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3 avril 2018 2 03 /04 /avril /2018 05:39

 

 

Á ce qu’on en sait, l’acte héroïque du colonel Beltrame n’est pas survenu par hasard. Officier de gendarmerie, Arnaud Beltrame intègre à l’âge de 30 ans l’Escadron de parachutistes d’intervention de la Gendarmerie nationale, une formation d’élite chapeautée par le Groupement de sécurité et d’intervention. Il y sert comme “ chuteur ”, parachutiste sautant de 8 à 10 000 mètres d’altitude, le plus souvent de nuit. En 2005, il assure – au péril de sa vie – l’exfiltration d’une ressortissante française en Irak, ce qui lui vaut la croix de la Valeur militaire.

 

Homme qui se veut complet, il est diplômé de l’École européenne d’intelligence économique. Chrétien, il est également franc-maçon, membre de la Grande Loge de France de rite écossais, que l’on peut qualifier de plutôt progressiste (cette obédience joua un rôle important dans l’acceptation de la contraception en France).

 

Une semaine avant sa mort tragique, le colonel Beltrame avait connu un drame personnel très éprouvant. Il avait enterré son père, âgé de 71 ans, mort d’une noyade en mer en août 2017. Son embarcation avait été récupérée un mois plus tard mais son corps n’avait été retrouvé qu’en février 2018 dans les filets d’un bateau de pêche.

 

Lorsqu’Arnaud Beltrame décide seul, de son plein gré, de risquer le tout pour le tout, y compris sa vie, pour sauver une employée du supermarché, il n’est pas mû par une impulsion soudaine de tête brûlée. Il se lance en connaissance de cause, avec une arme de poing – dont il ne pourra se servir – et un téléphone portable qu’il pourra laisser branché pendant tout le temps de la négociation. Sa tentative sera couronnée de succès, mais il y perdra la vie.

 

Lors d’un hommage national, le président de la République Emmanuel Macron a qualifié Arnaud Beltrame de « héros français ». Autant je crois savoir ce qu’est un héros, une personne de grand courage, auteur de hauts faits, autant j’ai du mal à concevoir ce qu’est un héros « français ». Tout comme j’éprouverais quelques difficultés à cerner ce qui distingue un héros belge d’un héros portugais. Sophie Scholl et Lucie Aubrac n’avaient pas la même nationalité mais elles menèrent, avec héroïsme, le même combat contre le nazisme. Se lever à mains nues contre la barbarie n’a pas fait de l’une une héroïne « allemande » et de l’autre une héroïne « française ».

 

Macron et les siens peuvent – sincèrement, j’imagine – admirer la geste du colonel Beltrame, tout dans leur parcours, dans leurs pratiques et dans leurs visées indiquent qu’ils sont aux antipodes du héros de Trèbes. Lorsque l’on casse ce qui appartient et sert à tous pour le seul profit d’une infime minorité, on est des destructeurs de civilisation, contrairement au colonel qui tenta, par des heures de discussion, de ramener un fanatique dans la sphère des humains. Lorsque l’on soumet La Poste aux exigences d’Amazon, lorsque France Télécom cesse d'œuvrer pour le bienfait des usagers et devient une pourvoyeuse d’objets au service de clients, lorsque l’on oblige la SNCF à entrer en compétition avec des sociétés privées qu’elle a dû elle-même créer et qu'on la fait fonctionner selon un logiciel mis au point par une entreprise privée étasunienne, on n’a plus que faire de l’intérêt général et de la République. On soumet le bien public à la convoitise du privé qui ne connaît que les égoïsmes et l’immédiat. Lorsque l’on fractionne le peuple des travailleurs (« Vous les anciens de la SNCF gardez votre statut, vous les nouveaux entrants, débrouillez-vous sans »), on tue la fraternité sans laquelle des héros comme Aubrac ou Beltrame n’auraient pu exister.

 

Je dirai que ce qui rassemble les héros, c’est qu’au nom d’idéaux, de grandes valeurs qui peuvent parfois les dépasser, ils agissent pour l’intérêt général contre les intérêts particuliers, le leur au premier chef.

