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2 novembre 2023 4 02 /11 /novembre /2023 06:01

Par Raphaëlle Gensane, étudiante en droit public, qui a décidé d'aider son vieux père à enrichir et diversifier son blog.

 

La souveraineté, qui ne peut être que « nationale », selon une décision du Conseil constitutionnel du 30 décembre 1976, est un principe cardinal de la Constitution. Elle est consacrée par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen en son article 3 : « le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation ». Également, la Constitution de 1958 en rappelle l’importance à travers son article 3 : « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants [les membres du parlement participent à la souveraineté nationale, décision du Conseil du 9 octobre 2013] et par la voie du référendum [articles 11, 53, 72-4, 77, 88-5 et 89] ».

 

La souveraineté est définie, dans le Vocabulaire juridique de Gérard Cornu, comme le caractère suprême d’une puissance qui n’est soumises à aucune autre. Plus spécifiquement, dans la théorie du régime représentatif, c’est l’attribut d’un être, d’une nation ou d’un peuple, qui fonde l’autorité des organes suprêmes de l’État parce que c’est en son nom qu’est exercée par eux en dernière instance la puissance publique.

 

La souveraineté nationale, quant à elle, serait, dans la théorie du gouvernement représentatif, le principe selon lequel les organes suprêmes de l’État ne tiennent pas leurs pouvoirs d’un droit propre (contrairement au monarque de l’Ancien Régime) mais l’exercent en qualité de représentants qui peuvent seuls exprimer sa volonté.

 

La souveraineté nationale est donc inscrite dans la Constitution. Elle en est un principe cardinal. Toutefois, les dispositions contenues dans la Constitution peuvent entraver le respect de la souveraineté nationale. Aujourd’hui, seuls 14% des Français se disent favorables à ce que la Cinquième République soit maintenue en l’état.

 

En effet, se pose la question de la représentativité. La volonté des représentants du peuple qui, certes, exercent la souveraineté nationale, peut être préférée à celle des citoyens eux-mêmes. Par exemple, bien que le Conseil « [se fût] déclaré incompétent en 1962 pour contrôler les lois votées par le peuple à la suite d’un référendum », formule réitérée en 1992 et 2014, car l’article 61, qui décrit la procédure de contrôle de constitutionnalité des lois, ne visait pas ces dernières, il a toutefois admis en 1976 que le Parlement, à travers une loi (donc, ordinaire), pouvait modifier la partie organique d’une loi référendaire (en l’espèce, celle dont il était question en 1962). Le constitutionnaliste Olivier Beaud se demanda alors s’il ne s’agissait pas d’« un précédent pour justifier l’application du même raisonnement pour une loi portant sur un domaine constitutionnel ». Ainsi, une loi référendaire pouvait être modifiée par une loi ordinaire, ce qui était une autre manière de montrer que le peuple n’était pas souverain.

 

De plus, depuis la décision Hauchemaille du Conseil constitutionnel en 2003, un contrôle juridictionnel de la recevabilité est possible dorénavant pour les lois de révision constitutionnelle soumises au référendum, alors qu’il ne l’est pas pour celles soumises au Congrès (réunion de l’Assemblée nationale et du Sénat). Comme l’écrit la juriste Marthe Fatin-Rouge Stéfanini, « en fin de compte, il résulte de la jurisprudence du Conseil que les limites à la révision constitutionnelle peuvent plus facilement être imposées au peuple qu’à ses représentants ».

 

Olivier Beaud se demande si l’on peut maintenir le principe de souveraineté du peuple dans un système où il existe deux voies de son expression et où l’on pourrait, par la voie indirecte (avec le parlement à travers une loi ordinaire ou avec le Congrès à travers une loi constitutionnelle) remettre en cause la volonté exprimée par le peuple directement à travers le référendum. Olivier Beaud rappelle que les deux modes d’exercice de cette souveraineté sont à égalité, aucun des deux ne prévalant sur l’autre et que, si l’on devait parler de prévalence, la composante démocratique l’emporterait sur la composante représentative, bien que certains juristes puissent penser le contraire. Pour illustrer sa pensée, Olivier Beaud prend l’exemple de la ratification du Traité de Lisbonne en 2007 : « N’est-ce pas d’ailleurs la question qui aurait pu être posée lors de la ratification du Traité de Lisbonne par le Parlement ? français en 2007 ? Dès lors, le Congrès, sollicité par le Président de la République, au titre de l’article 89, pouvait-il revenir sur une décision antérieure prise par le peuple [le référendum de 2005] ? Ou n’aurait-il pas fallu estimer que seul le peuple pouvait se prononcer sur le Traité de Lisbonne ? » En effet, le Congrès (avec la révision constitutionnelle) puis le Parlement (qui a ratifié la révision à travers une loi), en adoptant un traité matériellement fort semblable à celui du projet de Traité établissant une Constitution pour l’Europe, ont remis en cause la décision populaire du 29 mai 2005, où 55% des Français avaient voté contre contre ce projet.

 

Les révisions constitutionnelles qui ont eu lieu dans une optique de conformité à l’ordre juridique européen de ratification des traités européens successifs ont abouti car le Congrès votait favorablement. Les révisions constitutionnelles concernant les traités européens ne se sont jamais déroulées par voie de référendum. Se pose également le problème de la représentativité : si les citoyens avaient voté directement, et non les parlementaires, ces révisions auraient-elles abouti ?

 

Le problème de la souveraineté nationale a connu une illustration concrète : en 1981, la peine de mort est abolie en France à travers une loi ordinaire alors qu’une majorité des Français (plus de 60%) étaient contre cette abolition. Bien que la volonté populaire directe n’ait pas été respectée, ce vote était légal et respectait la Constitution puisqu’une majorité de parlementaires avait voté pour. Ensuite, après avoir adhéré au Conseil de l’Europe, la France a signé le protocole n° 6 de 1985 qui pose l’interdiction pour les États membres de recourir à la peine de mort. Comme l’écrit Olivier Beaud dans son article “ Le Conseil constitutionnel sur la souveraineté et ses approximations ”, « La souveraineté de l’État n’est-elle pas remise en cause par un tel acte juridique – une convention internationale – qui empêchera désormais les États signataires de recourir à la peine capitale ? ». Cette interdiction a également été reprise par l’UE. En effet, l’article 2 de la Charte des droits fondamentaux, rédigée lors du Conseil européen de Nice qui s’est tenu en 2000, proclame l’interdiction de la peine de mort. Cette charte a acquis une valeur juridiquement contraignante grâce au Traité de Lisbonne de 2007, ce même traité qui reprenait le projet du Traité établissant une constitution pour l’Europe rejetée par les Français. Pour que la Constitution puisse être conforme, entre autres, aux principes, désormais juridiquement contraignants, énoncés par la charte des droits fondamentaux, une révision constitutionnelle eut lieu en 2007. Le Congrès a constitutionnalisa l’interdiction de la peine de mort en France à travers l’article 66-1 de la Constitution.

 

Á noter également que la Constitution n’impose pas au président de la République, lorsqu’il organise un référendum et le « perd », de démissionner. Par exemple, le président De Gaulle, en 1969, en considérant que la volonté populaire était contre lui, avait démissionné. En revanche, le président Chirac, en 2005, décida de rester en fonction car, selon sa boutade bien connue, « les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent ». Or, ce refus pouvait être vu comme un désaveu populaire de sa politique.

 

Enfin, un dernier cas montrant que la souveraineté nationale peut voir son expression empêchée par la Constitution est la réforme des retraites. Alors que, selon les sondages, 75% des Français étaient favorables à l’organisation d’un référendum d’initiative partagée, le Conseil constitutionnel estima que les trois conditions pour l’organiser (1/5ème des parlementaires avec 1/10ème des électeurs, les dispositions du RIP non contraires à la Constitution, un texte qui n’ait pas pour objet l’abrogation d’une disposition législative depuis moins d’un an n’étaient pas remplies. Benjamin Morel, maître de conférences à Paris 2, avait écrit que « cette procédure a [avait] été conçue pour ne jamais être utilisée ». En effet, si, en l’espèce, la proposition de RIP était déposée avant le 14 avril 2023, elle portait sur un texte qui n’avait pas encore été voté par le parlement : il n’y avait donc pas de « réforme à contrer ». En revanche, si la proposition de RIP était enregistrée après le 14 avril, elle remettait en cause une réforme promulguée depuis moins d’un an. Ainsi, comme l’avait remarqué  le journaliste Franck Lemarc, « ce texte n’avait aucune chance d’être validé par le Conseil constitutionnel ».

 

Afin que la souveraineté nationale, à travers son expression directe, puisse davantage s’exprimer, la France ne devrait-elle pas prendre exemple sur la Suisse, où le référendum est une pratique beaucoup plus courante ?  : Certes mais les traditions, la culture politique ne sont pas les mêmes.

 

En conclusion, la souveraineté nationale, qu’elle soit sous forme indirecte ou directe, ne doit pas être réprimée par la Constitution elle-même. Le doyen George Vedel disait à cet égard : « gardons-nous que la créature – la Constitution – n’échappe à son créateur, le pouvoir constituant, et que l’exaltation de l’une ne s’accompagne de la mise en cage de l’autre ».

