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12 janvier 2023 4 12 /01 /janvier /2023 07:47

Ci-dessous, une tribune d'Olivier Estevès, professeur des universités (Lille), publié dans Libération :
 


Bercés par le cliquetis de jeunes adultes qui prennent des notes, certes, mais checkent aussi leur «Insta», les cours en amphis sont touchés par un fléau de l’inattention. Pourquoi dès lors les maintenir ?


A la fin des années 70, il fallait deux amphis entiers pour accueillir le public se ruant sur les cours de Michel Foucault au Collège de France. Autour du grand philosophe, on trouvait parfois des dictaphones religieusement déposés par des personnes ne voulant rien, absolument rien rater des mots de l’auteur de Surveiller et Punir.

Bien sûr, cela fait de longues années que ces dictaphones n’existent plus, et qu’ils ont été supplantés par des ordinateurs portables, dont d’ailleurs la présence n’a jamais été sérieusement débattue dans l’université française. Pourtant, ces outils numériques sont autant d’armes de distraction massives qui, notamment dans l’anonymat de l’amphithéâtre, permettent de faire tout autre chose que de suivre le cours tout en véhiculant l’impression de prendre des notes. De très nombreux professeurs de cours magistraux ont déjà vécu cette expérience, d’autres enfin font semblant de ne pas le voir, car prendre la mesure de l’inattention en amphi serait prendre conscience que loin d’exercer quelque noble fonction de transmission des savoirs, nous aussi exerçons, au final, un peu d’un bullshit job.

« Faire le bordel », mais en silence

La prise de notes par ordinateur est beaucoup plus rapide qu’à la main, donc il est difficile d’interdire ces ordinateurs en amphi, même si on pourrait aussi penser que pour maximiser l’attention en cours, les amphis devraient être le lieu privilégié de l’interdiction des ordinateurs. Quant aux téléphones portables, ceux-ci sont parfois ubiquitaires et perturbent toujours l’attention en cours. Les amphis sont donc par excellence les lieux d’incivilités numériques innombrables, qui rendent parfois complètement illusoire toute velléité d’attention en cours. Et, là où, par le passé, un certain nombre de profs se faisaient «bordeller» pendant les cours magistraux, désormais les amphis sont plutôt silencieux, et chacun et chacune peut se rassurer en se disant que l’attention est de mise puisque les cliquetis des claviers égrènent les slides des exposés Powerpoint utilisés en cours. Le «bordel», on l’aura compris, peut aussi se passer en silence.

Le Covid a montré que les cours magistraux en mode distanciel n’étaient pas forcément à bannir : au moins le professeur ne pouvait vérifier l’attention en cours et donc pouvait librement se concentrer sur le contenu à partager, et les étudiants et étudiantes pouvaient plus facilement poser des questions, en utilisant la fonction « chat » de Zoom ou bien carrément en prenant la parole depuis le confort de leur chez eux, alors qu’en amphi, les étudiants timides ne prennent jamais la parole. Assez paradoxalement donc, la distance pouvait faciliter l’interaction. On peut aussi enregistrer un cours magistral sur Zoom et le laisser à la disposition des étudiants et étudiantes sur nos espaces numériques de travail, quitte à organiser de courtes séances de questions par la suite.

Le fléau de l’inattention donne donc à penser qu’il n’est décidément pas saugrenu d’envisager sereinement la fin des cours en amphithéâtre. Cela veut dire également repenser l’architecture des nouveaux campus, où l’on devrait construire beaucoup moins d’amphithéâtres et beaucoup plus de salles en petits groupes. A contrario, les travaux dirigés doivent être sanctuarisés et même multipliés en nombre, ce qui, en ces temps de sous-financement chronique des universités, n’est pas – loin s’en faut – à l’ordre du jour.

Amphi vs khôlles en prépas

Il est tentant de voir les khôlles des classes préparatoires comme le contraire institutionnel des cours en amphis, fossé qui illustre de manière violente un séparatisme typiquement français, que la massification des universités n’a fait qu’exacerber.

Dans les khôlles, l’attention est réelle, l’interaction est personnelle, et les enseignants connaissent les noms et prénoms des élèves (notez qu’on dit « élèves de prépas », pas «  étudiants »), un scénario impensable pour l’écrasante majorité des étudiants, notamment en licence. En face des « khôlles », donc, du mauvais côté du mur de Berlin des études supérieures à la française, ces amphis souvent bondés, où une personne seule face à une marée humaine dont on ne voit pas les yeux « essaie de », « fait comme si » ou «fait semblant de», bercé par le cliquetis de jeunes adultes qui prennent des notes, certes, mais checkent aussi leur «Insta », s’enquièrent des dernières nouvelles sur une énième blessure de Neymar, s’amusent devant des vidéos qui les extraient d’un quotidien morne et précaire, ou font un peu de tout ça simultanément. Dans le même temps, les présidences d’universités regardent ailleurs elles aussi, pensent aux « Labex », « Idex », « Epex » ou au classement de Shanghai. Que de vastes salles dans leurs murs ne servent plus à grand-chose ne semble pas les tourmenter, car ce n’est pas vraiment sur cela que le ministère les jugera.

En finir avec les cours magistraux en amphithéâtre, par Olivier Estevès
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30 décembre 2022 5 30 /12 /décembre /2022 06:01

Ce peintre auscitain mort en 1935 a traité toutes sortes de lumières avec un talent et une inventitivité rares.

Jean-Louis Rouméguère et la lumière
Jean-Louis Rouméguère et la lumière
Jean-Louis Rouméguère et la lumière
Jean-Louis Rouméguère et la lumière
Jean-Louis Rouméguère et la lumière
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24 décembre 2022 6 24 /12 /décembre /2022 06:01

Maxime Vivas. Pourquoi j'ai voulu tuer Louis-Ferdinand Céline. Polar historique. Investigaction, 2022.

 

Vous me voyez extrêmement embêté. Je dois rendre compte d'un livre de Maxime Vivas qui fait l'objet d'une réédition (il était paru en 2003 sous le titre un peu abscons et qui se voulait peut-être drôle de La cathédrale au fond du jardin). Or ce court ouvrage, qui m'avait échappé il y a vingt ans, est formidable, roboratif, brillantissime. Donc, par peur d'en rajouter, je vais essayer de me calmer et de trouver des défauts (un, en tout cas) à cette quasi perfection,  œuvre d'un homme de cœur et d'un ami cher.

 

En 1943 à Paris, quelques résistants, parmi lesquels figure Roger Vailland, se réunissent au quatrième étage d'un immeuble. Au troisième vit Louis-Ferdinand Céline, bonhomme et écrivain ignoble (quoique extrêmement talentueux qui se définissait comme l'écrivainissime), antisémite, soutien de l'occupant nazi, atrabilaire, en un mot répugnant. Un résistant imagine d'assassiner Céline pour, d'une part, débarrasser le pays de cette horreur intellectuelle et pour, d'autre part, ébranler le moral de la France de Pétain et de l'occupant massacreur de résistants. Le projet fait débat. Il tourne autour de l'homme et de l'œuvre. Peut-on dissocier l'un de l'autre ? Peut-on, dans un même mouvement, vouloir la disparition d'une crapule et accepter la fin des créations géniales produites par cette même crapule et faire comme si ses livres n'avaient jamais été écrits ? Art, morale et politique s'interpénètrent, exacerbés. D'autant que l'auteur de Bagatelles pour un massacre (vendu à 75 000 exemplaires dès avant l'Occupation, ô Robert Denoël !), cet être nauséabond, n'a jamais tué, physiquement, qui que ce soit. Les débats cornéliens dans le théâtre de Corneille étaient de la petite bière à côté de ce dilemme inhumain. Il ne faut pas oublier, estime un des personnages, que, "quelles que soient les horreurs véhiculées par un intellectuel ou un artiste, c'est une pensée, c'est un art qui s'expriment. L'œuvre, la création, ne doivent pas être ligotées par les vicissitudes politiques du moment, ni appréciées à la lueur d'un contexte réduit et circonscrit dans un espace étroit."

 

Il n'en reste pas moins que l'auteur du Voyage au bout de la nuit a rarement été aussi bien mis en scène que dans ce passage : "Il peut avoir cent trouvailles écœurées chaque matin. Il est verveux. Suffit de presser sur le bouton du cerveau marqué "exécrations diverses", juste à côté de ceux des aigreurs, du fiel de la bile jaune, des acrimonies. Il irait bien en chaussettes, mais comment, alors, ne pas remarquer l'ourlet de son pantalon fabriqué dans le Sentier. S'il se défait de tous les habits fabriqués par des yous, il sortira cul nu, Louis-Ferdinand. Et le square Junod n'en sera pas embelli. Bref, il marche avec l'air du type qui se demande comment faire sauter la terre entière en épargnant l'essentiel : lui, ses manuscrits, son chat". Habillé pour l'hiver, ce parahumain...

