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11 septembre 2020 5 11 /09 /septembre /2020 06:44

 

Que se passe-t-il lorsqu’on part de “ Watergate ” pour arriver à “ Penelopegate ” ?

 

On a opéré une troncation, une ablation, ce qu’on pourrait appeler une aphérèse, en supprimant le début du mot “Watergate ” pour y adjoindre le mot Penelope (pauvre Madame Fillon !). Heureusement que le célèbre hôtel de Washington où les Républicains ont espionné la Convention démocrate en 1968 ne s’appelait pas “ L’Hôtel des trois faisans ” ou “ Chez Gégène ” car je ne sais ce que, linguistiquement, on aurait pu en sortir. Ce qui n’a pas empêché l’ambassade de Lybie d’y installer son siège.

 

Quand les médias – et les politiques à leur traîne – ont chopé un tic qui leur plait bien, ils ne le lâchent plus. Pour la petite histoire, le Watergate a été construit par une société immobilière italienne. Son nom tient au fait qu’il est situé près d’une écluse (gate = grille). “ Watergate ” signifie “ écluse ” ou “ vanne ”. L'hôtel de la vanne. Bof !

 

Dès qu’un nouveau problème – y compris franco-français – se signale à l’attention des médias, on le réduit en un seul mot et on y ajoute “ gate ”. C’est de la pédagogie (mot qu’affectionnent les médias et les politiques pour ne pas dire propagande) à deux balles pour neuneux. On francise légèrement en prononçant « guette » au lieu de « gueïte » et le tour est joué.

 

Des « gates », il y en a eu un paquet depuis 1968 :

 

Nous eûmes l’Angolagate lorsque des proches de Charles Pasqua vendirent des armes au président de l’Angola,

 

Le chevalgate concernant une fraude à la viande de cheval, notamment dans les lasagnes Findus,

 

Le Dieselgate, un programme informatique permettant aux constructeurs automobiles allemands de faire baisser la pollution de leurs véhicules lors des essais d’homologation,

 

Le DSKgate dont on parle peut-être encore au Sofitel de New York,

 

L’Irangate, sur l’affaire de ventes d’armes iraniennes à l’Iran,

 

Le Qatargate qui fit trembler la Fédération Internationale de Football,

 

Le Monicagate, dont une jupe et des cigares se souviennent encore,

 

Le Nipplegate qui nous fit découvrir un des illustres tétons de Janet Jackson,

 

Le Pizzagate, dans lequel Jeffrey Epstein gérait un réseau de pédophilie à Washington

 

Le Homardgate, plutôt médiocre, d’un Rugy qui, paraît-il, n’aime pas ces crustacés.

 

L’important est qu’à chaque fois le bon mot (« la fiente de l’esprit qui vole », disait Victor Hugo) fait sourire à propos de quelque chose qui peut être scandaleusement important ou banalement insignifiant. Plus de hiérarchie, tout se vaut. On hume des effluves de scandale et on en reste là.

 

 

 

 

 

Les mots chéris des médias et des politiques (25)
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7 septembre 2020 1 07 /09 /septembre /2020 05:17

Dans son blog, Pierre Verhas alerte sur les déchirements de la gauche bruxelloise à cause du voile islamique. Il relève un piège sémantique : « « Neutralité inclusive » : une manipulation sémantique de plus.

 

Remarquons que l’on se trouve une fois de plus devant le cas d’une manipulation sémantique du type de celles que dénonçait George Orwell dans son dernier roman « 1984 » par sa description de la « novlangue ». On adjoint un qualificatif à un substantif qui exprime un concept clair, ce qui a pour effet de lui donner une autre définition. Ainsi, rappelons-nous la « laïcité positive » prônée par Nicolas Sarkozy lors de son discours de Latran en 2007 où il prétendit attacher plus d’importance au curé qu’à l’instituteur. La laïcité tout court est donc implicitement négative ! Aujourd’hui, il est question de « neutralité inclusive ». Cela implique donc que la neutralité tout court est donc exclusive.

 

On ne mesure pas les conséquences de ces pratiques sémantiques. Elles ouvrent la porte au totalitarisme tout comme les tenants du « politiquement correct » qui, dans les relations intercommunautaires, imposent aussi une nouvelle sémantique depuis les drames de Minneapolis et du Wisconsin, comme l’interdiction de prononcer certains mots comme « Noirs » qui sont remplacés par « Afro-descendants ». Un éditeur n’a pas hésité à changer le titre d’un roman d’Agata Christie – cela ne date pas d’hier ! – « Les dix petits nègres ». Cela a l’air drolatique, mais c’est avant tout inquiétant : une fois de plus Orwell. On appauvrit la langue pour qu’elle soit conforme à une idéologie. L’étape suivante sera-t-elle de supprimer ou de modifier des mots « inconvenants » dans les textes des œuvres littéraires ? »

 

 

Le site Communistes déplore le consensus de la classe politique française par rapport au capitalisme : « les « crises » de l’économie capitaliste se répètent, elles sont permanentes. Aucun parti politique ne conteste le capitalisme. Les uns sont à son service pour imposer ses objectifs au peuple, les autres critiquent la politique de Macron, ils veulent améliorer le capitalisme, le rendre plus vivable mais ils lui laissent les mains libres pour continuer à exploiter le peuple. Ils se chamaillent sur sa gestion, s’écharpent parfois sur la méthode mais jamais sur le fond politique. La stratégie du pouvoir aujourd’hui consiste à agir sur les craintes: pandémie–réchauffement climatique–économie–sécurité, avec un seul but : tout faire pour anesthésier toute idée de changement possible. Notre parti porte et développe la perspective d’une société débarrassée du capital, car il n’y a pas d’autre choix pour satisfaire aux besoins du peuple. Mais pour changer de politique, il faut s’engager dans la lutte, celle qui consiste à arracher le pouvoir aux multinationales, le confier au peuple. »

 

 

Dans Res Publica, Évariste recommande de se préparer à la force des choses : « Le chemin est défini par la stratégie et non par la tactique . La prolifération des formules « anticapitaliste », « tout changer de fond en comble », « du passé faisons table rase », « révolution », « la fin du monde », « l’extinction de l’espèce à court terme», « rupture », « résistance », etc. cache de plus en plus mal une incapacité de penser ou une non volonté de comprendre le réel complexe et de voir les éléments précurseurs de la force des choses sans laquelle aucune transformation sociale et politique ne s’est construite dans toute l’histoire de l’humanité. Tout le reste n’est qu’idéalisme philosophique et politique proposant le paradis sans en déterminer le chemin pour y conduire. Et là, disons-le, un programme ne suffit pas car le chemin est défini par la stratégie. Répétons-le, jamais dans l’histoire du monde, la cause profonde d’une transformation sociale et politique ne fut une idée ni le discours d’un leader ou d’un intellectuel. Le travail intellectuel doit simplement préparer sérieusement la capacité des acteurs professionnels et militants à être efficaces lorsque la force des choses surgit des profondeurs du peuple. Voilà pourquoi le couple « luttes sociales et politiques » et « éducation populaire refondre » est indispensable pour préparer ce moment où se construira la bifurcation politique.

