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23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 05:37

C'est l'un des meilleurs restaurants de France : celui de Michel Bras, à Laguiole, aux pieds du massif de l'Aubrac. Voilà de quoi vous composer un repas pour environ 200 euros. Il ne vous est pas interdit de m'y inviter. Je vous ferai rencontrer l'esthéticienne d'Isabelle Adjani.

 

 

du mordant & des parfums :

des huîtres pochées, mouillées d'une crème de laitue.

 

les asperges nous les aimons ainsi ;

juste grillées, accompagnées de la peau de lait

et d'un jus aux truffes de Comprégnac.

 

aujourd'hui "classique" :

le gargouillou de jeunes légumes ;

graines & herbes, une huile aux graines de sésame.

 

entrées chaudes & froides,

 

tout simplement ,

les ris d'agneau de pays juste poêlés;

pommes de terre primeur  au beurre demi-sel, oseille & lard

 

dans l'esprit d'une salade tiède ,

la poitrine de pigeon sur une vinaigrette au foie et jus de grenade ;

crapaudine rôtie au sel & salade amère, valériane phu, valériane grecque

 

mémoire de voyage en terre "épicée" :

le foie gras de canard au naturel,

ponctué de pomme-poivre, carotte-curry, crapaudine-vinaigre .

 

poisson de mer, d'eau douce, crustacé,

 

juste grillé à la braise ,

le homard émoustillé de paillettes /carcasse & de zeste ;

jeunes poire aux & un consommé parfumé, mandarine calamenthis .

 

d'eau de source ;

l'omble-chevalier juste raidi au sarrasin ;

pousses de pois mange-tout, lait d'avoine au citron confit.

 

tonalité toute en parfum :

un saint pierre de St Jean de Luz poché-poêlé dans un beurre au curry doux ;

tout le navet – feuille & racine, la cuisson & jus de jambon.

 

viandes de pays,

 

 La côte de Boeuf Aubrac – pure race – rôtie à la braise ;

beurre mousseux aux légumineuses & au rance,

haricots verts plat à l'ail.

 

chez nous, on l'appelle l'oreille ;

la pièce de Boeuf Aubrac – pure race – poêlée,

gâteau de sarrasin, du jus aux truffes de Comprégnac.

 

d'origine Aveyronnaise ;

la selle d'agneau Allaiton rôtie sur os ;

lait au riz & raisins au jus épicés, pousses de choux.

 

clin d'oeil aux tout premiers primeurs :

le lobe de foie gras de canard poêlé,

haricots verts , pois & pommes, purée d'oseille.

 

 

le sucré

 

les coulant ®  de Michel Bras

le coulant, originel de 81 ;

le biscuit tiède de chocolat coulant ® ;

crème glacée à la calamintha grandiflora, caramel – cacao.

 

sur une interprétation du coulant, originel de 81 ;

le biscuit tiède coulant aux noisettes :

crème glacée aux carottes & à la badiane.

 

sur une interprétation du coulant, originel de 81 ;

le biscuit tiède coulant à l'orange sanguine ;

sorbet au vin chaud – parfumé d'épices chaudes.

 

sur une interprétation du coulant, originel de 81 ;

le biscuit tiède coulant au chocolat noir & blanc

crème glacée au poivre noir.

 

feuilles, nougatines & consorts

 

embrouillamini chocolaté :

chocolat, chocolat acide , chocolat amer ,

chocolat piquant, coulis, pralin.

 

clin d'oeil à une association d'ici ;

dans une nougatine au sarrasin,

une crème au fromage de Laguiole & des abricots au vin de Gaillac,

une crème lactée au sarrasin.

 

autour du légume & du fruit

 

provocant mais tellement gourmand …

à grignoter, une gaufrette de pomme de terre,

crème au beurre noisette & caramel au beurre salé.

 

glacé, sec… , tout est pomme :

feuilles de pomme au caramel ;

pommes givrées – curry , cardamome , piment.

 

toute la banane ;

la peau caramélisée , la pulpe & fromage blanc – citron.

 

prétexte pour se délecter

 

d'un Madère, Barbeito Malvoisie, 10 ans d'âge :

une nougatine aux olives noires et du chocolat, sirop à l'huile d'olive.

 

glacés

 une composition de cornets glacés.

 

habillée de blanc :

une boule de meringue garnie de tonalités d'amande ,

de fleur d'oranger et de vanille.

