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25 mai 2024 6 25 /05 /mai /2024 05:01

Et ils l’ont nourrie par milliers… La langue arabe état la troisième source d’emprunts de la langue française, après l’anglais et l’italien.

 

Débarqués en Europe lors de la conquête musulmane de la péninsule ibérique, ces mots se sont ensuite propagés du VIIIe au XVe siècles. Comme le lexicologue Jean Pruvost l'explique dans Nos ancêtres les Arabes, Ce que notre langue leur doit, le français possède deux fois plus de mots d'origine arabe que de mots d'origine gauloise ! Le linguiste Jacques Lacroix retient « mille mots français au thème d'origine gauloise », dont ambassade, ardoise, boucherie, canton, charrue, cheval, drap, grève, habiller, jambe, petit, ruche.)

Le mot “ arabe ” vient de abhar, qui signifie se déplacer. Dans le Coran, le terme désigne ainsi les nomades d'Arabie qui vivaient de l'élevage de chèvres, de moutons ou de dromadaires, qu'on nomme aussi « bédouin».

 

Si vous prenez un café ou un jus d'orange (Le nom « orange » de la couleur vient de celui du fruit, introduit au XI e siècle par les Arabes (narandj) puis les Espagnols (naranja), d'après le mot sanscrit नारङ्ग (nāraṅga). Épinard (isbinakh), aubergine (baḏinǧána), abricot (al-barquq) sont également d’origine arabe. Tout comme coton (al-kutum, puis l’anglais cotton). Et aussi gilet (galikah).

 

Pas d’hésitation pour sarouel, babouche, hammam, toubib. Café est un peu moins évident, mais il vient du mot arabe kahwa qui signifie « ce qui ravit et incite à l'envol ». N’oublions pas la pastèque (issue de l'arabe bâttihah, elle est passée par le portugais pateca qui a donné patèque en 1512.)

Le Coran proscrit l’alcool, et pourtant al-khol définissait un mélange à base de poudre d'antimoine utilisée pour se noircir les yeux. Même limonade vient de l’arabe : il s’agit d’une dérivation du vieux français limon, en italien limone et en arabe laymun ou limun.

Bien sûr “ maroquinerie ” vient du Maroc, signifiant  l’action de tanner la peau de chèvre au sumac.

Pas de douane sans langue arabe : dîwân, une salle de réunion, puis un bureau de douane, qui permet le passage des marchandises dans des mahazin (magasin).

Les guerres ont également favorisé le vocabulaire arabe. Baroudeur vient de barud, poudre explosive.

Tambour (XIè siècle, nous vient de loin : l'ancien français tabur, du persan تبیر , tabῑr (« tambour »), de l'arabe طنبور , ṭunbūr (« lyre formée d'un corps creux sur lequel est tendue une peau ») ou de l'arabe طبل , ṭabl (« tambour») dont le pluriel fait ṭubūl et qui donne tabal (« tambour ») en catalan et apparenté à timbale.

Kiffer est apparenté à kif-kif, emprunté à l’arabe kayf qui signifie bien-être ou effet provoqué par une drogue.

Les sciences furent longtemps à prédominance arabe :

  • alchimie (s.f.) / chimie (s.f.) de الكيمياء (ar) al-kīmiā provenant soit du grec soit du copte selon les hypothèses actuelle.
  • algèbre (s.f.) de الجبر (ar) al-jabr : réduction, en référence à la méthode décrite par الخوارزمي Al-Kwarizmi, en espagnol algebrista(es)[1] ; désigne aussi le rebouteux, celui qui sait réduire les fractures osseuses.
  • algorithme (s.m.) déformation du nom du mathématicien الخوارزمي Al-Kwarizmi.
  • azimut ou azimuth[2] (s.m.) (astr.) de l'espagnol acimut (es)ou azimut (es) de l'arabe السمت (ar) as-samt : direction. Un autre altération du mot as-samt a donné zénith.
  • « Bételgeuse » vient de يد الجوزا, yad al-jawzāʾ, un terme d'origine arabe pré-islamique qui signifie « la main d'al-jawzāʾ».
  • borax (s.m.) de بورق (ar) bawraq : tétra borate de sodium Na2B4O7, 10H2O, borax ; acide borique.
  • chiffre (s.m.) de صِفْر (ar) ṣifr : zéro.
  • nadir (n.m.) (astr.) de نظير السمت (ar) naḍir as-samt : la direction opposée (au zénith).
  • zénith (s.m.) (astr.) de سمت الرأس (ar) samt ar-ra's : direction de la tête ; zénith, opposé au nadir.
  • zéro (s.m.) de صفر (ar) sifr : zéro, par l’intermédiaire de l’italien zefiro (it).
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  • J’avoue que j’ai toujours eu un faible pour le zéphyr, surtout quand, dans certaines matières au lycée, je me retrouvais avec un zéro. Je me disais que cette note n’était que du vent…

