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28 mai 2018 1 28 /05 /mai /2018 05:33

 

 

Dans Mémoire des Luttes, Immanuel Wallenstein se souvient de son Mai 68 à l’université Columbia : « L’une des plus remarquables leçons de Columbia, c’est la très grande spontanéité qui a caractérisé le soulèvement. Nous savons maintenant que peu de temps avant le début des événements, les dirigeants de l’organisation des Étudiants pour une société démocratique avaient le sentiment qu’il était pratiquement impossible d’amener des étudiants non seulement à soutenir leurs objectifs mais à se mobiliser pour les défendre. Ce qui se jouait, c’était la fin de la domination géoculturelle du libéralisme centriste et la réouverture d’une lutte idéologique à trois voies entre la gauche globale, la droite globale, et le libéralisme centriste qui s’efforçait de conserver une certaine assise comme alternative réelle. »

 

 

Sylvie Larue, dans le site Cerises, dénonce les avancées réactionnaires de La Poste : « À la recherche de tous les gisements possibles de productivité et de rentabilité, la direction de la Poste veut modifier en profondeur le métier de facteur et le service postal de proximité. Il s’agit de déposséder les facteurs de la maîtrise de leur tournée, les couper de leurs collègues en supprimant des temps de travail en équipe, en finir avec les tournées quotidiennes dans tous les quartiers, poursuivre le recours aux CDD et augmenter le nombre de salariés précaires, augmenter la charge de travail en sortant les temps de pause du temps de travail. 

En refusant la tournée “ sacoche ”, les facteurs refusent une nouvelle fragmentation de leur travail. Cette organisation rompt l’unité de la tournée en séparant le tri de la distribution, elle interdit un ensemble d’opérations cognitives permettant d’anticiper quotidiennement sur sa tournée pour la rationaliser. Elle oblige à des tournées plus longues, des sacoches plus lourdes, une exposition plus longue au froid et au soleil. »

 

 

Evariste, dans Res Publica souhaite et croit à la convergence des luttes : « Et puis tout d’un coup, des médiations ont permis un accord de la Confédération CGT d’une part et des organisations politiques dont la plus importante, la FI,  pour une convergence le 26 mai, enfin !Sans doute cette convergence arrive un peu tard mais c’est mieux que rien et peut augurer sans doute un avenir moins divisé pour le camp qui dit lutter contre le capital.

 

 

Le Grand Soir s’intéresse à la peine de mort en Arabie saoudite : « L’Arabie saoudite a procédé à près de 600 exécutions depuis le début de 2014, selon Human Rights Watch. Alors que le royaume a ratifié la Charte arabe des droits humains, qui exige que la peine de mort ne soit utilisée que pour les “ crimes les plus graves ” et dans des circonstances exceptionnelles, l’Arabie saoudite applique la peine de mort à un certain nombre d’infractions, dont des infractions non violentes liées à la drogue et à la sorcellerie.

« C’est déjà assez grave que l’Arabie saoudite exécute tant de personnes, mais beaucoup d’entre elles n’ont pas commis de crimes violents », a déclaré Mme Whitson dans un rapport d’avril sur 48 personnes exécutées depuis janvier. La moitié des personnes exécutées ont été accusées d’infractions non violentes liées aux drogues.

Selon le groupe Reprieve, le taux d’exécution en Arabie saoudite a doublé depuis que Mohammed ben Salman a été nommé prince héritier en 2017. Le groupe a déclaré en mars que 133 exécutions ont eu lieu au cours des huit mois qui se sont écoulés depuis sa nomination en juin dernier, contre 67 au cours des huit mois précédents. Il a déclaré que plusieurs des condamnés à mort en Arabie saoudite ont été condamnés pour des crimes commis alors qu’ils étaient encore des enfants. »

 

 

 

Revue de presse (244)
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21 mai 2018 1 21 /05 /mai /2018 05:33

 

 

Communiste Hebdotire le bilan de Mai 68 : « Les événements de Mai 1968 nous rappellent que seuls des mouvements sociaux de grande ampleur sont susceptibles de faire reculer, au moins provisoirement, le patronat et le pouvoir politique à son service. Ce sont bien les luttes, que l’on appelle aujourd’hui, convergentes, unies et déterminées de larges fractions du salariat conduite par une organisation syndicale de classe qui sont en mesure d’imposer ces reculs. Ils nous indiquent aussi que sans une bataille de classe politique indiquant le chemin de la prise du pouvoir par la classe ouvrière  et les travailleurs, toutes les manœuvres sont possibles pour détourner de cet objectif et imposer une alternance sans risque pour le grand capital. Car c’est bien la question du pouvoir politique qui est posée. »

