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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 06:39

http://www.richesanslaloterie.com/newsletters/Pierre_Corneille.jpg-for-web-large.jpgUn récent téléfilm consacré à Corneille « nègre » de Molière m’a fait reprendre un ouvrage tout à fait iconoclaste dont j’avais fait l’acquisition en 1990 : Molière ou l’auteur imaginaire ? d’Hyppolite Wouters et Christine de Ville de Goyet.

 

Ces deux auteurs belges, pas du tout membres du sérail, n’étaient pas les premiers à fracasser le piédestal sur lequel Molière est juché depuis plus de trois cents ans. Avant eux, Pierre Loüys, Henri Poulaille (Corneille sous le masque de Molière (1957), René-Albert Gutmann s’étaient lancés dans cette entreprise très intimidante. Le travail serait poursuivi par Pierre Vidal, François Vergnaud ou Dominique Labbé.

 

Affirmer que Molière n’a quasiment rien écrit, à part quelques calembredaines, c’est douter de la virginité de Mère Teresa. Attaquer Molière, qui fut, quinze ans durant, le grand pourvoyeur de spectacles théâtraux du Roi-soleil, c’est attaquer la Comédie française, tout le théâtre classique français. C’est mettre au jour le plus grand mensonge culturel de notre pays. Mais si Corneille a effectivement écrit la meilleure part de l’œuvre de Molière, il égale ou dépasse Shakespeare et Dante.

 

Question : pourquoi Corneille a-t-il accepté de travailler dans l'ombre ? Pour deux raisons. La première, d'ordre alimentaire. Quant elle n'était pas bloquée trois ou quatre ans d'affilée, la dotation annuelle que lui versait le roi tombait … tous les quinze mois. Sacré Soleil ! Un vrai patron du XXIe siècle. Or Corneille avait une femme et sept enfants à nourrir. La seconde raison était d'ordre politico-culturel. Corneille voulait promouvoir des idées nouvelles ou dérangeantes que seul Molière, le théâtreux le plus influent – et le plus riche – quinze ans durant, pouvait exprimer sans risquer l'embastillement.

 

La vie de notre auteur chéri est parsemée de zones d'ombre. On pourrait commencer par son pseudonyme, sur lequel il ne s’est jamais expliqué. Deux hypothèses tiennent pour l’instant la corde : il pourrait s’agir du nom de jeune fille de l’arrière-arrière grand-mère de Corneille ou alors un hommage au romancier libertin François de Molières d’Essertines, mort assassiné en 1623. Notons également que sept villages français portent le nom de Molières (en Languedoc, une molière est une prairie humide).

 

De la main de Molière, on ne possède que quelques notes (dont une quittance), bourrées de fautes d’orthographe et de grammaire. Au XVIIe siècle, les nobles ou les bourgeois pouvaient commettre des fautes de français. Racine, Corneille, Boileau, Rotrou : jamais. Quand Molière meurt, sa bibliothèque vaut 130 livres de l’époque. Sa vaisselle, plus de 6000. J-B (Jean-Baptiste Poquelin) gagnait très bien sa vie, mais il possédait à sa mort 200 ouvrages tandis que son disciple Baron en possédait plus de 4000. On se demande bien dans quels ouvrages J-B est allé chercher les innombrables sources de « ses » pièces. Personne n’a jamais été capable de dire avec précision quel genre d’études secondaires ou supérieures J-B avait suivi. On ne possède aucune correspondance adressée à Molière, ni aucun double des lettres qu’il aurait pu envoyer. Mettons que cela se soit perdu. Mais on ne possède pas non plus la moindre lettre de Molière reçue par des correspondants. Molière n’écrivait pas. Diriger soixante personnes, faire le courtisan, intriguer, vivre des amours complexes, tout cela occupait le plus clair de son temps.

 

Vous voulez du Molière authentique ? En voilà (Le Médecin volant) :

 

« Quoi ? Monsieur Georgibus, votre fille ne pisse que des gouttes ! Voilà une pauvre pisseuse que votre fille, je vois bien qu’il faudra que je lui ordonne une potion pissative ».

 

Corneille et Molière ont aimé une même femme (sans réciprocité), la célébrissime Marquise du Parc. Corneille lui écrivit ceci :

 

Le temps aux plus belles choses

Se plaît à faire un affront

Et saura faner vos roses

Comme il a ridé mon front

 

Le même cours des planètes

Règle nos jours et nos nuits

On m’a vu ce que vous êtes

Vous serez ce que je suis

 

Fou de désir, Molière se met en quatre et écrivit :

 

D’une brillante grâce

Vos traits sont embellis

Et votre teint efface

La rose et le lys

De nos jeunes Phylis

 

L’esprit bien agréable et l’accueil admirable

En vous se trouvent joints.

