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21 mars 2023 2 21 /03 /mars /2023 06:01
Par Hamid Enayat. Repris du site l'1dex
 

Le compte :

– Jours : 177

– Manifestations : 282 villes

– Décès : 750+ morts estimés, 664 identifiés par l'OMPI (Organisation des moudjahidines du peuple iranien)  

– Détentions : 30 000

 

Dernières nouvelles

Le soulèvement iranien est entré dans son 177e jour samedi 11 mars, les jeunes défiant le régime poursuivant leurs activités visant à briser le mur de la répression.

À Bandar Abbas, dans le sud de l’Iran, les manifestants ont incendié une base des forces paramilitaires Basij du CGRI.

À Téhéran, des jeunes filles courageuses ont accroché en plein jour une grande banderole sur les autoroutes Hemat et Tavanir, appelant les jeunes à se révolter à l’occasion de la prochaine fête persane du feu, les 13, 14 et 15 mars.

À Chiraz, dans le sud-ouest de l’Iran, des unités de résistance affiliées à l’OMPI ont pris pour cible le bureau judiciaire électronique du régime en réponse à l’empoisonnement d’étudiantes.

Par ailleurs, des agents du régime ont lancé une attaque au gaz chimique contre les écoles de filles Kowsar et Setayesh dans la ville d’Ahvaz, rendant malades un certain nombre d’élèves.

Aujourd’hui, à Téhéran, le personnel hospitalier s’est rassemblé pour protester contre les politiques corrompues du régime.

Plusieurs membres du personnel médical des villes de Téhéran et d’Ilam ont commencé à se rassembler samedi matin pour protester contre les politiques de corruption du régime dans leur domaine de travail et dans les industries connexes. Les manifestants ont scandé des slogans contre le ministre de la Santé du régime et ont demandé sa démission.

Un groupe de travailleurs de l’entreprise de canne à sucre Haft-Tappeh, dans la province de Khouzestan, au sud-ouest de l’Iran, a tenu une réunion aujourd’hui pour protester contre le refus des responsables de l’entreprise de répondre à leurs demandes.

La nuit dernière, des habitants des quartiers Shahrak-e Bagheri et Narmak de Téhéran ont commencé à scander des slogans hostiles au régime, notamment : 

« Mort à Khamenei ! Maudit soit Khomeiny ! »

« Mort au dictateur !

« Mort au CGRI ! »

« Mort au régime tueur d’enfants ! »

En réponse à l’appel lancé par l’OMPI à l’intérieur de l’Iran pour poursuivre le soulèvement contre le régime des mollahs, les jeunes de la résistance se préparent à la fête du feu persan.

Coup d'œil sur le soulèvement iranien – jour 177
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15 mars 2023 3 15 /03 /mars /2023 06:01

Par Reporterre

 

Les familles et proches des prolétaires morts au travail se sont rassemblés à Paris pour demander les mesures qui pourraient mettre fin à cette hécatombe.

 

Adrien, Hugo, Flavien, Romain, Jérôme, Mohamed… Du mégaphone s’échappe une interminable série de prénoms. Comme pour les accompagner dans l’air froid parisien, les pétales rose pâle d’un prunier myrobolan s’envolent à leur tour dans les bourrasques. Et puis, d’une même voix fragile, les familles s’écrient : « Morts au travail ! »

 

Le 4 mars, une centaine de femmes et d’hommes vêtus de t-shirts blancs ont occupé le square d’Ajaccio, du 7ᵉ arrondissement de Paris. Répondant à l’appel du collectif Familles : Stop à la mort au travail, tous dénonçaient le déni et le silence entourant les accidents mortels au travail. Une larme ruisselant sur la joue, les yeux clos ou fixant le béton glacial, ils arboraient les portraits souriants de leurs proches défunts.

 

Parmi eux, celui de Romain Torres et sa petite bouille d’adolescent au sourire angélique. Le 28 juin 2018, dans une forêt reculée d’Alsace, ce jeune stagiaire bûcheron a été mortellement percuté par un tronc. « Il adorait se promener dans les bois et construire des cabanes. Son rêve était de devenir garde forestier à l’ONF [Office national des forêts] », témoigne Sabine, sa mère.

 

Jugé, son maître de stage a été condamné à deux ans de prison avec sursis et 2 000 € d’amende. Il a été reconnu coupable de quatre infractions aux règles de sécurité. « Romain n’avait que 17 ans. Il faut témoigner, dire que des élèves peuvent mourir en formation. Les apprenants doivent protéger nos enfants. »

 

 

De jeunes ouvriers morts au travail

Des histoires comme celle-ci, Matthieu Lépine en a recensé 1 399, entre 2019 et 2022. Professeur d'histoire en Seine-Saint-Denis, il est l'auteur d'une enquête sur les morts au travail, appelée L'Hécatombe invisible (Le Seuil). « Les agriculteurs et ouvriers agricoles figurent parmi les plus touchés, souvent victimes des engins manipulés, comme le petit Arthur, écrasé par le bras mécanique d’un tracteur à 14 ans, détaille-t-il. D’autres métiers ne sont pas en reste, comme les bûcherons, les marins-pêcheurs ou les routiers. Et bien sûr, en première ligne, il y a les ouvriers du BTP. »

 

Roses blanches et portraits plastifiés recouvrent désormais la clôture métallique du square. Accroupie, un poster de son fils sous le bras, une femme bataille avec un rouleau de scotch. Les mains anesthésiées par le froid, elle s’impatiente et éclate brusquement en sanglots. Valérie Wasson a perdu son garçon de 21 ans en mai 2020. Ingénieur stagiaire pour le groupe Fayat, il travaillait depuis trois jours sur le chantier du RER E, à Pantin : « Il a été envoyé seul sur un toit pour ramasser des câbles. On l’a retrouvé six mètres plus bas. »

 

Dès lors, la famille Wasson s’est lancée dans une bataille pour obtenir justice et réparation. En première instance, le groupe a écopé de 240 000 € d’amende pour homicide involontaire et a immédiatement fait appel. « Ils jouent du système judiciaire pour nous épuiser jusqu’à l’abandon. C’est comme ça qu’ils évitent les vagues face aux familles précaires. C’est parti pour durer dix ans, mais on ne lâchera rien », promet Valérie.

