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16 juillet 2020 4 16 /07 /juillet /2020 05:06

 

 

Le banquier éborgneur blablate, mais il progresse puisqu’il reconnaît publiquement qu’une partie de la population le « déteste ». Si Louis XVI en avait fait autant, la face du monde en eût peut-être été changée. Mais il maintiendra le cap. Il est payé pour ça : à la moindre incartade, les puissances d’argent qui l’ont placé là où il est lui feront connaître la tentation de Varennes.

 

Et pendant ce temps, le peuple des premiers de corvée continue de souffrir. Le banquier avait promis de se « réinventer », de relocaliser ce que nous savions faire chez nous. Il avait juré que lâcher la bride sur le coup des marchés était « une idée folle ». Alors le peuple souffre parce que 4 milliards d’euros de dividendes ont été versés pendant la pandémie aux actionnaires de Sanofi, dont l’ami du président, son « visiteur du soir » le PDG Serge Weinberg, ancien de Rothschild, d’Accor, de la Fnac, de Gucci, de la Commission économique de la nation, de la Trilatérale.

 

Après que le bon peuple a applaudi les personnels soignants du haut de ses balcons, le banquier éborgneur continue de supprimer des lits d’hôpitaux et de gazer les infirmières qui ne se satisfont pas d’une augmentation de salaire qui ne rattrape même pas ce que le point d’indice a perdu en 20 ans.

 

Pour les premiers de corvée, les deux années qui viennent vont durer une éternité.

 

Les premiers de corvée
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13 juillet 2020 1 13 /07 /juillet /2020 05:05

 

 

 

Pour Marianne, la relative victoire des Verts aux Municipales ne signifie pas la victoire de l’écologie :

 

« Jamais EELV n’a remis en cause la société industrielle comme cause du changement climatique par exemple. A une question d’un auditeur qui lui reprochait de ne pas classer le nucléaire comme "écologique", M. Bayou s’est contenté de faire référence au renouvelable, sans vraiment démentir. Or, le nucléaire est marginal dans la consommation finale d’énergie dans le monde (2 %), dangereux et incontrolable. Il lègue des problèmes insolubles aux générations futures (déchets et démantèlement). Il est en déclin dans le mix énergétique mondial, ruineux. Par conséquent peu importe par quoi on le remplacera, il faut l’arrêter tout simplement. EELV nous fait miroiter des solutions techniques compatibles avec la société industrielle comme le renouvelable pour produire de l’électricité. Malheureusement il n’existe pas de moyen sûr, fiable et reproductible pour stocker l’électricité, et l’éolien sans vent, le solaire sans soleil ne fonctionnent pas, au-delà des problèmes écologiques générés par l’extraction des terres rares extrêmement polluante pour les produire. EELV se dit de plus en plus indépendant de la gauche et de la droite et certains l’affirment il est "libéro-compatible". Finalement, ne risquons nous pas d’assister à l’accompagnement d’une mue de la société industrielle qui va repeindre en vert ses pires pollutions, polluer moins pour polluer plus longtemps, grâce à EELV ? »

 

 

 

Sur le site Regards.fr, Clément Sénéchal  dénonce « l’addiction au capital financier des entreprises polluantes. La crise sanitaire a suspendu un certain nombre de dogmes néolibéraux, ce qui les a exhibé et a poussé les gens à s’interroger sur la manière dont l’économie fonctionne : à quoi servent les dividendes ? Qui est-ce qu’on enrichie dans l’économie actuelle ? Quelle utilité sociale ? L’État a bloqué le versement des dividendes pour certaines aides seulement – par circulaire en plus, pas par une loi –, ce qui montre que ça n’est pas impossible. Mais Bruno Le Maire s’est bien gardé de fixer une interdiction ferme. On a des dirigeants néolibéraux gênés aux entournures qui essayent de trouver un voie à moyen terme, mais on arrive sur une action publique défaillante. Vivendi, par exemple, a bénéficié du chômage partiel et a décidé en avril une augmentation de 20% des dividendes. Les entreprises profitent de la solidarité collective, dans un contexte de récession économique et continuent d’accroître l’enrichissement des actionnaires. Il y a quelques choses qui dysfonctionne. En plus de ça, le gouvernement vient d’accorder 20 milliards pour sauver les grandes entreprises sans contrepartie. Au moment où l’État est en position de force, il faut les soumettre à l’accord de Paris. Au lieu de ça, on a le spectacle affligeant de milliards d’euros d’argent public déversés dans les poches des plus grands pollueurs, alors que l’état d’urgence climatique – voté en septembre 2019 – n’est naturellement pas levé ! On est en train de solder une crise conjoncturelle en aggravant une crise structurelle. »

 

 

 

Sur le site anti-K, Frédéric Lordon dénonce : « Les fléaux de la finance néolibérale.

On ne mesure pas toujours en effet le caractère absolument névralgique de la finance dans la configuration institutionnelle d’ensemble du néolibéralisme, et ses propriétés d’intensification de tous les mécanismes de la coercition capitaliste. Elle est presque à elle seule – il y a la concurrence aussi – la source du double fléau néolibéral, celui qui détruit les salariés du privé sous la contrainte de la rentabilité, celui qui détruit les services publics sous la contrainte de l’austérité. Le premier est lié au pouvoir des actionnaires formé dans le marché des droits de propriété, le second au pouvoir des créanciers formé dans les marchés obligataires.

Contrairement à ce qu’on croit spontanément, le pouvoir des actionnaires n’est pas un pouvoir de bailleurs. À l’envers de ce qui est répété par tous les appareils de l’idéologie néolibérale, les actionnaires apportent finalement si peu d’argent aux entreprises que celles-ci ne dépendent que marginalement d’eux pour leur financement. Mais alors par où chemine la coercition actionnariale ? Par les voies souterraines des transactions sur le marché des actions où se joue le contrôle de la propriété. Donc par les voies de la soumission aux décrets de l’opinion financière.

Comme on le verra plus encore avec la disciplinarisation des politiques économiques par les marchés obligataires, les marchés de capitaux, en plus d’être les lieux de l’enrichissement spéculatif, sont de très puissantes instances de normalisation. Armés d’une idée de ce que doivent être les « bons » comportements économiques – une idée, faut-il le dire, formée au voisinage immédiat de leurs intérêts –, ils disposent des moyens de l’imposer aux agents, privés comme publics, c’est-à-dire de sanctionner les écarts. Dans le cas des marchés d’actions, la sanction en cas de dissentiment, passe par la vente des titres de l’entreprise considérée, d’où suit l’effondrement de son cours qui la rend vulnérable à une OPA hostile. À laquelle l’équipe dirigeante en place sait parfaitement qu’elle ne survivrait pas. Or elle veut survivre. Donc elle fera ce que l’opinion actionnariale lui demande – pour maintenir son cours le plus haut possible et décourager les assaillants. L’opinion actionnariale demande-t-elle une rentabilité des capitaux propres de 15 % ? On la lui donnera. Demande-t-elle, en conséquence, qu’on ferme les sites économiquement viables, profitables même, mais qui ne sortent que du 5 % ? On les lui fermera. »

 

 

 

 

 

Revue de presse (330)
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9 juillet 2020 4 09 /07 /juillet /2020 05:00
"#remaniement Nom : Jean #Castex Profil : homme blanc de droite bien techno & gros cumulard Fonction : gérer l'intendance de fin de règne de la #Macronie comme il a préparé le déconfinement, en mode "Démerdez-vous, c'est chacun·e pour sa gueule, Jupiter reconnaîtra les sien·nes"", a tweeté Danièle Obono. Henri Peña-Ruiz lui répond.

Madame Obono, je ne doute pas le moins du monde de votre volonté d'émancipation humaine. Mais je pense que vous faites fausse route. Renverser le racisme, ce n'est pas l'inverser. Dire de Monsieur Castex, nouveau Premier ministre, que c'est un "homme blanc de droite", c'est inaugurer une typologie éthiquement scandaleuse et politiquement inepte. N'oubliez pas que le combat antiraciste de Nelson Mandela s'est fait au nom de l'universalisme émancipateur, qui rend les droits des uns inséparables des droits des autres. La notion d'universalisme est facile à comprendre. A condition de la distinguer de l'ethnocentrisme colonialiste, qui érigeait une civilisation particulière en référence prétendue universelle pour mieux l'imposer aux peuples dominés. Est universel ce qui vaut ou peut valoir pour toutes et tous. Ainsi de la liberté, de l'égalité, de l'émancipation, de l'instruction qui fonde l'autonomie de jugement.

