Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 mars 2024 7 24 /03 /mars /2024 06:01
Le vrai prénom du talentueux acteur, producteur et scénariste Kev Adams est Kevin.
On sait qu’en France, le prénom Kevin, avec ou sans accent aigu, a acquis une forte popularité ces trente dernières années par le biais de personnages de séries télévisées populaires en provenance des États-Unis et du Royaume Uni. Dans la foulée, Brandon a connu et connaît encore son heure de gloire. Chez les filles, Jennifer ou Kimberley ont raflé le pompon des prénoms qui, dans trente ou quarante ans, stigmatiseront celles qui les portent aujourd’hui.
Pourquoi le prénom Kev m’intéresse-t-il ? Parce que, dans les diminutifs, le français aime les structures binaires selon un schéma consonne-voyelle. Valéry a pu donner Va-ly, ou Va-va, Va-lou. Robert est diminué en Ro-Ro. Isabelle est souvent réduit à I-sa.
En toute logique, Kevin aurait pu donner Ké-ké.
Et c’est là que l’impérialisme culturel zunien a fondu sur le bienheureux Kev. Dans le monde anglo-saxon, les diminutifs sont généralement construits selon le schéma consonne-voyelle-consonne, la consonne de fin étant fermée. C’est ainsi que l’on a Pat pour Patricia, Nat pour Nathan, Mat pour Martin ou Matthew, Pat pour Patrick, Beth pour Elizabeth, Phil pour Philip, Val pour Valerie, Kim pour Kimberley, Cat pour Catherine, Alex pour Alexander ou Alexandra, Meg pour Meghan, Chris pour Christopher.
En choisissant, Kev – pour une ou des raisons que je ne connais pas – a, en le sachant ou sans le savoir, utilisé le schéma anglo-saxon. Ce qui n’est pas le cas des journalistes français qui s’amusent à charrier le grand décathlonien Kevin Mayer avec le surnom Kéké la Braise.
Le plus drôle – même s’il n’y a pas de quoi se tordre les boyaux – c’est que je suis moi-même victime de cette aliénation puisque, depuis toujours, j’appelle, dans les deux sens du terme, mes deux cadettes Raph et Reb alors que mon aînée a toujours été pour moi Zab (pour Isabelle).
Á propos du prénom de Kev Adams

Après avoir lu ce texte, mon ami J-CK (un vrai linguiste, lui) m'écrit : Le problème n'est pas que celui des diminutifs de prénoms, c'est  plus global et cela a à voir avec la théorie de la syllabe ; je ne suis pas spécialiste, mais en gros la syllabe prototypique, c'est CV en français, et CVC en anglais. Pour "mégaoctet" ou "gigaoctet", tu auras "méga" ou "giga" en français, mais "meg" ou "gig" en anglais, et on peut trouver mille autres exemples.

Partager cet article
Repost0
22 mars 2024 5 22 /03 /mars /2024 06:01
Deux jeunes femmes néerlandaises viennent de s'affronter dans une compétition féroce.
Á gauche, disons – soyons gentil – un laideron. Á droite, une jolie femme. Moins apprêtée que Kate Middleton.
Laquelle des deux l'emporta ? Celle de gauche, bien sûr. Qui, en plus d'être moche, est transgenre.
Il s'agissait du concours des “ Miss Pays-Bas ”.
La dauphine s'appelle Nathalie Yasmin. Elle pensait l'emporter au nom de la diversité, très à la mode chez nos amis bataves. Hé ben non, il y a eu plus diverse qu'elle, d'autant que la nouvelle Miss, qui a n'a changé de sexe qu'en 2023, est en partie Moluquoise.
L'ami Sylvain qui me fait passer cette nouvelle d'importance envisage sérieusement la possibilité d'une prochaine Miss Pays-Bas animal (e). Les animaux sont effectivement des créatures respectables issues de la volonté divine.
J'ai tout de même une suggestion pour la.e nouveau.lle Miss : qu'iel aille consulter un.e orthodontiste… Iel aura sûrement des choses à lui.elle dire.
Décidément, la beauté est dans l'œil de celui qui regarde…
Décidément, la beauté est dans l'œil de celui qui regarde…

PS : Un jeu de mots qu’aurait adoré l’ermite de Croisset pour qui les meilleurs jeux de mots étaient les pires :

Le lundi on peut parler
Le mardi on peut parler
Le mercredi on peut parler
Mais le
Décidément, la beauté est dans l'œil de celui qui regarde…

Je ne sais si la beauté est dans l'œil des censeurs de Facebook (la censure est exercée soit par ordinateur soit par des djeuns de huit ans d'âge mental), mais ce qui suit a été censuré pendant une douzaines d'heures, rétablie après une vigoureuse protestation de ma part. Les principaux critères de censure – que je comprends s'ils sont appliqués avec discernement – sont la violence dans le style et l'humiliation des personnes. Dans ce qui suit, je n'ai fait que reprendre, sans en changer un mot, un article d'actu.fr, un site grand public que l'on trouve dans toutes les chaumières.

 

Le cortège de mariage tchétchène sème la panique sur l’autoroute A10 

 

(INFO 78ACTU) Un cortège de mariage a semé la panique sur l’autoroute A10, entre le Loiret et les Yvelines. 60 kilomètres pendant lesquels les fêtards ont privatisé la route.