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4 juin 2016 6 04 /06 /juin /2016 05:38

 

 

Prenons l’exemple d’Elvis Presley. Dans les dernières années de sa vie, il s’est bourré de médicaments (des sédatifs et des antalgiques en particulier) et de drogues diverses, ainsi que de sandwiches au beurre de cacahuète. Tout cela passait bien mal. Le “ King ” était devenu le roi de la constipation.

 

Un beau jour d’août 1977, il se sent très mal, éprouve de sérieuses difficultés à respirer. On appelle une ambulance. « C’est une surdose », dit un de ses gardes du corps à l’infirmier. Dans le faits, Elvis, avait été victime d’une crise cardiaque dans les toilettes. Sur son trône de roi. Son autopsie montra un colon et un rectum anormalement distendus, la caractéristique des grands constipés.

 

                   *                                                                             *  

 

 

Le grand Eschyle nous intéresse également dans cette optique. Il révolutionna l’art du théâtre en faisant dialoguer les personnages entre eux, alors que, avant lui, les personnages ne dialoguaient individuellement qu’avec le chœur. Tout bête, mais il fallait y penser.

 

Il fut initié aux Mystères éleusiens en l’honneur de Déméter, des rites ultra secrets. Une cartomancienne de l’époque lui avait, semble-t-il, annoncé qu’il mourrait de la chute d’un objet. Il ne sortit plus qu’avec un parapluie (j’déconne). A l’âge de 71 ans, il reçut en Sicile une tortue sur la tête, balancé par un aigle qui, selon la légende, aurait pris son crâne chauve pour un caillou destiné à briser la carapace. Si non e vero…

 

                    *                                                                             *  

 

 

Un dénommé Williams mourut de fort étrange façon en février 1983 à New York. En avalant le bouchon d’un flacon contenant des gouttes médicinales. Il avait pris l’habitude de coincer ce bouchon entre ses incisives pendant qu’il s’administrait les gouttes. Le médecin légiste découvrit que son médicament était un calmant qui mélangé à l’alcool, avait pour effet d’empêcher le réflexe laryngé, ce qui l’empêcha d’expulser le bouchon de la trachée. S'il fallait penser à tout...

 

                   *                                                                              *

 

 

Allan Pinkerton, une des figures les plus détestables de l’histoire des Etats-Unis, mourut de manière tout à fait grotesque. Né à Glasgow, cet Ecossais émigra outre-Atlantique en 1842. Il travailla comme tonnelier puis shérif adjoint. En 1860, il fonde sa première agence de détective qu’il spécialise dans les affaires de vols dans les trains. En 1861, il fait échouer le complot de Baltimore par lequel le nouveau président Abraham Lincoln devait être assassiné. Un complot vraisemblablement bidon. Le président embauche Pinkerton dans ses services secrets pendant la guerre de Sécession. L’agence devient très célèbre, popularisée par un logo représentant un œil grand ouvert et par sa devise : « Nous ne dormons jamais ».

 

A partir de 1877, l’agence se met au service des patrons pour briser le mouvement syndical, en infiltrant les syndicats et en protégeant les jaunes avec l’aide de gangsters. Ce beau monde se montre particulièrement habile dans la provocation, comme lors du 1er mai 1886, à Chicago. Des ouvriers sont – faussement – accusés d’avoir déclenché des affrontements entre grévistes et forces de l’ordre. Huit dirigeants syndicaux sont arrêtés, 4 sont condamnés à la pendaison et un se suicide.

 

L’agence compte aujourd’hui 48 000 détectives.

 

Pinkerton mourra dans de vraies souffrances, de la gangrène après s’être mordu la langue.

 

Ici, à la droite du président.

 

 

 

Pas toujours facile de mourir dignement
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29 mai 2016 7 29 /05 /mai /2016 05:27

Le 27 août 1965 eut lieu la rencontre historique entre les Beatles et Elvis Presley. Les Beatles étaient très excités à l'idée de rencontrer une de leurs idoles majeures. Presley était curieux, bienveillant, sans plus. Ne cherchez pas de photos de la rencontre, il n'y en a pas. Elvis avait refusé photos, films et enregistrements.