Toutes choses conquises à rebours des traditions rétrogrades. Guidé par un tel universalisme, Mandela a vaincu l'apartheid de l'Afrique du Sud sans combattre les Blancs comme tels, mais en visant le rapport social qui crée une domination de certains Blancs sur certains Noirs. Oui, il faut dire "certains". En effet, à ses côtés, des “ hommes blancs ” se sont battus eux aussi contre l'apartheid. Ainsi de Denis Goldberg, “ blanc ” communiste, incarcéré pendant 22 ans [suite à un procès où était également jugé Mandela - BG], mort au Cap le 29 avril 2020. Ainsi encore de Johnny Clegg, musicien surnommé le “ zoulou blanc ”, auteur de la célèbre chanson Asibonanga, mort le 16 juillet 2019 à Johannesburg. Aux Etats-Unis, les adversaires “ blancs ” de la ségrégation puis de la discrimination firent de même de 1970 à 1990. Ils organisèrent avec des “ Noirs ” des actions de brushing pour transporter des enfants noirs dans des écoles dévolues aux Blancs. Une action de promotion de la mixité sociale tout à fait exemplaire, en faveur de familles victimes à la fois de racisme et de détresse sociale. Devenu président après 27 ans de prison, Mandela a tenu à ce que le gouvernement mêle “ Blancs ” et “ Noirs ”. Madame Obono, vous comprenez bien sûr pourquoi j'utilise ici des guillemets, tout en rappelant le patrimoine exemplaire de la lutte antiraciste. Celui-ci ne doit pas être oublié: il constitue une boussole du fait de son universalisme. Vous savez bien que chaque libération libère l'Humanité tout entière. Comme vous le savez aussi, la notion de race ne peut pas servir à différencier les êtres humains.

 

Différencialisme ou universalisme ?

Nous sommes toutes et tous homo sapiens sapiens, et la pigmentation de la peau est à cet égard inessentielle. Relisons le livre bouleversant de Robert Antelme intitulé L’espèce humaine ( Tel, Gallimard, 1957) : « Il n’y a qu’une espèce humaine. Tout ce qui masque cette unité dans le monde, tout ce qui place les êtres dans la situation d’exploités, d’asservis et impliquerait par là-même l’existence de variétés d’espèces, est faux et fou » (p. 23). Cette vérité scientifique de portée éthique et politique décisive n'est-elle pas le premier argument pour déconstruire et combattre le racisme ? Cet argument récuse tout différencialisme qui "racialise" les groupes humains. Développons. Monsieur Castex est un "homme blanc" de droite, dites-vous. Vous-même, Danièle Obono, êtes une "femme noire" de gauche. Quant à moi, je suis un "homme blanc" de gauche. Que vient donc faire la mention de la couleur de peau dans ce meli-mélo ? En revanche une chose est sûre: la différence entre la droite et la gauche existe, même si elle peut être brouillée quand la fausse gauche s'aligne sur la vraie droite.

Cependant une telle différence n'oppose pas les êtres humains comme tels, mais leurs positions politiques et sociales, ou les intérêts économiques qui dictent leurs préférences idéologiques. Karl Marx, dans la préface du Capital, disait ne pas s'en prendre aux hommes qui incarnent le système capitaliste mais au système qui leur assigne un rôle d'exploiteurs. Que par intérêt ces exploiteurs puissent faire du zèle dans la complicité avec le système les rend sans doute détestables. Mais la détestation doit céder la place au projet révolutionnaire, qui ne vise les personnes que dans la mesure où elles jouent le jeu du système. Ce n'est pas la personne de Monsieur Macron que nous rejetons, mais son rôle assumé de soldat du MEDEF.

Cette distinction à la fois morale et politique est fondamentale. Elle est difficile à faire pour celles et ceux qui subissent l'oppression ou l'exploitation, auxquelles ils réfèrent des noms et des visages. Le capitalisme et le colonialisme sont des systèmes, souvent travestis par des idéologies mystifiantes. En revanche le capitaliste et le colonialiste sont des personnes, à distinguer du rôle que leur assigne le système. Une distinction illustrée par Robert Owen (1771-1858), entrepreneur britannique, qui tenta de supprimer l'exploitation capitaliste, dont il ne voulait pas être le vecteur, en dépassant le capitalisme par un modèle coopératif. Son projet fut brisé par le système. La tentation de personnaliser la lutte émancipatrice en lui donnant des cibles humaines peut se comprendre, mais elle n'est pas justifiable, et ce à un double titre. Politiquement, car elle peut laisser croire qu'en changeant les personnes on change le système, ce qui le plus souvent est une illusion. Et moralement, car en se trompant ainsi de cible on occulte la portée universelle de toute lutte émancipatrice.

 

Nature ou société : l'enjeu d'une généalogie critique

Le grand mérite de la pensée progressiste a toujours été de distinguer ce qui relève de la nature et ce qui relève de la société, à la fois par souci de lucidité critique et par refus de toute fatalisation d'inégalités qu'on ne peut imputer à la nature. C'est un certain rapport de force social qui entend faire jouer à l'invocation de la nature un rôle de justification. Ainsi l'idéologie patriarcale machiste prit prétexte de la différence de sexe ou si l'on veut de genre pour construire une hiérarchie. Dans son livre intitulé Le deuxième sexe Simone de Beauvoir a contré cette approche.

Elle y écrit : " On ne naît pas femme; on le devient ”. Quant à l'esclavage des Noirs, qui atteignit dans le commerce triangulaire son abjection maximale, il fit du racisme une idéologie ad hoc pour tenter de justifier l'oppression et l'exploitation en stipulant l'infériorité des Noirs. Les Noirs, comme avant eux les Amérindiens massacrés par les conquistadors espagnols, seraient inférieurs aux Blancs. On doute même qu'ils aient une âme ! La question avait été posée et discutée à propos des Amérindiens dans la célèbre Controverse de Valladolid, en 1550, pour savoir si la domination exercée sur eux était légitime. Elle fut reprise en 1748 par Montesquieu, adversaire résolu du commerce d'esclaves noirs. Avec une ironie mordante il tourna en dérision la justification idéologique d'une telle infamie : "On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir. " (L'Esprit des lois XV, 5: "De l'esclavage des Nègres ".)

 

L'oubli de la lutte des classes au profit de la lutte des races

Il est donc pour le moins paradoxal et objectivement réactionnaire d'essentialiser la référence à la couleur de peau. Le monde n'oppose pas les hommes blancs et les hommes noirs, mais les exploités et les exploiteurs. La fonction d'exploiteur ou de colonisateur raciste n'est pas inscrite dans les chromosomes, pas plus que celle d'esclavagiste. Ne confondons pas l'être et le rôle, la peau et la chemise. Bien sûr, tout rapport social de domination met en présence des dominants et des dominés. Et cela peut conduire à de la haine, si l'on n'y prend pas garde. Il faut pourtant résister à toute dérive haineuse qui s'en prend aux personnes au lieu de mettre en cause un système. Sinon la lutte pour l'émancipation perd son sens. Elle se psychologise en ressentiment au lieu de se politiser en combattant les causes sociales de la domination.

L'oubli de la lutte des classes au profit de la lutte supposée des races est une terrible régression. La lutte des classes oppose non des hommes comme tels, mais des groupes fondés sur des communautés aux intérêts particuliers, contradictoires entre eux. Seul l'avènement du bien commun à toutes et à tous permet d'en sortir par le haut. L'universel ainsi conçu est subversif, et libérateur. Quant à l'hypothétique lutte des races, elle est un fantasme qui s'invente un conflit imaginaire, car il n'y a qu'une espèce humaine. Des “ Blancs ” ont réduit des Noirs en esclavage. C'est un fait historique. Mais en Afrique certains “ Noirs ” ont aussi réduit en esclavage ou colonisé d'autres “ Noirs ”, ou d'autres ethnies. On ne peut donc confondre les rapports de force concrets qui engendrent des dominations avec des rapports généraux entre races supposées telles. Pour lutter efficacement contre le racisme, deux boussoles sont précieuses. La première consiste à rappeler l'unicité de l'espèce humaine. La seconde consiste à rejeter toute hiérarchisation abstraite des groupes humains, qu'elle prétende se fonder sur la nature ou sur la culture. En tout état de cause, ne noyons pas l'individu singulier dans une appartenance, et ne jugeons pas globalement une ethnie. Nous sommes munis de raison, et cela doit nous permettre d'éviter tout préjugé en distinguant ce qui doit l'être.