 

On comprend que Brassens ne se soit pas intéressé à ces rimailleries d’un élève de quatrième aménagée ! Comme dit Poulaille, « un écrivain n’écrit pas mal parce qu’il est pressé. Il sait écrire ou ne pas écrire, mais il ne peut à la fois savoir écrire et ne pas savoir écrire. »

 

    Poquelin se lance dans la carrière théâtrale en 1643, comme acteur et directeur de troupe. En 1658, il traverse subitement toute la France et fonce sur Rouen, la ville de Corneille, qui est alors au fait de sa gloire. J-B reste six mois en Normandie. Il devient alors, à 37 ans, par l’opération du saint-esprit, un auteur de génie. À près de 40 ans, il accède à la maturation par un état de grâce inexplicable. On ne connaît aucun autre exemple dans la littérature, pour ne parler que de cet art, d’un médiocre devenant un phénix à l'approche de la qurantaine. Rimbaud avait cessé d’écrire à 19. Hugo fera jouer Hernani à 28 ans, publiera Notre-Dame de Paris à 29. N’insistons pas pour ce qui est de la musique : Schubert est mort à 31 ans. Quant à Mozart… De 1660 à 1673, J-B va composer 30 pièces. 12, dont quatre chefs-d’œuvre entre 1664 et 1669. Dans le même temps, il montera 65 pièces d’autres auteurs, en assumant trois fois sur quatre le rôle principal.

 

Molière joue alors du Corneille à tour de bras. Georges Couton écrira : « Tout se passe comme s’il avait voulu se faire l’interprète de Corneille, voire s’imposer à Corneille comme son interprète. »

 

En 1660, Fouquet organise une grande fête en l’honneur du Roi. Il demande à J-B une comédie. En quinze jours, celui-ci écrit Les Fâcheux, les fait apprendre et répéter par sa troupe. Mieux qu’un coureur cycliste dopé. Il concède dans sa préface : « comme le temps était fort précipité et que tout cela ne fut pas réglé en même temps par une même tête… ». Il faut dire que Corneille n’était pas loin puisque Fouquet lui avait commandé un Œdipe.

 

En 1665, J-B fait représenter Dom Juan ou le festin de Pierre (Corneille ?). Une pièce très critique de valeurs dominantes à l’époque. Après quelques représentations, il la retire de l’affiche. Anouilh, cité par nos deux auteurs, écrira ces quelques lignes bizarres : « Je suis persuadé que Molière n’a pas su ce qu’il écrivait. Épouvanté, quinze jours plus tard, ayant “ vu ” la pièce, il l’a retirée de l’affiche et il ne l’a jamais fait éditer. » Quatre ans après la mort de Molière, Thomas, le frère de Pierre Corneille, traduit Dom Juan en vers à la demande d’Armande Béjart. Il l’intitule alors simplement Le festin de pierre. Il précise dans la préface : « Cette pièce dont les Comédiens donnent tous les ans plusieurs représentations est la même que feu Monsieur de Molière fit jouer en prose peu de temps avant sa mort. […] J’ai suivi la prose exactement à l’exception des scènes des troisième et cinquième acte. Ce sont scènes ajoutées à cet excellent original et dont les défauts ne doivent point être imputés au célèbre auteur sous le nom duquel cette comédie est toujours représentée. » Difficile pour Thomas de dire que Dom Juan est de Pierre. Mais impossible de dire tout uniment qu’il est de Molière.

 

Lorsque J-B joue Amphytrion, il dédicace la pièce au Grand Condé. Il avoue : « Je n’abuserai pas, Monseigneur, ni de votre nom, ni de vos bontés pour combattre les censeurs et m’attribuer une gloire que je n’ai peut-être pas méritée. »

 

En 1671, avec Psyché, plus d’ambiguïté. L’éditeur fait précéder la pièce de l’avertissement suivant : « Cet ouvrage n’est pas tout d’une main. […] Monsieur de Molière a dressé le plan de la pièce. Quant à la versification, il n’a pas eu le loisir de la faire entière. » Cette fois-ci, sur une musique de Lulli, ils s’y sont mis à trois : Quinault, Corneille, Molière. Corneille a écrit les trois-quarts de la pièce. Quinault les paroles des chansons.

 

Ce qui intrigue le plus les déboulonneurs depuis Pierre Loüys, c’est, expliquent Wouters et de Goyet, la présence de deux styles radicalement incompatibles au sein de mêmes œuvres : L’École des femmes, Le Misanthrope, Tartuffe, Dom Juan. Prenons ces deux vers admirables de L’École des femmes :        

 

Un air tout engageant, je ne sais quoi de tendre

Dont il n’est point de cœur qui se puisse défendre.

·                

·  Même merveilles dans Tartuffe ;

·                

L’amour qui nous attache aux beautés éternelles

N’étouffe pas en nous l’amour des temporelles.

 

Dans Le Misanthrope, Pierre Loüys était ébloui par :

 

Sur la foi de mon droit, mon âme se repose.

