités » pour l'élection du président. Chacun appréciera la modalité injonctive du propos (« il faudra ») alors même que les Assises de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sont supposées débattre en ce moment même des propositions de modification de la loi LRU et de ce qu’on nomme la « gouvernance » des universités. Les propos de la ministre appellent trois brefs commentaires.

 

La ministre n’a certainement pas pris la mesure de ce fait : depuis la mise en place la loi LRU en 2007 et l’imposition aux universités de la politique dite d’« excellence », les universitaires sont largement dépossédés du gouvernement de leurs établissements. Des structures de gouvernance parallèles (groupes de pilotage, comités d’orientation stratégique, etc) qui ont fait une place importante au monde de l’entreprise, de la finance et aux collectivités territoriales, ont empiété sur les prérogatives des Conseils centraux des universités et ont transformé les CA en simples chambres d’enregistrement au service de présidents disposant de pouvoirs exorbitants.

Mais si maintenant la même ministre, prétendument socialiste, entend  modifier la loi électorale des universités en dépossédant un peu plus les universitaires de leur droit de choisir en toute indépendance leur président, et ceci en renforçant la place et le poids des chefs d’entreprises et des collectivités territoriales dans les CA, il est assuré qu’elle commet une grave erreur politique et qu’elle rencontrera une ferme opposition dans la communauté universitaire. Une telle décision, devant laquelle même Valérie Pécresse avait reculé, constituerait le franchissement d’une ligne rouge que pas même les plus sévères à l’égard du suivisme-socialiste-de-la-droite avaient envisagé.

Ce faisant, la ministre apporte une preuve supplémentaire que les Assises ne constituent qu’un simple paravent pour valider des mesures déjà prises, les vendre en douceur et parachever ainsi les réformes engagées par la droite. Les Assises ont été verrouillées à la source, répondent à une demande idéologique et ne constituent qu’une comédie participative (narration à lire iciet dossier de SLU ) où les universitaires et les chercheurs sont minoritaires devant des collectivités territoriales et des représentants de Région très actifs. L’acte III de la décentralisation est en route : les Assises territoriales en sont devenues le laboratoire. Les socialistes ont su les transformer en conclaves régionaux où l’on s’ennuie ferme et où les baronnies locales du PS dessinent tranquillement les contours d’un projet de régionalisation de l’ESR.

 

En définitive, Geneviève Fioraso et les socialistes ont oublié 2009, le plus fort et le plus long mouvement de protestation de l’histoire de l’université. Les socialistes et notre ministre ont oublié dix années de combat contre les politiques libérales de droite. Les socialistes ne voient pas ou ne veulent pas voir l’état dans lequel la droite a mis l’université et la recherche. Les socialistes ont oublié ce que sont, ce que devraient être encore aujourd’hui les valeurs du socialisme : la défense  et la promotion d’un vrai Service public de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la démocratisation de l’accès aux études supérieures, la garantie par l’État des moyens nécessaires au bon fonctionnement de ses universités et de ses organismes de recherche, et surtout le rétablissement d’un fonctionnement démocratique des universités. Non, décidément, les socialistes au pouvoir n’ont rien compris. Ils construisent le mur dans lequel ils nous conduisent, tête baissée.

 

Pascal Maillard

 

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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 06:10

En juillet dernier, j'ai dénoncé dans ces pages l’esprit de lucre qui animait les Polonais autour du camp de concentration d’Auschwitz (link).

 

Le Huffington Post a récemment mis en ligne la photo d’un acteur porno posant devant le camp.

 

Jordan Fox, français comme son nom l’indique, se défend de la manière suivante : il dit s’intéresser à l’histoire, être « particulièrement concerné » par le camp. Il ajoute qu’il ne faut pas que ce lieu « tombe dans l’oubli ».

 

Heureusement, on n’a pas attendu Jordan pour nous souvenir. Le problème n’est pas que Jordan soit un acteur de porno. Il n’y a pas de sot métier. Mais il est de sottes gens. Car il faut être sot pour poser de la sorte :

 

jordan fox auschwitz

 

Comme je ne suis pas un fidèle lecteur du Huffington Post de l’excellente Anne Sinclair, je suis allé faire un tour sur ce site. Il y a de la géopolitique de haut niveau à tous les coins d’onglet, comme cette info cruciale sur Hillary Clinton (link).

 

Bah, nous sommes tous Américains, n’est-ce pas ? Et l'important, pour des gens comme Anne Sinclair, c'est que nous nous situions tous au niveau des Américains.

 

 

 

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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 06:11

http://3.bp.blogspot.com/_TsUZ0kqwfLw/TTX_B6S07oI/AAAAAAAAAOw/Cns2tZVAK7Q/s1600/422870-temps.jpgQue signifie la phrase « On n’a plus le temps » ? Serge Halimi apporte des éléments de réponse : « Ceux qui se désolent du manque d’attention à leur cause, à leur activité, se voient souvent opposer la même explication : « On n’a plus le temps. » On n’a plus le temps de se plonger dans un livre « trop long », de flâner dans une rue ou dans un musée, de regarder un film de plus de quatre-vingt-dix minutes. Ni celui de lire un article abordant autre chose qu’un sujet familier. Ni de militer ni de faire quoi que ce soit sans être aussitôt interrompu, partout, par un appel qui requiert d’urgence son attention ailleurs. »

 

Les Africains recherchent du travail en Afrique, beaucoup plus qu’en Europe (Guillaume Pitron) : « Si, régulièrement, des bateaux de clandestins font naufrage en Méditerranée, neuf migrants africains sur dix vont chercher du travail au sein même du continent noir. Pays émergent, l’Afrique du Sud attire chaque année des milliers de jeunes qui prennent tous les risques pour atteindre ce nouvel eldorado. »

 

Gilles Ardinat dénonce le mythe de la compétitivité : « Pour sortir d’une crise déclenchée par la finance, les pistes étaient multiples : brider la spéculation, réglementer les marchés, sanctionner les banquiers... Avec le soutien d’un nombre croissant d’industriels, l’Union européenne a formulé une autre priorité, qu’elle impose déjà aux pays en difficulté : accroître la « compétitivité » du marché du travail. Mais que désigne ce terme, que dirigeants de gauche comme de droite semblent avoir érigé en nouveau Graal ? »

 

L’arabe est une langue désormais sacrifiée en France (Emmanuelle Talon) : « Alors que l’arabe est la deuxième langue la plus parlée en France, son enseignement dans le secondaire perd sans cesse du terrain au profit du secteur associatif. Un basculement qui date des années 1980, quand l’immigration maghrébine a commencé à occuper une part de plus en plus grande de l’espace public et médiatique. Associé depuis à l’islam et aux ghettos, l’arabe parviendra-t-il à modifier son image ? »

 

Bernard Cassen prône une désobéissance civique pour une Europe de gauche : « Après avoir ratifié le traité de Lisbonne – clone de la « Constitution européenne » rejetée lors d’un référendum en 2005 –, le Parlement français doit approuver, ce mois-ci, le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG). La fronde de députés issus de la majorité présidentielle – dont les Verts – et la protestation populaire ont peu de chances d’empêcher une opération qui met les finances publiques sous tutelle (lire l’article ci-dessous). Pourtant, les voies d’une Europe progressiste existent. Voici l’une d’entre elles.