 

À côté de la photo de Jérémy repose celle de Maxime Wagner. Père de deux enfants, il s’est éteint à l’âge de 37 ans sur l’un des 170 chantiers du Grand Paris. Intérimaire pour une filiale de Vinci, il participait à creuser le tunnel du prolongement de la ligne 14.

 

Dix mois plus tard, Abdoulaye Soumahoro, ouvrier d’Eiffage de 41 ans et papa de trois enfants, a chuté dans un malaxeur à béton situé à 30 mètres de profondeur sur le chantier de la ligne 16. Percuté par une barre métallique de plusieurs centaines de kilos, un homme de 61 ans a allongé la funeste liste du Grand Paris le 5 janvier 2022, sur le chantier de la future station Pleyel, à Saint-Denis.

 

« Et tout ceci n’est que la partie émergée de l’iceberg. Pour les travailleurs détachés ou sans-papiers, les Moldaves, les Serbes ou les Ukrainiens, le Grand Paris est un carnage invisible et gratuit, assure Frédéric Mau, secrétaire fédéral de la CGT, les oreilles emmitouflées dans son bonnet. Les morts sont discrètement renvoyés dans des boîtes en carton vers leur pays d’origine, et on affrète des charters pour les mutilés. »

 

De jeunes ouvriers morts au travail

À l’écart de la foule, Viktoriia Obydniac est immobile, l’air hagard. Son mari, Roman, est mort d’une chute sur un chantier de BTP en Seine-et-Marne. Elle tente depuis d’affronter la barrière de la langue et de l’accès au droit. Son époux n’ayant pas de numéro de Sécurité sociale permanent, les démarches s’enlisent : « Elle dit qu’elle n’a toujours rien perçu et qu’elle tente de s’en sortir comme elle peut pour nourrir ses deux enfants, traduit la femme qui l’accompagne. Certains collègues de son mari l’aident à payer son loyer, mais la plupart l’ont ostracisé par peur de représailles du gérant, s’ils venaient à dénoncer les conditions de travail. »

 

Le collectif a ensuite été reçu, près de trois heures durant, au ministère du Travail, à quelques pas du square d’Ajaccio. Parmi la liste de doléances déposées : la création d’une cellule d’urgence offrant un soutien psychologique et juridique aux familles meurtries, le décompte transparent des accidents ou encore le retour des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), disparus en 2020. « En France, nous sommes 25 millions d’actifs pour 1 700 inspecteurs du travail, déplore un syndiqué. Les morts sont loin d’être une fatalité. Finissons-en avec cette inacceptable absence de contrôle. »

De jeunes ouvriers morts au travail
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14 mars 2023 2 14 /03 /mars /2023 06:01

Ah, ces hauts fonctionnaires dont le contribuable français a payé les études et qui sont allés faire fortune dans la banque !

 

Frédéric Oudéa est né le 3 juillet 1963 à Paris. Polytechnicien en 1981, inspecteur des Finances, il est conseiller technique de Nicolas Sarkozy pour les affaires européennes, sociales et agricoles lorsque celui-ci est ministre du Budget. Son père est gastro-entérologue, sa mère chercheuse dans l’industrie pharmaceutique.

 

La Société Générale le recrute en 1995. Il entre donc dans le système bancaire privé à l’âge de 32 ans. Après le scandale de l’affaire Kerviel en janvier 2008 – lui et ses équipes ont renfloué la banque – il est nommé directeur général. Puis P-DG en mai 2009.

 

Il épouse Amélie Castera en 2006. Ils ont trois enfants.

 

En mars 2009, le conseil d’administration de la banque lui octroie 150 000 stock-options à 24,45 euros pièce. Vu le tintamarre qui s’ensuit, il doit renoncer à ce joli cadeau.

 

Le 1er septembre 2015, il est nommé président de la Fédération bancaire française pour un an.

 

En 2016, la Société générale est totalement impliquée dans le scandale des Panama Papers. Marie-George Buffet, députée communiste, demande sa démission car elle le soupçonne d’avoir livré un faux témoignage au Sénat au sujet des sociétés offshore crées par la banque. Le bureau du Sénat permet à Oudéa d’éviter le passage en justice.

 

Oudéa annonce son prochain départ de la banque et sa future arrivée à la tête de Sanofi en mai 2023.

 

Il a été nommé chevalier de la Légion d’honneur en 2015 et officier dans l’ordre national du Mérite en 2020.

 

 

Connaissez-vous les Oudéa-Castera ?

 

Son épouse Amélie Castera, qui va bientôt, peut-être, regretter de s’être coltinée avec l’ancien président de la Fédération de Football Noël Le Graët, dont elle a eu la peau, vient également de la haute Fonction publique (diplômée de l’université Panthéon-Sorbonne et de l’ESSEC, puis passage à l’ENA). Elle fut magistrate à la Cour des comptes puis directrice générale de la Fédération française de tennis (un sport qu’elle a pratiqué à un haut niveau et qui lui a permis d’être un temps la compagne de Gustavo Kuerten lorsque celui-ci remporta Roland-Garros en 1997). Depuis le 20 mai 2022, elle est ministre des Sports et des Jeux Olympiques et paralympiques. Elle est la nièce des journalistes Alain et Patrice Duhamel.