 

Un cortège de mariage tchétchène a semé le chaos surl’autoroute A10 en traversant trois départements : le Loiret, l’Eure-et-Loir et les Yvelines. Une dizaine de voitures, a minima, ont littéralement privatisé l’autoroute sur près de 60 kilomètres entre Saran (Loiret) et Saint-Arnoult-Yvelines. Le tout en semant une telle pagaille que les services d’urgences ont presque été saturés par les appels des autres automobilistes paniqués, agacés voire les deux. Eux revenaient tranquillement de vacances pour la zone B.

 

Vendredi 15 mars 2024, deux participants à ce cortège ont comparu devant le tribunal de Versailles. Âgés de 22 et 24 ans, originaires de la Fédération de Russie, mais Tchétchènes avant tout, ils conduisaient une Audi RS 6 et une BMW série 3.

 

C’est en fin de matinée, le dimanche 10 mars 2024, que les gendarmes sont alertés. Il est aux alentours de midi. Drapeaux de la Tchétchénie au vent, caméraman assis sur une portière… Tout un groupe de voitures s’est élancé de la région d’Orléans pour rejoindre l'Essonne. Il y a de la joie dans les habitacles. Trop.

 

« Certains se sont alignés sur l’autoroute pour forcer les autres voitures à ralentir, en roulant à environ 60 km/h. Cela permettait à des grosses cylindrées de faire de puissantes accélérations, de couper toutes les voies de circulation. Parfois, ils s’amusaient à zigzaguer les uns entre les autres. D’autres ont roulé ou se sont arrêtés sur la bande d’arrêtd’urgence et sont sortis des voitures… Des enfants étaient à bord », rapporte le dossier.

 

Deux automobilistes sont finalement stoppés par les gendarmes. Un autre a réussi à prendre la fuite. Un mandat de recherches a été délivré à son encontre.

 

Le procès commence comme le départ d’une course automobile. On cite les puissantes voitures : surtout des BMW mais aussi la fameuse Audi RS 6 verte, la Lexus des mariés, une Cupra Formentor… Toutes ont joué sur l'A10 comme dans un jeu vidéo.

 

Anthony, au volant de l’Audi, commence à battre sa coulpe avec un verbe posé et choisi. Il décide de donner sa véritable identité, dédouanant son frère pour lequel il s’était fait passer.

 

La juge le reprend. « Vous racontez cela avec une banalité déconcertante ! 

 

Et le prévenu de rétorquer : « Je suis le seul à m’être arrêté dès que les gendarmes nous ont demandé de les suivre. 

 

À côté de lui, son homologue de run assure ne pas avoir pris plus de risque que cela. « On roulait souvent à une vitesse bien inférieure à celle d’une autoroute. Je n’ai pas bloqué les autres voitures. Ni fait de grosses accélérations. Je n’avais pas assez de chevaux pour aller aussi vite. »

 

Bref, le duo soutient avoir été pris dans le piège de plus farouches écraseurs de champignons. L’effet de groupe donc… Et le manque d’organisation. « Je ralentissais souvent car je ne connaissais même pas l’adresse du mariage. On attendait les autres », assure Anthony.

 

Le jeune homme découvre au tribunal qu’il n’est plus titulaire du permis de conduire depuis septembre 2022. « Ça doit être pour des petits excès de vitesse, à moins de 10 km/h, sur des routes que je ne connais pas. »

 

L’instruction du procès parle mariage, traditions culturelles, euphorie, spontanéité des événements… Le procureur de la République refroidit l’ambiance. « C’est un miracle que personne n’ait été tué ou blessé. Que nous n’ayons pas eu, comme on le voit parfois, des gens éparpillés en morceaux sur le bord de l’A10. La route est dangereuse en soi. Pas besoin d’en rajouter. »

 

Pour autant, face à deux intérimaires au casier vierge, le magistrat croit que la pédagogie peut être une vertu. Vertu qui commence par une demande de confiscation de l’Audi et de la BMW, même si elles ont été prêtées. Elle se poursuit par une annulation du permis et une interdiction de le repasser avant une année. Elle se termine par 6 mois de sursis.

 

À 22 h 30, le drapeau à damier sonne la fin des débats. Deux profils, deux condamnations. Le conducteur de l’Audi écope de 6 mois de sursis et d’une annulation de son permis, avec interdiction de le repasser avant un an. La puissante voiture est restituée à son propriétaire.

 

Le second prévenu écope de 6 mois de sursis et d’une suspension de permis pendant 6 mois également. La BMW, propriété de sa mère, est confisquée. Définitivement.

 

 

Ci-dessous : ça peut avoir de la gueule, un mariage tchétchène ! 

 

Décidément, la beauté est dans l'œil de celui qui regarde…
Partager cet article
Repost0
19 mars 2024 2 19 /03 /mars /2024 06:01

Ils nous fatiguent ces Grands-Bretons avec ces exceptions dont ils veulent nous faire porter le chapeau.

 

En français, nous avons les h aspirés. En fait, ils ne sont pas, à proprement parler, aspirés. Essayez de dire, en aspirant, la haine, le hand-ball, le hasard.

 

Les Anglophones expirent les h : hatred, hand-ball, hazard. Ils ne prononcent pas ces mots comme s'ils rendaient leur dernier soupir, mais comme s’il s’agissait de faire tomber une plume du dos de leur main.

