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11 mars 2025 2 11 /03 /mars /2025 06:01

Au mois de mai 2024, l’entreprise Toray-CFE avait licencié Timothée Esprit, en lien avec une publication de solidarité à la Palestine sur son compte Facebook personnel. Une offensive brutale contre le syndicaliste, secrétaire fédéral de la FNIC-CGT, employé depuis 14 ans dans l’entreprise.

 

En janvier, après que le Conseil de prud’hommes a refusé de se prononcer en référé, ce dernier contestait son licenciement auprès de la Cour d’appel de Pau. Ce jeudi, celle-ci a tranché en sa faveur et ordonné sa réintégration dans l’entreprise sous 8 jours.

 

Dans sa décision, la Cour constate que l’entreprise Toray a violé une des rares protections dont bénéficient les représentants du personnel et syndicalistes : l’obligation de demander et d’obtenir préalablement l’autorisation du licenciement auprès de l’inspection du travail. C’est donc un véritable camouflet pour l’entreprise dont la direction avait activement tenté de diviser les salariés et d’étouffer tout soutien à Timothée Esprit par un chantage à l’emploi.

 

Lors de sa prise de parole le 8 janvier dernier, Timothée Esprit ne se faisait aucune illusion sur les raisons du licenciement et dénonçait un acharnement et des tentatives de le mettre à la porte depuis plusieurs années : « il y avait pour lui cette importance de me licencier, tant j’ai pu pendant des années me battre aux côtés de miens pour leurs droits, pour le temps de travail, les salaires, contre la répression syndicale ».

 

Cette première victoire doit désormais servir de point d’appui face à un patronat dont les attaques ne vont cesser de se multiplier. Timothée Esprit le soulignait à la sortie de la cour d’appel : « Cette répression est liée à un contexte social et international. On ne peut pas détacher mon licenciement et ceux d’autres camarades qui subissent le même sort que moi, comme par exemple Christian Porta en Moselle, à un contexte de hausse des réformes antisociales de casse du code du travail et de tous nos conquis ».

 

A l’heure où Macron annonce des réformes antisociales d’ampleur au bénéfice d’un renforcement massif des moyens militaires, il faut se préparer à de nouvelles batailles contre le patronat, à Toray comme ailleurs. Face à l’avenir de guerres et d’exploitation auquel les grands industriels et leur classe politique tentent de nous vouer, seule une réaction solidaire d’ampleur de l’ensemble de la classe ouvrière peut ouvrir une autre perspective.

 

Après des mois de combats judiciaires et de rassemblements de soutiens dans les rangs de la CGTle syndicaliste a finalement obtenu gain de cause, et devra être réintégré sous huit jours. Toray est également condamné à lui verser plus de 30 000 euros, une somme qui correspond à environ 3 500 euros par mois entre le jour de son éviction et le jour de sa réintégration effective.

À lire aussi

Lacq

 

Pierre Michel

 

Crédits photo : Unité CGT

 

 

Souvenir : il y  six ans, les mêmes, déjà !

Deux cents grévistes pour soutenir un collègue (publié le 11 juin 2018).

Le 19 juin, un salarié du groupe chimique japonais Toray Carbon Fibers Europe (CFE) sur le bassin de Lacq (Pyrénées-Atlantiques), se fait rappeler à l'ordre par sa supérieure : « sa supérieure [hiérarchique] lui a reproché de ne pas porter de casque alors qu'il travaillait sur son ordinateur dans l'atelier. Elle lui a tendu le sien qu'il a mis sur sa tête. L'histoire a duré une minute au plus. »


Mais l'histoire ne s'arrête pas là : quatre jours plus tard, le salarié reçoit une lettre pour un entretien préalable, « une lettre type sans motif ». Convoqué le 4 juillet, il se voit alors accusé « d'insubordination » et, le 10 juillet, reçoit une lettre de licenciement.

Dès le 11 juillet, ce sont 200 de ses collègues qui se mettent en grève, sur les 430 salariés du site. Du jamais vu, pour Timothée Esprit, délégué CGT : « C'est une injustice [...] Ce salarié, âgé de 27 ans, avec cinq ans d'ancienneté dans l'entreprise, n'a pas d'antécédents, pas même un blâme, et la situation est incompréhensible [...] Presque toute l'usine est en arrêt, 200 personnes sont en grève, cela ne s'est jamais produit auparavant [...] La direction a convoqué un Comité d'entreprise (CE) extraordinaire le 13 juillet en expliquant que la grève coûtait de l'argent, mais elle n'est jamais entrée en contact avec nous [...] Nous continuerons la grève jusqu'à la réintégration du salarié ici ou dans une autre unité de production. »

Le patronat se croit tout permis, mais...

 

 

Impérialisme commercial et linguistique. Tout le capitalisme libéral au cul de ce camion !

Le patronat se croit tout permis, mais...
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10 mars 2025 1 10 /03 /mars /2025 06:01

Dans Le Grand Soir, Jérôme Henriques revient sur la maltraitance des animaux pour l'industrie du luxe : En 2010, l’émission "Rundschau" (télévision Suisse alémanique) montrait le traitement cruel des varans malais en Indonésie. Confinés des jours entiers dans des sacs, avec les pattes ficelés dans le dos, ces derniers étaient ensuite assommés à coups de marteau sur la tête. Survivant parfois aux coups de marteaux, mal étourdis, certains d’entre eux étaient alors dépecés vivants.

Une enquête de Peta Asie en Indonésie (Pour une Éthique dans le Traitement des Animaux) a révélé le sort tout aussi cruel des pythons. Enfermés dans des cages rudimentaires (sans eau, ni nourriture, ni endroit pour se cacher), ces derniers étaient eux aussi assommés à coups de marteau sur la tête (avant d’être suspendus à des crochets, gonflés d’air/eau puis dépecés). Certaines images montrent des ouvriers frapper les animaux à plusieurs reprises pour tenter de les étourdir/tuer ; d’autres montrent des animaux visiblement mal étourdis, continuer à se débattre pendant qu’on les mutile.

Même genre de supplices concernant les crocodiles. Des images rapportées par Peta Asie au Vietnam montrent des milliers de crocodiles attendant la mort dans de petits espaces en béton. Concernant l’abattage, on peut voir des travailleurs électrocuter les crocodiles, pour (tenter de) les étourdir, puis leur inciser la nuque pour leur enfoncer une tige en métal dans la colonne vertébrale (méthode censée les tuer). Là encore, on peut voir certains animaux montrer des signes de conscience pendant qu’ils se vident de leur sang.

