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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 06:00

http://www.histoire-en-questions.fr/vichy%20et%20occupation/oppression%20pillage/pendu1.jpgAvec l’élection de François Hollande, on a beaucoup parlé de la ville de Tulle. Les correspondants anglo-saxons, qui n’avaient pas vraiment vu venir le coup, se sont soudain demandés s’il convenait de prononcer toulle, tioulle, teulli, tioulli etc.

 

Avant d’être une terre d’accueil pour les fonctions électives de Madame Chodron de Courcel (fille de Jean-Louis Chodron de Courcel et de Marguerite de Brondeau d'Urtières), épouse Chirac, la Corrèze fut une terre de résistance. Elle en paya le prix, notamment lors de l’épisode effrayant des pendus de Tulle. Wikipédia a consacré à ce drame une page fort complète : (link).

J’ai préféré reprendre ici un témoignage plus immédiat, plus personnel (link).

De la place de Souilhac où des SS hilares étanchent leur soif en buvant au goulot le vin de bouteilles volées dans les caves des maisons particulières ou dans les épiceries, on ne peut voir un cadavre au visage tuméfié qui domine une brochette d'une vingtaine de pendus. Il s'agit du courtier en bois Maurice Caquot, âgé de trente-six ans. Constatant que le groupe de condamnés dont il faisait partie dépassait d'une unité le nombre habituel de dix, il a su convaincre son gardien – en s'oubliant lui-même – d'en faire sortir le plus jeune, qui a de la sorte échappé à la corde.

Notre Père, qui êtes aux cieux...

Portant les galons d'Unterscharführer, un SS s'offusque avec violence de la présence de l'abbé Espinasse, qui s'obstine à bénir ceux qu'on mène au supplice. Apostrophant le prêtre, il brandit de menaçante manière sa mitraillette. Monsieur l'abbé, je vous en prie, retirez-vous ! intervient un des chefs du Chantier de la Jeunesse de Virevialle.

– Non, répond fermement l'aumônier

- Mais vous n'avez pas vu sa tête ? Cet homme-là va vous descendre !

- Je l'ai vue, mais j'ai l'autorisation verbale de son commandant. D'autre part, mon devoir est de rester ici.

- Au moins, ne faites pas le signe de la Croix s'il n'est pas indispensable à l'absolution !

- Je suivrai votre avis, accepte l'abbé Espinasse, qui se dit qu'ainsi il pourra aller jusqu'au bout de la tâche qu'il s'est assignée. Mais cette concession n'apaise nullement la fureur de la brute SS, et le prêtre s'attend au pire quand survient le lieutenant Walter, qui l'emmène jusqu'à la salle d'attente de la manufacture, disant : Restez ici. Vous y verrez les condamnés en toute liberté.

Le prêtre dispose maintenant pour chaque groupe de dix hommes d'environ cinq minutes, qu'il emploie à absoudre, à bénir, à réconforter, à aider à prier ceux qui vont mourir. Tous le chargent d'un suprême adieu à leurs familles et, craignant de s'y perdre, il demande que les messages soient écrits. De courts billets lui sont confiés avec les portefeuilles.

- On est foutus ! déclare un jeune ouvrier. Il n'y a rien d'autre à faire qu'à leur montrer qu'on est capables de mourir courageusement. Et puis on est chrétiens, non ? A genoux, les gars ! Faisons la prière !

- Notre Père, qui êtes aux cieux... commence l'abbé Espinasse.

Chacun prononce à sa suite les paroles sacrées, et les têtes se courbent toutes devant l'absolution qu'il donne à titre collectif. Dans le portefeuille du jeune ouvrier, le prêtre découvrira un carton qui témoigne de son appartenance au parti communiste.

Jamais on ne pourra plus rire...

Un nouveau groupe se forme, composé de treize hommes dont un Hauptscharführer fait l'appel en présence de Walter. L'abbé Espinasse s'approche de celui-ci et s'étonne : Pourquoi treize, alors qu'il n'y en avait que dix dans tous les autres ? Ne pouvez-vous faire grâce à trois d'entre eux ? Le regard fuyant de l'Allemand aux chaussettes vertes se dérobe devant le sien, mais l'abbé insiste : Ne croyez-vous pas que trop d'innocents ont déjà payé ? cependant que, du fond de son cœur, une ardente prière monte vers le ciel.

Les treize ont entendu et ce qui se lit dans leurs yeux semble ébranler Walter. Des mains suppliantes se tendent vers l'aumônier : Moi, moi, monsieur l'abbé ! Mais comment faire un choix ? Si Walter cède, il faut lui laisser ce soin cruel, et cette responsabilité. L'abbé Espinasse s'écarte de quelques pas, continuant de prier de tout son être. Un jeune Français agrippe la manche d'un soldat allemand, qui semble plus jeune encore que lui, et s'efforce de le convaincre d'aller demander sa grâce au lieutenant. L'air bouleversé, le soldat passe son bras sous le sien et le conduit devant Walter, auquel il dit quelques mots. D'un signe de tête, Walter acquiesce à sa demande, et l'abbé Espinasse voit les deux adolescents - l'un casqué et botté, l'autre en vêtements de travail - s'étreindre en pleurant. Il va vers Walter, qui semble ému : Ce que ce soldat vient de faire ne doit pas vous étonner, dit Walter comme pour excuser un instant de faiblesse. Il est Alsacien.

En plus du jeune Français, deux hommes sont sortis du groupe, maintenant réduit à dix condamnés dont chacun avait pu espérer jusqu'au dernier moment bénéficier de la même mesure de grâce. Bouleversé, l'abbé Espinasse les absout d'un même grand signe de croix, car le Hauptscharführer se montre pressé, et les dix partent vers leur destin.

CENT VINGT MAQUIS OU LEURS COMPLICES SERONT PENDUS, déclare l'affiche apposée sur les murs de la ville. L'abbé Espinasse a vu dix groupes de dix hommes traverser la place de Souilhac pour aller au supplice. Il manque donc vingt otages pour compléter l'affreux compte, se dit-il. Qui sera choisi parmi les hommes qui restent ? Mu par une impulsion soudaine, il demande au lieutenant Walter : Qui va faire le contrôle ? Sa question aura pour effet de sauver vingt vies, et même vingt et une car un des groupes ne comportait que neuf hommes par suite d'une erreur du Hauptscharführer chargé de faire l'appel. Jusqu'alors, chez les Allemands, nul n'a songé à établir un compte récapitulatif. Sans doute lassé du spectacle, Walter prend sur lui de mettre fin à la tuerie.