 

Mais une langue ne serait pas riche si elle ne comptait pas de nombreuses exceptions. Et là, les élèves français s’emmêlent les pinceaux tant qu’ils peuvent. Et, naturellement, ces exceptions concernent des mots plutôt courants. Les plus fréquent est peut-être hour (heure) qui se prononce exactement comme our (nôtre), avec ses dérivés : hourly, hourglass (sablier), half-hour. Mais il y a aussi honest (honesty), honour (honourable), ou encore heir (héritier) qui se prononce exactement comme air. Il ne faut pas mésestimer heir car, dans son sillage, on a heiress (héritière), heirdom (succession), heirloom (héritage), heirship (hérédité). Les cheveux de l’héritier Herbert – pas facile à placer dans une conversation usuelle, j’en conviens – se traduira par “ the hair of the heir Herbert ” (en expirant bien les premier et troisième h, les deux the ne se prononçant pas exactement de la même manière). On ajoutera exhaust (et ses sept dérivés), exhibit (et ses cinq dérivés), HIV (VIH), HR (rhésus ou humidité relative).

 

Pour ne pas compliquer le problème, je n’insisterai pas sur les mots commençant par un h, qui est prononcé lorsque le mot est accentué et qui n’est pas prononcé lorsque le mot n’est pas accentué, comme himself ou herself. Je ne parlerai pas non plus de l’anglais étasunien où le h muet est plus courant que dans l’anglais britannique (herb).

 

Reste la question : pourquoi le h initial anglais est-il parfois muet ? Pour le cas de hour, cela semble plutôt logique car le mot vient du français heure qui vient lui-même du latin hora où le h ne se prononçait pas. Pour les autres exemples, il faut avoir à l’esprit que le son h est faible, donc il a tendance à être atténué ou même omis dans une conversation. « He heralded that his heritage was hereditary » (il proclama que son héritage était héréditaire) aura tendance à devenir “eeraldedthatiseritagewasereditary”. Les h expirés ont commencé à disparaitre vers 1850 dans les classes populaires.

 

Si les mots où les h disparaissent viennent très souvent du latin et du français, les mots d’origine germanique conservent un h sonore, comme hit, house ou hat. Mais il y a des exceptions dans l’exception. L’Angleterre a connu un bon nombre de rois nommés Henry, un prénom venant évidemment du français mais où le h est très expiré. Et on sait que les cockneys londonien s n’aiment pas les h initiaux : it “ appened ” yesterday (c'est arrivé hier).

 

Pour finir brièvement, on relève que le h est très souvent muet lorsqu’il n’est pas à l’initiale des mots : archive, chaos, Christmas, choir, echo, where, when, white, ghost, whistle.

 

Et on s'inclinera devant le fait qu'il y a plus de 1000 manières d'orthographier la quarantaine de sons qui existent en anglais.

 

 

Ah, ces mots anglais qui commencent par un h qui ne se prononce pas !
Partager cet article
Repost0
17 mars 2024 7 17 /03 /mars /2024 06:01
 
Je sens que je vais encore m’énerver.
 
Á l’arrière des bus lyonnais, figure à l’heure actuelle cette publicité.
Bus lyonnais et érotisme commercial
Comme TCL est woke et bien-pensant, il a préféré mettre en scène un couple de lesbiennes et non un couple hétéro. Il en a remis une petite couche puisque nous sommes en présence d’une Noire et d’une Blanche, la Noire étant en position plutôt dominatrice.
La pub a été payée par une enseigne qui propose des articles multiples et variés : vêtements, gadgets, électronique etc. Le site vend surtout du désir, de l’érotisme : des masturbateurs, des développeurs de pénis etc. Aucun de ces produits ne figure à l’arrière – j’allais dire au cul – des bus lyonnais. Le site propose des « équipes de choc dans une atmosphère décomplexée ».
Je laisse de côté tout ce qui est cul pour ne m’intéresser qu’à la langue.
Le site est dénommé “ passage du desir ”. Pour “ passage ” pas de problème. Mais “ desir ” est un pauvre bâtard. Ce mot n’existe ni en français ni – et c’est bien plus grave par les temps qui courent – en anglais. On sent bien ce qui a empêché les concepteurs de faire preuve de courage. Internet étant zunien, donc de langue anglaise, il ne prend pas les accents aigus. Alors, pas de “ désir ”. Et puis, comme il ne s’agit pas non plus d’être totalement inféodé à la langue de l’Empire, on enlève le e final de “ desire ”. D’où cet avorton ridicule. Je me suis rendu sur le site où l’on trouve par ailleurs ce genre d’horreur langagière : « Bon.ne Saint Valentin.e ». Pompidou disait que quand les bornes étaient franchies il n’y avait plus de limites.
Enfin on ne saurait concevoir un slogan qui se tient sans faire appel à l’écriture inclusive. Donc « des cadeaux pour les grand.e.s ».
Cavanna nous avait prévenu il y a soixante ans : « la publicité nous prend pour des cons ; la publicité nous rend cons ».

PS qui n'a rien à voir : repris du site Reporter.

 

La neige fond, les prix flambent : le ski, un sport de riches

Forfaits, logements... Aller skier coûte de plus en plus cher. Avec le dérèglement climatique, les stations, largement subventionnées par l’État, investissent dans des infrastructures coûteuses. Un modèle à bout de souffle.

Les sports d’hiver coûtent cher et la tendance ne devrait pas s’infléchir, selon Fiona Mille, présidente de l’ONG de défense de la montagne et de l’environnement Mountain Wilderness : « Avec le dérèglement climatique, la pratique du ski va devenir de plus en plus élitiste. Des stations de basse et moyenne altitude — des stations familiales — vont fermer au profit des stations de haute altitude destinées à un public aisé. » « Le profil des amateurs de sports d’hiver est plutôt aisé, jeune, urbain », résume l’étude.