Une Europe de gauche – c’est-à-dire réellement démocratique, sociale, solidaire et écologique, rompant radicalement avec les politiques libérales – est-elle possible ? On a de bonnes raisons de penser que M. François Hollande ne l’a jamais cru. Le 6 mai 1992, alors simple député, ne déclarait-il pas à la tribune de l’Assemblée nationale : « C’est parce que nous avons accepté la mondialisation que nous sommes aujourd’hui soumis à des contraintes monétaires, budgétaires, financières. Dès lors, le seul débat qui compte, c’est de savoir si nous acceptons les règles du capitalisme international ou si nous ne les acceptons pas. Si nous entrons dans le jeu de la mondialisation, alors ces contraintes financières, monétaires et, subsidiairement, européennes s’imposent.  » En d’autres termes, la construction européenne ne saurait être qu’un sous-ensemble de la mondialisation libérale.

 

Une description intéressante des terres agricoles aux Philippines (Philippe Revelli) : « Avec l’envol des prix alimentaires, la terre est de plus en plus convoitée. Aux Philippines, des zones utiles pour les paysans ont été classées comme « improductives » et cédées à des investisseurs saoudiens, taïwanais...

De mémoire de paysan, on n’avait jamais vu de champ de canne à sucre dans la commune de San Mariano, pas plus que dans le reste de la province d’Isabela, une région montagneuse située sur l’île de Luçon. Au point qu’il a fallu faire appel à l’expertise de producteurs venus des îles de Negros et de Mindanao. Aujourd’hui, pourtant, le vert pâle de la canne à sucre envahit peu à peu le paysage et, à la sortie de la ville, surplombant le fleuve, apparaît une usine d’éthanol de Green Future Innovations Inc. (GFII). »

 

Greg Marinovitch revient sur la tuerie d’ouvriers en Afrique du Sud : « le massacre de Marikana, le 16 août dernier, a choqué bien au-delà des frontières de l’Afrique du Sud. Pour la première fois depuis sa renaissance démocratique, en 1994, des policiers ont tiré sur des manifestants – des mineurs en grève – avec l’intention de tuer. Que s’est-il réellement passé ? Et comment expliquer une aussi brutale explosion de violence ? »

 

Qui défend encore le français à l’ONU   ?, demande Dominique Hoppe : « « Du 12 au 14 octobre, Kinshasa accueille le 14e Sommet de la francophonie. Comme les précédentes, cette rencontre doit célébrer en grande pompe la « beauté de la langue française ». Pourtant, souvent par négligence, les pays francophones abandonnent les organisations internationales à la domination de l’anglais.

« Dans le contexte des réalités économiques et des restrictions financières, la tendance au monolinguisme est loin d’être en recul, avec l’utilisation hégémonique d’une langue, l’anglais, par rapport aux cinq autres langues des Nations unies pour des raisons de pragmatisme. Les chefs de secrétariat des organisations ne montrent pas toujours l’exemple et n’assurent pas non plus efficacement la surveillance, le contrôle et le respect de la parité entre les six langues officielles, ni le traitement égal des langues de travail au sein des secrétariats. » Ce constat sévère, posé par le Corps commun d’inspection mandaté par l’Organisation des Nations unies (ONU). se trouve confirmé par une autre étude consacrée au recrutement des fonctionnaires. Laquelle établit que, même si anglais et français sont les deux langues de travail du secrétariat, la première est exigée dans 87 % des cas et la seconde, dans 7 %. »

 

Un important dossier sur les élections aux États-Unis : « Après les espoirs soulevés par son élection en 2008, M. Barack Obama achève son premier mandat dans la morosité. Son souci du compromis, qui l’a parfois conduit à devancer les attentes de ses adversaires – sur la question des libertés publiques, par exemple (lire « Le président Obama, du prix Nobel aux drones –, a fini par décevoir ses plus fervents partisans. Mais son concurrent républicain, M. Willard Mitt Romney, peine encore davantage à susciter l’enthousiasme. Ses rêves de grandeur pour l’armée américaine (lire « Mitt Romney, la diplomatie à la pointe du fusil ») inquiètent certains conservateurs désireux de réduire le déficit budgétaire. Loin d’être réellement disputé dans tout le pays, le scrutin du 6 novembre prochain se jouera dans une poignée d’États ; les autres, d’ores et déjà acquis à l’un des camps, sont délaissés par les candidats. Illustration de ces deux cas de figure, en Caroline du Nord et en Géorgie (lire « Géorgie et Caroline du Nord, les deux Sud »). »

 

La Colombie peut croire à la paix, estime Gregory Wilpert : « Historique : les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et le gouvernement de M. Juan Manuel Santos ont annoncé l’ouverture, à partir du 15 octobre [initialement prévues le 8] à Oslo, de négociations de paix, à la suite d’un dialogue amorcé en secret. Pour la première fois depuis des années, nombre d’éléments semblent réunis pour qu’elles puissent aboutir. Notamment au sommet de l’État. »

 

Non, les Tsiganes ne sont pas des nomades, explique Henriette Asseo : « Démantèlement de campements roms en France, discriminations en Hongrie ou en Roumanie… Partout, les Tsiganes sont montrés du doigt. Et l’image d’une ethnie sans attaches nationales, valorisée par les institutions européennes, a paradoxalement conduit à les priver de certains de leurs droits. Toutes représentations qui méconnaissent l’histoire, la culture et les réalités romanis. »

 

Les jeunes du Rif renouent avec la révolte (Aurel et Pierre Daum) : « Confrontée aux soulèvements qui ébranlent le monde arabe, la monarchie marocaine a révisé la Constitution. Après sa victoire électorale de novembre 2011, le Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste) dirige le gouvernement. Mais perdurent les anciennes structures de pouvoir et les mêmes méthodes de répression, notamment dans le Rif — une région délaissée où fleurissent le cannabis et la misère. »