Un médecin qui passe dans la ville pour être collaborateur fait irruption dans le bureau du Dr Chammard, à sa clinique de l'avenue d'Alsace-Lorraine, et s'effondre dans un fauteuil, gémissant : C'est abominable ! Ils les tuent ! Ils les tuent !

- Rentrons, dit le Dr Chammard à sa femme.

Le chemin que suivent les deux époux pour regagner leur domicile les fait nécessairement passer sous les balcons où des cadavres sont pendus. Leur bouleversement est tel qu'ils ne les voient pas. Ils distinguent, un peu plus loin, une corde qui tombe d'un balcon mais n'imaginent pas un instant qu'elle était là pour étrangler un homme. Papiere ! ordonne un Allemand qui surgit, l'air soupçonneux, et avec lequel il faut longuement palabrer avant qu'il grogne : Gut !

- Passons d'abord à l'hôpital, décide soudain le Dr Chammard.

C'est là qu'avec sa femme il apprendra l'atroce vérité de la bouche d'une amie, épouse d'un confrère, qui balbutie en pleurant : C'est fini. Jamais on ne pourra plus rire... C'est fini.

Toute intervention est inutile

Vers 4 heures et demie de l'après-midi, ce même terrible vendredi 9 juin 1944, le Hauptsturmführer Kowatch a fait sa réapparition à la préfecture, où l'attendaient le préfet, M. Trouillé, et son secrétaire général, M. Roche. L'Allemand était accompagné du colonel Bouty, président de la Délégation spéciale qui fait de lui le maire de Tulle, de M. Torrès et d'un interprète. Par ordre des autorités supérieures siégeant loin de la ville, a-t-il déclaré tout de go, cent vingt terroristes ont été condamnés à la pendaison.

Dans ce prétendu éloignement, le général SS Lammerding, commandant la division Das Reich, a cru depuis trouver un semblant d'excuse à sa décision reproduite par voie d'affiche avec son titre, mais sans sa signature, de faire pendre cent vingt Français innocents, pris au hasard. Mais M. Antoine Soulier, père d'un des pendus, a obtenu du médecin-lieutenant Schmidt, du 95e bataillon de sécurité, l'assurance que le nommé Lammerding accompagnait le jeudi 8 au soir le groupe de reconnaissance de sa division, commandé par le Sturmbannführer Wulf, et qu'il fut vu à l'Hôtel Moderne au matin du vendredi 9.

- Monsieur, rétorque M. Trouillé, je demande à être mis sur-le-champ en communication téléphonique avec votre général. Aucune des personnes arrêtées n'a pris part aux combats d'hier, dont j'affirme qu'ils ont été loyaux. Contrairement aux accusations qui ont été formulées, aucun cadavre allemand n'a été mutilé. En ce qui concerne les grenades, je vous ai déjà dit ce matin qu'elles avaient été abandonnées par les gardes mobiles au moment de leur départ. Vous allez commettre une effroyable injustice, contraire aux usages internationaux !

M. Roche, qui sait l'allemand, reprend dans cette langue les paroles que vient de prononcer son préfet, et les commente avec force devant Kowatch qui garde un visage de pierre. Toute intervention est inutile, l'entend-il répliquer d'une voix glacée. À l'heure où je vous parle, les exécutions sont terminées.

Le SS ment, mais M. Trouillé et M. Roche, détenus à la préfecture, ignoraient tout du drame qui se déroulait depuis le matin. Maîtrisant à grand-peine son émotion, le préfet demande: Où sont les victimes ?

- Il est interdit à quiconque d'en approcher, fait répondre Kowatch par l'interprète.

- Mais on ne peut les laisser pendus ! proteste M. Trouillé.

- L'armée allemande se chargera des corps, réplique Kowatch.

Frères humains qui après nous vivez...

Se raidissant, le SS fait claquer ses talons, porte la main à la visière de sa haute casquette, fait signe au colonel Bouty, à M. Torrès et à son interprète de le suivre, et s'en va.

Revêtant son uniforme, M. Roche se rend à l'Hôtel Moderne où il est mis en présence d'officiers appartenant à l'état-major de la division Das Reich. Sur ses instances, ils consentent à l'écouter. N'ajoutez pas à la douleur des familles en jetant les suppliciés à la rivière comme le stipule l'affiche dont je viens de prendre connaissance ! demande-t-il avec force, mais il lui faut plus d'une heure d'une âpre discussion pour obtenir que les corps soient inhumés par ses soins dans une fosse commune, après qu'ils auront été dépendus devant lui. Pour la fosse, décident les Allemands, il faut un terrain sur la route de Brive !

Cette exigence suppose des moyens de transport dont la préfecture est dépourvue, et M. Roche s'adresse au colonel Bouty, croyant que le massacre collectif s'est déroulé à l'école de Souilhac. Détrompé, il se rend à la manufacture en compagnie du colonel Monteil, délégué de la Croix-Rouge pour le département de la Corrèze, et du Dr Menantaud, inspecteur départemental de la Santé publique, dont voici le témoignage :

J'ai dû passer devant les corps des pendus accrochés aux maisons à partir de la route de Virevialle jusqu'aux abords de la gare, certains ayant un bout de corde au cou et étant tombés à terre, baignant dans leur sang. J'ai supposé que, les cordes servant à la pendaison ayant cassé, les bourreaux avaient fusillé leurs victimes tombées sur le sol. D'autres cadavres, encore pendus, présentaient des taches de sang au niveau du crâne et de la face. Sous quelques-uns on remarquait des flaques de sang, ce qui paraissait indiquer que les malheureux avaient été achevés par des coups de feu. À l'entrée de la manufacture d'armes on trouvait, à droite, les jeunes des Chantiers avec leurs cadres et leur aumônier ; à gauche étaient des Allemands de la Gestapo et de la Feldgendarmerie, puis des ingénieurs de la manufacture et également M. l'abbé Espinasse, lui-même arrêté le matin. Plus en arrière était un groupe de gendarmes français, auxquels il était absolument interdit d'adresser la parole. Dans une seconde cour, se trouvait la foule des otages arrêtés le matin en même temps que ceux qui avaient été pendus...

