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31 août 2023 4 31 /08 /août /2023 04:50

Il y a ceux qui ne vont jamais en Chine et qui vous balancent des tartines parce qu'ils “ savent", et puis il y a ceux qui prennent la peine d'aller en Chine, pluseurs fois si nécessaire, et qui la racontent telle qu'ils l'ont vue. C'est le cas de Maxime Vivas, écrivain, co-administrateur du Grand Soir.

 

J’étais donc au Xinjiang du 16 au 23 août 2023 avec Aymeric Monville et d’autres curieux, adeptes de Saint-Thomas (et non pas de Saint-Média) pour voir (revoir) de mes yeux ce que les Chinois disent être la réalité et dont leurs ennemis nient l’existence. Retour ligne automatique


C’était mon troisième voyage dans cette région chinoise aux huit frontières, dont l’une, de 76 kilomètres, avec l’Afghanistan.

 

Je signale au passage que mes contradicteurs n’ont jamais mis un pied au Xinjiang. Ils s’instruisent en se lisant entre eux et en lisant des bobards initialement écrits en anglais (suivez mon regard transatlantique), sauf deux : Retour ligne manuel


- Adrian Zenz charlatan international homophobe, misogyne, qui menace les juifs du brasier et qui s’est rendu au Xinjiang en touriste en 2007. Retour ligne manuel


- Laurence Defranoux de Libération qui est allé au Xinjiang en 1997 et qui, depuis, est une lectrice d’Adrian Zenz.

 

Mon précédent livre sur le Xinjiang (1) m’a valu une bastonnade des médias : « Idiot utile, dingo, individu, auteur absurde, extrémiste (de gauche) extrémiste (de droite), complotiste, porte-plume et perroquet des Chinois, acheté par la Chine, relais de la propagande chinoise, fantaisiste, fondateur d’un site qui publie des articles fascistes, mercenaire bien payé par les Chinois, négationniste » et, pour finir, le coup de grâce par le procédé du reductio ad hitlerum, « rouge-brun », c’est-à-dire nazi, alors qu’en vérité, j’ai écrit quatre livres antifascistes (2) et que je suis issu d’une famille espagnole antifranquiste.

 

Ils mentent, salissent et on est obligés de répondre par la recherche de la vérité, démarche chronophage, tandis que le mensonge éjaculé file devant et fait des petits. J’ai écrit sur ce sujet des choses que je recopie ici, pour gagner du temps. Car je suis tout entier occupé à l’écriture d’un second livre sur le Xinjiang et les Ouïghours : Retour ligne automatique


« Nous courons, sur des claquements de langue des affabulateurs : ils veulent qu’on cavale après le leurre qu’ils ont lancé. Et c’est ce que je suis en train de faire. Avec vous. Nous sommes piégés, vous et moi. J’écris, vous lisez sur des mensonges antichinois et non sur des vérités dont nous avons besoin en tant que consommateurs d’informations et en tant que citoyens d’un pays dont des décisions économiques, des accords commerciaux ne peuvent se prendre dans l’ignorance de ce qu’est ce gigantesque partenaire dont on nous serine qu’il va, depuis des décennies, d’échec en échec, de catastrophe en catastrophe sans pouvoir se défaire de la misère et du sous-développement.

 

Des obligés de la CIA, des porte-plumes français de la Maison blanche nous obligent à enquêter sur des rumeurs, des mensonges, des drames inventés, sur un supposé sadisme d’Etat, au lieu d’aller regarder avec vous des sources plus neutres comme des rapports sur la Chine émis par la Banque mondiale, le FMI, l’OMS, l’ONU, la FAO, l’UNESCO, etc. Les leurres détournent notre attention des drames réels, prouvés, filmés comme celui évoqué dans le JT de France 2 le 11 septembre 2020 : « 10 millions d’enfants esclaves en Inde ». Cela ayant été montré en 4 minutes et 30 secondes dans le reportage, passons à autre chose, n’y revenons pas chaque jour, n’en faisons pas des titres et des débats, bref, oublions. L’Inde est un pays ami. N’allons pas pousser à des déclarations de nos politiques, à des manifestations à Paris sur la place du Trocadéro avec des pancartes « Free indian children ». N’allons pas demander des sanctions du gouvernement français, de l’Union européenne, un vote de condamnation à l’ONU. L’ennemi, c’est la Chine. N’oublions pas.