 

 

Enfin, le site Star Mag nous confirme qu’il se passe vraiment des choses importantes dans les grands médias français : « Il y a quelques semaines, on apprenait que Valérie Trierweiler avait été évincée de Paris Match, magazine pour lequel elle travaillait depuis trente ans.

 

Valérie Trierweiler s’était empressée de poster un message sur son compte Instagram afin de montrer son indignation. La journaliste avouait être en « état de choc » et sidérée. Celle qui est passée de la rubrique politique à la rubrique culture est toujours restée fidèle à Paris Match et ce, même quand elle était à l’Élysée. Paris Match a récemment annoncé le recrutement d’un autre célèbre journaliste qui n’est autre que Stéphane Bern.

 

Ce dernier a rejoint la rédaction en qualité “d’éditorialiste associé”. Le directeur général de la rédaction du magazine, Hervé Gattegno a donné quelques précisions dans un communiqué concernant cette arrivée : «Il sera un renfort précieux dans le suivi et le traitement des sujets liés à l’histoire, aux monarchies et aux célébrités. » Le 24 août dernier, RTL a annoncé dans un communiqué que Valérie Trierweiler tiendra une chronique hebdomadaire dans l’émission RTL Soir, animée par Thomas Sotto. La journaliste donnera rendez-vous aux auditeurs tous les mercredis à 18h30 ! Dans cette chronique, Valérie Trierweiler offrira « son regard incisif sur l’actualité » précise la chaîne de radio dans son communiqué. 

 

Revue de Presse (338)

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5 septembre 2020 6 05 /09 /septembre /2020 05:10

 

Obsolescence

 

L’obsolescence sera programmée (planned) ou ne sera pas !

 

Apparu au début du XIXe siècle en Angleterre, le mot « obsolescence » a rejoint la langue française en 1958. Avait précédé l’adjectif « obsolescent » en 1956.

 

L’obsolescence est le fait de devenir périmé, désuet. Dans notre monde où tout va vite, il faut trouver un équilibre entre la spécialisation à outrance, le progrès technique et l’obsolescence des connaissances.

 

Les nouvelles technologies ont retourné l’obsolescence contre elle-même. Les techniciens connaissent, car ils la déterminent, l’espérance de vie des choses. Un lit sera performant huit ans, un téléphone portable entre deux et cinq ans, selon les marques et selon le prix d’achat.

 

Les Néerlandais ont inventé des repair cafés, des lieux conviviaux où chacun apporte sa science et son objet à réparer. Les clients s’aident, bénévolement cela va de soi, à rafistoler toutes sortes de choses.

 

L’obsolescence programmée est le bout du goût de la société de consommation. Pas étonnant qu’elle nous vienne des pays anglo-saxons. Les cafés de réparation poussent l’objet à vivre jusqu’à la marcescence, puis la déliquescence. En rêvant à une nouvelle adolescence.

 

Imaginons que nous, humains, nous inscrivions dans cette logique inexorable qui nous garantirait un programme, mais pas au-delà. « Encore une minute, Monsieur le bourreau… ». Désolé, on avait dit 81 ans, 6 mois, 22 jours, 3 heures et 30 minutes. Passé ce délai, vous serez obsolète.

 

Ce n’est certainement pas le cas de tous les objets, mais il semble bien que l’obsolescence de la plupart d’entre eux soit calculée en fonction des besoins et désirs supposés des consommateurs. L’iPhone 38 s’autodétruira pour laisser la place à l’iPhone 39 dès que l’acheteur sera démangé par une fièvre soudaine de nouveauté bidon (pardon : bogus). Une envie plus forte que la logique car même s’il est toujours en parfait état de marche l’iPhone 38 finira sa vie sur l’étagère où sont exposés les objets caducs, dépassés, périmés (trois horribles mots français) qui rythment nos vies de consommateur.

 

Les mots chéris des médias et des politiques (24)
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27 août 2020 4 27 /08 /août /2020 05:09
Et un peu de langue “ corporate ”...

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24 août 2020 1 24 /08 /août /2020 05:20

 

 

Marianne évoque des nouvelles techniques de vente à l'échelle européenne : gels douche d'Espagne, biscuits de Tchéquie, sodas de Pologne. Les rois du hard discount jouent sur les différences de prix d'un pays à l'autre en Europe. D'où l'arrivée dans les rayons de produits bradés dans toutes les langues.

 

Le genre de truc, pas évident à voir. Quoi de plus banal que des flacons de gel douche, serrés les uns contre les autres, au rayon hygiène des magasins hard discount ? On connaît déjà tout d'eux : leurs marques, leur logo, leur format. Pas de quoi s'attarder des plombes dessus. Et pourtant, il y a bien quelque chose qui cloche : tout est écrit dans des tas de langues différentes, néerlandais, espagnol, italien, anglais, etc. Pour que le consommateur français y comprenne quelque chose, on y a collé à la va-vite une étiquette au dos, détaillant la composition et les précautions d'emploi.

Dans le jargon de la grande distribution, on les appelle des « produits d'importation parallèle ». Achetés le plus souvent dans des pays de l'Union européenne sous forme de lots, ils sont vendus parfois deux fois moins cher que dans les circuits classiques. À la manœuvre, des brokers . Sorte de traders experts en négoce de produits grande consommation

 

 

 

Le Site Communistes signale un acte de piraterie internationale dont on n’a pas du tout parlé dans nos grands médias. Quatre tankers chargés de plus d’1million de barils de pétrole iranien à destination du Venezuela, ont été arraisonnés dans les eaux internationales par les EU en vertu d’une « ordonnance de confiscation ». 5 autres finirent par arriver au Venezuela, sous la protection des forces armées vénézuéliennes. 