 

La Libye est désormais aux mains des milices (Patrick Haimzadeh) : « Dans le contexte des manifestations contre un film consacré au prophète Mohammed, un groupe djihadiste libyen a pris d’assaut le consulat américain de Benghazi et tué l’ambassadeur. Combattues par la population, les milices, dont certaines dépendent des ministères de l’intérieur et de la défense, continuent à faire régner le désordre, s’opposant à la stabilisation du pays et à la création d’un État fort. »

 

Évelyne Pieiller revient sur les révolutions de Rousseau : « On célèbre cette année le tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), citoyen de Genève, écrivain, philosophe, aussi bien que flâneur et naturaliste, qui renouvela les lettres françaises et la pensée politique. En inventant l’« âme sensible », il libéra le roman ; en posant la question des conditions de l’égalité entre les hommes, il écrivit le prologue des révolutions futures. »

 

Julian Assange aime-t-il le heavy metal  ?, demande Maurice Lemoine : « Fondateur du site WikiLeaks, qui, en 2010, a rendu publics des centaines de milliers de documents secrets du Pentagone et du département d’État, Julian Assange ne s’est pas fait que des amis à Washington. De nationalité australienne, il pourrait sans doute se fendre d’un pied de nez irrévérencieux aux autorités américaines, s’il n’était sous le coup d’un mandat d’arrêt européen lancé par le parquet suédois pour l’interroger sur des allégations d’agressions sexuelles – qu’il nie – commises sur le territoire de ce pays. »

 

Un supplément sur la gratuité : un projet de société : « D’Aubagne (sud de la France) à Hasselt (Belgique), de plus en plus nombreuses sont les communes européennes qui pratiquent la gratuité des transports publics. Peu connues, ces initiatives ont souvent rencontré l’hostilité, non seulement des milieux patronaux, mais également d’une partie de la population, pourtant sensibilisée aux idées progressistes. En effet, depuis des siècles, les êtres humains sont habitués aux transactions monétaires encouragées par les théoriciens du libéralisme économique, pour qui la sphère marchande ne saurait avoir de limites.

En outre, pour certains à gauche, chacun doit contribuer, même symboliquement, aux avantages que la collectivité lui offre ; une tarification ciblée, définie selon des critères sociaux, serait préférable à une gratuité « déresponsabilisante ». Sur le terrain, l’expérience est riche d’enseignements et incite à réfléchir au type de société que nous voulons construire. »

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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 14:38

Le groupe Chanson plus bifluorée propose un très bon pastiche des “ Trois cloches ”, créée par Édith Piaf et les Compagnons de la Chanson. J'en profite pour rappeler que ce petit chef-d'œuvre n'est pas français, mais suisse, son auteur étant le Valaisien Jean Villard (le Gilles de Gilles et Julien). La version anglaise (“ The Three Bells ”) fut reprise par Frank Sinatra et Ray Charles (link).

 

Chômage au fond de la vallée

C'est là la vraie fatalité

Voici qu'en la nuit étoilée

Un sans emploi nous est donné

Séraphin Deudroit il se nomme

Il était cadre et respecté

Aujourd'hui pôvre petit homme

Voilà que tu es licencié

Quand la cloche sonne sonne

C'est à l'Armée du Salut

Que se rassemblent les hommes

Les hommes qu'ont tout perdu

Armée froide qui résonne

En haillons et peu vêtus

Plus de trois millions entonnent

Le chant triste et monotone

C'est la chanson du chôm'du


Chômage au fond de la vallée

Peu de familles sont épargnées

Voilà qu'après dix-neuf années

Le Séraphin est remercié

Qu'arrive-t-il ? Ah quel marasme !

Sa femme geint près de l'évier

Ses deux fillettes font de l'asthme

Son vieux chien est paralysé

Quand la cloche sonne sonne

C'est la douleur des vaincus

Qui au fond des cœurs résonne

Comme un cri d'amour perdu

Et l'assistante sociale

Ne pourra rien y changer

Séraphin est au plus mal

Part à la banque locale

Avec un grand pistolet


Chômage au fond de la vallée

Un drame horrible est arrivé

Hier un homme a pris en otage

Le patron du Crédit (censuré)

Séraphin Deudroit il se nomme

Il était cadre et respecté

Aujourd'hui pôvre petit homme

Les policiers l'ont arrêté

Quand la cloche sonne sonne

C'est chaque jour à midi

Que se rassemblent les hommes

Pour un repas entre amis

Séraphin est tout sourire

Plus besoin de RMI

A l'atelier on l'admire

On assure son avenir

A la prison de Fleury

A la prison de Fleury……

 

 

Ici, la vidéo : link


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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 06:12

http://lewebpedagogique.com/asphodele/files/2011/11/hamlet-and-friend1.jpgLes esprits fins et paresseux de nos médias hexagonaux se gargarisent depuis quelques mois de deux mots agréables à leurs glandes salivaires et à leurs oreilles : “ décrypter ”, qu’ils utilisent à contresens, et “ procrastiner ”, qui n’existe pas dans notre langue.

Par l’utilisation de “ décrypter ” ou “ décryptage ”, les neus-neus des médias visent à affirmer leur autorité : « vous lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, vous ne savez pas, vous ne comprenez rien, mais ce n’est pas de votre faute, le réel est tellement complexe ! Nous allons vous aider en “ décryptant ”, c’est-à-dire en expliquant, en faisant de la “ pédagogie ” » (quand j’entends désormais le mot “ pédagogie ”, je sors mon revolver antilibéral). Or décrypter vient de kryptos, qui veut dire “ caché ”. Un palais cryptique est un palais qui se trouve dans des grottes. Datant de 1929, le verbe “ décrypter ” ne signifie rien d’autre que traduire des messages chiffrés dont on ne connaît pas la clé et, par analogie, donner du sens à un texte obscur. Certainement pas expliquer du haut d’une compétence quasi magique.

Quand à “ procrastiner ”, c’est – forcément – de l’anglais en français. Le substantif date de 1548, et le verbe de 1588. La racine de ce vocable est cras, qui signifie  “ demain ” et crastinus, qui signifie “ qui appartient à demain ”. À Rome, in crastinum signifiait “ à demain ”. Parce qu'ils n'aiment pas trop les mots qui leur rappellent l’origine latine ou française de leur langue, surtout quand ils font un peu pédants, les Britanniques n’ont jamais usé couramment de to procrastinate et procrastination. Ces termes sont aujourd’hui quasiment obsolètes. À to procarastinate, les Anglais préfèrent to postpone, to put off ; à la place de procrastination, ils utilisent dilatoriness. C’est dire que, dans leur zèle réducteur et imbécile, nos neus-neus ont ramassé à la petite cuiller un terme complètement dévalorisé pour en faire l’étendard de leur indigence sémantique. D’autant qu’ils utilisent ce terme dans le sens de “ glandouillage ” plutôt que dans celui de “ remettre à demain ”.