 

Source : Marianne

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7 juillet 2020 2 07 /07 /juillet /2020 04:58

Par Juan Branco

 

 

Pourquoi, comme Jérôme Cahuzac en son temps, François Fillon a-t-il été pile-poil condamné à deux ans de « prison ferme », et non deux ans et un mois, trois ans ou plus ?
Parce que cela permet de s’assurer qu’il ne mettra jamais un pied en prison, tout en donnant l’impression au peuple qu’une lourde peine lui a été infligée.
M. Fillon, reconnu coupable d’avoir volé plus d’un million d’euros à ses concitoyens, ne s’est en effet pas vu décerner un mandat de dépôt, qui seul aurait en ces circonstances impliqué son incarcération. Comme M. Cahuzac, il a eu droit à ce que l’on appelle à la peine parfaite, celle qui, parce qu’elle ne dépasse pas les deux ans de prison ferme, est aménageable et, n’étant pas accompagnée d’un mandat de dépôt, rend de facto son appel suspensif. 
Gageons que la cour d’appel, moins populaire et devant composer avec la réforme mise en oeuvre depuis et réduisant à un an la durée maximale des peines automatiquement aménageables, saura adapter sa décision de façon à s’assurer qu’en effet, et de façon définitive, M. Fillon n’ait à subir les affres de ces lieux qu’un quelconque citoyen aurait fréquenté pour bien moins.
Ne l’oubliez pas, au moment d’entendre les médias répéter en boucle les lourds signifiants « cinq ans de prisons, dont deux ferme ».
N’oubliez pas ce que cela signifie pour les puissants: que cet être que l’on prétend vouer à l’infamie pourra continuer à profiter, en toute liberté, des larges salaires que le secteur financier lui octroie depuis la fin de sa carrière politique, en échange du carnet d’adresses que nous lui avons concédé en lui donnant la responsabilité de nous gouverner.
Cet être qui, grâce à l’Etat, a obtenu sans discontinuer depuis l’âge de 22 ans – date de son premier recrutement aux frais de la République en tant qu’attaché parlementaire – des sommes immenses qui lui auront permis de s’acheter un immense manoir, profiter des joies des courses de voiture de compétition, mener un train de vie délirant entre logements de fonction et offrandes de personnes privées intéressées, sans ne jamais être sanctionné.
La République prévoit l’égalité des citoyens face à la loi. La République n’existe pas.

 

Pourquoi Fillon n'ira-t-il jamais en prison ?
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6 juillet 2020 1 06 /07 /juillet /2020 05:09

 

Le site Communistes exige la libération immédiate de Salah Hamouri : « Mardi 30 juin, alors qu’il se rendait à Jérusalem pour effectuer un test coronavirus (obligatoire) pour prendre l’avion samedi 4 juillet, pour se rendre en France, Salah Hamouri a été arrêté dans ce centre médical par les autorités israéliennes. Il a été conduit au centre d’interrogatoire de Moskobiyeh, à Jérusalem. Le motif de son arrestation ne lui a pas été communiqué. Déjà en août 2017, Salah Hamouri avait été arrêté quelques jours avant un voyage prévu en France pour y retrouver sa femme et son fils et il avait alors purgé 13 mois de détention administrative, sans peine ni jugement ni la moindre accusation prouvée. »


 

Revue de presse (329)

 

Pour le site Révolution, une seule perspective pour la France Insoumise : la barre à gauche toute : « En avril 2017, le « bloc » PS-EELV avait fait 6 % des voix (Benoît Hamon), pendant que Mélenchon faisait 20 % des voix. La dynamique, à gauche, était à l’avantage du programme le plus radical. Or la récession économique va développer le potentiel électoral d’une gauche « radicale ». Nous avions défendu l’idée d’une campagne de la FI menée sur un programme radical, anti-capitaliste, en proposant un accord national au PCF et à l’extrême gauche. Indépendamment de son résultat électoral, cette stratégie aurait au moins permis de rendre visible un pôle de radicalité, à gauche. Au lieu de quoi la FI a pratiquement disparu des radars – au profit du PS et des Verts. Si la FI veut progresser, dans les mois à venir, elle doit virer à gauche. Elle doit notamment présenter une alternative claire au programme pro-capitaliste des Verts. Enfin, la FI doit se préparer à une nette accélération de la lutte des classes et de la radicalisation politique, en France. Une catastrophe économique et sociale va balayer le pays à court terme. Elle va faire sombrer le gouvernement Macron dans des abîmes d’impopularité. Un nouveau mouvement de masse pourrait se développer et ouvrir la possibilité d’une chute du gouvernement avant 2022. Dans ce contexte, la FI doit se tourner vers la « gauche radicale » et le mouvement syndical, à commencer par la CGT, pour préparer la mobilisation, dans les rues et par la grève, contre le « gouvernement des riches » – et pour un gouvernement des travailleurs. »

 

 

José Espinosa, dans Le Grand Soir, s’interroge également sur l’abstention aux dernières élections municipales : « L’essentiel n’est pas dans la claque que le pouvoir vient de recevoir. Le fait le plus marquant de cette consultation électorale c’est la non participation massive, surprenante, tenace des électeurs. Dans les scrutins antérieurs, législatifs, régionaux, européens, l’abstention suivait une croissance constante. L’élection du maire, au contraire, entraînait toujours un engouement des populations, une participation record pour décider et choisir son premier magistrat. La monarchie présidentielle lui porte un coup de grâce. Les causes en sont multiples : réductions des dotations de fonctionnement, affaiblissement des pouvoirs avec la métropolisation et les communautés de communes, politiques d’austérité démantellemant les services publics, désindustrialisations et délocalisations d’entreprises, destruction des commerces et de l’artisanat au profit de la grande distribution etc. »

 

 

 

Enfin, je vais me permettre de citer mon blog et évoquer le jour où j’ai rencontré un esclave : « Avec un collègue sénégalais, je remontai le fleuve Sénégal jusqu’à Rosso, une ville où les populations sénégalaises et mauritaniennes sont assez mélangées. Nous fîmes une halte dans un restaurant qui garantissait des glaçons pour la bière chaude. Ce restau appartenait à des Mauritaniens, en particulier à une énorme femme d’une trentaine d’années qui, du matin au soir, restait immobile dans son canapé. Le serveur, lui aussi âgé d’une trentaine d’années, était sénégalais. Mon collègue, habitué des lieux, me dit, à mi-voix et mine de rien : « tu vois, ce type, c’est un esclave ». Il m’expliqua que ce grand garçon avait été vendu, tout enfant, à cette famille mauritanienne. Il travaillait sans aucune rétribution mais ses propriétaires devaient lui garantir le logement, la nourriture et les soins. Et s’il se marie, demandai-je ? Il ne pourra épouser qu’une Sénégalaise qui aura le même statut que lui, m’expliqua mon collègue.

 

 

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3 juillet 2020 5 03 /07 /juillet /2020 05:10

 

 

Cette photo prise le 10 novembre 2019 lors d’une manifestation contre l’islamophobie pose, selon moi, de sérieux problèmes. Je passe sur le fait que, lors de cette manif', des étoiles jaunes avaient été cousues sur des vêtements de petites filles musulmanes, suscitant l’amalgame entre des enfants parfaitement libres dans la France d’aujourd’hui et des enfants contraints dans la France pétainiste dont, pour beaucoup, le destin se résumait à la mort dans les chambres à gaz. On peut simplement regretter qu’Edwy Plenel se rallia à cette problématique. Je ne me rappelle plus ce qu’en pensa Jean-Luc Mélenchon qui participa à cette manifestation.

 

Cette manifestation n’était pas monolithique. On trouvait des slogans républicains (« Liberté, Égalité, Fraternité »), des slogans clairement en faveur du port du voile (« Les anti foulard sont racistes, tout simplement »), des slogans identitaires (« Français et musulmans, fiers de nos deux identités »), des slogans politiques (« Notre pays va mal, non aux musulmans boucs émissaires »).

 

Je voudrais revenir sur les deux slogans ci-dessous, avec ces deux pancartes brandies par deux jeunes filles noires : « Ensemble contre l’islamophobie », « Votre laïcité, notre liberté ». 


 

Sur deux slogans

 

Il n’est pas difficile – et il est même recommandé – d’adhérer à la lutte contre l’islamophobie, même si ce concept n’est pas très clair. Á proprement parler, l’islamophobie est la crainte, la peur de l’islam. On retrouve le grec φόβος dans claustrophobie (la peur des espaces clos) ou arachnophobie (la peur des araignées). Une dérive s’est produite il y a au moins un demi siècle, si bien que le terme « islamophobie » a fini par signifier « aversion », « hostilité », voire « haine » de l’islam. Le mot ne figure pas dans l’édition 2001 du Grand Robert, ni dans le Littré remanié, ni dans le CNRTL.