 

Matthieu Aron, dans L'OBS, explique que CMA CGM, l’entreprise la plus aidée de France, investit 20 milliards aux Etats-Unis : une gifle pour l’Europe et les contribuables français.

En pleine guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, le géant français du transport maritime CMA CGM, qui bénéfice d’avantages fiscaux considérables en France, choisit de soutenir l’emploi… aux Etats-Unis.

La scène a de quoi stupéfier. Huit jours seulement après que Donald Trump a déclenché une guerre commerciale contre l'Europe, menaçant d’imposer une taxe de 25 % sur les produits européens, un grand patron français fait une apparition surréaliste à la Maison-Blanche. Radieux, Rodolphe Saadé, PDG de CMA CGM, le troisième armateur mondial, pose au côté du président américain, devant une carte du golfe du Mexique.


 

Dans L'Humanité, Lionel Venturini révèle que, patron de l’extrême droite française, Pierre-Édouard Stérin entend façonner une nouvelle élite avec son futur internat ultra-réac en Sologne.

 

L’Académie Saint-Louis, premier de ces internats catholiques voulus par le milliardaire ultra-conservateur Pierre-Édouard Stérin, va voir le jour en Sologne à la rentrée de 2025. Réservé aux garçons, hors contrat avec l’Éducation nationale, l’établissement ne se cache pas de vouloir former une élite catholique traditionaliste, qui couvrirait à terme chacune des régions de métropole.

 

175 hectares de verdure entourés de bois, d’étangs, un château, une dizaine de bâtiments, une capacité de 600 élèves en internat : dans sa poursuite d’un réarmement catholique conservateur, l milliardaire Pierre-Édouard Stérin, aux amitiés allant de la droite à son extrême, va ouvrir à la rentrée prochaine, en plein cœur de la Sologne, dans le domaine de Chalès, à Nouan-le-Fuselier (Loir-et-Cher), son premier internat des « Académies Saint-Louis ». Il entend en ouvrir six autres d’ici cinq ans, puis un dans chaque région, de la 6e à la terminale. Objectif : scolariser 15 000 élèves à l’horizon 2040.

 

« Une très belle initiative à découvrir », a-t-il vanté sur son compte Linkedin – sans préciser qu’il en est à l’origine. Excès de modestie, sans doute, pour celui qui annonçait vouloir à l’été 2024 céder son portefeuille pour se consacrer à des œuvres caritativesMais une initiative qui inquiète aussi localement les organisations de gauche. Dans un communiqué commun, une dizaine d’entre elles, dont les sections du PS, PCF et LFI du Loir-et-Cher, mais aussi de syndicats (CGT, FSU…) ou de La Ligue des droits de l’Homme, ont alerté, lundi 3 mars, sur un projet « fondé sur les valeurs traditionalistes et donc intégristes ».


 

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9 mars 2025 7 09 /03 /mars /2025 06:01

 

 

Par le Blog Le Bon Usage

 

On est donc fixé. Trump va lancer la guerre commerciale avec l'UE en taxant les importations européennes à 25% . Reste à savoir si cette politique conduira bien les EU dans la direction que cherche à obtenir Trump à savoir une réindustrialisation des EU. Le doute est permis à plus d'un titre puisque comme vous le savez si vous suivez ce blog, la principale raison de la désindustrialisation aux EU est d'abord le dollar. Le libre-échange en lui-même est évidemment problématique, mais le fait d'avoir une monnaie qui n'a plus aucun rapport avec les capacités économiques d'un pays l'est tout autant. Nous sommes bien placés en France pour le savoir puisque notre balance commerciale s'est surtout dégradée à partir de la mise en place de l'euro, la France maintenait jusque là sa balance même avec les traités de libre-échange. L'euro a littéralement coulé notre industrie. C'est un peu la même chose pour les EU même s'ils ont officiellement gardé leur monnaie. Le fait est que son taux de change n'est plus du tout en relation avec la balance commerciale et la situation réelle de l'économie américaine.

 

L'explication est simple, en devenant une monnaie de réserve internationale, le dollar est acheté par toute la planète pour divers échanges. Dès lors qu'il circule internationalement et qu'il sert pour les matières premières, sa valeur n'a plus de rapport avec la balance des paiements américaine. C'est là qu'est le fameux modèle américain qui constitue une énigme si l'on ne prend pas ce rôle en compte. En effet, un pays aussi endetté avec de tels déficits commerciaux devrait voir sa monnaie se dévaluer pour ne pas dire s'effondrer dans la situation actuelle. Pourtant le dollar se maintient, voire s'apprécie face à d'autres monnaies du monde. Mais ce miracle américain qui permet aux EU de maintenir leur croissance en ne tenant aucun compte de leurs dettes est aussi ce qui explique la désindustrialisation. En effet, le travail importé coûtera toujours moins cher que le travail local puisque les EU peuvent acheter « gratuitement » des marchandises du monde entier avec des dollars qu'il ne tient qu'à eux d'émettre comme disait de Gaulle. Il faut bien comprendre cette réalité avant de parler de modèle américain, ou de puissance de l'économie américaine. Les USA sont en quelque sorte le banquier central de la planète tenant le rôle d'émetteur monétaire planétaire.

 

 

Si le premier pilier de cette « puissance » est le dollar, le second est la consommation. Grâce à son rôle monétaire, les EU depuis 1971 et le décrochage du dollar avec l'or ont pu accroître leur consommation bien au-delà de ce que leur permettaient en réalité leurs capacités de production. Ils sont ainsi devenus le consommateur en dernier ressort à partir des années 70. Et ce d'autant plus fortement que les autres zones économiques développées se sont lancé dans les politiques de l'offre en comprit leur demande intérieure à partir du choc inflationniste. La domination américaine n'est plus depuis le fruit de leur productivité ou de leur technologie, mais celui de leur consommation et de l'autosabordement des autres économies européennes et asiatiques qui attendent que les EU relancent l'économie régulièrement à coup d'endettement supplémentaire. Cette description était celle d'Emmanuel Todd dans son livre « Après l'Empire » et elle n'a pas du tout pris une ride, bien au contraire, plus que jamais, les EU dominent par la monnaie et leur rôle central de demande planétaire.