Souveraineté nationale et Constitution de la Cinquième République
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1 novembre 2023 3 01 /11 /novembre /2023 06:01

Par Raphaëlle Gensane, étudiante en droit public

 

Enfin, après la chute de l’URSS, certains États de l’ancien bloc de l’Ouest se sont mis en quête d’un nouvel ennemi commun. Pierre Conesa avait écrit dans La fabrication de l’ennemi que « La disparition de l’URSS laissait les armées conventionnelles occidentales sans ennemi à leur pointure et posait un énorme problème». Alexandre Arbatov, conseiller diplomatique de Gorbatchev, alors que l’URSS s’effondrait, avait prononcé, en se tournant vers les Occidentaux : « Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d’ennemi ». Après le 11 septembre, cet ennemi s’est incarné dans la figure de n’importe quel terroriste potentiel. Pour Jean-Claude Monod, « l’élément déterminant de cette nouvelle figure de l’ennemi n’était donc pas son caractère idéologique [...] mais la potentialité terroriste comme telle. [....] Le terrorisme devient la figure centrale, par excellence, de l’ennemi [...] si bien que la guerre conventionnelle passe au second plan, ou qu’elle est mise au service de cette lutte-là. [...] Aujourd’hui, on ne fait de guerre qu’aux terroristes. C’est le nom donné à tout ennemi, étatique ou non ».

 

Dans la perspective de la « guerre au terrorisme », menée avant tout par les États-Unis et leurs alliés, la régularisation du régulier entamée par les conventions de Genève a connu un frein important. S’est exprimée la volonté de « rétablir un traitement irrégulier de l’irrégulier radical, à savoir le terroriste ». Le camp de Guantanamo, où ont été illégalement détenus et torturés 780 prisonniers talibans, est l’exemple le plus frappant de la régression des droits de l’homme et du droit de la guerre. Ce camp va à l’encontre de ce qu’avait écrit Nietzsche : « celui qui lutte contre le monstre doit veiller à ne pas devenir monstre lui-même ».

 

Enfin, dans La fabrication de l’ennemi, Pierre Conesa explique que Gérard Chaliand a recensé environ 14 000 victimes du terrorisme, sans prendre en compte le 11 septembre. Toutefois, le contre-terrorisme pratiqué par les armées conventionnelles (guerres coloniales, actions israéliennes, russes ou étasuniennes) en aurait fait dix fois plus. Lutter contre le terrorisme est plus meurtrier que le terrorisme en lui-même. Il est impératif de lutter contre les mouvements terroristes mais non sans oublier notre état de droit.

 

En conclusion, le partisan et le terroriste doivent nécessairement être distingués. Certes, ils possèdent des caractéristiques communes : ils sont tous deux des combattants irréguliers qui, n’étant pas satisfaits du statu quo, prennent les armes. Toutefois, ce qui les différencie est bien plus important que ce qui les rassemble : les objectifs du partisan sont réalistes, réalisables, tandis que ceux du terroriste paraissent beaucoup plus « utopiques ». Principalement, le partisan a réussi à faire passer sa société de l’état de paix à l’état de guerre en ralliant une majorité de sa population à sa cause, contrairement au terroriste qui a échoué et qui commet donc des actes de violence en temps de paix. Néanmoins, cette classification des points communs et des différences peut paraître vaine car, in fine, l’acte de qualifier quelqu’un de « partisan » ou de « terroriste » est un acte de volonté.

 

Bibliographie

Livres :
Cumin David, Stratégies militaires contemporaines, Paris, Ellipses, 2020.

Freund Julien, Postface à Carl Schmitt, Terre et Mer : un point de vue sur l’histoire mondiale, Paris, Labyrinthe, 1985.

Monod Jean-Claude, Penser l’ennemi, affronter l’exception, Paris, La Découverte, 2016. Safransky Rüdiger, Quelle dose de mondialisation l’homme peut-il supporter ?, Arles, Actes Sud,

2005.

Articles :
Alexander Yonah et Finger Seymour, « A Definitional Focus », Terrorism. Interdisciplinary

Perspectives, New York, 1977.
Chaliand Gérard, « Guérillas et terrorismes », Politique étrangère, Paris, Institut français des

relations internationales, 2011.

Conesa Pierre, « La fabrication de l’ennemi », Revue internationale et stratégique, n° 76, 2009.

Delmas Jean, « Prisonnier de guerre », Encyclopædia Universalis.

Freund Julien, « Le partisan et le terroriste », Revue européenne des sciences sociales, 1990.

Raflik Jenny, « Les expressions du terrorisme dans l’histoire contemporaine », Cahiers français, n° 395, novembre-décembre 2016.

« L’état d’urgence permanent », Le Nouvel Observateur, Paris, 26 février 2004. Sitographie :

Benoist Alain de , «Du partisan au terroriste global», Theatrum Belli, https://theatrum- belli.com/du-partisan-au-terroriste-global-par-alain-de-benoist/.

« La dimension politique de la guerre : des conflits interétatiques aux enjeux transnationaux », HGGSP Terminale, https://manuelnumeriquemax.belin.education/hggsp-terminale/topics/hggsp- tle-t2c02-132-a_la-dimension-politique-de-la-guerre-des-conflits-interetatiques-aux-enjeux- transnationaux.

« Partisan », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/partisan.
« Partisan », Larousse, https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/partisan/58394.

« Prisonnier de guerre », Dictionnaire pratique du droit humanitaire, https://dictionnaire-droit- humanitaire.org/content/article/2/prisonnier-de-guerre/.

« Terrorisme », Larousse, https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/terrorisme/77478. « Terroriste », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/terroriste.

Podcast :

« Les radicalismes religieux : désislamiser le débat ! », Questions d’Islam, Radio France, 21 mars 2021.

Cours universitaire :
David Cumin, cours de stratégie, Université Jean Moulin Lyon 3, automne 2021.

Glossaire

Guerre : selon Clausewitz, dans De la guerre (1833) : « la guerre est un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté ». Selon Gaston Bouthoul et Julien Freund, la guerre est une mise en oeuvre collective et coercitive de l’hostilité, par l’emploi réglé de la force armée, se traduisant par des combats durables portant atteinte aux personnes et aux biens, donc causant des victimes. David Cumin, Histoire de la guerre, 2ème édition, Paris, Ellipses, 2020, p. 12.

Guerre irrégulière : c’est une forme de guerre conduite par des forces préparées dès le temps de paix ou des équipes tactiques provisoirement créées en temps de guerre, appliquant des modes de combat spécifiques pour surclasser et désorganiser l’activité de l’ennemi dans les territoires qu’il a occupés. Hubert Krolikowski, « L’origine et les caractéristiques de la guerre irrégulière », Stratégique, 2012/2-3 (n° 100-101).

Soldat : homme qui sert dans une armée à quelque titre que ce soit (obligation civique /professionnelle ou comme engagé volontaire), qui est équipé, instruit et formé par un État. « Soldat », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/soldat.

Partisan : combattant n’appartenant pas à une armée régulière et luttant pour un idéal national, politique, religieux. « Partisan », Larousse, https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/partisan/58394.

Terroriste: membred’uneorganisationpolitiquequiexécutedesactesdeterrorismepourimposer ses conceptions idéologiques. « Terroriste », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/terroriste.

Mercenaire : qui perçoit un salaire en contrepartie d’un travail, d’un service. Une troupe mercenaire est une armée régulière formée de soldats de nationalité(s) différente(s) de l’autorité qui les emploie et qui font payer leurs services. « Mercenaire », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/mercenaire.

Paix : situation d’un pays, d’un peuple qui n’est pas en état de guerre. « Paix », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/paix.

Jus in bello : Le jus in bello réglemente la manière dont dont la guerre est conduite et vise à limiter les souffrances. « Jus in bello - Jus ad bellum », CICR, https://www.icrc.org/fr/guerre-et-droit/dih- et-autres-regimes-juridiques/jus-ad-bellum-et-jus-bello.

Jus ad bellum : Le jus ad bellum, ou droit de la guerre, définit les conditions de légitimé de la guerre. Christian Nadeau, Julie Saada, Guerre juste, guerre injuste, Presses universitaires de France, 2009, p. 37.

Droit international humanitaire : synonyme de jus in bello.

Belligérance : situation d’un pays en état de guerre. « Belligérance », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/bélligérance.

Cobelligérant : Nation, État qui lutte aux côtés d’un pays en guerre contre un ennemi commun. « Cobelligérant », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/cobelligerant.

Contre-insurrection : mesures prises par un gouvernement pour vaincre une insurrection. « Contre-insurrection », Le Parisien, https://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/contre- insurrection/fr-fr/.

Propagande : action psychologique qui met en oeuvre tous les moyens d’information pour propager une doctrine, créer un mouvement d’opinion et susciter une décision. « Propagande », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/propagande.

Stratégie : art d’organiser et de conduire un ensemble d’opérations militaires prévisionnelles et de coordonner l’action des forces armées sur le théâtre des opérations jusqu’au moment où elles sont en contact avec l’ennemi. « Stratégie », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/stratégie.
La stratégie vise un objectif global et à plus long terme (ex : gagner la guerre, maintenir la paix). Lexique de science politique, sous la direction d’Oliver Nay, Paris, Edition Dalloz, 4ème édition, 2017.

Tactique : art de mener une bataille, de combiner des moyens militaires disponibles. « Tactique », Le Parisien, https://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/tactique/fr-fr/.
L’enjeu est limité dans l’espace et dans le temps (ex : gagner une bataille). Lexique de science politique, sous la direction d’Oliver Nay, Paris, Edition Dalloz, 4ème édition, 2017.

Conflit : situation dans laquelle des États emploient la force pour la solution d’un litige les opposant. Gérard Cornu, Vocabulaire juridique, 13ème édition, Paris, Presse universitaire de France, 2020.

CANI : (ou conflit armé « interne ») désigne une situation de violence dans laquelle des affrontements éclatent de manière prolongée entre les forces gouvernementales et un ou plusieurs groupes armés organisés, ou entre de tels groupes, sur le territoire d’un État. « Conflit interne ou autres situations de violence : quelle différence pour les victimes ?», CICR, https://www.icrc.org/fr/doc/resources/documents/interview/2012/12-05-niac-non-international- armed-conflict.htm.