De fait, procrastination n’aurait connu aucun succès d’estime outre-Manche sans Shakespeare, plus particulièrement sans sa tragédie Hamlet. Comme j’ai enseigné cette pièce pendant quelques années il y a un quart de siècle, je me permets de raviver ici des souvenirs agréables.

Pourquoi Hamlet repousse-t-il sans arrêt la vengeance qu’il doit à son père, pourquoi repousse-t-il l'échéance fatidique de la vengeance, pourquoi, en langue médiatique, “ procrastine ”-t-il ? Étant un personnage, Hamlet est un être de discours et non pas la représentation d’un réel. Son problème est au service de sa parole théâtrale, et non l’inverse. C’est ce qu’il développe ad libitum, comme dans le célèbre monologue de l’acte III («  Être ou ne pas être… »). Il est par ailleurs prisonnier d’un débat vieux comme le monde, celui des mains sales, quand le sens moral est un frein à l’action. Cet homme de trente ans – un âge respectable pour l’époque – réagit comme un puceau effarouché face aux écarts de conduite de sa mère qui partage désormais la couche de son oncle, assassin de son père. Tuer le traître serait entrer dans l’au-delà par la mauvaise porte, et donc se damner. Il est à un doigt de faire justice lorsqu’il tombe sur un Claudius en prières, conscient de l’ignominie de son acte :

Oh mon crime est puant, il empeste jusqu’au ciel ;

Il porte la plus antique des malédictions,

Le meurtre d’un frère.

 

Tuer Claudius à cet instant précis serait l’envoyer au paradis :

Serai-je donc vengé

Si je le frappe quand il purge son âme

Et qu’il est prêt et mûr pour son passage ?

Non.

Attends, mon épée, tu saisiras un plus affreux moment :

Quand il cuve son vin ou qu’il enrage,

Ou qu’il goûte l’incestueux plaisir de son lit…

En outre, Hamlet se voit avant tout comme un penseur (qu’il est réellement) puisqu’il lit des livres savants. Contrairement à son ami Fortinbras, dont le bras, comme son nom l’indique, est « fort ». Aujourd’hui, on qualifierait peut-être Hamlet de bipolaire, de dépressif. Personne, mieux que lui, ne se dévalorise. Nul besoin d’agence Moodys’s pour le “ dégrader ” (autre anglicisme horrible !) :

Mais quel maraud je fais, quelle vile canaille !

N’est-il pas monstrueux que cet acteur-ci,

Dans une simple fiction, un rêve de passion,

Puisse si bien forcer son âme à son dessein

Qu’elle lui compose ce visage tout blême,

Ces yeux pleins de larmes, cet aspect égaré,

Cette voix brisée et joue de tout son être

À vêtir son dessin ? Et tout cela pour rien !

 

Hamlet est donc une machine à penser, non pas à vide mais, au contraire, une machine qui crée sa propre énergie. La résolution d’un problème appelle un autre problème à résoudre. Un cheveu coupé en quatre donne quatre cheveux à couper à nouveau en quatre. Comme, pour lui, le fortuit, la fortune sont des notions centrales, il attend d’un accident extérieur le moment de ne plus avoir d’excuse pour ne pas agir.

La vengeance d’Hamlet n’est pas qu’un acte personnel. C’est, au sens propre du terme, une affaire d’État. Il faut rétablir le droit et, dans le même temps, réinstaller la transcendance dans le royaume « pourri » (« Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark ») puisque la demande du fantôme de son père exprime l’intrusion de l’au-delà, des puissances invisibles dans le monde des humains. Il n’est déjà pas simple d’être le bras armé de la légalité. Être l’agent du destin, de la loi divine, c’est autre chose, c’est servir dieu, pas comme quand on se débarrasse de Kadhafi.

Hamlet cesse de remettre au lendemain, il tue l’usurpateur seulement à l’instant où un enchaînement fatal le dépasse, l’englobe. Lui qui n’aura régné que quelques secondes avant de mourir, il a alors la force de transmettre de manière quelque peu magique le pouvoir à un successeur, antithèse du penseur qu’il est lui-même :

Je fais prophétie que l’élection va échoir

À Fortinbras.

 

(trad. François Maguin).

 

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2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 10:25

http://static.guim.co.uk/sys-images/Guardian/Pix/pictures/2012/10/1/1349100960345/Eric-Hobsbawm-in-north-Lo-001.jpgIl y a un paradoxe Eric Hobsbawm : dans une Grande-Bretagne où le marxisme est un souvenir lointain, l’historien le plus respecté et admiré du pays fut membre du Parti communiste anglais de 1936 à sa mort, le 1er octobre 2012.

 

Né (l’année de la Révolution bolchevique !) à Alexandrie dans une famille juive, Hobsbawm grandit à Vienne puis, de 1931 à 1933 à Berlin, que la famille quitte pour l’Angleterre après avoir connu les premières persécutions antisémites. Étudiant brillant au King’s College de Cambridge, il obtient un doctorat d’histoire qui lui permet d’enseigner à l’université de Londres à partir de 1947. Hobsbawm est membre du groupe des historiens du Parti communiste de 1946 à 1956. Ce groupe éclate suite à l’invasion des chars soviétiques à Budapest : alors que Christopher Hill et E.P. Thompson quittent le Parti communiste, Hobsbawm choisit d’y rester, « le cœur lourd », parce qu’il se sent lié à l’espoir d’une révolution mondiale.

Pour les étudiants de ma génération, son Ère des révolution (The Age of Revolution), publié en anglais en 1962 et constamment réédité depuis, permit une compréhension radicalement nouvelle du XIXe siècle. Il en alla de même pour L’Ère du capital (The Age of Capital) en 1975. L’Âge des extrêmes, le court XXe siècle, 1914-1991 (The Age of Extremes) n’aurait pas été publié en France sans l’initiative du Monde Diplomatique. Ce livre, un des deux ou trois meilleurs qu’il ait écrits, survint en effet dans un contexte d’hostilité totale au communisme, à une époque où, par ailleurs, l’historiographie française était dominée par François Furet, ancien communiste devenu furieusement antimarxiste.