 

 

Selon L’Humanité : « Pour la seconde fois en deux mois, au Sénat comme à l’Assemblée nationale, le gouvernement a utilisé un artifice de procédure pour s’opposer au relèvement des retraites paysannes à hauteur de 85% du SMIC contenu dans une proposition de loi des parlementaires communistes. Mais en séance publique, le gouvernement a demandé un « vote bloqué » sur l’ensemble d’un texte modifié par son amendement numéro 3 en application de l’article 44 alinéa 3 de la Constitution en vertu duquel « si le gouvernement le demande, l’Assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le gouvernement ». Voilà qui mérite d’être connu dans nos campagnes quelques mois après la baisse des pensions imposée à l’immense majorité des retraités par ce gouvernement via la hausse du prélèvement de 1,7% de la CSG sur les pensions brutes. Avec cette hausse on leur fait financer l’UNEDIC alors que les retraités ne sont plus indemnisables au titre du chômage ! »

 

 

Le site Anti-K nous explique qu’à Nancy une loi anti-terroristes a été utilisée contre le mouvement étudiants : « Un étudiant est poursuivi pour n’avoir pas donné le code PIN de son téléphone portable pendant sa garde à vue faisant suite à l’intervention de la police sur le campus le 3 mai. Il est accusé du refus de donner la clef d’un système de chiffrement ayant pu servir à la commission d’un délit. Une infraction inscrite dans la loi sur la sécurité quotidienne votée en France au lendemain des attentats du World Trade Center en 2001.L’acceptation de mesures potentiellement attentatoires aux libertés pour lutter contre le terrorisme est quasiment unanime au sein de la population. L’idée selon laquelle ces mesures ne concernent que les individus préparant des attentats l’est tout autant. Pourtant, c’est bien une disposition provenant d’une loi antiterroriste qui est utilisée aujourd’hui contre un étudiant mobilisé contre la réforme de l’enseignement supérieur.

 

 

Annie Lahmer, conseillère écologiste d’Île-de-France, s’exprime sur les enfants violés dans la revue Regards.fr : « Demander à des enfants de moins de 15 ans de témoigner, de raconter un viol, de prouver que c’est un viol, ce n’est pas possible. Déjà nous, en tant que femmes, on a du mal à aller témoigner, et là on va demander à des enfants de le faire ? C’est complètement aberrant. C’est surtout pour qu’il y ait moins de procès aux assises. »

 

 

Enfin, j’avoue que mon cœur saigne quand l’amour passe et repasse. Paris Matchnous confie que « On les pensait fâchés… Et pourtant ! Entre Igor Bogdanovet Julie Jardon, tout semble aller pour le mieux. Ils étaient récemment sur le tapis rouge du Festival de Cannes. Contre toute attente, malgré leurs différends judiciaires et les 44 ans qui les séparent, les deux tourtereaux sont apparus sur le tapis rouge plus amoureux que jamais. Après une rupture douloureuse, Igor tenta de s’introduire dans l’appartement de Julie qui porta plainte pour violation de domicile. Depuis, difficile de savoir où en est leur romance. Si la jeune femme s’est affichée rapidement au bras d’un nouvel homme, elle a cependant été photographiée en janvier dernier en compagnie d’Igor. Et cette nouvelle apparition médiatique au Festival de Cannes sème davantage le doute : les deux amoureux passionnels auraient-ils décidé de se laisser une dernière chance ? »

 

 

Revue de presse (244)
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17 mai 2018 4 17 /05 /mai /2018 05:30
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14 mai 2018 1 14 /05 /mai /2018 05:30

 

Pour Anna Feigenbaum (Le Monde Diplomatique), depuis la Grande Guerre, les gaz lacrymogènes, ces “ larmes en or ” présentées comme inoffensives, sont devenues une arme universelle de la répression : « Comme les manifestants français – ceux de Mai 68, mais aussi ceux qui se mobilisent pour  Notre-Dame-des-Landes ou contre la sélection universitaire à Nanterre, les protestataires du monde entier font une expérience commune : l’inhalation de gaz lacrymogène.  »