 

Ce qui m'a le plus plu (oui, je sais, mais je ne suis pas écrivain) dans ce récit, c'est la manière dont l'auteur installe son histoire dans la littérature, et la manière dont la littérature devient la sève de l'Histoire. Ce n'est pas un hasard si ce texte, inspiré de faits réels, met en scène Roger Vailland (entré dans le combat clandestin par l'entremise de Daniel Cordier et auteur en 1945 de Drôle de jeu où il relate son expérience), écrivain cher à la Résistance et aux forces progressistes françaises des années cinquante et soixante. Vivas y va (oui, je sais) par petites touches, subtiles mais déterminantes :

 

" C'était tellement facile ! Oui, mais après ? L'immeuble allait être fouillé. Comment fuir ?

- En toute chose, il faut considérer la fin, gronda Jeanne qui voyait en La Fontaine un excellent conseiller des résistants."

 

Et puis il y a ce style remarquablement économique, propre à rendre jaloux les meilleurs scénaristes :

 

"La pièce est vide, éclairée par une simple ampoule qui pend du plafond. Jeanne a froid. Elle est épuisée, mais répugne à se coucher sur le sol de ciment, humide, glacial, et sur lequel elle distingue des traces de sang séché. Elle a envie d'uriner. Elle n'entend aucun bruit. Son oreille bourdonne et elle sent gonfler son œil droit. Elle est seule. Froid, fatigue, faim, la vessie douloureuse. Le coup de poing a dû lui abîmer quelque chose dans le ventre, ce n'est pas normal, sinon. Ils veulent aussi la briser physiologiquement."

 

J'ai également beaucoup aimé la pudeur et l'intelligence avec lesquelles Maxime évoque la vie amoureuse dans le monde de la Résistance, un univers, ne l'oublions pas, peuplé de femmes et d'hommes jeunes :

 

"Les résistants avaient une vie affective assez pauvre. Les fréquentations entre résistants multipliaient par deux les risques pour les réseaux. Que l'un des deux soient pris, l'autre se trouvait en danger. Il devait fuir, rompre les contacts, abandonner ses planques, annuler en catastrophe ses rendez-vous. Bref l'amour et la guerre ne faisaient pas bon ménage."

 

Je vous avais promis un petit bémol : le voici. A plusieurs reprises, Maxime nous gratifie de notes infrapaginales, ce qui est inutile, contre-productif et rompt le pacte de lecture. On trouve la plus spectaculaire page 94 : "Tout ce qui figure dans ce paragraphe est authentique". Hé non, Maxime, tout est faux puisque nous sommes dans un "polar". Lorsque Victor Hugo écrit (j'invente) : "Gavroche se dirigea vers la colonne Vendôme", Gavroche (qui n'existe pas) ne se dirige pas vers la colonne Vendôme mais vers "la colonne Vendôme" requise à ce moment précis du roman par l'imaginaire du romancier et qui est peut-être encore plus priapique qu'on ne peut le concevoir. Nous sommes dans les éternels et productifs interaction et flottement, tellement jouissifs, entre réel, réalité et réalisme. Lorsque le texte nous dit que, selon la propagande ennemie, des résistants "se laissaient prendre par milliers", la note qui précise qu'en décembre 1943, en guise de cadeau de Noël, 9 000 résistants furent arrêtés, est totalement superflue et mal-à-propos. L'auteur du livre, aiguillonné par le romancier,  lui-même inspiré par le chercheur, oriente le lecteur et le prive de sa liberté d'écrire à son tour le récit. Le "9 000" ne sert à rien : on avait compris ce qu'on avait voulu comprendre. Tout est faux mais tout est vrai selon le concept de suspens d'incrédulité, cette suspension of disbelief inventée par les Anglais il y a 200 ans : je lis la fiction comme s'il s'agissait de la réalité pour mieux m'imprégner de la situation évoquée. Les frères et sœurs du Petit Poucet ont le même statut que lui tant que je lis leur histoire. Là est le paradoxe de la fiction : pour qu'elle soit "vraie", je dois oublier qu'un auteur de chair et d'os, singulier ou collectif, m'a livré son imaginaire.

 

Pierre Lemaitre est coutumier de cette démarche.  A la fin de chacun de ses romans, il nous abreuve de notes explicatives sur les 38 romanciers qui l'ont inspiré, les 14 historiens qui l'ont empêché de commettre des erreurs factuelles, les 22 chercheurs qui lui ont mâché le travail. On s'en fiche : Lemaitre n'est pas un auteur de thèses, de monographies, mais de romans. Imaginez Hemingway nous donnant l'adresse du "vieil homme" dont la lutte enchanta notre enfance. Une bonne fiction écrase, efface toujours la réalité. Entre le réel donné et le réel construit, il y a l'art. Le dormeur du val a-t-il existé ? Question idiote.

 

Bref, comme disent les Etasuniens, a fiction is a fiction is a fiction.

 

 

Note de lecture 205
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16 décembre 2022 5 16 /12 /décembre /2022 06:01

Je reprends ici des extraits d'un article de Nicole Delépine sur le phénomène transgenre et sa médiatisation. Cet exemple nous vient du Canada.

 

Une adolescente ex-trans poursuit les médecins qui l’ont mutilée alors qu’elle était mineure. Chloé Cole a reçu des bloqueurs de puberté, des hormones transsexuelles, et subi une ablation de la poitrine à l’âge de 15 ans. Elle a décidé de poursuivre le groupe médical et l’hôpital qui ont facilité sa transition de genre alors qu’elle était mineure. Car aujourd’hui elle regrette profondément ses choix.

 

« Dès l’âge de neuf ans, Chloé Chole a commencé à “se questionner sur son genre”. À douze ans, elle dit à ses parents qu’elle veut “changer de sexe”. Ne sachant pas quoi faire, ces derniers sollicitent une aide médicale.

À aucun moment les médecins ne repoussent son “désir de transition”. De 13 à 17 ans, Chloé Cole subit un “traitement radical”hors autorisation de mise sur le marché et “insuffisamment étudié”, comprenant des bloqueurs de la puberté, un traitement par hormones sexuelles croisées et une double mastectomie.

 

Elle va poursuivre l’hôpital et les professionnels qui « ont effectué, supervisé et, ou, conseillé une hormonothérapie transgenre et une intervention chirurgicale ». Elle demande des dommages-intérêts punitifs. 

 

De fait ils ont manipulé les parents par le mythe du suicide qui menace et qui « serait évité » par ce long parcours médical, radical, irréversible qui pourtant mène plus souvent à l’issue fatale que l’inverse. En effet une étude canadienne montre que le taux de tentatives de suicide est de 3% chez les hétérosexuels, 15 à 25% chez les gays, lesbiennes et bi, mais dépasse les 45% chez les trans.

Le temps des procès est arrivé

Aujourd’hui en France allons-nous tenter une nouvelle fois de copier, et reproduire les délires d’outre-Atlantique, d’outre-Manche ou scandinaves, alors même que ces pays commencent à en prendre conscience des dangers que leur permissivité fait courir aux adolescents mal dans leur peau. En France toujours deux décennies de retard.

 

Un rapport de janvier 2022 remis au ministre Véran montre que le nombre de personnes se disant trans ou en parcours de transition représente 0,013 % de la population (8952 personnes parmi plus de 67 millions de Français). Mais la publicité redondante à la télévision, la formation des petits à l’école à leur soi-disant libre choix entraînent des conséquences.

 

D’après les données de l’Assurance maladie :

 

« Les demandes de prise en charge de chirurgie mammaire et pelvienne de réassignation ont quant à elles été multipliées par quatre entre 2012 et 2020, avec respectivement 113 et 462 demandes ».

 

Par ailleurs :

 

« Le nombre de séjours en établissements de médecine, chirurgie et obstétrique pour transsexualisme a été multiplié par trois entre 2011 et 2020, passant de 536 à 1 615. »

 

On se demande pourquoi actuellement un feuilleton ou film récent se croit obliger d’insérer un trans dans le scénario, pourquoi le ministre de l’Éducation nationale semble vouloir traiter ces domaines en priorité et pourquoi de multiples articles de journaux pleurent sur ces pauvres soi-disant « victimes de leur sexe » alors qu’ils le deviendront à coup sûr par l’utilisation généralisée de leur drame privé ;

 

Pourquoi les dirigeants politiques se croient-ils obligés d’afficher la caractéristique trans de tel ou tel ministre alors que cela ne devrait relever que de leur domaine privé.