 

Cette piraterie a été organisée à partir du contrôle du détroit d’Ormuz par les forces militaires de l’OTAN, les Pays-Bas. Le Danemark et la Grèce ont indiqué qu’ils mettaient des navires de guerre à la disposition des USA, la France prêtant bien entendu son concourt, l’Allemagne, la Belgique, le Portugal et l’Italie exprimant leur « soutien politique » à ces opérations de piraterie.

 

Les États-Unis ont bénéficié du soutien direct dans ces opérations du Royaume-Uni, de l’Australie, l’Arabie Saoudite, de Bahreïn et des Émirats arabes unis.


Cet arraisonnement montre une nouvelle fois la volonté des EU de porter atteinte à l’intégrité du Venezuela.

 

 

 

Revue de Presse (336)

 

Un article original de L’Humanité  sur le drapeau britannique, “ la complainte du desunion Jack ” : C’est un motif de décoration. Ou un accessoire de mode. Ou encore un simple logo. C’est un tapis. C’est un plaid. C’est un sofa. C’est une guitare. C’est un pull-over. C’est du commerce, c’est tout ce qui se vendra sous ses couleurs. On dit aussi que c’est un drapeau, l’Union Jack. Il a ce petit nom qui dit « un pour tous et tous pour un », et c’est rare dans sa catégorie. Toutes ces croix entremêlées représentent les quatre nations du Royaume-Uni : Angleterre, pays de Galles, Écosse, Irlande du Nord. Vrai, sûr et certain - encore que, ce n’est pas pour pinailler, mais il est où, le dragon gallois ? Quatre nations, et tant d’autres qui, héritage de l’empire colonial, l’ont décliné sur toute la planète, de l’Australie aux micro-États maxi-paradis fiscaux des Caraïbes… L’Union Jack, c’est donc un drapeau qui recouvre tant de choses, mais plus vraiment un pays, en fait. Non, mais attendez, regardez-le un peu, le Royaume-Uni !

 

Après son retour triomphal dans les années 1990 à travers le mouvement de marketing culturel baptisé « Cool Britannia » et surtout la brit pop, qui, emmenée par Blur, Oasis ou Pulp, replace le Royaume-Uni sur la carte planétaire, l’Union Jack reste sous les feux des projecteurs. Du rock and roll et des pintes de bière, du glam et du rustre : un spot publicitaire pour les rois du libre-échange à l’échelle mondiale. Mais à l’époque, le ver est déjà dans le fruit, car derrière la liesse des drapeaux britanniques à la une des magazines et à la caisse des magasins, c’est bien une nation, et une seule, qui parade : l’Angleterre. On le voit bien dans le sport… En foot, chacune des nations de Sa Majesté a sa propre équipe, son hymne, son drapeau… Avec des nuances de taille entre le foot et le rugby, toutefois : pour le ballon rond, les Irlandais du Nord chantent le God Save the Queen, quand pour l’ovale, les joueurs de Belfast vibrent avec leurs potes de Dublin et jouent pour un pays qui, c’est selon, n’a jamais subi de partition ou est déjà réunifié… Mais au bout du compte, quel que soit le jeu, c’est l’Angleterre qui domine outre-Manche. Et qui impose au Royaume-Uni ses codes, ses manières et surtout son idéologie.

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22 août 2020 6 22 /08 /août /2020 05:13
Par Gilles Questiaux

 

 

19 Août 2020 , Rédigé par Réveil Communiste

 

 

C’est un média qui relaye les messages de propagande capitalistes et impérialistes, en les présentant comme de l’information objective.

 

On le reconnaît notamment à ce qu’il participe aux campagnes mondiales qui ciblent un pays non occidental : cette année nous avons eu droit à la Biélorussie, Hong Kong, le Xinjiang, la Bolivie, et dans un passé récent aux campagnes infructueuses contre la Russie, la Corée, la Chine le Venezuela, l’Iran, Cuba, la Syrie, ou victorieuses en Ukraine, en Libye, en Birmanie, en Irak, etc.

 

Une seule cause anti-impérialiste a eu une certaine ouverture dans les médias, mais de moins en moins, celle de la Palestine, sans doute parce que la situation est verrouillée, et peut servir à montrer de manière répétée et redondante qu’il n’y a pas d’autre alternative à l’Empire que la défaite.

 

Ces médias peuvent aussi se révéler dans leur participation unanimiste à des campagnes politiques considérées par leurs propriétaires comme de grande importance, comme la campagne en faveur du oui au TCE en 2005.

 

Un média mainstream est ou bien : 

 

Un média capitaliste, qui appartient à des capitalistes qui le financent et dépensent beaucoup d’argent pour ça, et qui fait sous ses diverses variantes la promotion idéologique du capitalisme par la diffusion des idéologies libérales qui sont variées, mais largement à notre époque autour d’un consensus libéral-libertaire qui va allouer aux conservateurs traditionalistes un rôle de repoussoirs, comme les barbons ridicules des comédies de Molière. 

 

Comme par hasard, les médias professionnels de droite qui doivent assumer ce rôle peu flatteur (le Figaro, certains titres de la presse éco) en deviennent un peu plus crédibles que les autres, tant que le portefeuille n’est pas directement en jeu.

 

La quasi totalité des médias privés, qui ont une notoriété dans le grand public, et bien diffusés sont de tels médias.

 

Ou bien c’est un média d’État d’un État capitaliste relevant de la sphère impériale occidentale où l’information est encore plus verrouillée, et qui a surtout une mémoire plus longue : alors que les médias privés considèrent souvent qu’en ce qui concerne le communisme la partie est gagnée, la messe est dite et qu’il n’y a plus à s’en occuper, les médias d’État comme Arte ou France Culture organisent la prison mémorielle où ils veulent le placer, en falsifiant, salissant, ou détournant l’histoire révolutionnaire. Ces médias font aussi la promotion des intellectuels gauchisants inoffensifs qui ont tout à tour leur moment de célébrité.