CAI : conflit opposant les forces armées de plusieurs États. « Conflit interne ou autres situations de violence : quelle différence pour les victimes ? », CICR, https://www.icrc.org/fr/doc/resources/documents/interview/2012/12-05-niac-non-international- armed-conflict.htm.

Guérilla : combat mené par des groupes clandestins et caractérisé par des actions ponctuelles en vue de déstabiliser un régime. « Guérilla », Larousse, https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/guérilla/38508.

Rébellion : attaque ou résistance avec violences envers des représentants de l’autorité agissant pour l’exécution des lois, des ordres de l’autorité publique, des décisions ou mandats de justice, dont la gravité dépend du nombre des rebelles et du point de savoir si certains d’entre eux portaient des armes. Gérard Cornu, Vocabulaire juridique, 13ème édition, Paris, Presses universitaires de France, 2020.

Combattant : personne qui prend part à des combats armés. « Combattant », Le Parisien, https://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/combattant/fr-fr/.

Armée de masse : type stratégique de guerre émergeant après la Révolution française notamment mis en place par Napoléon désignant un volume numérique des forces croissante permis en particulier par la conscription. David Cumin, Histoire de la guerre, 2ème édition, Paris, Ellipses, 2020, p. 191.

Levée en masse : appel de tous les hommes valides d’une nation pour sa défense. « Levée », Larousse, https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/levée/46874.

Criminel : l’auteur d’un crime. Gérard Cornu, Vocabulaire juridique, 13ème édition, Paris, Presse universitaire de France, 2020.

Légalité : état légal ; situation légale ; ensemble des actions effectuées, des moyens utilisés, conformément aux prescriptions de la loi. « Légalité », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/légalité.

Légitimité : qualité, état de ce qui est légitime, conforme au droit, à la loi. « Légitimité », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/légitimité.

Légitimation : Action de légitimer ; résultat de l’action. « Légitimation », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/légitimation.
Légitimation du pouvoir politique : ensemble de processus qui rendent l’existence d’un pouvoir coercitif spécialisé tolérable, sinon désirable, c’est-à-dire qui le fassent concevoir comme une nécessité sociale sinon comme un bienfait. Lexique de science politique, sous la direction d’Oliver Nay, Paris, Edition Dalloz, 4ème édition, 2017.

Monopole étatico-militaire de la belligérance : notion de monopole de l’État développé par Norbert Elias considérant l’État moderne comme s’étant constitué en tant qu’organisation bureaucratique revendiquant des pouvoirs de régulation importants sur un territoire donné, par la monopolisation progressive de certaines fonctions essentielles à l’exercice de la domination politique. Lexique de science politique, sous la direction d’Oliver Nay, Paris, Edition Dalloz, 4ème édition, 2017.

Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes : principe selon lequel tout peuple doit pouvoir choisir en toute liberté de s’organiser sur le plan politique. Lexique de science politique, sous la direction d’Oliver Nay, Paris, Edition Dalloz, 4ème édition, 2017.

Droit à l’auto-détermination : droit d’une collectivité, d’une population à se donner un statut politique tel qu’elle assume en pleine souveraineté la responsabilité de sa vie publique. « Auto- détermination », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/auto-détermination.

Libération nationale : indépendance politique d’un peuple, d’une nation. Une guerre de libération nationale est un conflit armé visant à libérer un État, une nation. « Guerre de libération nationale », Le Parisien, https://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/guerre%20de%20libération%20nationale/fr-fr/.

Indépendance nationale : l’État est reconnu comme seul souverain de son territoire et des forces vives qu’il renferme. Il voit sa liberté d’action garantie, notamment dans ses relations avec les autres acteurs. « L’indépendance nationale : un concept fondateur de la politique française face aux réalités internationales », GEOLINKS, https://www.geolinks.fr/geopolitique/lindependance- nationale-un-concept-fondateur-de-la-politique-francaise-face-aux-realites-internationales/.

Apartheid : système d’oppression, de domination d’un groupe racial sur un autre, institutionnalisé à travers des lois, des politiques et des pratiques discriminatoires. Le crime d’apartheid suppose la commission d’actes inhumains, dans l’intention de maintenir cette domination. « Qu’est-ce que l’apartheid ? », Amnesty International, https://www.amnesty.fr/focus/apartheid.

Colonisation : occupation, exploitation, mise en tutelle d'un territoire sous-développé et sous- peuplé par les ressortissants d’une métropole. « Colonisation », CNRTL, https://www.cnrtl.fr/definition/colonisation.

Révolution : crise politique grave dont l’issue est l’effondrement du régime en place et l’adoption d’une nouvelle organisation politique, sociale et économique de la société. Lexique de science politique, sous la direction d’Oliver Nay, Paris, Edition Dalloz, 4ème édition, 2017.

Contre-révolution : ensemble des moyens intellectuels, politiques et militaires mis en couvre pour faire échouer une révolution. Lexique de science politique, sous la direction d’Oliver Nay, Paris, Edition Dalloz, 4ème édition, 2017.

Peut-on nécessairement distinguer le partisan du terroriste ? (II)

Les différences et points communs entre la figure du partisan et la figure du terroriste

 

Caractéristiques du partisan

Zone grise

Caractéristiques du terroriste

Caractéristiques du combattant

 

Le partisan et le terroriste sont des combattants irréguliers : ce sont des civils qui choisissent de prendre les armes

 

 

Type de violence

Violence du temps de guerre

 

Violence du temps de paix

Opinion civile

Le partisan a l’appui de sa population. Il a réussi à rallier la population à sa cause

Les deux cherchent à enrôler des « camarades »

Le terroriste n’a pas réussi à rallier la population civile à sa cause

Buts recherchés

Buts réalistes et réalisables (renverser un gouvernement, chasser un occupant étranger…)

Les deux ne sont pas satisfaits du statu quo et veulent le changer. Ils agissent au nom d’une cause

Buts de nature eschatologique et « utopiques » (égalité généralisée, califat universel…)

Mode d’action

Actions rurales, amples et continues, commises par des mouvements implantés, dépassant le stade du trouble interne pour arriver à un conflit armé

Le partisan et le terroriste s’organisent dans la clandestinité

Actions urbaines, isolées et sporadiques, ne dépassant pas le trouble interne

Zone d’action

Combattant tellurique, il se bat pour sa population sur son territoire

 

Le terroriste est « déterritorialisé ».  Il peut commettre des attentats à l’autre bout du monde

Répression (par)

Force militaire (suivant les règles du jus in bello)

 

Police (suivant les règles du code pénal)

Négociation

Le partisan est enclin à négocier avec l’adversaire étatique qu’il a en face

 

Le terroriste ne négocie pas. Il voit l’autre comme un ennemi à anéantir

Transfert de pouvoir ?

Le partisan peut arriver à prendre le pouvoir, notamment avec le soutien d’une puissance étrangère

 

Il n’y a pas de transfert de pouvoir

Choix des victimes

 

Ni le partisan ni le terroriste ne va faire de différence entre victime civile ou militaire. Ils peuvent viser n’importe qui dans l’espace public. Le choix des victimes est potentiellement  symbolique (Twin towers)

 

Protection en cas de capture

 

Convention de Genève de 1949 : le statut de prisonnier de guerre s’applique aux combattants irréguliers

 

 

Ce tableau s’inspire de l’ouvrage de David Cumin : Le terrorisme, 20 points clés, Paris, Ellipses, 2018.

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31 octobre 2023 2 31 /10 /octobre /2023 06:01

Comment évoquer le conflit israélo-palestinien sans tomber dans les clichés, notamment en renvoyant dos à dos l’occupant et l’occupé ? Dans un texte aux tonalités littéraires, publié en premier lieu sur le site Orient XXI, l’essayiste Camille Bogedone met en lumière l’injustice structurelle subie par les Palestiniens et la profonde asymétrie de ce conflit en donnant la parole à des habitants de Gaza et de Cisjordanie.

 

Quiconque a déjà vu cette étrange lueur morte qui brille dans les yeux d’un adolescent de gaza, pourtant physiologiquement vivant, sait qu’il ou elle doit y réfléchir à deux fois avant de s’ériger en arbitre des bonnes et mauvaises méthodes de lutte des palestiniens.

 

Quiconque a déjà partagé le quotidien d’oppression, de mépris, de déshumanisation qui est celui des Palestiniens depuis des décennies sait que l’humilité doit l’emporter sur les certitudes avant de juger de la pertinence et de la légitimité de telle ou telle action violente.

 

Quiconque a déjà écouté les récits des Palestiniens, qu’il s’agisse des petites histoires ou de la grande histoire, sait que pour certains qui sont nés quelque part, la violence armée n’est pas une option qui se discute mais un déjà-là qui façonne les vies, les corps et les esprits.

 

Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. 

La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.

La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.

Il n’y a pas de pire hypocrisie que de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue.

 

« QUAND ON TIRE DES ROQUETTES, VOUS PARLEZ DE NOUS »

 

« Où vas-tu comme ça ? Tu sais qu’on va bientôt manger. 

– Je vais lancer des pierres sur les soldats, ils sont à côté du terrain de basket. 
– Ne rentre pas trop tard… »

« C’est mon deuxième fils, lui aussi est en prison.

– Pourquoi ?

– Parce qu’il est palestinien. »

« Mais pourquoi vous tirez des roquettes ? Vous savez très bien que vous ne gagnerez jamais militairement contre Israël.

– Au moins, quand on tire des roquettes, vous parlez de nous ». 