 

En septembre 2008, elle intègre les « Young Leaders » de la French-American Foundation. Comme Nicolas Bazire, Michel Bon, Jeanette Bougrab, Frédérique Bredin, Jean-Marie Colombani, Nicolas Dupont-Aignan, Bernard Guetta, François Hollande, Jean-Noël Jeanneney, Alain Juppé, NathalieKosciusko-Morizet, Anne Lauvergeon, François Léotard, Emmanuel Macron, Alain Minc, Arnaud Montebourg, Pierre Moscovici, Christine Ockrent, Denis Olivennes, Valérie Pécresse, Matthieu Pigasse, Marisol Touraine, Najat Vallaud-Belkacem. Toutes ces éminences, et bien d’autres encore, sont « convaincues de la nécessité de créer, à Paris et à New York, un lieu de débats et d’échanges réguliers pour approfondir les relations entre la France et les États-Unis. »

 

De 2008 à 2011, Amélie mène une brillante carrière dans le groupe Axa. Puis elle s’implique dans diverses structures visant à développer le sport de haut niveau. Avant d’entrer à Carrefour comme directrice e-commerce, transformation numérique et données du groupe. En 2018, elle est nommée présidente du Comité d’audit de Paris 2024. Elle est remplacée en 2019. Est-ce au nom d’un plan de carrière particulièrement pensé, est-ce parce qu’elle a la bougeotte, on observe qu’elle ne reste jamais très longtemps en place ?

 

En 2021, elle soutient la candidature de Gilles Moretton à la présidence de la Fédération française de tennis. Après la victoire de celui-ci, elle est nommée directrice générale pour une rémunération de 35 000 euros nets par mois. Elle est par ailleurs administratrice de Plastic Omnium (équipementier automobile) depuis 2014 et d’Eurazeo (gestion d’actifs sur les marchés privés) depuis 2018.

 

Le mandat d’Amilie Oudea-Castera a été marqué par des tensions et autres polémiques : affaire Le Graët, affaire Laporte-Altrad, affaire Claude Atcher.

 

 

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12 mars 2023 7 12 /03 /mars /2023 06:01

Cet argumentaire est destiné à démonter un projet mortifère, qui avance en catimini derrière la (contre)-réforme des retraites du gouvernement. Projet mortifère qui en est même, in fine, le véritable objectif : remplacer la retraite par répartition par la retraite par capitalisation, généraliser et imposer les fonds de pension.

La droite sénatoriale a d'ailleurs montré le bout de l'oreille, le 5 mars, en adoptant un amendement qui vise à étudier "les modalités d'instauration d'un régime social applicable à des cotisations versées à un régime d'assurance-vieillesse par capitalisation".  Avec toutes ses précautions procédurières (il n'est question que d'un "amendement", d'une "étude"), avec ses périphrases, ses circonlocutions, la droite LR rappelle l'employé de l'abattoir qui, jadis, caressait le chanfrein de l'animal avant de lui asséner un grand coup de merlin...

Ce projet mortifère a bien été décelé par tous ceux qui luttent contre la réforme Macron, puisque c'est l'objet (entre beaucoup d'autres articles) de l'article du Monde diplomatique de mars 2023, intitulé "Capitalisation, l'autre nom de la réforme des retraites", écrit par par Grégory Rzepski.

C'est aussi l'objet de l'article de Jean-Marie Harribey (économiste, professeur agrégé, ancien co-président d'Attac), paru dans Alternatives économiques, le 25 février 2023, et intitulé : "Dupont et Dupond : vive la capitalisation ! Je dirais même mieux : vive la capitalisation !". Je me suis beaucoup servi de cet article pour rédiger mon argumentaire, notamment pour lister la totalité des points numérotés, que j'ai repris dans la plupart des cas in extenso : je l'ai simplement remanié pour le mettre en regard des arguments (ou plutôt, des arguties) le plus souvent avancés. [Les métaphores qui ponctuent ça et là le texte sont de moi-même, Ph. Arnaud.]

Comme à l'accoutumée, je vais présenter cet argumentaire sous forme d'allégations et de répliques, de façon à répondre du tac au tac à un frère, à un beau-frère, à un beau-père, à un oncle, à un cousin, à un neveu, à un voisin, à un collègue ou ex-collègue, à un client dans le salon de coiffure, à un patient dans la salle d'attente du médecin, à un vis-à-vis dans un repas de mariage (je ne recule pas devant les disputes familiales...). 

 

Commençons par les prétextes invoqués :

 

1. Le déficit des caisses de retraite est énorme. Faux ! Le déficit est faible au début de la décennie 2030 rapporté au montant global des pensions. Il augmente ensuite selon certaines hypothèses du COR (Conseil d'Orientation des Retraites).

2. Le déficit des caisses de retraites est dû à la forte augmentation du nombre de retraités dans les années à venir. Faux !

Faux d'abord parce que le déficit n'est pas imputable à un excédent de dépenses mais à une pénurie de recettes. Cette pénurie de recettes est due aux exonérations de cotisations patronales, en partie - mais en partie seulement compensées par le budget de l'Etat. Ce qui aggrave le déficit de celui-ci en l'absence de hausse des impôts (surtout sur le revenu et sur les entreprises), est l'absence de hausse du taux de cotisation ou le refus d'en élargir l'assiette. Le gouvernement, depuis des années, organise sciemment le déficit des caisses de retraite (et, plus largement, de la Sécu) pour justifier le retard progressif du départ à la retraite puis l'introduction, aussi sournoise que subreptice, des fonds de pension. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage...

