Au mois de mai 2024, l’entreprise Toray-CFE avait licencié Timothée Esprit, en lien avec une publication de solidarité à la Palestine sur son compte Facebook personnel. Une offensive brutale contre le syndicaliste, secrétaire fédéral de la FNIC-CGT, employé depuis 14 ans dans l’entreprise.
En janvier, après que le Conseil de prud’hommes a refusé de se prononcer en référé, ce dernier contestait son licenciement auprès de la Cour d’appel de Pau. Ce jeudi, celle-ci a tranché en sa faveur et ordonné sa réintégration dans l’entreprise sous 8 jours.
Dans sa décision, la Cour constate que l’entreprise Toray a violé une des rares protections dont bénéficient les représentants du personnel et syndicalistes : l’obligation de demander et d’obtenir préalablement l’autorisation du licenciement auprès de l’inspection du travail. C’est donc un véritable camouflet pour l’entreprise dont la direction avait activement tenté de diviser les salariés et d’étouffer tout soutien à Timothée Esprit par un chantage à l’emploi.
Lors de sa prise de parole le 8 janvier dernier, Timothée Esprit ne se faisait aucune illusion sur les raisons du licenciement et dénonçait un acharnement et des tentatives de le mettre à la porte depuis plusieurs années : « il y avait pour lui cette importance de me licencier, tant j’ai pu pendant des années me battre aux côtés de miens pour leurs droits, pour le temps de travail, les salaires, contre la répression syndicale ».
Cette première victoire doit désormais servir de point d’appui face à un patronat dont les attaques ne vont cesser de se multiplier. Timothée Esprit le soulignait à la sortie de la cour d’appel : « Cette répression est liée à un contexte social et international. On ne peut pas détacher mon licenciement et ceux d’autres camarades qui subissent le même sort que moi, comme par exemple Christian Porta en Moselle, à un contexte de hausse des réformes antisociales de casse du code du travail et de tous nos conquis ».
A l’heure où Macron annonce des réformes antisociales d’ampleur au bénéfice d’un renforcement massif des moyens militaires, il faut se préparer à de nouvelles batailles contre le patronat, à Toray comme ailleurs. Face à l’avenir de guerres et d’exploitation auquel les grands industriels et leur classe politique tentent de nous vouer, seule une réaction solidaire d’ampleur de l’ensemble de la classe ouvrière peut ouvrir une autre perspective.
Après des mois de combats judiciaires et de rassemblements de soutiens dans les rangs de la CGT, le syndicaliste a finalement obtenu gain de cause, et devra être réintégré sous huit jours. Toray est également condamné à lui verser plus de 30 000 euros, une somme qui correspond à environ 3 500 euros par mois entre le jour de son éviction et le jour de sa réintégration effective.
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Lacq
Crédits photo : Unité CGT
Souvenir : il y six ans, les mêmes, déjà !
Le 19 juin, un salarié du groupe chimique japonais Toray Carbon Fibers Europe (CFE) sur le bassin de Lacq (Pyrénées-Atlantiques), se fait rappeler à l'ordre par sa supérieure : « sa supérieure [hiérarchique] lui a reproché de ne pas porter de casque alors qu'il travaillait sur son ordinateur dans l'atelier. Elle lui a tendu le sien qu'il a mis sur sa tête. L'histoire a duré une minute au plus. »
Mais l'histoire ne s'arrête pas là : quatre jours plus tard, le salarié reçoit une lettre pour un entretien préalable, « une lettre type sans motif ». Convoqué le 4 juillet, il se voit alors accusé « d'insubordination » et, le 10 juillet, reçoit une lettre de licenciement.
Dès le 11 juillet, ce sont 200 de ses collègues qui se mettent en grève, sur les 430 salariés du site. Du jamais vu, pour Timothée Esprit, délégué CGT : « C'est une injustice [...] Ce salarié, âgé de 27 ans, avec cinq ans d'ancienneté dans l'entreprise, n'a pas d'antécédents, pas même un blâme, et la situation est incompréhensible [...] Presque toute l'usine est en arrêt, 200 personnes sont en grève, cela ne s'est jamais produit auparavant [...] La direction a convoqué un Comité d'entreprise (CE) extraordinaire le 13 juillet en expliquant que la grève coûtait de l'argent, mais elle n'est jamais entrée en contact avec nous [...] Nous continuerons la grève jusqu'à la réintégration du salarié ici ou dans une autre unité de production. »
Impérialisme commercial et linguistique. Tout le capitalisme libéral au cul de ce camion !