Cela fait une semaine que tout le monde a un avis sur ce que les Palestiniens devraient faire – ou ne pas faire. Autant vous le dire, poliment mais fermement : les Palestiniens se fichent de votre avis.

Ils et elles s’en fichent, déjà, car ils et elles ne l’entendent pas. Vous ne leur parlez pas, vous ne les regardez pas et, surtout, vous ne les écoutez pas. D’ailleurs si vous leur parliez, si vous les regardiez, si vous les écoutiez, vous auriez probablement un autre avis.

Question : es-tu prêt à entendre, considérer, voire suivre l’avis de Palestiniens sur ce que devrait être la stratégie électorale de la gauche en France, en reconnaissant que leur avis sur cette question n’est pas moins pertinent et légitime que le tien sur leur lutte ?

 

LE LANGAGE DE LA FORCE

 

Lui à qui on n’a jamais cessé de dire qu’il ne comprenait que le langage de la force décide de s’exprimer par la force. En fait, depuis toujours, le colon lui a signifié le chemin qui devait être le sien, s’il voulait se libérer. L’argument que choisit le colonisé lui a été indiqué par le colon et, par un ironique retour des choses, c’est le colonisé qui, maintenant, affirme que le colonialiste ne comprend que la force.

 

« En tout cas demain je n’aurai pas classe.

– À cause du couvre-feu ? 

– Non, les soldats ont pris l’école pour y mettre les gens qu’ils arrêtent dans le camp. »

« Et quand tu es sorti de prison, tu as réussi à rattraper le retard à la fac ? 

– Même si j’avais continué d’étudier en prison, j’ai dû pas mal travailler en sortant mais oui, j’ai fini par le rattraper. Et là maintenant je prends de l’avance. Pour la prochaine fois où ils m’arrêteront. »

« Avec les roquettes, la vie doit aussi être dure à Sderot, à trois kilomètres en face de Gaza. 

– Tu sais que Sderot a été construite sur les terres du village de Najd, d’où tous les Palestiniens ont été chassés en mai 1948 ? Ensuite, ils se sont réfugiés à Gaza, et ils y sont toujours. » 

Cela fait des années que tout le monde a, ponctuellement et sans qu’ils et elles aient rien demandé, un avis sur ce que les Palestiniens devraient faire – ou ne pas faire. Autant vous le dire, poliment mais fermement : les Palestiniens se fichent de votre avis.

Ils et elles s’en fichent, aussi, car l’occupation, les checkpoints, les expulsions, la colonisation, le blocus, l’apartheid, les camps, la prison, les assassinats, les foutaises diplomatiques sont leur quotidien tandis que votre avis tombe une fois tous les deux ans, quand ils et elles osent exister.

Question : crois-tu que, lorsqu’une armée te harcèle au quotidien, qu’elle a expulsé tes grands-parents, emprisonné ton père et deux de tes frères, tué ton cousin et mutilé ton meilleur ami, tu es réceptif aux conseils de celui qui t’explique soudain, de loin, que « la violence ne mène à rien » ?

Nous avions le sentiment que les Africains ne pourraient pas, sans faire usage de la violence, triompher un jour dans la lutte qu’ils avaient engagée contre le principe de la suprématie des Blancs. On nous avait privés de tous les moyens légaux de lutte. Nous n’avions donc plus que cette alternative : ou bien nous acceptions de demeurer en permanence dans un état d’infériorité, ou bien nous entrions en lutte contre le gouvernement. Nous avons opté pour le second parti. Nous avons commencé par enfreindre la loi sans recourir d’aucune manière à la violence. Mais, lorsque cette action elle-même fut déclarée illégale et que le gouvernement lui-même usa de la force pour réduire au silence ceux qui s’opposaient à sa politique, nous décidâmes de répondre à la violence par la violence.

 

 

Cette étrange lueur morte dans les yeux d’un jeune Gazaoui, par Camille Bogedone

 

« ON NE RENONCERA PAS À LUTTER POUR NOS DROITS »

 

« Un jour je prendrai une arme et j’irai tirer sur les soldats.

– Tu en toucheras peut-être un ou deux, mais le troisième te tuera. 

– Tu préfères que je meure écrasé par le toit de ma maison dans un bombardement ? »

« Et tu en connais, toi, des chrétiens qui ont voté pour le Hamas ?

– Bien sûr. Pour plein de gens, c’est un vote politique, pas religieux. Un vote contre les corrompus de l’Autorité palestinienne, un vote pour dire qu’on ne renoncera pas à lutter pour nos droits. »

« Tu as entendu pour l’explosion à Tel-Aviv ?

– Oui, visiblement c’est assez moche. 

– C’est normal que de temps en temps eux aussi ils meurent. » 

Cela fait des décennies que tout le monde a un avis sur ce que les Palestiniens devraient faire – ou ne pas faire, avant de les oublier et d’avoir un avis sur autre chose. Autant vous le dire, poliment mais fermement : les Palestiniens se fichent de votre avis.

Ils et elles s’en fichent, enfin, car ils et elles n’ont pas attendu ces avis pour essayer à peu près tous les moyens à leur portée, les grèves, les armes, les manifs, les bombes, le boycott, les détournements d’avion, les négociations, tirer des bilans, débattre, réfléchir, essayer encore.

Question : sur quel – plus ou moins – récent combat social/politique victorieux auquel tu aurais participé comptes-tu t’appuyer pour asseoir la pertinence et la légitimité de tes avis/conseils/recommandations aux Palestiniens quant aux bonnes et aux mauvaises manières de lutter ?

 

Monsieur Ben M’Hidi, ne trouvez-vous pas plutôt lâche d’utiliser les sacs et les couffins de vos femmes pour transporter vos bombes ? Ces bombes qui font tant de victimes innocentes. 
– Et vous, ne vous semble-t-il pas bien plus lâche de larguer, sur des villages sans défense, vos bombes au napalm qui tuent mille fois plus d’innocents ? Évidemment, avec des avions, ça aurait été beaucoup plus commode pour nous. Donnez-nous vos bombardiers monsieur, et on vous donnera nos couffins.

 

 

« CONDAMNER » ?

 

Quiconque a déjà vu cette étrange lueur morte qui brille dans les yeux d’un adolescent de Gaza, pourtant physiologiquement vivant, sait qu’il ou elle doit y réfléchir à deux fois avant de s’ériger en arbitre des bonnes et mauvaises méthodes de lutte des Palestiniens.

Le Hamas a commis des crimes de guerre. C’est un fait. Depuis des décennies, Israël commet quotidiennement des crimes de guerre. C’est un fait. Ces faits sont inextricablement liés. Ce sont les seconds crimes qui ont accouché des premiers. Qui ne seront pas les derniers. C’est un fait.

Il est normal d’être choqué, heurté, sidéré par ces crimes. Mais « condamner » c’est établir une culpabilité, prononcer un jugement, administrer une sentence. Visiblement, beaucoup, ici, se sentent suffisamment assurés, éclairés et légitimes pour le faire. Ce n’est pas mon cas.

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30 octobre 2023 1 30 /10 /octobre /2023 06:01

 

Le World Socialist Website nous dit que l'organisation caritative Oxfam a critiqué le gouvernement israélien pour utiliser la famine comme arme de guerre. La situation est tout simplement horrible. Des millions de civils sont punis collectivement au vu et au su du monde entier. Rien ne peut justifier l’utilisation de la famine comme arme de guerre. Les dirigeants mondiaux ne peuvent pas continuer à regarder sans rien faire : ils ont l’obligation d’agir et d’agir maintenant ».

 

Les « dirigeants mondiaux », en premier lieu le président américain Joseph Biden, ont clairement fait savoir qu’ils approuvaient sans réserve le génocide perpétré par le régime israélien. S’exprimant mercredi aux côtés du premier ministre australien, Biden a déclaré : « Je ne pense pas que les Palestiniens disent la vérité sur le nombre de personnes tuées. Je suis sûr que des innocents ont été tués. C’est le prix à payer pour faire la guerre ».

 

 

Pour Philippe Arnaud dans Le Grand Soir, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet s’est mise au service des États-Unis : « Ce 23 octobre 2023, Yaël Braun-Pivet, était l’invitée de Nicolas Demorand et Léa Salamé sur France Inter. Elle revenait d’un voyage de solidarité en Israël. A cette occasion, elle révéla ingénument que deux de ses précédents voyages à l’étranger avaient été à Kiev, au début de la guerre russo-ukrainienne, et en Arménie, au moment du blocus du Haut-Karabakh.

 

Elle n’aurait su mieux dire à quel point elle se plaçait dans le camp “ occidentaliste ”, c’est-à-dire dans le petit bloc euro-nord-américain, si sûr de lui qu’il élargit son pré carré en se baptisant "communauté internationale" – comme les Étasuniens, qui annexent le Nouveau monde en se baptisant “ Américains ” : en effet, aller à Kiev, c’est se déclarer contre les “ méchants ” Russes, successeurs des non moins “ méchants ” Soviétiques, et aller en Arménie, c’est se déclarer contre les “ méchants ” Azéris (et, derrière eux, contre les “ méchants ” Turcs, soutiens des Azéris et successeurs des Ottomans de triste mémoire). »

 

 

Toujours dans Le Grand Soir, Chems Eddine Chitour explique comment on fabrique des massacres médiatiques : « On ne peut ne pas être dubitatif concernant les vérités d’Évangile venant de l’Occident qui nous a trop souvent habitués à des manipulations. Le summum de la manipulation est représenté par l’intellectuel communautariste faussaire Bernard-Henry Lévy qui a l’oreille des présidents français de gauche et de droite. Ignacio Ramonet, ancien directeur du Monde Diplomatique, résume la stratégie de l’Empire et de ses vassaux : « C’est l’histoire du voleur qui crie : ‘’ Au voleur ! ’’ Comment pensez-vous que M. George W. Bush intitula le célèbre rapport d’accusation contre M. Saddam Hussein qu’il présenta le 12 septembre 2002 devant le Conseil de sécurité de l’ONU ? L’Irak, disait-il en substance, entretient des liens étroits avec le réseau terroriste Al-Qaida et menace la sécurité des États-Unis parce qu’il possède des “ armes de destruction massive  ” ». 

