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29 décembre 2012 6 29 /12 /décembre /2012 06:28

Valence d’Agen. Petite ville du Tarn-et-Garonne. Sous l’imposante halle “ Jean Baylet ”, le cirque de Noël s’est installé. Comme chaque année depuis quatre ans. Les numéros commencent mezzo. Puis, que du bon et du très bon. À l’entracte, des bénévoles vendent des gaufres. Un bénévole les sucre. Je le reconnais et ne suis qu’à moitié étonné : il s’agit de Jean-Michel Baylet. Il a été maire de Valence pendant vingt-cinq ans, après son père et sa mère. Son père (le plus jeune maire de France à l'âge de vingt-six ans) est mort tragiquement à cinquante-quatre ans. Sa mère, Évelyne, aura cent ans cette année. De par leurs fonctions politiques, mais surtout en tant que patrons du groupe de presse de La Dépêche du midi, Jean et Évelyne ont joué un rôle considérable sous la IVè République. De nombreux ministères se sont faits ou défaits dans leur appartement parisien. Évelyne a abandonné sa dernière fonction de patronne de presse à quatre-vingt dix-neuf ans.

 

Jean-Michel fut ministre de Mitterrand. Sénateur, il préside le Parti des Radicaux de Gauche et le Conseil général du Tarn-et-Garonne.

 

Il est là devant moi et sucre des gaufres. Il fait partie de ces gens, rares, qui, physiquement, sont mieux en réalité qu’à la télé. Il est grand – disons ma taille –, plus mince qu’en photo, très naturel, très simple, et il fait le boulot gentiment. Si le cirque est là, c’est uniquement grâce à lui. Si les gaufres sont sucrées, c’est, également, uniquement grâce à lui. À ses côtés, des jeunes et des moins jeunes qui font et vendent les gaufres. L’ambiance dans le stand est très conviviale. Mais comme je ne suis pas né de la dernière pluie, je sais bien que tous et toutes lui doivent quelque chose. Quand une famille règne sans partage depuis quatre-vingts ans (la période de la Deuxième Guerre mondiale exceptée) sur une ville de cinq mille habitants, on n'est forcément pas très éloigné du système féodal.

 

1021.jpg

 

J’attends la fin de la vente et je m’approche de lui.

 

   Monsieur Baylet, bonjour.

 

— Bonjour.

 

— Vous souvenez-vous de P.B. ?

 

Il s’en souvient parfaitement, mais comme il ne m’a jamais vu et qu’il ne s’attendait pas à cette question, il hésite un dixième de seconde, pas plus.

 

   Le maire de C. ? Évidemment.

 

   Pardon : l’ancien maire de C. P.B. est mort en 1991. Deux de ses filles sont dans la salle.

 

   Oui, je sais.

 

Il sait tout. Il a reconnu un à un les quinze cents spectateurs. Mais il ne sait pas que je suis le gendre de la fille aînée de P.B. Je me présente. Pendant quelques secondes, il se détend :

 

   Je n’ai jamais oublié un seul de mes amis. P.B. nous a beaucoup aidés chez les Radicaux de Gauche. Il a fait du bon travail. C’était d’autant plus méritoire qu’il n’était pas originaire de la région.

 

Et puis il se retend : comme je suis le gendre de la fille aînée, je sais que le maire de C. était un homme viscéralement de droite, tout en ayant la carte des Radicaux de Gauche. Le 10 mai 1981, il avait failli avoir une attaque. Je sais bien d’autres choses, pas forcément pendables d’ailleurs. Alors, il se referme et n’en dira pas plus à cet inconnu qui a presque son âge et qui parle « pointu ».

 

Pour être élu, et surtout réélu, il faut deux qualités : il faut tout savoir, tout retenir, et il faut être gentil.

 

Jean-Michel Baylet possède ces deux dispositions au plus haut point.

 

Je n’ai pas pris la carte des Radicaux de gauche. Il ne me l’a d’ailleurs pas proposée.

 

 

 

PS : J'ai une affection toute particulière pour La Dépêche du Midi. Un de mes grands-pères (Rad-Soc, évidemment) fut son correspondant local pour le village de Monclar (d'Agenais) et j'y ai publié une photo (celle d'un four à pruneaux) en 1958. Prise avec un Brownie Flash. Tonton Bernard, raconte-nous Nicéphore Niepce...

 

PPS : Un Rad-Soc dans les années cinquante, c'était un peu l'équivalent d'un garde rouge pour un socialiste d'aujourd'hui.

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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 11:34

http://notpetroleum.com/wp-content/uploads/2010/03/Biodiesel_B100.jpgUn train de biodiesel a fait plusieurs aller-retour entre le Canada et les États-Unis sans jamais décharger sa cargaison, rapportant à ses commanditaires des millions de dollars en crédits d'énergies renouvelables, a révélé mercredi la chaîne publique canadienne CBC.


La société Bioversel, basée à Toronto, a apparemment profité d'une lacune dans la législation américaine destinée à promouvoir les énergies renouvelables, affirmant que l'opération organisée en juin 2010 était parfaitement légale.


En envoyant douze trains de biodiesel – en fait il n'y en avait qu'un – dans l'Etat du Michigan (Nord), Bioversel a pu obtenir près de 12 millions de crédits RIN (renewable identification number), recherchés par les compagnies pétrolières américaines soucieuses de montrer qu'elles mettent sur le marché des sources d'énergies renouvelables. Un RIN “ biodiesel ” s'achetait à l'époque un demi-dollar, mais son prix a ensuite rapidement dépassé un dollar.


Une fois “ importé ”, le biodiesel était transféré à la filiale américaine de Bioversel, Verdeo, qui le renvoyait au Canada en payant son “ exportation ” avec des crédits RIN “ éthanol ”, ne valant que quelques cents l'unité. La navette lucrative a cessé lorsqu'une société ontarienne, invitée à “ importer ” le biodiesel y avait vu une fraude et a alerté l'Agence de protection de l'Environnement (EPA) aux Etats-Unis. L'enquête de celle-ci n'est pas encore terminée.


 

Source : Europe 1

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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 07:03

http://www.intmensorg.info/images/bushcia.jpgLes États-Unis sont nés dans, de et par la violence extrême : massacre génocidaire des Indiens, maintien du peuple noir dans l’esclavage, répression féroce – parfois par les armes – de la classe ouvrière, irrésistible et brutal Drang nach Westen, application sans faille de la politique du gros bâton en Amérique latine. Selon la doctrine exposée par le président James Monroe en 1823, tout le continent américain devient une chasse gardée des États-Unis. Pour l’anecdote, de nombreux épisodes de la célèbre série télévisée Les Mystères de l’Ouest (1965-1969) étaient une légitimation de cette doctrine : deux agents secrets, au service direct du président des États-Unis Ulysses Grant (1869-1877), débusquaient les ennemis intérieurs et extérieurs du pays, en particulier ceux qui, d’origine européenne plus ou moins déterminée, considèraient que la colonisation du continent n’était pas achevée. Ce n’est pas un hasard si James West et Artemus Gordon vivaient dans un train et était en déplacement permanent dans un Ouest vierge, sauvage pour eux (le titre original de la série étant The Wild Wild West).