Au total, 9 % des Français s’y adonnent, selon un rapport du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc). Un chiffre pour l’instant stable : en 2010, ils étaient 8 %. Et à l’avenir ? Alors qu’en pleines vacances scolaires, des stations de ski sont contraintes de fermer faute de neige, faire du ski coûte de plus en plus cher. Les hausses des prix s’expliquent, notamment, par le réchauffement climatique.

D’après le magazine Skieur, pour la saison hiver 2023, les forfaits de ski pour les adultes ont ainsi augmenté entre 5 et 8 % en moyenne par rapport à l’année précédente. Le média spécialisé donne plusieurs exemples : +10 % sur le forfait six jours à la station des Portes du Soleil en Haute-Savoie (passant de 312 à 342 euros), +8,6 % pour le forfait six jours à La Plagne en Savoie (passant de 304 à 330 euros)... Le Monde livre un autre exemple : en dix ans, le forfait six jours sur le domaine de Tignes-Val-d’Isère a augmenté de 57 %, passant de 252 à 396 euros par adulte.

Des sommes auxquelles il faut ajouter la location d’équipement, la nourriture ainsi que le logement. Or, d’après les chiffres de la Fédération nationale de l’immobilier cités par Le Monde, entre juillet 2020 et avril 2023, les prix dans les stations de ski ont augmenté de 30 %.

À Paradis Ski (autour de La Plagne), l’un des plus grands domaines skiables de France, les prix des locations ont augmenté de 10 % rien qu’entre 2019 et 2020.

Toujours plus d’infrastructures pour pallier le manque de neige

« Certaines stations sont en grande difficulté d’enneigement, ce qui permet à celles qui ont davantage de neige d’être plus attractives et de proposer des prix de plus en plus chers », explique Fiona Mille, présidente de l’ONGMountain Wilderness. Les stations « doivent en outre dépenser de l’argent dans des canons à neige afin de produire de la neige artificielle, ou dans des remontées mécaniques permettant d’aller toujours plus haut ». Autant d’investissements « très énergivores » — dans un contexte de hausse des prix des énergies fossiles — qui se répercutent sur les prix proposés aux vacanciers.

« Un subventionnement public croissant »

D’après un rapport publié début février par la Cour des comptes, le modèle économique des stations de ski, « à bout de souffle », est « durablement affecté par le changement climatique depuis le début du XXIe siècle »« Toutes les stations de ski seront plus ou moins touchées à l’horizon 2050 » et seules « quelques stations pourraient espérer poursuivre une exploitation au-delà de cette échéance », ajoute le texte, qui rappelle le « subventionnement public significatif et croissant » perçu par les opérateurs des remontées mécaniques (124 millions d’euros par an pour ceux dont le chiffre d’affaires annuel est inférieur à 15 millions d’euros, « soit un niveau de dépendance à la dépense publique d’environ 23 % »).

 

« Ce rapport montre comment l’argent public finance largement la filière du ski alpin, qui non seulement va droit dans le mur avec le dérèglement climatique, mais provoque aussi des inégalités sociales », déplore Fionna Mille Pour la présidente de Mountain Wilderness, les pouvoirs publics devraient plutôt « soutenir toutes les activités qui permettent de faire vivre la montagne à l’année, comme la randonnée, les raquettes ou encore la découverte de la faune et la flore » Et ce, sans conditions de ressources financières : « La montagne doit être accessible à toutes et à tous. »

Bus lyonnais et érotisme commercial

PPS : et l'on finit sur une note d'humour et d'amour avec la contraception à l'anglaise.

Bus lyonnais et érotisme commercial
Partager cet article
Repost0
10 mars 2024 7 10 /03 /mars /2024 05:54
En ce dimanche, cette note s'imposait.
 
La première fois que je me suis retrouvé devant cette sculpture, en vrai, j'ai été sidéré car je ne l'avais jamais vue auparavant, représentée en photo, par exemple. J'ai d'abord été frappé par le drapé des vêtements (un topos obligé à l'époque), à commencer par celui du perizionum (pagne) du Christ. Mais ce qui m'a le plus espanté c'est que Michel-Ange avait osé installer le corps d'un homme de bonne taille sur les genoux de sa mère. Sans que cela paraisse le moins du monde ridicule. Cela dit, j'imagine la tête du pape de l'époque recevant ce présent un peu empoisonné. D'autant qu'il s'agissait d'une commande.
 
Le plus étonnant dans la représentation de la Vierge est qu'elle a l'air plus jeune que son fils. Michel-Ange avait objecté que les femmes chastes se conservaient mieux que les autres. Sans parler des vierges. Et puis on observe que le corps du Christ est divisé en trois (Trinité oblige) par deux virages. On peut également noter la symbolique dans la main gauche de la Vierge : la paume est ouverte, la main est tendue vers nous en signe de don, d'amour, mais l'annulaire et le majeur sont repliés dans une crispation qui traduit la souffrance qu'elle vit en ce moment précis, en contradiction avec son visage parfaitement serein.
 
Sur la main droite du Christ, la marque du clou est minuscule, comme si ce supplice était anecdotique pour Michel-Ange. D'ailleurs certains spécialistes pensent qu'il a été cloué aux poignets. De même, aucune marque de flagellation n'est visible, comme chez Rubens. Pas de trace de la couronne d'épines, comme chez Le Caravage ou Manet. Et puis, tout de même, pas de trace du coup de lance sur le côté droit de son torse. Et, naturellement, aucune trace des tortures atroces subies avant la mise en croix (“ Les Quinze Douleurs et Souffrances Secrètes de Jésus ”) “ révélées ” par le Christ à Marie-Madeleine Martinengo au XVIIIe siècle.
 