Faux ensuite parce que la mise en avant de ce déficit futur vise à masquer l'objectif de réduction des dépenses publiques et sociales alors que, dans le même temps, les aides aux entreprises sont abondantes et que la fiscalité sur elles et sur les classes riches est allégée, 

Faux enfin, parce que les hypothèses du COR sont pour certaines fragiles (productivité, démographie, emploi et chômage), pour d'autres contestables (moindre taux d'emploi persistant pour les femmes, immuabilité du partage salaires-profits, immuabilité de la durée individuelle du travail...)

 

Poursuivons par les bobards sur les fonds de pension (ou la capitalisation).

 

3. Tout le monde pourra souscrire à des fonds de pension. Faux ! Archifaux ! La capacité d'épargne n'est pas proportionnelle au revenu, car les pauvres et les moins favorisées des classes moyennes ne peuvent presque pas épargner, tout leur revenu passant dans les dépenses de première nécessité. La retraite par capitalisation n'est favorable et ne peut être souscrite que par la tranche supérieure des classes moyennes (et les classes au-dessus, bien entendu). En outre l'intérêt des fonds de pension, lorsqu'ils sont placés dans une entreprise, est que cette entreprise ait le moins possible de salariés, qui travaillent le plus grand nombre d'heures possibles pour le plus petit salaire. Car comment expliquer autrement que le rendement des fonds de pension soit supérieur au taux de croissance de l'économie ? C'est ce qu'avoue l'économiste Patrick Artus lorsqu'il écrit : "L'expérience du passé montre que le rendement de l'argent investi en actions est supérieur à la croissance nominale moyenne de l'économie : la rentabilité totale des actions, sur la période 1995-2022, malgré les crises financières répétées, a été en France de 9,5 %, la croissance nominale moyenne de seulement 3 %". [La retraite par capitalisation est un hold up des riches sur les pauvres et les classes moyennes].

4. La retraite par répartition est fragile car elle dépend de la démographie. Faux ! Les retraites par capitalisation sont confrontées aux mêmes problèmes de démographie et de productivité que les retraites par répartition. Lorsque la compagnie d'assurance vend les titres financiers achetés au nom des souscripteurs (pour permettre à ceux-ci de bénéficier de leur retraite), elle les vend... à des actifs. Comme dans la répartition, ce sont les actifs - et ce ne peuvent être que les actifs - qui financent les retraites. Il n'y a pas d'argent magique : les escrocs qui nous vendent des fonds de pension en nous faisant croire qu'ils s'alimentent à une source différente de celle de la répartition - et à une source censément inépuisable - nous vendent en fait... de l'eau en poudre.

5. La retraite par capitalisation est sûre. Faux ! Archifaux ! Plusieurs pays dans lesquels la retraite par capitalisation occupe une place importante ont connu maints déboires lors des différentes crises financières (Etats-Unis après l'effondrement des systèmes à cotisations définies, Suède lors de la crise financière de 2007-2008, Royaume-Uni lorsque, à l'automne 2022, la Banque d'Angleterre s'est portée au secours des fonds de pension en mauvaise posture après avoir pris trop de risques sur les obligations publiques britanniques. Rappelons la ruine des salariés de Maxwell, des salariés d'Enron... [Voyez l'article du Monde diplomatique de mai 2003, écrit par Martine Bulard, et intitulé "Les retraités trahis par les fonds de pension".]

6. La retraite par capitalisation sera un complément du système par répartition. Faux ! Archifaux ! La capitalisation non seulement ne peut compléter la répartition mais, au contraire, elle a vocation à la cannibaliser. Les hauts rendements des placements financiers s'obtiennent au détriment de l'emploi et des salaires. Les revenus tirés de l'un et de l'autre système (répartition et capitalisation) ne s'additionnent pas sans que l'un (la répartition, évidemment) n'y perde quelque chose. Les contributions au régime par répartition s'amenuiseront au fur et à mesure qu'augmentera la montée de la capitalisation. L'OCDE ne s'embarrasse pas de nuances quand elle préconise une diminution brutale des retraites par répartition pour instaurer la capitalisation à grande échelle jusqu'au sein même des systèmes collectifs, ni quand elle affirme : "les données les plus récentes montrent qu'on peut être actif au sein de la société au-delà de 70 ans [c'est moi, Ph. Arnaud, qui souligne] et que les incapacités sévères interviennent surtout dans les deux à quatre dernières années de la vie", ou quand elle suggère que, "avant 75 ans, la santé n'est pas déterminante au point de vue de l'activité". [Je souligne à nouveau].

6 bis. Mais il n'y a pas que l'OCDE à pousser dans cette direction (en 1988). En 1994, la Banque Mondiale préconise l'installation de systèmes de retraites fondés sur trois piliers : le premier, collectif, garantissant une couverture minimale ; le deuxième, complémentaire et obligatoire, mais géré par des groupes financiers privés ; et le troisième, facultatif et individuel, également géré par de tels groupes. Le FMI déclare sans ambages : "Un système par répartition peut déprimer l'épargne nationale parce qu'il crée de la sécurité dans le corps social". On se saurait mieux dire. [J'ai - moi, Ph. Arnaud - souligné ce dernier passage, qui précède le jugement de Jean-Marie Harribey].

7. La retraite par capitalisation nécessitera des cotisations moins élevées que celles de la retraite par répartition. Faux ! Et même grossièrement faux au début. A supposer, en effet, qu'un régime par capitalisation en grandeur soit instauré, il y aurait nécessairement une longue phase de transition pendant laquelle les générations astreintes au nouveau régime devraient verser des cotisations pour payer les pensions des générations précédentes encore couvertes par le système par répartition et des primes d'assurance pour la constitution de leur propre capital. De cette double charge résulteront, d'une part, une hausse de l'épargne peu favorable à l'économie, et, d'autre part, une recherche de rendement peu propice à l'engagement dans des investissements de transition écologique de long terme et dont l'objectif n'est pas la rentabilité maximale.