 

Que les musulmans – et les autres – en aient conscience ou non, l’usage de « phobie » soulève une épineuse question car il plaque sur un concept sociopolitique une notion de maladie mentale. Camus nous l’avait dit : lorsqu’on nomme mal les choses, on crée de la souffrance. Nous sommes piégés, comme l’avait remarqué un ancien directeur de la revue juive L’Arche : « Le terme d'islamophobie ne renvoie pas à une controverse au sujet de l'islam, mais à une mise en accusation systématique des musulmans, en tant que collectivité ou en tant que personnes. » Charb, le dessinateur de Charlie Hebdo, assassiné par des islamistes, était allé encore plus loin dans son livre posthume Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes : « Si demain les musulmans de France se convertissent au catholicisme ou bien renoncent à toute religion, ça ne changera rien au discours des racistes : ces étrangers ou ces Français d'origine étrangère seront toujours désignés comme responsables de tous les maux. […] Les militants communautaristes qui essaient d'imposer aux autorités judiciaires et politiques la notion d' « islamophobie » n'ont pas d'autre but que de pousser les victimes de racisme à s'affirmer musulmanes. »

 

Le slogan « Votre laïcité, notre liberté » me fait peur. Je passe sur le « votre » que la militante nous lance à la figure avec mépris, comme s’il s’agissait d’une maladie qui se serait emparée de nous. Lors de la très importante manif’ pour Charlie, j’avais été très frappé à Lyon – mais il en eût été de même partout ailleurs en France – par le fait qu’à 98% nous étions entre Blancs et, je dirais même plus, entre familles blanches. Je m’étais fait la réflexion, moi qui suis totalement hostile au communautarisme que j’ai repéré et dénoncé dans un petit livre consacré à la Grande-Bretagne paru en 1971, que la “ communauté ” des Français d’origine ou récemment assimilés était là, présente, consciente, et en famille. Quasiment pas de Noirs et infiniment peu d’Arabes.

 

Le slogan brandi à droite de la photo nous dit violemment cela. Pour la jeune femme qui le revendique et dont je ne sais – mais cela n’a pas d’importance, si elle est née en France ou pas – il n’y a liberté que contre les valeurs de la République. Je cite ce que tout élève de CM2 devrait connaître par cœur, l’article premier de la Constitution française : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. » Nous ne sommes pas au Royaume-Uni qui n’a pas de constitution, qui n’est pas un pays laïque et qui connaît des sujets et non des citoyens. Et des sujets à couleur de peau. Comme Yumza Yousaf, ministre écossais de la Justice, d'origine pakistanaise, qui vient de déclarer qu'il y avait trop de Blancs dans la Fonction publique écossaise, dans les professions médicales et dans les syndicats. Yousaf s'était singularisé lors de son intronisation au Parlement en exigeant de pouvoir prêter serment en ourdou. Ce qui lui avait été accordé.

 

Que l’on soit de nationalité française ou non, la présence sur le sol français implique l’acceptation de toutes les valeurs qui fondent la République. La laïcité n’est pas l’apanage ou la propriété des Blancs, des Français dits de souche ou d’origine. Elle n’est pas non plus une case à cocher, une option facultative. Elle appartient à tous les individus présents sur le sol, en les transcendant. Contrairement à ce que pense cette dame, sa liberté (de cacher ses cheveux, par exemple) ne s’est pas construite contre la laïcité mais grâce à la laïcité, qui a également garanti la pratique – ou pas – de sa religion. Elle a tout à perdre dans ce positionnement à moins que, par choix, elle n'ait décidé de vivre en marge de la République. Á voir...

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1 juillet 2020 3 01 /07 /juillet /2020 05:07
Ce texte de “ Descartes ” vaut qu'on s'y arrête.

« Mon fils, que veux tu être quand tu seras grand ? Papa, quand je serai grand, je voudrais être victime » (conversation du XXIème siècle)

Colbert, Faidherbe, Ferry et autres « gloires de la France » n’ont qu’à bien se tenir. La Révolution est là, prête à sortir la guillotine et couper des têtes. Des têtes de statue, s’entend. Mais aussi à débaptiser des rues, des lycées, des stations de métro. Gare à celui qui ne saurait montrer patte blanche en matière de racisme, de sexisme, et d’une liste de « ismes » qui s’enrichit chaque jour. Parce que c’est bien connu, une fois que les dragons de vertu sont lâchés, par simple effet de surenchère on en arrive fatalement à exiger des punitions de plus en plus fortes pour des crimes de plus en plus petits. Au nom de l’antispécisme, on déboulonnera demain la statue de Raid, ce salaud qui refuse aux moustiques et aux cafards leur pitance.

Certains dénoncent une volonté de réécrire l’histoire. Ils ont tort : l’histoire est une connaissance scientifique, élaborée par le travail systématique sur les témoignages et les documents des historiens. C’est donc un savoir objectif, construit par la confrontation des subjectivités des spécialistes. On peut déboulonner la statue de Colbert ou de Faidherbe, on ne peut les effacer de l’histoire, parce que l’historien qui voudrait le faire aurait besoin pour cela d’ignorer une masse de documents et de témoignages de l’époque, sans compter sur l’œuvre immense du ministre de Louis XIV dont une partie est toujours avec nous aujourd’hui. Et ce faisant, il cesserait de faire du travail d’historien pour devenir au mieux un romancier, au pire un propagandiste.

Si l’on veut comprendre quelque chose à la vague de n’importe quoi qui déferle sur nous, il faut cesser d’imaginer que le but des militants « communautaires » est la réécriture de l’histoire. Si tel était le cas, ils nous proposeraient des documents, des témoignages, des recherches démontrant que l’histoire est autre que celle que nous connaissons. Ce n’est nullement le cas. Ce que ces militants nous disent est incorporé dans notre histoire depuis des décennies sinon de siècles. La paternité du « code noir » est bien connue et à ma connaissance aucun historien sérieux ne l’a jamais niée. Le parcours colonial de Faidherbe ou de Ferry est lui aussi parfaitement documenté, et n’a jamais été occulté. Les militants en question n’apportent aucun fait, aucune information nouvelle concernant ces personnages qui pourrait faire changer une lecture historique. La seule chose qu’ils nous proposent est une nouvelle lecture morale des faits connus et publiés depuis des décennies. Or, la morale et l’histoire, ce sont deux choses très différentes.

Certains historiens soulignent, à juste titre, que la question des statues n’a rien à voir avec l’histoire. Ils ont parfaitement raison. Le choix des personnalités qu’on statufie dans l’espace public et celles qui n’ont pas droit à ces honneurs est un choix qui n’a rien de scientifique. C’est un choix qui tient à la manière dont une société se représente elle-même à travers un « roman » qui lui est propre pour l’édification des générations successives. Un « roman » qui, en offrant en exemple une image quelque peu embellie de la vie de certains individus, promeut les qualités et les vertus que cette société juge important de transmettre. Si les auteurs du « roman national » français ont choisi Colbert ou Faidherbe ce n’est pas par hasard. On pourrait d’ailleurs se demander pourquoi la République, si sourcilleuse par rapport à tout ce qui sentait l’Ancien régime, a choisi de faire de Colbert, Napoléon ou de Richelieu des « grands hommes » dans le panthéon républicain. L’explication est simple : que ce soit Napoléon, Colbert, Richelieu ou Faidherbe, il s’agit de personnalités d’origine relativement modeste, devant leur promotion d’abord à leurs mérites, à leur puissance de travail, à leur rigueur, à leur patriotisme, à leur sens du bien commun, à leur hauteur de vues. Ce sont ces vertus que les statues proclament, bien plus que le « racisme » de l’un ou le « colonialisme » de l’autre.

Ce qui nous conduit je pense à la véritable question : si la statue de Colbert représente aux yeux de ceux qui les ont érigées les qualités de travail, de rigueur, de discipline, de sacrifice, n’est ce pas concevable qu’elles représentent exactement la même chose aux yeux de ceux qui veulent les abattre ? Que ce qui vaut à Napoléon, Colbert ou Faidherbe une telle détestation soit moins leur carrière coloniale ou leur « racisme » réel ou supposé que les vertus républicaines qu’ils représentent ?