 

Pour combien de « satisfaits » ? Et pour combien de temps ? L’idée n’est pas de refuser à quelques rares adultes cette reconnaissance et ces actes médicaux, mais d’informer, avertir enfants et adultes de la terrifiante manipulation qui mène des enfants en bonne santé, mais qui se posent avec plus d’acuité que la moyenne leur devenir sexuel à plonger dans ce parcours médical, ce petit monde fermé dans lequel ils trouvent au début une communauté accueillante, mais qui se transforme selon leurs confidences progressivement en un enfermement pour la plupart.

 

L’argent : cherchez l’argent, toujours

 

Malheureusement la prétendue humanité dont on multiplie les faux sens télévisés en mettant in fine sur le trottoir ou dans la drogue des êtres humains, « migrants » désinformés sur les conditions de vie occidentales, et dépouillés de leurs économies pour payer les passeurs, cette prétendue humanité est la même qui pousse des enfants à la mutilation, pour satisfaire des prédateurs avides d’argent ou de « belles » interventions de modelage d’un pénis chez une femme ou d’un vagin chez un homme. Appât du gain et distraction de la routine de l’appendicite ou du cancer du côlon d’un chirurgien blasé ou les deux ou encore envie de notoriété ? En tous cas le sort de « l’objet » à remodeler, du patient devenu objet n’a probablement pas grand-chose à voir avec la compassion pour l’enfant ou l’adulte angoissé par sa sexualité, du moins dans la majorité des cas…

Le lobby trans affirmatif a de gigantesques moyens

Soutenu notamment par la fondation Thomson Reuters, la société mondiale de services d’information, et par  Dentons, l’un des plus gros cabinets internationaux d’avocats.

 

On se demande pourquoi les pouvoirs publics accordent une telle importance aux militants trans-affirmatifs qui ne représentent que très peu de personnes. Pourquoi leur ouvre-t-on les portes des ministères (en premier lieu santé, éducation, etc.), des collectivités locales qui financent abondamment leurs projets ou des autorités administratives comme le Défenseur des droits ou le Contrôleur général des lieux de privation de liberté ?

 

Les rapports censés orienter les choix de la HAS en matière de recommandations sont confiés à des personnes, tout sauf indépendantes et objectives. Plaidant pour leur paroisse et ne tenant aucun compte de l’expérience acquise par les pays pionniers des traitements de transition médicale, et qui justement en reviennent comme la Suède.

 

Depuis une vingtaine d’années, la folie du « genre » avait atteint le monde anglo-saxon et scandinave, nous épargnant relativement (en dehors des séries…). Mais récemment la mode « de changer de sexe » dès l’école primaire s’est installée officiellement en imposant aux enseignants d’accepter que l’élève choisisse un nouveau prénom sans l’accord de ses parents.

 

Le ministre de l’Éducation prétend que l’éducation sexuelle est une priorité dans un pays où les jeunes ne savent plus ni écrire, ni compter, ni calculer même à l’entrée de prépas réputées.

 

Trop d’adolescents, en recherche d’eux-mêmes se trouvent embarqués dans un parcours de genre, tout malaise étant interprété comme une « dysphorie » pourtant rarissime. Les médecins consultés choisis pour leurs « compétences » autoproclamées sont le plus souvent des militants de la transition et orientent systématiquement d’emblée les enfants vers ce type de réponse, oubliant toutes les autres causes de mal être de cette tranche d’âge pour peut traiter moins brutalement.

Un marché juteux et trop de victimes embarquées sans réel diagnostic, sans précaution

 

Ce serait la règle de l'auto diagnostic !Une enfant de quatre ans qui se dit garçon a forcément raison et il faut aller dans son sens, c’est ce qu’on explique aux parents perdus et pas préparés à ce genre de déviance, et les enfants de quatorze ans peuvent imposer leur « transition » dans le secret, sans en informer leurs parents.

 

On fait voter aux députés la dépathologisation de la trans-identité.

 

Comme si on pouvait choisir son sexe ! Le sexe est une constance biologique déterminée lors de la fécondation par la loterie du mélange des gênes X et Y des parents. Cette reproduction sexuée apporte un avantage biologique à l’espèce qui l’adopte et pour cette raison se retrouve chez toutes les espèces vivantes évoluées. Prétendre qu’on pourrait choisir son sexe ou que celui-ci est uniquement la conséquence d’un apprentissage social est un mensonge éhonté véhiculé parmi les députés, mais surtout les jeunes en souffrance et leurs parents qui ne peuvent plus donner de nécessaires « limites » aux jeunes sans se sentir ou être traités de parents indignes. On ne pourra jamais changer que l’apparence, mais jamais le sexe chromosomique !

 

Société de la folie. Essayons de sortir du délire ambiant !

 

De la loi du 31 janvier 2022 interdisant les pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne10 qui ont répété à l’envi que « la transidentité n’était pas une maladie » et « que chacun devait être libre de choisir son identité de genre, sans se laisser imposer “un modèle hétéronormé binaire”11. » Cette revendication n’est pas propre à la France. La dernière version de la classification internationale des maladies éditée par l’OMS (CIM 11) vient de transférer « l’incongruence de genre » du chapitre des affections psychiatriques vers celui de la santé sexuelle.

 

Alors que les soins à la vue de tous sont de plus en plus compromis par le délabrement continu de notre système de santé, la disparition des médecins de famille, la fermeture récurrente des urgences hospitalières et des blocs opératoires repoussant aux calendes grecques une intervention urgente, l’objectif du gouvernement et de ses instances telles la HAS est de créer un homme nouveau avec tous les moyens y compris financiers détournés de la sécurité sociale.

 

Ainsi pour ces avocats d’un nouveau monde rêvé par Huxley et exposé par Laurent Alexandre, le sexe n’existe plus, c’est un fantasme que vous pensez voir à l’échographie prénatale et à la naissance et seul le GENRE existe… Et c’est bien sûr la sécurité sociale, la solidarité nationale qui doit assumer vos fantasmes ou plutôt vos pseudo-fantasmes bien utilisés par les lobbies fournisseurs de clients à la filière transhumaniste.

 

Ainsi est affirmé le droit à réquisitionner la médecine et la solidarité nationale afin de transformer et mutiler son corps pour le faire correspondre à ses fantasmes :

 

« Nous passons à un modèle dans lequel la personne détermine librement et elle-même son genre ainsi que le recours à tel ou tel traitement (…) ». « Il s’agit là aussi de mettre en œuvre des moyens du champ médical non pas pour soigner une pathologie, mais pour concrétiser le droit à disposer de soi-même »

 

Ainsi alors que le choix revient en totalité à la personne, c’est la société qui doit rembourser à 100 % les frais induits chez un être humain considéré comme normal, non malade, mais classé en affection de longue durée pour remboursement total des interventions et autres traitements médicaux.

 

Il semble bien que le médecin généraliste soit sommé « d’établir un protocole de soins de transition médicale à la demande de son patient non malade (ne pas confondre, sous peine de sanction pour discrimination), c’est-à-dire de lui prescrire les produits hormonaux réclamés et lui fournir des ordonnances nécessaires à la chirurgie. Pourra-t-il s’y refuser ? Avec la loi du 31 janvier 2022, rien n’est moins sûr ».

 

Un drame social et financier, mais surtout individuel d’une personne en souffrance, en mal être13 en raison de ce qu’elle pense suite à ses lectures internet, ses participations à des forums influencés par les lobbies très riches, et la confirmation ou l’acceptation quasi automatique des médecins consultés qui appartiennent automatiquement aux lobbies, puisque la personne est orientée vers les « spécialistes ».

 

Imaginez un instant : je décrète avoir un cancer des ovaires et me fais enlever les gonades et prescrire un traitement hormonal sans avis médical et avec obligation pour le corps médical de me prescrire ces traitements qui seront automatiquement remboursés.


On peut décliner ce modèle pour se sentir avoir une sclérose en plaques et exiger les traitements ou un lymphome… Cela paraît exagéré, mais c’est exactement cela qui se passe en matière de changement de sexe et de son effroyable parcours qui transforme définitivement la personne en malade chronique, tant les traitements hormonaux à vie et la surveillance des sites opératoires s’imposent à vie, sans même parler de ceux, nombreux, qui feront le chemin inverse (détransition et rebelote pour les hormones inverses et les interventions…).