 

Les mots arabes qui ont nourri la langue française
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23 mai 2024 4 23 /05 /mai /2024 05:01

Une expression grammaticalement incorrecte et qui, stylistiquement, ne vaut pas tripette : « mais pas que », au lieu de « mais pas seulement, pas uniquement ». Même si le regretté Michel Serres l’avait volontiers accepté : « Elle est belle, mais pas que. Mozart a du talent, mais pas que. Je suis prêt à vous aider, mais pas que. Cette expression rapide, qui prend la place de pas seulement, signifie que cette femme est, aussi et en plus, aimable et intelligente, que le compositeur a du génie, enfin que je souhaite vous soutenir jusqu’au bout de vos entreprises. Pas seulement est la forme du bon usage ; pas que est d’usage courant. Non seulement je suis favorable à l’usage, que j’entends souvent avec plaisir et que j’utilise avec gourmandise, mais j’aurais aussi de la joie à entendre ce pas que adopté par mes amis de l’Académie. »

 

On entend souvent des phrases du style : « ce type est dynamique, intelligent, mais pas que ». En revanche, si, en commandant au restaurant, vous dites : « je prendrai une salade de tomates, le plat du jour, mais pas que », on vous regardera d’un air bizarre.

 

C’est que, dans le premier cas, « mais pas que » signifie que vous êtes incapable – ou que vous ne souhaitez pas – déployer votre pensée de manière exhaustive, alors que dans le second cas on vous prendra pour un gogol, au mieux pour un plaisantin parce que vous n'êtes pas fichu de compter jusqu’à trois ou que vous créez un suspense bêtasse.

 

Alors poussons la logique jusqu’au bout avec un exemple limite (limite aujourd’hui, demain on ne sait pas) : « Hitler était humainement une horreur, politiquement un monstre, mais pas que… ». Mais pas que quoi ? Il aimait son chien, il aimait sa nièce Geli, il aimait Eva ?

 

Mais pas que
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22 mai 2024 3 22 /05 /mai /2024 05:01

Les djeuns et les moins djeuns l’utilisent à tire-larigot. Plutôt en début de phrase, mais aussi au milieu ou en fin d’énoncé. Elle a remplacé, entre autres, « par conséquent », « si bien que », « en conséquence de quoi », « de ce fait », ou encore le célèbre « subséquemment » du caporal Casse-Pompon de Jacques Brel.

 

En se “ modernisant », l’expression “ du coup ” a perdu de son sémantisme initial avec l’idée de soudaineté (comme dans “ faire d’une pierre deux coups ”, avec pour origine le latin colaphus : coup de poing) et n’a retenu que l’idée de conséquence.

 

L’Académie française donne un exemple concret du glissement sémantique qui a affecté “ du coup ”, du sens propre au sens figuré. Au départ, “ du coup ” n’avait qu’un sens propre : « « Un poing le frappa et il tomba assommé du coup ». La phrase est devenue : « un poing l’a frappé, du coup, il est tombé assommé ». Et, insensiblement, ce coup est devenu “ de ce fait ” : « un poing l’a frappé, du coup il est tombé assommé. » “ Par le coup ” est devenu “ par conséquent ”, avec une valeur essentiellement consécutive. Les grammairiens sont hostiles à cette évolution mais l’usage l’emportera très certainement d’autant que le nouveau sens de cette expression n’est nullement ambigu.

 

Cela dit, sociétalement parlant, l’usage de “ du coup ” implique que le locuteur ne souhaite pas s’éterniser, n’invite pas à une discussion nourrie. Nous avons réellement affaire à un tic facile et paresseux qui appauvrit le débat. Un auditeur en a entendu 76 lors d'une matinale de France Inter. Topons-là !

Du coup…
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19 mai 2024 7 19 /05 /mai /2024 05:01
La seule et unique chose que l'on voit vraiment c'est : Coca-Cola, en plein centre, et doublé en haut à gauche : “ parrain officiel ” des JO.
 