Si vous trouvez cette idée farfelue, je vous invite à réfléchir à l’intéressant lièvre levé involontairement par Philippe Bernard (« Le Monde », 22 juin 2020) lorsqu’il écrit « Une station du RER francilien a été baptisée du nom de Rosa Parks, héroïne de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis. Aucun héros noir français n’a eu le même honneur ». Pourtant, il y a un « héro noir français » qui a non seulement une station de métro mais aussi une place à Paris, sans compter un certain nombre de collèges et lycées en Ile de France et ailleurs : il s’agit vous l’aurez compris de Félix Eboué. Un grand monsieur que sa couleur de peau n’a pas empêché, dans la France des années 1930 et 1940, d’être successivement gouverneur de la Martinique, de la Guadeloupe, du Tchad, de l’Afrique équatoriale française, de rejoindre la France Libre et d’être fait compagnon de la Libération. Un parcours bien plus « héroïque », qui mérite à mon avis bien plus d’être donné en exemple aux jeunes à la peau foncée que celui de Rose Parks, sauf le respect dû à la militante américaine des droits civiques dont l’action se limite au refus de céder son siège dans le bus à un blanc, comme la loi de l’époque l’y obligeait. Alors, pourquoi Eboué n’est jamais offert comme modèle par les mouvements « anti-racistes » ? Pourquoi proposent-ils que ce soit le nom de Parks, et non celui d’Eboué, qui remplace Colbert au fronton du lycée de Thionville ou Faidherbe au lycée de Lille ?

La réponse me semble évidente. Parce que Eboué ne se distingue de Faidherbe ou de Colbert que par la couleur de peau. Symboliquement, il représente la même chose. Ses statues promeuvent les mêmes qualités, les mêmes vertus. Le parcours d’Eboué et celui de Faidherbe sont d’ailleurs d’un parallélisme étonnant : tous deux viennent d’un foyer modeste, tous deux doivent leur promotion sociale à leur mérite scolaire qui les conduit à obtenir une bourse puis à étudier dans une « grande école » leur donnant accès à la fonction publique. Tous deux exerceront des fonctions dirigeantes dans les colonies (gouverneur du Sénégal pour Faidherbe, du Tchad, d’Afrique équatoriale et des Antilles pour Eboué). Tous deux se distingueront par l’intelligence et l’humanité de leur gestion. Tous deux s’intéresseront aux cultures locales, apprendront les langues natives, tout en étant partisans de l’assimilation. Et tous deux se mettront du côté républicain et patriote (Faidherbe en 1870, Eboué en 1940). Voilà pourquoi Eboué ne peut pas être le « héros noir français » que les soi-disant « anti-racistes » se cherchent. Lui ériger une statue, c’est prendre le parti de l’assimilation, d’un noir qui n’était noir que de peau, et français de culture, de cœur, d’âme. Et dont la République a reconnu le mérite au point de le faire reposer au Panthéon parmi les gloires de la nation – privilège qui, accessoirement, n’a été accordé ni à Colbert, ni à Faidherbe. C’est pourquoi même un journaliste bienpensant comme Philippe Bernard, à l’heure de citer un « héros noir français », oublie Eboué : il est beaucoup trop « blanc » pour cela.

A la lumière de cette analyse, il faut maintenant se demander quel est le « roman » que les « anti-racistes » auto-désignés veulent construire et imposer à la place du « roman national » républicain. Et pour cela, rien de mieux que d’examiner quelle est la nature des personnalités qu’ils se choisissent comme symbole de leur combat. De ce point de vue, l’inauguration récente d’une peinture murale représentant Adama Traoré et George Floyd à laquelle assistait le ban et l’arrière ban des militants « anti-négrophobie » mais aussi – honte à eux – quelques élus de la République donne une petite idée. Là où le « roman national » français mettait en exergue le mérite et la vertu dans l’action, le « nouveau roman » met en avant la figure de la victime, qui n’a d’autre mérite, ne laisse d’autre œuvre que celle précisément d’avoir été victime d’une volonté extérieure. Adama Traoré ne laisse sur cette terre aucune réalisation, aucun ouvrage, aucun geste digne d’être retenu par l’histoire. Il rentre au Panthéon militant non pas à cause de ce qu’il était, mais à cause de ce qui lui est arrivé. De sa vie, le « nouveau roman » ne retient qu’une chose – sa mort – et préfère oublier le reste.

Si l’on veut caricaturer la situation, on peut dire que le problème des « anti-racistes » français est que la France n’est pas assez raciste. Dans un autre pays des gens comme Eboué, Senghor, Césaire, Fanon ou Monnerville auraient été empêchés d’étudier, cantonnés à des travaux subalternes, interdits de publier. Ils auraient alors pu être des « héros noirs ». Malheureusement pour les militants, ces personnages ont tous pu faire des études dans les institutions les plus prestigieuses et occuper des fonctions de premier plan. Ils ont été « assimilés ». C’est pour cela qu’il faut aller chercher aux Etats-Unis ou dans les bas-fonds de véritables victimes susceptibles de devenir des « héros noirs ».

Dans le « nouveau roman » victimaire, les hommes d’action et de mérite qu’étaient Colbert ou Faidherbe mais aussi Eboué ou Monnerville n’ont pas leur place. C’est pour cela, et non parce qu’ils auraient été des « colonialistes » qu’on déboulonne leurs statues. On notera d’ailleurs que certains de nos « anti-racistes » proposent d’ériger des statues à l’émir Abdelkader, dont on sait qu’il possédait des esclaves dans sa célèbre Smalah. Comment expliquer qu’on pardonne à Abdelkader ce qu’on reproche à Colbert ? C’est que, voyez-vous, l’émir Abdelkader a perdu la bataille, c’est une victime. Et lorsqu’on est une victime, tous vos péchés sont vite pardonnés, y compris lorsqu’il s’agit de « crimes contre l’humanité ».

Le combat aujourd’hui n’est donc pas celui de l’histoire, qui en tant que pratique scientifique est à l’abri de ce genre de vicissitudes. On pourra faire des statues d’Adama Traoré ou mettre son nom sur le fronton de nos lycées, cela restera une façade et sa contribution historique ne sera jamais celle d’un Colbert ou d’un Faidherbe. Ce n’est pas non plus un combat pour la mémoire, comme disent certains, parce que l’objectif des « anti-racistes » n’a rien de mémoriel. La question posée ici est moins celle du passé que celle de l’avenir, de la vision qu’on présente à nos jeunes de notre constitution en tant que collectivité, des qualités et vertus qu’on entend promouvoir et des exemples qu’on lui donne à cet effet. C’est en cela que mettre au fronton du lycée le nom de Pascal ou celui de Coluche, celui de Colbert ou celui d’Adama Traoré n’est pas indifférent. Raconter la saga colbertienne – l’homme dont on disait dans les salles de classe que « plus il avait du travail, plus il était content » – ne transmet pas du tout le même message que raconter l’histoire d’une « victime des violences policières » au passé louche.

Le grand n’importe quoi que nous observons aujourd’hui tient à la convergence entre un petit groupe qui cultive les ressentiments communautaires pour se trouver une base de pouvoir et une gauche radicale pour qui les figures de Colbert, Faidherbe, Napoléon ou même Eboué sont détestables, non parce qu’elles auraient été colonialistes ou négrophobes, mais parce qu’elles représentent des qualités et vertus républicaines que cette « gauche » ne porte plus. Défendre la place de Colbert, de Faidherbe, de Napoléon, d’Eboué dans notre « roman national », c’est d’abord et surtout défendre contre les marchands de ressentiments l’idée qu’il y a des valeurs positives à transmettre à nos jeunes : le savoir, le travail, l’effort, la rigueur, le service du bien commun, et je dirais même cette « common decency » dont parlait Orwell à propos des classes populaires. Adama Traoré est-il l’icône qui peut mieux que Colbert servir à transmettre ces valeurs ? Qu’on me permette d’en douter.

Alors, camarades « progressistes » – ne parlons plus de « gauche », elle n’existe plus – vous feriez bien de réfléchir avant de participer à certaines manifestations, de signer certaines pétitions. Et vous feriez encore mieux de vous demander ce qu’on combat exactement lorsqu’on abat la statue de Colbert et on peint des murs à la gloire d’Adama Traoré. Dis-moi qui tu donnes en exemple, et je te dirais qui tu es.

 

Source

 

Ci-dessous : Félix Eboué

A quand un lycée Adama Traoré ?
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26 juin 2020 5 26 /06 /juin /2020 05:04

La Suède est un grand pays par la surface (450 000 km2) et petit par la population (10 millions d’habitants). La densité est d’environ 25 habitants au km2.

Je ne suis jamais allé dans ce pays et j’ai rencontré moins de dix Suédois dans ma vie mais je lis un peu la langue et je me rends régulièrement sur les sites internet de ce pays. C’est pourquoi je m’étonne et ne saurais expliquer, par exemple, pourquoi des juges condamnent des responsables de viols collectifs à des peines symboliques en laissant entendre que les victimes souhaitent avoir des relations sexuelles avec sept ou huit personnes à la fois.