Pour L’Obs, le roi du Maroc Mohammed VI est enfin légitimé car le grand hebdomadaire de gauche et de référence en a fait un pipeul : « Maroc : Mohammed VI, ses amours, ses emmerdes... Divorce, vacance du pouvoir, santé… Mohammed VI est au centre de rumeurs et de critiques déstabilisatrices. Entre politique du silence, dissimulation et manipulation, le palais brouille les cartes. »

 

 

 

Revue de presse (243)

 

Après cela, Le Grand Soir peut toujours nous parler longuement, sous la plume de Patrice Aubert, de la SNCF et du TGV en tant que modèle économique et idéologique : « Si, au début de l’introduction du TGV, la SNCF ciblait le transport des voyageurs, rapidement avec le développement du concept de mondialisation et de la logique de flux qu’il sous tend, et des « mobilités » qu’imposent ce modèle, le TGV se fit rapidement « outil de la mobilité du business » au service des métropoles. Le rôle des TGV ne fut plus de répondre aux besoins de déplacement des « usagers », mais de répondre aux besoins du business des centres de commandement de la mondialisation, dénommés Métropoles. Il fallait transporter le plus rapidement possible vers Paris, Métropole mondiale, les managers des métropoles mondialisées secondaires (Lyon, Marseille, Nice, Bordeaux, Lille), expliquant le développement des lignes TGV. »

 

Le site Anti-K évoque une action très originale menée par des femmes en Argentine : « Après qu’une lycéenne de Buenos Aires a été sanctionnée pour ne pas avoir porté de soutien-gorge, des milliers de jeunes filles du pays ont rejoint les luttes pour les droits des femmes. On surnomme cette lutte « l’affaire du soutien-gorge ». Une dénomination qui pourrait prêter à sourire, si l’anecdote n’illustrait un profond bouleversement chez les jeunes filles argentines. Lundi 23 avril, Bianca, lycéenne de 16 ans, s’est vue sanctionnée car elle ne portait pas de soutien-gorge sous sa robe longue : d’abord invitée à se couvrir de sa veste par la directrice croisée dans un couloir, puis renvoyée se rhabiller chez elle. « Il y a encore quelques années, personne n’aurait rien fait contre cette décision machiste, signale Gianina, lycéenne de Reconquista. Mais là : organisation, réaction, action ! On ne se laisse plus faire ! » Le lycée a été tapissé de panneaux aux messages de soutien féministes, et un grand « lâcher de soutiens-gorge » a été prévu deux jours plus tard devant le ministère de l’Education en protestation.

 

 

 

Sur le site Regards, Philippe Golub est inquiet pour l’Europe depuis la décision de Trump de dénoncer l’accord avec Téhéran : « L’Europe va se retrouver dans une situation extrêmement difficile puisque les États-Unis vont bientôt réimposer des sanctions extraterritoriales sur toutes les entreprises ou instituions financières qui ont réinvesti l’Iran.

Toutes ces entreprises vont être assujetties aux lois extraterritoriales américaines et se verront imposer des pénalités lourdes si elles ne respectent pas les termes de la loi américaine et l’embargo américain. Or, le marché américain est de la plus haute importance pour toutes les entreprises internationales ou transnationales du monde, celles de l’Europe aussi, bien entendu. En l’absence d’une politique européenne commune hardie, ces entreprises n’auront d’autre choix que de se plier aux sanctions américaines, au diktat américain.

C’est ce qu’on appelle, en matière de relations internationales, le pouvoir structurel des Etats-Unis : leur position structurelle dans le système économique mondial leur permet d’imposer leurs préférences aux autres acteurs et de contraindre leurs choix. Les Européens n’ont pas, pour l’heure, les moyens de répliquer efficacement aux lois extraterritoriales américaines.

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12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 08:22

Et même de la culture populaire !!!

Comment, mais c'est de l'art !
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12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 05:24

 

Le cinéaste Roman Polanski vient d’être expulsé de l’Académie des Oscars.

 

Il y a 41 ans, Polanski a eu une relation sexuelle très ambiguë avec Samantha, une ado de 13 ans qui avait accepté, encouragée par sa mère, de se laisser photographier par lui dans la villa de Jack Nicholson. Ayant ingéré de l’alcool et un puissant sédatif, l’enfant était dans un état de grande confusion : elle déclara plus tard avoir « laissé faire » Polanski, pouvoir « à peine se souvenir de ce qui était arrivé », étant « dans une sorte de brouillard ». Dans son autobiographie, elle écrivit ceci : « Il me demande si j’éprouve du plaisir, c’est le cas. Et ça, c’est déjà assez horrible en soi. Mon esprit se débat mais mon corps me trahit ».