 

Pendant un bon moment, les Beatles contemplèrent le “ King ” sans mot dire. Celui-ci lâcha alors : “ Si vous êtes venus ici simplement pour me regarder, je vais me coucher. ” Cette saillie détendit l'atmosphère et ce très beau monde passa plusieurs heures à parler, faire de la musique et manger. La soirée est jouée ici de manière fictive. 

 

 

 

A table ! (13)

 

Au menu de cette soirée dont on ne connaît que quelques bribes :

 

Foies de poulet bouillis roulés dans du bacon

Boulettes de viande douces-amères

Œufs à la diable

Miettes de crabes

Viande froide

Fruit

Fromage

 

 

Vous aurez remarqué que le fromage suit les fruits. C'était la coutume autrefois en France, d'où l'expression “ entre la poire et le fromage ”. L'idée étant de terminer le repas sur quelque chose de salé, de fort.

 

 

Bien que leurs carrières aient totalement divergé, pour notre plus grand bonheur, Elvis et les Beatles se vouèrent toujours une grande admiration réciproque. “ Sans Elvis, je n'aurais pas existé ”, déclara Lennon. Elvis enregistra quatre chansons des Beatles.

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24 mai 2016 2 24 /05 /mai /2016 05:35

 

On progresse dans le viol politiquement correct de la langue française.

 

A l’occasion d’une manifestation Nuit Debout à Toulouse, un ami a vu sur une pancarte le pronom que nous attendions tous, qui nous manquait tant, de qui nous nous languissions : « iel ». Pour celles et ceux qui ne savent pas trop de quel genre ils sont (on ne dit plus « sexe » aujourd’hui, on dit « genre », comme les Zuniens, ça fait plus propre).

 

« Iel » me pose un problème qui n’est pas subalterne : dans ces trois lettres, « il » domine « elle ». Pourquoi pas « eil », avec le « il » enchâssé dans le « elle » ?

 

Un révolutionnaire authentique ne saurait être petit bras. On attend des suggestions hardies pour « celui-ci/celle-ci », « celui-là/celle-là », « ceux-ci/celles-ci », « ceux-là/celles-là ». Et aussi pour « quel/quelle », « lui ». On espère également un changement selon la logique de la langue anglaise pour les possessifs : « ma crayon », si le possesseur est une femme.

 

Je sais que c’est leur problème, mais les anglophones auront du mal à faire aussi bien que nous. Déjà qu’ils ont inventé le « ms » (prononcé « mz »), pour, théoriquement, ne plus avoir à dire « miss » ou « mrs », en fait pour que les femmes qui ne sont pas en couple alors qu’elles ont largement fêté sainte Catherine revendiquent haut et fort leur stigmatisation. Que faire avec « he » et « she » ? D’autant qu’existe le neutre « it » qui, pour les humains, s’applique aux enfants en bas âge. Nos amis allemands auront également du mal à nous égaler avec « er », « sie », eux aussi usant fréquemment du neutre « es ».

 

 

 

 

Pour ce qui est des Espagnols, n’en parlons même pas. Depuis le temps qu’ils nous bassinent avec « lo », « la », « le », « él », « ella », « ello », tout en se permettant de ne pas utiliser de pronom, comme ça, pour nous embêter : « vive sola », « vive solo », « tiene ocho años », on leur laisse le choix de violer leur langue « según su buen placer ».

 

Quant aux Italiens, avec leurs « egli », « esso », « ella », « essa », « lei », « è » et le pronom zéro (« fa », « è bene »), ils nous font bien rigoler !

 

Alors, « iel pleut » ?

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22 mai 2016 7 22 /05 /mai /2016 05:50

 

J'avais beaucoup écrit sur Foenkinos. Enfin : la rencontre.

 

Le Mystère Henri Pick :

http://bernard-gensane.over-blog.com/2016/04/note-de-lecture-158.html

 

Charlotte :

http://bernard-gensane.over-blog.com/2014/09/note-de-lecture-136.html

 

Je vais mieux :

http://bernard-gensane.over-blog.com/note-de-lecture-123

 

Lennon :

http://bernard-gensane.over-blog.com/article-note-de-lecture-81-80551865.html

 

Les Souvenirs :

http://bernard-gensane.over-blog.com/article-note-de-lecture-87-83404093.html

David Foenkinos
David Foenkinos

Photos Raphaëlle et Rébecca Gensane

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18 mai 2016 3 18 /05 /mai /2016 05:37

On pardonnera à ce très fin observateur de la réalité culturelle française d'avoir oublié un "h" à "bibliothèque".