 

La sécurité des citoyens n’est pas un service. C’est un droit. Comme l’éducation ou la santé. C’est en conformité à cette éthique qu’Arnaud Beltrame, pour l’employée du supermarché, mais aussi pour nous tous, est allé, en pleine conscience et en pleine lumière, à la rencontre de son destin tragique.

 

 

Le colonel Beltrame, Macron et le statut des cheminots

 

PS : je ne suis bien sûr pas le seul à connaître cette phrase de Brecht : « Malheureux les peuples qui ont besoin de héros », tirée de sa pièce La vie de Galilée, qui met en scène la lutte entre la science et la théocratie, entre la raison et l'obscurantisme.

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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 05:39


Le beau-père (décédé) de David Halliday, Michel Pastor, possédait 1/3 de Monaco (19 milliards d'euros). Tu essaies de compter les euros un par un, tu es mort avant d'avoir fini.

 

Si ça tombe, le bon Johnny s'est dit : “ Je ne vais pas m'abaisser à donner un peu d'argent de poche à mon Davidou ”.

Un pâtre qui ne pleurait pas misère
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29 mars 2018 4 29 /03 /mars /2018 05:33

 

 

L’ami Maxime Vivas a raconté récemment, sur l’antenne de Radio Mon Païs, l’anecdote suivante.

 

Il y a déjà bien des années, Maxime, écrivain de talent, avait été invité au salon du livre de Villeneuve-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne. Il siégeait à la même table que Tatiana de Rosnay, à l’époque très peu connue, encore moins que lui en tout cas. Le précieux Stéphane Bern déambulait dans les allées, distribuant sourires et poignées de main. Il passa devant la table de Maxime et de Tatiana sans même ralentir. Il fit quelques mètres et se ravisa. Il revint vers ces auteurs à l’époque confidentiels et serra la main de Tatiana de Rosnay.

 

— Vous avez vu, dit Tatiana à Maxime, il m’a serré la main parce que mon nom est à particule.

 

Petit malotru de Bern qui ne savait pas que Maxime Vivas, comme tout hidalgo d’origine espagnole, s’appelle en fait “ Majimo Vivas Pablo Diego José Francisco de Paula Juan Nepomuceno María de los Remedios Cipriano de la Santísima Trinidad Mártir Patricio Domènech Ferrés y Born Alberto Javier Contador Velasco ”.

 

 

 

Une goujaterie de Stéphane Bern
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25 mars 2018 7 25 /03 /mars /2018 18:32

Après avoir remporté les séries du 200 4N des championnats de France N2 de Saint-Etienne, Rébecca remporte la finale toutes catégories en 2 23 72. Dans le classement des performances de tous les temps chez les 14 ans, elle fait mieux que la très regrettée Camille Muffat.

 

Je n'avais jamais éprouvé une telle émotion sportive.

 

Ce temps lui permet d'accéder aux championnats de France “ Elite ”, ainsi qu'à la COMEN, championnat méditerranéen des juniors.

 

Ce qui m'a fait également très chaud au cœur, c'est quand ma voisine de gradin, qui ne savait pas qui j'étais, à dit à sa voisine : “ Tu as vu, c'est la petite qui gagne ! ”.

Un  authentique exploit de Rébecca Gensane
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23 mars 2018 5 23 /03 /mars /2018 06:24

Je reproduis ici un article de Stéphane Riand, de l'1dex.

 

L’1Dex, en son temps, avait expliqué pourquoi, dans un Etat de droit, Cristiano Ronaldo, la star du Real Madrid, ne pourrait pas éviter la prison. C’était le 26 juin 2017. C’est ici.

 

Mediapart enfonce le clou et affirme que Ronaldo, effrayé par la prison, veut négocier. Voici la chose, publiée par trois journalistes de El Mundo.

 

« Plus d’un an après nos révélations sur son argent caché dans les paradis fiscaux, Cristiano Ronaldo change de stratégie : il déclare être prêt à payer ce qu’il doit. À condition que les poursuites pénales soient abandonnées.

 

Sur les terrains de football, Cristiano Ronaldo a bâti sa légende par sa vitesse d’exécution. Pour régler ses contentieux fiscaux, le joueur et son équipe prennent en revanche le temps de réfléchir. Quelque 16 mois après que Mediapart et ses partenaires de l’European Investigative Collaborations (EIC) ont révélé lors des Football Leks que l’attaquant portugais avait placé 150 millions d’euros dans les paradis fiscaux, le quintuple ballon d’or a décidé de rendre les armes, contraint et forcé. À présent, il se dit prêt à payer aux autorités espagnoles ce qu’il leur doit, selon les informations obtenues par notre partenaire espagnol au sein du consortium, El Mundo.