 

Le fait que l'Europe aujourd'hui supplie Trump de ne pas taxer ses exportations rappelle ouvertement cette réalité du rapport économique. Les Européens supplient de pouvoir continuer à exporter gratuitement des marchandises vers les EU qu'ils paient littéralement en monnaie de singe. Mais ce protectionnisme balourd de Trump montre aussi qu'il n'a pas vraiment compris le problème américain. Car il veut réindustrialiser sans remettre en compte le statut du dollar américain. Il est pourtant évident qu'il y a là une contradiction fondamentale qui va nécessairement faire échouer la stratégie de Trump. Si Trump veut réussir, il devrait remettre en question le statut du dollar en réalité. Il y aurait d'ailleurs une méthode tout à fait responsable qui consisterait à discuter avec les autres régions du monde pour mettre en place un nouveau moyen de paiement international. Il rendrait ainsi caduques les BRICS en organisant un nouveau Bretton Woods entre les grandes puissances économiques de la planète. Il pourrait se mettre d'accord avec la Chine l'Europe, la Russie et les pays producteurs de matières premières pour mettre en place ce nouveau système tout en gérant en douceur le changement du statut du dollar. Et cela pour éviter un effondrement brutal. Malheureusement, les EU ne semblent pas disposés à faire ce changement malgré leur discours apparent sur la multipolarité nouvelle. Trump semble simplement faire de l'impérialisme autrement, les problèmes de fonds vont rester.

 

 

L'Europe allemande est dans une impasse

 

 

Mais pour les Européens le choc est brutal. Surtout pour les Allemands qui ont organisé tout leur modèle économique autour de l'illusion chimérique d'une exportation sans fin. C'est que l'Allemagne depuis l'arrivée de l'euro a pris le contrôle du continent grâce à l'élimination des concurrents français et italiens. Ne pouvant plus dévaluer les deux autres ont coulé même si la France a maintenu un semblant de croissance pendant 20 ans en laissant filer les déficits commerciaux. Le but de l'Allemagne n’a pas été de faire de l'UE un marché pour ses produits, mais plutôt un système à exploiter pour exporter en dehors de l'UE. Les Allemands avaient une stratégie simple. Pour eux l'Europe c'était un marché condamné à cause de la démographie déclinante. Il fallait se tourner vers le grand large. Elle a utilisé l'euro comme un boulier à son commerce extérieur, car cette monnaie était sous-évaluée par rapport aux excédents allemands. En temps normal le deutsche mark se serait effectivement apprécié avec les excédents du commerce allemands. Annulant de facto les fameux excédents.

 

Mais grâce à l'euro cela ne s'est pas produit, du moins pas au niveau auquel aurait pu aller l'ancienne monnaie allemande. Les déficits commerciaux des autres membres de la zone euro ont en quelque sorte protégé l'Allemagne d'une réévaluation monétaire permettant au pays d'engranger toujours plus d'excédents commerciaux. Dans le même temps, l'obsession allemande pour les excédents a poussé tous les autres membres à faire des concours d'austérité économique, particulièrement après la crise de 2008. On se souvient tous du traitement immonde de l'économie grecque, qui aurait très bien pu récupérer rapidement en sortant simplement de l'euro et en dévaluant. Mais les Allemands ont eu une vision économique totalement pensée sur le court terme en réalité et c'est tout le problème. Il s'agit là probablement d'un des effets de la société machine dont parle Emmanuel Todd. Une société capable de réaliser un plan collectif de façon très efficace, mais qui ne se pose pas trop la question de savoir si le plan en question est vraiment une bonne idée, car on obéit au chef sans trop poser de question. De fait, il y avait deux énormes problèmes dans le plan allemand.

 

Le premier était d'imaginer que les excédents ne poseraient pas de problèmes aux autres. À croire que les Allemands ont pensé qu'il pourrait faire croître les déficits commerciaux d'autres pays comme ils l'ont fait pour la France. Et bien les EU ne sont pas la France, et il semble qu'ils aient atteint leur limite. Un système commercial mondial ne peut fonctionner durablement qu'avec des comptes extérieurs à peu près à l'équilibre sur une certaine période. Les pays mercantilistes qui accumulent des excédents à l'image de l'Allemagne ou de la Chine de plus en plus déstabilisent l'économie mondiale et poussent certains pays dans de grandes difficultés. Il est donc normal que des pays réagissent, ce qui est anormal est la passivité de certains à l'image de notre pauvre pays. Le protectionnisme américain frappe l'UE, car nous sommes malheureusement solidaires de l'Allemagne par monnaie interposée, mais en réalité c'est bien cette dernière qui est visée par Trump.

 

 

La seconde erreur allemande, plus globalement la plus grosse erreur des politiques de l'offre, est d'imaginer que l'occident et l'Europe allaient continuer à dominer le commerce international. Comme le disait très justement Jean-Luc Gréau, il y a derrière le libre-échange un parfum de racisme à peine camouflé. Avec l'idée que les blancs contrôleraient les technologies à forte valeur ajoutée pendant que les jaunes produiraient les biens bas de gamme. On savait pourtant d'expérience avec le Japon puis la Corée du Sud que c'était complètement idiot comme raisonnement, en plus d'être raciste, mais c'est pourtant très clairement ce qu'une grande partie des élites occidentales ont pensé en faisant la globalisation. Hélas maintenant ce n'est plus le Japon et ses 127 millions d'habitants qui sont en face de nous, et qui étaient gérables, mais c'est la Chine avec une masse humaine de 1,4 milliard d'habitants. Autant dire que la Chine va nous écraser pas seulement sur la quantité, mais aussi sur la qualité, car elle a bien plus d'ingénieurs et de scientifiques que nous. Elle vient d'ailleurs de devenir exportatrice nette de machines-outils, un secteur qui était pourtant le point fort de l'Allemagne. On voit très bien que le déclin allemand correspond à la montée en gamme de la Chine et cela ne fait que commencer. Il n'y aura bientôt plus aucun domaine où l'Allemagne pourra faire valoir des compétences supérieures, il faut l'accepter et s'y adapter au lieu de s'enfermer dans des mirages.