Où en est la culture en France ?
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11 mai 2016 3 11 /05 /mai /2016 05:11

… donc parfois aberrantes, stupides, méchantes, grotesques.

 

Certaines lois françaises – toujours, théoriquement, en vigueur – datent du Moyen Âge, d’autres de la Révolution française, ou encore du régime de Vichy. Trop occupés, nos élus n’ont pas pris le temps de les abroger. Et puis, après tout, une petite saloperie peut toujours servir, d’autant que nul n’est censé ignorer la loi.

 

Ainsi, depuis Napoléon, il est interdit d’appeler son cochon Napoléon. Pendant, la guerre, mes grands-parents avaient élevés un cochon en douce. Dans un acte de résistance inouï, ils l’avaient appelé “ Adolphe ”. Mon père, âgé de 17 ans, avait été chargé de le tuer. Sans faire de bruit. Heureusement, un grand coup de masse sur le groin avait suffi.

 

Théoriquement, le pantalon est toujours interdit aux femmes, mais pas le voile. Une dérogation est prévue pour celles qui tiennent à la main un guidon de bicyclette ou un cheval.

 

 

 

 

Il est formellement interdit de s’embrasser sur un quai de gare. Il est également interdit d’y poser des explosifs. De ce côté, on espère être paré.

 

De 8 heures à 20 heures, les radios françaises sont dans l’obligation de passer sur leurs ondes 70% de musique exclusivement française. Tu parles, Charles, comme cette obligation est respectée.

 

Pour les manifestants et les autres, qu’ils sachent qu’il est interdit de prendre en photos des véhicules de police ou des policiers. Même en petit, au fond de la photo.

 

Un petit tour chez nos étranges étrangers. En Suisse, les personnes résidant en appartement ne doivent pas tirer la chasse d’eau ni prendre un bain après 22 heures.

 

Au pays de la National Rifle Association, dans le Massachusetts plus précisément, il est interdit de se battre au pistolet à eau. En Alaska, le pays de Sarah Palin, un mari peut battre son épouse, mais pas plus d’une fois par mois. En Oregon, il est interdit aux femmes de faire de la musculation.

 

Sic transit…

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5 mai 2016 4 05 /05 /mai /2016 05:32

 

 

Lorsqu’on est en présence d’une rédaction aussi brillante et foisonnante que celle de Télérama, le seul hebdo de télévision français lu par des gens qui n’ont pas la télé, on est facilement énervé par des marqueurs du parisianisme journalistique qui consistent à utiliser des termes raffinés et à se vautrer dans les anglicismes. Le problème, c’est que, dans le premier cas, il est commis des erreurs sérieuses du genre solécisme, et que, dans le second cas, l’anglais est écrit un peu n’importe comment.

 

Lisez, du début jusqu’à la fin un numéro de Télérama et vous trouverez au moins une dizaine de fois “ attester ” construit de  manière intransitive (« cela atteste de la valeur de la pièce ») alors que ce verbe est transitif. Un brillant et foisonnant journaliste de Téléréma ne saurait écrire « cela montre la valeur », « cela témoigne de la valeur », « cela est une preuve de la valeur », tournures beaucoup trop frustes et rustres pour des plumes aussi délicates.

 

Quant aux anglicismes maltapropos, j’en signalerai un seul. A Télérama, on n'écrira pas que tel acteur de Stratford, que le Wensleydale, que telle coupe de costume pour homme sont « typiquement britanniques ». On brille et on foisonne en écrivant qu’ils sont « so british ». Notez que les produits ou les gens dont on parle seraient turcs ou portugais, on serait un tout petit peu emmerdés, tout téléramien qu’on est. Non seulement, ce maniérisme est crétin et prétentieux, mais en plus il est incorrect. En anglais, les termes désignant la nationalité, même utilisés comme adjectifs, commencent systématiquement par une majuscule : « He is French, a French boy, a British cheese » etc. En allemand, ce sont les substantifs qui commencent par une majuscule : « das Auto, die Kanzlerin ». La pratique a été la même en anglais jusqu’au XVIIIe siècle. A noter que l’anglais met également une majuscule aux noms de mois, même lorsqu’ils sont écrits en abrégé (« January, Jan. »), ce qui n’est pas le cas du français. On trouvera également une majuscule au début de noms ou adjectifs associés à un nom propre (« The Sahara Desert », le désert du Sahara, « Central Asia », l’Asie centrale), devant des noms suivis d’un nom propre (« Queen Elizabeth », la reine Elisabeth, « General De Gaulle », le général De Gaulle – “ De ” et non “ de ” car il ne s’agit pas d’un patronyme noble), d’un titre associé à un nom propre (« The President of the United States of America », le président des Etats-Unis d’Amérique), des noms de rue (« Fifth Avenue », la Cinquième avenue), de tous les mots qui composent le titre d’un roman, d’un film, d’une œuvre musicale (« The Loneliness of the Long Distance Runner », La Solitude du coureur de fond ; « The Great Swindle », Au revoir là-haut ; « Music for the Royal Fireworks », Musique pour les feux d’artifice du roi), des noms d’organisme ou d’institution (« the European Space Agency », l'Agence spatiale européenne).