 

Un remords tardif ? Le besoin de se confesser ? L’envie de tout déballer ? Aucunement. Selon les informations de l’EIC, Cristiano Ronaldo a tout simplement peur d’être condamné à une peine de prison. Il est donc prêt à payer le montant que l’administration jugera approprié pour la taxation de ses droits à l’image si la procédure pénale est abandonnée.

 

Pour ne pas perdre la face, le clan Ronaldo estime que cette affaire relève d’une simple « interprétation de la loi » et qu’elle doit donc se régler par la voie administrative, pas par une procédure pénale. De plus, le joueur assure qu’il a toujours ordonné à ses conseillers de payer ce qui était dû – la défense classique des footballeurs.

 

L’entourage du joueur plaide ainsi la bonne foi, en prétendant qu’il a toujours eu la volonté de payer, et qu’il ne s’agirait en somme que d’un malentendu, une interprétation différente des textes. Une version bien peu crédible au vu de l’enquête que nous avions publiée lors des Football Leaks et qui démontrait le mal de chien que s’étaient donné ses conseillers fiscaux, via un montage aux îles Vierges britanniques, pour que Ronaldo échappe au maximum à l’impôt.


 

Dans un état de droit, Cristiano Ronaldo devrait dormir en prison

 

La justice espagnole va à présent analyser l’offre transmise, mais d’ores et déjà, dans un document interne du procureur auquel l’EIC a eu accès, le parquet insiste sur le fait que les déclarations « mensongères » du joueur représentent quatre infractions fiscales, pour une fraude estimée à 14,7 millions d’euros.

 

Le parquet, qui rappelle qu’au vu de la jurisprudence Messi, tous les conseillers et agents du footballeur doivent être mis en examen en tant que co-auteurs des délits, estime même que le joueur devrait actuellement dormir en prison. Quoi qu’il en soit, l’enquête touche à sa fin, et le juge d’instruction espagnol va bientôt devoir décider s’il veut ou non que s’ouvre un procès ô combien symbolique. »

 

Dans un Etat de droit, Cristiano Ronaldo devrait être condamné à une peine ferme, la jurisprudence Lionel Messi le démontrant !

 

Mais, question éminemment Catalane, l’Espagne est-il un Etat de droit ?

 

Cristiano Ronaldo prie pour que la réponse soit négative. Les supporters Merengue aussi.

 

Les partisans d’une justice équitable et égalitaire, et peut-être aussi les fans du Barça, ont l’espoir que le droit et la justice ne sont pas toujours du bullshit.

 

Bonjour à tous les amis de Dominique Giroud !

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14 mars 2018 3 14 /03 /mars /2018 06:35

Sur ce quai, un rebelle : il regarde le monde tel qu'il est, pas par le prisme d'un écran. Où va-t-on ?

Un  quai de gare, un rebelle ...
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13 mars 2018 2 13 /03 /mars /2018 09:50

 

Elle bat son record (meilleure performance nationale de l'année, 14 ans) et termine en finale troisième derrière la nageuse olympique suisse Noémie Girardet. Elle entre dans les “ All Time Rankings ” – la FFN aime le globish – à la 9ème place (meilleure performance de tous les temps, 14 ans).

Le 200 4 nages : le jardin de Rébecca Gensane
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23 février 2018 5 23 /02 /février /2018 06:15

Je reproduis ici de larges extraits d'un article de Stéphane Riand, publié sur son site l'1dex. Cette mort tragique eut lieu lors des Jeux Olympiques de 1912 à Stockholm. Deux ans plus tard, Jean Bouin, grand fondeur français, mourra “ pour la France ” après quinze jours de présence au front, victime, vraisemblablement, d'un obus français mal ajusté.