 

 

En analysant ces deux points, on voit bien que la politique de l'offre et l'obsession pour les exportations sont une impasse pour l'Europe. D'un côté les pays déficitaires commencent à se protéger même si dans le cas des EU il n'est pas certain que cela réindustrialise réellement le pays. Mais de l'autre les géants du sud arrivent et seront à l'avenir non seulement moins chers, mais aussi beaucoup plus innovants et dynamiques pour des raisons démographiques évidentes. À partir de là il faut bien admettre que l'idée de vivre en rentier du commerce international était une idée à la con si je puis dire. Alors je ne vais pas charger inutilement les Allemands, cette idéologie était partagée par tous les imbéciles qui nous dirigent depuis 50 ans que ce soit en France ou ailleurs en Europe. Les Allemands ont juste mieux mis en pratique ce délire que les autres. Le problème c'est qu'il faut aujourd'hui en sortir et le plus rapidement possible. Si nous pensons continuer à exporter et à faire concurrence aux Chinois, on va aller vers de très grandes déconvenues. Je pense que le protectionnisme américain a du bon dans le sens où il va pousser les Européens à repenser l'économie. Le but d'une économie n'est pas d'exporter, mais avant tout de répondre aux besoins d'une population. Exporter vers les USA en réduisant les salaires et les niveaux de vie en Europe pour accumuler des dollars n'avait en réalité aucun sens et faisait de nous les esclaves pratiques de l'Oncle Sam.

 

 

Source : (https://www.communcommune.com/2025/03/l-impasse-des-politiques-de-l-offre.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail)

 

 

L'impasse des politiques de l'offre
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8 mars 2025 6 08 /03 /mars /2025 06:01

Vu tout récemment From Ground Zero (allusion tristement ironique au Ground Zero de New York), ce puissant film à sketches réalisé par 22 cinéastes palestiniens. Pour que son histoire ne fût pas oubliée, ce film était dramatiquement nécessaire à ce peuple que beaucoup voudraient voir évanoui du monde tel qu'on le voit et tel qu'on en a conscience.

 

La forme de ce film est intéressante car il est constitué de 22 courts métrages dont 13 documentaires, quelques films de fiction, des films d'animation et des films expérimentaux sur Gaza et son peuple à l'occasion de la guerre entre Israël et le Hamas en 2023-2024.

 

Coordonné par Rashid Masharawi, il a été produit par la Palestine, la France, le Qatar, la Jordanie et les Émirats arabes unis. Pour Masharawi, le drame qui se déroulait dans le pays était si effroyable qu'il fallait donner le point de vue, la vision de professionnels, mais aussi d'hommes et de femmes résidant sur place, en n'hésitant pas à montrer que les mutilations, les morts étaient le quotidien d'un peuple martyr, pour qui le mot "demain" ou l'expression "dans une heure" n'avaient pas cours. Pour ce qui ne concerne que Mashid Masharawi, il a perdu 30 membres de sa famille durant cette guerre.

 

A Gaza, la mort peut frapper à tout instant, de préférence la nuit, partout, y compris, on se demande bien dans quel but stratégique, des écoles et des hôpitaux. Pour rendre compte du réel, pardonnez-moi, éclaté, du peuple palestinien, il fallait donner libre cours à une extraordinaire diversité de points de vue, de situations, sans jamais perdre le fil de l'horreur, même banale, du quotidien, les morts, les blessés, les privations. On voit par exemple un homme qui a échappé à trois bombardements en 24 heures, des enfants devenus adultes en quelques jours, un petit groupe musical avec des chanteurs qui parviennent à s'exprimer en souriant, ou encore une réalisatrice qui interrompt son propre film car elle n'en peut plu de filmer, épuisée par son tournage.

 

Alors, me direz-vous, quid des Israéliens victimes de la guerre ?

 

Pas question de les oublier, d'autant que nos médias dominants nous donnent les noms, les prénoms, les âges, les jeux préférés de trois enfants morts en captivité ou relâchés tandis que des milliers d'enfants palestiniens, vivants ou morts, resteront à jamais des ombres muettes parfaitement anonymes. Pas plus qu'aux morts des charniers, il n'est possible de rendre hommage, ou simplement de singulariser, d'innombrables Palestiniens broyés, éliminés par l'occupation. Ils n'ont jamais existé et n'existeront jamais. A titre personnel, une scène très brève m'a énormément frappé : une ado marche sur un énorme tas de gravas et dit simplement : ma sœur est là-dessous, mais je ne sais pas où.

From Ground Zero : la Palestine au coeur
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6 mars 2025 4 06 /03 /mars /2025 06:01

Entretien avec Maxime Vivas au sujet de la suspension du financement de l’USAID par la nouvelle équipe présidentielle des Etats-Unis. Maxime revient sur le rôle joué par cette organisation (et d’autres) dans la mécanique médiatique occidentale contre les autres pays. A voir et à partager.

https://www.youtube.com/watch?v=nBnFhTFABBE

Maxime Vivas sur les médias
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28 février 2025 5 28 /02 /février /2025 06:01

Pas facile d'avoir d'aussi prestigieux ascendants, surtout quand on se souvient qu’en 1983, Robert Kennedy Jr. fut condamné à deux ans de prison avec sursis pour détention d'héroïne. Il a révélé par la suite avoir été dépendant de cette drogue pendant 14 ans. Par ailleurs, son dilettantisme effréné l'aurait empêché, selon certains, de rédiger son mémoire de recherche à l'Université Harvard.

 

Pas facile, surtout quand on a soutenu le Parti démocrate puis le Parti républicain et qu'on a été nommé ministre de la Santé par Donald Trump. Les deux hommes viennent de licencier 5200 travailleurs du ministère de la Santé, ce qui va contribuer à ravager le service de surveillance des épidémies.

 

Kennedy junior est depuis longtemps un militant anti-vaccination. Il soutient l'idée qu’il existe un lien entre la vaccination et l'autisme. Il a produit le film Vaxxed II: The People's Truth. En 2021, les comptes Instagram et Facebook de Children's Health Defense, un organisme que préside Robert Kennedy junior, ont été supprimés par Meta pour violation répétée de leur politique sur le COVID.

 

Le 23 janvier 2022 lors d'une manifestation à Washington il compare les mesures de vaccination aux États-Unis à celles prises contre les juifs par le régime nazi. Le 19 avril de cette même année et il présente sa candidature à l'investiture des primaires du Parti démocrate pour l'élection présidentielle de 2024. En octobre il annonce qu'il renonce à cette candidature pour se présenter comme candidat indépendant. Il bénéficie alors selon les sondages du soutien de 15% de l’électorat potentiel. Mais après le désistement de Joe Biden en faveur de la vice-présidente Kamala Harris, Robert Kennedy junior descend à 4% des intentions de vote dans un sondage du 26 juillet 2024. Le 23 août 2024 il annonce qu'il suspend sa campagne pour se ranger derrière le candidat républicain Donald Trump.