 

Impériale, cette violence est devenue impérialiste. Nombreux seront les États souverains du continent américain (puis de la terre entière) qui verront leur destin bouleversé par l’action belliqueuse d’une nation s’étant arrogé le droit … de dire le droit selon ses intérêts économiques et stratégiques

 

Je voudrais revenir ici sur un épisode de 1954 : la démission contrainte de Jacopo Árbenz Guzmán, président du Guatemala de 1951 à 1954. Pourquoi cet exemple parmi bien d’autres ? Simplement parce que j’ai connu autrefois un de ses proches qui vécut un long exil européen sans revoir son pays.

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/a/ad/Jacobo_Arbenz_Guzmán.jpg

 

Le 27 juin 1954, Árbenz remet sa démission et quitte le pays. Les militaires guatémaltèques, aidés par la CIA et sur l’ordre du président des États-Unis Eisenhower, mettent fin brutalement au mandat parfaitement légal du président élu démocratiquement. Par une action de propagande particulièrement habile, la CIA a réussi à faire croire à « l’opinion publique internationale » (en fait les électeurs étatsuniens) qu’un homme politique modéré, ancien militaire exemplaire et vrai patriote, était un agent de l’impérialisme soviétique.

 

Déjà en 1944, le Guatemala avait causé quelques soucis à la puissance impériale : un professeur de philosophie du nom de Juan José Arévalo avait remporté la première élection présidentielle réellement démocratique à la tête d’une coalition de gauche (le Parti d’Action Révolutionnaire), par 85% des suffrages. Arévalo avait lancé des réformes structurelles concernant le droit du travail et l’accès à l’éducation. Malgré la modestie de ses réformes, Arévalo s’était mis à dos les propriétaires terriens, l’Église catholique, les officiers et, bien sûr, la United Fruit Company, dont l’un des gros actionnaires n’était autre que le futur directeur de la CIA Allen Dulles, frère de John Foster Dulles, secrétaire d’État sous la présidence d’Eisenhower.

 

http://www.rvvoyages.fr/wp-content/uploads/2011/05/antigua-guatemala.jpg

 

Les dirigeants, qui avaient gouverné le pays par la dictature à la fin du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, n’avaient été que des fantoches au service des intérêts économiques et politiques des États-Unis. Au point que, contrairement à ce qui s’était passé en Haïti et à Cuba, la puissance impériale n’avait pas eu besoin de recourir à la force militaire pour préserver son autorité dans le pays. La police et l’armée guatémaltèques étaient directement sous la coupe des États-Unis. Par ailleurs, le gouvernement avaient exempté d’impôts plusieurs sociétés nord-américaines à qui il avaient bradé d’importantes portions de terres publiques. En 1930, le pays était gouverné par le général Jorge Ubico, un dictateur très brutal, complètement à la solde des États-Unis. Ce grand propriétaire terrien, qui avait donné à la United Fruit des centaines de milliers d’hectares, perfectionna un système de servitude pour dette, en vigueur par exemple dans la Grèce ou le Rome antiques. Grand admirateur de Mussolini et d’Hitler, sa devise était : « D’abord je tue et ensuite je pose des questions. » Une grève générale, une insurrection populaire de masse eurent raison de ce tyran qui continua, malgré tout, à gouverner le pays en sous-main pendant plusieurs années. Ubico mourut en exil aux États-Unis.

 

En 1951, Árbenz remporte l’élection présidentielle avec 60% des suffrages. Sa femme est une très grande propriétaire foncière animée d’idéaux nettement de gauche. Árbenz va bientôt n’avoir « qu’un seul ennemi » : la United Fruit. État dans l’État, cette société est en partie propriétaire du port de Puerto Quetzal et elle détient des parts dans de nombreuses industries locales. Lors de sa campagne, Árbenz s’est engagé à redistribuer les terres non exploitées. Il commence d’ailleurs par mettre à la disposition du pays une partie des propriétés de sa femme.

 

La tâche semble rude pour la United Fruit : comment convaincre l’opinion et le gouvernement étasuniens qu’Árbenz est le diable incarné ? La société fait appel au publicitaire Edward Bernays.

 

http://dlmichaels.files.wordpress.com/2011/06/lmgpr-1-edward-bernays.jpg

 

Cet homme, qui mourra à 104 ans en 1995, fut un pionnier en matière de propagande et de relation publique. Il était deux fois – on n’est jamais trop prudent – neveu de Sigmund Freud. Son père, Ely Bernays, était le frère de Martha, la femme de Freud. Sa mère n’était autre qu’Anna, la sœur de Freud. Bernays s’inspira à la fois du psychologue et sociologue français Gustave Le Bon (La Psychologie des foules), du neuropsychologue britannique Wilfred Trotter (L’Instinct grégaire en temps de paix et de guerre) et, naturellement, des travaux de Sigmund Freud. Bernays décide qu’il ne faut pas brouiller l’écoute et qu’il convient de ne faire passer qu’un seul message : Árbenz, c’est le communisme dans l’arrière-cour des États-Unis. Il utilise par ailleurs des agents provocateurs qui collent des affiches « communistes » dans Guatemala, la capitale. Une radio clandestine diffusent des programmes d’une mystérieuse « guérilla ».

 

Désormais directeur de la CIA, Allen Dulles envisage deux actions : d’abord regrouper les adversaires d’Árbenz pour fomenter un coup d’État violent en éliminant physiquement les principaux opposants (c’est-à-dire les Guatémaltèques élus démocratiquement). Cette première tentative est jugée trop risquée car, trop grossière, elle risque d’enflammer la région. Dulles lance une seconde opération (censément de l’intérieur du pays) : PBSUCCESS. Le chef d’un putsch à venir est choisi en la personne de Carlos Castillo Armas, très introduit dans les milieux de l’armée qu’il devra convaincre du danger communiste que représente Árbenz. Armas forme une « Armée de libération » de 400 hommes. Le 18 juin 1954, il lance ses rebelles, aidés par des mercenaires entraînés au Honduras et au Nicaragua par la CIA, et appuyés par des avions de combats étatsuniens pilotés par des Étatsuniens. Les 400 hommes (à qui la CIA a fourni un Manuel d’assassinat où il leur est explqué qu’on attend d’eux le sacrifice de leur vie) doivent à tout prix éviter l’armée régulière pour que celle-ci ne réplique pas. La rébellion connaît la déroute. Mais une habile propagande radiophonique (prenant prétexte d’une petite livraison d’armes Škoda en provenance de Tchécoslovaquie) retourne la population. Les États-Unis prennent les choses en main en intimant l’ordre à l’armée régulière de laisser les rebelles progresser. La peur d’une guerre civile amène une garnison à se rendre aux hommes d’Armas. Árbenz démissionne le 27 juin et quitte le pays.