 

 

Et un média mainstream c’est de toute manière un média occidental (nord américain, européen, océanien) qui recycle avec une tonalité compassionnelle dans le langage des ONG les préjugés occidentaux néocoloniaux, et qui est nourri exclusivement par les récits émanant des agences de presse occidentales qui produisent la plus grande partie de l’information accessible au grand public : Reuters, AP, AFP. Il n’y a plus en dehors de quelques grandes capitales occidentales, à domicile, presque plus aucun correspondant étranger attitré de ces médias qui pourrait produire une information originale.

 

Ce monde des médias gravite autour d’un petit nombre de titres de presse qui sont considérés comme des références de sérieux et d’objectivité, palme qu’ils ne manquent pas de se décerner à eux mêmes : le Monde, le New York Times, le Washington Post, et qui ne valent pas mieux que les autres. La seule différence étant que leurs rédacteurs principaux ont un statut des notables dans les milieux politiques décisionnels occidentaux qui dépasse celui que devrait leur apporter le niveau de leur rémunération.

 

Il y a des médias capitalistes ou d’État extérieurs à cette sphère géographique et culturelle, en Russie, en Chine, et dans la plupart des pays non occidentaux, mais leur contenu est jugé suspect à moins qu’il ne reflète servilement le contenu des grandes agences de presse occidentales, et dans ce cas il aura les honneurs d’une sélection dans « Courrier International ». Un média non-occidental n’est coopté dans le circuit de l’information mondialisée que s’il soutient les interventions de l’Occident dans le monde non-occidental, ou s’il reflète des positions caricaturalement réactionnaires.

 

C’est pourquoi les médias russes sont devenus indispensables à qui veut s’informer aujourd’hui en Occident : ce sont les seuls médias dynamiques et professionnels qui ont un intérêt objectif partiel à un dévoilement du réel. Ce qui explique les opérations de censure directe dont ils font l’objet.

 

Sinon la censure habituelle porte plutôt que sur la publication et l’édition, sur la diffusion et le référencement, comme le savent bien les animateurs de sites socialistes ou communistes de par le monde.

 

Le point le plus important à retenir est en même temps le plus banal et le plus facile à comprendre : l’information sur le réel est aliénée à des intérêts privés. 

 

La justification libérale de cet état de fait, selon laquelle un média honnête aurait plus de succès (et donc rapporterait davantage de profits à son propriétaire) et éliminerait les médias malhonnêtes ne tient pas la route une seule seconde : ces médias perdent presque tous de l’argent, à part les nouveaux médias des GAFAM, dont l’information est un produit secondaire. A part le fait que la concurrence développe au détriment de l'information sérieuse l’espace dévolu à la distraction et aux faits divers, il est patent que les médias sont les danseuses des grands groupes capitalistes, qui leur servent à distiller des messages qui favorisent leur intérêts, mais aussi dans leur croisade permanente contre tout ce qui n’est pas capitaliste et occidental (après tout ces gens peuvent être désintéressés).

 

Ce problème est ancien : les législateurs de la Libération avaient à cet effet interdit la concentration dans les entreprises de presse.

 

En gros le message mainstream est le suivant : le capitalisme produit des marchandises en abondance pour tout le monde, et une société tolérante où chacun fait ce qu’il lui plaît, et si ce n’est pas encore le cas partout, ce le sera bientôt grâce aux interventions de l’Occident. Nous ne vivons pas au sein d’un Empire mais dans une communauté internationale respectueuse de tous ses membres, et d’ailleurs cet empire qui n’existe pas est l’empire le plus bienveillant de l’histoire, auquel on ne peut reprocher qu’une seule chose : ne pas envahir assez de territoires pour y apporter la paix et la prospérité. Mais il s’affaire pour porter la démocratie et la liberté partout où le capitalisme ne règne pas, ou pas autant qu’on le voudrait, comme en Chine.

 

Toutes les information dites sérieuses qui sont diffusées doivent concourir à ce récit.

 

Lorsque des voix s’éloignent de ce consensus, elles deviennent de moins en moins audibles, sont diabolisées par la « théorie de la théorie du complot », ou s’enferrent d’elles-même dans des contradictions ou des polémiques stériles, parce qu’elles acceptent une partie des présupposés de la presse capitaliste en rejetant arbitrairement le reste.

 

Dans le passé, les médias appartenaient déjà à des capitalistes, mais l’impression reste que des messages opposés pouvaient davantage s’exprimer. C’est en partie une impression fausse, car l’information dont on a disposé sur des points cruciaux, sur l’URSS tant qu’elle existait, et qui s’est déposées dans les livres d’histoire, est encore moins fiable que le contenu de l’actu d’aujourd’hui. Mais le capitalisme avait des contradictions internes, des contradictions internationales, et il y avait une contradiction principale entre le capitalisme et le socialisme, et de part le monde un nombre non négligeable de situations socio-économiques mixtes qui reflétaient un compromis instable entre les deux systèmes. Une minorité dans la bourgeoisie occidentale, petite mais impossible à négliger, avait même fait le choix du socialisme, entre 1945 et 1975 environ, pour des raisons objectives qu’on ne peut pas développer ici sans sortir du sujet, et la bourgeoisie du Tiers Monde s’affichait volontiers marxiste.

 

Il y a avait donc grâce aux contradictions dans le réel une ouverture vers l'expression de la vérité, qui n’existe plus aujourd’hui.

 

Maintenant pour s'y orienter, on doit conjuguer les deux principes : a priori, rien de ce qu’annonce la presse capitaliste n’est crédible ; et d’autre part, qu’il est très difficile de s’en passer complètement pour s’informer de ce qui se passe vraiment. Il faut mettre au point des grilles de déchiffrement au cas par cas.

 

Ne croire en rien de ce que propage la presse capitaliste ne signifie pas croire en tout ce qu’elle ne propage pas, ou en ce qu’elle propage en lui affectant un coefficient négatif (comme les produits du blogueur Soral). 

 

La règle de bon sens est de ne pas prendre position, de ne même pas évoquer les questions sur lesquelles on n’a pas de connaissance, ou pour lesquelles on n’éprouve pas d’intérêt ou d’attirance. Ne pas en parler signifie ne même pas dire qu’on n’en parle pas et feindre l’étonnement et l’ennui en présence d’un faux débat sociétal.

 

Cela semble assez facile de conserver assez de recul de jugement, mais il est incroyable de voir à quel point le public, et notamment le public militant relativement cultivé qui se recrute dans la classe moyenne, peut être crédule, ou au moins sidéré par les informations d’officines qu’il sait pourtant clairement se situer dans le camp ennemi.

