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21 juin 2024 5 21 /06 /juin /2024 05:01

 

ATTENTION : ÊTRE CONTRE L'IMMIGRATION DE TRAVAILLEURS NE SIGNIFIE PAS ÊTRE CONTRE LES IMMIGRÉS

Tant que le problème de l'émigration n'aura pas été réglé, se posera celui de l'immigration. De manière de plus en plus aigüe.

 

Par Gilles Questiaux

 

Pourquoi être opposé par principe à l’immigration de travailleurs ?

Parce que le peuple n’en veut pas. L’immigration introduit une concurrence sur le marché du travail, sur le logement et sur les services publics qui est défavorable aux intérêts populaires.

Sur le plan culturel, aussi, il y a un rejet populaire de l’immigration de masse sans assimilation : les bourgeois vivent entre-soi, les intellos vivent entre-soi, et bien le peuple aussi veut vivre entre-soi, et il semble qu'à tort ou à raison la démocratie et le respect de la volonté de la majorité n’ait plus aucune importance quand on en arrive aux desiderata qui sont dominants dans les classes populaires quand ils contredisent le consensus idéologique des classes moyennes.

Mais il faut aussi penser à l’intérêt des immigrés eux-mêmes :

Parce que les immigrés sont surexploités, méprisés, relégués aux tâches et dans les quartiers dont personne ne veut. Défendre les droits des travailleurs, y compris des travailleurs immigrés signifie qu’on demande l’arrêt de l’immigration de travail qui renouvelle de manière continue la main d’œuvre corvéable et qui gêne particulièrement l’intégration qui se fait principalement par le travail non-qualifié des enfants des immigrés de la cohorte précédente.

L'immigration de masse de travailleurs précaires en situation irrégulière, mais volontaires et motivés pour toutes les tâches que les métropolitains refusent de faire - pour différentes raisons, certaines valables, d'autres non - habitue petit à petit les nations occidentales riches, blanches et de culture chrétiennes à une ségrégation de fait et à la formation de castes ethniques hiérarchisées suivant la couleur de la peau ou la religion, dont les membres ne sont pas égaux, ni devant la police, ni devant la justice, ni par rapport aux possibilités d’éducation et particulièrement sur le lieu de travail, dans des branches d'activité de plus en plus ethnicisées. La logique de l’immigration, c’est la formation progressive de sociétés d'apartheid.

Et pour finir, l’intérêt du développement des pays d’origine : les migrants sont pour la plupart non des paysans sans formation, et encore moins des réfugiés, mais des jeunes hommes instruits, pour lesquels la migration signifie une re-prolétarisation. Les efforts d'éducation et de formations de cadres des pays en développement et des pays socialistes sont contrecarrés ou même anéantis par la migration des travailleurs qualifiés et des diplômés, et la compensation opérée par les transferts de revenus vers le pays d'origine n’est pas équivalente au préjudice majeur qui a été subi par ces pays..

Les éléments qui auront réussi leur ascension sociale dans les diasporas originaires du Sud ou de l’Est pourront servir ensuite d’interface pour l’ingérence néocolonialiste et néo-impérialiste dans les pays d’origine (comme par exemple en Ukraine, où des Canadiens descendants impénitents des réfugiés néonazis acclimatés dans ce pays après 1945 ont pris le contrôle de la vie politique).

Défendre et favoriser les migrations, au-delà de la simple protection physique des migrants en danger qui va de soi, c’est dans les conditions du monde moderne, enfoncer une porte ouverte. C’est défendre un des piliers de l’impérialisme économique et idéologique, et des politiques antisociales métropolitaines.

Lutter contre les migrations est cependant voué à l'échec : les États occidentaux embringués dans l'UE et dans l'OTAN n’ont plus la capacité de fermer leurs frontières, et les migrations de travailleurs continueront tant qu’il y aura dans les métropoles la demande pour la main-d’œuvre exploitable. Croire que le RN va y parvenir, ou même essayer de le faire, que ce soit pour l’espérer ou pour le redouter est s’illusionner complètement.

Sur cette question comme sur bien d'autres, les exploités dépolitisés sont plus lucides que les militants idéologisés qui voudraient les représenter.

Pourquoi doit-on être opposé par principe à l'immigration de travailleurs ?
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commentaires

A
On oublie ou on l'a oublié ou peut être même certains ne le savent pas qu'aux siècles précédents mais surtout en raison d'un plus grand nombre, l'immigration se faisait à l'intérieur du pays. Lorsque la pression de la concurrence entre travailleurs du cru et ceux venus des autres territoires du pays se faisait plus forte on en arrivait à des conflits entre eux. Je me souviens avoir lu qu'après les révolutions de 1830 ou de 1848 - je ne sais plus laquelle des 2 - il y eut des manifestations des ouvriers parisiens pour demander le retour dans leur région des moins anciens arrivés. il y eut également Le massacre des Italiens d'Aigues-Mortes à la suite d'événements survenus les 16 et 17 août 1893 , à la Compagnie des Salins du Midi, par des villageois et des ouvriers français. Gérard Noiriel dans le livre qu'il a consacré à ce sujet décrit très bien l'origine de cet événement. Il s'agit d'une concurrence dans cette activité saisonnière entre des travailleurs français migrants de l'intérieur et allant se louer dans tout le pays selon les opportunités avec des italiens qui se rendaient de même à chaque saison pour effectuer la collecte du sel.<br /> On constate donc que les choses si elles ont changé c'est en pire compte tenu de la pression démographique et des choix politiques qui favorisent une dégradation généralisée entre les pays et à l'intérieur de ceux-ci. <br /> Je ne veux pas insister sur la différence qui est faite entre expatrié et immigré mais on comprend bien qu'il s'agit de faire les concernant une ségrégation sociale et disant le une classification concernant la qualité professionnelle des uns et des autres et accessoirement humaine. Les expatriés sont ainsi non seulement tolérés mais invisibles<br /> je ne sais pas comment ça se passe dans d' autres cultures mais j'ai tendance à croire que tous les groupes humains ont une réaction instinctives de rejet quand le nombre de nouveaux venus modifie les équilibres précédents. Pour cette raison il semble que tous les projets qui comptent uniquement sur un discours de tolérance sont vains.<br /> Par conséquent on peut affirmer que personne défend l'immigration qui est comme il est dit ici la conséquence inéluctable des logiques en œuvre avec des degrés plus ou moins grands de pauvreté.<br /> Certains ont beau répéter qu'on se trompe de cible en visant les conséquences et non les causes leur discours accroche peu. Mais même dans l'hypothèse où par miracle cette logique serait acceptée, l'inertie ingérante à la mise en œuvre d'une telle politique ne stopperait pas brutalement l'immigration en cours. <br /> Donc il ne s'agit pas d'être pour ou contre mais plutôt de recentrer le débat sur les réponses politiques sérieuses à apporter.<br /> Enfin je doute que " les exploités dépolitisés ( soient ) plus lucides que les militants idéologisés qui voudraient les représenter." parce que quand on est en situation permanente de survie tout notre corps et notre esprit sont tendus vers cette objectif et que tout le reste est invisible ou déplacé. C'est injuste de qualifier d'idéologisés les militants qui œuvrent difficilement pour défendre le sort de ces personnes déplacés car que peut-il être fait d'autre en attendant l'avènement difficilement probable de l'exploitation généralisée du Monde.
Répondre
A
Erratum<br /> Inertie inhérente et non ingérante <br /> En attendant non pas l'avènement...de l'exploitation mais LA FIN de l'exploitation <br /> Preuve qu' un écrit est comme certain plat, il faut le laisser reposer un peu avant de le servir

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