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8 mars 2025 6 08 /03 /mars /2025 06:01

Vu tout récemment From Ground Zero (allusion tristement ironique au Ground Zero de New York), ce puissant film à sketches réalisé par 22 cinéastes palestiniens. Pour que son histoire ne fût pas oubliée, ce film était dramatiquement nécessaire à ce peuple que beaucoup voudraient voir évanoui du monde tel qu'on le voit et tel qu'on en a conscience.

 

La forme de ce film est intéressante car il est constitué de 22 courts métrages dont 13 documentaires, quelques films de fiction, des films d'animation et des films expérimentaux sur Gaza et son peuple à l'occasion de la guerre entre Israël et le Hamas en 2023-2024.

 

Coordonné par Rashid Masharawi, il a été produit par la Palestine, la France, le Qatar, la Jordanie et les Émirats arabes unis. Pour Masharawi, le drame qui se déroulait dans le pays était si effroyable qu'il fallait donner le point de vue, la vision de professionnels, mais aussi d'hommes et de femmes résidant sur place, en n'hésitant pas à montrer que les mutilations, les morts étaient le quotidien d'un peuple martyr, pour qui le mot "demain" ou l'expression "dans une heure" n'avaient pas cours. Pour ce qui ne concerne que Mashid Masharawi, il a perdu 30 membres de sa famille durant cette guerre.

 

A Gaza, la mort peut frapper à tout instant, de préférence la nuit, partout, y compris, on se demande bien dans quel but stratégique, des écoles et des hôpitaux. Pour rendre compte du réel, pardonnez-moi, éclaté, du peuple palestinien, il fallait donner libre cours à une extraordinaire diversité de points de vue, de situations, sans jamais perdre le fil de l'horreur, même banale, du quotidien, les morts, les blessés, les privations. On voit par exemple un homme qui a échappé à trois bombardements en 24 heures, des enfants devenus adultes en quelques jours, un petit groupe musical avec des chanteurs qui parviennent à s'exprimer en souriant, ou encore une réalisatrice qui interrompt son propre film car elle n'en peut plu de filmer, épuisée par son tournage.

 

Alors, me direz-vous, quid des Israéliens victimes de la guerre ?

 

Pas question de les oublier, d'autant que nos médias dominants nous donnent les noms, les prénoms, les âges, les jeux préférés de trois enfants morts en captivité ou relâchés tandis que des milliers d'enfants palestiniens, vivants ou morts, resteront à jamais des ombres muettes parfaitement anonymes. Pas plus qu'aux morts des charniers, il n'est possible de rendre hommage, ou simplement de singulariser, d'innombrables Palestiniens broyés, éliminés par l'occupation. Ils n'ont jamais existé et n'existeront jamais. A titre personnel, une scène très brève m'a énormément frappé : une ado marche sur un énorme tas de gravas et dit simplement : ma sœur est là-dessous, mais je ne sais pas où.

From Ground Zero : la Palestine au coeur
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