 

" Trois mois après la victoire des forces américaines en Mésopotamie, nous savons que ces affirmations étaient fausses. Selon Mme Jane Harman, représentante démocrate de Californie, nous serions en présence de « la plus grande manœuvre d’intoxication de tous les temps ». M. Bush n’a pas hésité à fabriquer l’un des plus grands mensonges d’État. En France, par exemple, elles furent reprises sans vergogne par des personnalités comme Pierre Lelouche, Bernard Kouchner, Yves Roucaute, Pascal Bruckner, Guy Millière, André Glucksmann, Alain Finkielkraut, Pierre Rigoulot. Ces mensonges s’inscrivent dans une longue tradition de mensonges d’État qui jalonnent l’histoire des États-Unis. »

 

 

Enfin, dans Le Monde, un collectif de scientifiques proclame qu’« Il faut mettre fin au matraquage publicitaire des industriels de la malbouffe sur nos enfants ». Aujourd'hui en France, la situation n'est plus tenable : 17% des enfants et adolescents sont en surpoids ou en situation d'obésité,  et de 50à 70% d'entre eux le resteront à l'âge adulte. Á contre-courant des recommandations de l'UNICEF, le gouvernement a refusé au moins à cinq reprises d'agir ces dernières années alors que cet encadrement était possible dans la loi EGalim (2018), dans plusieurs propositions parlementaires sur l'alimentation industrielle ou la malbouffe, dans la réforme de l'audiovisuel public (2020), dans la loi Climat et résilience (2021) et récemment dans la loi encadrant les dérives des influenceurs (2023). »

 

Revue de Presse 481

 

PS : Orwell disait que si l'anglais était une langue “ facile ”, il était facile de la mal parler. En tout cas, elle n'est certainement pas facile à enseigner correctement. Car il faut bien, à un moment ou à un autre (les étudiants sont souvent curieux) expliquer ce qui, à priori, ressemble à des aberrations, mais qui n'en sont pas, naturellement.

Revue de Presse 481
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29 octobre 2023 7 29 /10 /octobre /2023 06:01

Très engagée, Audrey Vernon est une comédienne et écrivaine de grand talent. Son premier spectacle date de 2005. Elle est la compagne de l'humoriste Thomas VDB, de son vrai nom, Thomas Vandenberghe. Ils ont deux enfants. Je reproduis ici des extraits d’une de ses chroniques.

 

Mettre au monde deux enfants à l’époque de l’extinction massive des espèces, être enceinte et allaiter quand la terre et les aliments sont empoisonnés aux pesticides et aux perturbateurs endocriniens. Voilà le jeu qui m’a été distribué.

 

[…]

 

Être mère au temps des soulèvements, c’est penser chaque jour aux enfants des autres... aux peuples privés de leurs terres par des multinationales bien à nous, écocidaires et criminelles.


 

Découvrir que ceux qui savent habiter une planète sans la détruire sont persécutés par mes impôts qui paient les subventions qui les dévastent... Penser à celles qui ne veulent pas de nos routes, de notre électricité, de nos barrages.

 

[…]

 

Et moi, est ce que j’en veux de notre électricité, de nos routes, de nos barrages ? Est ce qu’on m’a déjà posé la question ? Je dois tout accepter, accepter que des SUV de deux tonnes cohabitent brutalement avec les quelques kilos de chair humaine que j’ai fabriqués.

 


Amazon, Carrefour, Total, Apple... Je connais intimement ces mots, ces logos, ces univers. Ils sont inscrits en moi, malgré moi, voilà ceux qui nourrissent ma famille. Pourquoi ai-je mis tant de temps à connaitre d’autres noms ? Cette diversité humaine qui protège la biodiversité du monde. Jarawa, Yanomami, Penan, Bushmen, Awa, Murunahua... Ceux qui savent transmettre un savoir essentiel faire pousser sa nourriture, construire sa maison, ses outils, ses vêtements. Inapte à transmettre l’autonomie.

 

 

 

Être mère, par Audrey Vernon
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23 octobre 2023 1 23 /10 /octobre /2023 05:01

Le Blog d’El Diablo reprend des estimations de l’OFCE concernant le chômage en France. Il faut s’attendre à une courbe à la hausse en 2024. L’OFCE anticipe un retournement du marché de l’emploi en France, avec un nombre de demandeurs d’emploi poursuivant sa hausse. Si elle ne serait que de 0,2 point d’ici la fin de l’année – en plus du 0,1 point enregistré au second trimestre par l’Insee –, cette tendance haussière pourrait s’accentuer nettement en 2024.

« La seconde moitié de l’année 2023, mais surtout l’année 2024, seraient celles du retournement de la courbe du chômage, ce dernier passant de 7,2% actuellement à 7,9% à la fin de l’année prochaine ». « La faible croissance de l’activité et le rattrapage partiel des pertes de productivité passées auraient raison du fort dynamisme de l’emploi observé ces dernières années », poursuivent-ils, estimant que dans un tel contexte «la possibilité du plein-emploi s’éloignerait donc ».

 

 

Toujours selon le Blog d’El Diablo, l’organisation de la cérémonie d’ouverture des JO est visée par une enquête du Parquet National Financier. Des soupçons de corruption à tous les étages. « Le siège du Comité d'organisation des JO ainsi que les sociétés d'événementiel Double 2, Ubi Bene, Obo et Paname 24, ont été perquisitionnés par les enquêteurs financiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales. Ces premières opérations avant l'été avaient été menées dans le cadre de deux autres enquêtes également dirigées par le parquet national financier et portant aussi sur des soupçons de favoritisme et de détournement de fonds publics lors de l'attribution de marchés par le COJO et la Solideo, l'établissement responsable de la construction des ouvrages olympiques. Dans ces deux procédures, les enquêteurs s'intéressent à une vingtaine de contrats potentiellement litigieux, selon une source proche de l'enquête. Outre ces procédures, le PNF enquête aussi depuis septembre pour vérifier les accusations de favoritisme à l'encontre du directeur général délégué du COJO, Michaël Aloïsio, après la plainte d'un ex-salarié, dénonçant du favoritisme et du trafic d'influence dans l'attribution d'un marché public avec la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

 

Le parquet financier a également ouvert en juillet une procédure pour vérifier les conditions dans lesquelles un ancien inspecteur de Bercy aurait loué des chalets familiaux dans les Alpes à la Solideo, qu'il était chargé de contrôler. »

 

 

Pour ResPublica, suite au conflit Palestine-Israël, l’humanité est au bord du précipice : « Pour ce qui concerne directement la République française, il est urgent d’éviter l’importation de la haine engendrée par l’acte ignoble commis par le Hamas et par la riposte et le blocus de l’enclave de Gaza, tout autant inadmissible, sur le territoire national. La prolifération d’actes racistes en général et antisémites en particulier envers les écoles et les écoliers, envers les synagogues et les fidèles doit être condamnée et empêchée. Cela conforte la nécessité de préserver et promouvoir toujours plus les principes de laïcité qui garantissent la liberté de conscience en premier lieu et la liberté de culte, donc de pratiquer un culte ou de n’en pratiquer aucun. »

 

Toujours dans ResPublica, Bernard Teper se demande, après les assassinats de Samuel Paty et Dominique Bernard, où est la gauche de gauche : « Pour la gauche soi-disant radicale ou soi-disant extrême ou groupusculaire, comme pour les directions de la Nupes et de certaines directions syndicales, il y a un déni de la réalité de l’offensive salafiste et de l’offensive frériste. Et ce déni permet la construction des écosystèmes organisationnels dans lesquels prospèrent en leur sein les idiots utiles de l’islam politique qui racialise la question sociale. 

Pour la France, la lutte contre le djihadisme et la radicalisation passe par la réalisation d’une politique économique et sociale digne d’une République laïque et sociale, d’une école qui transmet des connaissances à tous les élèves quels que soient leur quartier ou leur origine, mais aussi par un renseignement policier et militaire à la hauteur des enjeux, par l’extinction progressive des écosystèmes qui permettent à l’islamisme radical de survivre, enfin par l’asséchement des soutiens financiers que lui procurent les dirigeants tant néolibéraux que des dictatures obscurantistes ou encore certains pays impérialistes. En un mot, il faut refonder une promesse républicaine, démocratique, laïque, sociale et écologique qui s’applique à toutes et tous et qui mérite que toutes et tous se battent pour elle.

 

 

 

Revue de Presse (480)
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16 octobre 2023 1 16 /10 /octobre /2023 05:01

Suite à l’assassinat d’Arras, le Blog d’El Diablo reprend un texte écrit par Gilles Questiaux juste après l’assassinat de Samuel Paty. Il clôt ce texte par un post-scriptum rédigé le 13 octobre 2023.

 

Un professeur d'histoire a été assassiné et décapité vendredi 16 octobre à Conflans en région parisienne pour avoir montré à ses élèves collégiens des caricatures de Mahomet, dans le but de leur enseigner la tolérance. Ce crime est un de ces faits divers horribles qui se multiplient et qui montrent la déliquescence générale de notre société, à l'instar, par exemple du meurtre d'un chauffeur de bus à Bayonne l'été dernier.