 

« Il superpose trois abstractions, écrivait-il. Et la tour en trois mots est si bien construite qu’au sommet du dernier étage, toute la force de la phrase, le verbe lui-même, repose. » Mais dans L’École des femmes on trouve aussi :

 

Il faut que sur le champ… Si tu bouges ! Je veux…

Que vous disiez euh ! Oui je veux que tous deux

Quiconque remuera, par la mort ! Je l’assomme.

 

Dans Tartuffe ? on se perd en conjectures devant :

 

Ce monarque, en un mot, a vers vous détesté

Sa lâche ingratitude et sa déloyauté.

 

Dans Le Misanthrope, Alceste se met tout d’un coup à baragouiner :

 

Le poids de sa grimace où brille l’artifice

Renverse le bon droit et tourne l’injustice.

 

Dans Les Femmes savantes, que signifie :

 

On est faite d’un air, je pense, à pouvoir dire,

Qu’on n’a pas pour un cœur soumis à son empire ?

 

Et puis, il y a le pompage direct. De nombreux vers de Corneille se retrouvent chez J-B à peine changés. Le

 

Ah ! Pour être dévot, je n’en suis pas moins homme

 

De Tartuffe, vient en droite ligne de Sertorius :

 

Ah ! Pour être Romain, je n’en suis pas moins homme.

 

Dans Les Femmes savantes,

 

Contentez-vous des yeux pour vos seuls truchements

Tant que vous vous tiendrez aux muets interprètes

 

Vient de La Suivante :

 

Ces muets truchements

Ne se disent que trop leurs amoureux tourments.

 

Dans Le Misanthrope,

 

Demeurez

Je ne puis

Je le veux.

 

Vient du Cid :

 

Va je ne te hais point

Tu le dois

Je ne puis.

 

En ces temps bénis, rappelle Wouters et al., les pseudos étaient fréquents, la propriété intellectuelle inexistante, et les emprunts, pillages et plagiats monnaie courante.

 

Même dans le scato, J-B n’égalais pas son aîné. Dans Les Précieuses ridicules, Mascarille prévient : « Moi, je dis que nos libertés auront peine à sortir d’ici les braies nettes. Au moins, pour moi, je reçois d’étranges secousses. » Du pipi-caca de base. Dans ses Poésies diverses, Corneille parle d'« incaguer les beautés ». Il fallait oser cette perversion !

 

En appendice, François Vergnaud apporte quantité de précisions. J’en citerai quelques-unes.

-       Corneille et celui qu’il nomme « Molière » sont les seuls auteurs de toute l’histoire de la littérature à utiliser le verbe rapaiser, néologisme de leur invention.

-       Molière a emprunté divers thèmes à des auteurs espagnols qui n’ont publié qu’en espagnol, une langue qu’il ne connaissait pas, mais que connaissait très bien Corneille.

-       Il y a de nombreux « normandismes » dans les pièces de « Molière », comme une pimpesouée (une femme légère). Par parenthèse, une petite erreur de Vergnaud : il relie le mot soue  (étable à cochons) à sewer (égout) et sow (et non sew) (truie). Ces mots n’ont pas la même origine : sewer vient du vieux français sever tandis que sow vient du vieil anglais sugu. « Molière » ne connaissait pas le normand. En revanche, il connaissait le gascon et le languedocien, mais aucune de ses pièces de compte de ces particularismes.

-       « Molière » fait souffler la tramontane en Gascogne. Mais vu de Rouen, bien sûr…

 

Ci-dessous, un extrait du livre d’Henri Poulaille Corneille sous le masque de Molière (1957) :

 

« La vie de Molière a été construite de toutes pièces et elle est fausse d’un bout à l’autre. On ne l’accepte pas moins comme vraie, comme l’on fait sienne l’œuvre de Molière alors qu’elle ne peut pas être de l’inconnu appelé Molière. La courbe d’un auteur peut avoir des écarts de quelque dix ou quinze degrés, mais jamais, s’il est un véritable auteur, ne dépassera ce maximum de fléchissement. Or, l’œuvre signée Molière est une perpétuelle fluctuation du néant au parfait. Dans la forêt moliéresque, il y a quelques arbustes tout de lierre, et des grands beaux arbres, des chênes dressés, solides à vivre durant des millénaires, mais il n’est un de ces chênes qui ne soit gêné, sinon mangé, par ce lierre parasitaire. »

 

Je cite également plus longuement les travaux de François Vergnaud :

 

« L’étude lexicographique et stylistique fait apparaître entre les textes de Corneille et de "Molière" des rapprochements tels qu’il n’en existe nulle part ailleurs entre deux auteurs : rapprochements de vocabulaire, de versification et de style.