Pour mes lecteurs les plus fidèles, je rappelle que je suis athée, pas même baptisé.
 
Le S du Christ

Pour rappel, la Pietà de Van Gogh.

Le S du Christ
Partager cet article
Repost0
22 février 2024 4 22 /02 /février /2024 06:01

Et bien quoi, Bernard, les personnes d’un certain âge ont le droit de s’embrasser, non ?

 

Sûrement et je suis bien placé pour le savoir…

 

Notons – il eût été dommage de s’en passer – l’utilisation obligée du gallo-ricain : « Love unlimited » et – on se demande bien pourquoi – l’absence d’accent (à l’anglaise) sur le mot « desir », qui ne s’écrit pas comme ça en anglais. Mais un cœur sur le i. Ça fait oublier les bombes en Ukraine et au Liban. Hé. Oui, l’amour est « sans limites ». Pour les gens mariés ou qui vivent maritalement ? Pour un coup de 5 à 7 ? En tout cas, pour les hommes qui portent deux anneaux à l’oreille et les femmes qui nouent leur écharpe comme les djeuns’.

 

Comment nommer les vieux ?

 

« Vieux » ? Non. Banal, sans âge. « Vieillards » ? Vous n’y pensez pas. Trop décatis pour cette photo.

 

« Croulants », terme utilisé pendant mon adolescence, pas forcément de manière péjorative, est absolument exclu et mériterait le retour de la guillotine en place publique. « Amorti » : également utilisé pendant mon adolescence, mais de manière péjorative. « Obsolète », non plus : ça fait savant pour une pub et ça rime avec arbalète ou mobylette, ce qui est ridicule.

 

« Anciens » ? Á la rigueur, mais cela fait trop penser aux récits populaires de l’entre-deux-guerres.

 

« Troisième âge » ? Oui, mais vous excluez les quatrième et cinquième âges, segments toujours et de plus en plus porteurs dans la pub.

 

« Seniors » est désormais usé faute d’avoir trop servi pour souvent ne rien dire.

 

Alors, pour « les adultes consentants » (écrit tout petit en bas de l’affiche), on invente le concept de « grands ». Par opposition aux « petits », j’imagine. En gros, tu es petit en dessous de 70 ans. Je ne vous cache pas que ça m’arrange. Au niveau de l’inconscient, « grands » peut renvoyer à grands-parents, ce qui ne gâche rien. Oui, mais, attention ! La pub doit rassembler : les pépètes sont en jeu. Et comment dit-on rassembler au XXIè siècle ? Un seul mot, un seul concept, le mot grâce auquel « on d’vient marteau parce qu’on l’a dans la peau » : « inclusif ». Donc : « grand.e.s »

 

Dans la pub, on est woke, du moins tant que les Ricains le seront.

Que d’idéologie dans cette pub !

PS qui n'a rien à voir :

 

Place de la République, Lille

Je regarde un reportage consacré au lycée Averroès de Lille (premier lycée musulman en France à avoir intégré l’enseignement privé sous contrat) qui vient de perdre ses subventions. Il est accusé d’avoir dispensé des enseignements “contraires aux valeurs de la République”. Apparemment, la bibliothèque donne accès à des ouvrages qui prônent la peine de mort pour apostasie.
Ce qui me frappe dans ce reportage, c'est que neuf mères d'élèves sur dix sont voilées. Dans les années 50 et 60, dans le village du Lot-et-Garonne de mes grands-parents, il y avait un certain nombre de femmes d'origine algérienne. Aucune n'était voilée.
Un vrai sémioticien aurait beaucoup à dire sur l'apparence générale de ces femmes.
Que d’idéologie dans cette pub !
Partager cet article
Repost0
17 février 2024 6 17 /02 /février /2024 18:10
J’ai été le collègue de Georges Retord à Abidjan de 1976 à 1987 et j’ai eu comme étudiante la collègue à sa droite sur la photo.
Ce matin, j’ai enterré Georges au cimetière de la Guillotière à Lyon. Depuis plus d’un demi-siècle, Georges partageait sa vie entre Lyon, où il était né, et Grand-Bassam, en Côte d'Ivoire.
Je l’avais eu au téléphone il y a deux mois. À l’autre bout du fil, il m’avait semblé plein de vie. Sa nièce m’a dit ce matin qu’il était très fatigué depuis quelques jours mais sa mort a vraiment surpris ses proches.
Il connaissait à fond quatre langues ivoiriennes.
Il avait 84 ans.
Georges Retord
Partager cet article
Repost0
16 février 2024 5 16 /02 /février /2024 06:01

Un ouvrage publié en 2019. La lecture n'en est que meilleure.

 

Claire Marin. Rupture(s). Comment les ruptures nous transforment. Paris : Éditions de l’observatoire, 2019.

 

Professeuse de philosophie en classe préparatoire aux Grandes Écoles, Claire Marin travaille principalement sur les épreuves de la vie. Adèle Van Reeth, directrice (musclée) de France Inter depuis 2022, qui a édité le présent ouvrage, a ainsi caractérisé la singularité de Claire Marin : « Elle excelle dans l’art de la narration, de celui de faire le lien entre le concept et le vécu, d’ancrer la philo dans la vie amoureuse ou le lien mère-enfant, en assumant le “je” ».

 

Dans Ruptures, comme dans d’autres ouvrages, Claire Marin montre comment les ruptures et les déchirures psychiques ou mentales sont les causes ou les conséquences d’accidents corporels. Une rupture, dit-elle « n’est pas nécessairement visible ou fracassante », elle se fait parfois « sans changement flagrant mais à travers des décisions intérieures des orientations nouvelles ». Et elle nous rappelle une caractéristique sémantique du verbe “ rompre ” : on est aussi rompu à quelque chose, en particulier lorsqu’on découvre en nous une puissance, une aptitude à résister.

