Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 06:38

http://4.bp.blogspot.com/-Ch1k7VWKYFU/TXU4mk_KpmI/AAAAAAAAAok/2ZTmOWr9qyI/s1600/enfant-battu-1158602637e.jpgUne aliénation réussie est une aliénation consentie, désirée.

 

Parmi tous les “ Little Brothers ” qui prolifèrent sous la haute autorité du “ Big Brother ”, il en est un qui concerne des millions d’usagers, directs ou indirects, le logiciel PRONOTE, « le premier logiciel de gestion de vie scolaire
dans les collèges et les lycées ».

 

À quoi sert-il ? Objectivement, à rien, puisque l’Éducation nationale avait réussi à s’en passer pendant des dizaines d’années. Dans les faits, à fliquer, à « surveiller et punir » en temps réel les enseignants, les personnels administratifs, les élèves et leurs parents. Dans la société de « liberté » qui est la nôtre, ce logiciel est facultatif. Mais comme 5600 chefs d’établissement l’ont choisi et « ne peuvent plus s’en passer », car il est « un environnement de référence » (les rédacteurs du ministère devraient vérifier l’étymologie et le sens premier du mot environnement), faire sans revient à se transporter à l’ère paléolithique.

 

Toujours parce que nous sommes dans un monde de « libertés », chacun (chef d’établissement, enseignant, parent, élève) peut l’utiliser « comme il le souhaite, en réseau ou par internet ». l’important étant la libération par rapport aux « contraintes techniques ».

 

Le ministère donne « cinq raisons de choisir PRONOTE » :


- Il permet de gérer toute la vie scolaire avec un seul logiciel en faisant « rapidement le lien entre des informations de nature différente ». Avec PRONOTE, on peut, par exemple, accéder au dossier complet d'un élève en quelques secondes ! » Le rêve : en un clic, on a un instantané du niveau de l’élève. Sans parler des appréciations, des graphes, des orientations, des stages. Mais ce n’est pas tout : toujours en un clic, on obtient le tableau complet des absences, des retards, de la présence à la cantine, à l’infirmerie, des punitions, des sanctions, des courriels et des SMS envoyés à l’élève ou à ses parents. Plus encore : PRONOTE offre un accès immédiat à la gestion des cahiers de textes (les enseignants doivent remplir le cahier de texte de la classe, puis celui de PRONOTE) et des progressions pédagogiques. Ce dernier item impliquant un travail assez considérable (pensons aux enseignants d’arts plastiques qui ont 18 classes avec quatre niveaux différents), je me permets de leur conseiller de recopier – en changeant quelques mots – les progressions qui figurent au Journal Officiel).


- Avec PRONOTE, les usagers « maîtrisent leur système d’information ». Chacun ayant un code d’accès différent, la « sécurité et la confidentialité des données » sont garanties (cela fait à peine trente ans que des films de fiction d’Hollywood nous montrent des élèves entrant dans le système des profs pour bidouiller à l’envi).

 

- PRONOTE permet une meilleure « visibilité ». Ah, ce mot magique (avec son jumeau « lisibilité ») de ces deux dernières décennies ! « Avec les tableaux de statistiques et les graphes, notes, absences, retards, punitions, sanctions, orientations, devoirs, sont présentés sous un autre jour. » Quel jour ? Mystère ! Le fait est que le proviseur dispose d’une « vision synthétique de son établissement ». En un clic, il a une vue d’ensemble de l’absentéisme par matière, du profil des classes par niveau, de la charge de travail des classes par mois, du tableau de bord du CPE. Il peut même disposer d’un « suivi pluriannuel ». Ce que le ministère ne dit pas, c’est que les supérieurs hiérarchiques peuvent disposer des mêmes informations. Donc qu’un inspecteur (d’Académie ou IPR) peut se contenter d’une « inspection » sur écran et ne se déplacer que s’il croit repérer un gros problème. D’où le gain de temps et de frais de transport.

 

- PRONOTE permet des économies (ne les qualifions pas de bout de chandelle) : « Vous faites l'acquisition d'un seul logiciel au lieu de plusieurs. Et vous faites des économies toute l'année en substituant certains courriers par des SMS et des emails. Avec le SMS à moins de 0,15 euros sans frais d'abonnement, vous rentabilisez le coût du logiciel dès la première année d'utilisation. »

 

- Le nirvana, c’est que PRONOTE permet de « faire l’unanimité ». « Pour une fois, tout le monde est d’accord ! » La Corée du Nord en douceur, dans le fun et la convivialité. Les parents peuvent (notez bien : « peuvent ») consulter le relevé de notes de l’enfant sur internet, les enseignants peuvent (notez bien : « peuvent ») saisir les notes chez eux par internet (externalisons le travail des fonctionnaires !), les surveillants ne commettent « plus d'erreurs dans le suivi des absences », tous les relevés de notes et bulletins sont « imprimés en quelques minutes ». Dès lors, l’élève « sait toujours où il en est ».

 

 

 

Partager cet article
Repost0
10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 15:42

http://francaisdefrance.files.wordpress.com/2009/04/capitalisme.jpgCi-dessous une analyse remarquable du collectif Sauvons l'Université sur le dernier projet scélérat du gouvernement découlant en bonne logique de la LRU.

 

Idefi : un « succès de la CPU » ou la révolution des formations universitaires au service des entreprises 

Les formations universitaires avaient en partie échappé aux restructurations massives de l’ESR induites par la politique d’excellence et la kyrielle des « EX » qui ont surtout affecté le volet recherche des missions des universités. Même s’il était évident qu’étaient fragilisés les liens construits entre formation et recherche, même si la recherche universitaire était indexée à la seule politique d’excellence, même si certaines formations universitaires de licence semblaient devoir être reléguées dans des PUP (pôles universitaires de proximité) qui n’auraient plus d’université que le nom, même si, enfin, se faisaient sentir les effets, sur les formations et les disciplines, de la mastérisation, l’équilibre et la nature des formations n’étaient pas au centre des projets ministériels. Ce n’est plus le cas depuis le récent arrêté sur la licence (01 août 2011) et ça l’est encore moins avec le dernier appel à projet sur les « Investissements d’avenir ».

Cet appel à projets, dévoilé par Laurent Wauquiez le 25 octobre dernier et dont une version a commencé à fuiter le 31 octobre, avant même sa mise en ligne sur le site de l’ANR, est intitulé Idefi, « Initiative d’excellence en formations innovantes ». Il s’attaque à la pédagogie et aux contenus des enseignements pour imposer l’ « excellence » et la concurrence dans le dernier espace qui pouvait encore, pour partie, lui échapper : l’offre de formation des universités.