• Mêmes occurrences de termes, mêmes proportions, mêmes répétitions d’hémistiches (par ex : "dans le siècle où nous sommes"), mêmes récurrences d’expressions caractéristiques, mêmes emplois de termes très archaïques ; – Plusieurs dizaines de spécifismes, c’est-à-dire de termes ou d’expressions qui existent au XVIIe siècle uniquement chez Corneille et chez "Molière". Il serait totalement impossible de trouver ailleurs de pareilles similitudes ; il s’agit donc d’un seul et même auteur (On peut même citer un néologisme qui n’existe que chez Corneille et "Molière" : rapaiser) ;

• Même syntaxe, avec quelques fautes – les mêmes ;

• Même versification, avec le recours aux mêmes rimes et (fait particulièrement important) même comptage de syllabes caractéristique, lui aussi (par ex : hier et viande : une syllabe) ;

• Même style, avec, pour ne donner qu’un exemple, l’utilisation, que nous pourrions presque qualifier d’obsessionnelle, de l’antithèse. D’autre part, Corneille et "Molière" font assez souvent lire un texte par leurs personnages (une lettre par exemple). Mais immédiatement après, il y a une "reprise" d’un fragment de la citation qui est ainsi mis en valeur. Nous n’avons retrouvé ce curieux procédé chez aucun autre contemporain. 

Autre coïncidence unique : Corneille et "Molière" sont les seuls à avoir construit un néologisme (un verbe) à partir d’un patronyme :

Corneille : "Nous pasquinerons leurs malices (76, Mélanges poétiques).
"Molière" : "désamphytrionner" (Amphitryon). […]

4 – Les auto-références. Cas unique à notre connaissance :

• d’une part Corneille cite lui-même ses propres pièces (par leur titre ou par leurs personnages) à plusieurs reprises à l’intérieur de son œuvre, et "Molière" fait la même chose ;

• d’autre part, "Molière" cite les pièces ou les personnages de Corneille – ou même Corneille lui-même.

C’était sans doute une bonne publicité –absolument impossible à retrouver chez un autre auteur. […]

6 – Les juridismes. […] Des nombreux exemples que nous pourrions citer, nous retiendrons seulement celui-ci : l’emploi du participe passé délibéré, qui est un spécifisme (une occurrence qui ne se rencontre que chez Corneille et "Molière") : " L’affaire… mérite d’être délibérée (Cid, 2, 9) ; "ce que la prudence des pères avait délibéré (Scapin, 3,9). Délibéré en ce sens est un terme de palais dont il n’existe pas d’exemple ailleurs au XVIIe siècle. […]

Nous n’avons pas trouvé dans l’œuvre de "Molière" de termes uniquement utilisés en Gascogne et en Languedoc, dont il était familier ; pourquoi y trouverait-on ces témoins spécifiquement normands ?

Il faut comprendre que ces normandismes, à eux seuls, suffiraient à emporter la conviction. […]

Nous comprenons mieux maintenant à quel point Corneille était un homme d’une extraordinaire complexité. Un fait est tout à fait révélateur ; il existe plusieurs acrostiches chez Corneille, dont le principal a été découvert récemment par M. Gignoux dans Horace et qui nous fut communiqué par Hippolyte Wouters. Il s’agit d’une tirade de noble envolée prononcée par Horace lui-même. En acrostiche, (vers 444 et suivants), on lit SALE CUL. Le calcul des probabilités montre qu’il est impossible que ce soit l’effet du hasard. Cela signifie que Corneille ose se démentir lui-même, récuse ce qu’il fait dire à ses héros. Cela nous en apprend beaucoup sur la complexité de son génie. Et l’on mesure ce qu’il était capable de faire. »

 

Enfin, René-Albert Gutmann s’est livré à l’expérience suivante :

 

« Voici quelques vers ; c’est le jeune Horace qui parle : lisez attentivement.

Combattre un ennemi pour le salut de tous

Et contre un inconnu s’exposer seul aux coups,

D’une simple vertu c’est l’effet ordinaire.

Mille déjà l’ont fait, mille pourraient le faire.

Mourir pour son pays est un si digne sort

Qu’on briguerait en foule une si belle mort.

De ce devoir sacré la juste violence

Etouffe dans mon cœur toute reconnaissance

Et je sacrifierais à de si puissants nœuds

Ami, femme, parents, et moi-même avec eux.

Et Chimène, avide de venger la mort de son père, partagée entre son amour pour Rodrigue et la honte de l’aveu, s’écrie :

Malgré des feux si beaux qui troublent ma colère,

Je ferai mon possible à bien venger mon père,

Mais par un haut refus et d’éclatants mépris,

Ferai-je dans mon choix voir un cœur trop épris ?

Encore une citation. Polyeucte, chrétien ardent et brûlant de courir au martyre, se prépare à aller au temple renverser les statues des faux dieux. Néarque, chrétien plus modéré, cherche à le retenir. Lisez toujours attentivement :

Allons, mon cher Néarque, allons aux yeux des hommes

Braver l’idolâtrie, et montrer qui nous sommes :

C’est l’attente du ciel, il nous la faut remplir,

Je viens de le promettre, et je vais l’accomplir.

Je rends grâce au Dieu que tu m’as fait connaître

De cette occasion qu’il a si tôt fait naître,

Où déjà sa bonté, prête à me couronner,

Daigne éprouver la foi qu’il vient de me donner.