 

Le 8 mai 2024 Le New York Times révèle une déposition de Robert Kennedy junior datant de 2012 dans le cadre d'une procédure de divorce. Ce document indique que des médecins On diagnostiquait qu'un « ver était rentré dans son cerveau, on avait rongé une partie et était mort. » Robert Kennedy junior a aussi subi une intoxication au mercure ce qui a certainement entraîné des problèmes neurologiques. On a noté également chez lui une perte de mémoire à long terme et à court terme.

 

Pour revenir aux licenciements massifs du ministère de la Santé, sur les 5200 employés remerciés,1300 sont employés par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, les Instituts nationaux de la santé venant en deuxième position pour le nombre de suppressions d'emplois. Le service de surveillance sur les épidémies qui traque les agents pathogènes dans le monde entier afin de prévenir les nouvelles épidémies et pandémies et voué à être presque totalement éliminé. Kennedy, adversaire acharné des vaccins et de la santé publique en général tiens une promesse de campagne puisqu'il voulait « donner un répit aux maladies infectieuses pendant environ 8 ans ». L'apparition de la rougeole dans une petite ville du Texas a eu des conséquences graves car près de 14% des élèves de la maternelle à la terminale bénéficiaient d'une exemption de vaccination au cours de l'année scolaire 2023-2024. Cette exemption concernait également les oreillons et la rubéole. Depuis le 23 janvier 2025, date à laquelle les 2 premiers cas de rougeole ont été identifiés 22 autres cas ont été signalés dans cette petite ville. 14 enfants ont été hospitalisés, dont beaucoup ont passé du temps en soins intensifs. Le Texas et d'autres États permettent aux parents d'obtenir des exemptions tout en empêchant les employeurs d'imposer les vaccins à leurs employés. Les écoles où l'on peut obtenir des informations de base sur les questions de santé publique seront contraintes de supprimer les références au vaccin dans leurs programmes. Le fait que les pages web des centres pour le contrôle et la prévention des maladies était suspendu est un fait de censure pure et simple. Dans un article du New England Journal of Medicine, trois rédacteurs ont expliqué les conséquences de cette censure :

 

« Une préoccupation cruciale concernant la pause imposée par l'administration Trump n'est pas seulement son effet sur le Morbidity and Mortality Weekly Report, mais aussi l'effet potentiel sur d'autres communications de santé publique, y compris les messages du réseau d'alerte sanitaire sur les menaces émergentes, les nouveaux conseils aux voyageurs et les communications avec les départements de santé des États et locaux et d'autres agences de santé. En conséquence, les informations sanitaires essentielles et opportunes nécessaires pour prévenir les maladies et sauver des vies ont été perturbées, ce qui a entraîné des perturbations dans l'examen des subventions de recherche et des retards potentiels dans l'approbation des médicaments. Les menaces qui pèsent sur la santé publique sont omniprésentes et permanentes et constituent des risques pour notre économie et notre sécurité nationale. Les informations récentes sur le virus de la grippe H5N1 chez les poulets et maintenant chez les vaches, avec une propagation limitée à l'homme, sonnent l'alarme. L'une des plus grandes épidémies de tuberculose de l'histoire des États-Unis est en cours au Kansas, et la réapparition du virus Ebola en Ouganda pourrait conduire à son importation aux États-Unis. Les menaces actuelles et potentielles qui pèsent sur la santé de la population américaine soulignent que nous ne pouvons pas nous permettre de cesser de recevoir des mises à jour fondées sur des données de la part de la principale agence de santé publique de notre pays. »

 

En effet, les États-Unis sont confrontés à l'une des saisons grippales les plus graves de ces dernières décennies, avec plus de 24 millions de cas depuis octobre et un nombre d'hospitalisations d’environ 650 000. La communauté médicale ne sait pas pourquoi la saison actuelle est si grave. Certains pensent qu'il s'agit d'une indication de la déficience immunitaire qui, selon des études, peut survenir après une infection par le COVID-19.

 

Parallèlement, les cas de coqueluche sont en augmentation de plus de 20%. En 2024, les CDC ont confirmé au moins une douzaine de décès, ce qui représente l'un des taux les plus élevés depuis la recrudescence de la maladie en 2017. La coqueluche est l'un des « microbes » qui avaient été supprimés par les mesures de santé publique limitées adoptées en 2020-21 contre le COVID-19.

 

La possibilité de diverses pandémies n'a jamais été aussi grave depuis que Robert Kennedy Jr. A pris ses fonctions de ministre de la Santé. L'aggravation des épidémies actuelles survient à un moment de durcissement de la vie politique aux États-Unis. C’est désormais chacun pour soi dans un pays où les dérives totalitaires sont de plus en plus flagrantes.

Robert Kennedy Jr., un ministre de la Santé aux antipodes de son père et de son oncle
PS : Ah, les repas en amoureux ! Les retrouvailles surtout puisque cela fait 18 ans que Madame ne vit plus sous le même toit que Monsieur.

PS : Ah, les repas en amoureux ! Les retrouvailles surtout puisque cela fait 18 ans que Madame ne vit plus sous le même toit que Monsieur.

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16 février 2025 7 16 /02 /février /2025 06:01
L'Université de Cardiff a annoncé son intention de fermer plusieurs programmes pour équilibrer son budget. Le département des langues est – sans surprise ! – concerné, mais des programmes aussi "utilitaires" que la formation à l'infirmerie sont cette fois visés.
 
Les universités britanniques fonctionnent de plus en plus comme des entreprises à profit (certains présidents d'universités se font appeler 'CEO', chief executive officer, PDG), ce qui met en danger les disciplines considérées peu rentables comme les langues. Presque tous les établissements devenues universités "post 92" et dans les années 60 ont fermé leurs programmes de langues. Les langues n'étant plus disponibles que dans les universités élitistes (Oxbridge et “ red bricks ’ – universités en briques rouges, construites durant le XIXè siècle), de grandes sections de la population n'ont plus la possibilité de les étudier, malgré parfois leur multilinguisme.
 
Une pétition a été ouverte pour soutenir les enseignants de Cardiff. Un soutien externe massif permet parfois de sauver des disciplines et des postes, et ces marques de solidarité sont un encouragement pour les universitaires qui risquent de perdre un emploi qui les passionne. Contrairement aux Français, les professeurs d'université statutaires ne sont pas fonctionnaires.
 
Merci de penser à soutenir les collègues de Cardiff en signant cette pétition : 
 
 
Un peu de gallois, sans études ! 
 
Pas de langue vivante étrangère pour les Gallois !

Damned, I am unmasked !

Pas de langue vivante étrangère pour les Gallois !
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12 février 2025 3 12 /02 /février /2025 06:01

Le 25 mars 1911, un incendie se déclara au 8e étage de l'usine textile triangle Shirtwaist situé à New York.