Faiblement doté – 150 millions pour vingt projets – Idefi est essentiellement conçu pour des porteurs qui ont déjà des projets dans leurs cartons puisque la date de clôture de l’appel d’offre est, de façon aussi risible que scandaleuse, fixée au 19 décembre 2011. De tels délais impliquent une fois de plus que les projets seront conçus et portés par des équipes très resserrées (« groupe de pilotage » sans légitimité démocratique), sous la direction du président ou du directeur de l’établissement coordonnateur, bref une « gouvernance renforcée » qui prendra des initiatives engageant pourtant des restructurations majeures de leurs institutions, sans la moindre délibération sérieuse des instances représentatives, tels les conseils centraux. L’objectif de ce dispositif est de créer un puissant effet de levier sur les formations universitaires, en particulier sur le secteur des SHS, mais aussi plus généralement et de manière cohérente avec les dispositions relatives à la nouvelle licence, sur les relations entreprises/universités et les liens entre formation initiale et formation continue que le ministère souhaite renforcer, ainsi que sur la « gestion des ressources humaines » au sein des établissements.

Qu’est-ce donc que cet appel à projets Idefi, dévoilé au cours de la réunion d’information très soignée du 25 octobre dernier, en présence de René Ricol, le Commissaire général à l’investissement ? C’est tout d’abord, selon la présentation qu’en fait le ministère, le résultat d’un souhait de Nicolas Sarkozy : « soutenir des projets emblématiques et innovants en matière de formation ». C’est ensuite le complément qu’il convenait d’apporter à « la dynamique des investissements d’avenir pour l’enseignement supérieur ». Mais c’est enfin et surtout le fruit des œuvres de la CPU et de son président, Louis Vogel. René Ricol confiera en effet avoir été « convaincu par Louis Vogel et Valérie Pécresse de l’intérêt des formations innovantes ». Ce « succès de la CPU » (sic) est d’ailleurs très bien mis en scène par la Conférence elle-même dans sa lettre du 27 octobre : comme la couverture du Glissement vieillesse technicité (GVT), Idefi ferait partie des « demandes que la CPU a soutenues dans la durée et qui ont abouti grâce à un portage politique fort du Bureau ». Et la CPU d’en faire une victoire sur le gouvernement en assurant que« d’autres modes de pilotage du système d’enseignement supérieur et de recherche sont possibles ».

Les Idefi seraient-elles donc une martingale pour contrer la désertification du territoire universitaire organisé désormais autour des futurs dix pôles universitaires bénéficiaires des Idex ? Un deuxième tirage à la loterie du Grand Emprunt spécialement destiné aux PUP ? Permettraient-elles à l’université de marcher sur ses deux jambes : recherche et formation ? SLU n’est convaincu ni de l’existence de ce nouveau pilotage – c’est un pilotage commun –, ni des bienfaits des Idefi pour les formations universitaires : elles en sont un outil de restructuration qui ne garantit nullement une meilleure articulation entre recherche et formation, que la politique d’ « excellence » à travers Idex et Labex tend à disjoindre.

Car le « bébé » de Louis Vogel et Valérie Pécresse, mis au monde grâce aux mains expertes d’un « chef d’entreprise » (René Ricol, tel qu’il se définit dans son discours) est un Golem, certainement promis à de grandes œuvres.

Derrière un appel à créer de nouvelles formations au service des étudiants, Idefi vise quatre objectifs principaux que dévoilent très clairement les discours de Laurent Wauquiez et René Ricol, à défaut d’être exposés dans le texte de présentation :

1. L’employabilité des étudiants au service des entreprises

En devant privilégier les « partenariats avec le monde socio-économique », ainsi que l’apprentissage de « savoir être », les projets de formations innovantes prépareront le terrain à des interventions directes des entreprises dans la définition des contenus de formation et de la pédagogie elle-même. Selon le ministre, il s’agit de « concilier l’approche fondamentale et l’apprentissage de métiers » et surtout de développer « l’apprentissage précoce des métiers ». Le couplage des projets Idefi avec la mise en place de la nouvelle licence et des cursus à double compétence vise très clairement à « professionnaliser » les formations – encore faudrait-il savoir ce que « professionnaliser » veut dire –, mais aussi à développer l’employabilité de plus en plus précoce des étudiants, selon des conditions définies par les entreprises et les impératifs du marché du travail. Le risque est grand alors que les intérêts même des étudiants soient lésés : formés à court terme en fonction des besoins immédiats des entreprises, leurs « compétences » seront vite périmées alors qu’une formation plus fondamentale et articulée à la recherche est de nature à leur donner les clés d’une adaptation aux situations les plus variées. Le risque est grand aussi que les libertés académiques des enseignants soient encore plus rognées qu’elles ne le sont aujourd’hui – lesprojets de référentiel de licence sont édifiants – et que la recherche fondamentale ne fasse les frais d’une mise sur le marché du travail anticipée pour des milliers d’étudiants qu’on dissuadera de poursuivre leurs études en second et troisième cycles universitaires.

2. L’introduction massive des supports numériques à des fins de réduction de la masse salariale des universités

Laurent Wauquiez entend épouser le sens de l’histoire : nous vivons, dit-il,« une césure historique sur notre approche de l’interaction entre savoir et support ». Idefi doit donc permettre de répondre à « l’enjeu technique, l’enjeu numérique ». Contre les « sacro-saints cours d’amphi » l’époque est au développement du « e-learning », à « la multiplication des savoirs à distance »et bien sûr à la nécessaire adaptation des contenus d’enseignement et des pédagogies au tout numérique. Si un usage raisonné des TICE permet de diversifier et d’enrichir les pratiques pédagogiques, la mise en ligne systématique de cours, la multiplication des suivis d’étudiants à distance, outre qu’elle est chronophage, minent l’interaction pédagogique et collective entre étudiants et enseignants, propre aux cours en présentiel. Elles développent aussi une attitude consumériste face à l’élaboration et à la transmission des savoirs. Comment ne pas lire derrière cette conversion expresse et massive à la dématérialisation des savoirs et des enseignements, permettant la « mutualisation des ressources », une entreprise de réduction de la masse salariale des universités ?

3. L’introduction de la formation professionnelle permanente à l’université

Laurent Wauquiez est ambitieux : il veut « faire tomber le mur entre formation initiale et continue ». Pour René Ricol, les deux « doivent se combiner obligatoirement ». L’expert-comptable « rêve » à de « grands collégiums d’ingénierie », à « des gens qui font de la philo et des mathématiques et qui sont en même temps dans des centres d’apprentissage ». Ces « collégiums d’ingénierie » deviennent dans son discours des « collégiums de management au cœur des universités ». Sous prétexte de favoriser le développement de « la formation tout au long de la vie », Idefi promeut une technostructure qui est au cœur de cet appel à projet : « l’ingénierie de la formation ». L’utilisation du terme d’ingénierie (ensemble des études encadrant la conception et la réalisation d’un projet industriel) est à lui seul évocateur des objectifs à atteindre. Il est probablement nécessaire de ne pas laisser la formation permanente des salariés du privé aux seules mains d’officines privées et l’université pourrait y prendre une part plus importante. Mais que signifie la formule du ministre : « faire tomber le mur » ? S’agit-il d’augmenter les ressources des universités ou de leur imputer désormais le financement de la formation continue des salariés du privé ? Quelle incidence sur la répartition des enseignements, entre formations initiale et continue ? Quels en seraient les effets sur la pédagogie et les contenus des formations initiales, dont les exigences sont bien spécifiques ? Réduire à peau de chagrin la formation des enseignants pourrait, entre autres choses, permettre d’ailleurs de dégager des moyens en termes de personnels, fortement incités à se lancer dans des formations d’adultes en tout genre, en réponse à une demande managériale.