Ce zèle est trop ardent, souffrez qu’il se modère.


On n’en peut avoir trop pour le Dieu qu’on révère.


Des intérêts du ciel pourquoi vous chargez-vous ?

 

Pour punir le coupable a-t-il besoin de vous ?

Laissez-lui, laissez-lui le soin de ses vengeances ;

Ne songez qu’au pardon qu’il prescrit des offenses ;

Et ne regardez point aux jugements humains

Quand vous suivez du ciel les ordres souverains.

Ménagez votre vie, à Dieu même elle importe.


Qui fuit, croit lâchement et n’a qu’une foi morte.

Je voudrais, avant de conclure, citer encore quelques vers, mais tirés cette fois, d’une comédie de Molière. C’est, dans Tartuffe, la pétulante Mme Pernelle qui parle :

Ces visites, ces bals, ces conversations

Sont du malin esprit toutes inventions.

Là jamais on n’entend de pieuses paroles ;

Ce sont propos oisifs, chansons et fariboles ;

Bien souvent le prochain en a sa bonne part,

Et l’on sait y médire et du tiers et du quart.

Mais naturellement femme qui peut se taire

A sur moi tel pouvoir et tel droit de me plaire,

Qu’eût-elle en vrai magot tout le corps fagoté,

Je lui voudrais donner le prix de la beauté.

On a sans doute reconnu les morceaux de ces "puzzles". Le discours du jeune Horace est, pour les six premiers vers, de Corneille (Horace, II, 3), et, pour les quatre derniers, de Molière (Tartuffe, V, 7).

Les vers de Chimène sont, les deux premiers, de Corneille (Le Cid, III, 4) et, les deux derniers, dans Tartuffe (II, 3)

Le dialogue de Polyeucte et de Néarque est, à partir de « Des intérêts du ciel », dans Tartuffe (IV, 1) et les deux derniers vers de nouveau dans Polyeucte.

Par contre, la diatribe de Mme Pernelle appartient, pour les quatre derniers vers, au Menteur, de Corneille.

Ces "mélanges" que j’ai faits touchent un curieux point de l’histoire littéraire. Mon regretté ami, André Doderet, le grand traducteur de Dante et de Gabriele d’Annunzio, m’a raconté souvent que, selon Pierre Louÿs, il y aurait eu, entre Corneille et Molière, une collaboration beaucoup plus étendue que la seule qui soit officielle, celle de Psyché. Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, de cette thèse, un fait, qui seul nous intéresse ici, est net. Les vers de Molière, presque seuls à son époque, ont exactement tous les caractères que nous avons essayé de faire ressortir dans les vers de Corneille. C’est le même poète qui semble écrire. On retrouve dans les comédies cet équilibre, cette facture spéciale avec les mots forts placés aux temps forts :

Que de voir des vautours affamés de carnage,

Des singes malfaisants et des loups pleins de rage ?

(Misanthrope)

Cela sent son vieillard qui pour s’en faire accroire

Cache ses cheveux blancs d’une perruque noire.

(École des Maris)

Un air essentiellement "cornélien" marque ainsi tous les vers de Molière.

Lisons, par exemple, Tartuffe :

Il est de faux dévots comme il est de faux braves,

Et comme on ne voit pas qu’où l’honneur les conduit

Les vrais braves soient ceux qui font beaucoup de bruit,

Les bons et vrais dévots qu’on doit suivre à la trace

Ne sont pas ceux aussi qui font tant de grimaces…

Tout conspire, Madame, à mon contentement….

J’y ferai mon possible, et vous le pouvez croire,

Un cœur qui nous oblige engage notre gloire.

Rappelons aussi les deux Dom Juan ou Le Festin de Pierre, publiés, l’un en prose par Molière, l’autre en vers par Thomas Corneille. Or ce dernier, sous le même titre, suit scène par scène la pièce de Molière, avec le même ordre, les mêmes phrases, les mêmes mots, simplement mis en vers. Tout cela, à la demande de Mme Molière, comme si l’on continuait une vieille habitude…

Il faut à l’oublier mettre aussi tous les soins ;

Si l’on n’en vient à bout, on ne doit feindre au moins ;

Et cette lâcheté jamais ne se pardonne,

De montrer de l’amour à qui nous abandonne.

(Vous voudriez que…)
Et vous visse, à mes yeux, passer à d’autres bras

Sans mettre ailleurs un cœur dont vous ne voulez pas ?

et la plupart des vers de l’admirable déclaration de Tartuffe à Elmire (III, 3) ; et d’autres, comme :

L’éclat que fait ce bruit n’est pas à votre gloire

Car enfin le vrai zèle a-t-il quelque maxime

Qui montre à dépouiller l’héritier légitime ?

Qui parle ? Auguste à Cinna ? Non, c’est Tartuffe.

Souvent le vers comique de Molière pourrait, avec peu de changements, passer dans une tragédie de Corneille.