 

Polanski reconnut sa responsabilité morale et légale dans ce qui était rien moins qu'une agression sexuelle caractérisée. La jeune adolescente accepta ses excuses et s’exprima au tribunal en sa faveur.

 

Comme c’est souvent le cas aux États-Unis, sans que ce soit pour autant une garantie de bonne et saine justice, Polanski et la famille de la victime transigèrent. La famille de Samantha (qui ne voulait pas de procès public pour ne pas exposer l’enfant) accepta l’abandon des accusations les plus graves – Polanski était inculpé pour six chefs : avoir fourni une substance prohibée à une mineure, s'être livré à des actes licencieux et de débauche, s'être rendu coupable de relations sexuelles illicites, de perversion, de sodomie et de viol – et une condamnation sans procès. Quelques mois plus tard, Polanski changea de stratégie en plaidant coupable de rapports sexuels illégaux avec un enfant mineur, les autres charges étant abandonnées à la suite de la négociation.

 

Le juge Rittenband condamna Polanski à 90 jours de prison et à une « évaluation diagnostique ». Il accorda au réalisateur un sursis afin qu'il puisse terminer en Europe et en Polynésie la préparation d'une nouvelle version du film The Hurricane de John Ford. Polanski fut emprisonné dans l’établissement pénitentiaire de Chino où il passa 42 jours avant d’être libéré pour bonne conduite.

 

Le lendemain de sa sortie de prison, le juge Rittenband, sensible à son avenir politique, déclara qu’il allait condamner le réalisateur à une peine à « durée indéterminée ». Selon le droit du pays, cette prolongation pouvait durer 50 ans. Polanski quitta les États-Unis pour l’Europe.

 

Des autorités étasuniennes ouvrent alors un dossier d’extradition à l’encontre du cinéaste. La France, qui, généralement, refuse l’extradition de ses propres citoyens (Polanski est français), fait savoir que le cinéaste ne sera pas renvoyé aux Etats-Unis. L'accusation, le procureur et la défense dénoncent l'attitude du juge qui est déchargé du dossier en février 1978 pour « irrégularités ».

 

L'affaire est confiée au juge Paul Breckinridge qui refuse de juger Polanski par contumace. 

 

En 1988, Polanski épouse Emmanuelle Seigner, dont il aura deux enfants.

 

En février 2003, alors que le réalisateur est nommé pour l’Oscar du meilleur réalisateur pour son film Le Pianiste (oscar qui lui sera attribué), Samantha prend publiquement sa défense et déclare que leur affaire ne doit pas entrer en considération pour juger son travail..Elle défend également la décision du réalisateur d'avoir fui les États-Unis et réitère son souhait qu'il soit mis fin aux poursuites, répétant, une fois de plus, qu’elle a pardonné. Elle est en correspondance avec Polanski depuis 2009.

 

En état de droit démocratique, que dire de cette affaire, sinon qu’elle est classée et archi classée ?

 

Entre 2010 et 2017, dix femmes (dont une enfant de 9 ans au moment des faits présumés) vont porter contre Polanski des accusations de viol. Aucune de ses plaintes ne débouchera sur une inculpation.

 

L’Académie des Oscars, qui a couronné Polanski en son temps, et qui n’a jamais bougé un petit doigt contre les agressions sexuelles du temps de la splendeur du producteur Harvey Weinstein, a donc décidé, quarante ans après des faits incontestables mais jugés, d’exclure Polanski. Par une lettre non signée. Sans respecter ses propres statuts, ou encore le Code californien des entreprises. Siégeaient au sein de l'Académie, entre autres, Steven Spielberg et Tom Hanks. Samantha a estimé que la décision de l'Académie était « une mesure laide et cruelle qui sert les apparences ».

 

L’un des mythes fondateurs des Etats-Unis est l’épisode des sorcières de Salem : en 1692, 25 personnes furent exécutées pour sorcellerie, dont un homme de 80 ans qui mourut après trois jours d’atroces souffrances, écrasé par de lourdes pierres posées sur lui.