 

La prudence minimale enterrée

 

Des vies perturbées, gâchées au nom d’une pseudo liberté et de décisions privées de la plus élémentaire prudence ne respectant même plus, dans le cadre particulier du changement de sexe, des dispositions protectrices du Code civil et du code de santé publique interdisant les interventions mutilantes et les prescriptions hors AMM.

 

Notre société avide de copier les délires new-yorkais ou californiens est entrée dans un nouveau monde, « le meilleur des mondes » d’Huxley, où au nom d’une pseudo liberté individuelle accrue, on soumet en réalité les esclaves du net et de la propagande télévisuelle via Netflix et autres, à un avenir lourd de drames personnels via les traitements médicaux lourds et les mutilations irréversibles menant trop souvent au suicide.

Un marché d’un autre genre est né: le juteux marché du transgenre

Changement de paradigme imposé par nos gouvernants

 

Voici la justification de la détermination du gouvernement à imposer ces pratiques qu’on pourrait aussi considérer comme barbares vers un changement de paradigme :

 

« Les nombreux échanges réalisés par la mission, les évolutions du contexte international (CIM 11) l’ont convaincue qu’un changement de paradigme dans les parcours de soins des personnes trans est à la fois nécessaire, attendu et possible.

Les changements doivent reposer sur des principes éthiques et politiques : dépathologisation de la transidentité, autodétermination des personnes seules à même de définir leur identité de genre, non-discrimination, égalité géographique et sociale d’accès aux soins. Les travaux à venir de la HAS doivent par ailleurs contribuer à intégrer l’état des connaissances, dans les pratiques de soins »16.

 

Donc la HAS n’aura aucun autre choix que mettre en pratique l’avis du ministre.

 

On a, dans le même temps, privé les parents de toute autorité, par conditionnement social et menaces pénales pour une fessée, donnant ainsi la toute-puissance sur les cerveaux de nos petits à une école qui n’enseigne plus le français ni le calcul, mais la sexualité, priorité avouée de notre actuel ministre de « l’éducation nationale ».

 

Le rapport de janvier 2022 qui sert de base à la réflexion de la HAS sur les recommandations qui seront publiées en septembre 2023 est orienté par les lobbies qui l’ont rédigé et fait cruellement la place centrale au modèle « trans-affirmatif » immédiat, y compris pour les mineurs. Est-ce l’avenir que vous voulez pour vos enfants ? Et pourtant la maturité cérébrale ne serait acquise qu’à 24 ans…

 

Ces rapports préliminaires de janvier 2022 ainsi que le rapport de la HAS de septembre 2022 sur les futures recommandations ne font guère référence aux drames vécus par ces victimes de la mode et des médecins et seulement de façon insuffisante. La note de cadrage de la HAS de septembre 2022 avoue qu’elle a peu d’informations sur les « détransitions ». C’est pourtant un point fondamental, ainsi que la comparaison des suicides dans les tranches d’âge comparables et celles des sujets trans ou en parcours de transition.

 

Rappelons enfin la « définition du parcours de transition », d’après le rapport de l’IGAS 2022.

 

Les parcours de transition se déclinent en transition sociale, administrative, et médicale.

 

La transition sociale est le fait de vivre dans son environnement dans un genre social autre que son genre de naissance (de fait sexe de naissance !).

 

La transition administrative porte sur la modification du prénom et/ou de la mention de sexe à l’état civil.

 

« La transition médicale concerne l’ensemble des soins médicaux liés à la transition de genre (hormonothérapie, chirurgies). »

 

Les parcours de transition médicale désignent les parcours au sein du système de santé d’une personne transgenre, visant à d’obtenir les modifications corporelles souhaitées, à l’aide de soins délivrés par des médecins (hormonothérapie, épilation laser) et/ou chirurgiens (plasties de la poitrine, chirurgie pelvienne, etc.) et/ou d’autres professionnels de santé (orthophonie pour féminisation de la voix).

 

Ces parcours de transition devraient reconnaître l’autodétermination des personnes, permettre un choix éclairé en améliorant l’accès à l’information, rendre possibles des parcours de transition médicale diversifiés dans leur contenu et leurs modalités, faisant une plus grande place à la médecine de 1er recours et au travail en réseau, dépsychiatriser l’entrée dans les parcours, tout en permettant un accompagnement en santé mentale si nécessaire. La doxa officielle ne veut surtout pas « psychiatriser » alors que tous professionnels et proches conviennent que ces personnes ont besoin de soutien psychologique et souvent psychiatrique.

 

Dans ce rapport de l’IGAS, on note encore que la prévalence de cette dite dysphorie de genre chez les mineurs n’est pas établie.

 

« Selon une revue systématique de la littérature, à ce jour, la prévalence de la dysphorie de genre chez l’adolescent (âgés de 12 à 18 ans) ne peut pas être établie. Il y a des preuves d’une augmentation de la fréquence de consultation des adolescents pour traitement ces dernières années et les adolescents de sexe féminin à la naissance sont maintenant majoritaires ».

 

Enfin les troubles associés sont tout de même reconnus par l’IGAS. D’après une revue générale, la vulnérabilité des jeunes transgenres inclut les risques suicidaires, la dépression, l’anxiété, et l’auto-agressivité, ainsi qu’une persécution à l’école autant chez les garçons que chez les filles. » On aimerait des statistiques !

 

Il est clair que ces sujets mériteront approfondissement et surveillance populaire.

 

Alors laisserons-nous sans rien dire des enfants se faire martyriser, mutiler, transformer à un âge où la sexualité est silencieuse chez les plus jeunes, puis questionnable chez les adolescents, sans tenter de les protéger d’une idéologie mondialiste et d’un lobby extraordinairement lucratif.

 

Les parents ont été dépouillés de leur droit de regard : nous devons le leur rendre.

 

Nicole Delépine, pédiatre cancérologue.

https://t.me/DrDelepine

Cet article a été publié. initialement sur le site du Dre Delépine et nouveau-monde.ca

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25 novembre 2022 5 25 /11 /novembre /2022 06:01

Je ne le connais pas personnellement mais je sais de source sûre (il est le cousin d'une amie) que c'est un type bien. Il a écrit et chanté ce qui suit :

 

Depuis le temps que je patiente dans cette chambre noire
J'entends qu'on s'amuse et qu'on chante
Au bout du couloir
Quelqu'un a touché le verrou
Et j'ai plongé vers le grand jour
J'ai vu des fanfares, des barrières
Et des gens autour

Dans les premiers moments
J'ai cru qu'il fallait seulement se défendre
Mais cette place est sans issue, je commence à comprendre
Ils ont refermé derrière moi
Ils ont eu peur que je recule
Je vais bien finir par l'avoir
Cette danseuse ridicule

Est-ce que ce monde est sérieux?

Est-ce que ce monde est sérieux?
Andalousie, je me souviens, les prairies bordées de cactus
Je ne vais pas trembler devant ce pantin, ce minus!
Je vais l'attraper, lui et son chapeau
Les faire tourner comme un soleil
Ce soir la femme du torero dormira sur ses deux oreilles

Est-ce que ce monde est sérieux?

Est-ce que ce monde est sérieux?
J'en ai poursuivi des fantômes
Presque touché leurs ballerines
Ils ont frappé fort dans mon cou pour que je m'incline

Ils sortent d'où ces acrobates
Avec leurs costumes de papier?
J'ai jamais appris à me battre contre des poupées

Sentir le sable
Sous ma tête, c'est fou comme ça peut faire du bien
J'ai prié pour que tout s'arrête
Andalousie, je me souviens

Je les entends rire comme je râle et je les vois
Danser comme je succombe
Je pensais pas qu'on puisse autant
S'amuser autour d'une tombe

Est-ce que ce monde est sérieux?

Est-ce que ce monde est sérieux?

Si, si hombre, hombre
Baila, baila
Hay que bailar de nuevo
Y mataremos otros
Otras vidas, otros toros
Y mataremos otros
Venga, venga a bailar
Y mataremos otros
Venga, venga a bailar
Venga, venga a bailar

La Corrida, par Francis Cabrel
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15 novembre 2022 2 15 /11 /novembre /2022 06:01

Nous les Gensane, on n'est pas du genre à se vanter. Mais enfin, tout de même...