 

La presse européenne critique vivement le coup d’État. La CIA tente – sans y parvenir – d’établir une filiation entre Árbenz et l’Union soviétique. Au nombre des témoins du succès de cette junte militaire figure le jeune médecin argentin Ernesto Guevarra. Il s’était rendu au Guatemala pour se « perfectionner et accomplir tout ce qui est nécessaire pour devenir un vrai révolutionnaire ». Le renversement du gouvernement Arbenz qui, à ses yeux, aurait pu et dû se défendre plus vigoureusement, le convainc que les États-Unis s’opposeront désormais à tous les gouvernements progressistes en Amérique du Sud et ailleurs. Il pense également que le socialisme ne peut être défendu que par une population armée et que toute opération militaire est indissociable d’une bonne propagande.

 

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25 décembre 2012 2 25 /12 /décembre /2012 09:56

 http://www.regardegeek.com/wp-content/uploads/2011/05/MichaelMooreSicko1.jpgMichael Moore vient d'envoyer ce texte à sa liste (toujours à propos du massacre de Newtown). On notera que le bon Michael fait preuve d'un optimisme inébranlable, qu'il croit que certaines grandes valeurs finiront par l'emporter. Mais son constat est accablant : 

 

 

Après avoir regardé vendredi dernier la conférence de presse de la NRA, trompeuse et franchement dingue, il m’est apparu évident que la prophétie des Mayas s’était réalisée. A ceci près que le seul monde qui ait disparu était celui de la NRA. Son pouvoir brutal visant à déterminer la politique des armes dans notre pays, c’est terminé. Notre nation a été écœurée par le massacre du Connecticut.

 

Ces tueries ne vont pas cesser d’ici demain. Désolé de le dire. Mais au fond de nous-même, nous savons que c’est ainsi. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille cesser de lutter. Après tout, l’élan est de notre côté. Je sais bien que, moi y compris, nous aimerions tous voir le président et le Congrès voter des lois plus restrictives. Une interdiction des armes automatiques ET semi automatiques est nécessaire. Ainsi que celle de chargeurs comptant plus de sept balles. Il nous faut davantage de contrôles, d’examens de santé. Nous devons également pouvoir réglementer la vente des munitions.

 

Mais, mes amis, autant ce que je viens de suggérer contribuera à faire baisser le nombre de morts par balles (demandez au maire de New York, cette ville où il est pratiquement impossible de s’acheter une arme de poing : le nombre de meurtres par année est tombé de 2200 à moins de 400), autant cela ne mettra pas un terme aux tueries collectives et ne résoudra pas les problèmes fondamentaux qui nous font face. Le Connecticut avait l’un des arsenaux législatifs les plus contraignants en la matière 

 

Cela n’a pas empêché l’assassinat de vingt enfants en bas âge ce 14 décembre.

 

Concernant Newton, soyons clairs : le tueur avait un casier judiciaire vierge et n’avait jamais été référencé chez un marchand d’armes. Toutes les armes qu’il a utilisées avaient été achetées légalement. Le tueur avait certainement des problèmes psychiques, sa mère avait tenté de l’aider, mais sans résultat. Concernant les mesures de sécurité, l’école de Sandy Hook avait été fermée à double tour AVANT l’arrivée du tueur ce matin-là. Des exercices de simulation avaient eu lieu pour prévenir un tel épisode.

 

Il y a un petit point bien embêtant que nous les progressistes ne voulons pas aborder : le tueur ne mit un terme à son massacre que quand il vit les flics grouillant dans l’enceinte de l’école, donc quand il perçut des hommes armés. C'est alors qu'il arrêta le massacre et se supprima ; ces officiers de police en armes empêchèrent 20, 40 ou 100 morts. Parfois, les flingues, ça marche. Cela dit, il y avait un shérif adjoint à Columbine le jour du massacre et il ne put rien empêcher.

 

Je suis navré de soumettre ces éléments dans notre combat pour un changement radical de la législation sur les armes, une nouvelle législation nécessaire mais plutôt cosmétique.

 

Nos dirigeants approuvent et perpétuent des actions violentes à des fins la plupart du temps immorales. Nous envahissons des pays qui ne nous ont pas attaqués. Nous utilisons régulièrement des drones dans une demi douzaine de pays, en tuant souvent des civils. Pas vraiment de quoi être surpris puisque notre nation est née d'un génocide et qu'elle a été construite grâce à la sueur des esclaves. La Guerre de Sécession a fait 620 00 morts parmi nous. Nous avons « apprivoisé » le Far West avec le pistolet à six coups ; nous avons violé, battu et tué nos femmes, sans merci,  à un rythme sidérant : toutes les trois heures une femme est assassinée aux États-Unis, une fois sur deux par son compagnon ou par un ex ; une femme est violée toutes les trois minutes dans notre pays ; une femme est battue toutes les quinze secondes.

 

Notre pays appartient à ce groupe illustre de nations (Corée du Nord, Arabie Séoudite, Chine, Iran) qui applique toujours la peine de mort. Nous n’avons que faire des dizaines de milliers de nos concitoyens qui meurent chaque année parce qu’ils n’ont pas de couverture sociale ou parce qu’ils n’ont pas accès à un médecin.

 

Pourquoi faisons-nous cela ? Une réponse simple est : parce qu’on le peut. Chez nous qui sommes aussi des gens animés de sentiments amicaux, il y a un degré d’arrogance qui nous pousse à croire bêtement qu’il y a quelque chose d’exceptionnel en nous qui nous différencie des « autres » pays. Il y a beaucoup de bonnes choses chez nous; il en va de même en Belgique, en Nouvelle Zélande, en France, en Allemagne etc.

 

Nous pensons que nous sommes n° 1 dans tous les domaines alors que nos étudiants sont les 17e en sciences, les 25e en mathématiques et que notre espérance de vie est la 35e au monde. Nous croyons que nous sommes la plus grande démocratie de la planète alors que notre taux de participation aux élections est le plus bas de toutes les démocraties occidentales. Nous sommes les plus forts et les meilleurs dans tous les domaines et nous exigeons et prenons tout ce que nous voulons.