 

«Morreu como o soldado de Maratona !» C’est ce que des journalistes de son pays, le Portugal, dirent du marathonien Lazaro, dès que se répandit la nouvelle de sa mort, à Stockholm, après le marathon des Jeux de 1912. Ils précisèrent : « Morreu combatendo ! Morreu, como um heroe cumprindo um dever ! » (Il est mort en combattant ! Il est mort comme un héros dans l’accomplissement de son devoir !)

 

« Pour courir à Stockholm, Francisco Lazaro avait à suivre une préparation spéciale, écrira aussitôt après José Pontes (1). A-t-il bien ou mal fait ? Avait-il besoin des compétences d’un hygiéniste ? Non. Il suivit les conseils d’un ami, qui y suppléait, insistant sur la qualité de l’alimentation et sur les vertus de la récupération, pour un athlète qui n’avait assurément pas à se mesurer aux hercules de la terre, mais à se préparer à une course de fond. Lazaro sut ainsi se maintenir en forme, s’entraînant à courir au rythme nécessité par la distance, et ce faisant il était au niveau des meilleurs coureurs du monde. Alors, comment donc expliquer sa mort (2) ?

 

» Voici le témoignage de l’escrimeur Fernando Correia, qui accompagnait notre coureur à Stockholm et que nous avons interrogé sur ce marathon, disputé, en 40 km 200, sur une route allant du stade international à Solentuna et retour. »

 

Nous les sportsmen, nous avions fait de Lazaro le favori pour une grande victoire. Nous pouvons aisément satisfaire la curiosité de ceux qui aimeraient savoir comment se passa le dernier jour. La veille de l’épreuve, Francisco Lazaro et tous les concurrents ont été appelés pour une visite médicale, rigoureuse, avec pincement de la région inguinale, palpation de la région des varices, examen des poumons et du cœur, à l’aide d’un stéthoscope. Les médecins en ont ainsi éliminé quelques-uns, mais Lazaro fut jugé bon pour le marathon.

 

Le lendemain, Lazaro a pris son petit déjeuner à 10 heures [départ de la course à 13 h 30], et il était confiant. A 11 heures, nous étions ensemble au stade, avec d’autres camarades.

 

En automobile, Pereira et Stromp se rendirent au kilomètre 5, qui au retour serait le kilomètre 35. Joaquim Vital se porta au km 15, soit le km 25 au retour.

 

Lazaro courait bien, selon la tactique habituelle, en augmentant progressivement le train. Au retour, au km 25, il avait peu de retard sur le premier. Au passage, il dit à Vital qu’il était bien, en bonne forme, et qu’il avait à peine soif. Il a demandé à boire de l’eau, et le médecin du poste de contrôle y consentit, envoyant un boy-scout satisfaire sa demande. Le boy-scout courait (3), et Lazaro but sans s’arrêter.

 

Ensuite, mes camarades qui se trouvaient au km 35 ont attendu Lazaro avec impatience, mais en vain. Armando Cortezão, qui était à 2 kilomètres du stade, pour aider dans le sprint final, est venu vers moi, au stade. Nous ne comprenions rien à ce retard. Si bien qu’avec Cortezão nous sommes partis par les rues en automobile. Plusieurs automobiles arrivaient avec des coureurs épuisés, mais aucun d’eux n’était notre Lazaro. Nous avons donc quitté les postes de contrôle pour aller nous informer auprès de policiers du parcours. Et Lazaro ? Personne ne savait quelque chose.

 

Revenus au stade, nous avons rencontré notre ambassadeur, o sr. dr. Antonio Feijo. Celui-ci, qui connaissait la tragédie, nous mit au courant. Nous sommes donc partis avec lui pour l’hôpital. C’est ainsi que nous avons appris qu’au km 30, notre malheureux champion avait été foudroyé par une insolation. [On dira qu’il faisait bien plus de 30 degrés durant l’épreuve.] Un médecin l’avait transporté à l’hôpital, et  maintenant il était l’objet des soins dispensés par trois médecins. On lui avait appliqué de la glace sur la tête. Dès lors, notre ambassadeur ne quitta plus l’hôpital.