Allons, Flipotte, allons, que d’eux on me délivre.

(Allons, gardes, allons, que d’eux on me délivre)

Vous marchez d’un tel pas qu’on a peine à vous suivre.

(de combats en combats)
Vous marchez d’un tel pas qu’on a peine à vous suivre.

Voici également :

Hé bien ! puisque mon sort ne saurait t’émouvoir,

Laisse-moi désormais tout à mon désespoir ;

C’est de lui que mon cœur empruntera de l’aide

Et je sais de mes maux l’infaillible remède…

vers qui ne dépareraient pas quelque grande tragédie cornélienne, avec cette seule modification du second vers :

Laisse-moi désormais, Prince, à mon désespoir.

Voici encore du Molière :

Que la foudre sur l’heure achève mes destins,

Qu’on me traite partout du plus grand des faquins

S’il n’est aucun respect ni pouvoir qui m’arrête

Et si je ne fais pas quelque coup de ma tête.

qui devient, ainsi transposé, du style type de Corneille :

Que la foudre sur l’heure achève mes destins,

Qu’on méprise mon nom à l’égal des Tarquins

S’il n’est aucun respect ni pouvoir qui m’engage

Et si je ne fais pas quelque coup de ma rage.

On trouve enfin, chez Molière, la même absence cornélienne de tout ce qui est harmonie, poésie pure. Bien loin que ces recherches l’attirent, il les raille.

Tout le ravissant morceau :

L’amour, il est vrai, nous soulage

Et nous berce un temps de notre ennui.

Mais, Philis, le triste avantage

Lorsque rien ne marche avec lui

nous est, en réalité, présenté comme un ridicule exemplaire d’afféterie.

Et, comme Corneille, Molière est indifférent aux rencontres malheureuses de sons :

Eh bien ! puisque mon sort ne saurait t’émouvoir.

et aux passages de transition du plus plat prosaïsme :

Mais ce valet m’a dit qu’il s’en allait descendre

Sortez donc, je vous prie, et me laissez l’attendre.

 

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13 août 2011 6 13 /08 /août /2011 06:52

Combien de Londoniens périrent dans le Grand Incendie (The Great Fire) ?

 

En septembre 1666, un incendie se déclara dans une boulangerie. 13200 maisons, 87 églises, la cahédrale Saint-Paul, de nombreux bâtiments administratifs brûlèrent. 80000 à 100000 personnes se retrouvèrent sans logement.

 

Il y eut six morts "sûrs", dont la servante du boulanger. Il est fort possible que d'autres personnes périrent, incinérées par la chaleur du brasier. En 1664, la peste (The Great Plague) avait fait 65000 morts.

 

Le Français Robert Hubert prétendit avoir mis le feu à la boulangerie. Bien que le juge et le jury aient été persuadés de son innocence, il fut pendu, son corps dépecé par une foule déchaînée qui voulut voir dans le Grand Incendie un complot papiste.

 

En 1986, la Compagnie Cultuelle des Boulangers de Londres assuma la responsabilité de l'incendie et présenta ses excuses.

 

La justice est un peu lente, outre-Manche, mais elle passe.

 

 

http://www.spirit-of-metal.com/les%20goupes/C/Caligulae%20Crucis/Demonation%20666/Demonation%20666.jpg

 

 

Quel est le Nombre de la Bête ?

 

Pour presque tout le monde : 666. Pour nos auteurs, 616. Dans la traduction de Louis Segond (1910), l'Apocalypse de Jean dit ceci :

« Et il lui fut donné d’animer l’image de la bête, afin que l’image de la bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête fussent tués. Et elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, et que personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom. C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante-six. »

Nos auteurs se réfèrent à une nouvelle traduction du Livre des Révélations de 2005, réalisée par l'équipe de David Paker, professeur à l'Université de Birmingham. Friedrich Engels, dans son livre Sur la religion (1883) était déjà parvenu au chiffre de 616.

 

Il semble que 666 (ou 616) fasse référence à Caligula (ou Néron), pourfendeurs acharnés des premiers chrétiens.

 

Cela dit, ici comme ailleurs, la superstition va bon train. Si l'on ajoute tous les chiffres d'une roulette, on tombe sur 666.  Aux États-Unis, l'autoroute 666 a été remplacée par 491.

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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 14:43

http://image.toutlecine.com/photos/o/0/k/o-k-neron-1951-01-g.jpgQue faisait Néron pendant que Rome brûlait ?

 

Contrairement à Einstein et à Ingres*, il ne jouait pas du violon. Lorsque Rome brûla en 64, Néron se trouvait dans sa résidence d'Antium, à 56 km de là. Cela n'empêche pas la liste innombrable de ses crimes. Lorsque le Sénat le démit, il envisagea de le condamner au supplice des parricides, le culleus : recouvert d'une cagoule, cousu dans un sac dans lequel était introduit des chiens et des renards, le supplicié était jeté dans le Tibre. Néron se suicida en se poignardant à la gorge. Il prononça alors l'immortel "Talis artifex pereo !" (Quel artiste périt avec moi !).