L'image a été créée en IA et elle est déclinée selon les régions de France. La sportive de haut niveau qui brandit la flamme n'a pas de nom, juste un prénom. Je doute d'ailleurs qu'elle existe dans la réalité réelle.
 
Dans cette création, le wokisme a des limites : à la droite de la championne figure un type d'origine asiatique. Mais pas d'Arabe, pas de Noir (à part un bout de visage sur la gauche de la photo). Pas de parité sexuelle non plus.
 
“ La publicité nous rend cons et nous prend pour des cons “ (Cavanna).
Que voit-on quand on passe devant cette affichez publicitaire ?
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15 mai 2024 3 15 /05 /mai /2024 05:01

Moi non plus…

 

Elle fait partie de ces grands esprits féminins que la société, la culture, ont invisibilisés.

 

J’ai enseigné la littérature anglaise pendant 40 ans. J’ai assisté à des dizaines de colloques. Jamais je n’ai rencontré Margaret Cavendish. Jamais un collègue XVIIèmiste ne l’a évoquée devant moi, ne serait-ce qu’à l’occasion d’un repas professionnel.

 

Et pourtant, à la base, elle ne faisait pas partie du vulgus pecum. Elle était née en 1623 sous le nom de Margaret Lucas. Ses frères étaient des gentilshommes ayant combattu pour le roi Charles Ier. Pour sa part, elle fut suivante de la reine Henriette de France et vécut avec elle à la cour du roi Louis XIV. Elle épousa William Cavendish, 1er duc de Newcastle upon Tyne.

 

En tant que femmes de lettres, elle assista à des réunions de la Royal Society et fréquenta Descartes, Roberval et Hobbes. On la surnommer Marge la Folle car elle voulait sortir du silence que sa condition féminine lui imposait. Elle avait imagine une utopie où les femmes pourraient vivre libres. Pour elle, le « sexe faible » n’existe pas.

 

On peut dire qu’avec son roman Le Monde glorieux (The Blazing World, 1666) elle invente le roman de science-fiction. Dans ses ouvrages philosophiques, elle défend les droits des femmes contre les stéréotypes.

 

Á l’âge de 33 ans, elle publie une autobiographie, Relation véridique de ma naissance, de mon éducation et de ma vie. En forgeant un néologisme, elle est la première anglaise à se qualifier d’« authoress » (autrice). Lors de son exil à Paris, elle se rallie, dans un premier temps, aux idées atomistes (selon lesquelles la matière est composée d’éléments insécables) avant d’abandonner ces théories qui ne peuvent, selon elle, que « livrer le monde au désordre ».

 

Elle soutient ensuite une forme de matérialisme vitaliste. Pour elle, il n’y a que de la matière dans l’univers : la matière rationnelle à l’origine de la pensée, la matière sensitive intérieure et la matière inerte. Elle localise l’esprit dans le cerveau, constitué selon elle de matière rationnelle, une âme immatérielle donnant leur intelligence aux choses n’existant pas.

 

Son œuvre sera littéralement enterrée pendant plus de deux siècles.

 

 

 

Connaissez-vous Margaret Cavendish ?

 

PS : L’ami Philippe Arnaud me transmet cette réflexion sur le transport à Versailles du boy de Rothschild et de sa joyeuse bande qui gouverne le monde : 


Tu as vu que Macron ouvre à Versailles un sommet pour les chefs d’entreprise étrangers, qu’il a baptisé « Choose France » ? Tout est symbolique du personnage là-dedans : le choix de l’anglais, langue des patrons, langue des Zuniens, conforme à quelqu’un qui matraque les salariés, les retraités, les pauvres, les chômeurs. Le choix de Versailles, ville des derniers rois de l’Ancien Régime, ville qui a donné son nom aux soldats qui ont écrasé la Commune de Paris, ville de François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux européennes, ultra-libéral et ultra conservateur (rien que son prénom est déjà un programme !). 

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10 mai 2024 5 10 /05 /mai /2024 05:01
Je sais bien que la représentation du réel n'est pas le réel, et encore moins la réalité. Mais tout de même…
 
Lors d’un événement familial récent, j’ai passé une heure devant cette représentation du Christ. Pas d’inquiétude, comme on dit, je n’ai pas vu la Vierge.
 
On ne saura jamais à quoi Jésus ressemblait (je pose, sans preuve, qu’il a existé, d'une manière ou d'une autre). Seulement ce Palestinien devait avoir une tout autre allure que celle que nous donne ce vitrail situé dans une église cossue d’une petite ville de la banlieue parisienne, elle aussi cossue.
 
