Par Pascal Maillard
Dans un communiqué saisissant et courageux, Anne Fraïsse, Présidente de l’Université Paul Valéry Montpellier 3, explique aux personnels et aux étudiants les raisons de l’asphyxie financière de son établissement, semblable à celle de « la plupart des universités françaises ». Elle met en cause « le désengagement de l’Etat », s’en prend directement à François Hollande et critique vertement le gouvernement qui « n’a fait qu’aggraver la situation ».
Alors que Geneviève Fioraso se félicitait récemment de l’accompagnement efficace que son ministère aurait apporté au redressement des universités en déficit – pourtant encore une quinzaine, soit autant qu’en 2012 -, Anne Fraïsse vient apporter, preuves à l’appui, un démenti cinglant à l’optimisme de la ministre. Vice-présidente de la Conférence des présidents d’université (CPU) de 2010 à 2012, auteure en février 2012 d’une lettre mémorable au candidat Hollande, incapable de concevoir la « rupture radicale » qu’appelait la situation dramatique de la recherche et de l’université française, Anne Fraïsse prend aujourd’hui à témoin toute la communauté universitaire de la situation dramatique dans laquelle le nouveau gouvernement met son établissement. Elle lance une alerte à laquelle nous devons être attentifs et qu'il convient de relayer largement.
La gravité et la sincérité de cette lettre envoyée ce 17 septembre à tous les personnels et étudiants de l’une des plus grandes universités de Lettres et Sciences humaines en disent bien plus sur les causes et la nature réelles de la crise financière des établissements que les déclarations d’une ministre enfermée dans ses dénégations. Car ce sont aujourd’hui presque toutes les universités qui sont contraintes de geler ou supprimer des postes et d’amputer une partie de leur potentiel de formation et de recherche pour équilibrer leurs budgets ou faire face à des déficits structurels.
Que veut donc ce gouvernement ? Ainsi que l’ont fait les précédents, se servir de l’austérité comme d’un levier pour forcer les universités et la recherche à des restructurations massives et à un dégraissage de leur masse salariale ? Certains commencent à le craindre. Le gouvernement serait mieux inspiré de redéployer en urgence vers les universités et les organismes de recherche les milliards scandaleusement gaspillés en Crédit impôt recherche. La gabegie du CIR dénoncée par la Cour des Comptes n’a que trop duré ! L’argent est là : qu’il soit mis enfin au service de nos étudiants, de la recherche et de la société de demain !
Anne Fraïsse est courageuse. Elle a les convictions, l’intelligence et l’éthique des femmes et des hommes qui se sont formés dans les Humanités. D’autres présidents d’université feraient bien de s’en inspirer et de protester vigoureusement, collectivement et publiquement, au lieu de feindre d’hypothétiques rétablissements et de mettre leurs faibles pas dans ceux d’une ministre et d’un gouvernement autistes.
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À l'article de Stéphane Maillard, j'ai ajouté ce commentaire :
Sans vouloir dénoncer personne, un des conseillers de Pécresse pour la LRU, ancien pdt d'université, a été nommé recteur par Hollande. Un type de 60 ans, à deux doigts de la retraite, qu'il fallait nommer à ce poste prestigieux de toute urgence.
Tendance sgenard, en gros.
Ce à quoi il a répondu :
Symptomatique, mais d'une grande et triste banalité. Ce gouvernement a excellé dans le recyclage ou le maintien en poste des hauts fonctiontionnaires mis en place sous l'ère Sarkozy. Madame le Recteur de l'académie de Strasbourg qui a appliqué avec vigueur les réformes de l'époque est toujours en place. Notre préfet Alsace est l'ancien chef de cabinet de Guéant. Pour ce qui est du MESR, le cabinet de Fioraso est essentiellement composé de défenseurs zélés de la loi LRU N°1. Le néo-libéralisme n'a même pas pris soin de retourner sa veste. Ou alors la couleur est la même sur l'avers et le revers...