À ce qu’on dit, Fernande Segret, dernière maîtresse de Landru, sa fiancée « officielle », ne se remit jamais de la mort de son amant. Landru la couvrit de bijoux qu’il avait subtilisés à ses victimes.
Après l’exécution de Landru, elle tenta de poursuivre une carrière d'artiste lyrique. S'estimant offensée par le portrait que Claude Chabrol faisait d'elle dans son film Landru, elle intenta un procès à la société de production, qui dut lui reverser 10 000 francs de dédommagement.
Elle se retira dans l’hospice de Flers (Orne), où elle eut de sérieux ennuis de santé. Le 21 janvier 1968, à 75 ans, elle se jeta dans les douves du château de la ville. « Je souffre trop, je vais me tuer », avait-elle écrit. Dans sa chambre se trouvait une photo de sa mère et une de Landru. Elle avait choisi de mourir le jour anniversaire de la demande en mariage que ce dernier lui avait faite.
(Valetudinis adversæ impatienta)

Auteur de De la brièveté de la vie, Sénèque est né à Cordoue vers 2 avant JC.
Il fut le précepteur de Néron. Il composa l'éloge funèbre prononcé par Néron à la mort de Claude, ainsi que bon nombre des discours du nouvel empereur. Il fut l'un des principaux conseillers de l’empereur durant les cinq premières années du règne.
Sur le désamour de Néron pour Sénèque, Tacite écrivit ceci :
« La mort de Burrus brisa la puissance de Sénèque, parce que la politique du bien n'avait plus le même pouvoir, maintenant que l'un de ceux que l'on pourrait appeler ses chefs était mort et que Néron penchait vers les hommes du pire. Ces mêmes hommes lancent contre Sénèque des accusations variées, lui reprochant de chercher encore à accroître ses richesses, déjà immenses, et qui dépassaient déjà la mesure convenant à un particulier, de vouloir s'attirer la faveur des citoyens et, par la beauté de ses jardins et la magnificence de ses villas, surpasser même le prince. On lui faisait grief aussi de sa gloire d'homme de lettres et de composer plus fréquemment des poèmes depuis que Néron s'était mis à les aimer. Ennemi affiché des divertissements du prince, il dépréciait son habileté à conduire les chevaux, se moquait de sa voix chaque fois qu'il chantait. Jusqu'à quand n'y aurait-il rien de beau dans l'État qui ne passât pour être l'œuvre de cet homme ? Assurément, Néron était sorti de l'enfance et était dans la force de sa jeunesse ; qu'il renvoyât son instituteur, puisqu'il avait pour l'instruire des personnages suffisamment illustres, ses propres ancêtres. »
Sénèque demande à Néron d'être relevé de sa charge d’« ami du prince » et propose de lui restituer sa fortune, immense et bien mal acquise. Néron refuse, mais en 64, bien que Sénèque se soit retiré de la vie publique, Néron, qui a fini par le haïr, tente vainement de l'empoisonner.
En 65 65, il est compromis dans la Conjuration de Pison, à laquelle il n’avait vraisemblablement pas participé. Il est condamné à mourir. Il se donne la mort en s'ouvrant les veines sur l'ordre de Néron. Tacite n’était pas loin :
« Ensuite le fer lui ouvre les veines des bras. Sénèque, dont le corps affaibli par les années et par l'abstinence laissait trop lentement échapper le sang, se fait aussi couper les veines des jambes et des jarrets. Bientôt, dompté par d'affreuses douleurs, il craignit que ses souffrances n'abattissent le courage de sa femme, et que lui-même, en voyant les tourments qu'elle endurait, ne se laissât aller à quelque faiblesse ; il la pria de passer dans une chambre voisine. Puis, retrouvant jusqu'en ses derniers moments toute son éloquence, il appela des secrétaires et leur dicta un assez long discours. [...] Comme le sang coulait péniblement et que la mort était lente à venir, il pria Statius Annaeus, qu'il avait reconnu par une longue expérience pour un ami sûr et un habile médecin, de lui apporter le poison dont il s'était pourvu depuis longtemps, le même qu'on emploie dans Athènes contre ceux qu'un jugement public a condamnés à mourir. Sénèque prit en vain ce breuvage : ses membres déjà froids et ses vaisseaux rétrécis se refusaient à l'activité du poison. Enfin il entra dans un bain chaud, et répandit de l'eau sur les esclaves qui l'entouraient, en disant: « J'offre cette libation à Jupiter Libérateur. » Il se fit ensuite porter dans une étuve, dont la vapeur le suffoqua. Son corps fut brûlé sans aucune pompe ; il l'avait ainsi ordonné par un codicille, lorsque, riche encore et très puissant, il s'occupait déjà de sa fin. »
(Liberum mortis arbitrium)
/http%3A%2F%2Fwww.petitpalais.paris.fr%2Fsites%2Fdefault%2Ffiles%2Fimagecache%2Foeuvre_hd%2Fdavid_seneque.JPG)
Pas facile d’être la fille de Georges Simenon. Surtout quand, comme Marie-Jo, on éprouve une passion œdipienne débordante pour son père.
Elle l'aimait trop. A 8 ou 9 ans, elle voulait qu'il lui achète une alliance comme celle qu'il portait au doigt, et il avait accepté... Blessée par la guerre parentale, en quête d'une impossible fusion avec son père, affolée aussi par des secrets qui n'appartenaient qu'à elle, Marie-Jo se suicidera à 25 ans, après avoir voulu être incinérée avec son bijou. Simenon dira avoir goûté ses cendres, les trouvant «salées». Ravagé par ce drame, mais soutenu par sa compagne Teresa dans sa dernière citadelle suisse donnant sur le lac Léman, il publie en 1981 une sorte de longue lettre posthume à la jeune morte, Mémoires intimes.
Le jour fatal, elle avait téléphoné à son père en lui disant à la fin de la conversation: « Je t’aime Dad… Dis-moi aussi que tu m’aimes… — Je t’aime infiniment, ma chérie… — Non. Je veux que tu me dises, sans plus : je t’aime… Dis-moi, je t’aime. » Et le père de prononcer tendrement « Je t’aime. »
Elle a laissé une carte écrite le jour même de sa mort : « Pour mon Daddy, avec tout ce que cela aura peut-être de dur, de cruel, selon les circonstances. J’espère seulement qu’il comprendra que “ tout ” vient de moi, que je l’ai voulu et que peut-être, enfin, je cesse de me torturer moi-même. Je t’aime pour la dernière fois, sous le “ tu sais ”… et puis le “ beaucoup ” qui cache le: “…j’ai osé dire je t’aime! ” (c’est ça?…) Take care of yourself, for me, for all what I was not able to be — (By my own fault). Ta petite ? fille! Tu sais … (je rajoute un “ tu sais ”). La chose la plus extraordinaire aura été d’avoir un “ Daddy ” puis un “ Dad ”, d’avoir aimé “ l’homme ”, de loin comme une amante, d’avoir lu presque tout du “ Simenon ”, la gorge serrée, d’avoir enfin englobé “ l’être humain ” tout entier, du petit garçon à aujourd’hui, au fil des pages et de mes propres souvenirs… Un “ Monsieur ”, aussi, magnifique dans son costume de soie et qui m’enlève dans ses bras, porté par la musique… Une tendresse que jamais je n’aurai retrouvée. Marie-Jo ? » (Mémoires).
(Impatienta doloris)