4. La mise en place de dispositifs d’évaluation des enseignements et d’une politique incitative – entendre sonnante et trébuchante – de gestion des ressources humaines

L’appel à projets précise que les porteurs devront prévoir « une évaluation des enseignements et des formations par les étudiants ». C’est ainsi à l’aune de l’appréciation de leurs compétences en termes d’innovation pédagogique par les « usagers », que les enseignants pourront être récompensés par des primes. L’évaluation des enseignants revendiquée par l’AERES et rejetée par la CP-CNU est sortie par la porte pour rentrer par la fenêtre. L’appel à projets souligne qu’ « un aspect particulier concernera la politique des ressources humaines. Les candidats préciseront les mesures qu’ils adopteront pour valoriser l’investissement des équipes enseignantes dans l’innovation en matière de formation », premier item, dans l’appel à projet, de la liste énumérant les « dépenses éligibles », avant même les « dépenses de fonctionnement pédagogique » (p. 11). On conçoit sans peine la difficulté de l’évaluation des enseignements, l’incidence de la « cotation » sur l’acte éducatif, installant une sourde défiance entre les membres des équipes enseignantes, conduites à se disloquer… Il s’agit tout bonnement de développer une politique managériale de gestion des ressources humaines universitaires sur des critères dont certains de nos voisins anglo-saxons ont mesuré les limites. Les acteurs privilégiés d’une telle restructuration des formations universitaires semblent être les « pôles de la formation » ou autres « Écoles » dotés de « cellules d’innovation pédagogique ». À titre d’exemple, les départements de Sciences de l’éducation et les IUFM, exsangues après le saccage de la formation des enseignants et dont « la question du devenir de la structure » (sic) est officiellement posée au ministère, sont incités à se reconvertir et se fondre dans des « Écoles de pédagogie » (les « Pädagogische Hochschulen » tant vantées par le ministre) ou des « collégiums d’éducation et de formation » ou « d’ingénierie éducative ». Le processus est déjà amorcé dans plusieurs universités. Disposant des compétences pour produire les instruments idoines pour l’évaluation des formations et des enseignements, travaillant aussi à la redéfinition des offres de formation, l’université aurait dès lors en son sein les outils nécessaires à sa propre restructuration.

On le voit suffisamment : Idefi n’est pas seulement un modeste complément aux projets d’excellence. Les intérêts annuels des 150 millions d’euros de dotation non consomptible seront répartis entre vingt projets, sur le modèle du financement du Grand Emprunt [1] . Malgré les assertions de l’appel à projets selon lequel « les financements attribués au titre d’Idefi viendront en addition des moyens récurrents dont disposent les candidats pour les secteurs de formation concernés, « sans effet de substitution de la part des établissements », on peut douter de cet optimisme dans un contexte d’application de la LOLF et de dotation globale des budgets universitaires. On a vu ce qu’il est advenu de certaines sommes théoriquement affectées au Plan « Réussir en Licence ».

Tout comme pour d’autres projets, les faibles sommes dégagées par les intérêts du Grand Emprunt comptent moins que la force de levier en termes de restructuration de nos universités, de nos disciplines et de nos métiers. Les Idefi sont une arme redoutable pour parachever l’édifice de l’ « Initiative d’Avenir ». C’est qu’elles visent d’abord à réorienter les formations, notamment en SHS, vers des finalités très pratiques et professionnalisantes : la sociologie, la psychologie et même la philosophie pourront être mises au service des nouvelles formations et pédagogies. Mais le terme même de « pédagogie » n’est plus qu’un cache-sexe dérisoire pour des démarches d’ingénierie de la formation, c’est-à-dire de management de la formation. Celles-ci, encore bien peu portées par les SHS, visent avant tout la refonte de nos métiers, le contrôle de notre « performance » et notre adaptation aux nouveaux outils numériques qui doivent favoriser un secteur stratégique de l’industrie tout en autorisant une réduction des personnels enseignants.

De nombreux universitaires et chercheurs ont sous-estimé et sous-estiment encore l’intelligence et la force de contrainte contenues dans les projets en « EX ». Laurent Wauquiez en a pourtant exposé la « méthode », une « méthode » qui laissera songeur tout scientifique attaché à un minimum de rigueur intellectuelle. Il s’agit, avec ce nouvel appel à projet, dit notre ministre,« d’initier (sic) un mouvement d’ensemble et ensuite réfléchir à une politique nationale plus forte ». Que n’a-t-on réfléchi à une politique forte avant d’ « initier » le mouvement d’ensemble ? Et comment donc nos présidents d’université de la CPU peuvent-ils adhérer à une telle méthode, la favoriser et la mettre en œuvre ? L’auditeur croit avoir mal entendu. Car il sait bien qu’une stratégie politique guide fortement toutes les réformes imposées depuis quatre ans dans l’enseignement supérieur et la recherche.

Mais le ministre persiste dans son raisonnement et précise : « L’objectif au fond est de promouvoir des démonstrateurs qui joueront ensuite le rôle de modèles et qui nous permettront progressivement d’élaborer notre discours de la méthode adapté aux nouveaux enjeux des formations innovantes du XXIe siècle. » Cette notion de « démonstrateur » qui figure en bonne place dans l’appel à projet comme dans les discours de Laurent Wauquiez [2] et de René Ricol, est typique de la novlangue technocratique qu’on nous impose. Le mot doit être certainement entendu dans ses deux acceptions modernes, qui se mêlent intimement. Celle, strictement commerciale, du métier de démonstrateur consacré à la vente et à la promotion de nouveaux produits dont on vante les qualités. Celle de modèle numérique, technologique ou industriel, qui, en raison de son caractère innovant ou expérimental, doit permettre une production ou une diffusion après une phase de validation. Dans le cadre des Idefi un « démonstrateur » désigne un dispositif de formation innovante susceptible d’être dupliqué et diffusé dans d’autres universités. Quant à la « méthode » évoquée, c’est celle-là même qui préside aujourd’hui à la nouvelle gouvernance de nombreuses universités. Il s’agit de prétendre faire émerger des modèles soi-disant innovants induits par la politique d’excellence, éprouver leur fonctionnement et seulement ensuite définir une stratégie politique. Systématiquement, appel est fait à la créativité des universitaires qui peuvent avoir le sentiment d’une « initiative » retrouvée, quand celle-ci vient toujours du sommet. L’apparente liberté du projet masque mal un libéralisme autoritaire qui impose ses modèles de manière implicite via les contraintes multiples et fortes des appels à projets [3] , les choix opérés par les jurys et l’obligation de revoir sa copie jusqu’à totale satisfaction des critères de l’ « excellence ».