Mais pourquoi cet athlète ? Cette baraque ? Et surtout pourquoi ce déhanché légèrement féminin ?
 
L’homme a créé Dieu à son image, dit-on. Peut-être, mais ça ne m’avance pas vraiment.
Représenter le Christ

 

PS : IL NE ME RESTE QUE QUATRE EUROS SUR MON COMPTE…

Véronique ne cesse de compter et de recompter les moindres euros restants. « Là, je n’ai que 4 euros sur mon compte. » Ce mois-ci, elle n’a pas pu payer de nombreuses factures. « Mon téléphone portable va être coupé, ma télévision va être coupée. » Pour acheter un petit peu de viande, elle vient de vendre son sommier, pour 80 euros.
Environs d’Estrées-Saint-Denis (Oise), en avril. Sans voiture, il est difficile pour Véronique de retrouver un emploi ou même d'aller aux Restos du cœur.
Environs d’Estrées-Saint-Denis (Oise), en avril. Sans voiture, il est difficile pour Véronique de retrouver un emploi ou même d'aller aux Restos du cœur.Impossible d’aller aux Restos du cœur pour bénéficier d’un peu d’aide supplémentaire. « Il faudrait aller à l’antenne qui est située à Compiègne, mais je n’ai pas d’argent pour mettre de l’essence. » Sans voiture, compliqué de se déplacer : à la campagne, les lignes de bus sont rares, « les horaires souvent peu adaptés ».
Elle ne peut pas non plus rendre visite à son père qui est en maison de retraite, profiter des remises dans les supermarchés discounts, situés dans des zones commerciales, ou même honorer ses rendez-vous avec des travailleurs sociaux. « Ils me disent de me déplacer, mais comment je fais ? Moi, je n’ai pas les moyens de me déplacer », gronde-t-elle. À côté d’elle, André et Catherine parlent peu, l’écoutent surtout, avant de reprendre la route.
Source : Le Parisien
Représenter le Christ
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27 avril 2024 6 27 /04 /avril /2024 05:01

Chicago, 17 novembre 1955. La Callas vient de donner une représentation triomphale à l'opéra de Chicago.

 

Mais la justice zunienne est la justice zunienne, n'est-ce pas ? 

 

A la fin du récital, deux policiers font irruption dans la loge de l'artiste l'accusant d'avoir rompu un contrat.

 

"Jamais je ne serai poursuivie en justice", dit La Callas. "Personne ne peut me poursuivre, j'ai la voix d'un ange !", avant de décocher ce rictus haineux.

 

Je me souviens parfaitement de ce coup d'éclat dont le monde entier avait eu l'écho. D'autant que, quelques semaines auparavant, mes parents m'avaient emmené à une représentation de Lakmé avec Mado Robin. Je n'étais pas très chaud, mais mon père m'avait dit qu'il fallait avoir entendu l'air des clochettes au moins une fois dans sa vie.

 

Mado Robin était l'antithèse de la Callas : une femme douce, discrète, pas du tout dans le buzz. Sa voix pouvait atteindre le double contre-ut. Elle mourut d'un cancer à 42 ans.

Furie de diva : la Callas
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13 avril 2024 6 13 /04 /avril /2024 05:01
Les Zuniens sont vraiment un grand peuple !
En 2021, l'équipe étasunienne de mathématique battait pour la première fois l'équipe Chinoise dans une compétition internationale après 30 années....
Un grand peuple !
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4 avril 2024 4 04 /04 /avril /2024 04:46
 
Trouvé sur le site https://www.quora.com
Une des raisons étant que les Zuniens ne marchent pas, les villes étant faites pour les voitures.
Et puis il y a aussi, certainement, le fait que la nourriture usuelle est largement artificielle, très salée, très sucrée, passablement grasse. Les Européens boivent beaucoup moins de soda.
Les portions dans les restaurants aux EU sont pratiquement le double de ce qu'elles sont en Europe.
 
Ah ! Paris…
Pourquoi les Européens sont-ils moins gros que les Zuniens ?

PS qui n'a vraiment rien à voir :

Un rescapé de Buchenwald ? Non : de l'hôpital Al-Shiffa (Gaza), et qui n'a même pas la force de tenir sa tête.