 

Nous avons interrogé le chef de la clinique, qui nous répondit qu’il s’était occupé de notre énergique coureur. « Une méningite s’est déclarée, dit-il, à cause d’un violent coup de soleil. Son état est grave. »

 

Le choc de cette nouvelle fut terrible. Vers le milieu de la nuit, on a fait à Lazaro des injections d’eau salée, et son état parut s’améliorer, car il a pu bouger ses mains, et dire son nom. Mais ensuite, il s’est mis à délirer, et même à esquisser des mouvements, comme s’il était en train de courir le marathon. Pauvre Lazaro ! Il a expiré à 6 heures et vingt minutes. Imaginez le chagrin…

 

C’était le 15 juillet 1912. Lazaro avait 21 ans. Deux ans plus tôt, il avait remporté le premier de trois titres consécutifs au championnat national. Son meilleur temps, 2 h 52 mn 08 s, datait de quelques semaines.

 

« C’était le premier drame mortel aux Jeux olympiques, observe Volker Kluge (4). Le 20 juillet la population fut conviée à 20 heures au stade olympique pour participer à une fête sportive commémorative. La loge royale avait été décorée d’un grand L. On joua l’hymne national portugais, puis il y eut des exhibitions hippiques (…) et la manifestation s’acheva par un feu d’artifice. Une collecte faite parmi les 23 000 spectateurs rapporta une somme de 14 010 couronnes, ou 3850 dollars, destinée à la famille de Lazaro. Depuis 1924, à Benfica, un quartier de Lisbonne, une ruelle porte le nom de Francisco Lazaro. »

 

Le tragique destin de Francisco Lazaro est au cœur du roman Le cimetière de pianos, de José Luis Peixoto (Babelio)

 

 

(1) José Pontes, Corridas de Maratona, Lisboa, 1912.

(2) Avant les Jeux de Tokyo, au Miroir de l’Athlétisme on eut l’excellente idée d’une rétrospective des Jeux olympiques, confiée à un « historien du sport et romancier ». Curieuse lacune au sujet des Jeux de 1912 (décrits en 146 lignes) : pas un mot de Lazaro ni même du marathon.

De même en 1965, dans son Introduction au sport, Michel Clare dit que « deux fausses notes ont marqué les Jeux de Stockholm ».  L’affaire Thorpe (voir ci-dessus) et le fait que Drew, un Noir américain, grand favori du 100 m, se trouva enfermé dans les vestiaires juste avant l’épreuve, remportée par un Américain blanc. Rien sur Lazaro : sa mort ne faisait-elle pas griotte sur le gâteau ? L’historien allemand Lennartz abonde dans ce sens : « Il est pour le moins étrange, écrit-il en 2005, que bien des reporters contemporains des Jeux de Stockholm n’aient pas mentionné la mort de Lazaro. »

En 1912, Georges Rozet (supr.), témoin oculaire, s’il ne fait aucune allusion à Lazaro, évoque la mort qui planait sur la plus longue course. « Ayant vu sortir du stade ces coureurs en peloton compact, les crânes recouverts de mouchoirs noués [le pauvre Lazaro allait tête nue], à cause du soleil torride, ce que nous attendrons pendant deux heures et demie, c’est l’homme exceptionnel, le spécialiste de l’endurance qui rentrera le premier, probablement seul, sous la porte ogivale par laquelle ils sont sortis soixante. Nous l’attendrons à vide, pour ainsi dire, comme le mot d’un rébus dont nous n’avons pas la clé.

» J’avoue encore que la couronne de laurier, vaste comme une couronne funéraire, dont on alourdira, sur les cent derniers mètres, les épaules du vainqueur, détonne un peu, comme un maladroit essai de reconstitution antique. Et j’en veux au public des incompétents, qui est venu ce jour-là au complet, d’escompter inconsciemment, en conformité avec la légende, l’arrivée d’un homme fourbu, tombant à moitié mort sur la ligne d’arrivée. »

 

(3) « … un de ces petits scout-boys costumés à l’américaine, feutre à jugulaire et foulard jaune noué à la mexicaine, dont Stockholm est rempli, grooms volontaires, aussi débrouillards qu’obligeants, ingénieux produits de la pédagogie suédoise. » (G. Rozet, supr.)

 

(4) Volker Kluge, Olympische Sommerspiele, Die Chronik I, 1997.

Mort tragique d'un marathonien
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19 février 2018 1 19 /02 /février /2018 06:33

Le but du terrorisme est de tuer. Mais c'est aussi de terroriser. Autant on peut tuer quelques poignées, voire quelques centaines de personnes à la fois, autant il est faisable de terroriser tout un peuple. En l'obligeant à être constamment sur ses gardes, en changeant sa manière de regarder le monde, et de vivre.