Enfin, ce que met exemplairement en lumière l’appel à projets Idefi et sa présentation politique, c’est l’imposture d’une sorte de « pensée magique » selon laquelle la diffusion de « démonstrateurs duplicables » se ferait naturellement, en vertu de leurs qualités intrinsèques. Mais quelle garantie avons-nous que ces « démonstrateurs » seront bien de qualité et répondront aux besoins réels des étudiants ainsi qu’aux missions de l’université ? Quelle sera leur valeur d’exemple si aucune réflexion stratégique antérieure des universitaires n’a présidé à leur création, sinon celle imposée par un modèle entrepreneurial qui brise les libertés académiques et réoriente la recherche et les formations universitaires vers des finalités strictement économiques et financières ? Quand donc cessera-t-on de jouer aux apprentis sorciers avec la recherche et les formations de nos universités ?

Sauvons l’Université !
5 novembre 2011
Partager cet article
Repost0
8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 16:00

http://images.20h59.com/_images/200642/izsihckfphxczarfuskjtvelu.jpgIl était un faiseur de chansons hors-pair. Est-ce parce qu'il était communiste, libre, hostile à tout compromis que la reconnaissance médiatique, mais aussi du grand public lui fit défaut ? Pour lui, écrire une chanson, c'était donner "un morceau de sa chair". Victime d'un cancer, il a choisi d'interrompre le cours de son existence à 57 ans. Il est mort à Antraigues, dans le village de Jean Ferrat.

 

Il écrivit pour Adamo, Daniel Lavoie, Francesca Solleville, Nilda Fernandez, Sanseverino, Juliette Gréco, Enzo Enzo. Nougaro a dit de lui qu'il était l'un des plus "foudroyants auteurs de chansons". Bénabar vit en lui un père fondateur.

 

En cycliste impénitent, je vous propose ceci :

 

Six Mètres

 

Six mètres, plus que six mètres
Pour couper la ligne d'arrivée
Gerber enfin dans le trophée
La pilule amère de la gloire
Payer l'impôt de la victoire

Six mètres, rien que six mètres
Le corps crucifié au guidon
Dans les reins, les crocs du peloton
Casser la roue de l'infortune
Et le sourire pour la une

- Six mètres, juste six mètres
Poing levé, et point à la ligne
Brandissant le bouquet d'épines
Craquer pour croquer le ruban
Avec la rage, avec les dents

- Cinq mètres ! Les plus longs !
Cinq mètres !
Cracher, tituber sur la route
Vaciller au doute à goutte
Au dernier lacet étrangleur
Boire la coupe jusqu'à la sueur

- Deux mètres !
Et puis le dernier mètre
Et soudain, l'envie de plus rien
- Ou juste de bloquer les freins
L'envie de faire sauter la chaîne
D'une overdose d'oxygène

- Déserter à vingt centimètres
À vingt centimètres du fil
Se fondre et regarder la file
- Des autres qui passent devant
Les applaudir, le nez au vent
Refuser le prix de l'effort
D'être le plus beau, le plus fort

- Et puis s'y mettre,
Mais s'y mettre tous !
Ni dieux devant, ni chiens aux trousses
- S'y mettre !
S'y mettre tous et plus de maître
Que le désir d'être et renaître
Se redresser, lever la jambe

- Être ensemble
Vainqueurs, tous ensemble
- Des millions de prem's ex aequo
- Millions de champions illégaux
Ensemble, escalader les marches
Tous ensemble, passer sous l'arche

- S'y mettre, plus qu'à s'y mettre

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 07:00

RevuedepresseDans Le Grand Soir, Jean Bricmont revient sur le droit d’ingérence à propos de l’intervention de l’OTAN en Libye :

Depuis des décennies, les Occidentaux plaident pour un « droit d’ingérence humanitaire », qui est rejeté par l’immense majorité des pays du Sud. Avec la résolution sur la « responsabilité de protéger » ils sont arrivés en partie à leurs fins parce que cette résolution accepte, mais sous conditions, certaines formes d’ingérence. Il faut néanmoins noter que la première application de cette résolution, au moins de son esprit, en Libye, a mené immédiatement à une violation massive du droit international, y compris de la « responsabilité de protéger ». En effet, même en admettant tout ce qu’a dit l’Otan avant la chute de Tripoli, comment a-t-on pu prétendre protéger des civils en bombardant lourdement encore aujourd’hui les villes qui résistent au CNT ?

Je ne suis pas un fanatique de Nicolas Demorand, employé de Rothschild, directeur de Libération, qui aime à se dénommer « patron de presse ». Mais je constate que sur la proposition de Papandréou d’organiser un référendum sur les mesures d’austérité imposées au peuple grec, le journaliste en survet’ a dit des choses sensées :

De la pire manière, dans le pire contexte, avec les pires conséquences possibles pour nous tous, Papandréou soulève la seule vraie question. Totalement taboue et même refoulée jusque-là. Impossible à formuler tant elle est vertigineuse, terrifiante pour ceux qui nous gouvernent. Cette question simple : que pensent les peuples de la brutale cure d’austérité qui va s’abattre sur eux ? Merci aux Grecs, à l’avant-garde du désespoir, de la poser et d’y répondre en premier. Et de nous rappeler, au passage, que la crise économique sonne toujours le premier acte de l’ébranlement des démocraties. Nous vivons actuellement les effets d’un fédéralisme de la catastrophe, purement négatif. Qui conduit dans l’urgence à mettre sous tutelle certains Etats, dépouillés de leur souveraineté et repris en main par les prêteurs. Gouvernés, de fait, par les dirigeants élus d’autres pays. Dans ce schéma, les peuples ne sont qu’une variable d’ajustement, la démocratie une procédure risquée. En Europe, à l’âge des économies interconnectées et de l’euro, un fédéralisme positif, doté d’outils de contrôle et de gouvernement, conduira lui aussi à des pertes partielles de souveraineté. Mais il devra nécessairement être contrebalancé par des institutions démocratiques sans lesquelles il restera une lettre morte. Ou plus sûrement une bombe à retardement.

Convergences révolutionnaires nous invite à ne pas baisser la garde face à la nouvelle idole des sondages, François Hollande :

Ça y est ! Le PS a enfin son candidat. Non pas que François Hollande soit différent, sur le fond ou même la forme, de sa rivale Martine Aubry, tous les deux d’accord sur le maintien des 41,5 annuités pour les retraites, une réforme contre laquelle tant de travailleurs s’étaient mobilisés il y a un an.

