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10 juillet 2020 5 10 /07 /juillet /2020 05:04

 

 

La première fois que j’ai entendu mes filles utiliser le mot « mytho » j’ai été surpris. Je ne voyais pas exactement ce qu’elles voulaient dire, mais il était clair qu’elles n’utilisaient pas ce vocable dans son acception la plus évidente, celle de mythomane, mythomaniaque, à savoir un individu ayant une tendance pathologique au mensonge, à la fabulation ou à l’affabulation. Donc relevant de la psychiatrie.

 

Ainsi les djeuns ne disent plus « menteur » mais « mytho ». Il n’y a pas si longtemps, un mytho racontait des bobards. J’aime beaucoup l’étymologie de ce mot (selon le CNRTL) : « Ca 1900 d'apr. DauzatNotes étymol. et lex. dans Fr. mod., t. 8, pp. 13-14); 1912 pop. (cité dans Esn.). Prob. dér. en -ard* du rad. onomatopéique bob- exprimant le mouvement des lèvres, d'où la moue, la bêtise; à rattacher à l'a.fr. boban « vanité » (xiies. dans T.-L.), bober « tromper » (xiiies., ibid.), bobert « présomptueux, sot » (xiiies., ibid.), m.fr. bobeau « mensonge », xvies. dans Gdf., mots qui ont largement survécu dans les dial. (Dauzatloc. cit.). Á noter que, pour bobard, les anglais ont « fib », qui vient vraisemblablement de « fable » et, mieux encore « canard », qu’ils nous ont piqué sans vergogne.

 

En se répandant par la bouche des djeuns, le mot « mytho » a perdu de sa violence (ce qui est banal : je me souviens que, dans les années cinquante, « vachement » était un terme plutôt violent et vulgaire).

 

Dire « mytho » au lieu de « mythomane » est malin : cela le rend plus péjoratif et moins précis, comme « facho » qui a remplacé « fasciste ». Mais s’est évidemment perdue la notion d’invention d’un réel. On évacue également la notion du « comme si », le célèbre « als ob » sur lequel ont glosé nombre de philosophes et de psychanalystes allemands pendant le XXe siècle. Avec l’idée fondamentale, exprimée par Hans Vahlinger, que « l’apparence, ce qui est faux en toute conscience, jouent un rôle énorme dans les sciences et la philosophie ».

 

 

 

Les mots chéris des médias et des politiques (22)
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8 juillet 2020 3 08 /07 /juillet /2020 05:06

 

“ Létal ” (ou “ léthal ”). Encore un de ces mots qui nous sert à euphémiser, à mettre à distance le réel quand il nous inquiète ou nous insupporte. On dit létal pour ne pas dire mortel. Le mot vient d’un vocable grec, puis latin, qui signifie “ la mort ”. On l’a utilisé en français dès la fin du XVe siècle, quelques années après les Anglais. Chez nous, il est tombé en désuétude, mais pas outre-Manche. En France, il est revenu en force dans des ouvrages scientifiques au début du XXe siècle, mais pas dans la langue courante (en médecine, la létalité est, selon le Littré, une condition qui rend une lésion nécessairement mortelle). Jusqu’au jour où les médias se sont aperçus qu’il était très en vogue chez les Anglo-Saxons et, partant, qu’il avait obtenu un certificat de respectabilité. Y compris dans l’expression « a lethal chamber », une chambre de mort où l’on gaze des animaux, prétendument sans les faire souffrir. Et y compris, bien sûr, dans ceux des États des Etats-Unis où l’on exécute par « injection léthale ». Avec le mot « injection », qui signifie « piqûre », très fréquent dans le vocabulaire médical, donc comme s’il s'agissait de guérir la société d’un organisme malsain.  

 

Dites « létal » et non « mortel » et vous ferez passer les pires horreurs. La firme suisse Brügger & Thomet, qui fournit le LBD 40 depuis 2016 aux forces de l’ordre françaises affirme que, bien utilisée, cette arme n’est pas « létale » (elle ne dit pas « mortelle »). La firme Verney Caron présente son lanceur de projectiles 40 mm de cette manière : « Lanceur de projectile à létalité atténuée, conçu et dédié (sic) exclusivement aux professionnels et aux différentes forces étant confrontées à des opérations de maintien de l’ordre ». Que signifie, pour ces marchands de mort, « létalité atténuée » ? Que l’on meurt doucement, de manière différée, que l’on fait semblant de mourir et qu’on ne nous y reprendra plus ?  

 

Postulons que tant que les djeuns nous parlerons de « la mort qui tue » et non de « la létalité qui tue », on a encore de la marge.

 

Les mots chéris des médias et des politiques (21)
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6 juillet 2020 1 06 /07 /juillet /2020 05:15

 

Le site Communistes exige la libération immédiate de Salah Hamouri : « Mardi 30 juin, alors qu’il se rendait à Jérusalem pour effectuer un test coronavirus (obligatoire) pour prendre l’avion samedi 4 juillet, pour se rendre en France, Salah Hamouri a été arrêté dans ce centre médical par les autorités israéliennes. Il a été conduit au centre d’interrogatoire de Moskobiyeh, à Jérusalem. Le motif de son arrestation ne lui a pas été communiqué. Déjà en août 2017, Salah Hamouri avait été arrêté quelques jours avant un voyage prévu en France pour y retrouver sa femme et son fils et il avait alors purgé 13 mois de détention administrative, sans peine ni jugement ni la moindre accusation prouvée. »

 

Pour le site Révolution, une seule perspective pour la France Insoumise : la barre à gauche toute : « En avril 2017, le « bloc » PS-EELV avait fait 6 % des voix (Benoît Hamon), pendant que Mélenchon faisait 20 % des voix. La dynamique, à gauche, était à l’avantage du programme le plus radical. Or la récession économique va développer le potentiel électoral d’une gauche « radicale ». Nous avions défendu l’idée d’une campagne de la FI menée sur un programme radical, anti-capitaliste, en proposant un accord national au PCF et à l’extrême gauche. Indépendamment de son résultat électoral, cette stratégie aurait au moins permis de rendre visible un pôle de radicalité, à gauche. Au lieu de quoi la FI a pratiquement disparu des radars – au profit du PS et des Verts. Si la FI veut progresser, dans les mois à venir, elle doit virer à gauche. Elle doit notamment présenter une alternative claire au programme pro-capitaliste des Verts. Enfin, la FI doit se préparer à une nette accélération de la lutte des classes et de la radicalisation politique, en France. Une catastrophe économique et sociale va balayer le pays à court terme. Elle va faire sombrer le gouvernement Macron dans des abîmes d’impopularité. Un nouveau mouvement de masse pourrait se développer et ouvrir la possibilité d’une chute du gouvernement avant 2022. Dans ce contexte, la FI doit se tourner vers la « gauche radicale » et le mouvement syndical, à commencer par la CGT, pour préparer la mobilisation, dans les rues et par la grève, contre le « gouvernement des riches » – et pour un gouvernement des travailleurs. »

 

 