 

J’ai eu récemment connaissance d’une tentative de mini procès de Salem au sein de l’université française. Dans un établissement que je connais indirectement, un enseignant a été condamné par le conseil de discipline à une suspension d’un an sans traitement pour avoir harcelé verbalement plusieurs doctorantes et pour avoir eu, à leur encontre, des gestes déplacés. Pas de viol, pas de tentative de viol, pas d'attouchements directs. Dans l’université française, lorsqu’un jugement est rendu par un conseil de discipline, les composantes sont informées des faits, mais sans que le nom du condamné soit rendu public. Les cas les plus fréquents concernent des étudiants ayant fraudé aux examens. Dans l’affaire que j’évoque ici, l’enseignant nie ce qui lui est reproché et a fait appel. Il est donc considéré comme potentiellement innocent, malgré sa suspension sans solde.

 

Une enseignante étasunienne en poste dans cette université vient de demander à ce que le nom du condamné soit rendu public. De très nombreuses personnes connaissent l’identité de l'enseignant incriminé. Mais cela ne suffit pas pour la puritaine de service : il faut afficher, stigmatiser. Si l’on suivait cette Fouquier-Tinville qui remplace la loi par un prurit moral, on aurait alors la quasi certitude que la carrière de l’accusé serait terminée, même si, en appel, son innocence était reconnue.

 

 

 

 

 

Pour Roman Polanski, contre les juges de Salem
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11 mai 2018 5 11 /05 /mai /2018 05:28

Ci-dessous une réflexion de David Roche, professeur d'Études cinématographiques l'université Jean-Jaurès de Toulouse

 

« Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia,

parce qu'en ce jour il se reposa de toute son œuvre

qu'il avait créée en la faisant ».

La Genèse

 

 

On commence à évoquer le caractère anxiogène de Parcoursup pour les étudiants. APB avait laissé 117.000 jeunes dans l’incertitude au mois de juin 2017, combien de candidats seront « en attente » au soir du 22 mai 2018 ? On évoque le chiffre de 100.000, peut-être beaucoup plus à lire la Cour des comptes.

 

Cela n’a pas l’air d’émouvoir les partisans de la loi ORE qui estiment qu’avec les «attendus» ils pourront enfin sélectionner les étudiants à l’université. Mais ces partisans de la sélection n’ont pas compris l’effet pervers de Parcoursup pour les universités : celui de mettre aussi les licences « en attente ». Loin de renforcer le prestige de la licence, Parcoursup en fait la variable d’ajustement de l’accès au supérieur. Pour le comprendre il faut se replonger dans le calendrier prévu par l’arrêté du 9 mars 2018.

 

Tout commence le 22 mai. Les candidats reçoivent la réponse à leurs vœux. Les universités recherchant les mêmes profils, une minorité de candidats va recevoir plusieurs acceptations, les autres étant « en attente ». C’est le désistement des candidats les mieux placés qui permettra à ceux qui sont moins bien classés de trouver une place. Ce processus va prendre du temps.

 

Dans une vision biblique, messianique même, de Parcoursup, la ministre Vidal prévoit qu’à l’aube du 7ème jour, sans confirmation, le « Oui » disparaît et la place est proposée aux autres candidats. On refait le Monde! Un étudiant reçoit une proposition le 22 mai il doit répondre avant le 28 mai. S’il décline l’offre, une place se libère pour un autre candidat. Nous sommes le 29 mai. Ce nouveau candidat peut accepter la nouvelle offre ou la refuser. Nous sommes le 5 juin. Et l’opération se répète. Nous sommes le 12 juin. Le processus se complique car la procédure est suspendue du 18 au 25 juin. Le troisième candidat aura donc jusqu’au 26 juin pour accepter ou refuser. S’il ne dit rien, le quatrième candidat par ordre de classement décroissant ne recevra une proposition que le 27 juin. La procédure s’accélère, il aura jusqu’au 1er juillet pour accepter ou refuser, délai ramené à 3 jours pour les propositions reçues entre le 29 juin et le 1er septembre. Les collègues qui ont classé les candidatures vont donc devoir attendre plusieurs semaines, plusieurs mois, pour connaître l’effectif de leur formation. Et l’attente va en réalité se prolonger bien plus longtemps pour les licences.

 

Les données disponibles sur la répartition des vœux dans Parcoursup montrent une concentration des candidatures sur certaines universités et sur les filières sélectives. Prenons l’exemple d’un candidat qui postule dans des filières sélectives et dans une licence. Il est accepté en licence, mais est encore « en attente » sur ses vœux sélectifs. Parcoursup donne alors la possibilité au candidat de « bloquer » une proposition tout en conservant ses choix « en attente ». Il confirmera son acceptation en licence, mais maintiendra ses vœux dans les filières sélectives. Aucune place ne se libère pour les candidats moins bien classés. La procédure est « gelée » le temps que les filières sélectives se remplissent, sans que les collègues de licence le sachent. Si notre candidat reçoit quelques jours ou quelques semaines plus tard une réponse positive sur un choix sélectif, il pourra renoncer à son inscription en licence. Soudain des places vacantes vont apparaître et les étudiants les mieux classés vont quitter le navire. J’imagine l’étonnement de certains collègues, mais continuons à raisonner sur les choix probables.

