J'ai reçu d'un camarade et ami du Nord ce témoignage que je livre brut de décoffrage
:
Le tayraultrisme d'État est bien en place.
Il avait été prévu un petit comité d’accueil à l’occasion de la venue de notre ayrault national à Lille,
hier, 18 décembre.
Les opposants à l’ayraultport n’ont pas été déçus.
Des témoignage.
Je reviens du Grand Palais, pas moyen d'entrer, nous avons été priés d'être de l'autre côté du boulevard,
puis contrôle de police, on nous a prévenus que si on ne partait pas les CRS nous embarquaient car plus de 3 personnes c'est un regroupement !
J'ai découvert le long de l'ancienne fac de droit qu'il y avait au moins une vingtaine de cars de CRS avec
des CRS qui avaient l'air de s'embêter.
Je suis inquiet pour … et des jeunes qui étaient avec lui car plus moyen de le joindre et eux sont restés sur
place. J'’espère qu'il ne s'est pas fait embarquer.
En tout cas c'est déplorable, qu'il y ait eu un contrôle d'identité passe encore mais nous refouler comme de
dangereux terroristes, on ne voit pas le changement avec ce qui se passait avant. Notre Premier ministre a-t-il peur à ce point de ses concitoyens qu'il préfère ne les voir que de très
loin ?
De retour de Lille Grand Palais....
Pas pu approcher de l'entrée : stoppé par la police
Prié de traverser le Boulevard et de rester sur le trottoir d'en face....
Au bout d'un moment, nous nous sommes retrouvés à 5....
Nos identités ont été relevées.
Au bout de 20-25 mn, arrivée d'une cohorte de CRS en civil (on suppose que ce sont des CRS car ils
ont refusé de décliner qui ils étaient).
Ton agressif, violent : "tu te casses ou on te casse", voilà le genre de phrase assénée à l'un d'entre
nous.
Dans les rues arrière, plusieurs cars de CRS bien remplis....
Si l’on récapitule : 20 à 30 policiers et CRS en civil + plusieurs dizaines de CRS en faction : pas
mal pour 5 opposants à NDDL ! Ça vaudrait le coup de calculer le coût budgétaire par tête d'opposant.
Je suis quand même très mal à l'aise avec ce déploiement et cette agressivité des CRS, dans cet
"État de gauche" : on n'a fait que changer de bourreaux, pas de leurs bras armés....
Aujourd'hui, mardi 18 décembre 2012, à Lille Grand Palais, c'était le 30ème anniversaire des Missions
locales avec la présence « VIP » de Monsieur Jean-Marc Ayrault pour clôturer cette petite sauterie.
Une occasion rêvée pour aller dire à ce cher Jean-Marc (oui, le même qui fichait les SDF lorsqu'il était
encore maire de Nantes !) que, ici aussi, comme partout, on est farouchement opposé à ce projet de d'aéroport sur la ZAD de Notre dame des Landes.
Notre action s'est « organisée » un peu au dernier moment, bon, je n'imaginais pas, que nous
serions des milliers, mais je ne pensais surtout pas me faire arrêter à 100 mètres du Grand Palais, par des CRS stationnés avec une vingtaine de véhicules.
Au menu, confiscation de la banderole « Ayraultporc NON! » avec l'aide musclé d'un flic en civil
qui m'a gratifié d'une « caresse » (un peu contrainte, face à mon refus...), vous savez en appuyant avec conviction sur ce fameux point de pression qui se trouve entre les métacarpes de
l'annulaire et du majeur et qui fait tout lâcher, obligatoirement. Ça fait monter les larmes aux yeux, on ne sait plus si c'est à cause de la douleur ou de la haine.
Puis contrôle d'identité, très banal, sans justification, ni rien...