 

Parfois, nous devons nous conduire comme des f** de p** pour obtenir tout cela. Mais si l’un de nous pète les plombs et révèle la nature totalement psychotique et les conséquences brutales de notre violence à Newton, à Aurora ou à Virginia Tech, alors nous sommes « tristes », « nos sentiments vont aux familles des victimes » tandis que nos présidents promettent « des mesures significatives ». Peut-être que le président actuel est sincère cette fois. Il vaudrait mieux. Des millions de personnes en colère ne vont pas lâcher le morceau.

 

Je demande respectueusement que nous nous arrêtions un instant pour réfléchir à ce qui me semble être les trois circonstances atténuantes qui peuvent nous aider à comprendre pourquoi les Américains sont le peuple le plus violent de la terre :

 

1) LA PAUVRETE

S’il y a une chose qui nous différencie du reste du monde développé, c’est que 50 millions de nos concitoyens vivent dans la pauvreté. Un Étatsunien sur cinq souffre de la faim au moins une fois par an. La majorité de ceux qui ne sont pas pauvres n’ont plus rien à la fin du mois. A l’évidence, ceci engendre de plus en plus de comportements délictueux. Les emplois du type de ceux de la classe moyenne préviennent le crime et la violence. Si vous ne croyez pas à cela, posez vous simplement la question suivante : si mon voisin a un vrai boulot et gagne 50 000 dollars par an, y a-t-il un risque qu’il pénètre chez moi par effraction, qu’il me tue et embarque ma télé ? Bien sûr que non.

 

2) LA PEUR, LE RACISME

Nous sommes un peuple extrêmement peureux, si l’on veut bien considérer que, contrairement à la plupart des nations, nous n’avons jamais été envahis (non, 1812 ne fut pas une invasion, c’est nous qui avons commencé). Pourquoi diable avons-nous besoin de 300 millions d’armes chez nous ? Je comprends que les Russes puissent avoir un peu les jetons puisque 20 millions d’entre eux sont morts pendant le Deuxième Guerre mondiale. Mais quelle est notre excuse ? A-t-on peur que les Indiens qui travaillent dans les casinos reprennent le sentier de la guerre ? On a peur que les Canadiens rachètent trop de cafétérias Tim Horton des deux côtes de la frontière ?

 

Non. La raison est que trop de Blancs ont peur des Noirs. Un point c’est tout. La grande majorité des armes sont achetées par des Blancs qui vivent dans les banlieues résidentielles ou à la campagne. Quand nous fantasmons que nous allons être victimes d’une agression ou d’un bris de clôture, quelle image de l’agresseur construisons-nous dans nos têtes ? Le môme à tache de rousseurs de la maison d’à côté ou quelqu’un qui, s’il n’est pas noir, est à tout le moins pauvre ?

 

Il serait bon de a) faire de notre mieux pour éradiquer la pauvreté et reconstruire la classe moyenne d’antan, et b) d’arrêter de promouvoir l’image du Noir croquemitaine qui sort de chez lui pour nous taper dessus. Calmez-vous les Blancs et débarrassez-vous de vos flingues.

 

3) LA SOCIETE DU « MOI-JE »

C’est cette éthique du chacun pour soi qui nous a mis dans une telle panade, et là est notre délitement. Je me débrouille par mes propres moyens ! C’est pas votre problème ! C’est le mien!

 

Assurément, nous ne sommes plus les gardiens de nos frères et de nos sœurs. Vous tombez malade et vous ne pouvez pas payer l’opération ? Pas mon problème. La banque a saisi votre maison ? Pas mon problème. Vous ne pouvez pas aller en fac ? Pas mon problème.

 

Et pourtant, un jour ou l’autre, cela devient notre problème, n’est-ce pas ? Enlevez trop de filets de protection et tout le monde finit par en ressentir l’effet. Vous voulez vivre dans ce type de société, une société où vous aurez à bon droit raison d’avoir peur ? Je ne le crois pas.

 

Je ne dis pas qu’ailleurs ce soit parfait, mais j’ai constaté, au cours de mes voyages, que d’autres pays civilisés estiment que s’occuper de tous et de chacun bénéficie à l’ensemble du pays. Des soins gratuits, des droits universitaires gratuits ou peu élevés, une assistance aux malades mentaux. Et je me pose la question : pourquoi nous, ne pouvons-nous pas réaliser cela ? Parce que dans de nombreux autres pays les gens ne se perçoivent pas comme des entités individuelles et solitaires mais comme les membres d’un groupe, sur le chemin de la vie, chacun existant comme la partie d’un tout. On aide les nécessiteux, on ne les punit pas parce qu’ils ont joui de malchance ou parce qu’ils sont dans une mauvaise passe.

 

J’en viens à croire que la raison pour laquelle les meurtres par balles dans les autres pays sont si rares est que leurs citoyens ne sont pas affligés de la mentalité du loup solitaire. La plupart ont reçu durant leur éducation le sens du lien, voire d’une solidarité totale. Difficile alors de se tuer les uns les autres.

 

Voilà quelques réflexions avant de partir en vacances. N’oubliez pas de saluer votre beauf’ de droite pour moi. Même lui vous dira que si vous n’êtes pas capable de gauler un daim en trois balles, et que vous estimez qu’il vous en faut trente, vous n’êtes pas un vrai chasseur, mon pote, et vous n’avez aucun droit à posséder une arme.

 

PS : 85 tirs par la police allemande dans toute l'année 2011. 90 contre un seul homme désarmé aux États-Unis (link).

 

 

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25 décembre 2012 2 25 /12 /décembre /2012 06:42

banquiers banksters.jpg

 

Les Aliboffis nous conseillent de chanter ce poème de leur cru sur l'air des rois mages en Galilée :


 

Comme des rapaces

V’là les banquiers

Ils sont d’la race

Des vautours ces fumiers

Sans rigoler

Tu les verras voler

Sans même un pistolet

Et puis se gondoler.

 

Ils ont d’abord bouffé notre pognon

En spéculant jusqu’au dernier quignon

Après ils ont fabriqué une crise

Mettant l’Etat et les gens dans la mouise

 

Comme des rapaces

V’là les banquiers

Ils sont d’la race

Des vautours ces fumiers

Sans rigoler

Tu les verras voler

Sans même un pistolet

Et puis se gondoler.

 

Ah ! Ah ! Ah !

Ah ! Ah ! Ah !

 

Comme des rapaces

V’là les banquiers

Ils sont d’la race

Des vautours ces fumiers

Sans rigoler

Tu les verras voler

Sans même un pistolet

Et puis se gondoler.

 

Sarko leur a filé plein de milliards

Pour qu’ils puissent se goinfrer de caviar

Creusant pour eux un abyme de dettes

Qu’il a évidemment mis sur nos têtes

 

Comme des rapaces

V’là les banquiers

Ils sont d’la race

Des vautours ces fumiers

Sans rigoler

Tu les verras voler

Sans même un pistolet

Et puis se gondoler.