 

En attendant, jouant sur l’émotion, notre classe politique et médiatique occidentale prend le pari risqué de faire gagner le mensonge, en oubliant qu’il finit toujours par se retourner contre les menteurs. La raison pour laquelle j’ai été à ce point insulté et moqué dans les médias français est que j’ai écrit en 2020 mon livre sur les Ouïghours à un moment où j’étais seul à crier la vérité en librairie. Je ne suis plus seul (3). Et j’avais fait un pari : les valets des Etats-Unis allaient m’attaquer ad hominem. Un proverbe dit « Quiconque sort de la tranchée s’expose à la mitraille » et un autre « Le clou qui dépasse appelle le marteau ». Donc, je savais que je recevrais du fer et des coups. Mais je savais aussi que le temps joue pour moi et que, contrairement à mes confrères, je pourrai, plus tard, proposer de relire ce que j’ai écrit. Retour ligne automatique


Cette certitude, de pouvoir faire cela m’a aidé à subir sans fléchir, mais non pas sans réfléchir. Par exemple : Retour ligne manuel
- Puisqu’il y avait 500 000 esclaves dans les champs de coton, pourquoi les photos satellites ne nous les ont jamais montrés, et les milliers de gardes, et les baraquements ? Retour ligne manuel


- Puisque des millions de Ouïghours sont affreusement traités, humiliés, empêchés de prier, obligés de manger du porc, mis dans des camps de concentration, tués, amputés pour prélèvements d’organes, comment ce fait-il qu’il n’y ait pas eu d’exode (le Xinjiang a huit frontières) comme on en voit en Ukraine où six millions d’Ukrainiens ont fui leur pays ?Retour ligne automatique


Mais une autre réflexion démoralisante m’est venue : combien de fois, ai-je écrit le mot désignant une chose qui n’existe pas mais dont il faut parler par la volonté des ennemis de la Chine ? Des dizaines et des dizaines de fois. Ce mot est « génocide ».Retour ligne automatique


Oui, ils nous font courir. Nous courons derrière la ba-balle qu’ils ont lancé. C’est ce que je viens de faire. Je vous ai entraînés avec moi. Mais ce qui serait grave, c’est de ne pas en être conscients, de se contenter de se défendre, d’oublier de contre-attaquer, de refuser le combat ».

 

Je suis donc reparti en août 2023 au Xinjiang avec deux autres journalistes qui se feront connaître ici s’ils veulent et avec mon éditeur, Aymeric Monville (Editions Delga) qui a écrit, à chaud, des articles classieux sur ce qu’il a vu. Ici et  ici.

 

Je vais me borner, avant de retourner à mon manuscrit, à vous livrer quelques réflexions et anecdotes :

 

Votre entourage qui ne lit pas Le Grand Soir sait que la langue ouïghoure est interdite et que la religion est proscrite. Nous avons rencontré au Xinjiang des inconscients qui l’ignoraient : Retour ligne manuel


- à Kashgar, l’imam de la plus grande mosquée du Xinjiang (4) nous a parlé uniquement en ouïghour assisté d’un interprète qui traduisait en mandarin. Retour ligne manuel


- Nous avons vu des panneaux indicateurs et des enseignes de magasins en mandarin et en ouïghour. Retour ligne manuel


- Nous avons visité un « camp de concentration » (en vérité un ex-centre de formation ou de déradicalisation devenu école). Pour nous faire visiter : l’ancien directeur du centre et la directrice de l’école. Dans les dortoirs des étudiants (huit lits), au-dessus de leur plan de travail, les étagères portaient des livres, en mandarin, en ouïghour, en arabe. Retour ligne manuel


- Nous avons visité une famille dont les trois enfants apprennent à l’école le mandarin et le ouïghour. Retour ligne manuel
 

