Marius Jacob (1879-1954) fut un « anarchiste illégaliste ». Cambrioleur ingénieux et doté du sens de l’humour,
capable de grande générosité à l'égard de ses victimes, il sera un des modèles dont Maurice Leblanc s'inspirera pour créer le personnage d’Arsène Lupin.
Il s'engage à douze ans comme mousse pour un voyage qui le mènera jusqu'à Sydney où il désertera.
Fiché, compromis dans une affaire d'explosifs et quelques menus larcins, condamné à six mois de prison, Jacob ne peut se
réinsérer. Il va alors choisir « un illégalisme pacifiste » (« Puisque les bombes font peur au peuple, volons les bourgeois, et redistribuons aux pauvres ! »).
Il signe ses forfaits d'une carte au nom d’Attila. Cambriolant la demeure d'un capitaine de frégate, Julien Viaud, il
s'aperçoit soudain qu'il s'agit de Pierre Loti, remet tout en place et laisse un de ses fameux mots : « Ayant pénétré chez vous par erreur, je ne saurais rien prendre à qui vit de sa
plume. Tout travail mérite salaire. Ci-joint dix francs pour la vitre brisée et le volet endommagé. »
Il réplique au président du tribunal qui lui demandait pourquoi, lors d'un cambriolage, il avait volé un diplôme de droit
sans valeur marchande : « Je préparais déjà ma défense. » On est obligé de changer périodiquement ses gardiens, car il les convertit à l'anarchisme. Il est condamné à
perpétuité au bagne de Cayenne.
En 1936, il va à Barcelone dans l'espoir de s'y rendre utile à la CNT, mais comprenant que c'est sans espoir, il revient en
France et il achète en 1939, une maison à Reuilly : « Le pays où il ne se passe jamais rien ». Il se marie. En 2004, une impasse est baptisée à son nom et une exposition lui
est consacrée à l'Office du tourisme en novembre.
Après la mort de sa mère en 1941 et de sa femme en 1947, il vieillit entouré d'amis comme Jean Maitron, auteur du
Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, ou Robert Treno, le directeur du Canard Enchaîné.
En 1953, il rencontre un couple de jeunes enseignants, Robert et Josette. Profonde amitié entre les deux hommes, et passion
partagée avec la jeune femme, à qui il accorde, malgré sa décision d'en finir avec la vie maintenant que son corps le lâche, une année.
Le 28 août 1954, il s'empoisonne, à l'aide d'une injection de morphine, avec son vieux chien, Négro, laissant le dernier de
ses fameux mots : « (...) Linge lessivé, rincé, séché, mais pas repassé. J'ai la cosse. Excusez. Vous trouverez deux litres de rosé à côté de la paneterie. À votre santé. » C’était
sa première attaque à main armée.
(Tædium vitæ)
Figure peu banale de savant fou, Morris Jessup (1900-1959) construisit le plus grand télescope d’Afrique du Sud. On le
considérait comme un des grands spécialistes des problèmes de gravitation. Mais il s’intéressa surtout aux soucoupes volantes. Il écivit La Question des O.V.N.I.s. Il provoqua la risée de ses collègues en essayant de définir la puissance capable de modifier la structure moléculaire des corps.
Le 20 avril 1959, il relia le pot d'échappement de sa voiture à l'intérieur du véhicule.
(Pudor)
Jim Jones (1931-1978) fut l’auteur d’un des suicides les plus spectaculaires et les plus solidaires de l’histoire de
l’humanité. Il fonda le groupe religieux d'inspiration protestante : le Temple du Peuple », prônant l’égalité raciale et la justice sociale. Sa communauté était établie au
Guyana.
Jones fut brièvement affilié au parti communiste des États-Unis. Dès le début des années 1960, il adopte des enfants de
différentes races qu'il appelle sa « rainbow family » (famille arc-en-ciel). Jones se dit maoïste et s’identifie à Marx. Il veut créer sa
propre version du marxisme : le « socialisme apostolique ». Il pense être l’incarnation de Jésus et de Lénine. La femme du président Carter l’admire.
En novembre 1978, le député Leo Ryan est envoyé mener une enquête dans la communauté à la suite de plaintes déposées par des
proches de membres du Temple du Peuple, selon qui la communauté était un véritable camp disciplinaire.
Le matin du samedi 18 novembre, le groupe de Ryan cherche à quitter les lieux lorsqu’un
homme de la communauté agresse Leo Ryan avec un couteau. Le groupe de Ryan tente de fuir. D'autres membres de la communauté fidèles à Jones prennent alors un camion pour rejoindre le lieu du
décollage et font feu sur le groupe qui commence à prendre place dans l’avion, tuant aussitôt Leo Ryan et 5 autres personnes. Dans la même journée, 908 habitants de la communauté, dont plus de 300 enfants, meurent dans ce qui fut appelé
« un suicide collectif ».
Toutes les personnes ne sont pas mortes volontairement (plusieurs ont été abattues par des armes à feu ou des flèches). La
majeure partie des membres a cependant ingurgité un mélange mortel de jus de fraise mélangé à du cyanure.
Il n’y a pas d’image de ce suicide collectif, mais une bande audio. Jones dit aux membres de sa communauté que l’URSS, avec
laquelle il avait préalablement négocié un exil, ne les accueillerait plus à cause de l'assassinat de Ryan. Dans ces conditions, Jones et d'autres membres de la communauté déclarèrent qu'ils
devaient commettre un « suicide révolutionnaire » en buvant un breuvage au cyanure mêlé à des somnifères. Seule, Christine Miller (link), membre de la communauté, exprime, son désaccord au début de la bande. D'autres membres se mettent à pleurer. Jones
leur déclare : « arrêtez cette hystérie, ce n'est pas ainsi que les socialistes et les communistes meurent. Nous devons mourir avec dignité ». Jones dit alors : « N'ayez
pas peur de mourir, la mort est juste le passage vers un autre plan, la mort est une amie ». À la fin de la bande, Jones conclut : « nous commettons un acte de suicide
révolutionnaire en protestation contre les conditions de ce monde inhumain »
(Jactatio)
Dans le même ordre d’idées, Luc Jouret (1947-1994) avait créé, avec le spiritiste Joseph Di Mambro (link), une secte prospère, l’Ordre du temple solaire. Jouret pensait relier l’homéopathie au cosmos.
En 1993, la secte est soupçonnée de trafic d’armes et de blanchiment d’argent. Pour échapper à l’opprobre, Jouret décide de
se saborder avec ses fidèles. Dans la nuit du 6 au 7 octobre, le temple de la secte s’embrase. On découvre 23 morts, la majorité tuée par balles. Quelques heures plus tard, trois chalets
appartenant à la secte explosent : 25 morts. Un an plus tard, 16 autres membres meurent dans une clairière du Vercors, assassinés par deux maîtres de cérémonie qui se suicident juste après.
Le 25 mars 1997, 5 autres membres de la secte se suicident au Québec.
(Jactatio)