Mon père fut un très grand instituteur. Lorsque je fus son élève en CP dans les années 50, la classe comptait une soixantaine d'éléments, dont une bonne vingtaine de fils d'immigrés polonais. Ils ne devaient pas entendre – et encore moins lire – beaucoup de français à la maison. Dans la cour de l'école, nous parlions chti, les Polonais nous insultaient dans leur langue. Dans la classe, le français était de rigueur. Et de qualité.

La rentrée se faisait le 1er octobre (nous sortions le 13 juillet). Il fallait bien que les gosses aident au ramassage des patates dans le Nord et aux vendanges dans le Sud. Au bout de six semaines, après la Toussaint, le meilleur tiers de la classe lisait couramment. Au premier janvier, tous les élèves de mon père savaient lire. Encore une fois, mon père était un instit' exceptionnel, auteur d'une méthode de lecture dont il n'était pas peu fier. Tous les enfants de France ne carburaient pas au même régime mais rares étaient ceux, y compris dans le pays minier, qui avaient des difficultés en entrant au CM1.

Mon père aurait pu faire mieux encore. Il m'avait appris à lire en moins d'un mois, alors que je n'avais que 3 ans et demi, mais il avait renoncé car cela m'occasionnait des cauchemars. J'avais donc désappris, ne souhaitant qu'une chose, m'a-t-on dit : me remettre dans le bain.

Alors quand je vois qu'aujourd'hui la situation de la lecture en France est catastrophique, ça me fout les boules. Selon les classements internationaux (Progress in International Reading Literacy Study), notre pays se retrouve très loin derrière un peloton de tête mené par la Russie, Singapour et Hong-Kong. Et il est le seul pays avec les Pays-Bas à avoir régressé en 15 ans. La France est 34ème sur 50 pays étudiés, ne devançant que la Belgique au sein du monde francophone. La Finlande est devant nous, mais aussi la Pologne. Á noter que, chez nous, les filles font moins mal que les garçons, comme presque partout ailleurs dans le monde.

La lecture est un marqueur social de premier ordre. Qui ne sait pas lire ou qui ne comprend pas spontanément ce qu'il lit ne progresse pas. Il décroche, d'abord à l'école puis au travail.

On assiste enfin, en France comme dans le reste du monde, à un décrochage des parents.17% des parents des élèves interrogés n'aiment pas lire.

PS : Raphaëlle et Rébecca ont appris à lire à l'école, comme tout le monde. Je n'ai pas eu, une seconde, la tentation de leur apprendre avec le manuel de mon père. Á chacun son métier…

 

Les Gensane et la lecture
Les Gensane et la lecture
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12 novembre 2022 6 12 /11 /novembre /2022 06:01

Par Michel Feltin-Palas

 

Din ch'Nord, on dit cela toutes les cinq minutes, deul' cafe au guernier :

 

"Faut dire"; "Ast'heure"; "La vela ti pas
 
 

Le futur monarque était loin de s'exprimer comme les héros de Corneille et de Racine. Jugez plutôt. 


Le nom du Docteur Jean Heroard ne vous dit sans doute rien. Pourtant, ce médecin a légué à la postérité un document exceptionnel. A partir de 1601, date de la naissance du futur Louis XIII, Heroard est attaché à la personne du fils d'Henri IV et de Marie de Médicis. Chaque jour ou presque, il note avec minutie les moindres détails de l'existence du royal enfant, qu'il s'agisse de sa santé, évidemment, mais aussi de ses jeux, de son alimentation, mais aussi - c'est ce qui nous intéresse ici - de sa manière de parler.

C'est ainsi que, grâce à lui, on dispose d'un "témoignage unique du processus d'acquisition du langage par un enfant", comme l'indique Gilles Siouffi, professeur en français classique et moderne à Sorbonne Université, dans un livre très pédagogique consacré à l'histoire de la langue française. Et n'imaginez pas que le petit Louis échangeait exclusivement avec des aristocrates. Tout dauphin qu'il fut, il était entouré chaque jour de domestiques, d'artisans, de gouvernantes... On a donc grâce à cette somme de 2674 pages laissée par Heroard une bonne idée de la manière dont on parlait français au début du XVIIe siècle.

Conclusion ? Oubliez Racine et Corneille ! Car autant le savoir : les vers de Bérénice et du Cid ont à peu près autant de rapports avec la langue de tous les jours de cette époque qu'une page de Le Clézio avec les commentaires d'un match de foot au bar du coin en 2022. Vous ne me croyez pas ? Alors lisez plutôt, en sachant qu'Heroard a pris soin de transcrire les propos de l'enfant de manière phonétique.

- La voyelle -o est souvent prononcée "ou" : boune pour "bonne", loun pour "long", soun pour "sont". Louis dit également mousseu et non "monsieur" : "Mousseu Dupont est bien doux ; mousseu de Souvré l'est pas tant.

- Le "ne" est allègrement oublié dans les négations : "Parce qu'il est dimanche, j'écris rien qui vaille" ; "Le dites pas au Roi mon père". L'oubli de l'adverbe est si fréquent qu'il ne peut être considéré comme un oubli exceptionnel. "Il s'agit là d'un phénomène très général, quasi systématique, qui a été aussi remarqué dans les témoignages d'oral "adulte" que l'on conserve de l'époque", précise encore Gilles Siouffi dans les pages détaillées qu'il consacre au journal d'Heroard dans la somme Mille ans de langue française.

- Beaucoup de consonnes finales ne sont pas prononcées : "fils", par exemple, se résume à [fi].

- Le -s à l'intérieur de certaines syllabes disparaît parfois : on dit juque et non "jusque", rete et non reste.

- Le pronom impersonnel est régulièrement omis. On ne dit pas "il faut dire", mais "faut dire".

- La syntaxe n'est pas toujours académique : "J'y veu allé moi à la guerre". De temps en temps, en revanche, elle suscite franchement l'admiration, a fortiori chez un enfant qui n'a pas encore 9 ans : "Ha! Si je y eusse été avec mon épée, je l'eusse tué!", s'écrit-il ainsi le 14 mai 1610, peu après l'assassinat de son père par Ravaillac.

- Le sujet et le verbe ne sont pas systématiquement inversés dans les phrases interrogatives. Le très correct "Où prend-on donc des guides ?" côtoie le très familier "Papa vient ?". Parfois encore, le dauphin recourt à la syllabe "ti" (abréviation de "t-il") : "La vela ti pas" ; "Le Roi mon père a-ti couché ici?"; "Y a-ti longtemps ?". Le recours à cette particule a été "fréquent pendant une période limitée de l'histoire du français", souligne Gilles Siouffi.

- On s'autorise une grande liberté pour les suffixes, qu'il s'agisse de mots féminins (une pigeonesse, une souriçoire) ou de diminutifs (une souriette, un coeuret).

- A 3 ans, le petit Louis a encore du mal à rouler les -r, note Heroard. Ce qui nous semble anecdotique est en réalité un grave problème pour lui car il s'agit alors de la seule prononciation jugée élégante dans le milieu aristocratique de l'époque. Corollaire : celui-ci jugerait sans doute ridicule la diction des pièces de théâtre classiques par les acteurs de 2022.

- Comme les ados d'aujourd'hui, Louis mange aussi certaines syllabes : "Je ne saurais ast'heure parler au Roi mon père pour vous."

- A noter enfin qu'il n'ignorait pas les grossièretés, comme l'illustre cette phrase adressée à l'un de ses domestiques : "Vous êtes un valé de merde !".


Qu'en conclure ? Deux erreurs d'interprétation sont à éviter. La première consisterait à croire que les propos retracés dans le journal d'Heroard sont représentatifs de ceux de l'ensemble de la société française de l'époque. Tel n'est pas le cas dès lors que le jeune Louis dont le médecin rapporte les propos réunit trois caractéristiques singulières : il s'agit d'un enfant ; il est le futur roi de France et il souffre de certaines difficultés de prononciation. Impossible, donc, d'en déduire qu'il s'exprimait comme tous les francophones de son époque.

La seconde erreur consisterait à l'inverse à penser que ce journal ne nous renseigne en rien à ce sujet. D'une part, on l'a dit, ce document contient de nombreuses conversations entre le futur Louis XIII et son entourage, composé en partie de Français ordinaires. D'autre part, on est certain qu'il a été retranscrit avec fidélité. "Le goût d'Heroard pour le discours direct témoigne de son souci d'objectivité et de son grand scrupule ; plusieurs fois, il rature, pour mieux restituer le mot exact", souligne Gilles Siouffi. C'est ainsi que quelques correspondances étonnantes peuvent être relevées entre le français parlé de cette époque et celui d'aujourd'hui. "Non, je crois pas tout ce que vous me dites " est l'une des nombreuses phrases que nous pourrions entendre de nos jours dans la rue, au bureau ou en famille.