 

L'incendie a causé la mort de 146 travailleuses de l'usine de confection et provoqué 71 blessées. Le nombre de morts, essentiellement des femmes venues d'Europe centrale et du sud de l'Italie, fut dû au fait que les propriétaires faisait verrouiller toutes les portes de sortie pour éviter les vols et les poses dites “ sauvages ”. Les victimes moururent par asphyxie, par défenestration, ou furent brûlées vives.

 

Ces ouvrières restèrent coincées dans les étages moururent étouffés par la fumée ou brulées vives. Certaines voulurent se sauver en sautant par la fenêtre et s'écrasèrent sur les trottoirs. Il y avait parmi elles de nombreux adolescents âgés d'à peine 14 ans.

 

Les propriétaires d'usine Blanck et Harris furent traduits en justice mais déclarés non coupables. Pourquoi les patrons recrutaient-ils des ouvriers aussi jeunes ? Simplement parce qu'un tiers d'entre eux mouraient exténués avant 25 ans. Ceux qui survivaient devaient très tôt travailler à l'usine. Le syndicat plus ou moins “ maison ”, l'AFL, Fédération américaine du travail, n'affiliait que des ouvriers qualifiés : des anglophones installés depuis longtemps aux États-Unis. Il refusait tous les immigrés et les femmes. Les ouvrières

 

Les ouvrières étaient fouillées à l'issue de leur journée de travail par les contremaîtres. Pour améliorer les contrôles, l'un des accès de la fabrique qui se situait aux trois derniers étages (les 8e9e et 10e), avait été fermé.

 

Cette catastrophe suscita le développement de la plus grande œuvre législative à caractère social de l'histoire new-yorkaise et étasunienne en général, s'agissant notamment de l'amélioration des normes de sécurité dans les usines. C'est ainsi que furent construits des escaliers de secours dans la maçonnerie et que furent installés des gicleurs.

États-Unis : quand les patrons tuaient des enfants ouvriers
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10 février 2025 1 10 /02 /février /2025 06:01

Dans Le Grand Soir, Chris Hedges brosse un portrait désespérant de Gaza : « Gaza est un terrain vague de 50 millions de tonnes de décombres et de gravats. Les rats et les chiens fouillent les ruines et les mares fétides d'eaux usées non traitées. La puanteur nauséabonde et la contamination des cadavres en décomposition émanent des montagnes de béton brisé. Il n'y a pas d'eau potable. Peu de nourriture. Les services de santé font cruellement défaut et il n'y a pratiquement plus d'abris viables. Les Palestiniens risquent d'être tués par des munitions non explosées, laissées sur place après plus de 15 mois de frappes aériennes, de tirs d'artillerie, de missiles et d'explosions d'obus de chars, ainsi que par diverses substances toxiques, dont des mares d'eaux usées sauvages et de l'amiante.

Le génocide à Gaza laisse présager l’émergence d’un monde dystopique où la violence industrialisée du Nord global est utilisée pour soutenir l’accaparement de ressources et de richesses en déclin. »

 

 

Le World Socialist Website dénonce le projet de Trump pour annexer Gaza et le retour du colonialisme : « Vendredi dernier, le président américain Donald Trump a présenté un plan de nettoyage ethnique, de dépeuplement et d'annexion de la bande de Gaza par l'impérialisme américain. 

 

Selon le plan de Trump, la population restante de Gaza serait arrachée à ses terres ancestrales et dispersée dans des camps dans le désert ou dans des pays et des îles éloignés, pour y vivre dans la misère et y mourir. Les dizaines de milliers de cadavres non enterrés dans les décombres, dont la plupart sont des femmes, des enfants et des personnes âgées, seraient enterrés sous les débris de leurs maisons. Les projets Trump constituent une violation claire et directe du droit international et de ses interdictions de guerre agressive, d'annexion territoriale, de génocide et de meurtre de masse. Il s'agit du type de crimes pour lesquels les nazis ont été poursuivis après la Seconde Guerre mondiale »  

 

 

Initiative Communiste dénonce les attaques contre les travailleurs et leurs salaires : « C’est une salve. Le 20 janvier Mme Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités sociales, veut que les salariés travaillent 7 heures de plus gratuitement pour financer le prétendu déficit de la sécurité sociale. Mme Vautrin ne sait évidemment pas que déjà le salarié travaille gratuitement une partie de son temps. Le 22 janvier devait une commission sénatoriale qui se penche sur les difficultés de la filière automobile française, M. Florent Ménégaux, PDG de Michelin, dans une argumentation où la mauvaise foi le dispute à l’ignorance crasse, s’en prend aux cotisations sociales qui rendent selon lui insupportable le « coût » du travail. Florent Ménégaux ne sait pas que ce qui ne va pas dans la poche du travailleur – son salaire net – finance le modèle de protection sociale le plus efficace qui soit.

À chaque fois qu’il faut remettre en cause des conquêtes sociales, le patronat, la droite et les sociaux-démocrates reprennent l’antienne du coût salarial trop élevé qui freinerait la compétitivité de la France et nous plongerait donc dans les malheurs économiques et sociaux. »

 

 

Le Monde : « Les fabricants d’IA ont pillé tous nos contenus » : comment les créateurs essaient de faire valoir leurs droits.

 

Recevant des représentants des industries culturels, des conseillers de l’Elysée avaient semblé écarter le projet de « charte » pour le respect de la culture que les ayants droit espéraient faire porter par l’organisation du sommet. L’un d’entre eux avait même dit une « énorme bêtise » en sous-entendant que le droit d’auteur était un « sujet particulièrement français », mais « pas forcément mondial ». Il n’en fallait pas plus pour raviver les craintes des acteurs de la création de voir la défense de la culture éclipsée du sommet international. »

 

 

Revue de Presse 546
 
PS : L'Institut d'Études Européennes (Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis) vient de publier un bel hommage à Bernard Maris qui professa en ces lieux avant d'être assassiné par les islamistes de la tuerie de Charlie Hebdo.
En tant qu'ancien “ Vincennois ”, il m'a été proposé de m'associer à cet hommage par une courte contribution : " Le combat pour une autre économie ”.
On peut consulter cet ouvrage en ligne à l'adresse https://octaviana.fr/
Revue de Presse 546
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5 février 2025 3 05 /02 /février /2025 06:01

Hé oui, 300 mois que je lis pour vous (et surtout pour moi) le « Diplo », comme on dit dans les allées du pouvoir et de l’opposition. C’est à chaque fois un plaisir renouvelé. Chaque livraison m’apporte deux ou trois choses importantes auxquelles je n’avais pas pensé. Cette fois-ci un dossier qui explique que l’un des moteurs du capitalisme libéral est que l’exception est devenue la règle : on ne s’émeut plus du fait que les libertés reculent, ainsi que les droits de la défense, on accepte comme un fait accompli que les start-ups disposent de privilèges exorbitants, et on finit, à regret peut-être, par résister plutôt que désobéir.