En 2011, Hobsbawm publie Marx et l’histoire (How to Change the World : Marx and Marxism, 1840-2011), où il souligne le besoin de réflexion et de pratique marxiste à la lumière de la crise bancaire des années 208-2010 (link).

Lorsqu’on lit Hobsbawm (y compris ses textes sur le jazz, « une musique à laquelle on ne peut pas répondre », disait-il), on est frappé par son extraordinaire esprit de synthèse et sa culture encyclopédique. Comme disaient ses congénères étudiants à Cambridge, « Y a-t-il quelque chose qu’Eric ne connaisse pas ? » Mais ce qui, peut-être, faisait sa force intellectuelle, c’était ce qu’il appelait son « perchoir », le lieu d’où il observait le monde, à savoir l’Europe centrale de la montée du nazisme qui conditionna ses idéaux politiques et son intérêt pour l’histoire de la classe ouvrière. Hobsbawm fit sa première lecture de Marx – et devint communiste – dans le Berlin de la République de Weimar, alors qu’il était adolescent et que ses parents venaient de mourir de tuberculose.

En 1940, comme d’autres camarades communistes, il tente d’intégrer les services de renseignements. Il est bien sûr fermement éconduit. Il intègre alors un régiment de sapeurs, « une unité très prolétaire » à ses yeux. L’intellectuel surdoué  va y apprendre concrètement que le monde ne se réduit pas aux collèges de Cambridge.

Dans les années cinquante, il convoite un poste dans l’université où il fut étudiant. Dans le contexte de la Guerre froide, ses idées font obstacle à son recrutement. Ses idées, mais aussi, peut-être, ses thèmes de recherches. On a fini par oublier que son premier ouvrage publié en 1959, Primitive Rebels (Les Primitifs de la révolte dans l'Europe moderne, 1963) traitait des sociétés secrètes rurales et des formes de culture millénaristes dans l’Europe méridionales. Il écrira sur ces problèmes pratiquement jusqu’à sa mort.

Moins connu et plus anecdotique, un livre écrit en 1975 avec l’actuel président de la République italienne, l’ancien communiste Georgio Napolitano : Intervista sul PCI (The Italian Road to Socialism). Mais personne n’est parfait. En 1978, il publie le texte très perturbant d’une conférence prononcée devant quelques militants marxistes : “ The Forward March of Labour Halted ? ” (La marche en avant des classes laborieuses est-elle interrompue ?) dans lequel il avance que le rôle de la classe ouvrière dans la société n’est plus déterminant malgré la vigueur de l’action syndicale. Il estime alors que les classes ouvrières européennes ne peuvent plus à elles seules assumer le rôle de transformation sociale assigné par Marx. Il soutient ensuite Neil Kinnock, chef d’un Parti travailliste très mal en point, au point qu’on le surnomme alors le « marxiste favori de Kinnock ». Un étrange soutien, au détriment de Tony Benn, leader de la gauche du parti. Il n’aura, par la suite, que mépris pour le “ New Labour ” de Tony Blair qu’il qualifiera de « Thatcher en pantalons ».

Il se reconnaissait dans cette phrase d’E.M. Forster qui disait se situer « légèrement de biais par rapport à l’univers ».

 

PS : À lire un témoignage de Philippe Marlière : link

 

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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 05:50
RP2Évasion fiscale : Éric Bocquet dénonce "l'horreur économique" (L’Humanité)

 

Le sénateur communiste Eric Bocquet, rapporteur d'une commission d'enquête sénatoriale sur l'évasion des capitaux, a suggéré mardi au gouvernement la création d'un Haut-commissariat pour lutter efficacement contre l'évasion fiscale évaluée annuellement en France à plus de 50 milliards d'euros.

Éric Bocquet a, devant la presse, parlé d'un risque fiscal compris entre 30 et 36 milliards d'euros.

Pour le sénateur communiste du Nord, Éric Bocquet, un "Haut-commissariat à la protection des intérêts financiers publics" doit être "la pierre angulaire" d'une politique efficace contre l'évasion fiscale. Placée sous l'autorité directe du Premier ministre, cette autorité devrait bien sûr être dotée d'un "outil statistique" solide, dispositif qui fait "cruellement défaut actuellement", a insisté le sénateur.

Eric Bocquet a dénoncé en particulier "la misère des évaluations" ainsi que l'existence d'une "véritable ingénierie de la fiscalité" qui rencontre "une culture de la faille secrétée par un système économique de la performance financière". Le sénateur communiste a fait part de son "effarement" devant "l'horreur économique" recelée par la fraude fiscale.

 

Politis revient sur le lancement de l’iPhone 5 :

Des mois de teasing commercial et de course à l’échalote entre Apple et Samsung avaient contribué à faire monter la sauce. En particulier l’absurde « guerre des brevets » à laquelle se livrent les deux géants et qui pourrait, comble du ridicule, aboutir à une interdiction de l’iPhone 5 aux États-Unis. Qui a inventé les bords arrondis des tablettes ? Apple, Samsung ou Moïse ? Les juristes du monde entier sont sur le coup.

Malgré ce sixième modèle en cinq ans, et après 183 millions d’unités vendues dans le monde, la magie de l’iPhone semble néanmoins toujours opérer. Pas moins de 50 millions d’acheteurs devraient basculer d’ici à fin 2012, confortant l’entreprise comme l’une des plus rentables du monde.

Mais ce miracle a un prix. Et même avec un téléphone à près de 600 euros, le coût est d’abord social. Le New York Times révélait, le 10 septembre, que le sous-traitant Foxconn avait mobilisé de force des milliers d’étudiants en Chine, avec l’appui des autorités du pays, pour tenir les délais de production de l’iPhone 5.

Le coût est ensuite écologique. Les Amis de la Terre s’alarment de ce que l’iPhone 5 change ses normes connectiques, obligeant les utilisateurs à se rééquiper en chargeurs et autres docks hi-fi. L’association rappelle que ces appareils sont généralement non réparables et ont une durée de vie moyenne de 18 mois.

 

Le Monde, de plus en plus people, relate les vacances estivales des Sarkozy-Bruni :

L'après-midi, on descend se baigner sur la plage, en compagnie de la sœur de Carla, l'actrice et réalisatrice Valéria Bruni-Tedeschi, du comédien Vincent Pérez et des musiciens qui planchent sur le prochain album de l'épouse de l'ancien président dont elle a reporté la sortie au printemps 2013. Il y a des enfants qui rient avec leurs nounous et la petite Giulia, dont chacun a remarqué sa ressemblance avec Nicolas Sarkozy, malgré son duvet blond. Le soir, on dîne sans apprêt, avec les copains de passage, Michel Drucker ou Philippe Val. Que ceux qui écoutent France Inter aient une pensée émue pour l’indépendance de son directeur qui se mouille les fesses dans des piscines de milliardaire.