José Espinosa, dans Le Grand Soir, s’interroge également sur l’abstention aux dernières élections municipales : « L’essentiel n’est pas dans la claque que le pouvoir vient de recevoir. Le fait le plus marquant de cette consultation électorale c’est la non participation massive, surprenante, tenace des électeurs. Dans les scrutins antérieurs, législatifs, régionaux, européens, l’abstention suivait une croissance constante. L’élection du maire, au contraire, entraînait toujours un engouement des populations, une participation record pour décider et choisir son premier magistrat. La monarchie présidentielle lui porte un coup de grâce. Les causes en sont multiples : réductions des dotations de fonctionnement, affaiblissement des pouvoirs avec la métropolisation et les communautés de communes, politiques d’austérité démantellemant les services publics, désindustrialisations et délocalisations d’entreprises, destruction des commerces et de l’artisanat au profit de la grande distribution etc. »

 

 

 

Enfin, je vais me permettre de citer mon blog et évoquer le jour où j’ai rencontré un esclave : « Avec un collègue sénégalais, je remontai le fleuve Sénégal jusqu’à Rosso, une ville où les populations sénégalaises et mauritaniennes sont assez mélangées. Nous fîmes une halte dans un restaurant qui garantissait des glaçons pour la bière chaude. Ce restau appartenait à des Mauritaniens, en particulier à une énorme femme d’une trentaine d’années qui, du matin au soir, restait immobile dans son canapé. Le serveur, lui aussi âgé d’une trentaine d’années, était sénégalais. Mon collègue, habitué des lieux, me dit, à mi-voix et mine de rien : « tu vois, ce type, c’est un esclave ». Il m’expliqua que ce grand garçon avait été vendu, tout enfant, à cette famille mauritanienne. Il travaillait sans aucune rétribution mais ses propriétaires devaient lui garantir le logement, la nourriture et les soins. Et s’il se marie, demandai-je ? Il ne pourra épouser qu’une Sénégalaise qui aura le même statut que lui, m’expliqua mon collègue.

 

Revue de presse (329)
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6 juillet 2020 1 06 /07 /juillet /2020 05:09

 

Le site Communistes exige la libération immédiate de Salah Hamouri : « Mardi 30 juin, alors qu’il se rendait à Jérusalem pour effectuer un test coronavirus (obligatoire) pour prendre l’avion samedi 4 juillet, pour se rendre en France, Salah Hamouri a été arrêté dans ce centre médical par les autorités israéliennes. Il a été conduit au centre d’interrogatoire de Moskobiyeh, à Jérusalem. Le motif de son arrestation ne lui a pas été communiqué. Déjà en août 2017, Salah Hamouri avait été arrêté quelques jours avant un voyage prévu en France pour y retrouver sa femme et son fils et il avait alors purgé 13 mois de détention administrative, sans peine ni jugement ni la moindre accusation prouvée. »


 

Revue de presse (329)

 

Pour le site Révolution, une seule perspective pour la France Insoumise : la barre à gauche toute : « En avril 2017, le « bloc » PS-EELV avait fait 6 % des voix (Benoît Hamon), pendant que Mélenchon faisait 20 % des voix. La dynamique, à gauche, était à l’avantage du programme le plus radical. Or la récession économique va développer le potentiel électoral d’une gauche « radicale ». Nous avions défendu l’idée d’une campagne de la FI menée sur un programme radical, anti-capitaliste, en proposant un accord national au PCF et à l’extrême gauche. Indépendamment de son résultat électoral, cette stratégie aurait au moins permis de rendre visible un pôle de radicalité, à gauche. Au lieu de quoi la FI a pratiquement disparu des radars – au profit du PS et des Verts. Si la FI veut progresser, dans les mois à venir, elle doit virer à gauche. Elle doit notamment présenter une alternative claire au programme pro-capitaliste des Verts. Enfin, la FI doit se préparer à une nette accélération de la lutte des classes et de la radicalisation politique, en France. Une catastrophe économique et sociale va balayer le pays à court terme. Elle va faire sombrer le gouvernement Macron dans des abîmes d’impopularité. Un nouveau mouvement de masse pourrait se développer et ouvrir la possibilité d’une chute du gouvernement avant 2022. Dans ce contexte, la FI doit se tourner vers la « gauche radicale » et le mouvement syndical, à commencer par la CGT, pour préparer la mobilisation, dans les rues et par la grève, contre le « gouvernement des riches » – et pour un gouvernement des travailleurs. »

 

 

José Espinosa, dans Le Grand Soir, s’interroge également sur l’abstention aux dernières élections municipales : « L’essentiel n’est pas dans la claque que le pouvoir vient de recevoir. Le fait le plus marquant de cette consultation électorale c’est la non participation massive, surprenante, tenace des électeurs. Dans les scrutins antérieurs, législatifs, régionaux, européens, l’abstention suivait une croissance constante. L’élection du maire, au contraire, entraînait toujours un engouement des populations, une participation record pour décider et choisir son premier magistrat. La monarchie présidentielle lui porte un coup de grâce. Les causes en sont multiples : réductions des dotations de fonctionnement, affaiblissement des pouvoirs avec la métropolisation et les communautés de communes, politiques d’austérité démantellemant les services publics, désindustrialisations et délocalisations d’entreprises, destruction des commerces et de l’artisanat au profit de la grande distribution etc. »

 

 

 

Enfin, je vais me permettre de citer mon blog et évoquer le jour où j’ai rencontré un esclave : « Avec un collègue sénégalais, je remontai le fleuve Sénégal jusqu’à Rosso, une ville où les populations sénégalaises et mauritaniennes sont assez mélangées. Nous fîmes une halte dans un restaurant qui garantissait des glaçons pour la bière chaude. Ce restau appartenait à des Mauritaniens, en particulier à une énorme femme d’une trentaine d’années qui, du matin au soir, restait immobile dans son canapé. Le serveur, lui aussi âgé d’une trentaine d’années, était sénégalais. Mon collègue, habitué des lieux, me dit, à mi-voix et mine de rien : « tu vois, ce type, c’est un esclave ». Il m’expliqua que ce grand garçon avait été vendu, tout enfant, à cette famille mauritanienne. Il travaillait sans aucune rétribution mais ses propriétaires devaient lui garantir le logement, la nourriture et les soins. Et s’il se marie, demandai-je ? Il ne pourra épouser qu’une Sénégalaise qui aura le même statut que lui, m’expliqua mon collègue.

 

 

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5 juillet 2020 7 05 /07 /juillet /2020 05:15

 

 

Á Lyon, on compte une rue Laennec où l’on trouve, on ne s’en étonnera point, divers bâtiments à vocation médicale.

 

Soudain, la rue s’interrompt et s’appelle Promenade Léa et Napoléon Bullukian. Mais, me demandai-je, qui est donc cet Arménien improbable au prénom corse et néanmoins glorieux ?

 

Il s’agit d’un de ces immigrés qui ont beaucoup apporté à notre pays.

 

Il est né en 1905 en Turquie, au sein d’une forte minorité arménienne. Lors du génocide arménien de 1915, ses parents sont tués. Il est déporté et vendu comme esclave à un chef de tribu kurde. En 1919, après la défaite de l'Empire Ottoman, lors de l’arrivée des troupes alliées, il s'échappe. Il est recueilli dans un orphelinat créé par les Étasuniens puis s’embarque pour la France.

 

Il arrive à Marseille en 1923. Il travaille comme maçon et crée sa propre entreprise de bâtiment. Il est naturalisé françaisen 1928.

 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il participe à la Résistance dans le réseau Le Coq Enchaîné fondé en 1941 par le médecin socialiste Jean Fousseret.