 

Pendant qu’on y est – je laisse  provisoirement de côté Télérama – je vous emmène faire un tour du côté de chez Pujadas. Le brillant et foisonnant présentateur des nouvelles de France 2 a succombé à un petit snobisme partagé par beaucoup d’autres : il ne souhaite plus aux téléspectateurs une « bonne soirée » mais une « belle soirée ». Pourquoi pas ? Mais alors allons-y franco : « je vous souhaite une belle année et une belle santé », « je vous souhaite beau vent », « A table et bel appétit ! », « beau Dieu ! », « j’ai jugé beau de faire car c’est pour de beau », « c’est beau à savoir », « j’ai tiré le beau numéro ».

 

Allez, belle nuit !

Hé ho, la rédac de Télérama !
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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 05:27

 

Professeur émérite à l’université Paris 8, Pierre Dommergues est mort le 4 juillet 2015 à l'âge de 84 ans. Il avait été, entre autres choses, l’un des trois principaux fondateurs du Centre universitaire expérimental de Vincennes (avec Hélène Cixous et Bernard Cassen). Travailleur boulimique, visionnaire, il fut un extraordinaire passeur de la culture et des écrivains des Etats-Unis. A Vincennes, il invita Chomsky, Marcuse, Zinn, le Living Theater et le Bread and Pupper Theater. L’université Paris 8 lui rendra hommage le mois prochain.

 

Il fut un précurseur des échanges ERASMUS en parvenant à imposer que les étudiants acquittent les droits d’inscription dans leur université d’origine (combien d’étudiants français auraient-ils pu suivre un cursus aux Etats-Unis sans cette règle ?). Il fut l’un des premiers à ouvrir l’université au monde du travail.

 

Il analysa avec pertinence les mouvements sociaux et les combats de minorités (noires et indiennes en particulier) outre-Atlantique.

 

Il mena en parallèle une importante carrière journalistique, au Monde  et au Monde Diplomatique au premier chef.

 

Plusieurs de ses ouvrages sont toujours de référence, quarante ans après leur publication.

 

En 1984, il publia (en collaboration) Les syndicats français et américains face aux mutations technologiques (Anthropos-Encrages, Paris). Je propose ici de larges extraits de l’introduction qu’il rédigea pour cet ouvrage.

 

 

 

Les technologies nouvelles se développent non pas en période d’expansion ou de récession mais en période de crise économique, industrielle et sociale – sur le plan national et international.

 

C’est, dans la seconde moitié des années 1970, au moment où s’enclenchent les processus de « désindustrialisation  », où les industries traditionnelles perdent leur compétitivité, notamment dans le domaine de l’acier, du textile, du caoutchouc et de l’automobile, au moment où les politiques de « restructuration » se mettent en place que les technologies nouvelles se développent, non seulement dans les industries de pointe en pleine expansion, mais aussi dans les industries traditionnelles menacées.

 

Les technologies nouvelles volent à la rescousse d’une productivité défaillante dans les industries traditionnelles et assurent le développement exponentiel des industries de haute technologie (information, biotechnologies). Ces technologies suscitent l’inquiétude dans la mesure où elles sont liées soit à un redéploiement industriel qui s’accompagne de fuites de capitaux et de licenciements, soit au développement d’une industrie nouvelle qui se crée, aux Etats-Unis, en marge des syndicats.