8. Pour finir. Les bonimenteurs des fonds de pension [qu'on pourrait, pour le coup, appeler des "boni-menteurs"], pour nous vendre leur brouet, présentent le mélange de la répartition et de la capitalisation comme un pâtissier qui vanterait son gâteau au chocolat et à l'abricot (comme la tarte Sacher) ou au chocolat, à la cerise et à la crème chantilly (comme la forêt-noire). Mais dirait-on que le panachage de répartition et de capitalisation s'apparente à ces douceurs ? Que nenni ! Le mélange de répartition et de capitalisation, c'est comme un gâteau qui serait à la fois au chocolat et au cyanure. En ce cas, la présence de chocolat serait anecdotique : le seul ingrédient qui produirait un effet serait le cyanure...

Cet argumentaire est bien entendu incomplet. Je n'ai même pas repris tous les points développés par Jean-Marie Harribey : à vous de le corriger, de l'amender, de l'enrichir - en citant bien toutes les sources que j'ai mentionnées - et de le rediffuser. Si, après sa lecture, vous vous sentez un peu plus sûr(e)s de vous, j'en serai très heureux...

 

Philippe Arnaud, Amis du Diplo de Tours

Argumentaire contre les fonds de pension (par Philippe Arnaud)
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9 mars 2023 4 09 /03 /mars /2023 06:40
8 mars 2023. Belle et encourageante manif féministe Place Belcour à Lyon.
8 mars 2023. Belle et encourageante manif féministe Place Belcour à Lyon.
8 mars 2023. Belle et encourageante manif féministe Place Belcour à Lyon.
8 mars 2023. Belle et encourageante manif féministe Place Belcour à Lyon.
8 mars 2023. Belle et encourageante manif féministe Place Belcour à Lyon.
8 mars 2023. Belle et encourageante manif féministe Place Belcour à Lyon.
8 mars 2023. Belle et encourageante manif féministe Place Belcour à Lyon.
8 mars 2023. Belle et encourageante manif féministe Place Belcour à Lyon.

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8 mars 2023 3 08 /03 /mars /2023 05:55

Environ 12 000 personnes manifestaient à nouveau devant le Parlement grec, à Athènes, dimanche 5 mars, cinq jours après l'accident de train survenu le 28 février près de Larissa, dans le centre du paysLes manifestants, qui ont notamment brandi des pancartes "A bas les gouvernements assassins", ont répondu à l'appel des étudiants, des cheminots et des employés du secteur public alors que les trains et le métro sont en grève dans le pays.

 

Le lourd bilan humain (57 morts) et l'origine humaine de la tragédie ont poussé plusieurs milliers de personnes dans les rues, pour réclamer la démission du gouvernement et plus d'investissements dans le réseau ferroviaire du pays, au point de provoquer des heurts violents entre manifestants et policiers, vendredi soir.

 

Parce qu'il s'agit du pire accident ferroviaire du pays

 

La collision frontale entre un train de passagers et un autre transportant des marchandises a été telle que des éléments "ont été projetés à des centaines de mètres dans les champs voisins", explique le journal Kathimerini. Plus de 340 passagers se trouvaient à bord, avec 10 membres du personnel.

 

Jamais un accident de train n'avait coûté autant de vies dans le pays. "C'est une tragédie terrible qui a choqué la population", résume à franceinfo Georges Prevelakis, professeur émérite de géopolitique et spécialiste de la Grèce à la Sorbonne (Paris I), qui rappelle que le train était "rempli d'étudiants". L'université de Thessalonique a déclaré que neuf de ses élèves avaient été tués dans cet accident, et 26 autres blessés. "Nous sommes tous anéantis. Il n'y a pas de mots pour décrire notre douleur et celle de tous les membres de la communauté universitaire", a déploré son recteur. 

 

Comment ces deux trains ont-ils pu se retrouver face à face sur la même voie ? Dans cette affaire, les enquêteurs privilégient la piste de la négligence. Venu sur les lieux de la catastrophe, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a affirmé que "le drame est dû (...) principalement à une tragique erreur humaine". Le chef de gare du poste de Larissa a été arrêté mercredi après une déposition au commissariat. L'homme de 59 ans est poursuivi pour "homicides par négligence" et "lésions corporelles involontaires". Il a "avoué une erreur", mais "ne peut pas porter seul le fardeau de la responsabilité" a déclaré samedi son avocat, cité par la chaîne ERT.

Parce que les chemins de fer du pays ont été délaissés

Depuis la collision ferroviaire, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer la modernisation du réseau ferré national – voire sa renationalisation. Des manifestants ont notamment défilé à Larissa, devant les locaux de la compagnie Hellenic Train, au cri de "La privatisation tue !" ou encore "Leurs profits, nos morts". L'entreprise, privatisée après la faillite de la Grèce et la contraction d'un prêt du Fonds monétaire international (FMI) en 2010, a été rachetée par le groupe ferroviaire public (sic) italien Ferrovie dello Stato Italiane en 2016.  Mais cette exploitation privée du réseau ferroviaire ne s'est pas accompagnée de travaux significatifs. Dans le détail, des radars de sécurité sont attendus, et les systèmes de signalisation manuels sont pointés du doigt pour leur dangerosité. "Cela fait depuis l'an 2000 que les systèmes ne fonctionnent pas", a déploré Kostas Genidounias, président d'un syndicat de conducteurs de train.

