Une exposition sur les langues s’est tenue le week-end dernier à Lyon. J’étais à deux doigts de m’y rendre, intéressé tout particulièrement par l’orthographe du langage des SMS. Mais je m’arrêtai net devant l’affiche programmatique, méchamment interpellé par le carré orange sur lequel figurait : « Quelle langue parlait Cro-Magnon (ne) ? »
Même au sein d’un aréopage aussi scientifique que celui des organisateurs de cette biennale, la connerie de la bien-pensance avait encore frappé.
Notons tout d’abord que « Cro-Magnon » tout seul ne veut rien dire. Dans les études préhistoriques, on parle de « l’homme de Cro-Magnon ». D’abord parce que le squelette que l’on a le mieux reconstitué était celui d’un homme, contrairement à celui de Lucy qui était celui d’une femme. Un homme tout comme l’était d’ailleurs Toumaï, âgé de 7 millions d’années, découvert par mon collègue de Poitiers Michel Brunet (j’ai tenu en main la demi-mâchoire d’Abel, 3,6 millions d’années, ramenée d’Afrique par Brunet et j’en frissonne encore !).
Pourquoi « Cro-Magon » ? Tout simplement parce que « cro » signifie « trou » – les squelettes de 5 de nos ancêtres furent découvert dans un abri au bas d’une falaise – et « Magnon » était le nom du propriétaire du terrain.
Pour faire plaisir aux précieux qui veulent à tout prix féminiser et raciser, je signale que l’homme de Cro-Magnon, ainsi que sa femme vraisemblablement, étaient plus foncé.e.s de peau que nous, misérable.e.s Françai.e.s d’origine. Je signale également que son cerveau, ainsi que celui de sa femme, j’imagine, était plus volumineux que le nôtre. Enfin, je note que les cinq squelettes découverts il y a 27 680 ans (à 270 ans près) étaient plus grands en taille que la moyenne des Périgordins d’aujourd’hui.
Bref, j’ai tourné les talons. Et aussi les talones !
PS : un collègue de Paris 3 a reçu d'une étudiante (qui ne sait pas qu'on peut dire “ bonjour ” à une copine mais pas à son professeur) la note explicative suivante :