 

Pour de nombreux travailleurs, les mutations technologiques sont d’abord un moyen utilisé par le patronat pour organiser, à son profit, la sortie de crise. Elles apparaissent comme un mode supplémentaire d’exploitation qui s’ajoute aux instruments classiques : liberté de licenciement, renforcement de la discipline de travail, sous-traitance avec les pays du tiers monde, etc. Elles constituent un maillon essentiel d’un redéploiement mené aux dépens des travailleurs. La seconde condition est plus encourageante : l’introduction des technologies se fait au moment où le fordisme est à bout de souffle et où, pour être parfaitement efficaces, les techniques nouvelles impliquent une participation active des travailleurs. L’échec du fordisme (réappropriation du savoir-faire par l’employeur, fragmentation du travail, etc.) s’est manifesté au cours des deux dernières décennies [1960-1980] par l’accroissement des grèves (sauvages) chez les OS, de l’absentéisme, voire du sabotage (dans l’industrie automobile aux Etats-Unis), et surtout par la réduction de la qualité des produits. La concurrence internationale exige un accroissement de la productivité, des normes de qualité plus élevées ainsi qu'une souplesse accrue de la production. Pour atteindre ces objectifs, de nouvelles relations sociales doivent être élaborées. A la rigidité de la gestion sociale de type tayloriste doit se substituer une gestion sociale plus souple. La crise économique est une crise industrielle ; mais la crise industrielle est aussi, et essentiellement, une crise sociale. La sortie de la crise passe par la modernisation des outils de production et des rapports sociaux.

 

L’optimisation des techniques nouvelles exige le renouvellement des relations industrielles. « Piège », diront les uns, « occasion », répliqueront les autres. L’ambiguïté est incontestable. C’est pourtant l que se situe la brèche. Là que les syndicats peuvent intervenir.

 

La nouvelle flexibilité peut se faire aux dépens des travailleurs ; elle peut aussi être investie par ces derniers. Les risques ne sont pas négligeables : un nouveau paternalisme est en train de naître aux Etats-Unis, prenant comme modèle la gestion à la japonaise. Fondé sur l’équilibre incertain entre la sécurité de l’emploi (pour une fraction des travailleurs), la mobilité dans le travail, l’intégration dans des équipes et la réceptivité aux idées des travailleurs, le nouveau management s’appuie sur les cercles de qualité, généralement créés en accord avec les syndicats maison. Aux Etats-Unis, la stratégie des cercles de qualité se développe le plus généralement en marge – ou même contre – les syndicats.

 

LE TERRAIN DES CONTRE-PROPOSITIONS

 

Certes c’est un terrain miné : l’expérience des cinq dernières années aux Etats-Unis a été marquée par une pratique des « concessions collectives » qui se sont substituées aux « conventions collectives ». Les travailleurs américains ont dû accepter, le plus souvent, des réductions de salaires et d’avantages sociaux sans compensation – ni sur le plan de l’organisation du travail ni sur le plan de la sécurité de l’emploi. Quelques conventions nouvelles ont néanmoins entrouvert des portes : en échange d’un soutien de l’Etat, Chrysler accepte à son conseil de direction un représentant du syndicat de l’automobile, en l’occurrence son président. Easter Airlines, en 1983, distribue des actions à ses travailleurs, en échange de concessions sur les salaires.

 

 

Hommage à Pierre Dommergues

C’est un terrain incertain. Aux Etats-Unis, une partie importante des industries de technologie de pointe se sont développées en marge des syndicats : une caractéristique de la « réussite » de la vallée du silicium – comme de la douzaine d’autres technopoles américaines nées dans son sillage – n’est-elle pas que les entreprises ne sont pas « syndicalisées » ? Par suite, l’écart se creuse entre ingénieurs, cadres, financiers en forte demande, et les OS en blouse blanche, surtout des étrangers et des femmes. Ainsi se renforce la division de classes et se développe la tendance à la réduction, voire la disparition de la classe moyenne, qui est un des piliers de l’équilibre social aux Etats-Unis.

 

Partout, en France comme aux Etats-Unis, les conventions collectives acquièrent une importance nouvelle ; en plus de la lutte (mise en sourdine, moins en France qu’aux Etats-Unis) pour le maintien des avantages acquis (salaires et prestations sociales), les syndicats cherchent à élargir le champ des négociations dans quatre directions :

 

  1. organisation et conditions de travail (ce qui implique une remise en cause de la fragmentation du travail et un contrôle sur les cadences) ;
  2. droit de regard sur les problèmes d’emploi ;
  3. concertation sur les conditions d’introduction des technologies nouvelles ;
  4.  et même participation aux décisions d’investissement (grâce, en particulier, à l’utilisation aux Etats-Unis des fonds de retraite comme source d’investissement).