 

Les méthodes de recrutement d'Hellenic Train se trouvent désormais sous le feu des critiques. A Larissa, le chef de gare mis en cause était en fait un bagagiste promu pour cause du manque d'effectif, comme l'explique le journal Kathimerini, qui a interrogé à ce sujet l'ancien directeur de la sécurité et de la circulation de la compagnie.

 

En décembre 2022, le gendarme grec du ferroviaire avait par ailleurs infligé une amende de 300 000 euros à Hellenic Train pour avoir abandonné plus de 800 passagers en pleine vague de froid. Lors de son déplacement sur les lieux du drame jeudi, le Premier ministre grec a publiquement reconnu des "faiblesses chroniques" dans le secteur ferroviaire, avant d'annoncer la création d'une commission d'enquête indépendante sur la tragédie. Kyriakos Mitsotakis est allé encore plus loin, dimanche, en demandant pardon aux familles des victimes dans une adresse solennelle. "Nous ne pouvons pas, ne voulons pas et ne devons pas nous cacher derrière l'erreur humaine" imputée au chef de gare, a insisté le dirigeant conservateur, a-t-il affirmé. 

Parce que le contexte politique était déjà très tendu 

Si les manifestations ont éclaté avec autant de force, c'est aussi parce que la Grèce n'en est pas à son premier scandale imputé à des défaillances, explique Georges Prevelakis à franceinfo. "Un autre accident de train, mais aussi le grand incendie de 2018, ont dévoilé les faiblesses de l'administration, détaille le spécialiste, et ont conduit le gouvernement actuel à mener des réformes, principalement dans les services publics." Une politique laborieuse qui peine toutefois à porter ses fruits. "Il y a eu des progrès importants avec la numérisation de l'administration, mais ça prend beaucoup de temps, souligne Georges Prevelakis. Et en attendant, il y a des crises qui éclatent parce que le travail n'est pas achevé." 

 

Entre 2010 et 2018, la Grèce a connu trois plans de sauvetage financier qui lui ont imposé de prendre des mesures d'austérité draconiennes. Salaires, pensions de retraite, embauches dans le public ont été diminués, en plus du gel des budgets des administrations.

 

En août dernier, le pays est finalement sorti du viseur de la Commission européenne, qui le surveillait de près. Mais ces politiques de rigueur ont eu de lourdes conséquences sociales, et ont conduit à plusieurs mouvements de grève générale, sur fond de montée de l'extrême droite. La tragédie du 28 février "relance les débats (...) sur la nécessité de réformes profondes", analyse Georges Prevelakis. Elle devrait peser sur les prochaines élections législatives en Grèce, prévues pour le milieu d'année.

 

Source : France Info.  

 

 

Grèce : la privatisation est-elle la cause de la catastrophe ferroviaire ?
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7 mars 2023 2 07 /03 /mars /2023 06:01

 

Aggravation du chômage, allongement de la pénibilité, absence de prise en compte des gains de productivité… Pour le philosophe Henri Peña-Ruiz, auteur notamment de Marx quand même (Plon), Entretien avec Karl Marx (Plon) et Karl Marx penseur de l’écologie (Seuil), bien des arguments en faveur de la réforme des retraites méritent des objections en règle (publié par Marianne.net)

 

Le chômage

 

Évoquons d’abord l’abandon de la question du chômage. Celui-ci est aggravé dès lors que des emplois sont rendus indisponibles par le fait de reculer l'âge de la retraite. Le partage du travail, en revanche, permettrait de lutter contre le chômage tout en gardant la retraite à 62 ans. Il faut donc en finir avec le sophisme selon lequel "on vit plus longtemps donc on doit travailler plus longtemps". Cette affirmation est fausse par son abstraction. L'égalité devant la mort n'existe pas. Et la différence d’espérance de vie selon les métiers a des conséquences lourdes. Pour l'ouvrier qui meurt 8 ans avant un cadre supérieur, travailler plus longtemps c'est aussi mourir plus tôt, et ne pas pouvoir profiter de la retraite.

 

Gains de productivité du travail

 

Quant aux gains de productivité du travail, il est scandaleux de les passer sous silence quand on entend souligner le déficit prétendu des personnes qui assument le financement des retraites par rapport à celles qui en jouissent. Quand on souligne qu'en 1950 il y avait quatre "actifs" pour un retraité, alors qu'en 2020 il y en a "seulement" 1,7, on abdique tout sens historique. On oublie que si les quatre actifs produisaient des biens mesurables par l'indice 400, 1,7 "actifs" produisent aujourd'hui des biens mesurables par l'indice 1200 (INSEE). Qu'a-t-on fait des gains de productivité ainsi multipliés par 10 ? Le capitalisme définirait-il la seule manière possible de les utiliser ? Par quel paradoxe le progrès de la productivité peut-il conduire à repousser l'âge de la retraite ? Objection : « Le travail produit beaucoup plus dans le même temps donc on peut travailler moins sans risque pour l’économie ». La logique du capitalisme mondialisé est autre. Il joue la géographie des délocalisations contre l’histoire des conquêtes ouvrières pour réduire le coût du travail.

 

Le financement

 

Financer les retraites...Voilà le leitmotiv ressassé, sur la base d'une approche comptable partiale qui passe sous silence le rôle possible des cotisations patronales, et des augmentations de salaire, pour un partage plus équitable des gains de productivité. L’impensé des économistes néo-libéraux favorables aux réformes actuelles est l'accroissement vertigineux, depuis 1975, des inégalités entre les revenus du capital et ceux du travail, et des inégalités de patrimoine.