Alors, j'entends déjà les mauvaises langues qui s'indignent, « Rien n'a changé après Sarkozy, Police
partout... ». Hé bien, détrompez-vous, après cette prise de contact maladroite avec la maréchaussée, j'ai pu ensuite, en toute liberté, rejoindre la manif, vous voyez, on est dans un
beau pays.
Bon, d'accord, c'était sans compter, qu'après cette arrière-garde, planquée dans les rues
adjacentes, sur le trottoir face au Grand Palais, attendait une autre forme d'accueil...
Des types, tous en civils, certain semblant sortir directement d'un bureau, d'autres arborant de temps en
temps un brassard « Police » et d'autres encore ressemblant terriblement au fameux service d'ordre du GUD, vraiment, et parmi cette belle bande de pleutres, errant comme une âme en
peine, le vieux Mr Chewing Gum, RG, trop bien connu et reconnu des Lillois.
Et nous, les manifestants, au milieu de ce merdier sans nom, nous au nombre de 6 (quand même!) contre 20, 25
molosses en civil, refusant catégoriquement de définir leur statut :
« Mais, si tu sais bien qui on est... arrête... allez barrer vous maintenant... on vous fait une
fleur...après ça sera pas pareil... », de charmants compagnons rêvant que d'une chose, que ça cogne ! Comme dans la chanson « Faut qu'ça saigne... ».
Bon, on n'était pas assez nombreux pour ça, alors, ils nous ont, littéralement, poussés hors de la zone de
"sécurité", nous bousculant sur 200 mètres, insistant (probablement avec bienveillance) sur le fait que si on n'obtempérait pas, alors ce serait ensuite, je cite : « avec perte et
fracas! ». Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ?
Je l'ignore, mais en recoupant avec le reste de cette charmante discussion, je crois qu'on peut parler
d'intimidation.
Et il faut avouer que ça fonctionne pas mal comme méthode, surtout dans un rapport de force aussi
déséquilibré que celui-là !
Alors, on est reparti la queue entre les jambes, on s'est dispersé avec un goût amer dans la bouche.
Bref, en soit, tout ça c'est anecdotique, ce n'est pas grave, il n'y a pas mort d'homme. C'est vrai.
Sauf que face à une telle violence, car c'est réellement violent, j'en arrive à croire qu'on n'a rien à
envier à la Russie en matière de liberté.
Putain ! On était six, deux vieux, deux ados, un type avec des béquilles et moi, le gringalet !
Seulement nos bouches pour gueuler et on s'est fait jeter sans ménagement...
Qui sait ce qui aurait pu arriver si on avait un peu plus taquiné ces types ? Aucun passant, seulement cette
bande de pleutre constitué pour l'occasion de flics, de CRS et de je ne sais quelle garde rapprochée et secrète du premier ministre.
Il y a un truc qui va vraiment pas là, on marche sur tête.
Je commence à comprendre Sartre, qui en 1972 parlait du terrorisme en disant « C'est une arme terrible,
mais les opprimés pauvres n'en ont pas d'autre ».
Comment réagir face à cette violence ? Face à cet État dégénéré et barbare ?
J'ai la faiblesse de croire que la ZAD et tout ce qu'on génère autour d'elle est un début de
réponse...
En tout cas une réponse plus pertinente que leurs attaques.
À suivre...
Soyons pas sage!
Salut et fraternité les amis.
PS : Mikis THEODORAKIS avait vraiment raison.
« France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible... »
Nous sommes arrivés un copain et moi devant le grand palais vers 15h30 ; après 5mn on s'est fait
contrôler une première fois. Puis 25 minutes plus tard une personne nous avait rejoint et on s'est de nouveau fait contrôler et fouiller par 5 flics en civil. Ils nous ont ensuite "invité" à
aller sur le trottoir d'en face, ou comme il est dit dans les autres messages nous nous sommes fait contrôler encore une fois et où nous avons été "dégagés" pour reprendre leurs mots ! Ce qui
fait que l'on a contrôlé nos papiers 3 fois en un peu plus d'une heure !