 

Ah ! Ah ! Ah !

Ah ! Ah ! Ah !

 

Comme des rapaces

V’là les banquiers

Ils sont d’la race

Des vautours ces fumiers

Sans rigoler

Tu les verras voler

Sans même un pistolet

Et puis se gondoler.

 

Puis l’Elysée valant bien une messe

Le « Normalou » nous a fait des promesses

« Mon ennemi, dit-il, c’est la finance !

Votez pour moi, je sauverais la France. »

 

Comme des rapaces

V’là les banquiers

Ils sont d’la race

Des vautours ces fumiers

Sans rigoler

Tu les verras voler

Sans même un pistolet

Et puis se gondoler.

 

Il nous a concocté une réforme

Mais c’est les banquiers qui l’ont mise en forme

Ils se bidonnent, pour eux c’est la vendange

Pour ces salauds, soyez-en sûr, rien de change

 

Comme des rapaces

V’là les banquiers

Ils sont d’la race

Des vautours ces fumiers

Sans rigoler

Tu les verras voler

Sans même un pistolet

Et puis se gondoler.

 

Ah ! Ah ! Ah !

Ah ! Ah ! Ah !

 

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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 07:27

J'ai reçu d'un camarade et ami du Nord ce témoignage que je livre brut de décoffrage :

 

http://vigieinfo.com/wp-content/uploads/2011/05/crs.jpg

 

Le tayraultrisme d'État est bien en place.

 

Il avait été prévu un petit comité d’accueil à l’occasion de la venue de notre ayrault national à Lille, hier, 18 décembre.
Les opposants à l’ayraultport n’ont pas été déçus.
Des témoignage.

 

Je reviens du Grand Palais, pas moyen d'entrer, nous avons été priés d'être de l'autre côté du boulevard, puis contrôle de police, on nous a prévenus que si on ne partait pas les CRS nous embarquaient car plus de 3 personnes c'est un regroupement !

 

J'ai découvert le long de l'ancienne fac de droit qu'il y avait au moins une vingtaine de cars de CRS avec des CRS qui avaient l'air de s'embêter.

 

Je suis inquiet pour … et des jeunes qui étaient avec lui car plus moyen de le joindre et eux sont restés sur place. J'’espère qu'il ne s'est pas fait embarquer.

 

En tout cas c'est déplorable, qu'il y ait eu un contrôle d'identité passe encore mais nous refouler comme de dangereux terroristes, on ne voit pas le changement avec ce qui se passait avant. Notre Premier ministre a-t-il peur à ce point de ses concitoyens qu'il préfère ne les voir que de très loin ?

 

De retour de Lille Grand Palais....

Pas pu approcher de l'entrée : stoppé par la police

Prié de traverser le Boulevard et de rester sur le trottoir d'en face....

 Au bout d'un moment, nous nous sommes retrouvés à 5....

 Nos identités ont été relevées.

 Au bout de 20-25 mn, arrivée d'une cohorte de CRS en civil (on suppose que ce sont des CRS car ils ont refusé de décliner qui ils étaient).

Ton agressif, violent : "tu te casses ou on te casse", voilà le genre de phrase assénée à l'un d'entre nous.

 Dans les rues arrière, plusieurs cars de CRS bien remplis....

 Si l’on récapitule : 20 à 30 policiers et CRS en civil + plusieurs dizaines de CRS en faction : pas mal pour 5 opposants à NDDL ! Ça vaudrait le coup de calculer le coût budgétaire par tête d'opposant.

Je suis quand même très mal à l'aise avec ce déploiement et cette agressivité des CRS, dans cet "État de gauche" : on n'a fait que changer de bourreaux, pas de leurs bras armés....

 

Aujourd'hui, mardi 18 décembre 2012, à Lille Grand Palais, c'était le 30ème anniversaire des Missions locales avec la présence « VIP » de Monsieur Jean-Marc Ayrault pour clôturer cette petite sauterie.

 

Une occasion rêvée pour aller dire à ce cher Jean-Marc (oui, le même qui fichait les SDF lorsqu'il était encore maire de Nantes !) que, ici aussi, comme partout, on est farouchement opposé à ce projet de d'aéroport sur la ZAD de Notre dame des Landes.

 

Notre action s'est « organisée » un peu au dernier moment, bon, je n'imaginais pas, que nous serions des milliers, mais je ne pensais surtout pas me faire arrêter à 100 mètres du Grand Palais, par des CRS stationnés avec une vingtaine de véhicules.

Au menu, confiscation de la banderole « Ayraultporc NON! » avec l'aide musclé d'un flic en civil qui m'a gratifié d'une « caresse » (un peu contrainte, face à mon refus...), vous savez en appuyant avec conviction sur ce fameux point de pression qui se trouve entre les métacarpes de l'annulaire et du majeur et qui fait tout lâcher, obligatoirement. Ça fait monter les larmes aux yeux, on ne sait plus si c'est à cause de la douleur ou de la haine.

 

Puis contrôle d'identité, très banal, sans justification, ni rien...

 

Alors, j'entends déjà les mauvaises langues qui s'indignent, « Rien n'a changé après Sarkozy, Police partout... ». Hé bien, détrompez-vous, après cette prise de contact maladroite avec la maréchaussée, j'ai pu ensuite, en toute liberté, rejoindre la manif, vous voyez, on est dans un beau pays.

 

Bon, d'accord, c'était sans compter, qu'après cette arrière-garde, planquée dans les rues adjacentes, sur le trottoir face au Grand Palais, attendait une autre forme d'accueil...

 

Des types, tous en civils, certain semblant sortir directement d'un bureau, d'autres arborant de temps en temps un brassard « Police » et d'autres encore ressemblant terriblement au fameux service d'ordre du GUD, vraiment, et parmi cette belle bande de pleutres, errant comme une âme en peine, le vieux  Mr Chewing Gum, RG, trop bien connu et reconnu des Lillois.

 

Et nous, les manifestants, au milieu de ce merdier sans nom, nous au nombre de 6 (quand même!) contre 20, 25 molosses en civil, refusant catégoriquement de définir leur statut :

 

« Mais, si tu sais bien qui on est... arrête... allez barrer vous maintenant... on vous fait une fleur...après ça sera pas pareil... », de charmants compagnons rêvant que d'une chose, que ça cogne ! Comme dans la chanson « Faut qu'ça saigne... ».

 

Bon, on n'était pas assez nombreux pour ça, alors, ils nous ont, littéralement, poussés hors de la zone de "sécurité", nous bousculant sur 200 mètres, insistant (probablement avec bienveillance) sur le fait que si on n'obtempérait pas, alors ce serait ensuite, je cite : « avec perte et fracas! ». Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ?

 

Je l'ignore, mais en recoupant avec le reste de cette charmante discussion, je crois qu'on peut parler d'intimidation. 