 

Comparons les Trente Glorieuses (entre 1950 et 1983) et l'âge de la mondialisation capitaliste (entre 1983 et 2016). Entre 1950 et 1983, les revenus ont progressé de 4% par an pour la majorité de la population, et les plus hauts revenus ont progressé d’à peine 1% par an. La solidarité redistributive a bien fonctionné. Pour les 33 années qui suivent, c’est l’inverse qui se produit. Entre 1983 et 2016, le revenu moyen des 1% les plus aisés a progressé de 100% (en sus de l’inflation), et celui des 0,1% les plus aisés de 150%, contre à peine 25% pour le reste de la population (soit moins de 1% par an). Les 1% les plus riches ont alors capté 21% de la croissance totale, contre 20% pour les 50% les plus pauvres. Les chiffres confirment aussi la forte croissance des plus hauts patrimoines. Les entreprises du CAC 40 ont distribué 60 milliards d'euros de dividendes en 2019 battant le record de 2008. La solidarité s'est donc effondrée, à rebours du modèle social français. En France, la fin des « Trente Glorieuses », conjuguée avec le premier essor d’une mondialisation capitaliste débridée, a consacré le démantèlement des conquêtes sociales et tout particulièrement des services publics, forme de salaire indirect qui tempère les inégalités. Denis Kessler, vice président du CNPF (devenu le MEDEF) a indiqué le vœu du patronat dans la revue Challenges, le 4 octobre 2007 :« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer... Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! » Un vœu parachevé par M. Macron, soldat zélé du MEDEF, récent fossoyeur du code du travail, du statut de la SNCF, des allocations chômage, et aujourd'hui des retraites.

 

A qui profitent ces réformes ? Les statistiques de l’INSEE en témoignent. Voyez les rémunérations exorbitantes des dirigeants et le niveau abyssal de leur fortune. Et c’est une telle ploutocratie qui s’insurge contre l’idée d’une majoration des cotisations patronales destinées à conforter les retraites par répartition ! On mesure cet égoïsme de classe et les bénéfices secondaires qu’elle en tire dans la perspective d’une retraite par capitalisation, accessible seulement à ceux qui ont les moyens d’épargner. Du pain bénit pour les fonds de pensions et les assurances privées. En France, un salarié travaille 45 jours par an pour payer les dividendes des actionnaires. En 1981, c’était 10 jours.

 

 

Les six sophismes de la réforme des retraites, par Henri Peña-Ruiz

 

Pénibilité

 

Quant aux nouvelles pénibilités, elles justifient des régimes spéciaux de retraite. Le gouvernement l'a prouvé en décidant de maintenir pour les policiers un régime spécial. Que ne fait-il la même chose pour les autres métiers pénibles ? Comment peut-on prétendre que la pénibilité du travail des cheminots a disparu avec la locomotive à vapeur ? Le stress du conducteur d'un TGV lancé à 340 km/heure est bien réel, de même que le fait de travailler à toute heure. Comme pour les mineurs jadis, voués à la mort par les coups de grisou et la silicose, nombre de professions sont aujourd’hui pénibles. Refuser de prendre en compte le port de charges lourdes est une honte. Les déménageurs et les ouvriers du bâtiment, pour ne citer qu’eux, apprécieront ce refus réaffirmé par le président de la République, en cela fidèle serviteur du Medef.

 

Quant aux 28 suicidés de France Télécom, leur sacrifice, récemment condamné par la justice, pourrait nous rappeler le stress angoissant d'un qui-vive permanent lié au turn-over des postes. Pensons également aux enseignants sous-payés, qui dans les classes subissent de plein fouet le dénigrement de l'Ecole par des parents déboussolés, l'indiscipline et l'irrespect d'enfants à qui on n'inspire plus le goût et le respect de l'Ecole comme du savoir qui les émancipe. Il en va de même de la multiplication ubuesque de tâches administratives diverses. Christine Renon, directrice d’école à Pantin, s’est suicidée le 21 septembre 2019 en disant sa souffrance dans une lettre bouleversante. Pensons aussi aux infirmières, si mal payées, stressées par la misère des hôpitaux publics, victimes de la réduction de la dépense publique. Pendant ce temps, les cadeaux fiscaux vont bon train pour les plus riches. Cet inventaire des nouvelles pénibilités n’est pas exhaustif, et il faudrait le relier avec la différence de l'espérance de vie.

 

 

Espérance de vie

 

Quelle différence d'espérance de vie, et de vie en bonne santé, entre les catégories sociales les plus aisées et les plus démunies ? Place aux chiffres de l’Insee.  Entre 2012 et 2016, le niveau de vie des personnes situées parmi les 5 % les plus aisées atteint une moyenne de 5 800 euros mensuels. Parmi les personnes les plus aisées, à la naissance, les hommes ont une espérance de vie de 84,4 ans. En revanche, parmi les 5 % de personnes les plus modestes, dont le niveau de vie moyen n’atteint que 470 euros par mois, les hommes ont une espérance de vie de 71,7 ans. Les personnes les plus aisées vivent donc en moyenne 13 ans de plus que les plus modestes. Pour les femmes, un tel écart est plus faible : à la naissance, l’espérance de vie parmi les 5 % de personnes les plus aisées atteint 88,3 ans, contre 80,0 ans parmi les 5 % les plus modestes, soit 8 ans d’écart. Selon l’enquête Santé et protection sociale de 2014, 11 % des adultes issus des 20 % les plus modestes ont renoncé à consulter un médecin au cours de l’année, contre 1 % des adultes issus des 20 % les plus aisés.

 

PS : j'ai publié sur Facebook les quelques lignes qui suivent :

 

Économie. Le seul chiffre qui vaille la peine d'être retenu : en France, un salarié travaille 45 jours par an pour payer les dividendes des actionnaires. En 1981, c’était 10 jours.