 

 

L’affaire Biélorusse est assez exemplaire d’un autre aspect de la situation actuelle : les médias capitalistes occidentaux interviennent comme des partis politiques dans les affaires des petits pays. Ils suppléent aux partis pro-empire qui n’y existent pas spontanément. En ce sens le journaliste indépendant en vient à nourrir le camp politique qui attaque les institutions ou l'État visés par les groupes de médias capitalistes. Les trouvailles du reporter free lance seront sélectionnées selon leur conformité à l’objectif. En Biélorussie l’impression qui en résulte est que le pouvoir n’a absolument aucun soutien, ce qui serait quand même bien surprenant, puisqu’on avoue maintenant qu’il en avait beaucoup auparavant (ce que l'on n'avait jamais dit).

 

Les mensonges actuels sont pour une part les aveux des mensonges précédents.

 

Le parallèle avec le mouvement en Bolivie contre le report des élections montre aussi comment un vrai mouvement populaire qui ne bénéficie pas des soutiens massifs des médias et des services occidentaux peut être occulté par les images d’une foule savamment manipulée dans une situation émotionnelle et hystérisée où on ne fait même pas semblant de vérifier les informations.

Comme disait Gil Scott-Heron the revolution will not be televised !

 

Il existait autrefois une presse liée à la classe ouvrière qui pouvait totalement ou partiellement relayer un message anti-capitaliste ou anti-impérialiste. Mais le conformisme social et l’intimidation produite sur les journalistes par des médias mainstream qui se confirment les uns les autres est telle que petit à petit ces espaces se ferment, de l’Humanité au Guardian. 

 

L’affaire Assange quant à elle est la chronique de la mise au pas du journalisme d’investigation, et témoigne de la fin des perspectives libératrices liées à l’agitation anarchisante dans le cyber-espace, au hacking et au piratage sur la toile. La persécution cruelle dont ce journaliste indépendant de grand format fait l’objet est une manière d’avertissement pour tous les autres.

 

Ce tableau peut paraître sombre, mais il faut tenir compte du renouvellement incessant des contradictions, et des efforts renouvelés aussi d’une partie des professions médiatiques d’être à la hauteur de leur déontologie, en créant des espaces indépendants. Le monde des réseaux sociaux et notamment Youtube offre aussi malgré la censure arbitraire qui s’y exerce des opportunités de communication et de diffusion des médias non-capitalistes.

 

Et on peut, en attendant mieux relayer au maximum Réveil Communiste et ses blogs associés !

 

GQ, 14 août 2020

 

PS, 15 août 2020

Commentaire de Bruno Drweski :

Les médias russes Rt et Sputnik sont fondamentaux certes, mais presstv iranien, télésur vénézuéliennes, CGTN chinoise pour ce qui est de la Télé et internet sont aussi très intéressant ainsi que les sites internets de nombreux journaux des pays du tiers monde. Par ailleurs, le gros problème des médias alternatifs est la monopolisation des informations par quelques agences de presse occidentales qui empêchent d’avoir accès aux informations importantes à la source.

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18 août 2020 2 18 /08 /août /2020 05:01

Michel Rosenzweig, dans le Grand Soir, estime que la France est entrée dans une forme de dictature sanitaire :

 

Si  ce régime est imposé aujourd’hui dans des conditions sanitaires saines, qu’en sera-t-il lorsque les autres coronavirus reviendront bientôt ?

 

Au moindre rhume, aux moindres symptômes grippaux, que fera t-on ?

 

Si ces contraintes limitantes drastiques sont imposées alors qu’elles ne se justifient pas aujourd’hui, à quelles mesures aurons-nous droit à la saison des grippes ?

 

Dans ces conditions, il est clair que ce régime sera maintenu sans aucune limite de temps.

 

C’est un peu comme si on avait érigé un immense barrage face à une hypothétique vague démesurée, un tsunami dont la survenue est loin d’être certaine.

 

C’est un peu aussi comme le désert des Tartares avec sa forteresse érigée contre un ennemi qui ne venait jamais.

 

Nous avons basculé dans un univers de précaution absolue visant l’asepsie et le risque zéro pour préserver la vie et nous sommes en réalité entrain de perdre la vie.

 

Car la vie n’est pas la survie.

 

Lorsque vous marchez dans une rue commerçante de votre quartier et qu’un inconnu masqué vous fonce dessus pour vous prévenir que la police vient de verbaliser deux personnes pour non port du masque alors que rien n’indique qu’il est obligatoire dans ce secteur, vous réalisez qu’il se passe quelque chose qui n’a strictement rien à voir avec la santé.

 

Lorsque vous prenez les transports en commun et que des patrouilles de police sanitaire arpentent la plateforme en dévisageant les passagers, vous comprenez que ce monde est devenu invivable.

 

Lorsque vous entrez dans votre bistrot familier et qu’on exige de vous de mettre votre masque pour faire 2m50, et qu’en vous installant, la serveuse masquée vous présente un carnet dans lequel vous êtes invité à indiquer votre nom et votre numéro de téléphone pour être autorisé à manger, vous comprenez que rien ne sera jamais plus comme avant et que la joie, le plaisir de sortir, la convivialité, les échanges et les partages dans ces conditions, c’est terminé.

 

Je suis désolé pour toutes les personnes qui approuvent ce régime de dictature sanitaire, sincèrement, car je pense qu’elles ont perdu leur sens commun, leur bon sens, leur faculté de juger et de discriminer.

 

Revue de presse (335)

 

Le site Communistes présente quelques conséquences socio-économiques de la pandémie :

 

La crise économique, qui a commencé avant la pandémie et qu’elle a aggravée, produit des effets destructeurs sur l’emploi avec plus de 600.000 emplois supprimés depuis le début de l’année, la baisse des salaires, la montée en flèche de la précarité et tout particulièrement pour la jeunesse...et ce n’est qu’un début. Dans le même temps le pouvoir avec Castex comme VRP se répand en exonérations de « charges » pour les patrons et il y en a d’autant plus qu’ils sont plus gros ! Il est vrai que la situation est propice pour le capital dans l’accélération des restructurations et dans les concentrations du capital. La course à la rentabilité du capital, dans une concurrence exacerbée entre les monopoles des centres impérialistes nécessite ces restructurations et concentration du capital. Dans le même temps, les dépenses militaires s’envolent et le patron d’Airbus vient de déclarer récemment que sa société devrait miser beaucoup plus sur le militaire dont les débouchés s’élargissent: belle perspective !