 On a connu ce pays comme fer de lance du progressisme en Europe, un petit paradis social-démocrate où chaque citoyen était protégé face aux aléas de l’existence, où le niveau de vie était inégalé dans notre continent. Avec, certes, quelques poches de nazisme mal recuits. Et puis un certain mal être collectif dont ont témoigné, pendant des dizaines d’années, le cinéma et le théâtre suédois. Tout ceci est de moins en moins vrai et, surtout, la société donne, vue de loin, l’impression d’être en phase de décomposition. Il ne se passe pas 24 heures, dans des villes où les zones de non droit où la police (l’une des meilleures au monde depuis des dizaines d’années – sauf lorsqu’il s’est agi de retrouver l’assassin de leur Premier ministre…) ne peut plus pénétrer, sans qu’un viol collectif soit commis, sans qu’une explosion mette à bas un immeuble, sans que des scènes d’émeute perturbent gravement la paix sociale. En quarante ans, le nombre de viols a augmenté de 1400% (53 viols pour 100 000 habitants) ! La Suède dans ce domaine est au troisième rang mondial derrière le Lesotho et l’Afrique du Sud. Par parenthèse, j'aurais pu rédiger le même type d'article à propos du Royaume-Uni où les viols collectifs et les meurtres à coups de poignard et de machette ont augmenté dans une proportion considérable depuis une décennie.

Les pouvoirs publics suédois ont décidé il y a quarante ans que la Suède serait officiellement un pays multiculturel et multiethnique. Jusqu’alors, si l’on excepte une immigration non négligeable de Finlandais, elle était très homogène. En quarante ans, la population a augmenté de 20%, sous les effets d’une immigration non contrôlée en provenance de pays non européens. Dans cette optique, j’aurais pu rédiger un article similaire sur l’Irlande dont le visage, après des siècles de guerres contre les Anglais et de guerre civile, est transfiguré – alors que les Irlandais étaient enfin à peu près en paix avec eux-mêmes – par l’arrivée de milliers de migrants globalement musulmans sans, bien sûr, qu’on ait demandé leur avis aux populations. Et j'aurais pu également parler de la Finlande (les Finlandais sont toujours la troisième population migrante vers la Suède) qui a accueilli des dizaines de milliers de Somaliens, Irakiens et Syriens et où un récent sondage (selon Russia Today) révélait qu'une majorité des autochtones préféraient vivre à côté d'un centre de désintoxication plutôt que d'une mosquée.

 Je ne voudrais pas paraître plus malin qu’un autre mais, si je n’avais pas prévu cette évolution, je l’avais envisagée comme possible depuis longtemps. Durant les années 80, je résidais en Côte d’Ivoire. J’avais pour ami un Sénégalais vivant à demeure dans le pays avec sa famille. Il était technicien-chef – extrêmement doué – dans un grand garage automobile. Un jour, rayonnant, il me dit qu’il avait été sélectionné pour exercer les mêmes fonctions dans un garage suédois. Je le félicitai et lui dit : « Tu es bien conscient que tu vas gagner vingt fois plus là-bas qu’ici ? » « Bien sûr ! », me répondit-il. Je lui demandai s’il comptait partir avec sa famille. Il attendrait la fin de l'année en cours et s’était arrangé avec le garage suédois pour pouvoir passer en Côte d’Ivoire une semaine tous les deux mois. Quelques jours plus tard, il me fit rencontrer un jeune attaché de l’ambassade de Suède qui l’aidait à progresser dans les arcanes de son nouveau pays. Je demandai à ce diplomate quelle était la position de la Suède face à l’immigration. Pas celle de notre ami Mamadou, propre sur lui et bardé de contrats d’embauche, mais celles d’immigrants aléatoires. J’avais à l’esprit la diaspora afghane qui s’était constituée pendant et après le pic de la guerre civile. Il me répondit : « Notre politique, c’est qu’il n’y a pas de politique. Vient qui veut. » Vous comprendrez trop tard, lui répondis-je, que les gens qui viennent de la violence apportent de la violence. Et dans le cas des réfugiés afghans, vous serez à coup sûr en présence d’un islam rigoriste, complètement étranger aux valeurs de votre société démocratique, protestante et très sourcilleuse quant à la place de la femme. J’avais toujours pensé que Danton s’était lourdement trompé quand il avait déclaré – dans un contexte certes particulier et dramatique – qu’on n’emportait pas sa patrie à la semaine de ses souliers.

Bref, il y a deux mois, une bombe a pulvérisé deux appartements dans le sud du pays en endommageant 250 autres. 25 personnes ont été blessées. Des débris d’une porte d’un des appartements ont été retrouvés à 100 mètres d’une explosion en bout de chaîne de quatre autres explosions. Une bonne centaine d’explosions ont eu lieu depuis 2015. Trente dans la ville de Malmö. Durant les sept premiers mois de 2019, le nombre d’attentats à la bombe a augmenté de 45% par rapport à la même période de 2018. Malmö connaît davantage d’explosions que Belfast au plus fort de la guerre civile irlandaise.

Quarante-cinq fusillades entre gangs ont eu lieu en 2018, contre trois en Norvège. Dans un pays où le gouvernement se proclame – à juste titre – féministe, 30% des femmes ont peur de rentrer seules le soir chez elles. Le système pénal, conçu à une autre époque, n’est plus du tout dissuasif. En 2018, un jeune homme de 16 ans ayant – au nom d’un contrat – tué des clients dans une pizzeria a été condamné à passer trois ans dans une institution spécialisée.

Il semble que la majorité des forfaits soit l’œuvre d’une mafia qui rackette des restaurateurs. Ces criminels appartiennent pour la majorité à des immigrants de première ou deuxième génération. Les grenades qui explosent sont des reliquats des guerres des Balkans. Le nombre d’explosions a triplé entre 2008 et 2016. Pour ce qui est du lancer de grenades, il s’agit d’actes terroristes : des appartements, des petits commerce (salons de coiffure, pizzerias) sont visés à l’aveugle, sans distinction. Sauf celles qui visent des employés de banque dont le travail consiste à éplucher des comptes douteux. En 2018, considérant que l’utilisation d’explosifs en Suède battait tous les records pour un pays en paix, les pouvoirs publics ont proposé une amnistie et l’immunité à ceux qui rapporteraient les grenades et les bombes artisanales dans les commissariats de police. Cela n’a pas empêché un nouveau record : 50 explosions ont eu lieu durant les trois premiers mois de 2019. Une tous les deux jours, donc. Un enfant de huit ans est mort après qu’une grenade a atterri dans la chambre où il dormait. Un  homme de soixante-cinq ans a été déchiqueté sans savoir que l’objet qu’il venait de ramasser dans la rue était une grenade.

Sylvi Listhaug, ancienne ministre norvégienne (de droite) de l’Immigration, estime que la situation en Suède est « hors de contrôle » : « Il est admis qu’on ne peut pas parler de ces problèmes parce que cela peut être stigmatisant. Aujourd’hui, la situation en Suède est complètement hors de contrôle avec des centaines de voitures incendiées, des écoles incendiées, des centaines d’attaques à la bombe, des assassinats en plein jour et des attaques coordonnées à l’arme automatique ou à la grenade. »

Les cas d’agression de femmes, de jeunes filles et de fillettes sont de plus en plus nombreux et peu sanctionnés. En mai 2016 à Göteborg, un Afghan de 51 ans, arrivé dans le pays en 2003 et ayant demandé l’asile, accordé car il avait trouvé un emploi, propose à une fillette de 11 ans, qui s’ébrouait avec ses amis, de lui apprendre à nager et la viole. Il est condamné à 2 ans et 5 mois de prison sans mandat d’expulsion. L’individu est membre d’une association dont l’objectif est d’empêcher les expulsions de demandeurs d’asile afghans déboutés.

Les autorités tentent de manipuler les enfants suédois. Une mère de Tierp (au nord de Stockholm) a porté plainte après qu’un instituteur eut exigé de ses élèves de neuf ans qu’ils écrivent « Je suis musulman » et reconnaissent qu’ils appartenaient à l’islam.

Certains personnages politiques en viennent à légitimer le viol de jeunes filles d’origine par des immigrés. Si les Suédois d’origine violent par choix, les immigrés le font par ignorance des mœurs du pays. Hé oui, en Suède, il y a viol et viol. Selon Barbra Sörman, militante féministe de gauche, les migrants doivent être excusés car « ils ne savent pas ce qu'ils font ». Même quand, lors d'un festival de musique, ils violent en bande (sic) trente jeunes filles d'un coup. Les violeurs suédois sont impardonnables car ils sont le produit d'une culture qui prône l'égalité entre les sexes. Le pauvre migrant est conditionné par sa culture d'origine, faite de violence et de misogynie. La thèse de Barbra Sörman n'est pas marginale. De nombreux universitaires sont sur la même longueur d'ondes. Il ne leur viendrait pas à l'idée de suggérer aux migrants violeurs de tenter de s'adapter à la culture d'accueil. C'est aux pauvres filles de comprendre la surprise qui leur vient d'ailleurs.