 

http://www.histoire-en-questions.fr/vichy%20et%20occupation/oppression%20pillage/pendu.jpg

Parmi ces otages figurait le jeune avocat Jacques-Louis Bourdelle, avec son ami Chatillon qui murmurait à son oreille les vers immortels de l'Epitaphe de Villon, plus connue sous le titre de Ballade des Pendus :

Frères humains qui après nous vivez,

N'ayez les cœurs contre nous endurcis...

De même que tous ceux qui étaient rassemblés dans la cour, Bourdelle et Chatilllon restaient dans l'ignorance de leur sort à venir, s'attendant d'une minute à l'autre à entendre appeler leur nom.

Afin de n'incommoder personne...

Soudain pressés d'en finir, les SS interpellèrent M. Roche : Nous ne voulons pas laisser les cadavres exposés plus longtemps à la vue de nos troupes et de la population ! Il faut les dépendre immédiatement et les enterrer sans délai !

- Je vais constituer deux équipes, répondit le secrétaire général de la préfecture.

- Deux équipes ? Warum ?

- La première sera composée de cinquante hommes, et aura pour tâche de dépendre les victimes...

- Victimes ? Was ?

Sans relever l'interruption rageuse, M. Roche poursuivit : Quinze hommes suffiront pour la seconde. Ils creuseront la fosse où seront ensevelis les morts.

- Les cadavres seront mis dans la terre avec leurs papiers et leurs bijoux ! rétorquèrent les SS.

- Mais leurs familles...

- C'est égal !

- On ne peut les jeter en terre comme des chiens !

- C'est égal ! Aucune cérémonie ne doit avoir lieu !

- Mais, protesta M. Roche, vous n'allez tout de même pas empêcher que soit dite une prière !

L'objection parut troubler un instant ses interlocuteurs. J'ai, a-t-il dit, le souvenir d'un étrange voile sur leurs yeux quand j'évoquai les notions inactuelles de bienveillance et de charité.

Avant de quitter la manufacture, M. Roche s'efforça de rassurer les otages massés dans la seconde cour, puis alla reconnaître en compagnie du Dr Menantaud et du colonel Monteil l'emplacement qui conviendrait le mieux sur la route de Brive. Le choix des trois hommes s'arrêta sur un terrain situé non loin du poste transformateur de Cueille. Nous avons ce qu'il faut, déclara M. Roche aux officiers SS dès son retour. Les corps seront transportés dans la châtaigneraie proche du lieu que nous avons arrêté, et nous procéderons aux identifications tandis que les jeunes des Chantiers creuseront la fosse.

- Identifications ? Warum ? lui fut-il rétorqué.

- Il le faut bien, puisque nous ne possédons aucune liste... Nous ne connaissons même pas le nombre exact des pendus !

- Nein ! Trop long ! Pas besoin d'identifications, de creusement de la fosse ! Nous avons seulement dit qu'il faut enlever les cadavres afin de n'incommoder plus longtemps personne : nos soldats, et la population civile !

- Mais, messieurs, c'est ce que nous allons faire l Les corps seront transportés dans une voiture des pompiers de Tulle, et dans la camionnette qui nous a été prêtée par M. Castagné, marchand de vins. Une fois dans la châtaigneraie, les corps ne gêneront plus personne !

- C'est égal !

- Comment ?

- L'affiche dit : les cadavres seront jetés dans le fleuve !

- Mais vous venez de me donner votre accord sur leur inhumation...

- Les cadavres doivent rester anonymes ! Pas d'identifications ! Pas de délai !

- Pourtant...

- C'est égal ! D'ailleurs, le transport a déjà commencé.

- Quoi ? Mais vous ne savez pas encore où se trouve l'endroit que nous avons choisi...

- C'est égal ! Nous avons le terrain, et une camionnette est déjà partie.

Une décharge publique...

Le point choisi par les SS se situait à moins d'une demi-lieue de Tulle, sur la route de Brive qu'il séparait de la Corrèze par une quinzaine de mètres, et était utilisé comme décharge publique. Des témoins virent passer la camionnette : Elle était chargée de cadavres dont les jambes pendaient à l'arrière tandis que les têtes étaient secouées au-dessus des ridelles...

Il s'agissait, a précisé le Dr Menantaud, d'un petit creux entre deux dépôts de déblais, où un mince barrage de terre avait été constitué du côté de la Corrèze, qui coule en contre-bas et au pied de la décharge publique. Des hommes de la Feldgendarmerie dirigeaient l'opération, quelques-uns d'entre eux étant déjà occupés à décharger une camionnette pleine de corps, tirant les cadavres par les pieds, les traînant sur la chaussée de la route et les jetant dans le thalweg qui tenait lieu de fosse. Lorsqu'un cadavre était difficile à décharger, une corde munie d'un noeud coulant fixé à un pied servait à faciliter la traction.

- Cet emplacement est trop petit ! fit remarquer le médecin à un sous-officier. Voyez : il est trop peu profond pour recevoir cent vingt cadavres ! Les corps placés à fleur de terre présenteront un danger pour la santé publique !

- C'est égal ! riposta le Feldgendarm. D'abord, il n'y en a pas cent vingt.

- Ah ?

- Non. Seulement un peu moins de cent.

- Mais l'affiche disait cent vingt...

- Nein ! Seulement un peu moins de cent ! Il faut tasser les corps, ils logeront tous dans la fosse !

- Les tasser ? protesta le Dr Menantaud.

- Ja wohl ! Ce sont des pendus qui n'ont pas de nom, et la façon de les enterrer, c'est égal.

- Mais les risques d'infection...

- Nein ! Pas d'infection ! Quand c'est fini, nous mettons de la chaux vive et beaucoup de terre dessus. Pas de risque d'infection !

Ayant entendu, le secrétaire général de la préfecture courut au secours du médecin. Sans doute impressionné par son uniforme, le Feldgendarm accepta que l'ensevelissement des corps fût fait par des Français.

Une par une, les pauvres dépouilles furent pieusement transportées jusqu'au bord de la fosse par quatre jeunes des Chantiers, puis couchées tout au fond. Dès qu'un rang de dix d'entre elles eut été constitué, une couche d'une quinzaine de centimètres de terre vint les recouvrir, et l'on passa au rang suivant. Manifestant leur impatience, les SS s'en prirent à M. Roche : C'est trop long ! Pourquoi se donner tant de mal pour des criminels !

Vers 21 h, M. Roche courut à la préfecture en compagnie de l'abbé Espinasse afin d'en ramener M. Trouillé qui avait, lui aussi, revêtu son uniforme. Sur le chemin du retour, les trois Français se heurtèrent à un barrage. Après vérification de leurs papiers, le gradé qui le commandait déclara : Toute manifestation officielle est streng verboten !

