J’avoue ne pas très bien comprendre l’expression de la campagne par voie d’affiches sur les murs lyonnais contre le milliardaire catholique de droite Bolloré.
Lorsqu’on lit – en passant, et même en s’arrêtant – « Relayer les idées de l’extrême-droite et polariser les opinions », on pense immédiatement qu’on est en présence d’une affiche du Rassemblement National.
Lorsque l’on regarde attentivement une affiche qui nous demande de boycotter Bolloré parce que son projet est « fasciste », et qu'on a sous les yeux une liste de publications appartenant au groupe Bolloré comprenant des publications du genre Femme actuelle, Géo, National Geographic, Cuisine, Télé Loisirs qui n'ont rien à voir avec le fascisme et que nous sommes censés « afficher Bolloré », on n’y comprend plus rien.
Enfin, lorsqu’on nous suggère de « désarmer Bolloré » au cours de 5 journées d’action, sans que l’on sache où les actions ont lieu et que, pour nous encourager, on nous propose une photo aussi géniale que rebattue datant de 1936 montrant Charlie Chaplin broyé par une machine dans son film Les Temps modernes, on trouve cela bien gentil mais complètement ringard. En tout cas sans rapport avec les deux autres affiches qui s’en prennent, à juste titre, à la puissance idéologique du grand patron.
Je terminerai par une anecdote presque personnelle. Durant la seconde moitié des années 1970, je résidais et travaillais à Abidjan. Un de mes amis était employé dans une entreprise appartenant à la famille Bolloré. Un jour, Vincent, qui n’avait pas trente ans, débarque sur ses terres abidjanaises. Á ce moment-là, il ne connaissait rien à l’Afrique. Il convoque les cadres de son entreprise pour faire le point. Chaque fois que l’un d’entre eux osait émettre une suggestion ou une infime critique, il se voyait rembarré par un « le patron, ici, c’est moi ! ».