- Nous avons visité, jusqu’à minuit passé, le Grand Bazar de Kashgar. Je le connaissais pour y être allé (le jour) en 2016. Devant l’entrée était alors stationné un gros engin militaire haut sur roue. En 2018, avec ma compagne, nous n’avons guère pu nous y aventurer sans être accompagnés d’un policier en civil, armé. En 2023, nous sommes au milieu d’une foule bariolée et décontractée : des couples, des enfants, des jeunes filles aux shorts courts et effrangés ou aux jupes bien au-dessus du genou (n’oubliez pas, de l’autre côté de la frontière, c’est l’Afghanistan).Retour ligne automatique


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- Nous avons visité l’école coranique d’Urumqi (la Medersa ou Madrassa, ou Madrasah ) qui compte 1000 étudiants et avons vu, prenant leur repas à la cantine, une centaine de jeunes Ouïghours venus en ces lieux pour passer l’oral du concours d’accès à l’université. Objectif : devenir imam. Retour ligne manuel


- A l’école coranique d’Urumqi, comme je parle de Michelle Bachelet, le mollah me prend familièrement par le bras et m’entraîne d’autorité dans une grande salle. Y trône une longue table flanquée de chaises. Le mollah en tire une : c’est là que s’est assise Michelle Bachelet, la Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU. Je m’y assieds illico (histoire de faire entrer mes fesses dans l’Histoire). Au mur, des rayonnages avec des livres et des revues. On m’en apporte : écrits en mandarin, arabe, ouïghour.Retour ligne automatique


Je me suis demandé comment la Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU pourrait se démarquer, sans les traiter de menteurs, de ceux qui parlent de l’éradication de la culture et de la langue ouïghoure. Elle s’en est sortie habilement (chapeau, l’artiste !) comme suit dans sa déclaration du 28 mai 2023 à Beijing (les troncatures entre crochets sont de moi, vous allez voir pourquoi) :

 

En ce qui concerne la Région autonome [...] il est important que l’identité linguistique, religieuse et culturelle des [...] soit protégée, que le peuple [...] soit autorisé à participer pleinement et librement aux décisions concernant sa vie religieuse et qu’un dialogue puisse avoir lieu. J’ai discuté des politiques éducatives dans la Région autonome [...] et souligné l’importance pour les enfants d’apprendre dans leur propre langue et dans le respect de leur propre culture dans leur famille ou leur communauté ».

 

Entre les crochets, elle parle du... Tibet, des Tibétains. Rien sur le Xinjiang sur sa culture, sur la langue ouïghoure. Les critiques, craintes, recommandations sur ce sujet viendront plus tard, le 31 août 2023 dans un document de 45 pages (improprement appelé « rapport » par nos médias) édité par l’ONU, treize minutes avant la fin du mandat de quatre ans de Michelle Bachelet et où son nom ne figure pas.

 

Pour conclure (5), je prétends que les militants qui charrient les âneries made in USA sur le Xinjiang devraient faire attention. On peut ne pas aimer le système politique chinois, mais c’est le seul rempart contre la transformation de cette région en califat. Soutenir les partisans d’une partition, de la création d’un « Turkestan Oriental », c’est tisser des tchadors, jeter des fillettes de 9 ans dans le lit de sexagénaires, interdire l’école à la moitié de la population coupable d’être du sexe féminin, entasser des pierres pour les lapidations, aiguiser les couteaux à égorger les infidèles. La férocité des attentats terroristes qui ont frappé la Chine naguère interdit toute mansuétude dans la lutte contre les trois fléaux (le terrorisme, le séparatisme, le fondamentalisme), n’en déplaise aux Occidentaux.

 

On voit beaucoup trop en France de pacifistes bellicistes, de libertaires liberticides et de féministes féminicides.

A suivre.

Maxime VIVAS 

Notes :

« Ouïghours, pour en finir avec les fake news » (décembre 2020, éditions « La Route de la soie ».Retour ligne automatique
2 Dont « Marine le Pen amène le pire », éditions Golias, 2004. Maxime et Frédéric Vivas.Retour ligne automatique
3 En 2021, j’ai dirigé avec Jean-Pierre Page la rédaction du livre « La Chine sans oeillères » réunissant des intellectuels du monde entier (Editions Delga). En 2022, j’ai écrit avec Jean-Pierre Page et Aymeric Monville «  Les divagations des antichinois en France » préfacé par le contre-amiral Claude Gaucherand.Retour ligne automatique
4 Pour en savoir plus sur cette ville, sa mosquée ses fidèles, il suffit de taper sur votre moteur de recherches « Kashgar mosquée » et vous allez voir des vidéos comme celle-ci : Retour ligne automatique
https://www.youtube.com/watch?v=-HYrHyPTYgQ&ab_channel=TravelXinji...Retour ligne automatique
5 Mais ne manquez pas de lire sur ce site les articles d’Aymeric Monville.