Pourquoi les Européens sont-ils moins gros que les Zuniens ?
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3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 05:01

Le dictionnaire Le Robert, puissant défenseur de la langue française, nous propose le “ top ten ” des phrases qui ont changé le monde. Le vénérable dictionnaire aurait pus se dispenser d'utiliser l'expression “ top ten ”. “ Les 10 phrases qui ont changé le monde ” aurait suffi. Et puis, il aurait pu également se dispenser de racoler avec “ changer le monde ”. Mais enfin, bon… Régalons-nous avec ce florilège un tout petit peu franco-centré.

 

“ L'histoire n’est pas seulement faite de grands événements. Elle est aussi faite de grands discours, de phrases qui ont marqué des générations et restent, encore aujourd’hui, gravées dans tous les esprits.

 

Qui n’a jamais rêvé de plaider comme Badinter, de se révolter comme Zola, de captiver comme Malraux, d’éconduire comme Valmont ou de mobiliser les foules comme Martin Luther King ?

 

Convaincre, défendre, rendre hommage, séduire ou manipuler : découvrez, à travers ce top 10 des phrases qui ont marqué l’histoire et la littérature, comment les mots peuvent changer nos vies et le regard que nous portons sur le monde.

 

 

 

10. « La justice française ne sera plus une justice qui tue », Robert Badinter 

Le 17 septembre 1981 est une date historique en France : le gouvernement abolit la peine de mort. Le garde des Sceaux, Robert Badinter, a lutté sans relâche pour parvenir à convaincre l’Assemblée nationale alors que l’opinion française était majoritairement favorable au maintien de la peine capitale. Sa brillante plaidoirie démontre l’inefficacité et les risques d’une anti-justice qu’il considère comme une honte pour l’humanité. C’est l’aboutissement d’un long combat mené au nom des droits de l’homme et du respect de la vie. La loi qui garantit que nul ne peut être condamné à mort en France est inscrite dans la Constitution depuis 2007. 

9. « ¡ No pasarán ! » (Ils ne passeront pas !), Dolores Ibárruri

Cette célèbre formule espagnole est aujourd’hui un symbole universel de résistance contre la tyrannie et l’oppression. C’est en 1936, alors que le général Franco et ses troupes tentent, par la force, de prendre le pouvoir en Espagne, que Dolores Ibárruri, députée communiste, lance cet appel à la résistance. Cette négation catégorique est un cri de révolte contre le totalitarisme qui menace son pays et les valeurs démocratiques. Il s’agit de rallier toutes les forces républicaines pour défendre la liberté dans une Europe au bord du chaos.

8. « I have a dream » (J’ai fait un rêve), Martin Luther King

Quand le célèbre pasteur américain Martin Luther King monte à la tribune le 28 août 1963, il s’adresse à une foule immense qui manifeste à Washington en faveur de l’emploi et de la liberté. De violentes tensions agitent alors les États-Unis : elles opposent les partisans des lois ségrégationnistes et leurs opposants. Le président Kennedy s’apprête à présenter au Congrès un projet de loi pour l’égalité et Martin Luther King prononce un discours pour le soutenir. En le ponctuant par cette formule pleine d’espoir, « I have a dream », il transmet toute la force de sa conviction. Il affirme que son rêve pourra devenir réalité, que les citoyens américains seront un jour tous égaux quelles que soient leurs origines ethniques, religieuses ou sociales. Il espère qu’un jour l’Amérique sera une nation unie, fraternelle et égalitaire. 

7. « Prends garde à toi », dans l’opéra Carmen de Georges Bizet

On doit cette célèbre injonction au compositeur Georges Bizet. Le conseil, teinté de menace, est adressé par la séduisante Carmen à son amant dans l’un des airs d’opéra les plus célèbres au monde. Il est surprenant à l’époque que ce soit une femme qui, avec une concision remarquable, nous mette en garde contre les dangers de la passion amoureuse. Du latin passio, qui signifie « souffrir », ce sentiment obsessionnel échappe à la raison et entraîne les amants dans des tourments aussi périlleux que délicieux. La modernité des propos de Carmen l’érige aussitôt en symbole : elle incarne à tout jamais le désir et le goût de la liberté. 

6. « Pas de corps, pas de preuve », Moro-Giafferri

Le risque d’erreur judiciaire : c’est sur cet argument logique que maître Moro-Giafferri, l’avocat d’Henri Désiré Landru, fait reposer sa plaidoirie. Son client comparaît en novembre 1921 : il est accusé d’avoir assassiné dix femmes et d’avoir fait disparaître leur corps. La stratégie de l’avocat est brillante, son argument irréfutable. En effet, la justice exige des preuves tangibles pour condamner un individu. Ainsi, en l’absence de corps, Moro-Giafferri avance que rien ne prouve la culpabilité de son client, comme le souligne le parallélisme. En dépit de cette plaidoirie convaincante, d’autres preuves accablent Landru, qui est finalement condamné à mort. 