 

Si la présentation des faits est exacte, cet enseignant est une victime de plus du terrorisme propagé dans le monde par les pétro-monarchies protégées de l'Occident et que caresse Emmanuel Macron.

 

Mais il s'agit aussi d'une victime de cette idéologie moralisatrice qui oblige les enseignants à entrer dans les polémiques hystériques orchestrées par les médias, au lieu de faire leur métier, qui consiste à enseigner des concepts et des savoir-faire dans une ambiance sereine.

 

Il est à noter que l'assassin est "né à Moscou", il s'agit donc d'un musulman de Russie fanatisé qui a trouvé refuge en France grâce à notre ostentatoire tolérance qui fait honte aux méchants Poutine et Xi Jinping ! 

 

J'ai exercé précisément ce métier de prof d'histoire-géo trente ans dans des quartiers présumés difficiles en banlieue parisienne, et j'ai été confronté assez souvent aux effets de la propagande des groupes intégristes pour savoir de quoi je parle.Il était jusqu'à ce jour vraiment exceptionnel que le ressentiment idéologique des élèves les pousse à la violence, mais il était contre-productif d'un point de vue éducatif de les provoquer en leur mettant sous le nez précisément ce qu'ils n'ont pas envie de voir. En ce sens, cet enseignant est aussi la victime du rôle de porte-parole du discours consensuel – et rigide – des médias et des politiques "mainstream" sur l'actualité et sur l'histoire qu'on impose en douce aux professeurs d'histoire et géographie.

 

Utiliser les caricatures de Mahomet pour enseigner la tolérance ne peut aboutir qu'à l'échec, car tous les musulmans, pas seulement les intégristes ou les fanatiques, détestent ces pseudo-caricatures aux intentions troubles qui sont perçues par les intéressés comme pouvaient l'être par les juifs les caricatures antisémites dans la presse d'avant-guerre. Il y a quelque chose qui sonne faux dans l'idée de les montrer pour montrer la liberté de les montrer ! Comme si elles ne signifiaient rien en elles-même.

 

Il est à peu près impossible, et spécieux, d'attendre d'enfants ou d'adolescents qu'ils puissent faire la distinction qu'il y a entre leur montrer un document pour communiquer un message, et leur montrer un document pour montrer qu'on a le droit de montrer ce document et de communiquer son message. Surtout lorsque l'on sait que ce public d'élèves a été prévenu de manière hostile contre ce message.

 

On leur demande de pratiquer la morale du philosophe Emmanuel Kant, pas moins, alors que dans la plupart des cas on ne leur a pas donné les moyens de comprendre le contenu d'un article de journal qui n'est pas prédigéré à leur intention.

 

Autrement dit, en utilisant des caricatures de Mahomet, on ne peut provoquer qu'une situation de blocage, et un rapport de force irrationnel, où l'on peut vaincre mais pas convaincre. Et vaincre, c'est vite dit, dans une situation générale de l'Éducation nationale où l’autorité des enseignants a été minée par leur propre encadrement de tutelle depuis au moins deux générations.

 

PS : Un autre professeur vient d'être assassiné aujourd'hui à Arras, par un jeune également issu d'une famille de réfugiés Tchétchènes, qui avait été sauvée de l'expulsion sur le tarmac par les associations de défense des droits de l'homme, en 2014. On voit que par russophobie primaire on a bel et bien cultivé un nid de frelons. Mais chacun sait qu'un terroriste, s'il est un monstre quand il agit chez nous, quand il agit en Russie, ou en Chine, ou en Syrie devient ipso facto un paladin de la démocratie et de la liberté et qu'il doit être couvert et protégé inconditionnellement.

Revue de Presse 479

Arras, la ville de mes grands-parents paternels (ah, la rue des Hochettes !), la ville où mes parents se sont connus, jeunes, au lycée, une ville différente de toutes les autres dans le Nord. Mon grand-père instituteur, mes parents instituteurs.

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15 octobre 2023 7 15 /10 /octobre /2023 05:01
Par Jacky Texier
Vous trouverez tous les centres culturels de Limoges, à savoir CCM Jean Gagnant, CCM Jean Le Bail, CCM Jean Macé, CCM John Lennon, sauf ....le Centre Culturel Jean Moulin qui a disparu des radars.
Le CCSM Jean Moulin a été débaptisé pour devenir pour devenir Maison des Arts et de la Danse, soit MAD (qui signifie "fou" en anglais), dont l'adresse indiquée dans l'article du Populaire du 1er juillet 2023 était la suivante :
"Accueil/billetterie Grand Théâtre, 48 boulevard Jean-Jaurès, du mardi au samedi de 12 h 30 à 18 h 30, 05.55.45.95.95. MAD : centre commercial Cora, du lundi au vendredi 12 h 30-18 h 30 - 05.55.45.94.70".
Depuis quelque temps, l'adresse officielle est 76 rue des Sagnes.
Dans notre région qui a vu à une époque un maire socialiste de Limoges voter les pleins pouvoirs à Pétain et un maire communiste, Georges Guingouin, lâché et persécuté par son parti pour avoir osé organiser la résistance à l'occupant nazi, cette décision apparaît à beaucoup comme insupportable. Il est important que les jeunes générations de cette région aient connaissance de ce que fut cette terre de Résistance et aussi de ceux qui ont osé faire comme de ceux qui n'ayant osé, se sont évertués à masquer leur lâcheté en détruisant ceux qui avaient osé.
Devant cette mesure indigne qui consiste à retirer à ce lieu de culture le nom de Jean Moulin, qui peut s'apparenter à un effacement de l'histoire, une pétition a été lancée que je relaie et dont voici le lien :
Aidez-moi à faire avancer ce combat : Le centre culturel Jean Moulin à Limoges débaptisé : sauvons la mémoire de la Résistance !
 
N'hésitez pas à la signer et à la diffuser
 
PS : La municipalité de Limoges, au lieu de débaptiser le CCM Jean Moulin, serait bien avisée de s'intéresser à la rue Jacques Chardonne, collabo notoire, qui, comble de l'ironie, se trouve entre les rues de la Liberté, de l'Égalité et de la Fraternité.
 
En 2004, deux salles de l'Hôtel de Région Poitou-Charente portant le nom de Jacques Chardonne ont été débaptisées.
Le Centre culturel Jean Moulin à Limoges a disparu !
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9 octobre 2023 1 09 /10 /octobre /2023 05:01

Dans Le Grand Soir, Jean Pégouret se souvient de Jean-Pierre Elkabbach : 

 

Je voudrais profiter de la disparition de Jean-Pierre Elkabbach, le 3 octobre pour évoquer un échange avec lui qui fut pour moi définitivement très instructif sur la profession de journaliste.

 

En 2013, le pianiste chinois Lang Lang donnait un concert au Champ de Mars pour le 14 juillet.

A l’époque, avec quelques amis, nous avions entrepris de lancer la chaîne française de télévision ASIA 8 qui visait à faire connaître les activités de la communauté asiatique en France.

Etant venu couvrir le concert de Lang Lang, j’avais rencontré Jean-Pierre Elkabbach dans le carré des invités et lui avait proposé de participer à notre initiative.


Sa réponse a tenu en deux mots : « qui paye ? »


Le ciel au-dessus de moi s’est déchiré et je suis resté sans voix. En un éclair, j’ai perdu toutes mes illusions et balayé mes dernières interrogations sur le moteur des journalistes, même de grand talent.

 

 

Toujours dans Le Grand Soir, Pour Rodolfo Reyes, il n'y a pas de doute, le grand poète Pablo Neruda a été assassiné : 

C’est une vérité qui dérange encore la droite chilienne, celle-là même qui a toujours voulu enterrer l’homme de culture mais aussi l’homme politique, le militant, le poète et l’idéaliste. De la même façon qu’elle a voulu enterrer le coup d’État de 1973, les disparus, les torturés, les jetées à la mer, les exilés, les horreurs de la répression. Il faut se rendre compte qu’aujourd’hui encore une grande partie de la droite réfute l’utilisation du terme « coup d’État ».

Ils veulent occulter aux jeunes générations l’histoire de notre pays, comme si en Europe on racontait aux élèves que le nazi n’a commis aucun crime, en réduisant toutes les atrocités de la Seconde Guerre mondiale à un simple différent politique. Aujourd’hui le gouvernement Boric tente de faire ressurgir la vérité des faits, mais il a face à lui des forces très puissantes, soutenues par les pouvoirs économiques et médiatiques.

Mais avec les résultats scientifiques présentés par les laboratoires du Canada et du Danemark, c’est une nouvelle page de l’histoire qui est en train de s’écrire. 

Il s’agit d’un assassinat politique. Les preuves scientifiques sont dans le dossier et ça, ils ne pourront pas l’effacer. Le mensonge ne peut prévaloir et nous sommes convaincus que tôt ou tard, le monde entier reconnaîtra la vérité. Nous demandons aux Français, qui ont déjà fait preuve de tellement de solidarité avec le Chili, de nous aider dans ce combat pour la justice.


 

Revue de Presse (478)

Dans le site Les 7 du Québec, Eva Bartlett rappelle les relations qu'entretient le Canada avec la mouvance nazie : 

Que Trudeau (et sa vice-première ministre sympathisante de Stepan Bandera, Chrystia Freeland) soient au courant ou non du passé de Yaroslav Hunka, la question demeure : pourquoi n’a-t-il jamais été traduit en justice ? Lui ou l’un des 2 000 autres SS nazis que le Canada aurait accueillis dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Ayant été acceptés comme réfugiés anticommunistes avec peu ou pas de contrôle, ces criminels de guerre et collaborateurs présumés ont été autorisés à vivre le reste de leurs jours en paix, et la plupart d’entre eux l’ont fait ouvertement sous leur propre nom. Le Centre Wiesenthal l’a signalé à plusieurs reprises.