 

Les médias dans leur ensemble ont évoqué la résilience de DSK :

 

Je respire : DSK a de nouveau de vraies activités de socialistes telles que nous les aimons : conférencier international comme Clinton, Blair et Sarkozy – donc propagateur du discours économique et financier dominant –, homme d'affaires occultes (ce sont les affaires qui sont occultés, pas l'homme) à Marrakech, c'est un tout petit peu plus normal que travailleur social à Hénin-Beaumont. Il ne lui manque plus qu’un siège d’administrateur chez LVMH, mais ce sera difficile car il faudrait qu’il prenne la place d’un autre socialiste.

Au fait, DSK n'est-il pas cet ancien ministre socialiste (forcément socialiste) de l'Économie et des Finances qui avait baissé le taux d'imposition des stock-options, ce qui avait rapporté des milliards à 12 000 de ses copains ?

 

L’Huma :

2000 ouvriers en révolte dans une usine Foxcon

Une émeute a éclaté dans une des usines chinoises de ce sous-traitant de grandes marques high-tech. 2000 ouvriers se seraient révoltés contre des forces de sécurité qui passaient à tabac l’un d’entre eux.

La bagarre, qui a éclaté dimanche soir sur le site de Taiyuan (nord de la Chine), qui emploie près de 80 000 personnes, et qui a fait une quarantaine de blessés dont 3 graves. Les ouvriers seraient intervenus car leurs gardiens rouaient de coup un ouvrier, déclenchant ainsi une rixe importante, qui a duré jusque 3 heures du matin, lorsque 5000 policiers sont intervenus.

Foxconn est le premier fabricant mondial de composants informatiques et travaille notamment pour Apple, Nokia et Sony. Le constructeur emploie 1,1 millions d’ouvriers en Chine dans de véritables villes-usines. 

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 06:00

http://static.mediapart.fr/files/media_158751/DSK-Lamy.jpgSuperbe manchette du Sarkophage n° 33 :

 

HOLLANDREOU


JE TE VOIS !

 

Le Sarkophage a changé de nom et s’intitule désormais La vie est à nous !/Le Sarkophage. En espérant que, dans cinq ans, il ne faudra pas retourner à l’intitulé d’origine !

 

Yann Fiévet décrit le fatalisme des temps de crise : « Les habituelles insouciances de l’été combinées à l’opportune pléthore des jeux du stade sont désormais derrière nous. Allons d’emblée à l’essentiel : sur la scène politique française, les héros de la fin du printemps sont déjà fatigués. »

 

Pour Pierre Khalfa, la gauche est au pied du mur : « une autre gauche pourrait-elle faire autrement que le gouvernement écolo-socialiste ? Quelles seraient les marges de manœuvre possible ? Financièrement ? Socialement ? Politiquement ? Quelles idées peut-on souffler à Hollandréou ?

 

Pour Paul Ariès, « notre vie est à nous », tandis qu’une députée socialiste expliquait récemment que l’objectif de sa gauche était de sauver le capitalisme et qu’un Premier ministre socialiste s’était rendu pour la première fois de l’histoire (en compagnie de 10 ministres) à l’université d’été du Medef.

 

Concernant l’école, que pourrait faire la gauche, demande Francis Vergne ? Cette école qui faisait partie des terrains d’expérimentation privilégiés de la gauche avec l’idée que l’école serait le creuset de la société de demain.

 

Excellent article de Bernard Friot (link) sur le concept fumeux d’« austérité juste » : « Notre PIB, comme celui des pays de l’Ouest européen, double tous les 40 ans. Contrairement à une idée reçue, ce sont les services publics et la protection sociale qui expliquent cette croissance, et c’est leur stagnation depuis plus de 20 ans qui explique la récession durable dans laquelle nous sommes. […] Impôts et cotisations sociales ne sont pas des “ prélèvements obligatoires ”, ils ajoutent de la valeur au PIB. »

 

Un article de synthèse remarquable d’Aurélien Bernier sur la dérives des partis socialiste toujours plus vers la droite : « Le renoncement des socialistes n’est pas dû à une victoire temporaire mais réversibles des réformistes sur les révolutionnaires. Elle est le fruit d’une lente et profonde évolution vers le libéralisme économique et l’aménagement cosmétique du capitalisme. […] En 1951, alors que les ouvriers représentent 34% de la population, ils constituent 44% des adhérents actifs de la SFIO. En 1973, les classes moyennes et moyennes supérieures sont passées de 53 à 81% des effectifs tandis que les employés et ouvriers ont chuté de 44 à 19%. Le parti socialiste est devenu élitiste, particulièrement dans ses structures de direction. De fait, il se coupe de plus en plus du peuple. »

 

En bon sophiste, Laurent Paillard explique que « ce que le monde capitaliste lègue aux générations futures à travers la dette publique, ce n’est pas un manque ou un stock négatif de monnaie, mais une inégalité entre ceux qui ont de la monnaie en excès et qui peuvent l’investir dans la dette et ceux qui n’ont rien et qui dépendent des services publics. »

 

Pierre Zarka réfléchit aux vertus de l’échec : « La gauche ne doit pas perdre, sauf à préparer des lendemains qui déchantent, sauf à nourrir le retour aux affaires en 2017 d’une droite encore plus extrême. La gauche perdra cependant, sauf à devenir vraiment anticapitaliste, sauf à inventer ce que pourrait être un Buen vivir à la française. Cette défaite programmée des écolo-socialistes est l’occasion de nous interroger sur les vertus des échecs. Peut-on apprendre de nos défaites ?

 

Un article très net d’Évelyne Sire-Marin, vice-présidente du TGI de Paris sur le flicage en France : « Toute l’Europe est le lieu de la société du soupçon. En Suède, tous les mails, SMS et conversations téléphoniques sont surveillés ; aux Pays-Bas, les ondes Mosquitos chassent les moins de 17 ans des centres villes ; en Allemagne et en Grande-Bretagne, des millions de données personnelles, dont des coordonnées bancaires, s’achètent et se vendent sans aucune protection. […] Si l’on compare terme à terme les propositions du FN et les lois votées par l’UMP depuis 2007, il apparaît que l’UMP a achevé de réaliser partiellement le programme du FN. »

 

Philippe Bacqué met en garde contre la poule aux œufs d’or de la bio : « Face au pouvoir écolo-socialiste, peut-on avoir foi dans les mouvements sociaux ? Peut-on espérer changer par en bas la société ? Ne sous-estimons nous pas la capacité de récupération du système ?