 

Ces contre-propositions rencontrent de fortes réticences aujourd’hui en France et aux Etats-Unis, comme hier en Allemagne lors de l’introduction de la cogestion. Tout compromis est négociable à condition que ne soient pas menacées les « prérogatives patronales ». Or les quatre contre-propositions principales entament le pouvoir patronal.

 

 

Photo BG.

 
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27 avril 2016 3 27 /04 /avril /2016 05:33

 

Depuis Vatel (qui s’empala sur son épée) plane sur les grands cuisiniers qui ratent quelque chose ou qui perdent une étoile une véritable malédiction. Avant Bernard Loiseau, on a ainsi vu le grand chef Alain Zick se suicider en 1966 à l’âge de 38 ans.

 

Zick eut pour clients le duc de Windsor et Jean-Paul Belmondo. Après avoir été rabaissé – de manière totalement injuste à ses yeux – par le Guide Michelin, Zick se tua d’une décharge de fusil de chasse dans la poitrine. Benoît Violier, grand cuisinier français exerçant en Suisse,  se tua en 2016 à l’âge de 44 ans, en partie pour la même raison.

 

(Pudor)

 

 

 

 

 

 

Né en 1913, Sándor Zöld  fut ministre de l’Intérieur dans la Hongrie communiste de 1950 à 1951 après avoir été l’un des dirigeants de la résistance communiste contre les nazis. Le 19 avril 1951, à l’occasion du congrès du parti, Mátyás Rákosi, critique violemment son ministre. Sans faire son autocritique, Zöld, le lendemain, abat à coups de revolver sa femme, ses trois enfants et leur gouvernante avant de se tuer. Il fut renvoyé du gouvernement à la date du jour de sa mort.

 

(Jactatio)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un de mes deux ou trois écrivains préférés : Stefan Zweig. Plongez-vous dans son Joseph Fouché ou Le Monde d’hier, que je relis une fois tous les deux ans. En 1934, les nazis organisent l’autodafé de son œuvre. Face à la violence institutionnelle, il ne peut pas lutter, ni intellectuellement, ni physiquement. Il retourne la violence contre lui-même. Humaniste, anti-mitariste (il fut l’ami de Romain Rolland, voir leur Correspondance), dire de ce juif qu’il était assimilé ne rime à rien puisqu’il était et se sentait plus allemand que les Allemands. A sa première femme Friderike, il avait proposé un suicide partagé, qu’elle avait refusé. En 1941, la défaite des Britanniques en Indonésie l’achève. Dans Le Monde d’hier, qui sera publié peu de temps après sa mort, il est au désespoir : « Né en 1881 dans un grand et puissant empire [...], il m'a fallu le quitter comme un criminel. Mon œuvre littéraire, dans sa langue originale, a été réduite en cendres. Étranger partout, l'Europe est perdue pour moi... J'ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison [...]. Cette pestilence des pestilences, le nationalisme, a empoisonné la fleur de notre culture européenne. »

 

Il se réfugie au Brésil. Il croyait en ce pays pour qui il écrivit Brésil terre d’avenir et en qui il voyait un contrepoids à la folie fasciste. Il a encore la force d’écrire Le Joueur d’échecs. Sa seconde épouse, Lotte, est malade. Il est moralement détruit par le cours des événements. Des amis proches de Zweig se sont déjà suicidés, dont Walter Benjamin. Il rend visite à George Bernanos qui ne parvient pas à lui redonner le moral. Le 22 février 1942, il se tue, en compagnie de Lotte, en s’empoisonnant au Véronal. Les Brésiliens lui accorderont des funérailles nationales alors qu’il avait expressément demandé à ne pas en bénéficier.

 

Juste avant le grand voyage, il écrivit pour ses amis ce texte bouleversant : « Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j'éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m'a procuré, ainsi qu'à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même. Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d'errance. Aussi, je pense qu'il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde. Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir l’aurore, après la longue nuit. Moi, je suis trop impatient, je pars avant eux. »

 

(Impatienta doloris)

 

 

 

 

 

FIN

 

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