- Nous venons simplement rendre hommage à nos morts, répondit M. Roche.

- Hommage ? On ne rend pas les honneurs à des terroristes !

- J'affirme que ceux-là ne sont pas des terroristes, mais des victimes innocentes.

- C'est égal ! Pas de manifestation !

- Nos traditions nous commandent de les saluer. Vous ne pouvez nous interdire ce geste de pitié !

L'insistance du secrétaire général de la préfecture ébranla le SS. Il dépêcha à l'Hôtel Moderne une estafette, qui rapporta l'ordre d'ouvrir le barrage.

La camionnette utilisée en guise de corbillard avait accompli nombre de navettes, et beaucoup de cadavres se trouvaient déposés sur la berge herbeuse de la route, cependant que le thalweg décrit par le Dr Menantaud en était maintenant presque rempli. Sous l'œil des SS et des Feldgendarmen qui braillaient à qui mieux mieux : Los ! Los (9) ! les jeunes des Chantiers avaient commencé à creuser une seconde fosse.

- Je crains, monsieur l'abbé, de ne pouvoir attendre qu'elle soit terminée, dit le préfet à l'abbé Espinasse. Il y a ces pauvres morts, mais aussi les otages qui demeurent prisonniers à la manufacture et dont je dois m'occuper. La cérémonie religieuse pourrait-elle avoir lieu avant que ces jeunes gens aient achevé de préparer la seconde sépulture ? Oui ? Alors commençons tout de suite, voulez-vous ?

Devant les Allemands impassibles et les Français qui, pour leur part, se tenaient dans un rigide garde-à-vous, l'abbé Espinasse donna l'absoute. Quand elle fut terminée, le préfet et son secrétaire général saluèrent militairement les morts tandis qu'était observée une poignante minute de silence. Mon regard, a dit M. Roche, ne pouvait se détacher du cadavre de Marcel Demaux.

Dites-moi où je vais ? Âgé d'une trentaine d'années, le professeur Marcel Demaux s'était battu sur la Loire en 1940. Démobilisé, et venant d'Aurillac, il enseignait depuis un an la philosophie au lycée de Tulle. Père d'un enfant tout jeune encore, il fut l'un des derniers - peut-être même le dernier - à être désigné pour la pendaison, après avoir été longuement interrogé. Il gisait maintenant sur l'herbe, ses bras ramenés au-dessus de sa tête, le visage congestionné, les yeux révulsés. Je me demandai, reprit M. Roche, quelles pensées avaient traversé l'esprit de cet intellectuel au moment où il atteignait le seuil de la connaissance suprême, ou du total oubli...

La réponse à cette question m'a été donnée par l'abbé Espinasse : Au moment de partir pour le supplice, m'a-t-il dit, M. Marcel Demaux s'accrocha à mon cou et me supplia de lui révéler où il allait.

- Vous êtes condamné à mourir comme les autres, monsieur le professeur, répondis-je.

– Je sais. Mais dites-moi où je vais ? – Comme les autres, dans dix minutes, vous serez devant Dieu.

M. Demaux se trouvait dans le groupe où le jeune ouvrier communiste allait exhorter ses compagnons à se mettre à genoux pour prier, avant de montrer aux Allemands comment des Français savent mourir. Tout comme les autres, ce professeur de philosophie d'un établissement laïque se mit à genoux.

Je considère comme un honneur...

Consultant sa montre, le préfet constata qu'elle marquait 22 h. La dure besogne de l'ensevelissement des corps qui restaient couchés sur l'herbe allait demander encore au moins une heure de travail. Monsieur l'abbé, dit M. Trouillé, voulez-vous profiter de ma voiture ? Je vous ramène chez vous, mettant ainsi sans y prendre garde un terme à la captivité du prêtre. En le quittant devant la porte de la maison de son frère, l'abbé Espinasse lui remit les portefeuilles, les objets divers et les messages que les suppliciés lui avaient confiés avant de mourir et qu'il tenait enveloppés dans son manteau. Je considère comme un grand honneur, m'a-t-il dit, d'avoir été l'instrument choisi par Dieu pour donner une grâce suprême à ceux-là dont il voulait faire des élus après les avoir conduits, comme son propre Fils, par un douloureux chemin de croix.

 

http://medias.francetv.fr/cpbibl/url_images/2011/06/09/image_69151029.jpg

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 10:49

De-Gensane.jpgUn ami m’a fait passer un ouvrage dont je connaissais l’existence, mais que je n’avais jamais eu entre les mains, l’un des sept tomes de l’Histoire naturelle de la province de Languedoc, partie minéralogique et géoponique de M. De Genssane, publié en 1777.

 

L’auteur est un de mes ancêtres, le seul qui soit passé à la postérité. Comme disait Giscard, je ne plus trop en quelle occasion, ça m’a fait quelque chose. Les Gensane (avec un seul “ s ”) sont originaires de la région de Prades, depuis au moins le XIIe siècle. Au XVIIe siècle, une branche de la famille est partie vers l’Est. Certains se sont posés dans la région de Béziers, d’autres dans la Drôme, d’autres ont poussé jusqu’en Italie, avec une volonté d’intégration telle qu’ils ont italianisé leur nom. M. De Genssane (qui n’était pas plus noble que moi) appartient donc à cette branche languedocienne de la famille.

 

Pour lire et se délecter de cet ouvrage, il convient d’être non seulement spécialiste, mais violemment motivé. On trouve, sur des centaines de pages, des phrases de ce style :

 

« Lorsque vous aurez avancé vos puits, soit droits soit inclinés, jusqu’à une profondeur suffisante pour ne plus craindre la filtration des eaux pluviales, vous pratiquerez une porte de chaque côté du puits, qui réponde à la veine du minéral ; pour cet effet, on espacie à cet endroit les quarrés de cinq pieds & demi de distance, & l’on fait à ces quarrés deux mortaises pour recevoir les tenons des montans de la porte, qui doit avoir trois pieds au plus de largeur. […] Ils doivent surtout avoir attention que l’eau qui tombe sous les pilons, & qui a dû être réglée par le Maître du pilon, n’augmente ni ne diminue pas ; car le trop d’eau feroit le sable trop grossier, & le sable ne se sépareroit pas sur les tables : si au contraire il n’y a pas assez d’eau sous les pilons, le minéral se pile trop fin ; il devient alors en poussière impalpable qui nage sur l’eau, & les filles ne peuvent plus le retenir sur les tables, ce qui cause un une perte irréparable. »

 

Que mon aïeul ne se retourne pas dans sa tombe, je n’ai pas lu son livre de bout en bout ! J’observe que son discours (il titre lui-même ce tome de son Histoire “ Discours préliminaire sur l’Art d’exploiter les Mines, & sur les avantages de leur exploitation ”) est d’une grande précision, ce qui ne saurait surprendre quand on pense par exemple, et rien que pour la région dont il était originaire, à l’Aqueduc du château de Castries, construit une centaine d’années plus tôt, dont la déclivité est de 3 mètres pour 6822 mètres de long.