Les immigrés en manque d’affection savent cela. Ils savent que les punitions seront légères. Ainsi un Somalien – qui avait obtenu le statut de résident permanent en 2007, ce qui l’avait aidé dans son trafic de stupéfiants – n’a écopé que de 18 mois de prison pour avoir tenté de violer une adolescente en pleine rue. Il a justifié sa tentative en arguant du fait qu’elle détestait les Noirs. Le procureur s’est opposé à l’expulsion car l’agresseur était en règle et que son crime n’était pas « suffisamment grave ».

 

Un Kosovar a violé une jeune fille handicapée de 15 ans chez elle et dans un bois. Lui sera expulsé avec interdiction de revenir en Suède pendant dix ans.

 

Il n'y a pas que les viols. En 2019, un facteur a été kidnappé et torturé par un migrant pendant plusieurs heures dans la ville de Kristianstad. La torture a duré cinq heures, au domicile du facteur. La victime a été lacérée et forcée d’ingérer de la drogue. Le tribunal a estimé que le criminel n’était pas apte à comprendre les conséquences de ses actes. L’individu ne sera pas expulsé car il est recherché par le gouvernement de son pays : la Syrie.

 

Des pays comme la France et le Royaume-Uni ont asservi une bonne partie du monde. On peut concevoir que, comme le disait Salman Rushdie, l’Empire ait décidé de frapper en retour (“ The Empire strikes back ”). Mais montrez-moi où sont les anciennes colonies de la Suède ? C’est quoi ce besoin de repentance, cette idée d’une dette à payer ? Du coup, les Norvégiens, les Danois se mettent au diapason. Tout comme les Finlandais.

 

En 2018, un gang de huit hommes a violé une fillette de 12 ans dans la ville d’Oulu. Les agresseurs avaient rencontré la gamine sur les réseaux sociaux. Ils ont écopé de peines de deux à quatre ans de prison : 

 

Abdo Ibrahim Ahmed, 34 ans, a été condamné à quatre ans et deux mois.

Hassan Mohamud Mohamed, 39 ans, a été condamné à 4,5 ans de prison.

Quassar Mohsin Sbahi Aldhulaie, 27 ans, a été condamné à quatre ans de prison.

Rahmani Gheibai, 22 ans, a été condamné à quatre ans.

Ali Osman Mohamed, 27 ans, a été condamné à quatre ans.

Osman Ahmed Mohamed Human, 24 ans, a été condamné à trois ans.

Quassar Mohsin Sbahi Aldhulaie, 27 ans, a été condamné à quatre ans de prison.

Rahmani Gheibai, 22 ans, a été condamné à quatre ans.

Ali Osman Mohamed, 27 ans, a été condamné à quatre ans.

Osman Ahmed Mohamed Human, 24 ans, a été condamné à trois ans.

Shiraqa Yosef, 21 ans, a été condamnée à deux ans.

Javad Mirzad, 30 ans, a été condamné à trois ans et quatre mois.

 

On comprend que des militants néonazis, les Soldats d’odin, que l’on retrouve en Norvège, au Canada, mais aussi à Bordeaux, aient sauté sur l’occasion pour organiser des patrouilles dans la ville. Mais si l'on s'en tient à la population globale, un sondage a montré que l'immigration était l'inquiétude principale pour 40% des Suédois, ce que le quotidien britannique The Independent qualifie de «plus gros retournement de l'opinion dans l'histoire des sondages ».

 

Sans qu’ils soient forcément d’extrême droite, des parents d’élèves ses sont opposés au « visites d’intégration » de migrants dans les écoles. Bref, la situation se tend dans les contrées nordiques.

 

Aujourd'hui, les travailleurs du monde entier qui veulent défendre leurs droits et leurs conditions de vie sont bien plus durement réprimés que les malfrats de tout poil.

 

 

 

Sociétalement et socialement parlant, où en est la Suède ? (I)Sociétalement et socialement parlant, où en est la Suède ? (I)
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24 juin 2020 3 24 /06 /juin /2020 05:06

Je reprends ici de larges extraits d'un article de Russia Today

 

« Le monde d'après » fait resurgir l'idéologie visant à « racialiser » la communauté nationale. Les rassemblements autour des violences policières ont été un moyen pour les partisans du multiculturalisme de défier une nouvelle fois l'idéal républicain.

 

Les statues de Jean-Baptiste Colbert, Christophe Colomb, Charles de Gaulle, Winston Churchill, Victor Schoelcher [qui a fait plus que lui contre l'esclavage ?] ont été vandalisées, déboulonnées, leurs rues et places sont appelées à être débaptisées... Ces illustres personnages de l'histoire seraient tous coupables de racisme, d'avoir promu le colonialisme, voire d'être misogynes. Les rassemblements dénonçant la mort le 25 mai de George Floyd lors d'une interpellation aux Etats-Unis ont aussi entraîné une vague de mobilisations y compris en France, exportant par là même la question d'un racisme globalisant où l'homme blanc serait forcément coupable des pires abominations dans l'histoire.

 

Derrière tout cela, il y a une philosophie – avec un vocabulaire venu tout droit des Etats-Unis – qui souhaite imposer un modèle de société où les rapports humains seraient essentiellement fondés sur des origines raciales, mais aussi, selon les tendances, sur la différenciation religieuse, sexuelle ou culturelle. Ces combattants de la lutte intersectionnelle procèdent ici au au comptage du nombre de “ racisés ” (non-blancs) dans une assemblée, une œuvre ou dans la classe politique, et soutiennent des stages ou des rencontres excluant les “ Blancs ”.

 

Les multiculturalistes importent en France des concepts anglo-saxons

 

Ils sont parfois qualifiés péjorativement de «racialistes», de «décoloniaux», d'«indigénistes», de «communautaristes», d'«identitaires de gauche» et prônent une société multiculturelle bataillant contre la République une et indivisible. Cette République française, pour sa part, ne voit au contraire qu'une et même communauté : la communauté nationale formée de citoyens français. Dans ce modèle, la race ou la religion ne sont pas reconnues comme critère de citoyenneté.

 

L'écrivain Ernest Renan résume parfaitement l'esprit républicain de la nation française en 1882 : «Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l'avenir un même programme à réaliser.» Cette phrase est tout ce qu'exècrent les multiculturalistes n'acceptant pas qu'un individu soit assimilé à travers des valeurs dépassant toute race ou religion, impliquant de faire corps avec une unique communauté liée par le destin.

 

Globalement, les pourfendeurs de l'assimilation républicaine considèrent d'ailleurs le racisme comme systémique ou systématique en France, c'est-à-dire généralisé.

 

 

Ils reprennent allègrement l'expression “ privilège blanc ”, venue elle aussi des États-Unis dans un XXe siècle où la ségrégation eut officiellement cours jusqu'en 1965. Le parallèle avec la France est donc fragile. Les mobilisations autour du collectif «La Vérité pour Adama», intervenues après un événement tragique aux Etats-Unis (l'affaire George Floyd) illustrent le mélange des discours intersectionnels. Au départ, le collectif réuni autour d'Assa Traoréconcentrait son discours sur la demande de «justice» après le décès trouble de son frère, Adama Traoré, après une interpellation de la gendarmerie en 2016. Depuis, le comité a étendu son messagesur les «violences policières» et «le racisme» en France.

 

A la télévision, ils vont jusqu'à provoquer, avec des arguments douteux. Dans son édito dans Marianne, Jean-François Kahn rappelle, à titre d'illustration, qu'asda Traoré pouvait librement dire sur le plateau de BFM TV, le 3 juin, que la situation des violences policières en France c'était «exactement la même chose qu’aux Etats-Unis»sans que cela ne fît réagir les journalistes, acquiesçant par voie de conséquence au propos.

 

De fait, certains compagnons de route de «La Vérité pour Adama» ont une ambition qui dépasse le cadre d'Adama Traoré car étant d'ordre politique. En tribune lors des rassemblements et régulièrement interviewé en tant que membre du collectif, Youcef Brakni est par exemple un ancien membre du Mouvement islamique de libération (MIL), une structure qui prône la sécession d'avec la République.

 

Dans l'ensemble, on trouve parmi les défenseurs du multiculturalisme des mouvements dits «antiracistes» comme le Parti des indigènes de la République dont fait partie Houria Bouteldja ou des militants qui affirment haut et fort lutter contre le racisme comme Rokhaya Diallo ou Taha Bouhafs. 