Tout cela doit enfin nous amener à réviser l'image que nous avons de la langue du "grand siècle", telle qu'elle a été véhiculée par nos études des grands textes littéraires. Des oeuvres qui se situent loin, très loin, de la langue orale telle qu'elle était pratiquée au quotidien.

Comment parlait Louis XIII
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9 novembre 2022 3 09 /11 /novembre /2022 06:01

J'y ai enseigné pendant 20 ans. Comment aurais-je réagi à cette initiative incongrue qui met à mal le principe de laïcité ?

 

Thibault Fayner, maître de conférences en arts du spectacle à l'université de Poitiers, a récemment adressé cette circulaire – en écriture inclusive, naturellement – à tous les collègues de ce qui fut mon UFR, avec l’accord de la Doyen.n.e actuel.le : 

 

« J'ai le plaisir de vous annoncer qu'à partir du lundi 14 novembre, une séance hebdomadaire de méditation sera proposée à l'UFR Lettres Langues.

 

Ces séances se dérouleront de 13h à 13h45, en salle de pratique C313. Elle sont ouvertes toutes et tous (personnels, étudiant.e.s) Merci de prévoir une tenue souple (jogging, par exemple). 

 

La méditation est proposée par l'équipe du Dojo Soto Zen de Poitiers.

 

Cette proposition est à l'essai jusqu'aux vacances de décembre. Si cela rencontre votre intérêt, elle sera prolongée au second semestre.

 

Calendrier des prochaines séances :

 

- lundi 14 novembre ;

- lundi 21 novembre ;

- lundi 28 novembre ;

- lundi 5 décembre ;

- lundi 12 décembre.

 

Bonne fin de semaine.

 

Bien à tout le monde, »

 

 

Le problème est que le Dojo en question est une pratique religieuse qui se présente en ces termes :

 

« Au Dojo Zen Sōtō de Poitiers, la pratique de zazen est quotidienne et on vit comme dans un temple. La séance matinale est suivie d'une cérémonie et d'une soupe de riz prise de façon traditionnelle dans le dojo.

 

Le maître est présent sur place et des moines et des nonnes y habitent de façon permanente.

 

Le dojo est ouvert à toute personne en quête d'authenticité, désireuse de découvrir ou d'approfondir cette voie.

 

Les enseignements sont donnés par Maître Michel Jigen Fabra, qui a reçu la transmission de Maître Roland Yuno Rech et la certification de l'école Zen Sōtō. »

 

 

Je vais peut-être retourner dans ma fac pour y donner un cours de néodruidisme. Avec l'accord de la doyenne, bien sûr...

 

 

Zénitude à l'UFR de Lettres et Langues de l'Université de Poitiers

PS : André Lacroix, universitaire, m'écrit ceci : " La pleine conscience se propose comme une solution apaisante.


Depuis quelques années, cette institution bouddhiste fait l’unanimité : chez les Verts, au Parlement européen, mais aussi au Congrès des États-Unis et à Davos, haut-lieu des élites financières. Tous ensemble pour méditer zen ? Élisabeth Martens, enseignante de pratiques de santé taoïstes, ne conteste pas l’efficacité de la pleine conscience, mais dénonce l’imposture de cette institution religieuse qui s’est discrètement liée aux pouvoirs et aux élites. »
(4e de couverture du livre d’Élisabeth Martens, La méditation de pleine conscience. L’envers du décor)."

 

Et il m'invite à aller découvrir ceci :

“ http://tibetdoc.org/index.php/accueil/nos-publications/651-presentation-du-livre-la-meditation-de-pleine-conscience-l-envers-du-decor-paru-chez-investig-action-2020

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29 octobre 2022 6 29 /10 /octobre /2022 06:01

Le 26 août 2022, le ministère de l’Éducation nationale a publié une note de service très préoccupante : « Agir sur l'organisation du temps scolaire pour identifier un temps périscolaire favorable à l'accès aux acteurs sportifs locaux. Il s'agit, pour les collèges qui souhaitent s'inscrire dans cette expérimentation pour l'année scolaire 2022-2023, d'organiser des créneaux horaires permettant aux élèves volontaires de participer aux activités physiques et sportives proposées par les clubs et associations sportives/socio-sportives de leur territoire. L'offre sportive peut également reposer sur la mobilisation de l'association sportive. Les chefs d'établissement garantissent ainsi jusqu'à deux heures d'activité physique et sportive par semaine aux élèves volontaires, sur des temps identifiés en fonction de la nature de l'activité et des autres paramètres partagés par les membres du groupe projet placé sous la direction du chef d'établissement en relation avec le projet d'EPS de l'établissement et le comité d'éducation à la santé, à la citoyenneté et à l'environnement (CESCE). En tout état de cause, les créneaux horaires dédiés à ces deux heures de sport supplémentaires ne peuvent être alternatifs à un enseignement optionnel. »

Dans une perspective tout à fait libérale, l’idée est de mettre en concurrence le sport scolaire et un dispositif expérimental mis en œuvre par les clubs. Il y a donc transfert de biens et de responsabilités publics vers des acteurs privés.
Les inégalités entre les régions, les villes de France, vont se creuser du fait de la mainmise, plus ou moins importantes d’acteurs privés, sur les activités sportives scolaires. Seule l’éducation physique scolaire – quatre heures hebdomadaires sont préconisées – peut permettre à tous les enfants de France de pratiquer un sport. Quelle que soit leur origine et leur lieu de vie.
Le banquier jet-skieur détruit l’enseignement de l’EPS dans les établissements publics
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25 octobre 2022 2 25 /10 /octobre /2022 05:01

Paradoxalement, dans la société capitaliste occidentale surprotégée, où la gent féminine semble émancipée, quand les féministes et les instances politiques et médiatiques parlent de la femme, c’est toujours comme un être singulier, une personne infériorisée, aliénée, fondamentalement différente de l’homme (toute ressemblance avec le monde musulman, pourtant fustigé pour sa misogynie, serait une pure et fortuite coïncidence). Ironie de l’histoire, le meilleur allié du patriarcat, c’est le néo-féminisme, qui perpétue les mêmes stéréotypes phallocratiques (encore prégnants dans les pays islamiques) et prônent les mêmes traitements différentialistes sexués, réservés exclusivement à la femme, au plan social et judiciaire, tels qu’ils ont cours dans les pays musulmans.

 

En effet, par leur action d’essentialiser les violences commises contre les femmes, leurs mobilisations exhortant les pouvoirs publics à protéger les femmes, à voter des lois spécifiques pour les femmes, elles perpétuent le schéma patriarcal qui infériorise et infantilise la femme. Aux yeux des néo-féministes différentialistes, toute femme, tel un enfant consubstantiellement immature et vulnérable, serait, de par sa nature même, congénitalement en danger, susceptible d’être victime de la prédation masculine.

 

Somme toute, par leur politique féministe essentialiste, les néo-féministes détachent les femmes de la communauté humaine universelle pour les assigner à des statuts particuliers inférieurs, réduites à une minorité à protéger du fait de leur « faiblesse congénitale », leur « vulnérabilité innée ». Ce faisant, elles les placent dans une condition infrahumaine, d’extranéité sociale, c’est-à-dire d’étrangères à la communauté humaine. Comme cela a également cours dans les pays musulmans où la femme est soumise à un statut d’éternelle mineure nécessitant sa protection par un mâle. En Occident, par l’État.

 

Par ailleurs, le néo-féminisme bourgeois contemporain, « intoxidentalisé », c’est-à-dire intoxiqué par l’idéologie misandre et l’arrogance légendaire occidentale, cultive une politique victimaire. Rappelons que, selon le dictionnaire Le Robert, le terme misandre désigne « une femme qui a de la haine ou du mépris pour les hommes ». Dès le début de notre siècle, les dérives du féminisme avaient déjà été dénoncées par Élisabeth Badinter, dans son ouvrage Fausse route. Dans ce livre, publié en 2003, elle fustigeait le « féminisme guerrier », la guerre des sexes, le féminisme misandre, victimaire.

 

Aujourd’hui, les féministes différentialistes instrumentalisent les violences conjugales. Les violences faites aux femmes sont devenues l’arme du féminisme punitif. Sur ces violences résiduelles, elles assènent leurs argumentations victimistes. À chaque violence commise contre une femme par un homme, indécemment instrumentalisée, les féministes brandissent leurs accusations flanquées de leurs immanquables revendications pécuniaires.