 

Patronat et pouvoir avec leur armée d’idéologues accélèrent la bataille des idées. Elle vise à rechercher les voies d’une adhésion des salariés à la stratégie du capital. D’articles en déclarations, de colloques en université d’été, tout particulièrement celle du Medef qui sera ouverte par Castex, se profile l’idée qu’il conviendrait de donner quelque « pouvoir » de codétermination de la politique des entreprises aux salariés. Ce sont des vieilles lunes du patronat, l’expérience le montre tous les jours : lui et lui seul décide de la stratégie en fonction d’un seul objectif le taux de profit maximum, tout le reste n’est que de la littérature. Ce qu’il veut, c’est modifier le rapport de force en sa faveur pour aller plus loin dans l’exploitation du travail salarié.

 

 

Le site Regards.fr revient sur une victime de la police, un homme de 34 ans père de trois enfants, dont on a fort peu parlé :

 

 

Pendant le confinement, Mohamed avait bien son attestation lorsqu’il est sorti vers 22h, mais nous avions en plus un couvre-feu. L’arrestation a été très musclée. Beaucoup de témoignages concordent en ce sens. Il hurlait parce qu’il avait déjà eu des problèmes avec la police – un arrêt cardiaque lors d’une arrestation – et avait peur. Ils s’y sont mis à tous les trois pour le menotter et le mettre dans la voiture à plat-ventre. Ils s’y sont repris à trois fois pour fermer la porte, alors que sa tête dépassait. Un policier est monté derrière pour le maintenir. Mohamed avait la trace de deux genoux sur son cou. Il est mort d’une rupture de la corne thyroïdienne. Deux autopsies confirment cela. Les policiers ont mis neuf minutes pour arriver au commissariat. De là où ils partaient, si vous mettez trois minutes, c’est déjà le bout du monde. Surtout à cette heure-là. Quand Mohamed est arrivé au commissariat, il était bleu, il bavait. Trois policiers nationaux, qui témoignent dans l’affaire, ont appelé immédiatement les pompiers, mais ils n’ont pas réussi à le réanimer. Pour revenir au début de la soirée, Mohamed, sa femme et leurs trois enfants avaient eu un problème de dégâts des eaux à leur domicile. Ils étaient allés chez la mère de sa compagne, mais l’appartement était trop petit pour que tous y dorment, donc Mohamed partait dormir chez un copain. C’est comme ça qu’il se retrouve dehors pendant le couvre-feu. La famille a été prévenu le lendemain de son décès. Ils ont été complètement effondrés.

 

 

PS : Je ne suis pas responsable de la pub pour Intermarché.

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15 août 2020 6 15 /08 /août /2020 05:07

Le 24 juillet, j'ai publié mon 5 000ème article sur la plate-forme overblog. A ma grande honte, j'avoue que cela m'avait échappé. Tout n'est pas de mon cru, mais tout de même...

 

Bientôt 14 ans que cette plate-forme et moi sommes compagnons.

 

Deux mots sur Overblog. Il s'agit d'une plateforme d'hébergement de blogs. Elle permet aux usagers de créer et gérer des blogs. La société a été créée en 2004 à Toulouse par Frédéric Montagnon, Gilles Moncaubeig et Julien Romanetto.

 

En , Overblog a fusionné avec Wikio et Ebuzzing pour construire le groupe leader européen du média social et former le Wikio Group, renommé plus tard Ebuzzing Group. En , OverBlog a été racheté par le groupe Webedia (groupe Fimalac) pour 5 millions d'euros.

 

La plateforme est principalement financée par les revenus publicitaires et les services payants. Une partie de ses revenus publicitaires sont reversés aux auteurs des blogs sous forme de « droits d'auteur ». Personnellement, je n'ai jamais rien touché et cela ne m'a pas empêché de vivre.

 

En , OverBbog est financé à 50 % par la publicité, le reste se subdivisant entre services payants et marque blanche, la grande majorité des blogueurs ne paye rien.

 

L'entrée au capital du groupe TF1 (26 % de la SAS) a permis le développement du logiciel et l'infrastructure technique d'une nouvelle version.

 

À la suite de la fusion avec Wikio / eBuzzing en octobre 2010, le nouvel ensemble augmente son capital de 4 millions d'euros pour déployer un groupe de média social. La société dispose de bureaux à Paris, Toulouse, Rome, Milan, Londres, Bâle Hambourg, Düsseldorf, Madrid et emploie plus de 160 personnes. Elle totalise alors plus de 30 millions de visiteurs uniques. Une nouvelle levée de fonds de 25 millions de dollars est organisée à l'été 2011 mettra finalement fin au projet controversé pour se concentrer sur le développement global de la plateforme.

 

En avril 2014, OverBlog se fait racheter par le groupe Webedia (groupe Fimalac), possédant entre autres PureMédiasAlloCiné et CanalBlog, pour moins de 5 millions d'euros.

 

Lors de sa cession à Xebedia en avril 2014, le site enregistre plus de 50 millions de visiteurs uniques par mois.

 

Créé à l'origine par une poignée de copains toulousains, overblog est donc devenu un élément constitutif d'un empire considérable.

 

J'ai créé ce blog il y a 14 ans car j'avais claqué la porte de mon blog Nouvelobs. J'y avais été censuré de la manière la plus méprisable possible pour un seul écrit totalement anodin. Le nouvelobs m'avait permis de continuer à écrire mais ne m'affichait plus sur sa page d'accueil. Deux ou trois censeurs et censeuses aussi jeunes qu'incultes avaient donc décidé de me tester pour une durée indéterminée. Ce que j'avais refusé.

 

Je n'ai jamais connu ce désagrément chez overblog même si, à deux ou trois reprises, des lecteurs m'ont "signalé", ce dont j'ai été averti.

 

Pourvu que ça dure...

 

5000 articles !
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14 août 2020 5 14 /08 /août /2020 05:34

 

 

J’ai lu récemment ce fort livre du très grand érudit italien Nicola Gardini Vive le latin. Histoires et beauté d’une langue inutile. Si cet ouvrage avait existé quand, moi-même, j’étudiais la langue, je ne me serais pas traîné aussi lamentablement pendant six ans dans l’étude de ce que j’ai vécu comme une plaie. Les quatre mauvais profs sur six qui me l’enseignèrent y firent pour beaucoup.