 

Malgré leur dénonciation d'un «racisme institutionnalisé», les «antiracistes racialistes» trouvent dans les médias un relais aisé. L'une des plus visibles est Rokhaya Diallo. Sa dernière tribune, le 17 juin dans l'Express, fait un parallèle entre la France et les Etats-Unis, après le décès de George Floyd à Minneapolis. Elle affirme ainsi qu'«on ne peut pas complètement dissocier le racisme de la France, qui a été une puissance esclavagiste et coloniale, de celui des Etats-Unis». Elle évoque ni plus ni moins un «racisme systémique» et le «privilège blanc» : «On peut bien sûr être blanc, pauvre, et vivre de grandes difficultés. Mais le seul fait d’être blanc ne constitue pas un frein en France. Si cette notion de "privilège blanc" perturbe, on peut inverser le schéma et parler d’obstacles pour les personnes non blanches.»

 

En parlant de «privilège blanc», les racialistes détournent en quelque sorte le fond marxiste de lutte sociale en faveur d'une lutte des races. L'argumentation racialiste déplaît logiquement dans le «camp républicain» à l'image de la socialiste Corinne Narassiguin. Dans une tribune pour Le Monde,la secrétaire nationale à la coordination du PS – qui se définit elle-même comme noire – réfute les thèses défendues par Rokhaya Diallo : «Importer l’expression "privilège blanc", c’est vouloir plaquer l’histoire des Etats-Unis sur l’histoire de France, sans respecter ni l’une ni l’autre. [...] C’est fabriquer un non-sens historique. Dans le contexte français, parler d’abolir le privilège blanc, c’est donner à croire que la lutte antiraciste serait un combat contre le statut de Blanc. Si ça n’était qu’inepte, ça ne mériterait pas une tribune. Mais c’est bien plus que cela, c’est grave et dangereux.» Elle n'exclut pas au demeurant «qu’une partie des promoteurs du concept de privilège blanc et des organisateurs de manifestations dites "racisées non mixtes" soient parfaitement conscients de ce qu’ils font : ils veulent pousser la République dans l’engrenage de l’identitarisme et donc du séparatisme».

 

Derrière la défense des minorités, un projet «raciste» ?

 

Sur les réseaux sociaux ces multiculturalistes sont très actifs, à l'instar du professeur en sciences politique à la prestigieuse université de Londres, Philippe Marlière. Par exemple le 21 mai, celui-ci n'avait pas hésité à considérer que le port du masque pour des raisons sanitaires devait pousser l'Etat à accepter le port du niqab car, selon lui, «l’interdiction du niqab n’a rien à voir avec les "valeurs de la république" ou l’ordre public» : «C’est le fruit d’une idéologie assimilationniste excluant les cultures minoritaires.»

 

 

Plutôt anti-Charlie, ils fustigent tous ceux qui prônent encore et toujours le socle de la République française et la défense de la laïcité, ceux-ci étant souvent mis dans un même sac qualifié de «fascistes» ou d'«extrême droite» alors même que certains mouvements ou personnes sont issues de la gauche tels que l'organisation du Printemps Républicain

 

 

Dans une tribune parue dans le quotidien Le Monde le 25 septembre 2019, 80 psychanalystes décrivent la pensée dite «décoloniale» et dénoncent le fait que celle-ci «s'insinue à l'université» : «Ce phénomène se répand de manière inquiétante. Nous n’hésitons pas à parler d’un phénomène d’emprise, qui distille subrepticement une idéologie aux relents totalitaires en utilisant des techniques de propagande. Réintroduire la "race" et stigmatiser des populations dites "blanches" ou de couleur comme coupables ou victimes, c’est dénier la complexité psychique, ce n’est pas reconnaître l’histoire trop souvent méconnue des peuples colonisés et les traumatismes qui empêchent sa transmission.»

 

Clairement, les «antiracistes racialistes», partagent un même combat avec l'extrême droite qu'ils fustigent : la reconnaissance de la race. 

 

La philosophe Elisabeth Badinter combat largement cette idéologie anglo-saxonne depuis des années. Dans une interview accordée à l'Express le 16 juin, elle déplore l'arrivée en France de mots comme «racisés» ou «privilège blanc» : «Ce nouveau vocabulaire est un crachat à la figure des hommes des Lumières [...] La race partout ! Je pense que c'est la naissance d'un nouveau racisme, dont "le Blanc" est le dernier avatar, et qui peut mener à un véritable séparatisme.»

 

Pour elle, aucun doute, derrière ces auto-proclamés antiracistes «il y a une volonté politique» avec des «barrières» qui sont mises en place entre les hommes : «Pouvait-on imaginer que certains syndicats, comme Sud ou l'Unef, organisent désormais des réunions "en non-mixité" (c'est-à-dire dont l'entrée est interdite aux personnes blanches de peau) ? Ce nouveau racisme rejette l'héritage occidental et pourtant, c'est tout de même grâce aux Lumières, au XVIIIe siècle, qu'on fait des progrès vers l'humanisme !»

 

Le propos de ces activistes est aussi promu par certains médias. Slate fait partie de ceux qui défendent avec vigueur le multiculturalisme. Le patron de Mediapart, Edwy Plenel, en est aussi un partisan, Mediapart hébergeant régulièrement du contenu allant dans ce sens.

 

 

Politiquement, l'essor du multiculturalisme vient davantage de la gauche

 

Parfois, ce sont même des politiques qui reprennent à leur compte ce mode de pensée. Au sein de La France insoumise, le débat clive entre tenants d'une pensée républicaine (représentée éventuellement aujourd'hui par Adrien Quatennens) et une ligne «intersectionnelle» et multiculturaliste (incarnée par des personnalités comme Clémentine Autain ou Danièle Obono). Le chef de file du parti, Jean-Luc Mélenchon, ménage pour sa part la chèvre et le chou, avec ambiguïté.

 

 

Une frange du PS et les partisans de Benoît Hamon reprennent pour leur part la logique énoncée par le think tank Terra Nova lors de la campagne présidentielle de 2012, visant à attirer davantage l'électorat des minorités au détriment du vote des classes populaires. Celles-ci n'étant plus jugées comme «le cœur du vote de gauche».

 

Le multiculturalisme a aussi pris pied au sein d'Europe Ecologie Les Verts, Esther Benbassa étant l'une des figures les plus médiatiques. Au sein de la majorité présidentielle, avant son départ de La République en marche en mai 2020, le député Aurélien Taché était l'un des responsables politiques au centre les plus exaltés sur la question.

 

 

Quant au président actuel, Emmanuel Macron, semble lui-même adapter son discours aux circonstances politiques. Si ces dernières prises de paroles ont été des piques contre les «communautaristes» et les «séparatistes», il a prononcé des discours moins... républicains. Durant la campagne présidentielle, en février 2017, il considérait par exemple  qu'il n'y avait pas «une culture française» mais que celle-ci était «diverse et multiple». Dans cette veine, il dénonçait la «laïcité revancharde» ou le «laïcisme», et prônait une «conception libérale de laïcité», pratiquant le «en même temps» : «L'Etat est laïc, pas la société.» Tout juste élu, en septembre 2017, devant les protestants de France, il leur dit : «Vous êtes les vigies de la République.» Et le 9 avril 2018, devant les évêques de France, il demande aux «catholiques à s’engager politiquement» estimant que leur «foi est une part d’engagement dont notre politique a besoin».

 

 

La discrimination positive, bras armé du multiculturalisme, arrive peu à peu en France

 

Politiquement, les dirigeants – y compris de droite – ont permis l'avancée du multiculturalisme, avec l'acceptation de la discrimination positive, inspirée par la pratique étasunienne. Durant la campagne présidentielle de 2017, lors d'un entretien pour Le Parisien, Nicolas Sarkozy assumait pleinement une discrimination positive calquée sur le modèle étasunien : «J'aimerais qu'on me dise pourquoi il serait normal de faire de la discrimination positive pour les femmes ou les handicapés, et pourquoi ce serait anormal pour les compatriotes de couleur.»

 

 

Le pouvoir politique n'a certes pas encore fait basculer la France vers un modèle anglo-saxon. Par sa tradition républicaine, séculaire, la France a jusqu'ici résisté politiquement. Jusqu'à quand ?

 

Bastien Gouly

 

 

Source 

L'universalisme français est-il menacé par le racialisme anglo-saxon ?
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18 juin 2020 4 18 /06 /juin /2020 05:40

Qu'ils soient éborgneurs ou pas, arracheurs de mains ou pas, les flics sont traités comme des moins que rien par les pouvoirs publics.

 

Sur la porte d'entrée d'un commissariat d'un quartier un peu bourgeois de Lyon. Du papier froissé, du ruban adhésif qui colle à peine. Des gribouillis à la main.

Misère de la Fonction publique
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