 

Pour Pierre Athanaze, la France est plus que jamais le pays des Tartarins et des politiques clientélistes : « Septembre, c’est la rentrée des classes, c’est le retour au travail (pour ceux qui en ont un), c’est aussi la chasse pour des millions de Français. Les gauches sont historiquement divisées sur cette question. »

 

Jean-Luc Debry invite à habiter le monde : « La gauche antiproductiviste n’aime pas les zones pavillonnaires. Ne cède-t-on pas en cela à une vision d’écolo-technocrates, loin des désirs des milieux populaires ? Qu’est-ce qui distingue ces zones pavillonnaires des anciens quartiers populaires, faits de petites maisons, parfois jumelées ?

 

Tania Vercoutère évoque le projet Yasouni-Itt : « Les pays pauvres nous ont fait ces dernières années plusieurs beaux cadeaux conceptuels avec les notions de Buen Vivir et d’anti-extractivisme. Les mobilisations partout en Europe contre les grands projets inutiles imposés sont notre façon de conjuguer ce combat. »

 

Jacques Cambon pense qu’il faut laisser dans le sous-sol les ressources les plus rares et les plus dangereuses. Est-ce un hasard si l’une des premières reculades de Montebourg concerne justement les gaz de schiste, avant le nucléaire ? »

 

Pierre Lucot et Jean-Luc Pasquinet demandent l’arrêt immédiat du nucléaire : « La gauche, qui semble majoritairement acquise au refus des gaz de schiste, est divisée sur la question du nucléaire, comme si dans ce domaine son logiciel datait de quelques décennies.

 

Pour Dominique Méda, le fait que « pour la première fois en France un gouvernement soit paritaire constitue une très bonne nouvelle. Même si la répartition des portefeuilles est plus que traditionnelle. Même si la composition des cabinets ministériels a laissé libre cours au recrutement par réseaux, exercice dans lequel excellent les hommes. »

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23 septembre 2012 7 23 /09 /septembre /2012 06:10

 

http://www.alternativelibertaire.org/IMG/cache-185x190/arton4466-185x190.jpgPhilippe Braud vient de publier, sur le site du Nouvel Observateur, un texte sur l’impossibilité du droit au blasphème. Il s’annonce comme « sociologue politique » et « expert ». De fait, Philippe Braud eut un parcours remarqué de professeur de droit.

 

Je ne suis ni sociologue, ni politique, ni surtout expert, mais je dirai que sa démarche est, à mes yeux, inacceptable. Et totalement cul serré. D’abord, il feint de s’interroger sur l’élévation de ce droit au niveau d’un Droit de l’Homme. Cette question n’avait jamais été posée par quiconque avant lui. Je cite le début de son analyse :

 

« À en croire certains propos tenus ces jours-ci la liberté d’expression ne saurait être soumise à la moindre limite. Un droit inaliénable et sacré, absolument intangible ; mieux encore, un dogme sur lequel veillent de sourcilleux ayatollahs qui surenchérissent avec une belle emphase sur ses implications. »

 

La France est une république indivisible et laïque. C’est dire que, premièrement, elle ne connaît pas les ethnies ou les communautés – uniquement des citoyens égaux – et que, deuxièmement, les droits (d’expression ou autre) n’ont rien de « sacré ». La République française ne connaît que les lois humaines, pas la transcendance. Jamais les journalistes de Charlie Hebdo (ou d’autres) n’ont demandé « l’inscription du droit au blasphème dans une Déclaration universelle des Droits de l’Homme. » Ils veulent rappeler que dans la France, justement, des Droits de l’Homme, il est parfaitement légal de critiquer, de se moquer des religions, de mettre en doute l’existence de dieu ou du caractère sacré de tel ou tel personnage plus ou moins historique. Si, comme moi, Philippe Braud, passait du temps à visiter les églises et les cathédrales, il verrait à quel point l’Église a su se moquer d’elle-même dans les lieux de culte même.

 

http://entrezlibres.free.fr/bush-le-tout-puissant/bush_le_tout_puissant.jpg

 

Je poursuis la citation :

 

« La liberté d’expression peut faire mal, et même très mal ; infliger des souffrances inouïes, humilier, salir. Même les ayatollahs occidentaux le comprennent parfaitement quand il s’agit de protéger le droit à la dignité des femmes modernes, celui des homosexuels ou des handicapés ; on l’admet aussi, sauf les amis de Jean-Marie Le Pen, quand il s’agit de prohiber l’expression de propos négationnistes qui insultent la mémoire des victimes de l’Holocauste. »

 

Ici, Philippe Braud établit un parallèle malhonnête entre la critique des croyances religieuses et le négationnisme. L’extermination des Juifs est un fait (même si l’on peut douter de l’efficacité ou du bien-fondé des lois antinégationnistes). Dire que Jésus est dieu, que Mahomet est le prophète de dieu ou que Moïse reçut la parole de dieu, relève de croyances, de paris.

 

Ensuite, Philippe Braud affirme qu’à un moment M de leur histoire, « les Européens » ont soudain découvert les conséquences de « la » littérature antisémite, se sont sentis coupables et ont pris conscience de la violence des persécuteurs : 

 

« Quand les Européens ont découvert les conséquences de la littérature antisémite, ils ont éprouvé un sentiment parfaitement justifié de culpabilité. Sortant du "village national" qui était jusqu’ici le leur, ils ont pris conscience de la violence symbolique qui pouvait ravager leurs relations mutuelles, et engendrer une double violence physique : celle des persécuteurs, d’autant plus facilitée qu’ils avaient appris à mépriser leurs victimes ; celle des humiliés et offensés dont certains ont répondu par la violence physique à la violence symbolique subie. »

 

De l’art de simplifier et de se donner bonne conscience. L’extermination des Juifs en Allemagne, puis ailleurs, n’eut pas besoin de littérature antisémite pour se justifier. L’antisémitisme n’a pas disparu avec l’ouverture des camps d’extermination et de concentration. Avancer qu’il y aurait une production culturelle antisémite et une autre philosémite est simpliste : tout dépend où l’on situe le curseur : lorsqu’Hergé publie Tintin en Amérique, lorsque sort sur les ondes la chanson “ Le lycée Papillon ”, ces deux œuvres ne sont nullement perçues comme antisémites. Or, elles le sont explicitement pour partie.