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commentaires

A
L'argument selon lequel il faudrait être aller quelque part pour s'exprimer avec justesse sur ce quelque part est...comment dire ? ...insuffisant.<br /> Évidemment celui qui y est allé connaît physiquement le lieu, il peut voir et même mieux sentir l'atmosphère comme disaient Jouvet et Michel Simon.<br /> Cependant on peut opposer à cette assertion que celui qui s'y est rendu n'a observé des lieux que ce qui se trouvait autour de sa personne et que lui-même les traverse avec toute sa subjectivité même s'il s'astreint à s'en détacher.<br /> Je dirais plus : si nous partions de cette règle tous les historiens seraient illégitimes puisqu'ils n'étaient ni contemporains de l'époque dont ils parlent et forcément absents des lieux qu'ils décrivent.<br /> J'ajoute qu'un chercheur étasunien dans son université et n'ayant jamais mis les pieds en France peut être - j'allais écrire : est - plus savant sur l'état de notre pays que bien des français. <br /> Il ne s'agit pas d'opposer celui qui se rend dans un lieu à celui qui l'étudie à partir des documents car les 2 démarches peuvent être complémentaires et surtout ne doivent pas être excluantes l'une de l'autre.<br /> Le globe-trotter jouit d'un apriori favorable auprès du grand public, le chercheur est méconnu car il est, comme on dit, moins sexy pourtant ce dernier devrait avoir droit tout autant sinon plus à notre considération car son travail nécessite un travail précis et une patience de clerc. <br /> En écrivant la précédente phrase j'ai en tête des lignes de la postface de Daniel Boorstin pour son livre LES DÉCOUVREURS 1983 édition US/1986 édition française.<br /> Il écrit ceci :<br /> " En écrivant ce livre, j'étais entouré de dictionnaires et d'encyclopédies qui m'ont aidé pour les sujets que j'avais choisis et m'ont entraîné vers d'autres sujets et personnes que je n'avais pas songé à explorer. L'Encyclopeadia Britannica, que j'ai eue assez tard dans dans mes recherches, a été une véritable bénédiction et m'a délicieusement ouvert les yeux grâce à une bibliographie parfaitement à jour que je n'ai cessée de consulter. Moi qui suit un vieil aficionado des dictionnaires, ouvrages de référence et autres traités généraux, je n'ai jamais trouvé mieux pour repérer les ouvrages essentiels. Et puis il n'y a aucune excuse à ne pas poursuivre une pensée fugitive ou à ne pas vérifier un fait étonnant ou incertain."<br /> Si je cite ces lignes c'est qu'il y avait avant internet et le clic qui facilite l'écriture un vrai travail non seulement intellectuel mais aussi physique car il fallait se déplacer pour rechercher les documents ne serait-ce que parmi les étagères d'une bibliothèque ou d'une bibliothèque à une autre. La tâche était ardue et patiente.
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V
Oui, je sais et " A beau mentir qui vient de loin". "Ils" m'ont montré ce qu'ils ont voulu. Mais ce que j'ai vu, je l'ai vu. Je ne crois pas qu'ils aient mobilisé des milliers de figurants. Quant à ceux qui me contredisent, ils ont voyagé aussi, mais dans des articles et documents, sans chercher à voir qui les a écrits. Au bout de 3 voyages j'en sais plus que les reporters moquette-machine-à-café du Monde et de Libé. Leurs sources, je les connais autant qu'eux. Plus même, j'ai fait des recherches. Je ne leur reproche pas de mal voir, mais de mentir. Laissons du temps au temps. La historia me absolvera.<br /> MV<br /> PS.Vous devriez lire mon livre : "Ouïghours, pour en finir avec les fake news".

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