 

Une rupture – amoureuse, par exemple – désoriente ou, pire encore, explique Claire Marin, désaxe. Au point, éventuellement, qu’il n’est plus possible de rester fidèle à ce que l’on était avant la rupture. On a à la fois perdu notre Orient et l’axe de notre vie, le syntagme et le paradigme de notre existence. Plus de boussole dans le brouillard. On est désorienté comme par le givrage des sondes de vitesse Pitot. L’anglais utilise le mot bewildered, quand on est égaré, quand notre être retourne jusqu’à sa nature sauvage.

 

Si l’on nous quitte, ce n’est pas pour ce que l’on est, mais le plus souvent pour ce que l’on n’est pas. Et comment savoir ce que l’on n’est pas tant que l’on n’a pas cerné le désir – nouveau ou ancien – de l’autre ? Claire Marin propose une description phénoménologique originale du processus de la rupture : « Et pourtant, comme souvent dans la rupture amoureuse, c'est dans le cliché que se dit l'exacte vérité. Un couple se déchire : cela ne signifie pas que les anciens amants se disputent, cela signifie qu'ils essaient réellement de s'extraire d'une matière commune, d'un corps affectif mais aussi du corps physiologique que leurs couples avaient créé. Ce que le romancier belge Antoine Wauters, auquel Marin fait appel, complète par : « être séparé des tas de fois pendant des mois et des années, être séparé c'est vivre dans la souffrance du manque, le souffle court, le cœur pressé, les gestes anxieux. »

 

La rupture se répète sans cesse. Mille endroits, mille circonstances nous y ramènent indéfiniment et nous piquent intérieurement. Notre cœur est « butiné par le manque ».

 

Notre aptitude à faire face et à résister aux ruptures date de l’enfance. Claire Marin pose que l’on est d’autant plus submergé que, quand nous étions enfants, nous avons été entièrement façonnés de l’extérieur (ce qui, pour elle, a créé une fausse identité) et que nous avons été incapables de nous opposer, de marquer notre désaccord avec ce qui a produit notre pensée, notre être au monde. Car nous sommes restés, comme on dit aujourd’hui, dans notre zone de confort, nous nous sommes contentés d’une existence rassurante. Un exemple parlant nous est ici donné, celui du capitaine Haddock qui est ce qu’il est et demeure ce qu’il a toujours été : il a beau, au début des 7 Boules de cristal, revêtir les habits d’un faux aristo, il n’en reste pas moins le capitaine Haddock car son moi est « imprenable inébranlable inaltérable. »

 

Bref, on ne rompt pas avec soi-même. Marin fait appel à Henri Bergson (Conférences de Madrid sur la personnalité (1916)) : au fur et à mesure que nous avançons dans la vie, nous ne pouvons que « jeter par-dessus bord de nombreuses personnalités possibles ». Don Quichotte ou Sancho Pança sont ce que Cervantès aurait pu être dans des vies « qu’il aurait pu vivre s’il avait vécu cinquante fois et non une seule ». Mais l’enfant que nous étions perdure globalement en nous. Il est présent à chaque instant et à tous les âges. Ce que décrira Lionel Duroy dans Le Chagrin (2010) : « Quand notre mère mourra bien des années plus tard et que je m'étonnerai de ne pas éprouver de chagrin, ou si peu, j'en viendrai à me donner pour explication qu'elle était déjà morte en moi et que sa disparition remontait sans doute à cette fameuse crise de nerfs l'année de mes dix ans où je l'avais pleuré comme si je ne devais plus jamais la revoir. »

 

Cela dit, nous ne sommes pas entièrement déterminés. Marin donne l’exemple d’Henri Michaux et de son Bras cassé (1973). Un jour il glisse, tombe et se fracture le coude droit. En se relevant, il se perçut comme « parfaitement neutre », ayant découvert que son être gauche était « maladroit », mais aussi un, autre « étranger », une « curiosité ». Il se mit alors immédiatement à écrire avec la main gauche, ce qui révéla « un autre être en lui-même ou, tout au moins, une autre façon d'être un moi qu'il nomma “ moi frère ”. »

 

Heureusement que tout n’est pas prévu et que même certaines catastrophes peuvent donner un sens nouveau à nos vies. Désorientés, nous parvenons parfois à nous réorienter.

 

 

Note de lecture 214
Partager cet article
Repost0
15 février 2024 4 15 /02 /février /2024 06:01

Il faut toujours se méfier des expressions que l’on nous balance directement en anglais, sans prendre la peine de les traduire car nous somme alors directement sous la coupe de la langue de l’Empire politique et culturel qui domine le monde.

 

Qui sont ces "sensitivity readers" qui travaillent désormais dans les maisons d'édition ?

 

Des lecteurs de sensibilité (sensible et sensitive sont deux faux-amis en anglais), c’est-à-dire des lecteurs qui débusque le caractère sensible, délicats, d’œuvres soumises par des auteurs à des éditeurs.

 

Christophe Rioux, journaliste et enseignant à Science Po Paris nous parle de ce phénomène et de ses conséquences sur les romans à venir.

