Lyon et les Lyonnais ont toujours voulu égaler Paris et les Parisiens. Dans le domaine de l’insécurité et de la violence, ils tiennent le bon bout.
Roland Barthes disait que le fait divers est une information totale ou plus exactement immanente. Il contient en soi tout son savoir : point besoin de connaître rien du monde pour consommer un fait divers. Et il ajoutait qu'en dépit de son aspect futile et souvent extravagant, il porte sur des problèmes fondamentaux, permanents et universels : la vie, la mort, l’amour, la haine, la nature humaine, la destinée…
Alors j’ai brouté dans les sites de Lyon Mag et Actu Lyon. Ma pêche – passons d’une métaphore éculée à une autre – fut très fructueuse. Et encore me suis-je contenté de la période allant des vacances de Noël à aujourd’hui.
Je commence par un fait divers qui, mi-décembre, a bien ravivé ma douleur à l’épaule et au bras : à Villeurbanne, une femme a été renversée par un trottinettiste qui a pris la fuite. Depuis que cette mésaventure m'est arrivée, j'ai interrogé 2 ou 3 dizaines de de personnes, voisins ou commerçants et tous m'ont dit que se faire faucher par une trottinette était devenu quelque chose de banal à Lyon.
Beaucoup plus sérieux, le 28 décembre 2024, il y a eu des tentatives de pillage, des tirs de mortiers et des dégradations dans la ville ; des bandes de jeunes ont semé la terreur, en particulier dans la Presqu'île et le quartier de la Guillotière. Des vitrines ont été dégradées. Des pillards s’en sont pris au carrousel de la place Antoine Jutard alors que des enfants étaient dedans et ils ont même installé une barricade improvisée dans le quartier populaire à cheval sur les 3e et 7e arrondissements.
Dans le quartier de la Part-Dieu, quartier très commerçant on le sait, un vendeur de parfum a été cambriolé pour un montant de 30 000 euros. Il est vrai qu’en matière de parfum la note monte vite.
Le 30 décembre vers 15h00, une quarantaine de jeunes cagoulés ont semé la pagaille dans la même zone. Malheureusement pour eux, les CRS avaient anticipé et pris rapidement le contrôle de la situation. 22 personnes ont été interpellées.
Lors de la nuit de la Saint-Sylvestre, une centaine de voitures ont brûlé dans l'agglomération lyonnaise dont une vingtaine dans Lyon même.
Au tout début de janvier 2025, un enfant de 2 ans a été blessé par un tir de mortiers d'artifice ; il a été touché à la tête peu après minuit place Bellecour. Son pronostic vital n'est pas engagé mais il risque une infirmité permanente.
Dans la plaine des jeux de Gerland situé dans le 7e arrondissement, un quartier très sportif, la situation ne fait que s'aggraver en matière de prostitution. Ce quartier compte 8 terrains de football, un terrain de hockey et 2 terrains de rugby. Malgré les mesures annoncées par la mairie et la préfecture, ainsi que les demandes répétées des parents, la situation ne cesse de se dégrader depuis plus de 3 ans dans ce que l'on peut considérer comme le poumon sportif de la ville. Dans cet espace qui devrait être uniquement consacré au sport et à la jeunesse, les parents qui conduisent leurs enfants sont effarés par ce qu'ils voient. Par exemple des prostituées dénudées, des clients au comportement parfois obscènes, des individus drogués. Ces parents se demandent comment expliquer à un enfant de 8 ans de tels spectacles.
Pour parler d'un fait divers qui a beaucoup ému des jeunes parents de Lyon il y a 2 ans, un bébé de 11 mois a été tué avec du Destop par l'employé d'une crèche. Le procès doit s'ouvrir dans 2 mois environ à Lyon.
Tout récemment un promeneur – qui aurait pu être moi – a été agressé au couteau sur le quai Arloing en pleine journée. Deux suspects sont recherchés, des traces de sang étant encore visibles sur les lieux le lendemain.
Dans un tout autre genre, début janvier, la police a interpellé un frotteur dans le métro dans le centre-ville de Lyon. Un événement banal sauf pour la personne frottée.
Le maire de Lyon Grégory Doucet a été récemment menacé de mort. Il a reçu des messages de haine. Des tags menaçants ont été dessinés sur les plaques de bois installées sur les vitres brisées d’un local prévu pour accueillir une centaine de migrants mineurs. On pouvait y lire : "Chez toi Doucet les clandos", "Doucet écolo facho" et surtout cette menace de mort "Doucet au moindre problème ta vie tu risqueras".
On peut penser que ces “ manifestations ” ont été le fait d’activistes d'extrême droite.