 

Après la guerre, il développe son entreprise de bâtiment, la coopérative Le Roc. Il entre pour un tiers dans le capital de la société Astra de Bouchage et de Surbouchage Plastiques Astra Plastiques spécialisée dans la fabrication du Bouchon Tritop pour les vins (Brevet Chelle), de capsules aluminium Astra. Devenu l'actionnaire principal d'Astra il construit une usine à Saint-Georges-de-Reinens pour suivre et amplifier la fabrication des bouchons plastiques pour les eaux minérales, les huiles, les cosmétiques, les parfums. Il y fait fabriquer, à ses frais, des prototypes de cœurs artificiels pour le Professeur Marion. Il s'est associé à François de Grossouvre (l’« homme de l’ombre » de Mitterrand) pour l'embouteillage du Coca-Cola et devient le parrain de son fils Henri.

 

Veuf et sans enfant, il fait, en 1983, de la Fondation de France sa légataire universelle, pour créer la Fondation Léa et Napoléon Bullukian qui a pour vocation d’encourager la recherche médicale et en particulier la lutte contre le cancer, de participer aux œuvres sociales arméniennes et d’encourager la création contemporaine. La fondation a son siège place Bellecour à Lyon.

 

Napoléon Bullukian décède en 1984, il est inhumé auprès de son épouse au cimetière de Champagne-au-Mont-d'Or.

 

Il a raconté sa vie dans : De l'Ararat à Napoléon, La Pensée Universelle, 1975.

 

Promenade Léa et Napoléon Bullukian, Lyon
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25 juin 2020 4 25 /06 /juin /2020 05:04

Un sociolinguiste me disait il y a quelques années que la seule véritable frontière linguistique en France passait par les régions où l'on disait “ pain au chocolat ” et celles où l'on défendait les “ chocolatines ”. Les premières étant nettement plus étendues que les secondes.

 

Par delà cette boutade, de Dijon bien sûr, la langue française est riche de ses différences, de ses bizarreries, de ses anachronismes. On dit “ chocolatine ” du côté de Bordeaux et de Toulouse, mais aussi au Québec. Ce terme viendrait d'une déformation d'un mot autrichien. Le pain au chocolat est en effet une viennoiserie. August Zang, l'inventeur du croissant au chocolat, bien bourratif, bien calorique et deux fois plus gros à Salzbourg qu'à Romorantin, braillait, pour vendre ses delikatessen,  “Schokoladencroissant”, ce qui fut entendu par les Français un peu durs d'oreille quand ils ont affaire à des langues étrangères, “ chocolatines ”. Le vocable “ pain au chocolat ”, pour désigner ce que nous consommons aujourd'hui, est apparu après “ chocolatine ”. Il ne faut jamais avoir raison trop tôt.

 

Les Toulousains et les Bordelais ont gardé “ chocolatine ” vraisemblablement par proximité avec l'occitan “ chocolatina ”.

 

Il n'empêche qu'on aurait du mal à chanter avec Joe Dassin :

 

Tous les matins il achetait 
Sa chocolatine 
La boulangère lui souriait 
Il ne la regardait pas 

 

Maxime V..., le tatoueur toulousain qui exerce son coupable commerce à Lyon
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21 juin 2020 7 21 /06 /juin /2020 05:19

Raphaëlle Gensane a écrit ce petit texte en 2016. Á la demande de sa prof de français.

 

 

 

Je me nomme Harry Wells. J’ai 39 ans. Ayant été informé par un de mes cousins de la mort de notre grand-mère, je me rendis dans les brumes hivernales du Nord de l’Ecosse, dans son manoir situé près de Kirkcaldy. Quand j’arrivai, elle était étendue sur son lit, son visage exprimait une horrible terreur. On m’apprit qu’elle était morte sur une chaise du salon.

 

Quatre jours après l’enterrement, notre oncle mourut. Nous l’avons retrouvé assis à son bureau, la tête posée sur une liasse de feuilles. Comme celui de notre grand-mère, son visage exprimait la terreur. Il avait la bouche grande ouverte. Il y avait sur le coin du bureau, une note de la main de notre oncle : « C’est l’Ombre ».   Nous commençâmes à nous demander si le manoir était hanté. Pourquoi une ombre ? Il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir, rester dans les lieux pour tenter de trouver la réponse. Si cette ombre existait vraiment, elle poursuivrait notre famille jusqu’à la fin. Il fallait que nous comprenions le mystère de cette ombre maléfique.

 

Nous décidâmes que si l’un d’entre nous était directement menacé par l’Ombre, il s’efforcerait d’écrire ce qu’il avait vu ou entendu.

 

Après plusieurs jours, alors que l’Ombre ne s’était pas manifestée, nous décidâmes de rentrer chez nous. Mais au moment où nous bouclions nos bagages, un cri glaçant se fit entendre au bout de la propriété. Nous nous précipitâmes vers l’endroit d’où venait ce cri. Les jumeaux Charles et Philip, tout deux botanistes, étaient assis, dos à dos, morts au milieu d’une clairière. Ils souriaient d’une manière démoniaque, le regard perdu dans le vide. Charles tenait une feuille d’arbre à la main, sur laquelle on pouvait lire : « Votre tour viendra ». Mrs Mc Gregor, notre grand-tante, s’évanouit à la vue de la feuille.

 

Nous comprîmes que si nous tentions de quitter le manoir, d’autres mourraient. Pourrions-nous un jour échapper à l’emprise de l’Ombre ?

 

Nous passâmes la soirée dans le salon. A minuit, on sonna. Nous nous précipitâmes tous les sept à la porte, mais il n’y avait personne.

 

Nous entendîmes des voix affolantes, comme si elles venaient d’outre-tombe. Nous nous réfugiâmes dans le salon. La porte se ferma derrière nous et le feu de la cheminée s’arrêta. Nous étions dans le noir, personne n’osait prononcer le moindre mot. Une bougie s’alluma. L’Ombre apparut sur le mur. Elle avait la forme du diable. Des voix retentirent et énumérèrent nos sept prénoms : « Frances, Ben, Harry, Selena, Louisa, Cristopher et John ».

 

Nous tremblions, effarés. Le timbre de la voix de l’Ombre n’appartenait pas à seul individu mais à une multitude d’êtres. La voix, dont les inflexions variaient de syllabe en syllabe, tombait confusément dans nos oreilles, imitant les accents, connus et familiers de mille et mille amis disparus ! 

 

L’Ombre Maléfique
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5 juin 2020 5 05 /06 /juin /2020 05:17

Il fallait des Belges pour s'autoriser un tel humour, un tel recul et un tel savoir.

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10 mai 2020 7 10 /05 /mai /2020 05:14

La russophobie, chez les Français, ne va pas de soi. On peut la comprendre (ou l'expliquer), par exemple, chez les Turcs, les Suédois ou les Polonais qui, depuis les débuts de l'époque moderne (disons le XVIe siècle) furent souvent en conflit avec les Russes, puissance montante et voisine, voire eurent à souffrir de leurs empiétements ou de leur domination (par exemple, pour les Polonais, de 1792 à 1918 !). Il faut aussi se souvenir que ces peuples avaient, jadis, des armées de taille à se mesurer avec celles des Russes - ou, du moins, d'y faire autre chose que de la figuration. Mais qu'en est-il de la France ? 

