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22 octobre 2023 7 22 /10 /octobre /2023 05:01

Celle-ci, tout le monde la commet : « Je pars à Paris ». « Partir » implique le mouvement », « à » signifie qu’on y est. Dire « partir pour Paris ». En tout cas, partir à temps.

 

« Une rue passagère » est délicat, mais pas « un oiseau passager ». Une rue sera passante. On y verra sûrement « ces belles passantes qu’on n’a pas su retenir » (Antoine Pol/Georges Brassens).

 

Au fait, ça ne vous « gratte » pas, ça vous « démange ».

 

Attention à l’expression « péril en la demeure » car le péril n’est pas dans une demeure, même pas la dernière. Demeure vient de demore (retard). L’expression signifie donc qu’il y a danger à rester sans rien faire.

 

Une des confusions les plus courantes, et dont on peut se rendre coupable vingt fois par jour : « prêt de, près à ». Près est un adverbe qui est le contraire de loin : « Il habite loin ? Non, tout près ». Nous sommes dans une proximité dans le temps et l’espace. Quand il n’est pas d’honneur, prêt est un adjectif synonyme de décidé, préparé : « Á vos marques, prêts, partez ! », « Je suis prêt à toute éventualité », « je suis fin prêt pour le recevoir ».

 

Si nous avons les oreilles rebattues et non rabattues, c’est tout simplement parce que nous ne sommes pas des cockers.

 

Á écrire au fronton de toutes les salles de classe en lettres d’or : « Je m’en souviens », « je me le rappelle ». « Rappeler » est transitif direct, « se souvenir » est exclusivement pronominal.

 

« Ressortir » : un verbe plutôt pervers (sauf quand il s’agit de sortir de nouveau). Il y a le ressortir du troisième groupe qui signifie apparaître par contraste (tous les détails ressortaient nettement) et celui du deuxième groupe, qui n’est pas de la compétence (ce crime ne ressortit pas de cette juridiction, à l’imparfait : ne ressortissait pas).

 

Bien faire la différence entre des chemises rouges et bleues (certaines sont rouges, certaines sont bleues) et des chemises rouge et bleu (toutes les chemises sont rouge et bleu) . Donc « des drapeaux bleu, blanc, rouge.

 

« Un crime soit-disant sans pareil » est impossible. Le crime n’étant pas une personne, il ne dit rien. Donc : « un crime prétendument sans pareil.

 

« Cela m’a stupéfait » : non car il n’y a pas de verbe stupéfaire. Dire « cela m’a stupéfié », qui, à l’origine, était très fort (stupefacere = paralyser). D’où « les stups ».

 

Ne pas dire « Je l’ai lu sur le journal » à moins que, assis, vous l’ayez lu d’un derrière distrait, mais « dans le journal ». Sinon, on ne s’arrête plus : « Je l’ai rencontré sur le train », « J’habite sur Lyon ».

 

Ne pas oublier que dans « HLM » « H » signifie « habitation ». Donc « une HLM ». Et avoir à l'esprit qu'un CRS, ça n'existe pas, même SS. Le C de CRS signifie "compagnie".

Le français, langue des gourances (VI)
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commentaires

G
Mon ami J-C me transmet les remarques constructives suivantes : "Juste une remarque supplémentaire sur tes gourances du jour : comme tu mentionnes "près", je suis étonné que tu n'aies pas parlé de celle qui m'horripile et qu'on entend tous les jours à la radio, à la TV et dans la rue : "*elle n'est pas prête de partir", par confusion phonétique entre l'adjectif "prêt, prête", qui se construit avec la préposition "à", et l'adverbe "près", qui, lui, se construit avec "de", mais reste bien entendu invariable, puisque c'est un adverbe...<br /> A propos, tu pourras faire remarquer à ton fidèle lecteur qui a laissé un commentaire et parle de "au jour d'aujourd'hui" que "aujourd'hui" est déjà lui-même un pléonasme ("au jour d'hui"), et que donc il s'agit d'un pléonasme au carré...<br /> <br /> Et tant qu'on y est, une autre qui me fait hurler à chaque fois : quand il est question d'une GAMME de produits (automobiles, par exemple), tu vas entendre et même lire (si, si...) "HAUTE GAMME", "BASSE GAMME" et "MOYENNE GAMME" (j'ai même lu de mes yeux "MOYEN DE GAMME" !!!!) alors qu'il n'y a bien sûr qu'une seule gamme et qu'il convient de dire "HAUT DE GAMME", "MILIEU DE GAMME" et "BAS DE GAMME". Ecoute bien, c'est quotidien aussi. Je pense que la confusion est partie de "haut de gamme", qui prononcé un peu vite va induire la confusion entre la sonore D et la sourde T et être perçue comme "hauTe gamme", et ensuite que la chose se normalise par recherche de cohérence avec les deux autres adjectifs. C'est un cas classique de eggcorn, comme disent les linguistes et lexicologues anglophones... mais qu'est-ce que c'est énervant !"
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A
Merci à votre ami " J-C " pour ses remarques " constructives. Il a parfaitement raison : le pléonasme est double voire triple puisque " hui " en latin " hodie " est lui-même la contraction de " hoc die " : ça donne aujourd'hui : au jour de ce jour de ce jour. " La peste soit de l'avarice et des avaricieux " ! (Molière, L'Avare). <br /> <br /> En tout cas merci à vous pour vos billets et vos commentaires qui me donnent encore l'impression et me permettent d'être dans " ce monde " !
A
"Je me rappelle ce jour-là et je me souviens de ce jour-là ! " Nous avions sur les murs de classe (CM1 CM2 : les deux sections étaient ensemble et notre instit s'en occupait tour à tour) de grosses bandes de papier décoré (souvent avec des fruits !) avec des phrases écrites dessus : je me souviens de cette histoire et je me rappelle cette histoire". " Je pars pour Paris et j'y vais en train ou par le train " . Ouf ! les deux expressions sont autorisées " et notre instituteur avec une longue baguette nous les faisait répéter. <br /> <br /> Quant au pléonasme " au jour d'aujourd'hui " il est de plus en plus employé par des journalistes ! " Je monte en haut ou je descends en bas ? "
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