 

Alors, pour vous mettre l’eau à la bouche, je citerai ce court passage sur le vocabulaire sexuel des Romains, puisé dans Catulle ;

 

Parties du corps : mentula (bite ou bitte, membre viril) ; cunnus (con, sexe féminin) : culus (cul) ; verbes : futo (foutre et dérivés – confutuo, ecftuta, defututa, diffututa ; le substantif fututio (coup) est également attesté ; pedico (être sodomisé) ; irrumo (mettre dans la bouche, se faire sucer) ; on trouve aussi les substantifs irrumator et irrumatio ; truso (pousser vivement, baiser) ; glubo (peler, écorcer, employé métaphoriquement pour avoir un rapport sexuel ; fello (sucer) ; perdepso (pétrir à fond, malaxer, métaphore pour posséder sexuellement) ; voro (engloutir, c’est-à-dire recevoir dans la bouche ou le derrière ; on trouve aussi l’adjectif vorax (vorace). Autres substantifs : scortum (prostituée) ; scortillum (traînée), pathicus (homosexupassif) ; cinaedus (même sens, le mot se trouve encore chez l’Arioste.

 

Dire le sexe dans la Rome antique
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13 août 2020 4 13 /08 /août /2020 07:02

Je reproduis ici un article de Denis Collin à propos d’un entretien d’Hakim El Karoui au Figaro.

 

Brillant politiste, Hakim El Karaoui poursuit deux objectifs : faire de la société française un paradis de l'ultralibéralisme et créer un "islam de France". Pour ce qui est de l'islam, il n'y va pas par quatre chemins :  selon lui, la sunna, basée sur les hadîths (dires, écrits et propos rapportés du prophète Mahomet), « n'est pas compatible avec le système de valeurs de la France contemporaine. »

 

 

On l'a vu frayer avec une bonne partie de la classe politique française : Raffarin, Royal, Delanoë, Chirac, Dati. La banquier éborgneur est à une encablure.

 

 

 

 

 

 

Ancien conseiller de Raffarin et Thierry Breton, ancien direc­teur chez Rothschild, ancien sou­tien de Mme Royal, mais tou­jours bien ancré à droite, Hakim El Karoui a fondé les Young Mediterranean lea­ders » (tiens, tiens …) et fut l’éphémère conseiller de Ben Ali au moment où le dic­ta­teur fai­sait face à la révo­lu­tion. Il a également publié en col­la­bo­ra­tion avec l’ultra­li­bé­rale « Fondation Montaigne » un rap­port inti­tulé « Un islam fran­çais est pos­si­ble » (2017) et fondé en 2019 une « Association Musulmane pour l’Islam de France ». Militant libé­ral et mili­tant musul­man, peut-être un des faux-nez des « frères », cet homme confie au Figaro du 31 juillet un entre­tien titré « Les retrai­tés doi­vent contri­buer à l’effort de guerre sani­taire ». Déjà le titre est tout un pro­gramme : faites payer les vieux en bais­sant les pen­sions. Ceux qui n’ont pas eu le bon gout de mourir dans l’épidémie de Covid vont passer à la caisse.

Pour ce mon­sieur, le gou­ver­ne­ment a fermé la société pour pro­té­ger les vieux. Les jeunes géné­ra­tions ont payé et vont payer encore plus demain cet élan de soli­da­rité. Quand on lui rap­pelle que de très nom­breu­ses per­son­nes âgées ont été écartées des hôpi­taux, il affirme que « c’est le contraire ». Avec ce sens de la « vérité alter­na­tive », cet homme a toute sa place au gou­ver­ne­ment. Mais le plus impor­tant vient ensuite : « Les enfants et petits-enfants des baby-boo­mers disent la même chose. À la dette cli­ma­ti­que, il faut ajou­ter la dette finan­cière et sociale. La géné­ra­tion du baby-boom, qui a fait peu d’enfants, aurait dû épargner pour le finan­ce­ment de ses retrai­tes, sachant que le nombre d’actifs par retrai­tés allait s’effon­drer. Non seu­le­ment elle ne l’a pas fait, mais elle a endetté l’État sans mesure. Les baby-boo­mers ont inventé la soli­da­rité à l’envers : des pau­vres endet­tés (les jeunes) vers les riches qui vivent à crédit (les baby-boo­mers). » Tout est dit, en quel­ques phra­ses. Les « baby-boo­mers » sont les res­pon­sa­bles de la situa­tion actuelle, il va fal­loir les faire payer. Les retrai­tes sont trop élevées et non finan­cées – c’est encore une des affir­ma­tions gra­tui­tes et pure­ment men­son­gè­res de ce mon­sieur. Et de plus, ces affreux qui ont eu le tort de naître en gros entre 1942 et 1958 lais­sent une dette cli­ma­ti­que.

Chez cet homme, la « lutte des âges » est une obses­sion. « J’avais ana­lysé en 2013 la ges­tion de la crise finan­cière de 2009 et j’avais cons­taté que les déci­sions prises (gel de l’inves­tis­se­ment public, garan­ties des ban­ques too big to fail et mon­ta­gnes d’argent déver­sées dans l’économie), avaient fina­le­ment pour seul objec­tif de pré­ser­ver la valeur des actifs de la géné­ra­tion qui avait suren­detté le monde occi­den­tal. Dans une situa­tion nor­male, ils auraient dû perdre. Et la crise aurait permis la redis­tri­bu­tion des cartes entre les géné­ra­tions. Il s’est pro­duit tout l’inverse : regar­dez l’évolution de l’immo­bi­lier à Paris depuis dix ans. »

Comment démê­ler cet édifice de men­son­ges bien digne d’un faux-cul reli­gieux libé­ral ? Tout le monde (sauf lui) sait que la liqui­da­tion en cours de l’État social modèle 1945 a été amor­tie par des trans­ferts mas­sifs (privés) des parents vers les enfants et même encore plus sou­vent des grands-parents vers les petits-enfants. En revan­che, ce qu’ont fait les poli­ti­ques publi­ques, c’est un trans­fert massif des riches­ses des sala­riés et des clas­ses moyen­nes vers les grands capi­ta­lis­tes. Quand il parle de « pré­ser­ver les actifs de la géné­ra­tion qui avait suren­detté le monde occi­den­tal », l’ami des Rothschild et conseiller de Ben Ali passe les bornes. L’immense majo­rité de retrai­tés n’a aucun actif ou pres­que, éventuellement pos­sède son loge­ment et n’a nul­le­ment endetté l’Occident. Par contre, ceux qui se sont goin­frés et ne pas­sent jamais à la caisse, El Karoui n’en parle pas du tout. Normal : ce sont ses patrons et il n’est que leur porte-plume.