 

 

 

 

1. Jusqu'au XVIIIe siècle inclus, Français et Russes n'eurent guère de raisons de se heurter : la France ne s'opposait, jusque là, qu'à ses voisins : les Espagnols, les Habsbourg d'Autriche ou les Anglais (comme lors des guerres de Louis XIV)... et la Russie n'était pas limitrophe de la France ! La France ne fut l'adversaire de la Russie, pour la première fois, qu'au cours de la guerre de Succession de Pologne (1733-1738). Or, lors de ce conflit, les Français n'affrontèrent les Russes que sur le lointain théâtre de Dantzig, l'énorme majorité des batailles livrées par les Français n'ayant lieu qu'avec les Autrichiens.

 

 

 

 

La deuxième grande guerre du XVIIIe siècle (l'histoire militaire de ce siècle s'étale entre les guerres de Louis XIV, qui s'achevèrent en 1714, et celles de la Révolution et de l'Empire, qui durèrent de 1792 à 1815), fut la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748). Au cours de cette guerre, la Russie se trouva dans le camp de l'Autriche, donc opposée à la France, mais, là encore, la France n'affronta pour ainsi dire que les Anglais et les Autrichiens.

 

 

 

 

Enfin, la guerre de Sept ans, troisième guerre du siècle, et par ailleurs la plus âpre - la première guerre mondiale, selon Edmond Dziembowski (1756-1763)(1) -, vit la France et la Russie dans le camp de l'Autriche, opposées à la Prusse et à l'Angleterre. Il n'y avait donc pas de quoi susciter, en France, un sentiment anti-russe d'autant plus qu'il n'existait pas, pour l'un ou pour l'autre pays, d'enjeu territorial (quelle province frontalière, quelle colonie lointaine auraient-ils eu à se disputer ?), pas d'affrontement "idéologique" - comme le soutien à un "camp" religieux contre l'adversaire. Enfin, les deux premières de ces guerres ne furent que dynastiques et sur des champs de bataille situés hors de France. Rien donc de nature à susciter des élans populaires et des passions homicides, comme lors des guerres de religion, et, plus tard, des guerres de la Révolution.

 

 

 

 

2. Tout changea durant les guerres de la Révolution et de l'Empire, premières guerres proprement idéologiques. Certes, comme le dit André Fugier, la tsarine Catherine II espérait que l'Europe anéantisse la "canaille jacobine",(2) mais ce ne fut pas avant la Deuxième coalition, en septembre 1799, que les Russes intervinrent contre la France, et encore, seulement en Suisse. Et là aussi, l'affrontement dura peu, car les Russes furent vite battus par Masséna et se retirèrent. Les combats entre Français et Russes furent donc trop brefs et trop périphériques pour susciter un sentiment anti-russe dans la population. D'ailleurs, si une telle hostilité s'était manifestée, n'aurait-elle pas plutôt pris pour cible l'ensemble des coalisés - en tant que soutiens du retour à l'Ancien Régime ? 

 

 

 

 

3. Lors de la Troisième coalition, qui se termina par la victoire d'Austerlitz, ce fut la France qui alla chercher les Russes en Moravie. Même chose pour la Quatrième Coalition, où Napoléon affronta les Russes dans les localités d'Eylau et de Friedland, situées l'une et l'autre, aujourd'hui, dans l'oblast de Kaliningrad, c'est-à-dire en Russie. Et, bien entendu, lors de la campagne de Russie, de juin à décembre 1812, le pays qui prit l'initiative des opérations et envahit l'autre, ce fut la France. Quant aux campagne de Saxe (d'avril à octobre 1813) et de France (au début de 1814) qui virent de nouveau les armées russes parmi les coalisés, elles ne furent que la conséquence de la campagne de Russie. Enfin, lors de la Septième coalition – ou Campagne des Cent jours – qui s'acheva à Waterloo, ce furent les seuls Anglais et Prussiens qui vinrent à bout des Français.

 

 

 

 

Conclusion partielle 1, à la fin des guerres de l'Empire : lors des guerres de la Révolution et de l'Empire, l'engagement des Russes n'apparut pas tel qu'il eût pu susciter, parmi les Français, un sentiment d'hostilité. D'abord, les Russes agirent la plupart du temps au sein de coalitions (sauf durant la campagne de Russie), mais furent moins constamment ennemis de la France que les Anglais ou les Autrichiens, et ne participèrent ni à la Première ni à la Septième coalition.

 

 

 

 

4. Au début du XIXe siècle, les Français progressistes (ou "libéraux", ou "républicains"... ou ce qu'il en restait) auraient pu en vouloir à la Russie du fait que son souverain, Nicolas Ier, fut à l'origine de la Sainte-Alliance, dont l'objet était de se prémunir contre le retour des révolutions, dont la France avait montré le "périlleux" exemple. 

 

 

 

 

Sauf que cette Sainte-Alliance fut dissoute de fait à la mort de Nicolas Ier, en 1825, que la réaction contre-révolutionnaire fut davantage incarnée, jusqu'en 1848, par Metternich, principal ministre autrichien, et que la France de la Restauration (sous le gouvernement de Louis XVIII), participa elle-même, en 1823, en Espagne, à l’écrasement d'un mouvement insurrectionnel. A l'inverse, toutefois, dans la France philhellène des années 1820, la participation de la Russie à la bataille de Navarin, en 1827, qui, en anéantissant la flotte turque, contribua à l'indépendance grecque, aurait pu jouer, dans l'opinion française en faveur de la Russie [enfin, parmi le petit nombre de Français qui s'intéressait à la question...]. 

 

 

 

 

5. Pour la partie du XIXe siècle, qui s'étend jusqu'au Second empire, la russophobie aurait pu se diffuser, du fait que la Russie - malgré la dissolution de la Sainte-Alliance - apparut comme la puissance réprimant les mouvements nationaux, notamment en Pologne et en Hongrie. On se souvient du scandale provoqué, en 1831, par le mot du général Sébastiani, ministre français des Affaires étrangères, après l'écrasement de la révolution polonaise : "l'ordre règne à Varsovie". Ou, à l'inverse, de l'apostrophe lancée en 1867 au tsar Alexandre II, en visite à l'Exposition universelle de Paris, par le député Floquet, après la répression, par ce tsar, de la révolution polonaise de 1861-1864 : "Vive la Pologne, Monsieur !". Enfin, les Français auraient pu se souvenir que la Russie, en 1849, aida l'empereur d'Autriche à écraser la révolution hongroise. [Mais, en 1849, on imagine que les Français, davantage marqués par l'écrasement des Journées de juin 1848, avaient d'autres sujets de préoccupation...].

 

 

 

 

6. Reste, évidemment, la guerre de Crimée (1853-1856) qui vit la France porter la guerre loin de chez elle, en Russie, aux côtés du Royaume-Uni et de l'empire ottoman, alors qu'elle n'avait pas été, initialement, attaquée par cette même Russie. Cette guerre coûta à la France 92 000 morts, plus du fait du choléra que des balles russes, et fut menée au seul bénéfice stratégique des Anglais (qui bloquèrent la flotte russe dans la mer Noire et empêchèrent la Russie de vassaliser la Turquie) au prix, pour eux de... 22 000 morts. Et lors du traité de Paris, qui mit fin à la guerre, si les Français manifestèrent leur joie, ce ne fut pas pour fêter la victoire sur un ennemi détesté mais pour se réjouir de la fin d'un conflit qui, sans aucun profit pour la France (sauf à enrichir l'onomastique parisienne : pont de l'Alma, boulevard de Sébastopol, Malakoff...), leur avait coûté cher en vies humaines.