 

En effet, dans le dessein de réclamer financement public et subventions privées, le féminisme « martyrologique » a besoin d’assombrir la condition conjugale réservée aux femmes par les hommes. Pour vivre pécuniairement, il a surtout besoin de victimes pour ne pas succomber à la mort associative. Faute de victimes médiatiquement « visibilisées », parfois fabriquées à fins de règlement de compte politique, le féminisme victimaire finirait par tomber dans les oubliettes sociétales. Ainsi, derrière le discours de dénonciation de la violence sexiste, outrancièrement instrumentalisée, s’affairent des associations féministes vénales, financées généreusement par les fonds publics, autrement dit par l’argent du contribuable.

 

Globalement, le féminisme victimaire fonctionne sur un schéma binaire : femme victime (toute femme) /homme bourreau (tout homme). Or, les chiffres des homicides contre les femmes sont en baisse régulière. Les homicides dont les victimes sont des femmes sont en baisse constante (moins 25% depuis 10 ans). En France, 90 tuées en 2020 (79 tuées en 2022), contre 146 en 2019 (cette baisse considérable du nombre de morts est intervenue dans un contexte de crise sanitaire et social, sur fond de confinement, censé avoir accentué les violences intrafamiliales et conjugales, thème amplement relayé par les médias pour éluder les véritables violences sociales et politiques infligées à l’ensemble du peuple par le gouvernement, notamment par l’explosion du chômage, l’augmentation de la précarité et de la paupérisation, la recrudescence de la surveillance et du contrôle social, la répression policière et la militarisation de la société).

 

En réalité, d’un point de vue fondamentalement humain, en matière pénale, statistiquement, dans l’ensemble des pays, les premières victimes des violences en général sont largement les hommes. Les femmes ne constituent qu’un très faible pourcentage en matière de violences, à plus forte raison d’homicides. Certes la violence létale est majoritairement perpétrée par les hommes, mais les principales victimes de cette violence sont essentiellement les hommes eux-mêmes. « Selon les données fournies par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, dans le monde, 78,7% des victimes d’homicide sont des hommes, et dans 193 des 202 pays ou régions répertoriés, les hommes étaient plus susceptibles d’être tués que les femmes ».

 

De fait, au sein de la société capitaliste mondiale contemporaine, chaque année plus de 750 000 personnes meurent de violences liées à des conflits armés et à la petite ou grande criminalité dont une grande majorité 490 000 en dehors des zones de guerre, c’est-à-dire dans la société civile, victimes de la criminalité inhérente au capitalisme. Le féminisme ne dénonce jamais ce génocide perpétré par la société capitaliste criminogène et belligène.

 

En vérité, les violences conjugales impliquent parfois les deux sexes. La conception angélique selon laquelle les femmes seraient toujours les victimes et les hommes toujours les agresseurs est fallacieuse. Dans un couple, certes l’homme peut faire preuve, in extremis, de violence, mais la femme manifeste également une réelle violence verbale et psychologique, voire physique. Cette violence est minimisée, voire ignorée, par les féministes. Un tiers des victimes de violences physiques dans le couple sont des hommes. Officiellement, 20% des hommes sont victimes de violences conjugales, un chiffre en réalité sous-évalué du fait du tabou lié à la difficulté pour les hommes de se confier, d’être crus.

 

Du point de vue juridique, le discours féministe véhicule l’idée selon laquelle les violences conjugales ne seraient pas suffisamment jugées ni condamnées. Or, l’histoire des annales pénales prouve le contraire. Depuis le XIXe siècle, les violences conjugales sont toujours sévèrement punies, la violence de l’époux constituant par ailleurs un facteur aggravant, donnant lieu à une condamnation sévère.

 

Loin de nous l’idée de nier l’importancede la violence commise contre les femmes par leurs conjoints, en particulier les assassinats des femmes, il convient néanmoins de replacer cette violence et ces meurtres dans le contexte actuel du développement exponentiel de la violence protéiforme générée par le système capitaliste belligène en pleine putréfaction. Comment définir et qualifier ces meurtres de masse perpétrés fréquemment par des jeunes adolescents à peine pubères, notamment dans les établissements scolaires, dans la plus grande démocratie du monde, les États-Unis, mais aussi dans de nombreux pays civilisés occidentaux ? Selon les statistiques publiées par la police fédérale (FBI), les États-Unis ont enregistré plus de 21 500 homicides en 2020, soit près de 59 par jour. Un grand nombre de ces homicides est perpétré par des enfants âgés de 10 à 19 ans. Depuis 2012, il y a eu 3865 fusillades de masse. Cette année, depuis le début de l’année 2022, presque 220 fusillades sont survenues aux États-Unis. Soit plus d’une fusillade par jour. L’an dernier, il y a eu 692 fusillades, commises également par des adolescents. 25 mineurs meurent chaque semaine par balle et 91% des enfants tués dans le monde par des armes à feu, le sont aux États-Unis. Cette violence juvénile et infantile est autrement plus dramatique et meurtrière. Pourtant elle ne suscite pas le même émoi, le même effroi, la même indignation, la même fureur.

 

Aujourd’hui, le féminisme vindicatif tente de prendre en otage le droit en s’arrogeant le monopole de la représentation de la souffrance légitime. Or, il n’en est rien. Aucun durcissement du code pénal n’est susceptible d’apporter un adoucissement de la société. Même l’existence de la peine de mort n’a jamais enrayé la criminalité, comme la société étasunienne criminogène l’illustre.

 

Contre cette dérive judiciaire féministe, les opposants (les juges et les avocats) à « l’exceptionnalité juridique féminine », notamment la codification du féminicide, invoquent le principe d’égalité devant la loi. Selon les juristes opposés à toute « exceptionnalité judiciaire » et codification, l’institutionnalisation du féminicide vise à s’appliquer à une catégorie de la population. Or, cette application porte atteinte au principe d’universalisme du droit et d’égalité des citoyens devant la loi pénale. L’incrimination spécifique du féminicide a pour objectif de sanctionner plus diligemment et plus sévèrement les auteurs du crime. Toujours est-il qu’avec cette spécification juridique, à situation identique, l’auteur d’un meurtre ou de violences perpétrées contre une femme se verrait appliquer un traitement judiciaire distinct et une condamnation plus lourde que le coupable de forfaits identiques commis à l’encontre d’un homme. Au final, cela reviendrait à considérer le meurtre d’une femme plus répréhensible que celui d’un homme. Ce qui serait, au plan humain et moral, inacceptable.

 

Cela confirme l’exception d’extranéité dont les féministes veulent se prévaloir devant les tribunaux pour échapper à la justice de droit commun s’appliquant à tous les justiciables, sans distinction de sexe. Rappelons que le concept d’extranéité est originellement un terme juridique désignant un individu ou groupe d’individus qui, dans une société donnée, ne bénéficie pas de l’accès aux droits et devoirs de de celle-ci mais se voit appliquer les lois de sa société d’origine. En l’espèce, les néo-féministes militent, en vertu de ce statut d’extranéité auto-attribué, excipé comme un droit, pour bénéficier d’une justice rendue en fonction de leur sexe d’origine, c’est-à-dire féminin, et non pas du droit universel.

 

En tout état de cause, la question des violences contre les femmes n’est pas un problème féminin (féministe) mais un dramatique problème de société. Encore une fois, il n’est pas dans les projets de la nature humaine de s’autodétruire : le ver n’est pas enfoui dans la tête de l’homme mais tapi dans le giron de cette société capitaliste criminogène. Le mal n’est pas d’abord dans l’homme, mais dans la société. Le capital, comme le féminisme, met sur le compte de la psychologie de l’homme la malice des faits sociaux. Par cette opération de manipulation consistant à condamner uniquement le Mâle, elle exonère le Mal de la société capitaliste, autrement plus meurtrier et génocidaire : l’exploitation et l’oppression salariales, les guerres, les famines, les exodes, etc.

 

Aussi, les féministes misandres ne contribuent-elles nullement, par leurs gesticulations stériles et leur combat sectaire, à féconder le débat, à sensibiliser l’ensemble des membres de la communauté humaine à cette cause sociale universelle. « La théologie morale, c’est l’impuissance mise en action. Toutes les fois qu’elle s’attaque à un vice, elle a le dessous », notait Marx. Autrement dit, les exhortations morales échouent lamentablement à vaincre le mal. Telle est la situation du féminisme moraliste bourgeois. Le féminisme veut changer les hommes sans changer la société. Or, la société de classes, fondée sur la propriété privée des moyens de production, engendre toujours avec elle l’exploitation, la division des classes, la domination politique et sexuelle, la guerre, la violence, le crime.