5. « Ce n’est pas ma faute », dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos

Par cette dénégation cruelle, le vicomte de Valmont, héros malfaisant des Liaisons dangereuses de Laclos, met fin à son aventure avec sa douce et vertueuse maîtresse. Après avoir œuvré habilement pour la séduire, il la quitte en se dédouanant de toute responsabilité. Le roman de Laclos, qui fut longtemps censuré pour l’immoralité de ses propos, adresse en réalité au lecteur une leçon instructive sur le pouvoir des mots. Les deux personnages principaux ont une parfaite maîtrise du langage, qui leur permet de manipuler leurs proies en les séduisant pour mieux les compromettre ensuite. L’auteur nous met donc en garde contre la duplicité de certains discours. 

4. « Battez-vous pour vos vies », Emma Gonzales

C’est par cette injonction saisissante que cette jeune étudiante achève un poignant discours en l’honneur de ses camarades disparus après une effroyable tuerie, dans un lycée de l’état de Floride aux États-Unis, en 2018. Elle devient rapidement le symbole d’une jeunesse qui réclame une réforme sur les armes à feu. Son discours critique les politiques partisans du droit à porter une arme et le puissant lobby de la NRA (National Rifle Association, l’association américaine de promotion des armes à feu). Cependant, malgré la multiplication des manifestations, aucune mesure concrète n’a été prise par le gouvernement américain depuis ces évènements.

Top 10 des phrases qui ont changé le monde...

3. « Entre ici Jean Moulin », André Malraux

Par une froide journée de décembre 1964, les cendres de Jean Moulin, figure majeure de la Résistance, sont transférées au Panthéon. Le ministre de la Culture, André Malraux, prononce alors, d’un ton solennel et fraternel, l’un des éloges funèbres les plus célèbres de l’histoire. Par sa voix, la patrie rend hommage au courage d’un homme qui lutta contre la tyrannie du régime nazi au péril de sa vie. Malraux érige le grand résistant en modèle pour les jeunes générations. Cet hommage porte l’espoir que d’autres sauront défendre la liberté avec toute la bravoure dont Jean Moulin fit preuve. Malraux en fait également un symbole pour honorer la mémoire de tous ceux qui luttèrent pour défendre la France, et qu’il nomme métaphoriquement « le peuple né de l’ombre ».

2. « J’accuse », Émile Zola

En 1898, Émile Zola place cette phrase en tête d’un article qu’il fait paraître dans le journal L’Aurore pour prendre la défense d’Alfred Dreyfus. Accusé à tort, ce capitaine de l’armée française a été condamné pour haute trahison et envoyé au bagne. Le texte de Zola dénonce les vrais coupables de cette affaire, qui est l’un des scandales judiciaires les plus retentissants de l’histoire. La formule « J’accuse » marque les esprits par sa concision et son ton catégorique alors que l’absence de complément crée un effet d’attente chez le lecteur. Elle a depuis été souvent reprise pour dénoncer toute forme d’injustice. 

1. « Je suis Charlie »

La formule est publiée sur les réseaux sociaux par un directeur artistique le 7 janvier 2015, après l’attentat islamiste au cours duquel huit collaborateurs du journal Charlie Hebdo et quatre autres personnes ont été assassinés. Il exprime ainsi spontanément sa solidarité et son émotion. La formule est reprise par des millions de gens sur les réseaux sociaux ou dans la rue lors de manifestations. Les personnalités médiatiques s’en emparent et le phénomène dépasse même les frontières de la France. Par la substitution du complément, la formule « Je suis … » est désormais souvent déclinée pour témoigner soutien et solidarité.

Source

PS : RACISME À L'ENVERS !

Á gauche, la personne qui a inventé la couche-culotte imperméable. Il s'agit de Marion Donovan, femme blanche étasunienne, morte en 1998.
Á droite, sa représentation par France TV dans l'émission “ Il était une fois… ces Drôles d’objets ”.
La première couche « semi-jetable » a été créée en Grande-Bretagne par Valerie Hunter Gordon (britannique d'origine italienne) en 1948.
Top 10 des phrases qui ont changé le monde...
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