 

Dans son éditorial, Benoît Bréville que le monde de la “ technologie ” s’est promptement rallié à Donald Trump : « Avec leur capitalisation boursière à faire pâlir un produit intérieur brut, leur mainmise sur la diffusion de l’information et leur omniprésence dans les interactions sociales, les géants américains du numérique avaient fini par paraître plus puissants que les États. Battre monnaie (virtuelle) ou conquérir l’espace, leur appétit régalien semblait sans limites.

 

La soumission spectaculaire des dirigeants de la tech à M. Donald Trump révèle cependant des rois nus, dépendants du pouvoir politique. M. Jeff Bezos, le patron d’Amazon, reçoit des dizaines de milliards de dollars grâce à ses multiples contrats avec l’État fédéral. M. Mark Zuckerberg, le fondateur de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), compte sur la Maison Blanche pour échapper aux amendes colossales que pourraient lui valoir, en Europe et aux États-Unis, ses violations des règles antitrust. Tous deux redoutent la colère de M. Trump. En juin 2018, lors de son premier mandat, un simple tweet du milliardaire ciblant Harley-Davidson avait fait dévisser de 10 % l’action du fabricant de motos. MM. Zuckerberg, Bezos ou encore Sam Altman, fondateur d’Open AI, qui commercialise ChatGPT, multiplient donc les marques d’allégeance. Naguère apôtre de la diversité et de l’inclusion, le premier célèbre désormais l’“ énergie masculine ” et s'insurge contre la « censure des propos conservateurs » sur les réseaux sociaux. Au XIème siècle, les princes s'agenouillaient devant le pape pour qu'il lève leur excommunication. Mille ans plus tard, les barons du numérique baisent l'anneau du président. »

 

Raúl Guillén et Vincent Peyret se demandent si nos batteries ne vont pas exploser : «  La faillite du suédois Northvolt douche les espoirs d’une filière européenne des batteries. Elle interroge aussi la priorité accordée aux véhicules particuliers, alors que l’électrification ne présente des bénéfices environnementaux que pour les transports en commun, alimentés en continu par le réseau. Car le recours croissant aux accumulateurs rechargeables présente des écueils trop souvent négligés. »

 

Maëlle Mariette montre un monde étudiant désarçonné, ne sachant plus s’il faut se résigner ou lutter : « Dans un pays où un étudiant sur cinq ne mange pas à sa faim, pourquoi la contestation estudiantine semble-t-elle aussi atone ? Pour celles et ceux qui s’engagent malgré tout, les réponses sont multiples. La précarité empêche la mobilisation, la défiance à l’égard de la politique pénalise les syndicats, et les grands thèmes fédérateurs sont rares. État des lieux d’une jeunesse ballottée d’une réforme à l’autre. »

 

Clara Serra demande de quoi le consentement est-il le non ? : « Après le procès des viols subis par Mme Gisèle Pélicot, des voix s’élèvent pour réclamer l’introduction dans la loi de la notion de consentement. Lorsqu’elle se résume à la formule « seul un oui est un oui », cette solution semblant aller de soi entraîne des conséquences politiques inquiétantes exposées par la philosophe Clara Serra dans un livre qui vient de paraître.

 

Peter Geoghegan estime que les travaillistes britannique sont « sous influence » : La presse britannique le laissait récemment entendre : en vue des prochaines élections locales, M. Elon Musk pourrait donner 100 millions de dollars à la droite radicale menée par M. Nigel Farage. Mais, pour revenir au pouvoir en juillet dernier, le Parti travailliste a lui aussi profité de la générosité du monde des affaires… qui désormais attend un retour sur investissement. »

 

En revanche, les Verts sont devenus, selon Fabian Scheidler, un moteur du militarisme allemand : « Récession économique, montée de l’extrême droite, politique étrangère erratique : l’Allemagne aborde les élections législatives anticipées du 23 février en situation de crise. Donnés favoris, les conservateurs devront composer avec les sociaux-démocrates, et peut-être aussi avec les Verts. Ce parti, naguère pacifiste, apparaît désormais comme le fer de lance du nouveau bellicisme allemand. »

 

Pour Alexeï Sakhnine et Lisa Smirnova, la chasse aux migrants en Russie est commencée : « Il y a dix ans, la Russie comptait de très nombreux migrants. Désormais, les ressortissants des pays limitrophes cherchent de nouvelles destinations. L’emballement nationaliste, provoqué par la guerre et par l’attentat islamiste du Crocus City Hall en mars 2024, s’est traduit par une traque aux travailleurs illégaux. Au point de pénaliser l’économie de guerre en la privant de main-d’œuvre. »

 

Renaud Lambert dénonce, en Corée du Sud, un coup d’État révélateur : « On crut d’abord à l’un des fiascos les plus retentissants dans l’histoire mondiale des coups d’État. Il fallut en effet moins de six heures pour qu’échoue celui tenté par le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, le 3 décembre 2024. Mais, au fil des jours, le scénario d’une opération digne des Pieds nickelés céda la place à une autre interprétation des faits, autrement préoccupante. »

 

Dominique Connan décrit la nouvelle passion des élites kényanes : le golf : « Arpenter le green, club à la main, en évitant que son swing n’envoie la balle dans le bunker tout en ayant des considérations d’élévation sociale en tête. Comme c’est le cas partout dans le monde, pratiquer le golf au Kenya est une question de standing et de réseautage. Les classes moyennes et supérieures, le plus souvent masculines, y copient l’entre-soi des colons anglais. Et la politique n’est jamais loin. »

 