 

Celui qui avait adouci le sort des esclaves fut effectivement un artiste complet : acteur, musicien, poète. Il fut également l'inventeur de la crème glacée (d'où son surnom Nero Haagen-Dazs, j'déconne !).

 

Son empoisonneuse préférée, la dénommée Locusta (en latin, ce mot signifie à la fois homard et sauterelle) fut la première tueuse en série répertoriée par les historiens. Comme Panoramix, cette Gauloise connaissait bien les herbes et les champignons.

 

* Je connais une arrière-petite-fille d'Ingres, elle-même peintre, lalalère !

 

En photo, Gino Cervi (jeune) dans le rôle de Néron.

 

 

 

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11 août 2011 4 11 /08 /août /2011 06:17

    http://www.toonpool.com/user/356/files/sphinx_175135.jpgQui niqua le nez du sphinx ?


La statue a environ 4500 ans. Elle fut taillée dans un promontoire naturel. La tête est tournée vers le levant. Elle représenterait celle du pharaon Khéops. Le corps et la tête furent taillés à même le roc calcaire, tandis que les pattes furent rajoutés en maçonnerie.

 

De nombreuses armées, celle de Napoléon en tête, furent accusées du vandalisme nasal. Il existe des représentations du sphinx sans nez datant de plusieurs années avant la naissance de l'empereur français. Malgré cela, la légende court toujours en Égypte que Napo aurait volé l'appendice qui serait conservé dans un sous-sol du Louvre. On sait que, malgré tous ses forfaits, l'empereur fut en fait le premier grand archéologue de l'Égypte ancienne. On l'imagine mal saccageant une telle œuvre.

 

Le visage du sphinx fut légèrement endommagé en 1378 par Mohammed Sa'im al-dahr, un soufi iconoclaste qui voulut détruire ce qu'il considérait comme une idole païenne. Il fut pendu pour cela.

 

Le responsable principal de l'ablation nasale, c'est le temps (time et weather : je précise pour notre kleiner Mann qui accueillit un jour Angela Merkel d'un remarqué "beautiful time, today"), le vent, l'érosion, le sable (en 1837, le site fut complètement ensablé).

 

 

À noter que certains spécialistes préfèrent parler de sphinge car l'animal mythique a une tête de femme, un corps de lion et des ailes d'oiseau.


 


 

 

 

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10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 14:58

http://www.danielriot.com/images/medium_sarko_caricature_cheval.2.JPGWaterloo fut-elle la plus cinglante défaite de Napoléon ?

Non !

 Il fut vaincu par des lapins. Juste après la signature du traité de Tilsit en 1807, Napoléon, au sommet de sa gloire et de sa puissance, organisa une immense chasse aux lapins pour la cour impériale. Berthier, son chef d’état-major, acheta des milliers de ces bestioles pour que tout un chacun puisse participer au carnage.

 Le problème est que Berthier avait acheté des lapins domestiques et non de garenne. Ces charmants animaux pensèrent que c’était l’heure du repas et non de la tuerie. Au lieu de fuir ils se rassemblèrent autour de Napoléon. L’empereur fut contraint de se frayer un chemin à coups de tatanes. Il eut toutes les peines du monde à rejoindre son carrosse. Selon plusieurs témoins, il quitta les lieux totalement déconfit.

 

PS : petit rappel : les auteurs de l'ouvrage qui nous enculture sont britanniques, donc pas objectifs.

 

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9 août 2011 2 09 /08 /août /2011 06:46

http://versailles1687.free.fr/antinous2.jpgAntinoüs (en grec ancien Ἀντίνοoς / Antínoos), est un jeune homme originaire de Bithynie ayant vécu au iie siècle après J.-C.. Amant de l'empereur Hadrien. Il meurt âgé de 20 ans environ, noyé dans le Nil, dans des circonstances qui restent mystérieuses. Divinisé par Hadrien, Antinoüs est représenté par un grand nombre d'œuvres d'art qui en font l'un des visages les plus célèbres de l'Antiquité.

 

Pour expliquer la mort d'Antinoüs, plusieurs hypothèses sont avancées. Hadrien lui-même évoqua un simple accident, mais plusieurs auteurs y virent un sacrifice rituel où Antinoüs aurait servi de victime volontaire, soit pour prolonger les jours d'Hadrien, soit pour des pratiques divinatoires.

 

Hadrien en fera son dieu et lui édifiera une ville et un temple sur les bords du Nil.

 

Comme Ganamède, Antinoüs est une des icônes préférées des homosexuels.

 

(Jactatio).

 


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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 06:36

http://www.unstory.com/wp-content/uploads/2010/01/d-anghel-natalia.jpgNé en 1872,  l'écrivain roumain Dimitrie Anghel traduisit Verlaine. Il fut une sorte de Queneau roumain selon de Negroni et Moncel.