Il y a beaucoup à dire sur l’histoire du Canada avec les nazis ukrainiens. Non seulement il les a accueillis après la Seconde Guerre mondiale, mais le Congrès ukrainien canadien, soutenu par le gouvernement, qui, jusqu’à récemment, comptait parmi ses membres les organisations d’anciens combattants collaborateurs des nazis, ainsi que les « centres de jeunesse » ukrainiens financés par le gouvernement qui célèbrent les collaborateurs nazis comme Stepan. Bandera et Roman Shukhevich. Il existe même des monuments honorant les collaborateurs nazis et les criminels de l’armée insurrectionnelle ukrainienne encore debout dans les villes canadiennes.

Le Canada a également  soutenu les nazis des temps modernes en Ukraine même, en entraînant des membres du bataillon néo-nazi Azov sur le sol canadien, bien que les grands médias canadiens aient tenté ces dernières années de minimiser cela.

 

Enfin, Gala nous informe que le cercle des visiteurs de Bernadette Chirac s'est singulièrement restreint : Maryvonne Pinault, l'épouse de François, Françoise Dumas, la grande prêtresse des dîners en ville selon Vanity Fair, et son petit-fils Martin. Sa fille Claude ne souhaite pas que le cercle de sa mère, qui a encore toute sa tête, ne s'étende trop. Elle ne veut pas qu'on la voie amoindrie, diminuée.

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6 octobre 2023 5 06 /10 /octobre /2023 05:01

Dans son éditorial Benoit Bréville décrit comment sont perçus, vus d’Afrique, les problèmes de l’immigration : « Quand journalistes et dirigeants politiques daignent évoquer les pays de départ, ce n’est que pour distinguer les « réfugiés », qui ont quitté un État en guerre et mériteraient une certaine attention, des « migrants », dont les motivations économiques ne sauraient justifier qu’on leur offre l’hospitalité. « Si les personnes ne sont pas éligibles à l’asile, ce qui est le cas des nationalités que nous constatons en ce moment, des Ivoiriens, des Gambiens, des Sénégalais, des Tunisiens, (…) il faut évidemment les renvoyer dans leur pays », expliquait ainsi le ministre de l’intérieur français, M. Gérald Darmanin, après le débarquement de huit mille exilés à Lampedusa (TF1, 19 septembre).

 

Les raisons qui peuvent pousser un Sénégalais à quitter son pays sont généralement formulées par les médias en des termes si vagues qu’ils en perdent tout sens : « fuir la misère », « trouver un avenir meilleur ». Au Sénégal, ces mots renvoient à une réalité tangible. Celle des accords de pêche qui autorisent les Européens et les Chinois à ratisser les océans avec leurs chalutiers capables de rapporter en un voyage ce qu’une embarcation locale recueille en un an. Celle de l’accaparement des terres, avec son cortège d’investisseurs étrangers qui expulsent des paysans pour mieux favoriser les produits de rente au détriment des cultures de subsistance, l’arachide plutôt que le sorgho et le millet. Celle du réchauffement climatique, qui affecte les récoltes, avec des saisons humides plus courtes, des inondations et des sécheresses plus fréquentes, un désert qui progresse, une mer qui monte, érode les côtes, salinise les sols. Celle de la répression politique, orchestrée par un président, M. Macky Sall, ami du Quai d’Orsay.

 

 

Pour Allan Popelard, l’armée est devenue le miroir d’une France sans boussole : « La fin de la guerre froide ainsi que l’efficacité de la dissuasion nucléaire ont longtemps justifié une réduction des moyens humains et matériels de la Grande Muette. L’invasion de l’Ukraine par les troupes russes a néanmoins changé la donne. Mais accompagner le vaste mouvement de réarmement de l’Europe tout en vantant les vertus éducatives de la vie en caserne pour la jeunesse populaire suffit-il à doter la France d’une ambition géopolitique ?

 

 

Martine Bulard estime qu’aujourd’hui le Sud s’affirme : « Qui dirigera les affaires du monde d’ici la fin du XXIe siècle ? L’Occident, sous l’égide des États-Unis, ou les pays du Sud, Chine et Inde en tête ? En décidant fin août d’accueillir six nouveaux membres, le sommet des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) a affirmé la volonté des pays émergents d’œuvrer à une réorganisation du système international. Une étape majeure dans le rééquilibrage planétaire, qui en demandera beaucoup d’autres.

 

 

Vincent Gayon explique comment l’Europe se vide de tout débat démocratique : « Nombre de réformes engagées par le gouvernement français ont pour motivation officielle les exigences de la Commission européenne ou encore la nécessité de rassurer les marchés. En réalité, de discrets conclaves technocratiques et financiers ébauchent, finalisent et parviennent à imposer des décisions que ni les Parlements ni les débats publics ne peuvent contrarier.

 

Ce sera 64 ans. Le 10 janvier dernier, sitôt le recul de l’âge légal de départ à la retraite officialisé par la première ministre française, Olivier Blanchard se demandait : « Pourquoi le gouvernement risquerait-il les grèves et une perte de capital politique, pour pousser une réforme dont la France n’a pas besoin ? » Les réponses au tweet de l’économiste insistèrent alors sur le besoin de complaire aux marchés financiers — pour attirer des capitaux — et à l’Union européenne — pour bénéficier du fonds de relance. Mais dès le 17 octobre 2022 Bruxelles s’était défendu de conditionner le déblocage des aides à une refonte du système de pension. Ni pur assujettissement, ni simple dialogue technique, en quoi consistent exactement les rapports des gouvernements aux bureaucraties — publiques ou privées, nationales ou européenne — qui suivent, influencent ou coproduisent leurs politiques publiques ? Revenir à la séquence dans laquelle s’insère l’annonce de Mme Élisabeth Borne permet de mieux le saisir ; pour constater le règne de la connivence experte, de l’argument d’autorité, au détriment du débat public comme de la délibération parlementaire. »

 

 

Pour Anne-Dominique Correa, en Argentine, la droite rugit mais innove peu : « Lestée par sa dette extérieure, l’Argentine connaît une inflation structurelle qui a plongé une grande partie de la population dans le chômage et la pauvreté. Constatant l’échec des péronistes, les électeurs semblent disposés à se tourner vers deux droites autoritaires lors du scrutin présidentiel du 22 octobre : celle, classique, de Mme Patricia Bullrich, ou celle, débridée, de M. Javier Milei. »

 

 

Charles Enderlin évoque la fronde historique en Israël : « Décidé à changer de régime en réformant notamment le système judiciaire, le premier ministre Benyamin Netanyahou fait face à une protestation populaire qui ne faiblit pas. Les manifestants entendent défendre la démocratie contre sa remise en cause par la coalition d’extrême droite au pouvoir. La discorde n’épargne pas l’armée, tandis que la question palestinienne continue de diviser les Israéliens. »

 

 

Adel Bakawan estime que l’influence des milices en Irak ne fait que croître : « Le 10 juin 2014, l’Irak est saisi de stupeur. Mossoul, la grande ville du nord du pays, tombe aux mains de l’Organisation de l’État islamique (OEI). L’armée, les forces antiterroristes, la police et les autres entités de sécurité nationale se sont révélées incapables de faire pièce à quelques centaines de djihadistes. Dans leur débâcle, elles abandonnent des tonnes de matériel à cet ennemi d’obédience sunnite. C’est un drame national accompagné d’un sentiment généralisé de panique et d’humiliation. Trois jours après la chute de Mossoul, M. Ali Al-Sistani, la plus haute autorité religieuse de Nadjaf — le centre névralgique du chiisme irakien —, émet une fatwa appelant le peuple à se mobiliser militairement et à résister à l’offensive de « Daech » (acronyme de l’OEI en arabe). En réponse à cet appel, des milliers de jeunes rejoignent les milices qui se forment un peu partout ou qui existent déjà. Pour ces volontaires, il n’est pas question d’être incorporés dans une armée ayant perdu tout crédit.

 

 

Christine Chaumeau estime que l’urbanisation à Phnom Penh est « échevelée » : « Madame Yen Yat est rassurée. Son arbre va survivre. Les ouvriers de la voirie lui ont certifié que l’élargissement de la route, dix mètres de chaque côté, n’aura pas d’effet sur les racines de son vieux chan de 200 ans. Sous ses frondaisons, assise sur un klé en bambou, une plate-forme sur laquelle on s’installe au Cambodge pour se reposer ou pour manger, la sexagénaire observe le monde qui s’agite devant chez elle. Une cour dans laquelle vivent quatre familles. Ici, à Srok Chek, un faubourg excentré de la capitale Phnom Penh, les maisons entourées de jardins restent dominantes. Mme Yen Yat montre du doigt le panneau « À vendre » fixé sur la parcelle située en face. Le terrain est proposé à 600 000 dollars (560 000 euros) pour 1 328 mètres carrés, soit 450 dollars le mètre carré (420 euros). Rien à voir avec les 5 000 dollars le mètre carré du centre. Reste que « quelqu’un est venu me proposer 1 million de dollars pour ma maison, sourit-elle. Mais où irais-je ? ». Les rizières alentour ont disparu, l’immense lac voisin de Choeung Ek, vaste espace de lagunage se gonflant en période des pluies, est désormais en voie de comblement.