Hollande, comme Sarkozy, dit qu’il ne sera « pas le président qui accroîtra la dette », sous-entendant ainsi qu’il faudra se préparer à l’austérité. Il veut bien, dit-il, que les banques soient passées « sous le contrôle partiel de l’Etat ». Mais que reste-t-il d’un contrôle qui ne se veut déjà que « partiel » ? Et surtout de ce même Etat qui a protégé l’escroquerie en grand des banques et encouragé la spirale de la spéculation financière ! En clair, Hollande (comme Aubry… comme Sarkozy !) promet le renflouement des pertes à la demande des banques, sur le dos des salariés contribuables, des services publics et sociaux. Le voilà le programme du PS. Et quand il s’agit de jouer le sauveteur des banques à coup de milliards, comme pour Dexia ces derniers jours, la dette n’est un problème ni pour l’UMP, ni pour le PS. Pas de quoi effrayer le patronat dans tout cela. Bien au contraire.

Victor Dedaj, dans Le Grand Soir, revient sur la manière dont la dictature du Qatar bichonne (corrompt, peut-être ?) nos élites. Il cite Le Figaro, décembre 2010

« Lundi soir, des dizaines d’invités se pressaient place de l’Étoile, à l’hôtel Landolfo Carcano, siège de l’ambassade du Qatar. Dans les salons en lambris dorés avec mosaïques au sol et fresques de nymphes alanguies, Son Excellence Mohamed al-Kuwari a décoré le dessinateur Jean Plantu et Amirouche Laïdi, président du club Averroes, du prix « Doha capitale culturelle arabe ». Ce soir, l’ambassadeur décorera les poètes André Miquel, Bernard Noël et Adonis. De Jack Lang à Jean Daniel, en passant par Dominique Baudis, Edmonde Charles-Roux, Renaud Donnedieu de Vabres et Anne Roumanoff, un total de 66 personnalités françaises de la culture auront été décorées par le Qatar en 2010. Toutes sont reparties avec un chèque de 10.000 €. »

 

Je voudrais revenir sur le drame vécu ces deux derniers mois par une mère de Saramon qui a accouché dans l’hypermarché Aldi où elle était caissière, avant, apparemment, de se débarrasser de son bébé. La Dépêche du midia longuement rendu compte de ce fait divers difficile à comprendre. Encore une fois, nous sommes vraisemblablement en présence d’un déni de grossesse, le mari, et les collègues de cette personne n’ayant rien remarqué. Depuis plus d’un mois, cette mère est en détention à Agen où il ne lui a pas été accordé la permission d’embrasser ses autres enfants. Je m’interroge également sur l’attitude du directeur du magasin : que n’a-t-il appelé le Samu ou les pompiers dès lors qu’il a su qu’une de ses employés avait accouché sur les lieux de son travail avant d’informer une de ses collègues qu’elle rentrait chez elle se reposer ?

 

Alla settimana prossima !

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 15:51

http://www.luxediteur.com/files/pourchangerlemonde.jpgDans cette livraison de novembre 2011 du Monde Diplomatique, Serge Halimi se demande où est la gauche à l’heure de la tourmente économique (l’article fait partie d’un dossier qui tente de répondre à la question : « Peut-on changer le monde ? ».

« Alors que le capitalisme connaît sa crise la plus sérieuse depuis celle des années 1930, les principaux partis de gauche semblent muets, embarrassés. Au mieux, ils promettent de ravauder le système. Plus souvent, ils cherchent à prouver leur sens des responsabilités en recommandant eux aussi une purge libérale. Combien de temps ce jeu politique verrouillé peut-il durer alors qu’enflent les colères sociales ? »

 

Mona Chollet pourchasse les connivences et leurs conséquences :

« Vous écrivez que vous êtes en voie de guérison, même si la plaie ouverte n’est pas totalement refermée. Comment qualifier la blessure ? » Ces paroles pleines de sollicitude amorçaient l’interview par Pascale Clark de son collègue Ivan Levaï dans l’émission « Comme on nous parle », sur France Inter, le 6 octobre. Le journaliste, vétéran de la radio et toujours responsable de la revue de presse du week-end sur la station publique, signe un livre sur l’affaire Strauss-Kahn sobrement intitulé Chronique d’une exécution (Le Cherche Midi). L’ancien mari d’Anne Sinclair y vole au secours du beau-père de ses enfants accusé de viol, tragiquement confondu avec « je ne sais quel ennemi public » alors qu’il est simplement la « victime [sic] d’un faux pas ».

 

Mark Hertsgaard évoque la « grande muraille verte » d’Afrique :

« Tandis qu’une famine ravage la Corne de l’Afrique, des scientifiques réfléchissent aux équilibres écologiques. Pour combattre la désertification, plusieurs pays ont lancé un projet de « grande muraille verte ». Encore faut-il que les populations soient mobilisées... »

 

 Antoine Dumini et François Ruffin enquêtent dans le temple de l’euro :

« Indépendante des délibérations démocratiques, la Banque centrale européenne devait incarner la stabilité monétaire. Elle a conduit la zone euro au bord de l’éclatement. Pourtant, la crise a renforcé son pouvoir au point que le sort des salariés du Vieux Continent semble parfois se jouer à Francfort. Au premier étage de la Banque centrale européenne (BCE), lors de sa dernière conférence de presse à Francfort, M. Jean-Claude Trichet entonne – en anglais – son couplet sur les « réformes structurelles ». Il le récite par cœur, sans doute : il y a huit ans, déjà, lors de sa première intervention en tant que président de la BCE devant les médias, il plaidait pour des « réformes structurelles sur le marché du travail ». Cette rengaine n’a (presque) rien de personnel. Son prédécesseur, M. Wim Duisenberg, la psalmodiait déjà chaque mois. Et ce dès le lancement de l’euro…

 

Eva Illouz La fabrique de l’âme standard :

« Construire le consensus et apaiser les relations, entreprendre de se connaître, privilégier le dialogue, maîtriser ses émotions : autant de vertus aujourd’hui recommandées dans l’entreprise comme dans la vie privée. Est-ce parce qu’elles incarnent un comportement idéalement adulte, ou parce qu’elles favorisent une meilleure rentabilité de l’individu ? »

 

 

Aux Philippines, David Garcia décrit les ambitions d’un député boxeur :

« Fort de son titre de champion du monde des poids mi-moyens – remis en jeu le 12 novembre à Las Vegas –, le boxeur Manny Pacquiao a tenté une entrée en force dans le monde politique philippin. Mais terrasser la pauvreté – son objectif affiché – s’avère plus difficile que d’envoyer au tapis un adversaire sur un ring. La bourgeoisie a compris l’intérêt de s’allier à ce sportif très populaire. »

 

Louis Imbert dénonce un scandale étouffé à la Kabul Bank :

« Alors que se confirme le retrait progressif des troupes étrangères d’Afghanistan, le président Hamid Karzaï a déclaré que son pays serait « au côté du Pakistan en cas de guerre entre Washington et Islamabad ». Si l’avenir de cet Etat ravagé par les conflits reste incertain, le niveau de corruption à Kaboul dépasse l’entendement et compromet la reconstruction. »

 