 

 

 

 

Conclusion partielle 2, jusqu'à la fin du second Empire et aux débuts de la IIIe République (soit, de facto, dès 1870), les Français n'eurent pas de raison d'en vouloir spécifiquement à la Russie, comme ils auraient pu en vouloir à l'Angleterre - qui leur avait pris des territoires outre-mer et avait balayé leur flotte des océans. Ou à l'Autriche - qui apparaissait comme la "prison des peuples", notamment du peuple italien, comme en témoigna la guerre de 1859 (Magenta et Solférino).

 

 

 

 

7. Après la guerre de 70, pour la France - et pendant 43 ans -, l'ennemi fut l'Allemagne. Dans cette configuration, quel rôle joua la Russie ? Elle joua le rôle que lui assigna Bismarck jusqu'à sa chute en 1890 : celui d'une puissance empêchée de s'allier avec la France, pour éviter à l'Allemagne une guerre sur deux fronts. Le système dura plus de 20 ans, jusqu'à ce que Guillaume II, le nouvel empereur, y mît fin et que la France (notamment en souscrivant largement aux emprunts russes), finît par détacher la Russie de l'alliance allemande. Désormais, la Russie fut un allié de poids (quoique la guerre russo-japonaise de 1904-1905 eût tempéré l'optimisme des Français quant à ses capacités militaires) qui permit une alliance de revers face à l'Allemagne, alliance qui avait tant fait défaut à la France en 1870. Et cette alliance fonctionna puisque ce fut (entre autres raisons) le transfert de deux corps d'armée allemands du front de l'ouest au front de l'est qui, en août-septembre 1914, contribua à la victoire de la Marne.

 

 

 

 

8. Tout changea de nouveau avec la Révolution d'Octobre, en novembre 1917, qui vit à la fois la naissance d'un régime inédit (le régime bolchevique), et, ipso facto, la renaissance de l'épouvantail de la Révolution, et le retrait de la Russie du rang des belligérants, privant ainsi la France d'un allié de poids. Du coup, l'opinion de droite eut deux raisons d'en vouloir au nouveau régime : d'abord pour sa "défection" en pleine lutte (d'autant plus que le traité de Brest-Litovsk fut signé à l'époque de la seconde bataille de la Marne, laquelle débuta de façon critique pour les alliés). Et ensuite pour la création d'un régime hostile aux classes possédantes. Désormais, ce furent les Bolcheviques qui prirent le relais des Jacobins jadis tant haïs. Et, pour les conservateurs français, ce nouveau régime raviva les horreurs de la Commune.

 

 

 

 

9. Désormais, les termes "Russie" et "Révolution" furent synonymes dans l'esprit des Français, ce qui suscita, dans l'opinion publique française, un clivage radical : de l'admiration et de la dévotion de la part du Parti communiste, de l'hostilité, si ce n'est de la haine, de la part de tous les autres partis, et bien entendu encore plus de ceux de droite, les deux courants adverses s'entretenant l'un l'autre. Et l'hostilité des dirigeants français à l'égard du nouveau régime se marqua de plusieurs manières :

 

 

 

 

- Par l'aide aux armées blanches sur divers fronts, notamment en mer Noire (lors de la guerre civile russe), fin 1918-début 1919, ou aux Polonais, lors de la guerre russo-polonaise (1919-1921) par l'envoi d'une mission militaire d'instruction (mission à laquelle prit part le capitaine de Gaulle), enfin, par la contribution, avec l'armée roumaine, à l'écrasement de la République des conseils de Béla Kun, en Hongrie, au printemps-été 1919. 

 

 

 

 

Conclusion partielle 3, à la fin de la guerre civile russe : désormais, même si, en 1924, la France, sous le Cartel des gauches, reconnut de jure l'URSS, l'attitude de ses dirigeants n'en fut pas moins équivoque à l'égard de ce pays. En effet, même si la France considérait toujours l'Allemagne comme la principale menace (les premiers projets de la future ligne Maginot datent du milieu des années 1920), elle fit comme si elle espérait que l'URSS et l'Allemagne se saignent à blanc et qu'elle n'eût plus (avec l'Angleterre) qu'à ramasser les morceaux. D'où une série de comportements douteux à l'égard de l'URSS, parmi lesquels :

 

 

 

 

- Le refus d'aider la République espagnole contre les franquistes à l'été 1936, l'abandon de la Tchécoslovaquie à Hitler en septembre 1938, le refus des propositions d'alliance de Staline, la complaisance envers les Polonais qui refusaient de laisser l'Armée rouge traverser leur pays pour secourir la Tchécoslovaquie. La crainte de l'Allemagne était contrebalancée par une crainte non moins forte de l'URSS - ce qui, en grande partie, expliqua le pacte germano-soviétique d'août 1939.

 

 

 

 

10. Pendant la guerre, les Français à l'écoute de la radio anglaise suivirent les péripéties de la guerre. Et, à l'époque, ces Français savaient que la défaite de l'Allemagne nazie n'avait pas été consommée à El-Alamein, à Monte Cassino ou sur les plages de Normandie, mais de façon bien plus décisive, à Moscou, à Stalingrad, à Koursk, à Leningrad, et ailleurs en URSS. L'armée allemande perdit les deux tiers de ses effectifs face à l'Armée rouge. Et l'opinion française ne s'y trompa pas : à un sondage effectué en mai 1945 pour savoir quelle nation avait le plus contribué à la défaite de l'Allemagne, les Français répondirent à 57 % l'URSS, à 20 % les États-Unis et à 12 % le Royaume-Uni. [Le même sondage, effectué en 2015, donna à 61 % les États-Unis, à 9 % le Royaume-Uni et... à 8 % l'URSS]. Et, il y a quelques années, une femme avait même laissé échapper, devant moi, un lapsus révélateur : "Heureusement que les Américains ont débarqué en Normandie, pour nous délivrer... des Soviétiques" ! Que s'était-il donc passé en 70 ans, qui explique ce revirement ?

 

 

 

 

11. Ce qui s'était passé, ce fut d'abord une épuration mal menée, qui épargna les collaborateurs les plus adroits, les plus chanceux, ou ceux qui avaient le plus d'appuis. Puis qui furent "recyclés" notamment au CNPF (prédécesseur du MEDEF) et au MRP (Mouvement Républicain Populaire, que les communistes surnommèrent Mouvement à Ramasser les Pétainistes) et qui reprirent du service dans la politique ou la haute administration. Puis les débuts de la guerre froide, le départ du général de Gaulle du gouvernement, l'exclusion des communistes, l'échec des grandes grèves de 1947, la guerre d'Indochine, le blocus de Berlin en 1948 et la création de l'OTAN en 1949. Il y eut aussi, jusqu'en 1958, le bipartisme SFIO-MRP dans les gouvernements de la IVe République, qui engagea la France dans une politique résolument atlantiste. Et - le dernier mais pas le moindre - les accords Blum-Byrnes, signés en 1946, et qui favorisèrent la diffusion du cinéma américain en France, donc la popularisation de "l'American way of life", et des manières de penser y afférentes.