El Karoui se plaint que les retrai­tés n’ont pas perdu avec la crise – je ne sais où il a vu ça – et annonce qu’il fau­drait cor­ré­ler le niveau des retrai­tes à l’acti­vité, c’est-à-dire à la crois­sance ou non du PIB. Ce qui est exac­te­ment la réforme Macron. Mais il faut démon­ter le fond de l’argu­men­ta­tion : les vieux auraient endetté les jeunes : c’est oublier que les jeunes pos­sè­dent par défi­ni­tion une dette vis-à-vis des vieux. Si on fac­tu­rait aux jeunes loups aux dents lon­gues les heures de bibe­ron, les nuits pas­sées à veiller le petit malade, les repas, les vacan­ces, l’école, et toutes ces choses qui sont payées par les parents – indi­vi­duel­le­ment ou col­lec­ti­ve­ment – la fac­ture serait salée ! Au demeu­rant les pleur­ni­chards qui se lamen­tent sur le sort des jeunes endet­tés par leurs parents oublient que d’un autre côté ils mili­tent acti­ve­ment pour l’endet­te­ment des jeunes afin de déve­lop­per les grands écoles et uni­ver­si­tés payan­tes sur le modèle amé­ri­cain. Au tarif du marché, à com­bien fau­drait-il fac­tu­rer à toutes ces pau­vres vic­ti­mes de l’égoïsme des babies-boo­mers une année d’uni­ver­sité (qui coûte tout au plus quel­ques cen­tai­nes d’euros), une année de classe pré­pa­ra­toire (gra­tuite actuel­le­ment) ou une année de grande école publi­que qui coûte quel­ques mil­liers d’euros alors qu’au tarif mon­dial c’est en dizai­nes de mil­liers d’euros qu’il fau­drait comp­ter. Les parents qui se sont sai­gnés aux quatre veines pour per­met­tre à leurs enfants de décro­cher les bons diplô­mes des meilleu­res écoles, n’en ver­ront jamais le retour, sinon dans la récom­pense toute morale de la satis­fac­tion du devoir accom­pli. En cal­cu­lant bien, on ver­rait qu’une très grande partie de l’endet­te­ment des vieilles géné­ra­tions est un endet­te­ment en faveur des jeunes géné­ra­tions. Ajoutons que les mil­liers de kilo­mè­tres d’auto­rou­tes, de câbles télé­pho­ni­ques ou électriques, les cen­tra­les énergétiques et les hôpi­taux, les monu­ments et les TGV, tout cela non seu­le­ment les jeunes en pro­fi­tent, mais encore ils en pro­fi­te­ront encore demain quand tout cela sera amorti. Où est la dette ? Qui est endetté envers qui ?

Le plus haut comi­que est atteint par El Karoui quand il évoque (sans s’étendre) la dette écologique. On pour­rait tout sim­ple­ment pro­po­ser aux pau­vres enfants de ces sinis­tres « babies-boo­mers » de vivre comme vivaient leurs parents ou leurs grands-parents qui, leur jeu­nesse durant, ont connu une vie net­te­ment moins coû­teuse en termes d’empreinte écologique. Les jeunes mal­heu­reux que feint de plain­dre notre « pen­seur » pour­raient par exem­ple renon­cer à leurs por­ta­bles, à leurs ordi­na­teurs, à toutes ces peti­tes machi­nes qui sont deve­nues les pre­miers consom­ma­teurs mon­diaux d’énergie. Les babies-boo­mers étaient bien loin d’aller tous au col­lège et au lycée. La grand majo­rité tra­vaillait à qua­torze ou seize ans au lieu de glan­der dans ces pré­ten­dus lieux d’ins­truc­tion deve­nus des « lieux de vie » où l’on sup­plie les pares­seux et les je-m’en-fou­tis­tes de bien vou­loir hono­rer le pro­fes­seur de leur simple pré­sence au cours.


Cela suffit à démon­trer la bêtise ou la vilé­nie des propos d’Hakim El Karoui. L’une n’est d’ailleurs pas exclu­sive de l’autre. Le fond de l’affaire est double : d’une part, il s’agit d’oppo­ser jeunes et vieux et selon les vieux prin­ci­pes du macrono-maoïsme, on mobi­lise, comme pen­dant la révo­lu­tion cultu­relle, les jeunes contre les vieux (vieux truc de tous les régi­mes tota­li­tai­res). D’autre part, la géné­ra­tion du « baby-boom » incarne les trois ou quatre décen­nies qui ont suivi la Seconde Guerre mon­diale, pen­dant les­quel­les le sys­tème de l’État social – c’est-à-dire la coha­bi­ta­tion d’une société encore capi­ta­liste avec de puis­san­tes ins­ti­tu­tions socia­les – a permis une impor­tante élévation du niveau de vie des sala­riés, des ouvriers et employés et comme il s’agit aujourd’hui d’orga­ni­ser le grand mas­sa­cre de la classe ouvrière et des clas­ses sala­riées en géné­ral, les sbires des puis­sants appel­lent à tirer sur les « babies-boo­mers » – qu’on se ras­sure, pas sur les babies-boo­mers richis­si­mes qui payent Macron ou El Karoui, mais sur les babies-boo­mers qui vivent sim­ple­ment de leur retraite qui n’est que le salaire dif­féré et socia­lisé.


Un der­nier point, Hakim El Karoui n’a rien inventé. Il ne fait que repren­dre la chan­son des Attali et Minc, c’est-à-dire des maî­tres de Macron. Attali fut un grand mit­ter­ran­diste devant l’éternel, El Karoui était au ser­vice de Raffarin, mais la droite et la gauche dans ces sphè­res-là, ça ne veut rigou­reu­se­ment rien dire, car ils pen­sent tous les mêmes choses et ont tous un seul but : régler son compte au mou­ve­ment social. Les tueurs sont lâchés.

 

Contre les retraites, les tueurs sont lâchés
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