Selon Jeff Goodwin, Wall Street est dans la ligne de mire :

« Apparu en 2009, le Tea Party a poussé les républicains à radicaliser leurs positions conservatrices. Le mouvement Occuper Wall Street obligera-t-il le président Barack Obama à abandonner sa complaisance envers la finance ? »

 

Pas de plombiers polonais en Bretagne, mais des bouchers roumains (Mathilde Goanec) :

« Même les prévisions les plus optimistes tablent sur un regain du chômage dans la quasi-totalité des pays européens. La course à l’emploi qui en résulte favorise la mise en concurrence des salariés, le patronat jouant sur les différences de protection sociale. En Bretagne, dans les abattoirs, les bouchers polonais ou roumains ont fait leur apparition. »

 

Samy Ghorbal nous rappelle qu’en 1956 la Tunisie connut sa première assemblée constituante :

« Victorieux de l’élection du 23 octobre 2011, le parti islamiste conservateur souhaite former une coalition avec deux partis de gauche. L’Assemblée élue devra rédiger une nouvelle Constitution. »

 

Un long article de Lucien Sève : “ Sauver le genre humain, pas seulement la planète ” :

« Nos modes de consommation seraient-ils plus faciles à remettre en cause que nos modes de production ? Si nul n’ignore plus l’ampleur de la crise environnementale qu’affronte l’humanité, la crise de civilisation dont elle s’accompagne reste, elle, peu identifiée. On ne sortira pourtant de l’impuissance qu’à condition de la diagnostiquer clairement et d’en mesurer toute la gravité. »

 

 

Pour Any Bourrier, la Chine est malade de son charbon :

« Millénaires, les liens qui unissent la Chine et le charbon constituent, à l’orée du XXIe siècle, un piège pour la modernisation du pays. La catastrophe écologique annoncée en raison des émissions de gaz à effet de serre et les drames sociaux liés à l’extraction du minerai conduisent le gouvernement à miser sur une modernisation et une diversification des sources d’énergie. »

 

Comment basculent les empires, demande Philip S. Golub ?

« Pour une fois d’accord, le Congrès américain et la Maison Blanche envisagent de prendre contre la Chine des mesures susceptibles d’enclencher une guerre commerciale. Au-delà des griefs conjoncturels de Washington, les Etats-Unis acceptent mal que leur toute-puissance soit contestée. En particulier par une région du monde qui constitua le pré carré des puissances occidentales. »

 

Stephan Ferry et Philippe Lespinasse  évoquent les soldats oubliés du Courneau :

« Engagés involontaires dans la fabrication du grand récit national, certains morts sont célébrés sur les monuments ; d’autres pèsent par leur absence et le silence qui les entoure. Sous une butte de sable en Gironde, neuf cent trente-six combattants africains gisent ainsi dans l’anonymat. »

 

Enfin, un superbe article de Frédéric Kaplan sur capitalisme et linguistique, ou comment Google amasse des milliards de dollars en piégeant les mots :

Le succès de Google tient en deux algorithmes : l’un, qui permet de trouver des pages répondant à certains mots, l’a rendu populaire ; l’autre, qui affecte à ces mots une valeur marchande, l’a rendu riche. La première de ces méthodes de calcul, élaborée par MM. Larry Page et Sergey Brin alors qu’ils étaient encore étudiants en thèse à l’université Stanford (Californie), consistait en une nouvelle définition de la pertinence d’une page Web en réponse à une requête donnée. En 1998, les moteurs de recherche étaient certes déjà capables de répertorier les pages contenant le ou les mots demandés. Mais le classement se faisait souvent de façon naïve, en comptabilisant le nombre d’occurrences de l’expression cherchée. Au fur et à mesure que la Toile s’étendait, les résultats proposés aux internautes étaient de plus en plus confus. Les fondateurs de Google proposèrent de calculer la pertinence de chaque page à partir du nombre de liens hypertextes pointant vers elle – un principe inspiré de celui qui assure depuis longtemps la reconnaissance des articles académiques. Plus le Web grandissait, plus l’algorithme de MM. Page et Brin affinait la précision de ses classements. Cette intuition fondamentale permit à Google de devenir, dès le début des années 2000, la première porte d’entrée du Net.

 

PS : Le Diplo nous offre également quelques citations concernant la gauche vue de droite. Deux d'entre elles :

Le point le plus vulnérable de la gauche – le plus fondamental – c'est qu'elle n'est pas de gauche ! Ce constat critique, secrètement partagé par de nombreux électeurs et sympathisants de gauche, exacerbe et désoriente la majorité socialiste en place. Seule la vérité fait mal. La gauche gouvernementale a mauvaise conscience. Elle sait pertinemment que sa gestion économique est sous la coupe de l'économie de marché et du capitalisme globalisé ; elle sait pertinemment qu'elle est dans l'incapacité d'offrir une alternative sérieuse. […] Plus le nombre des privatisations augmente (France Tlélécom, Crédit Lyonnais, Thomson, CIC, GAN, Aérospatiale, Air France ...) plus la bourse grimpe (près de 100% en trois ans, plus les champs de la concurrence s'élargissent (télécommunications, énergie, secteur bancaire, assurances) plus on nous explique que tout cela s'inscrit dans une dimension socialiste et humaniste. (François Fillon, 2000).


La social-démocratie, c'est l'acceptation du libéralisme échevelé avec, pour faire bonne mesure, quelques mots de regrets. (Philippe Séguin, 2004).

 

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 07:24

http://rhapsody2000.free.fr/images/wallpapers/8000/i_8649_1.jpgDu 17 novembre au 2 décembre, l'Institut régional d'histoire sociale de la région Midi-Pyrénées organise une superbe rencontre sur le thème travail et cinéma avec des conférences/débats et des films de Marcel Trillat, Louis Malle, Ruth Mader, Gilles Perret, Stéphane Goel etc.

 

Un film censuré pendant 32 ans par les distributeurs sera également montré : Les copains du dimanche d'Henri Aisner.

 

Tourné en 1956, ce film n'avait pourtant rien de confidentiel. Il rassemblait une pléiade d'acteurs célèbres ou en voie de confirmation : Paul Frankeur, Raymond Bussières, Annette Poivre, Marc Cassot, Michel Piccoli, Bernard Fresson. La musique et l'orchestration étaient assurées par deux artistes de renom : Philippe-Gérard et Wal-Berg. Dans le rôle principal et pour son premier film, la plus grande vedette du cinéma français des années à venir : Jean-Paul Belmondo.

 

Belle ironie de l'histoire : c'est la CGT qui offrit à Belmondo sa première chance dans un film commandé à la Coopérative générale du cinéma. Or l'acteur ne venait pas d'une famille spécialement de gauche. Son père, le grand sculpteur Paul Belmondo, fut, en novembre 1941, du "voyage d'études" organisé par Arno Breker et Otto Abetz pour les peintres et sculpteurs français ayant accepté ce dépaysement. Accompagnaient Belmondo : Charles Despiau, Paul Landowski, André Dunoyer de Segonzac, Van Dongen, de Vlaminck, Derain etc. À la libération, Belmondo fut jugé par le tribunal d'épuration des artistes et fut interdit de ventes et d'expositions pendant un an.

