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12 octobre 2025 7 12 /10 /octobre /2025 05:01

Le 22 septembre 2025, la France a reconnu officiellement l’Etat de Palestine, tout comme le Luxembourg, Malte et la Belgique. Depuis la proclamation de son indépendance en 1988, l’État de Palestine a été reconnu par au moins 151 pays des 193 États membres de l’ONU, dont la Chine et la Russie. Seuls les États-Unis continuent de s’opposer à cette démarche parmi les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.

 

Ce fut « une journée historique », selon les médias favorables au président français qui ont, plus que jamais, et malgré cette reconnaissance, continué de soutenir globalement le point de vue d’Israël en consacrant beaucoup moins de temps et d’espace au présent, à l’avenir et aux souffrances du peuple palestinien.

 

Dès qu’il s’agit d’aborder le conflit, les médias français ne se gênent pas pour criminaliser la cause palestinienne. Quant à la gauche française du “ socle commun ”, son comportement frôle le grotesque. Olivier Faure propose d’accrocher le drapeau palestinien au fronton de toutes les mairies françaises, préférant l’anecdote à l’essentiel.

 

La « question » du drapeau va être la condition sine qua non pour traiter du débat dans son ensemble. Elle permet d’accuser ceux des maires de gauche favorables au pavois. Le 22 septembre, sur BFM-TV, Julien Arnaud, d’ordinaire plutôt sobre, organise un « match » entre Ian Brossat (PCF) et Aleksandar Nikolic (jeune loup du RN, ancien membre du parti communiste !) sur la question de l’accrochage du drapeau palestinien.

 

- Aleksandar Nikolic : C’est instrumentalisé, ils essayent de plaire à un électorat… La place du conflit et les tensions que ça peut amener en France sont dangereuses.

- Julien Arnaud : C’est jouer avec le feu de faire ça ?

- Aleksandar Nikolic : Sincèrement, quand on voit la montée de l’antisémitisme, mettre en avant ce drapeau, d’un pays qui est dirigé par le Hamas […] c’est évidemment un problème.

- Ian Brossat : Le sujet, c’est la Palestine…

- Julien Arnaud : Non, le sujet, c’est les drapeaux sur les frontons des mairies.

 

Et le journaliste empêche Ian Brossat de centrer le débat sur le peuple palestinien.

 

Toujours sur BFP-TV, le journaliste Marc Fauvelle (qui a fait l’essentiel de sa carrière dans le service public avant de rejoindre le privé) empêche Clémentine Autain de dérouler sa pensée :

 

- Clémentine Autain : [Hisser le drapeau palestinien], je le ferai par l’expression simple d’une solidarité humaine avec un peuple qui subit un assaut effroyable, 60 000 personnes sont mortes, des civils sont morts, et nous sommes là à nous demander si nous allons hisser ou pas un drapeau en signe de solidarité […] alors qu’il y a un génocide qui est en train d’être perpétré ?

-.Marc Fauvelle : Pardonnez-moi d’affiner ma question : Clémentine Autain , vous le ferez, [hisser le drapeau], même s’il y a une décision de justice administrative qui l’interdit ?

 

Et pendant ce temps-là, l’armée israélienne vise des écoles et des hôpitaux à Gaza.

 

“ Tsahal ” (la Force de Défense d’Israël) comme il faut dire, ne commet pas un génocide mais elle avait clairement des intentions génocidaires. Selon la commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, l’armée israélienne vise la destruction physique totale ou partielle du peuple palestinien. En usant, entre autres, de l’arme de la faim : « La Commission d'enquête a analysé le comportement des autorités et des forces de sécurité israéliennes à Gaza, notamment le fait d’imposer la famine et des conditions de vie inhumaines aux Palestiniens de Gaza, et a conclu que l’intention génocidaire était la seule conclusion raisonnable qui pouvait être tirée de la nature de leurs opérations. » 

 

Et puis il y a le débat “ sodomie des diptères ”sur l’existence du peuple palestinien, avant qu’il ait été rayé de la carte, évidemment. Nicolas Baverez, dans Le Figaro, estime que le peuple palestinien n’existe pas : « Pour pouvoir faire l’objet d’une reconnaissance, un État doit disposer d’un peuple, d’un territoire et d’un gouvernement effectif. La Palestine ne remplit aucun de ces critères. » Baverez se fait ainsi le porte-voix du ministre d’extrême-droite israélien Bezalel Smotrich qui déclarait en mars 2023 : « les Palestiniens n’existent pas, parce que le peuple palestinien n’existe pas » (Times of Israel, 20/03/23). Sur X (15/08/2023), Raphaël Enthoven se lâche également dans les grandes largeurs : « Il n’y a aucun journaliste à Gaza. Uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d’otages avec une carte de presse ». Un mois plus tard il écrira qu’il n’aurait « jamais dû écrire » cette phrase (X, 10/09). Faute avouée…

 

Le peuple palestinien continue donc de souffrir dans l’invisibilité. Quelques heures avant le discours d’Emmanuel Macron à l’ONU, dans les matinales radio et télé, quasiment pas un seul Palestinien d’importance. « Ce soir, la France va reconnaître l’État de Palestine, est-ce que c’est une bonne nouvelle ? » demande Apolline de Malherbe sur BFM-TV à… Sarah Knafo, députée européenne du parti d’extrême droite Reconquête. Au même moment, CNews reçoit Marion Maréchal tandis que Sud Radio reçoit la députée européenne de droite Nathalie Loiseau puis Robert Ménard. Á France Info, Yaël Braun-Pivet a son rond de serviette. Le lendemain, France Inter petit-déjeune avec Louis Aliot, le maire RN de Perpignan.

Dans les médias français, la Palestine invisible

PS : ne pas s'étonner si, demain, cette banlieue s'enflamme…

 

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commentaires

A
Pendant des années on nous a seriné que la Shoa a été en partie ou largement possible parce que l’information n’avait pas atteint sa prétendue efficacité actuelle. En quelque sorte nous en aurions été informés le.génocide aurait été impossible. <br /> L’exemple actuel de la Palestine démontre le contraire. Pire encore il aurait eu lieu dans l’indifférence avec les mêmes arguments adaptés à la situation de l’époque. Même si on se fait peu d’illusion à propos du contexte humain qui oriente la marche du monde c’est toujours un crève-cœur la perte de ces illusions qui nous font tenir debout. Oui, la Shoa aurait eu peu d’adversaires et certainement une presse mollement au mieux mais certainement pas du tout radicalement opposée aux massacre des innocents.<br /> Il y a heureusement des pays qui dans tous les expressions de leur société qui sauvent l’honneur de l’humanité. Je pense en particulier à l’Espagne dont je continue à m’étonner de la quasi unanimité contre le gouvernement sioniste. On voit ainsi, grâce aux réseaux sociaux, la grande place de Pampelune lors de la fête de San Fermín, du 6 au 14 juillet, débordant d’une foule chantant son soutien à la Palestine. Ailleurs on voit un patron de bar refusant de servir des touristes israéliens installés à la terrasse.<br /> On écoute avec émotion Julio Iglesias chanter en faveur de la Palestine. Le grand publîc de ce côté des Pyrénées sait-il d’ailleurs que cette chanson existe ? Cet engagement démontre en creux la lâcheté de notre monde artistique si ce n’est souvent sa complicité dans ces massacres quotidiens. Il est vrai qu’il leur faut assurer leurs lendemains professionnels
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