 

Je remarque par ailleurs que ce discours est très prescriptif, sans trop savoir si c’était une figure obligée chez les historiens de l’époque. Mais, après tout, la prescription originelle se trouve dans la page de garde, puisque le livre a été publié « par ordre de Nosseigneurs des États de cette province ». La publication, même de textes scientifiques, était apparemment très bien encadrée puisque l’ouvrage de M. De Gensane est clôt par un « Privilège du Roi » qui expose en d’interminables détails les droits et les devoirs des auteurs et des imprimeurs, puis par un Extrait des Registres de la Société Royale des Sciences, que je cite intégralement :

 

M. DE Gensane ayant remis à la Société Royale, un Ouvrage qui a pour titre, Histoire Naturelle de la Province de Languedoc, Partie Minéralogique & Géoponique, imprimé par ordre des États de cette Province, la Compagnie, après avoir examiné cet Ouvrage, a consenti qu’il paroisse sous son Privilège : en foi de quoi, j’ai signé le présent Certificat.

À Montpellier, ce premier Août mil sept cent soixante-seize.

De RATTE, Secrétaire Perpétuel de la S.R. des Sciences. »

 

À l’heure où l’histoire de France continue de se dérouler, je ne vais peut-être pas vous embêter plus avant avec mes petites histoires de famille…

 

 

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 05:23

http://richard.ankri.pagesperso-orange.fr/images/verlaine3.jpgUn des géants du XIXe siècle : Paul Verlaine. Fils d’un capitaine du génie ayant démissionné peu avant le coup d’État du 2 décembre. Il fréquente normalement le lycée puis, brièvement, la faculté de droit. Un de ses premiers poèmes de potache, “ Des morts ”, chante les vaincus des insurrections parisiennes de 1832 et 1834 qui « ne virent jamais ce que nous vîmes » : l’étranglement de la République. Il souhaite un futur sombre à l’impératrice :


On prétend que Badinguette

Doit finir comme Antoinette

 

Il fait partie de l’aile gauche des Parnassiens, critique la conception romantique et conformiste de la poésie, les « jérémiades lamartiniennes ». Il admire Baudelaire et Mallarmé. Il est ébranlé par le mariage et la mort de sa cousine dont il était amoureux. Il sombre dans l'alcool et la violence : il en sort provisoirement en épousant Mathilde Mauté, la sœur du musicien Charles de Sivry. Mathilde a été l’élève de Louise Michel, présente au mariage. Mais le couple se sépare.

 

En 1867, il collabore au Hanneton, périodique satirique où il rencontre le graveur Cattelain (link)  qui sera le chef de la Sûreté durant la Commune. Le 4 septembre 1870, il applaudit à la proclamation de la République et il s’engage dans la Garde nationale. Il est solidaire de cette « révolution à la fois pacifique et redoutablement conforme au si vis pacem para bellum. » Lorsque la Commune est écrasée, il se cache dans le Pas-de-Calais.

 

En 1871, il est bouleversé par sa rencontre avec Rimbaud, la lecture des premiers poèmes du jeune homme, notamment “ Les premières communions ” et “ L’orgie parisienne ”. Leur vie amoureuse et errante en Angleterre et en Belgique débouche sur la célèbre scène où, à Bruxelles, Verlaine blesse superficiellement au poignet celui qu'il appelle « l'époux infernal ». Jugé et condamné, il restera en prison jusqu'au début de 1875, retrouvant le catholicisme de son enfance et écrivant des poèmes qui prendront place dans ses derniers recueils Sagesse (1880), Jadis et Naguère (1884) et Parallèlement (1889).

 

Mathilde tente de reconquérir son mari et lui propose de s’exiler en Nouvelle-Calédonie pour retrouver Louise Michel. Il hésite et rejoint Rimbaud à Londres où il gagne ensuite sa vie comme professeur. Il rentre en France, à Rethel, où il noue une relation équivoque avec un de ses élèves, Lucien Létinois. Cette amitié particulière, qui dure de 1877 à la mort de Lucien en 1883, les mène à une vie instable en Angleterre puis dans les Ardennes où Verlaine a acheté une ferme avec l'argent de sa mère. Commence alors une déchéance sociale et morale qui le réduit à l'état de clochard alcoolique. Usé, Verlaine meurt à moins de 52 ans le 8 janvier 1896 d'une congestion pulmonaire. L’absinthe, les taudis infects, les grabats d’hôpitaux auront fait de lui une épave, mais aussi l’une des plus extraordinaires figures du poète maudit.

 

Les vaincus

 

[…] Les vaincus se sont dit dans la nuit de leurs geôles :

Ils nous ont enchaînés, mais nous vivons encor.

Tandis que les carcans font ployer nos épaules,

Dans nos veines le sang circule, bon trésor.


Dans nos têtes nos yeux rapides avec ordre

Veillent, fins espions, et derrière nos fronts

Notre cervelle pense, et s'il faut tordre ou mordre,

Nos mâchoires seront dures et nos bras prompts.


Légers, ils n'ont pas vu d'abord la faute immense

Qu'ils faisaient, et ces fous qui s'en repentiront

Nous ont jeté le lâche affront de la clémence.

Bon ! la clémence nous vengera de l'affront.


Ils nous ont enchaînés ! mais les chaînes sont faites

Pour tomber sous la lime obscure et pour frapper

Les gardes qu'on désarme, et les vainqueurs en fêtes

Laissent aux évadés le temps de s'échapper.


Et de nouveau bataille ! Et victoire peut-être,

Mais bataille terrible et triomphe inclément,

Et comme cette fois le Droit sera le maître,

Cette fois-là sera la dernière, vraiment !