 

 

Pour David Ownby, les chercheurs chinois sont à la recherche d’un rêve… chinois : « Avant la pandémie de Covid-19, la Chine semblait à portée de main. Les vols directs entre Montréal et Pékin survolaient le pôle Nord et parcouraient les dix mille kilomètres séparant les deux métropoles en douze heures environ. Mais en ce printemps 2023, tandis que la Chine décidait finalement de sortir de trois ans d’isolement, ces lignes avaient disparu. Faute de mieux, il a fallu se résigner à réserver un billet Montréal-Toronto-Zurich-Hongkong, un périple de plus de trente heures. J’allais bientôt découvrir que la pandémie n’avait pas perturbé seulement les déplacements aériens. »

 

 

Tangu Bihan estime que la junte guinéenne se veut très fréquentable : « Nous ne pouvons pas être le deuxième producteur [mondial] de bauxite et ramper devant la “communauté internationale”  », lance, bravache, M. Morissanda Kouyaté, le ministre des affaires étrangères du gouvernement de transition guinéen, lors d’une séance de questions au Parlement le 26 avril dernier. Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) — la junte dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya depuis le coup d’État du 5 septembre 2021 — ne semble pas pressé d’organiser les élections, officiellement prévues en 2024 pour rendre le pouvoir aux civils. Depuis deux ans, les putschistes de Conakry n’ont presque fait aucun geste en ce sens. Pour autant, ils subissent peu de pressions internationales, contrairement à leurs homologues du Sahel. »

 

 

Guillermo Del Valle décrit une Espagne à la moulinette identitaire : « Les tractations politiques qui se sont engagées à l’issue des élections générales espagnoles du 23 juillet 2023 (qui n’accordèrent de majorité à aucune formation) ont semblé diviser le pays en deux blocs. D’un côté, les conservateurs et l’extrême droite, respectivement emmenés par le Parti populaire (PP) et par Vox, tous deux caractérisés par leur défense d’une conception centralisatrice du pouvoir et d’une forme de nationalisme « unitaire » : l’idée que l’Espagne serait constituée d’une nation unique et indivisible. »

 

 

Avec Copélia Mainardi, écoutons Rébétiko, le chant des âmes grecques : « Tables carrées, carrelage orangé, étroits escaliers en fer forgé : de prime abord, la petite salle aux allures de réfectoire ne paie pas de mine. Steki Pinoklis est pourtant une institution à Athènes : cette taverne est réputée pour ses concerts, qu’on écoute jusque tard dans la nuit en savourant des mets traditionnels, une bière ou un verre de raki. Campé derrière son comptoir, devant le grill de la cuisine qui fume sans discontinuer, le gérant n’est pas bavard. Tout de noir vêtu, casquette vissée sur le crâne, il impose le silence aux clients trop bruyants d’un geste de la main. Ici, soit on chante, soit on se tait. Une méthode qui semble avoir fait ses preuves : à Athènes, tous en conviennent, il n’y a pas meilleur endroit où écouter du rébétiko. »

 

 

Aboubakar Jamaï dévoile les dessous d’une facheie franco-marocaine : « Depuis janvier, le royaume chérifien n’a plus d’ambassadeur dans l’Hexagone. Les tensions qui empoisonnent ces dernières années les relations entre les deux capitales ont été ravivées par la polémique autour de l’aide humanitaire après le séisme du 8 septembre. Mais derrière les querelles, de part et d’autre de la Méditerranée, on sait s’accorder sur des intérêts bien compris. »

 

 

Pour Aurélien Bernier, l’augmentation des prix de l’électricité est délibérée : « La dérégulation du marché de l’électricité voulue par la Commission européenne se traduit par un envol des factures pour les consommateurs. Si M. Emmanuel Macron promet que l’État français va « reprendre le contrôle » des prix dans le cadre de son projet de planification écologique, Bruxelles entend poursuivre une politique qui fait des particuliers les dindons de la libéralisation du secteur. »

 

 

Selim Derkaoui brosse un portrait sans complaisance de la boxe en France : « Canal Plus filmait les combats de cette salle parisienne. « Au moment de monter sur le ring, ils annoncent l’interminable palmarès de mon adversaire. Vient mon tour, “M. Derkaoui, champion de Normandie”, et… voilà, c’est tout. L’arbitre me déshabille du regard et souffle à mon entraîneur : “C’est un combat professionnel, il doit être torse nu, votre boxeur !” Je m’exécute. J’ai l’impression de me foutre à poil devant tout le monde. Un vrai bout de viande jeté dans l’arène. Il y avait tout le gratin bourgeois, comme si je me donnais en spectacle pour leurs beaux yeux. » « Beau champion racé, l’Israélien Schmuel Yacon disposera de Derkaoui », légende une photo de leur combat dans un journal spécialisé. « J’étais au tapis dès le premier round. J’avais la tête qui sonnait. Le troisième round, je ne m’en souviens même plus. Je me suis réveillé dans le vestiaire. J’ouvre les yeux, je regarde le soigneur, je lui dis : “J’ai perdu ou pas ?” Il me dit : “Tu as perdu aux points !” Même lui n’a pas tilté que j’avais perdu la mémoire, et encore moins mon entraîneur ! »

 

 

Timothée de Roglaudre décrit la profession de gardien d’immeuble : « la rue Oberkampf, dans le XIe arrondissement de Paris, on peut entrapercevoir à travers une grille, dans la cour pavée, la loge de Mme Natalia Teixeira Syed. La devanture est bordeaux, la porte vitrée ; un discret panneau métallique bleu marine indique : « Gardien ». Dans l’entrée exiguë sont entreposés un aspirateur et des produits ménagers. Sur la table basse du salon, le téléphone portable de la gardienne d’immeuble de 45 ans vibre. L’écran affiche « casa portuguesa »  maison portugaise »). Une fois par an, au mois d’août, elle rend visite à sa famille. Avant l’été, elle doit trouver une remplaçante pour éviter que les courriers s’amoncellent et attirent l’attention des cambrioleurs, nourrir les chats des résidents, arroser leurs plantes, etc. »

 

 

Dominique Plihon pose la question d’une monnaie mondiale contre le dollar : « Le sommet pour « un nouveau pacte financier mondial » qui s’est tenu les 22 et 23 juin 2023 à Paris a souligné le gouffre qui sépare les pays riches des pays du Sud. Tandis que ces derniers ont des besoins de financement massifs pour faire face à une crise climatique qu’ils subissent de plein fouet et dont ils ne sont pas responsables, les premiers se contentent de promesses vagues. Une nouvelle fois, les pays du Sud ont exigé une réforme du système financier international, largement dominé par les États-Unis, et la mise en place de nouveaux instruments leur permettant de financer la transition écologique. Notamment l’utilisation d’un outil conçu par le Fonds monétaire international (FMI), les droits de tirage spéciaux, ou DTS. »

 

 

Garrison Lovely nous livre la confession d’un repenti de McKinsey : « Durant l’été 2015, je me suis retrouvé à travailler dans une célèbre prison américaine. J’étais alors stagiaire pour le cabinet de conseil McKinsey & Company et nous étions chargés de faire diminuer les violences à Rikers Island, le plus grand complexe pénitentiaire de New York. À mon arrivée, McKinsey était présent depuis neuf mois sur ce site où la corruption, la violence et le recours à l’isolement régnaient.

 

En dépit des prétendus efforts de la compagnie, l’usage de la force par les gardiens de cette prison n’a cessé d’augmenter depuis 2016, jusqu’à atteindre en 2020 un niveau qualifié de « record historique »par un agent fédéral chargé de contrôler le pénitencier. Entre 2011 et 2021, la fréquence des coups de couteau s’est accrue de 1 000 %. En 2019, le site ProPublica a révélé que McKinsey avait falsifié ses chiffres sur la réduction des violences — ce que le cabinet a démenti. En mai 2022, la municipalité de New York a cessé d’utiliser le système de classification des détenus mis au point par nos consultants. Au bout du compte, les services de McKinsey ont coûté 27,5 millions de dollars à la ville, pour de piètres résultats. La firme, elle, a pris son argent, et elle est passée à d’autres projets.

 

 

Marie-Noël Rio refait l’historique des subventions aux spectacles vivant : « Pourtant de plus en plus fréquentes, il est assez rare que des réductions, voire des suppressions, de certaines subventions publiques à des théâtres ou à des opéras agitent les médias. C’est néanmoins ce qui s’est produit quand le conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes sous la présidence de M. Laurent Wauquiez a opéré des coupes claires, notamment dans le budget de l’Opéra de Lyon, suivant d’ailleurs les traces de la ville de Lyon, et supprimé ce qu’il attribuait au Théâtre Nouvelle Génération, dont le directeur avait tenu des propos qui avaient déplu. »

 

 

Pour Serge Halimi et Pierre Rimbert, le béton médiatique se fissure en Ukraine : « Google aurait, selon le New York Times, mis au point un robot capable de rédiger des articles de presse. Le traitement médiatique de la guerre en Ukraine suggère pourtant que les éditorialistes disposent d’une avance difficilement rattrapable en matière d’écriture automatique. En France, par exemple, une triade jusqu’au-boutiste formée par Le Monde, Le Figaro et Libération donne le ton et aligne, parfois au mot près, les mêmes mots d’ordre : « Céder face à Poutine signerait une défaite stratégique catastrophique pour l’Occident. (…) Les alliés de Kiev devront accélérer le rythme et la qualité des livraisons d’armes », proclame Le Figaro (10 août 2023). « Oui, cette guerre risque d’être longue. Le seul moyen de l’abréger est d’intensifier l’assistance militaire à l’Ukraine », confirme l’éditorialiste du Monde (18 août 2023). D’autant, insiste Serge July dans Libération (14 août 2023), qu’« il s’agit d’une guerre au cœur de l’Europe contre les régimes autoritaires, antidémocratiques qui privilégient la force et la tyrannie ». France Inter, LCI, BFM TV et la plupart des autres médias exécutent la même partition. »

 

 

En Argentine :

 

Le Monde Diplomatique (288)
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