Le jour où l'on a pensé de moi que j’étais anarchiste

Cela se passait il y a environ 35 ans à Salzbourg. Je résidais pour quelques jours chez des amis allemands qui avaient eu la grande gentillesse de m’offrir une soirée à l’opéra où l’on jouait Le Crépuscule des dieux.

Ce soir-là, il faisait environ 15 degrés en dessous de zéro. J’enfilai un pull en laine, bien épais et à col roulé, puis un blouson de cuir double épaisseur.

Arrivés devant l’employé qui vérifiait les billets, mes amis et moi devisions tranquillement en français. L’employé me dévisagea d’une manière presque hostile.

Que lui avais-je donc fait, demandai-je à mes amis ?

– Le problème, c’est ton col roulé, me dirent-ils. Tous les spectateurs hommes portent soit une cravate, soit un nœud papillon. Á l’époque de Karajan, on ne t’aurait pas laissé entrer.

J’imagine que la scène musicale salzbourgeoise s’est rapidement remise de ce coup de force honteux.