 

 

Ballade en l’honneur de Louise Michel

 

[…] Elle aime le Pauvre âpre et franc


Ou timide, elle est la faucille


Dans le blé mûr pour le pain blanc


Du Pauvre, et la sainte Cécile


Et la Muse rauque et gracile


Du Pauvre et son ange gardien


À ce simple, à cet indocile.


Louise Michel est très bien.

[…]

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4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 05:52

http://sergecar.perso.neuf.fr/deco/musique.jpgCi-dessous, un appel de l’Association de parents d’élèves du Conservatoire de Toulouse :

 

Que feriez-vous si l'on vous annonçait demain la fermeture programmée de votre école de musique départementale ?

 

Que feriez-vous si le professeur de votre enfant partant à la retraite ou dans un autre établissement n'était pas remplacé ? Et s'il y avait de moins en moins de profs ?

 

Que feriez-vous si une modulation des tarifs rendait la poursuite des études musicales impossible pour vos enfants ?

 

Que feriez-vous s'il n'y avait plus de pratique orchestrale pour raisons financières ? Plus d'annexes ?

 

Impossible dites-vous ?

 

Et bien non ! Ce triste scénario se met en place actuellement en Aveyron !

 

Alors,

 

Parce que cette phase si souvent entendue « la musique est une grande famille » ne doit pas se vider de son sens, et que, nous, parents d'élèves musiciens et danseurs,  nous devons être solidaires,

 

Parce que l'APEC de Toulouse et au travers elle, ses adhérents, les amis de ses adhérents, qu'ils soient danseurs et  musiciens ou non, se doivent de se mobiliser et d'apporter leur soutien à notre consœur et amie l'APEC  de  Rodez,

 

Pour que le Conservatoire à Rayonnement Départemental de l'Aveyron  ne se vide pas de sa substantifique moelle, pour qu'il reste un lieu d'échange, d'apprentissage, de convivialité, pour que les instruments de ces enfants ne restent pas dans leurs étuis !

 

N'hésitez pas, cliquez sur le lien suivant et apportez votre soutien à nos amis Aveyronnais !

 

Partagez le avec un maximum de vos connaissances !

 

Merci pour eux !

 

 

« Sans la musique, la vie serait une erreur. » (Nietzsche)

 

 

APEC du CRR de TOULOUSE

 

 

http://www.petitions24.net/pour_un_vrai_conservatoire_de_musique_en_aveyron#form

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 14:38

http://www.poesie.net/cohn4.jpgÀ l’occasion de la diffusion d’Un village français, Jean-Pierre Azéma nous a remis en mémoire le très beau poème “ Je trahirai demain ” de l’admirable résistante Marianne Cohn. D’origine allemande, Marianne Cohn, membre des Éclaireurs israélites de France, sauva de nombreux enfants juifs en les plaçant ou les faisant passer en Suisse. La Gestapo l’arrêta en mai 1944. Elle fut longuement torturée. Elle eut la force, avant d’être assassinée le 8 août 1944, d’écrire “ Je trahirai demain ”. Son corps fut jeté dans une fosse commune.

 

Elle avait 22 ans.

 

 

 

Je trahirai demain pas aujourd’hui.

Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles,

Je ne trahirai pas.

Vous ne savez pas le bout de mon courage.

Moi je sais.

Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.

Vous avez aux pieds des chaussures
Avec des clous.

Je trahirai demain, pas aujourd’hui,

Demain.
Il me faut la nuit pour me résoudre,

Il ne faut pas moins d’une nuit

Pour renier, pour abjurer, pour trahir.

Pour renier mes amis,

Pour abjurer le pain et le vin,

Pour trahir la vie,

Pour mourir.

Je trahirai demain, pas aujourd’hui.

La lime est sous le carreau,

La lime n’est pas pour le barreau,

La lime n’est pas pour le bourreau,

La lime est pour mon poignet.

Aujourd’hui je n’ai rien à dire,

Je trahirai demain.

 

 

 

 

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 05:27

Claude France (de son vrai nom Jane Joséphine Anna Françoise Wittig), née le 9 mars 1893 à Emden (Allemagne) et morte le 3 janvier 1928 à Paris XVIe, était une actrice française. Elle joua dans l’entre-deux-guerres pour L’Herbier, Duvivier ou Maurice Gleize (La Madone des sleepings). Toujours des rôles d’aventurière ou de femme fatale. C’est elle qui aurait dénoncé Mata Hari pour prouver qu'elle méritait bien sa nouvelle nationalité. À force de changer d’amants, elle finit par ne plus savoir qui elle est. Elle s’asphyxie au gaz dans son hôtel particulier à 34 ans après avoir manifesté son « dégoût des trahisons sentimentales » dans un mot d’adieu.

 

Sur la photo, cette grande amoureuse a un doux visage.

La dédicace dit ceci : « A Jacque, à mon Prince Charmant en souvenir de la Princesse Elise qu'il a traité (sic) avec tant de désinvolture ! affectueusement. Claude France. oct 1924 ».

 

(Impatientia doloris)

 

http://2.bp.blogspot.com/_SFCtB2aOcNM/S1rvurS7SWI/AAAAAAAAAfo/M_B80Id5Yu4/s400/claude+france+autog.JPG

 

 


Les sectes n’ont pas le monopole des suicides collectifs, sauf à considérer, par exemple, que les nazis et leurs sympathisants constituèrent une secte à l’échelle d’une nation. Au moment de la défaite de 1945, les Allemands encore hitlériens sont coincés entre l’enclume de la ploutocratie juive anglo-saxonne et le marteau des diables bolchéviques. Alors, ils s’auto flinguent. À Schönlanke, devant l’arrivée imminente des rouges, 500 des 1939 habitants se tuent par pendaison, noyade, balle, poison. 1000 habitants de Stolp font de même, ainsi que 600 de Lauenburg, 500 de Grünberg. En avril 1945, 6000 Berlinois, dont une majorité de femmes, se donnent la mort, par peur ou déshonneur.

 

(Subtractio pudor).

 

http://69.img.v4.skyrock.net/690/pat72216/pics/2829542012_1.jpg

 


Anthony Francis Furst, alias Anton Furst (né le 6 mai 1944), fut un remarquable dessinateur et décorateur de cinéma britannique qui obtint un Oscar pour avoir dessiné la Batmobile et dessiné le célèbres décors de Gotham City dans le Batman de Tim Burton en 1989. Avant cela, il avait participé aux décors de Full Metal Jacquet de Kubrick.Il se suicida en 1991, en décor extérieur, en se précipitant du haut d’un parking aérien à Los Angeles.