 

Les terroristes islamistes, puis que c'est d'eux qu'il s'agit actuellement, ont réussi leur coup. Avant, nous eûmes les terroristes basques ou ceux de l'OAS.

 

Dans la plupart des piscines françaises, on a apposé le document ci-dessous. On ne peut que remercier les gens qui se sont attelés à l'élaboration de ce texte. Mais ses recommandations sont dérisoires. Elles n'ont pour seule utilité que d'encourager les usagers à la vigilance. En aucun cas elles n'empêcheront un attentat et des morts.

 

Piscines et terrorisme
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17 février 2018 6 17 /02 /février /2018 06:29

 

 

On connaît tous l’expression « une mine (tête, boule, gueule) d’enterrement », quand on a l’air vraiment malheureux, que l’on mène un proche jusqu’à sa dernière demeure ou non.

 

Assurément, il m’est facile de trouver, après coup, que David Michael Benjamin Smet, dit David Halliday, faisait une drôle de tête lors des funérailles nationales de son illustre père. J'avais d'ailleurs fait remarquer à mes proches qu'il se tenait à distance respectable de sa belle-mère. Savait-il que les grandioses festivités de l’enterrement de son père allaient déboucher sur de sordides batailles d’avocats où, fatalement, tout serait mis sur la table ? Que connaissaient les époux Macron, récents « amis » de Johnny et Lætitia, de cette famille tout de même un peu atypique ?

 

Comme il faut bien rire un peu, cette ambiance fétide m’a rappelé une fine répartie de Sacha Guitry. L’ancienne gloire du théâtre et du cinéma français se trouvait un jour dans un cocktail organisé par une des belles et grandes familles parisiennes qu’il affectionnait tant. Tout allait pour le mieux. Ce qui frappait, manifestement, c’était les échanges très enjoués qui régnaient au sein de la puissance invitante. Un ami de Sacha s’approcha de lui et lui souffla qu’il avait rarement vu des relations de proximité aussi chaleureuses et contagieuses. Sacha lui répondit :

 

— Ils n’ont pas encore hérité…

 

Cela dit, on peut aussi penser que, comme l'a dit un philosophe, ce n'est pas parce qu'il y a des problèmes d'héritage que les gens se détestent, c'est parce que les gens se détestent qu'il y a des problèmes d'héritage. Et ce n'est pas une question d'argent. On a vu des familles exploser en vol pour quatre petites cuillers. Tout est dans le symbole, comme dans l'histoire que je vais vous narrer.

 

Un officier supérieur de l'armée française décède. Il était veuf. Sans être vraiment riche, la famille était à l'aise. Cinq héritiers pour un patrimoine moyen-supérieur composé d'une grande maison, de deux ou trois comptes bancaires et d'une paire d'assurances-vie. Le partage se fait dans les meilleures condition. Un petit problème, cependant. Au cours de ses campagnes et affectations, l'officier avait collectionné une cinquantaine de poignards, disons de style nord-africain. Valeur vénale : au grand maximum 1 000 euros. Devant le notaire, l'un des enfants fait la proposition suivante: “ J'aimerais simplement un poignard, comme souvenir ”. Trois autres enfants disent plus ou moins la même chose. L'aîné prend la parole : “ Cette collection forme un tout, ce serait trahir notre père que de l'éparpiller. Au nom du droit d'aînesse, je réclame tous les poignards. ” Les quatre autres frères et sœurs sont estomaqués mais le notaire les prévient que s'ils font un procès, ils perdront vraisemblablement. Foutu droit d'aînesse … qui n'existe pas en droit réel. L'aîné repart avec les poignards. Il les brade le lendemain chez un brocanteur.

 

Ai-je besoin d'ajouter que, professionnellement, c'était un médiocre alors que ses frères et sœurs avaient remarquablement réussi ?

 

PS : Quand Johnny meurt, Lætitia prévient l'AFP. Mais pas David et Laura. Elle a dû vouloir leur épargner un choc trop brutal.

 

Un bon mot de Sacha Guitry (et Johnny)
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