 

Prenons un deuxième étudiant, dont le dossier est un peu moins brillant. Comme le soulignait la Cour des comptes (p. 25), par sécurité il est probable qu’il confirme tout de suite la proposition qui lui est faite. Il n’attendra pas que les candidats les mieux placés arbitrent entre les offres sélectives et les licences. Lorsque des places vont se libérer en fin de procédure, c’est donc dans le vivier des candidats les moins bien classés que les offres vont se discuter et non dans celui des candidats intermédiaires.

 

 


 

 

 

Parcoursup : les licences « en attente »

 

La dernière étape ne fera que renforcer ce phénomène. La ministre ayant insisté sur le fait que cette année tous les candidats pourraient s’inscrire dans le SUP, les recteurs vont avoir fort à faire en septembre. En 2017, on a vu que les difficultés se sont concentrées sur les étudiants titulaires d’un bac pro qui n’étaient pas soumis au dispositif de la « pastille verte », c’est-à-dire ceux qui n’étaient pas obligés de demander une inscription dans une formation non sélective. Avec la disparition de la « pastille verte » dans Parcoursup, le risque est encore plus élevé cette année. Il n'est pas besoin d'être devin pour prédire qu’en septembre de nombreux bacheliers pros vont se retrouver sans affectation. C’est au recteur qu’il reviendra de les inscrire. Dans quelles formations ? Et bien les licences car ce sera le plus simple et les filières sélectives auront fait le plein. Comme Perette les partisans de la sélection dans Parcoursup découvriront, mais bien tard, qu’ils sont gros Jean comme devant. Ils découvriront également que Parcoursup n'a pas seulement sélectionné les étudiants, la plateforme aura aussi sélectionné les universités et leurs formations.

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10 mai 2018 4 10 /05 /mai /2018 05:38

Ce rêve est réalité, à 30 minutes de Calais.

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7 mai 2018 1 07 /05 /mai /2018 05:26

 

 

Selon Marianne, avec sa blagounette (Emmanuel Macron ? “Le président des très riches”), François Hollande était en dessous de l’étiage. Le magazine Forbesle sacre en couverture “ leader de l’économie de marché ”. Avec la fin de l’exit tax en 2019, le Président fait surtout les affaires des ultra-riches. Le cadeau est sans précédent : il s'approche du milliard d'euros. Mais pour Macron, cet impôt n’était « pas particulièrement bénéfique pour les finances publiques ».

 

Revue de presse (242)

 

Le Monde nous informe que le 4 mai prochain, dans la banlieue de Milan, les actionnaires de Telecom Italia assisteront à un choc de titans. Deux professionnels des marchés financiers, de l’activisme et des coups de théâtre en assemblée générale s’affronteront avec l’objectif de prendre le pouvoir chez l’opérateur historique italien. Le fonds vautour Elliott, dirigé par le milliardaire Paul Singer, et Vivendi, dont le premier actionnaire est Vincent Bolloré, présenteront chacun une liste d’administrateurs. Celui qui l’emporte est assuré d’avoir la majorité au conseil.

 

Au siège du groupe de médias français, on s’était déjà fait à l’idée de perdre cette bataille, tout en dénonçant la stratégie de « démantèlement » de Telecom Italia du fonds Elliott. Si une telle hypothèse se concrétisait, elle constituerait un véritable casse-tête pour Vincent Bolloré. En effet, celui qui détient aujourd’hui 17,2 % du capital et 23,9 % des droits de vote ne pourrait céder ses titres sans perdre 1,3 milliard d’euros.

 

Il faut dire qu’Elliott, avec 9 % du capital, a habilement manœuvré, profitant de la mauvaise réputation du milliardaire français en Italie pour avancer ses pions. A ce titre, la mise en examen de Vincent Bolloré a été une aubaine. « C’est juste le dernier exemple d’un bilan composé de conflits, de la poursuite d’intérêts propres, et même de problèmes plus graves relevant potentiellement de la criminalité, de la part de ceux qui demandent qu’on leur fasse confiance pour conduire Telecom Italia », a lancé Elliott dans un communiqué, le 26 avril, tandis que les ennuis judiciaires de l’homme d’affaires faisaient les choux gras de la presse transalpine.