Un fort dossier sur l’exception comme règle : « À peine installé à la Maison Blanche, le président Donald Trump a décrété l’état d’urgence à la frontière mexicaine afin de bloquer les flux migratoires. Dans les démocraties libérales, le recours à des dispositifs dérogatoires au nom de circonstances extraordinaires se banalise. Attentats, émeutes urbaines, pandémies ou grands événements sportifs justifieraient la restriction des libertés publiques : l’extension des contrôles de police, la généralisation de la surveillance, l’érosion des contrôles judiciaires ainsi que des droits de la défense. Présentées comme temporaires, ces mesures se pérennisent et l’exception devient la règle. Des principes tels que l’égalité devant la loi sont désormais rognés au nom de l’innovation technologique. Le débat sur la désobéissance civile s’en trouve renouvelé, alors que les démocraties traversent une nouvelle phase autoritaire de leur histoire. »

 

Anne-Cécile Robert observe le recul des libertés : « Nous en avons assez des lettres de cachet. Nous en avons assez d’être mis en prison pour des raisons secrètes. Nous en avons assez du scandale quotidien qui nous est révélé chaque jour au réveil, et qui, le soir venu, tombera dans l’oubli. Nous en avons assez des ministres falots qui prétendent nous diriger, alors qu’ils ne savent pas se conduire bien eux-mêmes ! » L’apostrophe de Beaumarchais – dans le film d’Édouard Molinaro (1996) – à un tribunal aux ordres de la monarchie rappelle que 1789 est aussi une révolution juridique. Contre l’arbitraire et pour la justice. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 affirme l’égalité devant la loi et confie aux élus de la nation la mission de définir, en public et après débat, les crimes et délits. Elle énonce les garanties accordées aux citoyens, telles la séparation des pouvoirs ou la présomption d’innocence, la soumission du pouvoir exécutif et de la police à l’intérêt général, ou encore celle des peines de prison à leur stricte nécessité. »

 

Tandis que Vincent Brengarth et Antoine Ory observent l’érosion à bas bruit des droits de la défense : « Le 6 janvier, le garde des sceaux Gérald Darmanin reprochait à certains avocats de « travailler non pas à l’innocence de leurs clients mais [à] emboliser la procédure judiciaire ». En réalité, depuis quelques années, ce sont plutôt les réformes de cette procédure qui tendent à compliquer la défense des personnes mises en cause par la police ou la justice. »

 

Et que Félix Tréguier ne s’étonne plus des privilèges des start-ups : « Conçus pour assouplir le cadre légal en vue de favoriser l’innovation, les « bacs à sable réglementaires » offrent aux entreprises de technologie des conditions dérogatoires au droit commun, notamment en termes de protection de la vie privée. Ils relèvent d’une logique de dérégulation qui reconfigure l’État au bénéfice des acteurs de marché et au détriment des libertés publiques. »

 

Vincent Sizaire explique que, pour beaucoup, il vaut mieux résister que désobéir : « Comment faire face à l’autoritarisme ambiant ? Aux menaces sur les libertés individuelles ? Faut-il, telle Antigone face à Créon, désobéir – au nom de sa seule conscience – aux lois de la cité jugées injustes voire scélérates ? Une autre voie mérite d’être explorée, qui consiste non pas à enfreindre la légalité mais à se battre pour sa pleine application. »

 

Pour Victor de la Fuente et Libio Pérez, les fruits de l’“ estallido social ” sont amers : « Depuis la révolte populaire de 2019, qui a fait trembler le pouvoir de droite de l’époque, le pays a connu plusieurs consultations en vue de remplacer sa Constitution héritée de la dictature — sans aboutir —, et la gauche a gouverné. Cinq ans après l’événement historique, qu’en reste-t-il ? Tentative de bilan alors que les élections générales se profilent. »

 

Peter Harling (“ Dans le miroir des guerres d’Israël ”) revient sur une trève qui ne résout pas tous les problèmes : « Tel-Aviv et le Hamas ont conclu un accord de trêve jusqu’à fin février. L’arrêt définitif des hostilités, le retrait de l’armée israélienne de Gaza ainsi que la libération des otages et des prisonniers feront l’objet de nouvelles négociations. Si les perspectives de paix demeurent fragiles, des enseignements doivent d’ores et déjà être tirés du conflit qui a ravagé l’enclave palestinienne. »

 

Bernard Pudal voit en Jean-Marie Le Pen un mémorialiste de lui-même : « Jean-Marie Le Pen est décédé le 7 janvier 2025. Son destin s’inscrit dans l’histoire de l’extrême droite depuis la fin de la seconde guerre mondiale, de sa disqualification à sa progressive relégitimation. Au point que le parti qu’il a contribué à fonder en 1972, le Front national (FN), devenu Rassemblement national (RN), frappe aux portes du pouvoir. En analysant ses « Mémoires », on peut restituer le rôle qu’il a joué. »

 

Pour Rémi Cayrol, la France n’en a pas fini avec Mayotte (“Mayotte ou les embarras de Paris ») : « Acquise par la France en 1841, Mayotte en est aujourd’hui le territoire le plus pauvre. Son sous-­développement et l’état calamiteux de ses infrastructures découlent des atermoiements politiques d’un pays dont les dirigeants successifs n’ont jamais considéré l’île comme une priorité. Le gouvernement de M. François Bayrou fera-t-il exception ? »

 

Un article original de Christophe Apprill (“ Un pas de deux avec le politique ”) : « Ce qui va s’appeler l’art chorégraphique naît au xviie siècle. Le pouvoir entend l’opposer à la tradition populaire ; il va instaurer de ce fait une partition et une hiérarchisation durables. Dans les années 1980, c’est la danse contemporaine qui est instituée comme norme de distinction, tandis que l’art est censé pallier les maux du capitalisme. »

 

Enfin, Serge Halimi et Pierre Rimbert dénoncent “ Un journalisme de guerre froide ” : « Dans l’ombre, ils influencent les esprits, infiltrent les services secrets, inspirent les décideurs européens. Ils manipulent les réseaux sociaux, propagent le mensonge, propulsent des inconnus à la magistrature suprême. Ils sèment la discorde, empoisonnent des innocents, sabotent des installations. Et ils sont partout : à la tête des médias, dans les corridors de Buckingham Palace, dans le bureau Ovale de la Maison Blanche. Qui sait, dans ces colonnes aussi ? Les Illuminati ? Non, plus fort encore : les espions russes ! Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, des centaines d’articles, des documentaires, des émissions de radio et de télévision, et déjà près d’une dizaine d’ouvrages, alertent en France sur la puissance des agents de renseignement du Kremlin, si infaillibles qu’ils furent incapables de prévoir la déroute de l’Armée rouge en Afghanistan, la fin de l’Union soviétique, la résistance ukrainienne à l’invasion russe. »

 

En illustration : “ The Dream ” (Le rêve) de Peter Martensen (2008).

Le Monde Diplomatique (300)
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