 

Dans le secteur anglo-saxon de l'édition, de nouveaux relecteurs sont déjà au travail, on le nomme les “ sensitivity readers ” et leur rôle est de débusquer dans les manuscrits des phrases ou des situations qui pourraient blesser des minorités ethniques ou sexuelles et provoquer des polémiques. Un article paru ces récemment dans Le Monde précise que désormais toutes les maisons d'édition font appel à ces relecteurs et les candidats à ce nouveau métier en plein développement doivent se présenter avec leurs listes de compétences, des sujets sur lesquels ils sont particulièrement sensibles : “ gros, milieux populaires, culture iroquoise ou encore style de vie végétarien ”.

 

Ce phénomène, essentiellement étasunien, gagne à présent la France. Aussi les “ sensitivity readers ”, qu’on pourrait traduire, selon Christophe Rioux, “ démineurs littéraires ” sont de nouveaux relecteurs engagés pour traquer dans les manuscrits des propos qui seraient potentiellement offensants pour des minorités. L'idée serait de chercher des contenus qui pourraient poser problème, qui pourraient donner lieu à des polémiques et à une mauvaise publicité.

 

Aux États-Unis, ce mouvement a d'abord touché les best-sellers et tout écrivain assez connu pour engendrer une critique, voire une polémique. Le problème est que lorsqu’il y a polémique, il y a vente. On n’en sort pas.

 

Pour Rioux, ce nouveau phénomène est un véritable reflet de notre société qui, peut-être plus sensible, est assurément dans une démarche d'analyse permanente pour ne laisser passer aucune appropriation culturelle et visant à inclure le plus grand monde.

 

Les maisons d'édition ne sont pas les seules à faire appel à ces relecteurs, des écrivains font également cette démarche afin de ne pas commettre d'impairs, telle Marie-Hélène Poitras, qui a écrit publié chez Alto, un roman nommé qui s'appelle La Désidérata.

 

« La question se posait, à savoir : comment parler d'un personnage qui possède une telle complexité narrative sans avoir lui-même expérimenté cette dimension-là. C'était véritablement pour l'auteur, un questionnement profond. » Ben oui, quoi ! Victor Hugo pouvait-il nous parler de Cosette ? Non, bien sûr. Damned : j'oublie que le Grand Totor avait de l'imagination et du talent.

 

Christophe Rioux souligne par ailleurs que cela lui rappelle le processus de création de Flaubert, qui, obsédé du détail, tirait ses descriptions, jusqu'à vérifier les boutons d'un uniforme. La seule différence tient de l'ordre de l'émotionnel, car les relecteurs traquent les propos affectifs blessants.

 

Et Rioux conclut : « L'un des risques souvent avancé, c'est qu'un personnage négatif qui serait amené à tenir des propos blessants, pourrait être cloué au pilori. Dès lors, une partie de la littérature mondiale, par le prisme de ces relectures sensibles, pourrait finir dans les oubliettes de l'histoire littéraire. »

Un “ sensitivity reader ”, c’est quoi ?
Partager cet article
Repost0
14 février 2024 3 14 /02 /février /2024 06:01

Père de trois filles et grand-père de deux filles, je suis très attentif à tous les faits de viol, d’où qu’ils viennent.

 

Ce n’est pas la première fois que Judith Godrèche s’exprime sur des violences sexuelles qu’elle a pu subir. Lorsque l’affaire Weinstein a éclaté en 2017, elle a déclaré, tout comme 92 autres femmes, avoir été agressée par ce producteur lors du festival de Cannes de 1996. 21 ans après les faits, donc. Weinstein l’avait invitée dans une chambre d’hôtel – une pratique assez banale dans ce milieu, semble-t-il (sinon qu’allait-elle faire dans cette galère ?) – pour discuter de la sortie internationale du film Ridicule, dans lequel elle jouait un rôle important. Il lui avait demandé un massage. Elle avait refusé. Il lui avait tiré ses vêtements. Elle s’était sortie de ce mauvais pas de justesse. Elle n’avait pas dénoncé cette agression, sur le conseil d’une collaboratrice de Weinstein, afin de ne pas nuire à la carrière du film. Elle avait ensuite entretenu des rapports – dit-on cordiaux – avec son agresseur.

 

En 2023, Judith Godrèche se confie au magazine Elle sur sa relation avec le réalisateur Benoît Jacquot. Voir ici  et ici.

 

Godrèche a tourné quatre films avec Jacquot, de 1988 à 1993, dont trois alors qu’elle était mineure, c’est-à-dire avec l’assentiment écrit de ses parents. En 2010, elle évoque dans Libération sa relation avec Jacquot. Elle met les pieds dans le plat en 2023 dans Le Parisien, déclarant avoir été vulnérable à 14 ans face à un homme de 40 ans, capable de la faire exister et de lancer sa carrière : « On peut se faire prendre dans les filets d’une personne plus puissante, et l’art est un teremplin extrêmement favorable à ça. En tant qu’actrice, on a besoin d’être aimée, regardée. C’est comme si, en vous choisissant, le réalisateur vous donnait vie ». Godrèche déclare qu'elle voulait être son amie, qu'elle ne voulait pas de son corps, qu'il l'aurait fouettée avec une ceinture. Elle compare son expérience avec celle que Vanessa Springora (sous l’emprise, à 14 ans de Gabriel Matzneff) a décrite dans son roman Le Consentement. Elle dit ne pas avoir pu terminer la lecture de ce livre tellement il racontait sa propre histoire. Et elle dénonce le manque de soutien du milieu du cinéma qui voit en elle une charmante Lolita.

 

Mais le plus grave est que rien n’est venu du côté des parents, pourtant théoriquement armés pour faire face à une telle situation : la mère de Judith est psychomotricienne et son père psychanalyste. Mais les cordonniers sont les plus mal chaussés, n’est-ce pas ? Surtout quand on a décidé, comme le père, de laisser une liberté totale à son enfant et que, comme la mère, on a quitté le foyer familial depuis des années.

