Overblog Tous les blogs Top blogs Littérature, BD & Poésie
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
3 octobre 2025 5 03 /10 /octobre /2025 05:01

 En février 2011, j’ai publié sur mon blog un article consacré au pseudonyme sur internet. Je reprends ici un commentaire que m’avait envoyé Jacques Richaud.

 

"PSEUDO MA HONTE MON AMOUR…

 

 
1 – Le pseudo de l’artiste ou l’écrivain ne me pose guère de problème. Nom de plume ou nom de scène ; il n’est pas une dissimulation car la personne physique est connue. Il masque parfois une origine par volonté de ‘francisation’ d’un nom aux consonances ‘pas très catholiques’ comme disent les fachos. Je
m’interdirai de porter une appréciation sur cette démarche personnelle qui vise à se fondre dans le banal en rupture avec son origine… Après tout Patrick Bruel, Christine Angot, Yves Montand ou Akhenaton ont bien le droit de masquer leurs origines si ils le désirent. Ce sont des personnages publics qui n’aspirent à être reconnus que pour ce qu’ils sont où produisent comme œuvre et tout procès d’intention sur leur décision serait d’inspiration douteuse.

 
2 – Le pseudo de précaution en des temps troublés ou le rédacteur risquait d’être embastillé sous l’ancien régime ou déporté pendant la résistance est un acte de ‘guerre’ même s’il se situe sur un champ littéraire. Le pseudo ne fait ici que compenser un rapport de force asymétrique et défavorable. Celui qui en use se sait exposé aux représailles ou pire en cas d’arrestation. C’est
déjà une forme de clandestinité dans une situation qui l’exige. Vercors et aussi Aragon en ont usé, avant eux Voltaire également qui fut embastillé quand même.

 

3 – Mais notre univers du web, qui coexiste avec d’autres ingrédients de nos technologies débridées ; après Second Life (https://secondlife.com), Facebook et avatars divers de la duplication possible de personnalité offre un ‘possible’ qui ne correspond à aucune contrainte mais libère un champ nouveau qui ne laisse ni empreinte digitale ni reconnaissance graphologique possible. Le ‘corbeau absolu’ est né, et j’ai même écrit qu’il pouvait se faire ‘sniper’ ; camouflé derrière une adresse IP qui ne désigne elle-même que la machine, l’arme, qui est identifiable et non son utilisateur. Le ‘masque parfait’ en quelque sorte offert à tous et à toutes et on peut même avec jouer plusieurs rôles. Ce que j’appelle la burqa mentale s’adressait surtout à une catégorie de dénonciateurs qui peuvent se faire imprécateurs d’une cause, la laïcité contre le voile par exemple, sans mesurer l’énorme contradiction que leur propre anonymat reflète. Il y aurait un développement psychanalytique à envisager que je n’aborderai pas ici, mais je pense que, pas toujours mais parfois, le pseudo est le contraire de la modestie et une hypertrophie de l’ego. Je ne mets pas sur le même plan celui qui signe mimosa ou souris verte ou celui qui signe Imperator ou modestement Mao Tse Toung…


C’est dans le champ du civique et du politique que la pratique m’interpelle le plus, en corrélation avec une évolution sécuritaire forte qui valorise l’idée même de la délation comme un ‘devoir civique’ déjà encadré par des textes législatifs concernant par exemple les professions médico-sociales.

 

J’avoue que cette pratique m’irrite, beaucoup, lorsque le forum concerné est un forum d’opinion ‘politique’ ou ‘philosophique’. Dans ces cas l’identification me semble être la condition de la respectabilité de celui qui s’exprime. Sur un autre site en un temps où l’accès m’était encore possible j’avais ainsi répondu à un ‘camarade’ au discours ferme mais masqué. Ma réponse interpellait aussi la position du gestionnaire du site toujours en situation de décider ou non la parution d’un propos : « A "J F" qui ose dire qu’il se prétend communiste et que en même temps il exige qu’il n’y ait "aucune censure" je réponds : 1 / Je ne connais pas le parti des communistes anonymes...Et JF c’est de l’anonymat ! 2/ Il est aberrant de demander à un gestionnaire de site d’assumer la responsabilité de la mise en ligne de propos que leurs auteurs eux-mêmes refusent de signer... La lâcheté serait-elle devenue une vertu révolutionnaire camarade ? Et les banderoles tu les fais porter par des intérimaires payés à la vacation pour ne pas paraître à la manif ? Et pour la grève tu engages des intermittents pour occuper l’usine à ta place   Et pour le débat d’idées tu faisécrire tes textes par un intermédiaire déguisé par un pseudo ? J’ai déjà eu l’occasion d’écrire tout le mal que je pensais de l’anonymat, ou son équivalent par initiales ou pseudo, dans les textes à prétention "politique"...Tous ceux-là contribuent à la dégradation des termes du débat, à la dégradation de la démocratie en sa caricature et sa mise en spectacle parfois sordide...L’anonymat est la forme suprême de l’individualisme, sa forme masquée, aux antipodes du militantisme...On ne prépare aucun "tous ensemble" dans l’anonymat ! L’anonyme n’est qu’un corbeau même lorsqu’il défend une cause qui lui semble juste. L’habituation à l’anonymat, pratiqué ou consenti, c’est aussi l’apprentissage de la délation qui précède souvent la collaboration avec le pire...Les lois Perben ont élevé déjà la délation au rang de vertu...Et nous qui combattons ces dérives ne savons les dénoncer que de façon anonyme ? ...Sarko peut se frotter les mains, les forums nous démontrent combien est vaste la population déjà disposée à dénoncer son voisin, son compagnon d’hier, son ex-camarade peut-être...Honte à tous ceux-là. Fréquentez un peu les sites d’extrême droite et vous verrez la haine débordante des anonymes et des lâches, auxquels certains ressemblent sans même s’en rendre compte. Courage camarades nous serons heureux de vous connaître avant de vous lire avec plusd’attention... (Il serait dommage que seuls les RG qui ont accès aux adresses IP de chacun sachent qui vous êtes !) Jacques Richaud – 1er mars 2007 »