 

 

 

 

12. Un des premiers points par où se manifesta la russophobie - ou l'antisoviétisme - fut la présentation tendancieuse de la Seconde Guerre mondiale. Tout se passait comme si certaines "élites" françaises fussent dépitées qu'un peuple "supérieur" comme le peuple allemand (qui avait fourni Bach, Mozart, Beethoven, Brahms, Leibniz, Kant, Hegel, Nietzsche, Heidegger, Gauss, Cantor, Dedekind,  Hilbert, Planck, Einstein, Mommsen, Albert le Grand...) eût été vaincu par un peuple de primitifs, de moujiks, de semi-asiates : le nom "Russe", en français, n'est-il pas, d'ailleurs, fort malencontreusement, paronyme de "rustre" et de "fruste" ? 

 

 

 

 

Cette propension à dévaloriser la victoire soviétique se manifesta d'abord par l'insistance sur le pacte germano-soviétique, qui permettait de ranger dans le même sac "communisme" et nazisme et de faire porter au premier l'opprobre du second. Ensuite sur la guerre à l'Est, vue moins comme une victoiresoviétique que comme une défaite allemande. Et, de fait, lorsque cette défaite ne fut pas attribuée à des éléments extérieurs (l'immensité des plaines russes, le froid glacial, la "raspoutitsa" (dégel transformant les terrains en mers de boue où s'enlisaient les véhicules), elle fut imputée à des causes dépréciativespour les Russes : leurs masses insensibles aux pertes, le mépris des vies humaines de Staline, le fanatisme, la terreur exercée par le NKVD sur les militaires, l'influence des commissaires politiques, etc.

 

 

 

 

Autre cause dépréciative : les livraisons d'armes effectuées par les Américains au titre de la loi Prêt-bail. Comme si, privés de ces livraisons, les Soviétiques en eussent été réduits à se battre avec des arcs et des flèches... Alors que les armes américaines ne représentèrent qu'une part minime des armes utilisées par les Soviétiques, que le gros des livraisons n'intervint qu'après Stalingrad et qu'un homme comme Truman (futur président) se demandait cyniquement "si nous voyons que l'Allemagne gagne, nous devons aider la Russie, mais si c'est la Russie qui gagne, nous devons aider l'Allemagne afin qu'ils s'entre-tuent au maximum". [Comme le rapporte le Manuel d'histoire critique du Monde diplomatique, p. 67]. 

 

 

 

 

13. Rarement on évoqua les causes positives qui expliquèrent la victoire soviétique : le patriotisme, l'abnégation, la prévoyance (qui fit déménager à temps derrière l'Oural les industries d'armement), la planification et l'efficacité industrielles qui permirent de sortir d'énormes quantités d'armes de toutes sortes, une stratégie supérieure à celle des Allemands, un service de renseignement hors pair (l'Orchestre rouge, par exemple), une guerre populaire omniprésente sur les arrières des Allemands et des armements mieux adaptés au climat et aux conditions du champ de bataille que ceux des Allemands, parfois trop sophistiqués et trop gourmands en carburant, donc tombant souvent en panne.

 

 

 

 

14. L'antisoviétisme, la russophobie, en France, se sont nourris de l'anticommunisme (tout comme, entre 1789, dans l'Europe coalisée, la haine de la France et la haine des classes populaires s'étaient alimentées l'une l'autre). Il courait d'ailleurs une comparaison dans la presse de droite au temps de la guerre froide : on y lisait que "le listing de paye de l’Éducation nationale française était le deuxième plus long du monde après celui de l'Armée rouge" ! Si la comparaison était absurde - car portant sur des institutions hétérogènes - son message était clair : "Pendant que les bataillons de l'Armée rouge se préparent à fondre sur l'Europe, les bataillons endoctrinés de l’Éducation nationale - nouvelle Cinquième colonne - préparent "nos" enfants (avec "nos" impôts !) à mettre "crosse en l'air" et à capituler devant les "Rouges". Les épouvantails de l'Armée rouge, du Parti communiste et de la C.G.T. marchaient main dans la main : en mai 1968, comme en mai 1981, certains, à droite, ne voyaient-ils pas déjà  les chars soviétiques défiler sur les Champs-Élysées ? 

 

 

 

 

15. Cet antisoviétisme, durant toute la guerre froide, se nourrit d'une propagande lancinante sur les capacités fantasmées de l'Armée rouge, dont les casernes, en R.D.A. n'étaient, selon le général de Gaulle, qu'à deux étapes du tour de France des frontières françaises. Et les journaux regorgeaient de chiffres plus faramineux les uns que les autres, sur les divisions de l'Armée rouge, sur les innombrables chars d'assaut, canons et autres orgues de Staline. Il me souvient qu'au service militaire, un lieutenant (d'ailleurs appelé comme nous) nous affirmait que si tous les chars soviétiques étaient mis l'un derrière l'autre, ils formeraient une file allant de Brest à Strasbourg. D'aucuns envisageaient même benoîtement que, 48 heures après avoir franchi le Rhin (car, évidemment, dans leurs fantasmes, c'étaient toujours les Soviétiques qui attaquaient...) les tankistes soviétiques tremperaient leurs fanions dans le golfe du Morbihan...

 

 

 

 

16. Ce qui est étrange, c'est que ce sentiment ait perduré après la disparition de l'URSS, son éclatement et son subséquent naufrage économique. Du jour au lendemain, le 26 décembre 1991, l’État successeur, la Russie, passa de 22 millions de km² à 17 millions et de 293 millions d'habitants à 146 millions. Il perdit près de 24 % de sa superficie (et avec elle nombre de ressources minérales, énergétiques et agricoles) et 50 % de sa population. Il perdit aussi la plupart de ses côtes "utiles", en Baltique et en mer Noire. Pour se représenter cela à l'échelle de la France métropolitaine, c'est comme si notre pays était amputé des régions PACA et Occitanie, plus des départements des Pyrénées-Atlantiques, des Landes et de la Gironde et qu'il n'eût plus que 32 millions d'habitants, soit moins que la Pologne. Et si la France avait la même densité que la Russie, elle aurait 4,7 millions d'habitants, c'est-à-dire moins de 60 % de celle de la Suisse... Comment, dans le monde d'aujourd'hui, les Russes ne se sentiraient-ils pas en insécurité ? 

 

 

 

 

17. Or, malgré l’implosion de l'URSS, malgré la dissolution du pacte de Varsovie, malgré la chute de la production soviétique, malgré la grave crise morale consécutive (marquée par un recul des naissances, une hausse des décès et l'expansion de l'alcoolisme), malgré le pillage des cerveaux du pays, les Occidentaux ne cessèrent de se montrer agressifs, et le furent sous trois modalités :

 

 

 

 

17.1. Par le maintien de l'OTAN (alors que cette alliance était censée répondre à un "péril militaire" soviétique – qui n'exista d'ailleurs jamais) et son extension aux anciens pays du pacte de Varsovie et à certaines des anciennes républiques fédérées (Lituanie, Lettonie, Estonie) et les velléités d'y inclure l'Ukraine et la Géorgie, en violation de la parole donnée à Mikhaïl Gorbatchev. (3) Qu'auraient dit les Américains si les Soviétiques, ayant gagné la guerre froide, avaient étendu le pacte de Varsovie à l'Europe occidentale, au Canada, au Maine, au New Hampshire et au Vermont ?