 

Sa femme Natalia avait d'abord été mariée à son ami Iosif qu'elle ne cessa pas vraiment d'aimer. Elle était plutôt volage, ce que ne supporta pas Dimitrie. Au cours d'une crise de jalousie, il se tira une balle dans la tête. Il fut conduit à l'hôpital où on le soigna. Mais il arracha son pansement et mourut de ses blessures à 42 ans.

 

(Furor).

 

 

 

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7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 06:20

http://thaipoliticalprisoners.files.wordpress.com/2010/10/keith-simpsons-book.jpgMieux qu'Édouard et sa Wallis : le roi du Siam Ananda Mahidol (de son vrai nom Phrabat Somdej Phra Paramenthara Maha Ananda Mahidol Phra Athama Ramathibodinthra).

   
La page Wikipédia en anglais consacrée à ce roi, à sa vie, à la cour thaïlandaise, à sa mort est d'une complexité insensée (link). Je l'ai lue trois fois et n'ai pas encore tout bien assimilé.

 

Bref, né à Heidelberg, le petit roi passa son enfance et son adolescence chez les Suisses où il apprécia le chocolat et la jeune Vaudoise Marilou qui l'appelait "Bicot" (imaginez qu'il ait été un prince arabe !). Ananda rentra au pays en 1944 sans Marilou à qui il continua d'écrire des lettres enflammées. Sa mère exigea la fin de l'idylle pour que le fils convole avec une princesse thaïlandaise.

 

Le 9 juin 1946, on retrouva le petit roi mort dans son lit, la tempe trouée, un colt à portée de sa main. Le professeur Keith Simpson, médecin légiste anglais conclut au suicide.

 

Conclusion inacceptable pour la cour. Plusieurs années après le drame, trois serviteurs du jeune roi furent condamnés et exécutés, alors qu'ils avaient été innocentés dans un premier temps. On ne voit vraiment pas pourquoi ces trois jeunes hommes auraient tué leur roi.

 

(Aequivocus).


 


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6 août 2011 6 06 /08 /août /2011 06:09

http://www.lyonlemelhor.org/wp-content/uploads/Chiran_high_school_girls_wave_kamikaze_pilot2.jpgEn 1945, de nombreux officiers nationalistes poussent le ministre de la Guerre japonais Korechika Anami à organiser un suicide national : "cent millions d'hommes en poudre de diamant". Celui-ci refuse et accepte de débattre du destin de son pays à la Conférence impériale du 14 août.

 

Anami n'était pourtant pas un tendre. Il avait jusque là refusé toute idée de reddition en faisant arrêter ceux qui évoquait cette possibilité. Il déclara accepter les conclusions de la Conférence de Potsdam, mais à plusieurs conditions : le désarmement sous le contrôle des autorités japonaises, le jugement des criminel par ces mêmes autorités, l'absence de forces d'occupation sur le sol japonais, la préservation du régime impérial et de l'empereur. À défaut, il envisageait de continuer la guerre sur le sol national, ce qui aurait causé de très nombreuses victimes du côté des alliés.

 

L'empereur ayant tranché en faveur de la paix, Anami rentra chez lui, prit un bain, écrivit quelques poèmes, saisit une épée et s'ouvrit le ventre. Son beau-frère, sympa, lui proposa de lui porter le coup de grâce. Anami refusa et se trancha lui-même la carotide.

 

Il rédigea ce message posthume :

 

Ayant savouré

La profonde bienveillance de l'empereur,

Je n'ai plus rien à dire.

 

Son fils fut ambassadeur du Japon en Chine de 2001 à 2008.

 

(Pudor).

 


 


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5 août 2011 5 05 /08 /août /2011 06:53

http://i67.servimg.com/u/f67/11/07/01/13/le_fut10.jpgQu'est-ce qui est trois fois plus mortel que la guerre ?

 

Le travail, bien sûr !


Les accidents et maladies liées au travail tuent deux millions de personnes chaque année, contre 650000 pour les guerres. C'est dans l'agriculture, les mines et la construction que l'on rencontre le plus de cas mortels. Aux États-Unis, le métier de bûcheron compte 122 morts pour 100000 travailleurs. Contre 101 pour les pilotes d'avion qui, dans leur écrasante majorité, meurent dans des accidents concernant des petits avions et non des avions de lignes.

 

50 policiers sont abattus chaque année aux États-Unis, contre 200 représentants de commerce.

 

Dans le même ordre d'idée, au XVIIIe siècle, dans les marines de guerre, les hommes ne mouraient pas parce qu'ils étaient pulvérisés par des boulets de canons (ça, c'est bon pour le cinéma), pour la simple raison qu'au lieu d'exploser ces boulets déchiquetaient les coques des bateaux. Les hommes étaient lacérés par des échardes de toutes tailles. Les boulets causaient d'autant plus de dégâts que le bois des bateaux était passablement friable et pourri.

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