 

Impatienta doloris)

 

http://quityourdayjob.com.au/wp-content/uploads/2010/04/furstgotham.jpg

 

 

Né en 1840, Gall fut un héros qui finit collabo. Guerrier exceptionnel et fidèle lieutenant de Sitting Bull, il finira par se soumettre en préconisant l'assimilation à la culture blanche.

 

En décembre 1865, au cours de l’attaque d’un camp hunkpapa par l’armée, dans le nord du Territoire du Dakota, le scout arikara Bloody Knife lui enfonce à trois reprises une baïonnette dans la poitrine, le laissant pour mort. Gall réussit cependant à ramper jusqu’à un camp ami où il est soigné. Comme Sitting Bull, il refuse de s’installer sur une réserve et poursuit la résistance sur les territoires de chasse reconnus aux Lakotas par le traité de 1868.

 

Gall joue un rôle essentiel dans la victoire indienne sur la Little Bighorn River le 25 juin 1876. Dès le début de la bataille, avant que la contre-attaque indienne ne s’organise, plusieurs de ses femmes et de ses enfants sont tués par les hommes du 7ème régiment de cavalerie. C’est Gall qui mène l’attaque contre le détachement du major Marcus A. Reno. 
Au printemps 1877, il accompagne Sitting Bull dans sa fuite au Canada. Il se rend à Poplar River, dans le Territoire du Montana, en janvier 1881. Il est mis aux fers. Son attitude fière est qualifiée de "romaine"  par des officiers qui le conduisent au fort.

 

Gall s’installe sur la réserve de Standing Rock. Au bout de quelques années, gagné par le découragement et sous l’influence de l’agent James Mc Laughlin, il commence à s’assimiler à la culture blanche, préconisant l’agriculture et l’éducation des jeunes Indiens dans les écoles blanches. Contrairement à Sitting Bull, il refuse de participer au "Wild West Show" de Buffalo Bill. Quand l’administration américaine veut réduire la Grande Réserve Sioux, il finit par accepter de signer l’accord. Il boit, grossit, il porte des vêtements de Blanc.

Il se suicide en 1894, d’un abus d’alcool.

(Pudor).

 

http://nsm01.casimages.com/img/2007/12/20//071220091430181071531610.jpg

 


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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 14:50

http://www.sens-original.com/site/medias/fumee_tabac.jpgEn quelques mois, Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche sont passés de 5 à 17% d’intentions de vote. Alors, comme disait le grand Sacha (qui était un mélenchoniste crypto) : « Faisons un rêve ».


Le rêve, pas si délirant que cela, qu’Hollande et le candidat de la gauche arrivent en tête du premier tour. Le président de la Corrèze en serait tellement estomaqué qu’il n’aurait plus la force de faire campagne pour le second tour. Et le candidat very dangerous l’emporterait à la barbe de Barbier, de Giesbert, d’Elkabbach et de Denisot qui, ne sachant plus comment le prendre à contre-pied, s’est lancé tout récemment dans des insinuations crapuleuses sur sa feuille d’impôts.

 

Ai-je besoin de préciser que je ne fume pas ? Même pas des Gauloises.

 

 

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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 14:24

Concernant Michèle Firk : je cite ici un article de Maurice Lemoine du Monde Diplomatique (mars 2005) :

 

" Le 7 septembre 1968, dans un petit pavillon d’un quartier populaire de Ciudad Guatemala, des policiers sonnent à la porte. Un coup de feu retentit. A l’intérieur, Michèle Firk vient de se suicider [d’une balle dans la bouche]. Compagne de Camilo Sánchez, commandant du front urbain de la guérilla des Forces armées révolutionnaires, arrêté quelques jours auparavant, la jeune femme de 31 ans tient la parole qu’elle avait donnée : ne pas parler, ne pas trahir. Enfant juive tenue au bout d’un fusil allemand, un matin d’été 1942, elle a pris sa revanche en s’immergeant dans le risque et en choisissant « la pureté de l’action ». Sa fréquentation des bidonvilles de Nanterre, son activité de porteuse de valises durant la guerre d’Algérie l’ont amenée tout naturellement à La Havane en 1963, conquise par la révolution.

 

Plus préoccupée d’action que de théorie, habitée par les paroles du Che, elle partira dans ce Guatemala « devenu le laboratoire US des techniques antiguérillas ». Et y mourra, fidèle à elle-même : « Il n’est pas honteux, au contraire, de faire de la lutte révolutionnaire l’axe de sa vie, autour duquel tout le reste ne sera qu’accessoire. » "

 

Elle avait laissé ce mot pour ses amis : « Chers camarades, ne permettez-pas que l’on fasse de moi autre chose que ce que je suis et ce que je veux être : une combattante révolutionnaire. »

 

(Subtractio)

http://www.la-breche.com/catalog/images/307.jpg

 

 

Né dans l'actuelle Kabylie, il est le fils d'un regulus maure et chrétien donatiste, Nubel. Il se révolta contre Valentinien II en 370. Le comte Romanus le condamne et lui dénie le droit de se défendre devant l’Empereur. Firmus soulève alors toute la Maurétanie Césarienne et reçoit le soutien de nombreuses tribus. Après quelques succès, comme la prise de Caesarea de Maurétanie, il est forcé de se donner la mort en 372 ou 375 après avoir été défait par Théodose l'Ancien, père de Théodose Ier. Le peuple n’oubliera jamais ce héros de l’indépendance nord-africaine.

 

(Pudor)

http://miltiade.pagesperso-orange.fr/Firmus.jpg


 

C’est en 1938 qu’Hélène Roger-Viollet et son mari Jean-Victor Fischer, tous deux passionnés de photographie et grands voyageurs, fondent rue de Seine la « Documentation Photographique Générale Roger-Viollet », aujourd’hui une des plus anciennes agences françaises. Ayant racheté la boutique du « marchand d’images » Laurent Ollivier, et les collections qu’elle hébergeait, Hélène Roger-Viollet et son mari y adjoignent la production familiale qu’ils enrichiront après-guerre par un effort continu d’acquisitions. C’est ainsi qu’ils constituent un fonds photographique unique en Europe, couvrant plus d’un siècle et demi d’histoire parisienne, française et internationale, autour de quatre thématiques principales : les grands évènements historiques, Paris, les portraits de personnalités et les reproductions d’œuvres d’art.