 

Pourquoi Les Copains du dimanche fut-il censuré pendant plusieurs dizaines d'années ? Pour des raisons multiples et variées, aussi stupides les unes que les autres, comme toujours. Mais aussi parce que c'était non seulement un film de gauche, mais surtout un film dont le point de vue était celui de la classe ouvrière véhiculant les valeurs de la classe ouvrière. Il relatait l'histoire de jeunes travailleurs d'une usine d'aviation rêvant de posséder un avion pour pouvoir voler. Pour réunir l'argent nécessaire à leur projet, ils ne joueraient pas au loto, ils ne braqueraient pas une banque mais réaliseraient leur rêve grâce à la solidarité et au comité d'entreprise. Galvanisés par un simple ouvrier fraiseur, ils parviendraient à restaurer un vieux coucou et à voler.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 07:04

http://www.letour.fr/PHOTOS/TDF/2008/1000/D/fr/_TDF_2008_DEP1000.jpgJean Ortiz, qui enseigne à l'université de Pau, nous communique la grave information suivante :


Le président de l'Université de Pau officialise dans la presse de ce  jour ce que nous savions tous: elle ne pourra pas boucler son budget  2011: il manque deux millions d'euros pour terminer l'année et il  manquera plus encore sans doute en 2012.

 

Voilà où nous ont mené la LRU, les RCE, l'autonomie, la concurrence, la  politique des "pôles d'excellence".

 

La situation est grave...Les autorités parlent de geler une dizaine des  postes, mais cela "sera insuffisant". Cette auto-mutilation  est inacceptable. Le président est en colère, à juste titre. Il dénonce  l'Etat qui ne tient pas ses engagements, les transferts de charges sans moyens correspondants. Il est même "furieux".

 

Au ministère, comble du  cynisme, on l'accuse de "mauvaise gestion". Le président parle de  "climat tendu", de difficulté à envisager 2012...La sonnette d'alarme  est tirée. A nous de jouer !! L'université de Pau est menacée. Nous le  disons depuis des années. L'heure est à la colère et à l'action. Tous  ensemble! Exigeons les moyens nécessaires au Service public d'enseignement supérieur et de recherche.

 

Petite question naïve : le président de l'université de Pau a-t-il accepté ou combattu la LRU?

 

 








Partager cet article
Repost0
28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 15:28
Partisan d'une langue bien conçue et énoncée clairement, Théophraste R. (du Grand Soir) revient sur le français déplorable de Notre Président. Un président qui vient de déclarer qu'il voulait "protéger les Français contre les méfaits de la crise". Quant à la protection du français, il s'est juré, in petto, de s'y consacrer durant son second quinquennat.




N. Sarkozy a commis jeudi à la télé cette phrase qui fit pleurer J. D’Ormesson : « En France, ceux qui réclament plus ne sont pas ceux qui en ont besoin le plus »

 

Exercices de style  :

 

- En France, ceux qui crient famine, ont l’grenier plein d’farine.

- S’il y en a qu’ça les démange de tout vouloir, j’ai pas été élu pour oublier ceux qui en ont b’zoin l’plus.

- En France, qui veut l’plus peut l’plus, qui veut l’moins travaille 35 heures.

- Les pauvres, tu leur donnes ça, eh bien, y l’prennent.

- Les riches, tu leur piques un centime, ils filent à l’étranger, on s’demande « c’est à quoi ça leur a servi » d’les éduquer ici.

- Laurence Parisot réclame rien : j’lui ai donné avant.

- En France, (saloperie d’épaule qui tressaute. Casse-toi, pauv’ conne) plus réclament ceux qui pas besoin, moins contente Angela Merkel.


Théophraste R. ( Syndicaliste un jour, Grévisse toujours !)*.

PS. En vrac pour saupoudrer : « Ch’ais pas", "ch’uis", "m’enfin", y a ».

 

* ou peut-être : syndicalisse un jour, Gréviste toujours...

 

Lors de son numéro face à Calvi et Pernaut, Sarkozy, en bon pédago-proche-du-populo, a fait allusion au feuilleton Borgia, actuellement programmé par Canal+. Il a situé les événements au XVIème siècle alors que le pape éponyme fut couronné au XVème. Ni Mitterrand, ni même Chirac n'auraient commis cetre bourde.

Partager cet article
Repost0
26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 06:00

http://www.tdg.ch/files/imagecache/468x312/story/mendiant_0.jpgToujours dans le cadre de la tiers-mondisation de l'université française et des conséquences directes de la LRU, La Tribune nous informe que nos universités tendent la sébille et réclament 15 millions d'euros : 

 


Les présidents d'universités s'alarment d'un gel de leurs crédits malgré les hausses affichées par le gouvernement. Ce coup d'arrêt des budgets 2011 et 2012 risque de remettre en cause les réformes en cours, selon eux.


La séance plénière que va tenir ce jeudi la conférence des présidents d'université (CPU) s'annonce tendue. A moins que le gouvernement n'accède d'ici là à leur demande pour désamorcer tout risque de crise avant la présidentielle et ne pas entacher les réformes phares du quinquennat Sarkozy. Alors que le gouvernement ne cesse à chaque budget de mettre en avant les 9 milliards d'euros supplémentaires pour l'enseignement supérieur et la recherche promis par le chef de l'Etat en 2007, soit 1,8 milliard par an, depuis 2011, le compte n'y est pas, dénoncent les universités, confrontées à des transferts de charge lourds et mal anticipés en raison notamment du passage à l'autonomie (loi LRU d'août 2007). "Pour 2008,2009 et 2010, le gouvernement a accompagné financièrement cette réforme [...]. Le budget 2011 et, davantage encore, le budget 2012, dans son état actuel, en dehors du financement du 10e mois de bourse, marquent un coup d'arrêt de cette progression", a alerté la CPU dans un communiqué la semaine dernière.


Selon le SNTRS-CGT, en euros constants, les 256 millions d'euros d'augmentation des crédits de paiement prévus dans le budget 2012 correspondent, en euros constants, "à une baisse d'environ 1%". Pour la CPU, "les moyens de fonctionnement des universités sont en stagnation, voire en diminution compte tenu des gels de crédits imposés aux établissements". Résultat, "ces crédits ne couvriront ni l'inflation, ni l'augmentation de certaines charges incontournables" liées au passage à l'autonomie (contrôle de gestion, systèmes d'information...).