 

Fondamentalement, toutes les victimes, de sexe masculin ou féminin, méritent un traitement judiciaire égalitaire. Toutes les victimes de violences physiques et létales méritent une empathie identique de l’ensemble de la communauté humaine. Aucun homme, ni aucune femme, ne doit être répertorié comme violent en raison de son appartenance sexuelle. La « genrification » en matière judiciaire est nuisible à la société.

 

En vérité, historiquement, les violences envers les femmes et les hommes ont considérablement baissé. La condition de la femme contemporaine ne ressemble aucunement à l’ancienne sinistre époque où elle était totalement asservie. Le temps est à la poursuite de ce progrès et non à la stigmatisation des hommes jetés en pâture par un certain féminisme misandre comme les coupables tout désignés de la violence résiduelle encore prégnante au sein de la société.

 

Le féminisme misandre, dans sa guerre des sexes, pour polluer la lutte des classes par ses divisions entre femmes et hommes et diversion politique, rivalise d’ingéniosité pour jeter l’opprobre sur tous les hommes, accusés de tous les maux de la société.

 

Dans la conception féministe fanatique, chaque homme porte sur ses épaules le poids des violences commises contre les femmes, en vertu de la présomption de culpabilité de la globalité de la gent masculine. Et doit faire ainsi pénitence de ces péchés criminels perpétrés contre les femmes. Mieux : repentance, pour s’absoudre de ces violences conjugales et « féminicides ».

 

Comme nous l’avions souligné dans notre précédent texte consacré aux dérives du néo-féminisme (1), le féminisme contemporain s’est pitoyablement dévoyé. Aujourd’hui, l’émancipation de la femme se réduit à s’ingénier à singer les comportements masculins, emprunter les pires travers des hommes, comme si le modèle masculin était le prototype idéal à égaler, à surpasser.

 

Par leur volonté effrénée d’égalisation, d’identification au modèle masculin, les femmes se doivent d’avoir les mêmes aspirations, occuper les mêmes emplois, embrasser les mêmes carrières, adopter la même mentalité de prédation, les mêmes mœurs de domination. Une femme qui ne se conforme pas ces conventions sociales masculines bourgeoises est taxée d’archaïque, de conservatrice. Le néo-féminisme sectaire intoxidentalisé est totalitaire car il est contre la liberté individuelle féminine, la diversité en matière de choix dans la structuration de l’identité de la femme. Toute femme se doit d’intégrer le modèle dominant occidental dans la construction de sa féminité. En l’espèce, il ne s’agit nullement d’une émancipation féminine, mais d’un asservissement à l’archétype du féminisme libéral et libertaire outrancièrement idéologique, propagé tel un virus par l’Occident sénile et décadent.

 

Nous savions, grâce à Freud, que le cerveau de l’homme n’est que l’appendice de son sexe. Avec le néo-féminisme intoxidentalisé spectaculairement vagissant, nous découvrons que les questions sexuelles sont devenues le fil d’Ariane obsessionnel de l’activité militante des féministes contemporaines : focalisation sur les conduites sexuelles, discours apologétique sur la théorie du genre, campagne idéologique d’hétéro-phobie sur fond de misandrie pathologique, promotion pédagogique de l’homosexualité dans les établissements scolaires, sexualisation du vocabulaire, genrification grammaticale, etc.

 

Aujourd’hui, parmi les stratégies d’occultation de la violence de classe contre le prolétariat figure l’instrumentalisation des violences faites aux femmes. Cette médiatisation des violences sexistes a pour dessein d’occulter les violences sociales, de dépolitiser les rapports sociaux de domination pour focaliser la conflictualité sur les prétendus rapports de pouvoir asymétriques qui régiraient les relations entre femmes et hommes. La lutte des classes est remplacée par la guerre des sexes.

 

Le néo-féminisme outrancier, favorisé par le capital, s’intègre dans le processus de désagrégation de la communauté humaine, aujourd’hui divisée socialement en deux classes antagonistes (bourgeoisie et prolétariat), en de multiples segments : ethniques, religieux, communautaires, sexuels, identitaires, dans le dessein de briser l’élément social essentiel, l’appartenance de classe. En lieu et place de la lutte des classes sont ainsi favorisés la lutte des races, les conflits de religions, les tensions communautaires et, bien évidemment, la guerre des sexes, chère aux néo-féministes hystériques et belliqueuses, toujours promptes à en découdre avec le mâle mais jamais avec le capital, à livrer bataille aux hommes mais jamais aux institutions bourgeoises. Tout cela pour le plus grand profit du capital qui peut continuer à nous livrer sa guerre sociale en paix, et nous livrer paisiblement sur les lignes de front dans cette période de guerre généralisée en préparation.

 

Soutenir, comme le proclament les féministes, qu’il existerait une « Question femme », c’est-à-dire une problématique féminine, c’est cautionner la conception sociologique bourgeoise selon laquelle la société est formée, depuis toujours, d’une juxtaposition de communautés spécifiques, ostracisées ou opprimées par d’autres communautés supposément dominantes. Aussi, « dans l’intérêt générale de l’unité nationale, afin de préserver la cohésion sociale, l’objectif politique serait d’œuvrer collectivement, par-delà les différences religieuses ou ethniques, et les clivages sociaux, à l’instauration de réformes démocratiques aux fins d’harmoniser la cohabitation entre les différentes communautés ». Cette mystification bourgeoise, défendue par des mouvements communautaires disparates et hétéroclites, prônant un meilleur aménagement des conditions sociales (toujours à l’intérieur du capital) et une optimale intégration démocratique de chaque membre d’une communauté dans la nation ou la République, selon la terminologie bourgeoise, participe de la politique de dissolution du prolétariat dans de multiples segments et, corrélativement, du maintien et de pérennisation de la société d’exploitation capitaliste. Elle arrange grandement le capital. C’est la raison pour laquelle il soutient le féminisme. Le féminisme (l’antiracisme, l’écologisme) est un excellent dérivatif. C’est le meilleur antidote contre la lutte des classes. Le meilleur poison pour anéantir politiquement le prolétariat, c’est-à-dire sa conscience de classe et sa combativité révolutionnaire.

 

Selon le discours misandre des féministes occidentales, ce n’est pas l’entreprise qui est le lieu d’exploitation et d’oppression par excellence, de viol psychologique (objectivé notamment par les humiliations et harcèlements) et de vol de la force de travail (extorsion de la plus-value), mais la maison qui serait devenue l’endroit où les femmes courraient le plus grand risque, dès lors que cette maison est partagée avec un homme, qu’il soit son mari, son compagnon.

 

Voilà un exemple parmi des milliers d’autres qui illustre ces dérives féministes misandres : une universitaire-chercheuse féministe, après avoir commenté une enquête sur les femmes victimes de violences, conclut par cette observation symptomatique du climat de défiance manifesté à l’égard de l’homme et de l’institution conjugale et familiale : « toutes les données convergent pour souligner la dangerosité de la sphère familiale et conjugale pour les femmes ». « Un modèle familial hautement pathogène, car fondé sur l’emprise d’une représentation traditionnelle de la famille où domine l’appropriation des femmes ». Moralité : l’homme et la famille représentent un danger pour la femme. Conclusion implicite de cette posture féministe jusqu’au-boutiste misandre : « femmes, restez célibataires ou mariez-vous avec une femme ! ». L’objectif de ce féminisme bourgeois fondé sur la multi-sexualité (dite libérée) et la remise en cause des normes hétérosexuelles, donc la glorification des théories du genre, est de pulvériser le prototype du couple « normal » prolétaire, dernier rempart de la collectivité humaine unifiée où se construit distinctement l’identité sexuelle différenciée féminine et masculine.

 

Cette idéologie féministe misandre est dangereuse. Ce terrorisme intellectuel d’une minorité d’activistes féministes crée une nouvelle forme de bellicosité, un nouveau genre de guerre : une guerre de genre.

 

Pour paraphraser le slogan des féministes débridés hystériques, symbolisé par « BalanceTonPorc », j’appelle l’ensemble de l’humanité à lancer un mouvement international contre les dérives du féminisme intoxidentalisé, baptisé « Balançons les cochonnes féministes misandres » (dans les poubelles de l’Histoire, avec leurs commanditaires : les capitalistes et les gouvernants).

 

 

(1) 13 octobre 2022. « Offensive de l’offensant féminisme misandre et inquisitorial », les 7 du Québec

 

Source : Les 7 du Québec

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