 

Et il faut avouer que ça fonctionne pas mal comme méthode, surtout dans un rapport de force aussi déséquilibré que celui-là !

 

Alors, on est reparti la queue entre les jambes, on s'est dispersé avec un goût amer dans la bouche.

 

Bref, en soit, tout ça c'est anecdotique, ce n'est pas grave, il n'y a pas mort d'homme. C'est vrai.

Sauf que face à une telle violence, car c'est réellement violent, j'en arrive à croire qu'on n'a rien à envier à la Russie en matière de liberté.

 

Putain ! On était six, deux vieux, deux ados, un type avec des béquilles et moi, le gringalet ! Seulement nos bouches pour gueuler et on s'est fait jeter sans ménagement...

 

Qui sait ce qui aurait pu arriver si on avait un peu plus taquiné ces types ? Aucun passant, seulement cette bande de pleutre constitué pour l'occasion de flics, de CRS et de je ne sais quelle garde rapprochée et secrète du premier ministre.

 

Il y a un truc qui va vraiment pas là, on marche sur tête.

Je commence à comprendre Sartre, qui en 1972 parlait du terrorisme en disant « C'est une arme terrible, mais les opprimés pauvres n'en ont pas d'autre ».

 

Comment réagir face à cette violence ? Face à cet État dégénéré et barbare ?

 

J'ai la faiblesse de croire que la ZAD et tout ce qu'on génère autour d'elle est un début de réponse...

 

En tout cas une réponse plus pertinente que leurs attaques.

 

À suivre...

 

Soyons pas sage!

 

Salut et fraternité les amis.

 

PS :  Mikis THEODORAKIS avait vraiment raison.

 

« France socialiste puisque tu existes

Tout devient possible... »

 

 

Nous sommes arrivés un copain et moi devant le grand palais vers 15h30 ; après 5mn on s'est fait contrôler une première fois. Puis 25 minutes plus tard une personne nous avait rejoint et on s'est de nouveau fait contrôler et fouiller par 5 flics en civil. Ils nous ont ensuite "invité" à aller sur le trottoir d'en face, ou comme il est dit dans les autres messages nous nous sommes fait contrôler encore une fois et où nous avons été "dégagés" pour reprendre leurs mots ! Ce qui fait que l'on a contrôlé nos papiers 3 fois en un peu plus d'une heure !

 

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 15:29

http://tatacho11.files.wordpress.com/2010/02/firingsquad5001.jpgLa justice étatsunienne vient de condamner à 10 ans de prison un type qui avait piraté les comptes de plusieurs artistes  et qui avait publié des photos de l'actrice Scarlett Johansson nue. 10 ans !!! Pourquoi pas le peloton d'exécution, branle dieu de foutre (ça ya est, vous connaissez enfin mon juron favori) ?


Pour revenir à la tuerie de Newton, il y a une trentaine d’années, un grand historien français (proche du PCF) m’avait dit la chose suivante : il y a deux pays au monde qui n’ont pas de nom, l’URSS et les EU. Ils sont voués à mourir. Pour l’URSS, c’est fait. Il ne s’agit peut-être pas d’adhérer complètement à ce postulat, mais la proposition n’était pas inintéressante.


Parmi les mythes fondateurs des États-Unis, j’en retiens deux : les sorcières de Salem et Fort Alamo. Ils se complètent très bien. D’un côté le puritanisme, le fanatisme religieux qui excluent, qui tuent et qui font des EU un pays élu ("In God we Trust"). De l’autre, le fort assiégé à partir duquel on ne peut sortir qu’en tuant. D’un côté la corde pour pendre les hérétiques. De l’autre, les armes à feu pour tuer ceux qui s’opposent aux étatsuniens en tant qu’individus ou en tant que communauté. Dans les deux cas, du fantasme qui justifie et alimente la violence. Avec, toujours, cette opposition du bien et du mal.


Des gens aussi religieux ne peuvent pas ne pas avoir peur. Le reste du monde paye cette peur, au sens propre comme au sens figuré.

 

 

PS : en Utah, les condamnés à mort qui le souhaitent peuvent être fusillés. C'est une faveur qu'on leur fait en partant du principe que la mort par balles est plus rapide et moins douloureuse. Et puis, au moins, ils meurent assis.

 

À propos de fusillés, j'avais publié sur mon ancien blog censuré par nouvelobs.com le texte suivant :

 

Lorsque j’étais enfant, vers 1955, vivait, à quelques centaines de mètres de chez nous un homme d’environ trente-cinq ans, qui avait un impressionnant renfoncement dans la boîte crânienne, sous l’oreille.

 

En 1944, cet homme était passé devant un peloton d’exécution et avait reçu le coup de grâce.

 

Bien que n’étant pas usager de la RATP un jour de grève, il avait été raflé comme otage quelques semaines plus tôt, apparemment sur dénonciation. Par un bel après-midi, il avait été fusillé avec quatre autres compagnons d’infortune dans la clairière d’un bois. On lui avait bandé les yeux, il avait entendu les commandements en allemand, puis reçu plusieurs balles en pleine poitrine et s’était écroulé. Il était le troisième en partant de la gauche, si je puis dire. Il avait donc très clairement entendu un soldat allemand donner le coup de grâce à ses deux prédécesseurs, avant de sentir le canon du revolver sous l’oreille et l’explosion subséquente dans sa tête. L’Allemand avait-il tremblé ? la balle avait glissé le long du crâne.

 

Après avoir tranquillement commis leur crime, les soldats étaient partis sans un mot et avaient laissé les cinq suppliciés à la charge d’un prêtre (la religion sait faire bon ménage avec la barbarie). En bénissant les cadavres, l’homme de Dieu, qui devait prévenir les familles, se rendit compte que l’un des cinq fusillés respirait très faiblement. Il se précipita dans une boucherie toute proche et revint sur les lieux avec le commerçant et sa camionnette. Ils emmenèrent le fusillé dans la boucherie et le couchèrent sur l’étal. Pour cause de pénurie, le magasin n’était jamais ouvert l’après-midi. Ils alertèrent ensuite un médecin de l’hôpital de la ville qui revint avec un matériel de perfusion sanguine. Le soir, ils conduisirent le mourant à l’hôpital. Des membres du personnel parvirent à le soigner dans la plus grande discrétion. Trois semaines plus tard, le jeune homme était rétabli.

 

En 1946, il épousa une voisine et s’installa comme cordonnier. Depuis le drame, il n’avait jamais dormi plus de deux heures par nuit, réveillé – j’imagine à la fin du premier cycle de sommeil – par d’épouvantables cauchemars. Il parvenait à s’assoupir quelques quarts d’heure dans la journée. Cinq ou six ans plus tard, sa femme l’avait quitté, se sentant devenir folle.