Pyramide des âges défavorable

La plus lourde d'entre elle est la masse salariale et plus précisément le financement du "glissement vieillesse technicité" (GVT). En fonction de leur pyramide des âges, certaines universités ont un GVT positif (les rémunérations progressent en fonction des avancements de carrière) qui pèse sur leurs comptes ; d'autres bénéficient d'un GVT dit "négatif" (les fonctionnaires qui partent à la retraite sont remplacés par des plus jeunes en bas de grille donc moins payés), plus favorable. "Nous n'avons pas la maîtrise de l'évolution statutaire de nos fonctionnaires !", pointe-t-on à la CPU. Quand elle était aux commandes de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse avait évoqué une "solidarité" entre universités. Mais cela est difficile à mettre en place, toutes les universités n'y étant pas prête. Quant au rattrapage prévu en matière de postes et de budget en faveur des universités "sous dotées" lors de la mise en place du système de financement à la performance, il n'a eu lieu qu'une année et "est bloqué". Bref, il manque 15 à 20 millions d'euros, selon la CPU. Aujourd'hui au budget, Valérie Pécresse argue que les universités disposent d'un fonds de roulement de 1,5 milliard d'euros, mais les recteurs ne souhaitent pas voir les universités puiser dans cette marge de sécurité qui équivaut à un voire deux mois de salaire.


Gels de poste

En attendant, "il n'y a pas de création de postes et certaines universités procèdent à des gels d'emploi préventifs voire licencient des contractuels", constate Stéphane Tassel, secrétaire général du Snesup-FSU qui dénonce un budget "mensonger" et craint à terme une "débudgétisation" de l'enseignement supérieur et de la recherche via un recours croissant à la sphère privée. La CPU confirme ses gels de postes et estime que tant le maintien des emplois et les réformes en cours (autonomie, nouvelle licence) sont grevés par cette situation. Celle-ci risque de peser lors des élections des présidents prévues d'ici au printemps 2012.


Dans l'entourage de Laurent Wauquiez, on promet une annonce dans les prochains jours. Le ministre de l'Enseignement supérieur en dira peut-être plus ce mardi lors de son audition par la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale, dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2012. Les crédits de a mission enseignement supérieur et recherche doivent être examinés par la commission des finances mercredi.


Clarisse Jay 

 

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 06:17

RevuedepresseÉvariste, dans Res Publica, tire les leçons de la percée de Montebourg aux primaires :

La troisième place de Montebourg aux primaires socialistes (avec plus de 400.000 voix portées sur son nom) lui permet de s’installer à la gauche du Parti socialiste, alors que le courant Hamon-Emmanuelli (situé anciennement à la gauche du PS) s’est fondu derrière Martine Aubry. Le courant Hamon-Emmanuelli a fait la même erreur stratégique que Chevènement et Motchane quand ceux-ci ont décidé au milieu des années 70 après la Convention sur l’autogestion de ne plus se situer à la gauche du PS mais dans « l’axe du parti » en soutenant François Mitterrand contre Michel Rocard. Cette erreur a été payée au prix fort, car le CERES est passé dans le PS de 26,9 % à cette convention à 14 % quelques années plus tard en 1979.

Dans Le Grand Soir, Robert Bibeau raille la petite bourgeoisie intellectuelle :

La petite bourgeoisie intellectuelle a un rôle très précis à jouer dans le processus de reproduction du mode de production et de toute la société en général. Cette bourgeoisie est une section de classe chancelante, hésitante, toujours menacée de paupérisation, toujours effrayée à l’idée de perdre les privilèges qui lui ont été accordés à même l’usufruit de la grande bourgeoisie. La petite bourgeoisie aimerait tant faire partie des grands, des puissants, de la nomenklatura performante et de la grande bourgeoisie agissante, mais elle est rarement conviée à la table des festivités, sauf pour faire de la figuration en remerciement des services rendus aux capitaines d’industrie. Et en récompense elle reçoit studio dans la cité, grosse cylindrée, vêtement griffé, emploi bien payé – assurance collective et régime de retraite assuré – jusqu’à la crise économique malheureusement –. En cas de crise, la petite bourgeoisie entonne alors son cantique préféré : « Père bourgeois, éloignez de moi ce calice de souffrance que je ne saurais boire », auquel cas le banquier, qui assure sa « crédibilité », répond : « Voici mes fils et mes filles en qui j’ai mis toute mes complaisances, écoutez-les vous embobiner, peuple désespéré. ».

 

Le Petit Bleu du Lot-et-Garonne nous informe que la rando des tracteurs de Monclar d'Agenais a connu une belle réussite : « 21 tracteurs, du Lanz aux Mac-Cormick, Bolinder, Massey-Fergusson, Fendt… ils se sont alignés tout rutilants au départ, encadrés par les quadeurs bénévoles Gérard et Luc qui ont ainsi ouvert et fermé le défilé parti pour une randonnée de 12 à 14 km passant par Montastruc, Saint-Pierre-de-Caubel, Beaugas, Saint-Pastour, deux heures et demie de voyage dans notre si belle campagne monclaraise ! Une belle réussite ! »

Maxime, vous brûlez de me demander pourquoi je cite ce Petit Bleu. Parce que Monclar d’Agenais était le village de mes grands-parents et que j’y ai passé une bonne partie de mon enfance. Et puis parce que les randos de tracteurs, que vous le vouliez ou non, c’est sociologique.

 

Pauvre Edgar Mitchell pleuré par la presse mondiale dans son ensemble) !

 

Il a marché sur la lune il y a quarante ans et a ramené de son voyage héroïque une caméra qu'il aurait dû abandonner sur notre satellite. En bon cupide aliéné par le système capitaliste, il a bêtement tenté de vendre cet objet aux enchères pour 45000 dollars.

 

La justice le poursuit.

 

Pour DSK (Banon) : prescription. Pour Mitchell : pas prescription. Et vive la justice étatsunienne !

 

L'exercice est un peu vain, mais si je devais qualifier d'un mot Télérama, je dirais qu'il s'agit d'une publication intelligente.

Chacun connaît dans son entourage des lecteurs fidèles de Télérama qui n'ont pas la télévision et qui, donc, le lisent pour son contenu culturel.

À hebdomadaire intelligent, lecteurs intelligents (moi non plus, comme disait Gainsbourg). Je me délecte régulièrement du contenu du courrier des lecteurs, des lettres courtes et cinglantes en particulier. De merveilleux condensés de persiflage et d'esprit à l'état pur.

Dans le n° 3322, j'ai relevé ceci :

 

Enfin un exemple d'intégration réussie ! Sur France Inter, vers 10 heures, le nouveau prix Nobel de médecine était luxembourgeois; à 11 heures, il était franco-luxembourgeois ; à 14 heures, il était français... (Alain).

Et le n° 1, le numéro 1 de la PJ lyonnaise ? C'est qui ? On n'en sait rien. Il est peut-être … aveugle ? Sourd ? Muet ? Sûrement. En tout cas in,visible. C'est incroyable, mais vrai. Nina Schmidt.

Drôle de monde où l'on "gère" les enfants et où l'on "rassure" les marchés... (B. Mériaux).

 

 

An der nächsten Woche, comme on dit outre-Rhin.

 

 

Partager cet article
Repost0