 

Dire cela semble sans doute ‘brutal’ a beaucoup de ceux qui ne font qu’un usage ‘ludique’ d’un pseudo qui ne fait qu’alléger leur personnalité d’une dimension seulement a demi assumée et sans aucune malveillance pour autrui. Pour d’autres qui savent qu’ils ne tiendraient jamais dans un face à face les propos tombés sur leurs claviers, chacun peut trouver le qualificatif qui lui semblera le plus adéquat, certainement pas flatteur ni prometteur d’un monde meilleur.

 

PS : Á Lyon, les manifestants n'ont pas oublié le futur incarcéré...

Du pseudo, par Jacques Richaud

PPS : 

Un témoignage indirect sur Gérard Miller (ou : Janus quand tu nous tiens…).
Je ne connais pas Gérard Miller. Je ne l'ai jamais rencontré.
Un jour que je discutai avec une collègue et amie de l'Université Paris VIII, je lui demandai comment il se comportait dans cette fac où il avait été récemment nommé professeur. Elle me dit que c'était la crème des hommes, ce qui ne me surprit pas au vu de ses innombrables prises de parole bienveillantes à la radio et à la télévision.
Mais encore, insistai-je ?
Ma collègue ajouta ceci : “ Il n'a que des bons rapports avec les collègues, il ne roule pas des mécaniques, il accepte très volontiers d'accomplir les tâches matérielles et chronophages qui incombent depuis trente ans aux enseignants du supérieur, et qui sont accomplies, bon gré mal gré au détriment de leur recherche. Naturellement, il est très apprécié des étudiants. ”
Ma collègue n'avait nullement eu vent de comportements, ou de tentatives de comportements, douteux de sa part. Et je peux dire, ayant moi-même fréquenté Vincennes pendant trois ans, que tout se sait dans ce microcosme où il n'y a pas que les neurones qui sont en folie.
Du pseudo, par Jacques Richaud
Partager cet article
Repost0

commentaires

  • : Le blog de Bernard Gensane
  • : Culture, politique, tranches de vie
  • Contact

Recherche

Articles Récents

  • L'aliénation linguistique (8)
    Quelques petits exemples divertissants pour nous désaliéner. En français, le mot agenda désigne, depuis le XVIe siècle, un carnet contenant une page pour chaque jour. Ayant repris le sens latin de ce mot (choses à faire), l’anglais donne à agenda le sens...
  • L'aliénation linguistique (7)
    Depuis 1946 et l'accord Blum-Byrnes, les cinémas français et étasuniens entretiennent des relations étroites. De grands succès commerciaux ont été financés par des capitaux de l'Empire. Mais il y a plus sérieux : une bonne partie de la distribution des...
  • Le lac Windermere, une nouvelle poubelle ?
    Dans les années soixante, j’ai eu le grand bonheur de séjourner du côté de Windermere, dans le nord-ouest de l’Angleterre, dans le comté de Cumbria plus précisément. Il y a là un lac magnifique, long de 18 kilomètres et large d’1,5 kilomètre. Plusieurs...
  • Revue de Presse 584
    Selon L’Obs : les dix Etasuniens les plus riches ont gagné 365 milliards de dollars en un an. Il aurait fallu 726 000 années à dix « citoyens ordinaires » pour récolter autant d’argent, selon un calcul de l’ONG Oxfam. Ces dix hommes ont gagné 1 milliard...
  • L'aliénation linguistique (6)
    Acquérir une langue c'est accumuler des compétences linguistiques. C'est aussi se pénétrer d'une idéologie, d'une vision du monde, d'une échelle de valeurs qui se greffent sur celles de la langue maternelle. Développer un discours athée dans une langue...
  • L'aliénation linguistique (5)
    Les problèmes culturels ne sont pas secondaires par rapport aux problèmes politiques ou économiques. Tout se tient et les langues, les moyens de communication de masse, sont des armes ou des moyens de pression au même titre que le cours des matières premières...
  • Faites des enfants…
    Il y aura toujours d'autres enfants pour les massacrer et une Justice qui détournera les yeux. Je reprends ici un article du Point consacré à la mort d'Elias. Par Géraldine Woessner et Sandra Buisson Ce rapport qui accable le système judiciaire Depuis...
  • Note de lecture 189.
    Jean-Pierre Perrin . La chambre d’Orwell. Paris : Plon, 2025. Un très bon livre par un auteur qui nous prouve – car cela n’avait rien d’évident – que l’on peut encore et toujours produire du neuf sur George Orwell. L’ouvrage est sous-titré “ Dans la fabrique...
  • L'aliénation linguistique (4)
    Depuis Étiemble, donc depuis les années soixante, on désigne l'ensemble des phénomènes de contact entre le français et le sabir « anglo-américain » sous le nom de « franglais ». Le quatrième de couverture de son livre Parlez-vous franglais ? exposait...
  • L'aliénation linguistique (3)
    En résumé, le bobo parle vite et mal. Il utilise des expressions qu’on ne peut pas lui retourner : essayez, sur le même registre, de dire le contraire de : « Ben Hur, c’est juste incroyable ». Le consensus règne en maître. Nous sommes sauvés. On ne va...