 

Quelque chose de très classique va alors se passer entre l’homme d’âge mûr et la baby doll : le renversement de la culpabilité. Jacquot dit qu’elle l’a cherché et séduit. Qu’il était sous son emprise. Qu’elle avait un cinéaste sous la main.

 

Dans un documentaire de 2011 réalisé par Gérard Miller, Benoît Jacquot évoque ses relations avec des jeunes comédiennes : « Oui c'était une transgression, ne serait-ce qu’au regard de la loi. On n'a pas le droit en principe, je crois. Une fille comme cette Judith qui avait en effet 15 ans et moi 40, en principe je n'avais pas le droit, mais ça elle n'en avait rien à foutre. Cela l'excitait beaucoup, je dirais. »

 

Godrèche est parvenue, ces dernières années, à regarder vers l’avenir. D’abord en tant que mère : « Si un homme de 40 ans approche ma fille, je le tue, assène-t-elle. C’est parce que j’ai été une fille adolescente que je parviens à réaliser ce qui m’est arrivé, à me dire que j’ai navigué seule dans un monde sans règles ni lois. » Et aussi en tant qu’actrice et réalisatrice : dans la série de 2023 Icon of French Cinema, diffusée sur Arte en décembre 2023, elle fait le point avec lucidité sur son proche passé : « J’étais une jeune fille très solitaire, très idéaliste. Je vivais à travers les livres, ma mère est partie de la maison quand j’avais 9 ans, j’ai été élevée par un homme seul, j’étais vulnérable malgré une certaine maturité ».

L’affaire Judith Godrèche/Benoît Jacquot : sommes-nous dans une zone grise ou pas ?

PS QUI N'A RIEN À VOIR :

 

ILN'Y A PAS QUE DU BON CHOCOLAT EN SUISSE : IL Y A AUSSI DES RACISTES. Observez que l'inscription est écrite aussi en hébreu, comme si les Juifs de Suisse connaissaient systématiquement cette langue. On peut parler de racisme au carré.

L’affaire Judith Godrèche/Benoît Jacquot : sommes-nous dans une zone grise ou pas ?
Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de Bernard Gensane
  • : Culture, politique, tranches de vie
  • Contact

Recherche

Articles Récents

  • France Télé déprogramme un documentaire sur la guerre d’Algérie
    … avant de le diffuser en ligne (par Pauline Demange-Dilasser, de Télérama). Extraits Prévu le dimanche 16 mars sur France 5, le film de Claire Billet “Algérie, sections armes spéciales”, sur le gazage des combattants pendant la guerre d’Algérie, a été...
  • La Suède, pays de très grande violence
    Il y a une trentaine d'années, je discutai avec un ami suédois des problèmes liés à l'immigration en Europe (j'avais consacré une bonne partie d'un ouvrage sur l'Angleterre à ce sujet). Je lui avais demandé quelle était la politique immigratoire du pays....
  • Le témoignage d'une vie brisée (II)
    On m’a inscrite dans la chair l’abandon, la solitude, la violence, les insultes, l’impuissance, avoir mal, l’envie de mourir, la peur de mourir. Formatée pour ne jamais ressentir la protection. Un enfant est maltraité lorsqu’il reconnaît au son que font...
  • Le témoignage d'une vie brisée (I)
    Une de mes proches vient de publier ce témoignage sur Facebook : J’ai écrit ce texte pour témoigner de la charge que l’on peut vivre lorsqu’on est l’enfant de parents malveillants. Le danger quotidien qu’ils représentent pour nous. Je vois des adultes...
  • Le patronat se croit tout permis, mais...
    Au mois de mai 2024, l’entreprise Toray-CFE avait licencié Timothée Esprit, en lien avec une publication de solidarité à la Palestine sur son compte Facebook personnel. Une offensive brutale contre le syndicaliste, secrétaire fédéral de la FNIC-CGT, employé...
  • Revue de Presse 550
    Dans Le Grand Soir, Jérôme Henriques revient sur la maltraitance des animaux pour l'industrie du luxe : En 2010, l’émission "Rundschau" (télévision Suisse alémanique) montrait le traitement cruel des varans malais en Indonésie. Confinés des jours entiers...
  • L'impasse des politiques de l'offre
    Par le Blog Le Bon Usage On est donc fixé. Trump va lancer la guerre commerciale avec l'UE en taxant les importations européennes à 25% . Reste à savoir si cette politique conduira bien les EU dans la direction que cherche à obtenir Trump à savoir une...
  • From Ground Zero : la Palestine au coeur
    Vu tout récemment From Ground Zero (allusion tristement ironique au Ground Zero de New York), ce puissant film à sketches réalisé par 22 cinéastes palestiniens. Pour que son histoire ne fût pas oubliée, ce film était dramatiquement nécessaire à ce peuple...
  • Le Monde Diplomatique, mars 2025
    Qui sont les électeurs du RN, demande Benoît Bréville ? « Un parti capable de gagner huit millions de voix en vingt ans ? Voilà qui interroge. Quelle est sa recette ? Et en quoi consistent ses ingrédients idéologiques ou sociologiques ? Sur ces sujets...
  • Maxime Vivas sur les médias
    Entretien avec Maxime Vivas au sujet de la suspension du financement de l’USAID par la nouvelle équipe présidentielle des Etats-Unis. Maxime revient sur le rôle joué par cette organisation (et d’autres) dans la mécanique médiatique occidentale contre...