 

Evaristo (Res Publica) nous rappelle que l’oligarchie capitaliste a ses commentateurs dans les médias. Ils ont leur rôle. Celui de renforcer l’hégémonie culturelle du mouvement réformateur néolibéral. Car pour l’oligarchie, la bataille pour garder l’hégémonie culturelle est une priorité. Eux savent que c’est une exigence de la lutte des classes. Alors que nous ne le savons plus ! La 11e thèse sur Feuerbach de Marx le disait déjà : nous ne sommes plus dans un moment où il faut interpréter le monde mais bien s’engager pour sa transformation.

 

 

En quoi la lutte pour les services publics relève-t-elle d’un enjeu de civilisation, demandent Christian de Montlibert et Willy Pelletier dans Le Grand Soir ? Ce ne sont pas les grévistes qui, par plaisir, font grève ; ce sont les agressions libérales, en rendant les métiers et les vies impossibles, qui déclenchent les grèves. Les grèves ne paralysent pas, au contraire elles débloquent des situations intenables. Les grèves ne sont pas violences, au contraire elles empêchent les surcroîts de violences qu’imposent aux salariés ces dirigeants d’entreprise qui peuplent les ministères, avant de repartir vers les directions d’entreprise ou de banque.

 

Les modernisations libérales décivilisent, les grèves civilisent.

 

 

Toujours dans le Grand Soir, Assimbonanga est affligé par la situation suivante : « En 2018.

Un village rural est assiégé par 2500 gendarmes, avec des blindés, depuis 26 jours et nuits.Il ne s’agit pas de neutraliser des forcenés mais de résoudre un problème administratif. Existe-t-il au monde un seul autre cas semblable d’un gouvernement contre sa population ?

État de droit ? Droits de l’homme quand chaque jour un hélicoptère patrouille au-dessus de votre tête, que circulent des drones, que vous êtes photographié, répertorié, fiché ? Que les carrefours sont surveillés, la circulation coupée, l’eau, l’électricité, selon les moments. Les entrées de prés, les clôtures sont détériorés, les terrains. 10 mètres cubes de munitions ont été tirés !

Cette situation est totalement invraisemblable, inédite, absurde, insensée. »

Et cela menace d’empirer si le premier ministre lance encore un assaut après les saints de glace ! »

 

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5 mai 2018 6 05 /05 /mai /2018 05:30

Dire “ non ” : c'est le dernier pouvoir dont disposent les universitaires français (et d'autres pays)  pour s'opposer efficacement aux contre-réformes dont ils sont victimes depuis trente ans, à l'érosion toujours plus forte de leur prérogatives, à la perte de leurs libertés intellectuelles, de leur dignité et – accessoirement mais nécessairement – à l'effondrement de leur pouvoir d'achat (environ 50% en trente ans si l'on regarde à la fois la feuille de paye et l'alourdissement des services).

 

Ils pourraient par exemple, très facilement, dire “ non ” à la dernière demande exorbitante du gouvernement du banquier : procéder à la sélection et à l'orientation autoritaire des lycéens, une tâche non statutaire qui va augmenter considérablement leur charge de travail et pour laquelle ils ne seront pas payés. J'observe que cette mission scandaleuse est actuellement acceptée – passivement ou activement – par une majorité d'enseignants.

 

Avec Alexis Blanchet, nous sommes en présence d'un universitaire qui ose, d'une part, affirmer que, comme la plupart de ses collègues silencieux, il n'en peut plus et que, d'autre part, il a décidé de relever la tête. Ne boudons pas notre plaisir et écoutons-le. 

 

 

 

Monsieur le Président,   Monsieur le Président du Conseil Académique, cher Laurent,   Madame la Vice-Présidente à la CFVU, chère Sandrine   Cher Jamil, chère Kira,   Cher Laurent, chère Barbara,   Chers et chères collègues du département CAV,    

 

A la suite de l'intervention policière de cette nuit sur le site de Censier de l'université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, je me déclare en grève administrative et pédagogique illimitée.

 

Je n'assure donc plus dès à présent mes charges administratives (direction du master CAV) et pédagogiques (organisation du partiel de 257 inscrits en V4MA03 et suivi des 14 étudiants de master sous direction, organisation des sessions de rattrapage). Je me concentre dès lors sur mes activités de recherche totalement interrompues depuis 4 ans, c'est-à-dire depuis ma prise de fonction à la tête du master CAV.