 

 

 

 

17.2. Par le soutien, via des ONG crypto-gouvernementales étasuniennes, à des révolutions colorées dans des pays périphériques de la Russie, afin d'en détacher ces pays : après le mouvement Otpor en Serbie en 2000, qui mit fin au pouvoir de Slobodan Milosevic, la révolution des Roses en Géorgie en 2003, la révolution orange en Ukraine en 2004, la révolution des tulipes au Kirghizistan en 2005...

 

 

 

 

17.3. Par l'intervention armée des États-Unis et/ou de l'OTAN dans des pays périphériques de l'URSS ou ayant été ses anciens alliés : contre l'Irak en 1991 et en 2003, contre la République serbe de Bosnie en 1995, contre la République fédérale de Yougoslavie en 1998-99, contre l'Afghanistan en 2001. Et un peu plus loin et un peu plus tard, contre la Libye, en 2011, en dupant la Russie sur la portée et l'ampleur de l'intervention occidentale.

 

 

 

 

Conclusion 4 : résumé des siècles précédents

 

 

 

 

- La russophobie est tout à la fois la modalité d'un sentiment plus général de peur à l'égard d'une puissance étrangère (ayant en l'occurrence pour objet la Russie), mais aussi un sentiment qui se conjugue avec une division politique du pays. Par exemple, l'hispanophobie qui régna, en France, parmi les classes dirigeantes et les protestants, des années 1585 à 1635. Cette hispanophobie avait pour aliment, d'abord la peur (côté protestant) de se voir imposer un catholicisme contre-réformateur dur (celui des rois d'Espagne, celui de l'Inquisition). Mais il avait aussi comme moteur la hantise, (côté dirigeants), de se voir encerclé par les possessions du roi d'Espagne (du côté de l'Espagne, de l'Italie, de la Franche-Comté et des Pays-Bas du sud - l'actuelle Belgique). Ce qui motiva la politique de Richelieu et l'engagement progressif de la France dans la guerre de Trente ans.

 

De la russophobie, par Philippe Arnaud

- La russophobie ne semble apparaître, en France, qu'au XIXe siècle, et encore dans les petits cercles libéraux d'intellectuels qui considéraient le régime des tsars comme un oppresseur des nations (de la Pologne surtout, et, temporairement, de la Hongrie). Ce sentiment changea à partir de l'alliance franco-russe en 1892 et se mua en une russophilie qui dura jusqu'en 1917.

 

 

 

 

- Ce sentiment réapparut, en France, après 1918, le triomphe de la révolution bolchevique en Russie et la création du Parti communiste français au congrès de Tours en 1920, et dura pratiquement jusqu'à la disparition de l'URSS en 1991. Mais il partit d'une vision idéologique opposée à celle de la russophobie de 1892 et fut bien davantage répandu : en dehors du Parti communiste, il toucha pratiquement toutes les franges de l'opinion et, par passion partisane, s'alimenta de l'attachement du P.C. pour l'URSS.

 

 

 

Conclusion générale. L'étrangeté, c'est qu'après la disparition de l'URSS en 1991, la Russie, bien qu'elle ne représente plus un contre-modèle idéologique et politique, et encore moins une menace militaire (qu'au demeurant elle ne fut déjà pas durant la guerre froide), n'en continue pas moins, pour une part du personnel politique et des médias français, à être présentée comme une menace militaire et subversive.

 

 

 

 

C'est d'autant plus étrange que la France, à la différence du Royaume-Uni, n'avait – et n'a toujours pas – de motifs de litige avec la Russie. Jadis, la France n'avait aucune raison d'empêcher ce pays d'accéder à la Méditerranée via les "Détroits" (c'est-à-dire le Bosphore et les Dardanelles), ou de se se tailler un dominion en Afghanistan, au nord de l'empire des Indes et à la limite de l'empire russe, puisque la France n'avait d'intérêt ou de possession dans aucune de ces régions du monde. Et, après 1945, la France n'avait pas de raison d'adopter la politique de "containment" des Etats-Unis à l'égard de l'URSS., et pouvait fort bien adopter une politique autonome (ce qu'elle fit, d'ailleurs, avec le général De Gaulle).

 

 

 

 

A cet égard, la russophobie, en France, en dehors de son aspect idéologique (qui n'est plus plus pertinent depuis 1991), semble plutôt être le fait de ceux que René Rémond appelait les "orléanistes", et qu'on retrouve, à droite, au MRP et chez les centristes, et aujourd'hui chez les macronistes... et les socio-démocrates. 

 

Une caractéristique de cette droite orléaniste est son anglophilie, qui a marqué la politique extérieure française dès les lendemains de Waterloo. Il est d'ailleurs révélateur qu'au XIXe siècle les trois monarques chassés par une révolution (Charles X en 1830, Louis-Philippe en 1848, Eugénie en 1870 - Napoléon III, pour sa part, ayant déjà été fait prisonnier à Sedan),  se réfugièrent tous en Angleterre. Napoléon III d'ailleurs, y mourut et son fils se fit tuer, quelques années plus tard, par les Zoulous... sous l'uniforme de l'armée britannique. Et, pendant longtemps, la politique extérieure française suivit celle du Foreign Office. Aristide Briand avait d'ailleurs coutume de dire : "La France et l'Angleterre doivent être unies comme le cheval et son cavalier". Puis il marquait une pause et ajoutait : "...l'essentiel est de ne pas être le cheval". Avec cette pause, Briand nous disait qui, dans son esprit, tenait le rôle du cheval...

 

 

 

 

Depuis 1945, et depuis que les Etats-Unis ont pris le relais d'un Royaume-Uni en déclin, ces orléanistes sont devenus américanophiles (il fallait bien changer de cavalier...), mais aussi europhiles, libéraux (dans tous les sens du terme) et avides de se fondre dans des organisations internationales rattachées à l'Occident (Union européenne, OTAN, OCDE...). Ce courant est souvent issu des rangs de la Démocratie chrétienne. 

 

 

 

 

La russophilie, à l'inverse, semble plus répandue parmi les ceux que René Rémond (et, à sa suite, Gilles Richard) appelle les bonapartistes : gaullistes, Rassemblement National, UPR, tenants de Philippe Seguin, de Philippe de Villiers ou de Nicolas Dupont-Aignan. On les désigne aujourd'hui davantage sous le nom de souverainistes de droite, pour les distinguer des souverainistes de gauche comme les chevènementistes (et, peut-être, aussi les adhérents de LFI ou du PC). Les russophiles, en 2020 s'insèrent dans une lignée de dirigeants et de théoriciens politiques français qui, depuis les débuts de l'Etat moderne, au XVIe siècle, placèrent les intérêts du pays au-dessus des solidarités de civilisation avec les autres européens et nord-américains. Et dont on peut suivre les traces à travers quelques exemples :

 

 

 

 

- François Ier, qui, bien que Roi Très Chrétien, s'allia à "l'Infidèle" Soliman, pour faire pièce à Charles Quint, roi d'Espagne et Empereur, 

 

 

 

 

- Les Politiques qui, dans la dernière partie des guerres de religion - et bien que bons catholiques - penchèrent néanmoins pour accepter le roi huguenot Henri de Navarre comme roi de France contre le candidat de la Ligue.