 

En 36 heures, cette note a été reprise près de 400 fois. Ce qui ne m'était jamais arrivé. Raphaëlle, qui a toujours le mot pour rire, me dit : “ tu es un influenceur, désormais ”. C'est cela, je me demandais ce qui avait changé en moi !

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1 mars 2023 3 01 /03 /mars /2023 06:01

Les lignes qui suivent répondent à ce que Riccardo Petrella (un de nos anciens présidents) fixait comme objectif aux Amis du Diplo : être une association d'éducation populaire. Dans l'actuelle lutte contre la "déforme" des retraites (je n'ai pas fait de faute de frappe...), il nous appartient de démonter point par point les arguties, sophismes, mensonges, silences, omissions et faux-semblants du gouvernement. Je vais, ci-après, m'attacher à l'un de ces aspects, sans doute le plus important.

En effet, le gouvernement revient obsessionnellement sur le rapport entre actifs et retraités, en présentant le problème des retraites comme une dette, ce qui, psychologiquement, met les Français (et ses opposants) dans une position défensive, dans une position de coupables. [En allemand, la dette se dit die Schuld, et signifie également la faute : quand on contracte une dette, c'est comme lorsqu'on commet une faute...].

Et le gouvernement d'insister sur le déficit (qui, selon lui, va aller en s'accroissant au fil des années – la part de retraités augmentant dans la population), déficit qui, toujours selon lui, ne peut être résorbé qu'en agissant sur un seul levier : l'âge. On ne peut résorber le déficit des retraites qu'en supprimant deux années de celle-ci, en retardant de deux ans l'âge de départ à la retraite.

Alors qu'en réalité, la dette n'est le résultat que d'une différence, celle qui existe entre les dépenses et les recettes, qui, elle, peut être comblée de deux façons : en diminuant les dépenses ou en augmentant les recettes. Le gouvernement se refuse à diminuer les dépenses (c'est-à-dire à tailler dans les pensions de retraite – même s'il fixe un niveau de retraites à ne plus jamais dépasser dans le PIB). Mais il se refuse encore plus à augmenter les recettes, c'est-à-dire à accroître soit les cotisations, soit les impôts – notamment sur les plus riches – ce qui toucherait au cœur de sa clientèle électorale et de ses sponsors, les riches et les entreprises. Je vais donc présenter l'argumentaire comme une série d'allégations du gouvernement, suivies, brièvement, de leur réfutation. Il faut pouvoir répondre du tac au tac à quelqu'un qui vous débite les boniments du gouvernement.

Retraites : Philippe Arnaud dénonce l'argumentaire du boy de Rothschild

 

1. "Si on ne fait rien, le déficit sera de 10,7 milliards en 2027". Négligeable ! Pour affoler le bon peuple, le gouvernement, la droite et le patronat parlent sans arrêt de déficit en milliards... sans jamais mettre en regard le montant des retraites : 350 milliards. C'est comme si un Français gagnant 1700  euros (le salaire médian) était, à la fin du mois, dans le rouge de 52 euros...

2. Si on augmente les cotisations-retraite, en 2027, il faudra payer 400 euros de plus par an. Exagéré !

- Exagéré d'abord, parce que cette estimation confond tous les revenus : pour un smicard, cela serait de 14 euros nets par mois (et 168 euros par an). Pour un salaire moyen (dans les 2700 euros réévalués), de 28 euros nets par mois (et 336 par an).

- Exagéré ensuite parce que le salarié n'en paierait que la moitié, l'entreprise payant l'autre moitié.

- Exagéré toujours car le salaire moyen augmenterait de 128 euros d'ici 2027 et le smic de 32 euros. L'augmentation de cotisation ne se traduirait donc pas par une perte sèche mais par un moindre gain...

- Exagéré enfin, car rien n'oblige à appliquer la même hausse de cotisation à tous les salaires. On peut par exemple ne le faire qu'au-delà du plafond de la Sécurité sociale (3666 euros bruts mensuels) au-delà duquel la cotisation n'ouvre pas à d'autres droits supplémentaires. Ce qui rapporterait 6 milliards d'euros.

3. Si on augmente le montant des cotisation, cela nuira à l'emploi et à la compétitivité des entreprises. Faux !

Faux d'abord parce que, dans les années 1960, les cotisations sociales (patronales et salariales) représentaient 25 % du coût du travail. Aujourd'hui, 40 %. Mais aucune baisse de marge des entreprises n'a été constatée sur la période.

Faux ensuite car le coût salarial ne représente que 18 % du coût total des industries manufacturières (celles qui font face à la concurrence étrangère) contre 70 % pour les consommations intermédiaires (à l'intérieur de la France). Et faux aussi car le manque de compétitivité des entreprises françaises tient aussi à un moindre contenu et à une moindre innovation technologiques.

Voilà. Je n'ai pas tout dit et il reste encore d'autres arguments. Mais le temps presse et il faut contrer le gouvernement et la droite sur tous les terrains et le plus vite possible pour l'affaiblir conjointement aux grèves et aux manifestations. La victoire passe aussi par votre esprit : et je sais que vous n'en manquez pas...

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28 février 2023 2 28 /02 /février /2023 06:01
La sécurité avant tout !

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22 février 2023 3 22 /02 /février /2023 06:01

“ Les zones à faible émission installent une sorte de péage immatérielle entre la France périphérique et les métropoles.

C’est l’aboutissement, le point final du processus de sécession de la bourgeoisie d’aujourd’hui et de dépossession des lieux des classes populaires.

Les métropoles achèvent donc de se débarrasser des classes populaires en installant le retour de l’octroi, au nom bien sûr de la défense de l’environnement. ”

Christophe Guilluy

Circulation : les ZFE
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