 

A cet instant, je ne réponds ni aux mails, ni au téléphone, je n'organise pas la session de recrutement 2018-2019 en master CA, je n'organise pas le calendrier de soutenance des M2 (1ère session) et M1 (session unique), j'arrête la poursuite du travail sur les maquettes 2019-2023, je ne convoque pas le conseil de perfectionnement 2018, je ne convoque pas les jurys d'examen de master dont j'assure la présidence, je ne communique pas à l'école doctorale le classement des étudiants de M2 en vue de l'obtention d'une allocation de recherche. Enfin, je ne participerai de quelque manière que ce soit à la sélection des étudiants de L1 pour la rentrée 2018-2019 dans notre département.

 

J'arrête car nous crevons de ne pas arrêter.

 

La loi ORE et le dispositif ParcourSup ont fini d'épuiser ma bonne volonté et ma conscience professionnelle. L'intervention policière de cette nuit est le geste de trop. J'assiste depuis 14 ans maintenant (et depuis 21 ans si je compte mes années d'études universitaires) à une destruction programmée, lente mais résolue du service public de l'enseignement supérieur et de la recherche.

 

La question centrale, essentielle, est celle du projet d'université que nous voulons défendre.    Pour ma part, je ne veux plus

 

- voir mon temps d'enseignement et de recherche totalement submergé par des charges administratives toujours augmentées et étouffantes,

 

- devoir prendre sur mes semaines de vacances pour me libérer du vrai temps de recherche, dans la durée, entre le 1er et le 25 août,

 

- ne pas voir mes enfants grandir,

 

- voir notre secrétaire administrative du master, dont je salue le professionnalisme et le soucis constant du service aux usagers, suppléer l'absence de personnels au secrétariat de la L1/L2 et de la L3 CAV. Avec 320 étudiants inscrits en master CAV, la gestion des recrutements d'avril à septembre, la gestion des régularisations tout au long de l'année, la tâche qui lui incombe justifierait amplement un secrétaire adjoint,

 

- voir ma santé comme celle des collègues se dégrader : je n'ai jamais observé tant d'arrêts maladie, de burn-out, de surmenages, de nécessité à "lever le pied" que ces sept dernières années à Paris 3,

 

- travailler dans des lieux où la maintenance des équipements d'enseignement (vidéo projecteurs, micros) n'est pas assurée,

 

- perdre du temps et de l'énergie à combattre des projets coûteux et éloignés de nos éco-systèmes locaux à échelle humaine, comme celui de la fusion de triste mémoire,

 

- constater que nos expressions démocratiques (consultation des composantes, motions, motions votées en CAC ou CFVU, messages d'alerte de nos responsables de composantes...) ne sont jamais prises en compte par nos instances dirigeantes élues pourtant pour nous représenter.

 

J'arrête parce le système ne fonctionne que sur le souci profond du service public des agents que nous sommes toutes et tous, personnel administratif et enseignant.

 

Ma demande est donc simple, basique :

 

- une réaffirmation totale d'un service public de l'enseignement supérieur et de la recherche,

 

- une refondation immédiate de l'université qui passe par un refinancement complet de ses structures à hauteur des enjeux,

 

- une réaffirmation des missions premières – les seules – des enseignants-chercheurs, et particulièrement des MCF : enseignement et recherche,

 

- une revalorisation de nos salaires passant par un dégel et une réévaluation du point d'indice.

 

J'arrête parce que je décide de ne plus participer en petit soldat zélé de la gestion administrative à cette mécanique mortifère de destruction d'un des plus beaux atouts de notre nation.

 

Respectueusement,

 

Alexis Blanchet,  Maître de conférences (71e section du CNU) ]

 

Directeur du master Cinéma et Audiovisuel   Département Cinéma et Audiovisuel   Institut de recherche sur le cinéma et l'audiovisuel (Ircav)   Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3   Centre Censier   13, rue de Santeuil - Bureau 213 - 75005 PARIS

 

 

Alexis Blanchet est l’auteur de nombreuses publications, parmi lesquelles Jeux vidéo/Cinéma - Perspectives théoriques, coll. Lecture Play, éd. Questions Théoriques, 2016.
 

Des pixels à Hollywood. Cinéma et jeu vidéo, une histoire économique et culturelle, Paris, Pix’n Love Éditions, 2010.

 

 

 

 

Un universitaire épuisé dit “ non ”.
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