 

Il avait dit à mon père qu’un jour, il se donnerait lui-même le coup de grâce.

 

 

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 10:25

http://www.despasperdus.com/public/blog2012/socialisme_du_reel.jpgComme son nom l’indique, le site Atlantico est atlantiste, pro américain. Il est également libéral sans tabous et sarkozyste sans retenue. Il est généralement bien informé. Je reprends donc ici un article qu’il a publié le 22 mai 2012 sous la plume de Benjamin Dormann, un de ces hommes qui s’ébrouent dans plusieurs milieux à la fois : journalisme, politique, affaires.

 

Jean-Pierre Chevènement n’a pas toujours frayé avec François Bayrou. Au temps où il se cherchait un destin national et où il faisait l’éloge du comte de Paris, il avait forgé l’expression « la gauche américaine ». Il désignait sous ce qualificatif la « Deuxième gauche », les rocardiens, la Cfdt, les socialistes quai avaient accepté l’inéluctabilité de la mondialisation financière. Avec l’article qui suit, nous sommes en plein dans ce schéma. Quand on pense que, pour les Étatsuniens, la recherche du mot "socialisme" sur internet est l'un des favoris, on se dit qu'ils ont peur de tout. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils sont armés.

 

La French American Fondation est connue pour sa formation, les "Young Leaders", réservée à une dizaine de jeunes surdiplômés chaque année. Sur les huit socialistes sélectionnés comme Young Leaders depuis François Hollande en 1996, six rentrent dans son gouvernement cette semaine. Le plus "atlantiste" n'est pas toujours celui qu'on croit...

Exit Alain Juppé, Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet, Laurent Wauquiez, Jeannette Bougrab... Place à François Hollande, Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg, Marisol Touraine, Najat Vallaud-Belkacem, Aquilino Morelle (plume du Président), etc.

« Enfin des têtes nouvelles ! » entend-t-on ici ou là. Nouvelles ? Tout est relatif, quand on sait décrypter la liste ci-dessus : en fait, tous ces « Young Leaders »  de l’UMP ont laissé la place à des « Young Leaders » du Parti socialiste. Car François Hollande et Pierre Moscovici depuis 1996, Marisol Touraine et Aquilino Morelle depuis 1998, Arnaud Montebourg depuis 2000 et Najat Vallaud-Belkacem depuis 2006, sont tous des « Young Leaders ». Tous ont été minutieusement sélectionnés et « formés » par ce très élitiste réseau Franco-Américain (French American Foundation), inconnu du grand public, sponsorisé entre autres par la banque Lazard. Le programme se présente en ces termes :

Programme phare de la French-American Foundation, le programme Young Leaders a été créé en 1981 et sélectionne chaque année pour leurs réalisations et leur leadership, 10 Français et 10 Américains âgés de 30 à 40 ans, appelés à jouer un rôle important dans leur pays et dans les relations franco-américaines. Les candidats retenus participent à deux séminaires de cinq jours chacun sur deux années consécutives – alternativement en France et aux Etats-Unis – afin d'échanger sur des thèmes majeurs communs aux deux pays et d'approfondir leur compréhension mutuelle (link). 

 

Autrement dit, ils ont tous postulé et se sont fait parrainer pour être admis à suivre ce programme phare mis en place par la FAF, la French American Fondation. La FAF est elle-même un organisme à cheval sur Paris et New-York, créée en 1976 conjointement par les présidents Ford et Giscard d’Estaing. A noter qu’entre 1997 et 2001, John Negroponte présida la FAF, avant de devenir entre 2005 et 2007, sous Georges Bush, le premier directeur coordonnant tous les services secrets américains (DNI), dirigeant l’US States Intelligence Community (qui regroupe une quinzaine de membres, dont le FBI et la CIA).

Crée en 1981, ce programme Young Leaders permet de développer « des liens durables entre des jeunes professionnels français et américains talentueux et pressentis pour occuper des postes clefs dans l’un ou l’autre pays ». Pressentis par qui ? Par un très strict comité de sélection, composé majoritairement d’anciens Young Leaders, qui ne retient qu’une dizaine d’admis par an. Seuls 13 hommes ou femmes politiques ont été admis depuis 1995, soit moins d’un politique par an en moyenne. Ces heureux « élus » sont choisis comme d’habitude parmi l’élite française : seuls 4% des Young Leaders français ne sont pas diplômés de l’ENA ou pas titulaires d’au moins un diplôme Bac+5, les trois quarts sont des hommes, à 80 % Parisiens... Autant dire qu’on reste en famille avec ce gratin issu de nos grandes écoles. Une spécificité française, qui, comme le souligne un rapport de la FAF, assure « une fonction de "reproduction sociale" de la "classe dominante " […] dans un pays où la simple notion de leadership renvoie aux "diplômes" et non aux qualités intrinsèques de la personne comme c’est souvent le cas outre-Atlantique ». Bref, notre nouveau président et ses nouveaux ministres cités ici sont de purs produits de nos grandes écoles, « ces acteurs influents (qui) personnifient la "pensée dominante" depuis de nombreuses décennies » selon la FAF.

Dès que l’on parle de réseaux d’influence, certains de leurs membres crient aux « obsédés du complot » et s’empressent généralement de préciser que le rôle de telles organisations est marginal et informel. Pour ce qui est de l’efficacité des « Young Leaders », les chiffres parlent plus que tous les longs discours : sur les 8 socialistes sélectionnés comme Young Leaders depuis François Hollande en 1996, 6 rentrent dans son gouvernement cette semaine. (Ne restent sur la touche, pour le moment, que Bruno Le Roux, qualifié par beaucoup de « ministrable », et Olivier Ferrand [décédé en juin 2012], l’ambitieux président du think-tank Terra Nova ayant permis l’élection de François Hollande aux élections primaires ; deux candidats impatients de rejoindre leurs camarades Young Leaders au gouvernement). Beau tir groupé, comme s’en enorgueillit à juste titre le site américain («The French-American Foundation is proud to have five Young Leader in the cabinet of President François Hollande, himself a Young Leader in 1996”), tandis que le site français […].