 

Puis, Philippe Braud sort le mouchoir de Madame Michu : « Si l’on peut rire (et ricaner) de tout, on ne le peut pas n’importe où. Rire de la mort, mais pas devant des parents accablés par la mort d’un enfant ; rire des mésaventures de DSK mais pas devant Anne Sinclair ; rire de la religion mais pas pendant le déroulement d’une cérémonie à Notre Dame de Paris. »

 

Mais si, on peut. Je dirais même qu’il le faut. La dernière fois que j’ai assisté à l’enterrement d’un enfant (il s’agissait d’un jeune qui s’était suicidé), j’ai ri après la mise en terre, avec ses parents, de tout et de rien. Pas du suicide de leur fils, bien sûr. Ce rire libéra ces gens accablés. Pour ce qui est du couple Anne Sinclair/DSK, que connaît Philippe Braud de leur vie intime avant l’épisode du Sofitel ? Comme moi : rien. Suis-je le seul à avoir réagi, en riant en mon for intérieur, devant l’image (« l’image », Monsieur le Professeur) d’Anne Sinclair en madone hiératique, en statue de cire aussi impassible qu’irréelle ? Quant à rire de la religion, il ne viendrait pas à l’esprit de l’athée que je suis de jouer du tambour dans une église au moment d’un service religieux. Mais pourquoi me faudrait-il être plus compassé devant des fidèles catholiques que devant des adorateurs de l’œuf dur ou des scientologues ?

 

« La liberté d’expression ne doit pas avoir de limites quand il s’agit d’avancer des thèses rationnelles », écrit Philippe Braud. Mais qu’est-ce qu’une thèse rationnelle ? Au nom de la raison et de la science, le monde occidental et rationnel a énoncé mille inepties, parfaitement démontrées (du temps de nos grands-parents, cher Philippe Braud, le Titanic avait été décrété insubmersible et, quand nous étions enfants, il s’affirmait tranquillement que les bébés ne ressentaient pas la douleur). Inversement, moi qui ai vécu dans des pays fortement islamisés, j’ai entendu des hommes parfaitement normaux, gentils, éduqués m’expliquer sans haine que leur religion était supérieure aux autres religions du Livre et que les hommes étaient seuls responsables de leur descendance puisque les femmes n’étaient que des vases en attente de semence.

 

Bref, avec ce texte, Philippe Braud nous ramène 250 ans en arrière quand, en France, les discours sacrés et profanes ne faisaient qu’un, à l’époque où, oint, le roi était un personnage sacré qui guérissait les malades en les touchant, quand Voltaire croyait dur comme fer que s’il y avait des fossiles d’animaux marins dans des régions montagneuses, il s’agissait de reste de nourriture abandonnés par les croisés lors de leurs pérégrinations. Quant aux grands-parents de Philippe Braud, je ne serais pas étonné que, comme les miens, ils aient soigné leurs problèmes respiratoires en buvant de l’eau radioactive. Qu’aurait-on dit d’un Charb de l’époque qui se serait esclaffé devant une telle croyance et une telle pratique ?

Un dernier mot sur le blasphème : en France, brûler le drapeau tricolore est passible de six mois de prison. Distribuer des photos représentant la profanation de ce drapeau est un délit. Mais pas aux États-Unis, ni au Royaume-Uni, ni en Irlande, ni même en Israël. En revanche, en Arabie Séoudite, cet acte est sévèrement puni car le drapeau contient la profession de foi des musulmans.

 

Chacun voit donc midi à sa porte.

 

http://www.cathnews.com/uploads/crucifixtion%20manila.b.jpg

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22 septembre 2012 6 22 /09 /septembre /2012 06:02

Il est parfois de bonnes nouvelles, comme celle, en fin de compte, de la victoire des étudiants québécois qui ont lutté pendant des mois contre la privatisation toujours plus poussée de leur université et contre une augmentation disproportionnée des frais de scolarité.

Source : Résistance politique

 

Manifestation éudiante à MontréalPauline Marois vient à peine d’être élue à la tête du gouvernement sous l’étiquette du Parti québécois qu’elle annule l’augmentation disproportionnée des frais de scolarité et une loi répressive durement contestées par le mouvement étudiant.

 

Des mois d’intenses mobilisations, d’occupations, d’affrontements continus avec la police et les milliers d’arrestations qui s’ensuivirent auront donc été nécessaires pour que les étudiants, drapeaux rouges au vent, emportent finalement la partie et obtiennent le retrait de la mesure qui voyait augmenter de 75 % les frais de scolarité. Mais, fait notable, ces étudiants ont pu  entraîner dans sa quasi intégralité le monde du travail dans une lutte visant non seulement à défendre le droit à l’éducation, mais aussi à dénoncer la sélection de classe. Une question qui a touché le cœur de la population francophone qui a porté aux dernières élections le Parti québécois dont le programme prévoyait notamment le retrait immédiat de ces odieuses mesures.

 

Aussitôt dit, aussitôt fait. Pauline Marois, figure de proue du parti indépendantiste sorti vainqueur des élections anticipées du 4 septembre, a annoncé parmi les premières mesures adoptées l’annulation des taxes prévues par les projets de loi par son prédécesseur, chassé après plusieurs années au pouvoir. Annulée aussi la fameuse « loi 78 » interdisant toute manifestation à proximité des écoles ou des universités et concédant des pouvoirs étendus de répression à l’appareil policier.

 

Des décisions qui représentent un signal important pour les mouvements étudiants du continent américain qui, des États-Unis au Chili, sont en première ligne contre les systèmes d’exclusion basés sur une fausse méritocratie qui, en réalité, n’est rien d’autre que la manifestation d’une politique de classe basée sur une accession au savoir par l’argent. C’est aussi la démonstration que la lutte radicale basée sur des revendications précises et socialement partagées paie… au contraire des pseudos dénonciations éthiques et pacifiques d’un système qui ne connaît décidément que le rapport de force.

 

Une situation qui donne du baume au cœur aux porte-parole des différentes organisations étudiantes au sortir de sept mois de mobilisations ininterrompues. Tous ont annoncé qu’ils allaient guetter chaque mouvement du nouvel exécutif, et qu’ils se poseraient toujours en défenseurs d’un des systèmes d’éducation qui, bien qu’étant un des moins chers de tout le continent américain, n’en mérite pas moins d’être grandement amélioré. Les étudiants demandent notamment plus de bourses, sachant que plus de la moitié d’entre eux doivent s’endetter pour espérer terminer leur cursus universitaire.

 

Les syndicats étudiants ont déjà appelé à une grande manifestation le 22 septembre, jour de la rentrée scolaire et universitaire, histoire de rappeler à tous que les gouvernements amis n’existent pas pour les mouvements sociaux.

 

Capitaine Martin

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