 

 

 

 

- Les cardinaux Richelieu et Mazarin, qui tout prélats de l’Église catholique, apostolique et romaine qu'ils fussent, ne s'en allièrent pas moins aux hérétiques de la Suède, des Provinces-Unies et d'autres États allemands "parpaillots" pour contrer le roi d'Espagne et l'Empereur, catholiques comme eux.

 

 

 

 

- Et, bien entendu, le général De Gaulle, homme de droite, et tous ceux qui, à sa suite, prirent leurs distances avec les États-Unis, par exemple Giscard d'Estaing en décidant d'aller aux Jeux olympiques de Moscou en 1980, ou Jacques Chirac en refusant de participer à la guerre d'Irak de 2003. 

 

 

 

 

Un signe du décalage de la France par rapport à ses voisins tient à ce que, depuis la création de l'OTAN en 1949, pas une seule fois un Français ne fut nommé secrétaire général de cette institution internationale. Et je rapproche cette exception d'une autre : depuis la création de la Compagnie de Jésus, en 1540, pas une seule fois un Français ne fut élu supérieur général de cet ordre religieux à vocation internationale. Mais, dans ces deux institutions, à ces postes, on trouve, en commun, des Italiens, des Espagnols, des Belges, des Hollandais et des Allemands...

 

 

 

 

Aujourd'hui, la France semble être "rentrée dans le rang", après sa participation aux guerres de Yougoslavie, sa réintégration dans l'OTAN sous Nicolas Sarkozy, ses sanctions contre la Russie après la crise ukrainienne de 2014, et son "suivisme" des États-Unis par exemple dans la reconnaissance du putschiste Juan Guaido comme président du Venezuela. Mais pour combien de temps ? 

 

 

 

(1) Edmond Dziembowski, La guerre de Sept ans, Perrin, 2015, 700 pages.

 

(2) André Fugier, Histoire des relations internationales, Tome IV, Hachette, 1954, page 46.

 

(3) Philippe Descamps, "L'OTAN ne s'étendra pas d'un pouce vers l'est", Le Monde diplomatique, septembre 2018.

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24 avril 2020 5 24 /04 /avril /2020 05:20

A notre chère collègue Martine Spensky (1946-2020).

 

Professeure émérite de civilisation britannique et histoire des idées (XIXe-XXe siècles) à l’université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand.

 

Ancienne maîtresse de conférences au Département d’études des pays anglophones (DEPA), université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis.

 

 

Hommage à Martine Spensky, par Mireille Azzoug

Notre chère collègue et amie Martine Spensky vient de nous quitter, ce 11 avril 2020, des suites d’une terrible maladie (maladie de Charcot) qui l’a peu à peu paralysée.

 

Notre peine est profonde et dans cette cruelle épreuve nous adressons à son fils et à son compagnon ainsi qu’à ses proches nos très sincères condoléances et toute notre sympathie. Nous avons une pensée particulière pour ses petits-enfants qui l’aimaient tendrement et vont vivre difficilement son absence.

 

La dernière fois que nous avons vu Martine, c’était en novembre dernier (2019) lors de notre repas collectif entre anciens collègues du DEPA : elle était déjà très atteinte par la maladie mais elle faisait front avec courage, toujours souriante.  

 

Jusqu’au diagnostic de sa maladie en 2018, elle était encore en pleine forme.

 

Étudiante non-bachelière au DEPA de 1972 à 1975, elle y enseigna comme chargée de cours, assistante puis maîtresse de conférences jusqu’à sa mutation en 1998 comme professeure à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. Elle a donc été notre collègue et amie durant plus de 25 ans. 

 

Elle a  assuré des cours de langue puis des cours de civilisation britannique. Elle s’était spécialisée sur les questions de genre au Royaume-Uni, en Irlande (IXe-XXe siècles) et dans l’Empire britannique : le sort fait aux femmes dans la société anglo-saxonne et dans les colonies, leurs luttes pour l’émancipation – conquête de la citoyenneté, accès à l’emploi – mais aussi pour les autres libertés, notamment la maîtrise de leur corps. Elle s’est en outre intéressée à la famille et à l’enfance illégitime. Elle a soutenu à Paris 8, en 1988, son doctorat de 3e cycle « L’évolution de la prise en charge des mères célibataires et de leurs enfants en Angleterre : dix neuvième et vingtième siècles ».Elle a, par la suite, orienté sa réflexion sur de nouveaux thèmes : l’esclavagisme, la segrégation, les questions d’identité,  la biopolitique.

 

Elle est l’auteure d’une série d’articles et a dirigé plusieurs ouvrages sur ces diverses problé-matiques (voir bibliographie ci-dessous). 

 

Elle a également fondé à l’université Blaise Pascal, en 1999, un groupe de recherche, le CRCEMC (Centre de recherche sur les civilisations étrangères dans le monde contemporain) qu’elle a dirigé puis codirigé après sa fusion avec le groupe de recherche de Limoges, EHIC (Espaces humains et interactions culturelles). Et elle a été directrice de la collection « Politiques et identités » des Presses universitaires Blaise Pascal.

 

Chercheuse inventive et de grande qualité, Martine a fait œuvre créatrice, comme en témoignent ses nombreuses activités. Ses travaux sur les femmes et les rapports de genre jouissent de la considération de ses collègues spécialistes dans ce domaine. Universitaire et chercheuse, Martine était aussi une militante, non seulement féministe mais politiquement engagée dans la défense des droits et des valeurs de solidarité.

 

Martine Spensky était une collègue particulièrement attachante : sympathique, enjouée, souriante, vive d’esprit, toujours prête à s’investir et à rendre service, indépendante aussi. 

 

Nous n’oublierons ni son sourire, ni ses qualités humaines et intellectuelles. Martine restera bien vivante dans nos esprits et dans nos cœurs.

 

Mireille Azzoug, ancienne directrice du DEPA,

                                                                                  et les collègues du DEPA

 

 

Bibliographie succincte

 

Autrice de nombreux articles dans diverses revues (Cahiers Charles V, Encrages et Cahiers d’Encrages, La Mazarin, Les Cahiers de l’Observatoire…) elle a aussi dirigé ou codirigé les ouvrages suivants : 

 

Dir. Numéro spécial des Cahiers d’Encrages « Politiques sociales et rapports sociaux de sexe en Europe »,  DEPA, Paris 8, 1991.

Dir. Actes de la journée d'étude « Féminisme et mouvement ouvrier en Europe : France, Grande-Bretagne, Pologne », Cahiers d’Encrages, DEPA,Paris 8, 1992.

Dir. Universalisme, particularisme et citoyenneté dans les îles Britanniques, Paris, L’Harmattan, 2000.

Dir. Les femmes à la conquête du pouvoir politique : Royaume-Uni, Irlande, Inde, Paris, L’Harmattan, 2001.

Dir. Citoyenneté(s) perspectives internationales, Presses de l’Université Blaise Pascal, 2003.

Codir. Citoyenneté, empires, mondialisation, Presses de l’Université Blaise Pascal, 2006.

Codir. Citoyenneté et diversité, Presses de l’Université Blaise Pascal, 2009.

Dir. Le contrôle du corps de femmes dans les empires coloniaux, Paris, Karthala, 2015.

 

 

 

Hommage à Martine Spensky, par Mireille Azzoug

 

 

En haut, au-dessus de Pierre Dommergues : Martine Spensky (cira 1972/197).
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