En septembre 2006, lors de sa visite aux États-Unis, Nicolas Sarkozy avait prononcé un discours à la French American Foundation (FAF), rappelant la nécessité de « rebâtir la relation transatlantique », paraphrasant ainsi les statuts de la fondation dont l’objectif est de « renforcer la relation franco-américaine considérée comme un élément essentiel du partenariat transatlantique ». À ceux nombreux qui me demandent, à l’occasion de la visite de François Hollande à Barack Obama, « pourquoi est-ce que les journalistes ne nous parlent pas de ça, à propos de François Hollande, au lieu de nous parler de son séjour d’étudiant et de goût pour les cheeseburgers (linkdont on n’a rien à faire? ». Qu’ils demandent donc la réponse aux journalistes qui ont l’art de nous servir ces hamburgers, préparés par les communicants, en prenant leurs lecteurs pour des cornichons ! Qu’ils la demandent en particulier aux Young Leaders des médias, aujourd’hui actionnaires ou directeurs des principales rédactions, ces copains de promo de certains de nos nouveaux ministres pour certains d’entre eux : de Laurent Joffrin (Nouvel Observateur) à Denis Olivennes (Europe 1, Paris Match et du JDD), en passant par Matthieu Pigasse, Louis Dreyfus et Erik Izraelewicz (Le Monde)… Et la liste hommes de médias Young Leaders est longue, comme on peut la lire plus intégralement dans l’enquête « Ils ont acheté la presse ».

A New-York, la venue de François Hollande et de sa nouvelle équipe était attendue sereinement. Vu de la FAF, « Welcome à la Hollande team » ; on reste en terrain connu, tout est sous contrôle, on est même fier d’avoir autant de ses poulains dans la place, nous l’avons vu. Que les angoissés se rassurent : « le changement, ce n’est pas pour maintenant », n’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon, l’allié peu atlantiste du Président ! 

 

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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 10:57

http://static.skynetblogs.be/media/19492/0651.jpgQue les choses soient claires : pour moi, l’exil fiscal est une démarche ignoble. Je n’emploierais pas le terme de « trahison », mais plutôt ceux de « perfidie », de « noirceur ».

 

La lettre ouverte de Depardieu est à son image : excessive, plutôt grossière. Un peu de sobriété lui aurait rendu service. Sur le fond, sa dernière démarche ne tient pas debout. Il sait bien, car ses avocats ont dû le lui préciser, qu’un passeport est un document qui sert simplement à passer les frontières. Il n’a rien à voir avec la nationalité. Si je suis pote avec Benoît XVI, ce qu’a dieu et la Hitler Jugend ne plaisent, je peux me faire délivrer un passeport aux armes du Vatican. Rendre son passeport n’ébranle pas le fondement de la nationalité. Par ailleurs, on peut se faire soigner gratuitement en France sans carte vitale.

Ce que je reproche à Jean-Marc Ayrault, c’est sa démagogie. Il n’a en effet jamais utilisé le mot « minable » pour qualifier l’exil fiscal belge lorsqu’il a vu partir des patrons du CAC 40. Qu’il craint, et donc qu’il sert. À ce jour, Depardieu n’avait rien fait de mal aux Français. Il ne leur a donné que du bonheur, de la culture, de l’art (de moins en moins au fil des ans), alors que les exilés patronaux exercent un pouvoir considérable sur nos concitoyens. En les mettant au chômage, en déterminant leur niveau de vie. Ce sont eux qui décident si la France fera la guerre ou ne la fera pas, si les Français payeront pour les crimes des banksters ou ne payeront pas.


Plier devant Mittal, pire encore devant une poignée de « pigeons », pour la plupart exilés fiscaux, ça c'était minable.


Cela dit, l'idée de fuir son destin fiscal trotte dans la tête de Depardieu depuis quelques années. Marianne.fr cite ce dialogue de 2004 entre une journaliste et l'acteur (link) :

 

« D’autres que toi ont choisi depuis longtemps d’aller vivre sous des cieux fiscaux plus cléments. L’idée d’aller t’installer en Suisse ou dans tout autre paradis fiscal ne t’a jamais traversé l’esprit ? » 

  

Gérard Depardieu : « Je vais être franc avec toi : oui, j’ai déjà pensé m’exiler en Suisse. Non pas seulement pour payer moins d’impôts, mais pour gagner une certaine tranquillité. Pour fuir une pression médiatique qui a déjà causé beaucoup de tort à ma famille et à ma vie privée. Et, aussi, pour rejoindre un certain nombre de mes amis qui ont depuis longtemps élu domicile là-bas. Il y a un an et demi, j’ai demandé au fisc helvétique de calculer ma facture fiscale. Le forfait qu’il me réclamait était très élevé. J’y ai tout de même réfléchi à deux fois. Et puis, je me suis dit que c’était trop compliqué. Je me suis dit surtout que j’étais français et donc que je devais payer mes impôts en France. Au fond, je suis très bien ici. Mieux, sans doute, que partout ailleurs. J’aimerais simplement que l’on sache que lorsque je touche un gros cachet pour un film, je paie des impôts, des charges sociales, des cotisations chômage… Les sommes énormes qui sont annoncées dans la presse ne vont pas directement dans ma poche. Une fois qu’on a dit cela, je sais que je suis un privilégié, que je gagne beaucoup d’argent, mais je n’en ai absolument pas honte ». 
  

À l’époque en 2004, et toujours à l’occasion de ce livre d’entretien, Gérard Depardieu avouait payer 2,3 millions d’euros d’impôts par an et être évidemment soumis à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Il ajoutait : « J’ai toujours su instinctivement qu’une partie de l’argent que je gagnais appartenait à l’État et devait être redistribué. Je suis pour le partage et la redistribution de richesses ». 

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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 07:06

http://a51.idata.over-blog.com/0/32/46/53/illustration10/grece-barbarie-capitaliste.jpgLe capitalisme est national, multinational, international, transnational. Il est mille fois mieux organisé que le syndicalisme. C’est une pieuvre.

 

 

Alternatives Économiques a récemment publié un schéma très intéressant qui montre les relations de contiguïté, d’inceste, existant entre les grandes entreprises françaises. Et pendant ce temps-là l’octogénaire Giscard nous bêle : « Concurrence libre et non faussée ».

 

Quelques exemples de relations capitalistiques :

 

Dexia a des liens avec Cap Gemini, Veolia, Schneider et EDF.


Total a des liens avec PPR, Renault, EADS, Lafarge, Veolia, Bouygues, Saint-Gobain, L’Oréal, BNP.


Lagardère a des liens avec BNP, Carrefour, Vinci, LVMH, Pernod-Ricard, Crédit Agricole, Bouygues, Alsthom, EADS.


France Telecom (participation de l’État : 27%) a des liens avec ST, Total, L’Oréal, EDF.


Arcelor/Mittal a des liens avec PPR, EADS.


Accor a des liens avec PPR, Suez, Vivendi, Danone, Carrefour.


Renault (participation de l’État : 15%) a des liens avec Accor, Bouygues, LVMH, L’Oréal, Air liquide, Danone ( !), Sanofi/Aventis, Total.


Saint-Gobain a des liens avec Alsthom, Essilor, Veolia, Laffarge, EADS, Suez, Alcatel, Total, Gaz de France, Axa, BNP, Société générale, Carrefour.

 

Etc…

 

(link)

 

Photo ^prise en Grèce … ou ailleurs.

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