Le 27 janvier 1985, après 36 ans d’existence commune, Jean-Victor assomme son épouse à coups de barre de fer, lui tranche la gorge et s’ouvre les veines. Sauvé, il est emprisonné et se pend dans sa cellule de Fresnes le 26 mai, à 81 ans, pendant la promenade de son codétenu.

 

(Subtractio)

http://lefantasio.fr/images/fourre_tout/cafes1.JPG


 

Né en 1892 dans l’État de New York, le secrétaire d’État à la Défense James Forerstal était un anticommuniste convaincu. Il mit en place les transformations des forces armées des États-Unis face à la puissance soviétique en ce début de guerre froide.

Il s'opposa en vain, de même que le département d'État, à la reconnaissance d'Israël par les États-Unis estimant que les relations avec le monde arabe et son pétroleétaient plus importantes.

Suite à des problèmes de "dépression", il quitte ses fonctions le 1er mars 1949 et est mis en observation dans un hôpital militaire où il sera suicidé quelques semaines plus tard en "se" pendant à un drap attaché à un radiateur et en sautant "de lui-même" par la fenêtre du 16e étage.

(Furor)

http://www.arlingtoncemetery.net/james-forrestal-loc-photo-02.jpg

 


 

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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 16:09

http://s1.e-monsite.com/2009/09/27/03/8313600sexy-vampirs-girls-wallpaper-fond-d-ecran-femmes-vampires-vampires-by-www-gothik-ws-jpg.jpgJ’en ai rencontré quelques-uns dans ma déjà longue vie. Ce sont les pires parce que, avec leur air de ne pas y toucher, ils sont les plus dangereux. Merci à Anne Crignon (Nouvelobs.com) de nous aider à les débusquer :

 

Pervers narcissiques : 20 pistes pour les reconnaître 


Nulle mention de la perversion narcissique dans le DSM IV, manuel de classification internationale des troubles mentaux. La notion se cherche. Pour certains comme Scott Peck, psychiatre américain, il ne faut pas craindre de parler de véritable déviance morale et de poser la question du mal. Pour d’autres, comme le Docteur Reichert-Pagnard, il s’agit d’une psychose sans symptômes apparents ou "psychose blanche". 

On pourrait classer le manipulateur sur une échelle de 1 à 10 selon la toxicité. Niveau 3, le tyran domestique, réfugié dans le déni, qui blesse l’autre involontairement pour s’alléger de son propre mal être ; niveau 8, le sadique qui se défoule en jouissant de  la douleur morale qu’il inflige sciemment. Quoiqu’il en  soit, même un petit "PN" fait de considérables dégâts.

 

Voici quelques pistes pour reconnaître ces prédateurs, inspirées des travaux de spécialistes tels que Jean-Claude Bouchoux, psychanalyste et Isabelle Nazare-Aga, thérapeute comportementaliste (1) :

 

1. Il ou elle vampirise l'énergie de l'autre : l'expression "se faire bouffer" prend tout son sens.

2. Il ou elle est dénué(e) d'empathie, fait preuve de froideur émotionnelle.

3. Il ou elle souffre d'insatisfaction chronique, il y a toujours une bonne raison pour que ça n'aille pas.

4. Il ou elle use de dénigrement insidieux, sous couvert d'humour au début, puis de plus en plus directement.

5. Il ou elle est indifférent aux désirs de l'autre.

6. Il ou elle s'inscrit dans une stratégie d'isolement de sa proie.

7. Il ou elle fait preuve d'égocentrisme forcené.

8. Il ou elle vous fait culpabiliser.

9. Il ou elle est incapable de se remettre en cause ou de demander pardon (sauf par stratégie).

10. Il ou elle s'inscrit dans un déni de réalité.

11. Il ou elle joue un double jeu : le pervers narcissique se montre charmant, séducteur, brillant – voire altruiste – pour la vitrine ; tyrannique, sombre et destructeur en privé. 

12. Il ou elle est obsédé(e) par l'image sociale.

13. Il ou elle manie redoutablement la rhétorique : le dialogue pour dépasser le conflit tourne à vide.

14. Il ou elle alterne le chaud et le froid, maîtrise l'art de savoir jusqu'où aller trop loin.

15. Il ou elle est psychorigide.

16. Il ou elle souffre d'anxiété profonde, ne supporte par le bien-être de son partenaire. 

17. Il ou elle ressent le besoin compulsif de gâcher toute joie autour de lui.

18. Il ou elle inverse les rôles et se fait passer pour la victime.

19. Il ou elle use d'injonctions paradoxales et contradictoires : la cible perd ses repères, son esprit devient confus, même quand il est des plus brillants. Paul-Claude Racamier, inventeur de la notion de pervers narcissique, parle d'un véritable "détournement de l'intelligence". 

20. Il ou elle éprouve un soulagement morbide quand l'autre est au plus bas.

 

(1) : Les pervers narcissiques, Jean-Claude Bouchoux (Editions Eyrolles) et Les manipulateurs et l'amour par Isabelle Nazare-Aga (Editions de l'Homme).

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 07:13
http://reflexions.ulg.ac.be/upload/docs/image/jpeg/2009-06/simenon_bibliotheque.jpgUne petite note en passant.

 

 

Cette phrase toute simple, extraordinaire, n’est pas de moi, bien sûr. On dirait du Salvador Dali écrivant, ou du Tzara, je ne sais.

 

Cette phrase est de Georges Simenon. Vers la fin de la Lettre à mon juge, rien ne va plus pour le personnage/narrateur qui va tuer sa maîtresse avant de se suicider. Alors, ce matin-là, le temps est « mou ». Un temps d’automne, ni bon ni mauvais. Vous voyez : il m’a fallu huit mots pour paraphraser et, ce faisant, j’ai tué l’image.

 

Je ne suis pas un spécialiste de Simenon. Je suis en train de le lire dans la Pléiade. Quel mec, ce Simenon ! J’en parle à un ami, auteur de quelques grands romans policiers. Il me dit que, cet automne dernier, il a relu une trentaine de Simenon.

 

Je ne suis pas assez armé pour dire ici en quoi consiste le miracle Simenon. J’avais été sidéré, en dévorant ses bouleversants Mémoires intimes, dans les années 1980 par la prodigieuse tonicité de sa langue, sa précision. Il en va de Simenon comme de Verlaine ou de Gide (qui fut un de ses premiers et plus grands admirateurs). Chaque mot écrit est celui qu’il fallait écrire. On ne saurait le changer, l’altérer, le déplacer.

 

 

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