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28 janvier 2025 2 28 /01 /janvier /2025 06:01

Je sais bien que ce n’est pas de la faute de commerçant qui ne fait que suivre un mouvement qui le dépasse, mais tout de même…

 

Première photo : qu’est-ce que le bikepacking ? Demandons à Wikipédia :

 

« Le bikepacking est une forme de cyclotourisme minimaliste qui se distingue du cyclotourisme traditionnel par la non-utilisation de porte-bagages, remplacés par des sacoches généralement fixées par des sangles au guidon, au cadre, ou encore à la tige de selle. Pratiqué aussi bien durant des parcours de quelques jours que pour de longues expéditions en autonomie, le bikepacking se base sur le principe de voyager de manière légère avec pour but de parcourir plus facilement ou plus rapidement l'itinéraire choisi. Le bikepacking peut se pratiquer à l'aide d'un vélo spécialisé comme un vélo de route ou un vélo tout terrain s'il a lieu exclusivement sur route ou en pleine nature, mais le plus souvent c'est un vélo hybride tel un gravel, un vélo de trekking ou un vélo tout chemin qui sera utilisé pour davantage de polyvalence. »

 

« Tel un gravel, un vélo de trekking ou un vélo tout chemin » ! Hip hip, je bois du petit lait. Gravel ne signifie rien d’autre que gravier. On imagine alors un vélo dont les pneus sont plus larges et plus crantés que ceux des vélos ordinaires (mais qu’est-ce qu’un vélo ordinaire, désormais ?). Le mot trekkink signifie tout simplement randonnée. Oui, mais là, on n’est plus dans le politiquement correct : ce mot nous vient des Afrikaans pour qui il signifiait migration. Le Grand Trek renvoie à une migration effectuée entre 1834 et 1852 par les Voortrekkers – à raison de 20 km par jour – qui fuyaient la domination britannique, leur colonie du Cap, pour se diriger en chariots à bœufs vers le Transvaal et le Natal. Les Voortrekkers ne sont pas entrés dans leurs nouveaux territoires comme dans du beurre. Ils firent face à des résistances farouches de la part des Zoulous, ces derniers n’hésitant pas, quand c’était possible, à massacrer ces Blancs envahisseurs par centaines. En retour, les Zoulous furent massacrés par milliers. Le sang coula dans les rivières. Moi qui ai beaucoup marché en montagne, j’ai toujours utilisé le terme randonnée ou, plus simplement, rando.

 

Seconde photo : des vélos pour transporter les chtits’ nenfants. Cargo est un mot d’origine latine en passant par l’espagnol qui signifie cargaison. Par extension, charge, au sens propre comme au sens figuré. Et c’est vrai que les chtits’ nenfants sont des charges ! Le sens de fardeau date du XIVème siècle. Pour l’anecdote, le sens d’excitation date de 1951.

 

Les mots long tail signifient longue queue. J’atteste qu’ils connotent de la même manière en anglais qu’en français. Et après on s’étonne que des pédophiles appuient sur des pédales ! Ils coûtent de 1 000 à 5 000 euros.

Un petit coup d’aliénation cycliste…
Un petit coup d’aliénation cycliste…
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13 août 2024 2 13 /08 /août /2024 05:01
LeBron James n'a pas de père, pas d'éducation universitaire, pas de formation et très peu de modèles à suivre, à l'exception de sa mère célibataire Gloria.
Ils ont donné à ce jeune Noir pauvre 420 000 $ par semaine, à l'âge de 18 ans, pour qu'il joue au basket-ball et devienne le visage de la NBA, qui pèse 75 milliards de dollars (NBA) !
Il a épousé Savannah, son amour de lycée, n'a jamais été arrêté, n'a jamais consommé de drogues et n'a jamais humilié sa femme publiquement avec des histoires de gonzesses. Pas de bébé à l'extérieur. Jamais divorcé.
Il n'a jamais fait parler de lui pour une simple contravention. Excellent père. Très impliqué dans les activités de ses trois enfants. Le plus grand joueur de tous les temps !
20 ans plus tard. Le même homme. Même maturité. Même fille. Même famille. Une réputation intacte. Un milliardaire qui gagne plus de 2 millions de dollars par semaine. Il a envoyé plus de 2 300 enfants à risque de sa ville natale à l'université, où ils ont été entièrement pris en charge.
 
Par Papou Ka Papou sur Facebook
LeBron James
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2 août 2024 5 02 /08 /août /2024 05:01

La Ligue des Droits de l'homme nous avait prévenu :

 

" Compte-tenu des menaces d’actes terroristes, de cyberattaques, etc., et des exigences du Comité international olympique (CIO), les mesures de sécurité et les moyens qui leur sont alloués ont fait l’objet d’une loi du 19 mai 2023, votée en procédure accélérée alors que les JO ont été attribués à la France en 2017. C’est la loi relative aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 (JOP 2024).

 

La loi est entrée en vigueur dès le 19 mai 2023, elle introduit plusieurs mesures qui nous semblent porter atteinte aux droits et libertés : l’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique ou « VSA », les scanners corporels, le criblage de milliers de salariés ou bénévoles et la création de nouveaux délits ciblant les manifestantes et manifestants.

 

Selon le ministère de l’Intérieur, la vidéosurveillance nécessaire pour assurer la sécurité des JOP exige la captation d’une quantité d’images telle que leur visionnage par des humains devient inopérante pour déceler des menaces.

 

Ces images seront donc analysées par des algorithmes conçus pour analyser et créer des alertes en cas de détection d« événements prédéterminés » et « comportements suspects » potentiellement générateurs de « risques » pour la sécurité.

 

Le système VSA ne fournira que des alertes ; ce sera aux agents d’envoyer d’autres personnes sur le terrain, ce qui renforce le rôle des agents de sécurité. L’installation de VSA, l’emploi des drones porteurs de caméras, sont autorisés par arrêtés préfectoraux.

 

La loi autorise l’expérimentation de la VSA sur les images captées par les caméras de surveillance installées sur les sites olympiques et leurs « abords », dans les lieux accueillant des manifestations sportives, récréatives ou culturelles, dans les transports publics, ou encore installées sur des drones.

 

La définition de ces « évènements prédéterminés » potentiellement générateurs de risques a été définie dans un décret publié le 30 août 2023. De ce fait, les législateurs n’ont pas examiné toute la portée de cette surveillance et la constitutionnalité de mesures restreignant les droits et libertés, mesures qui devraient, selon la loi Informatique et libertés, être appropriées, nécessaires et proportionnées. Ce décret a bien été soumis à l’avis de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), mais celle-ci n’a pas de pouvoir contraignant pour s’opposer aux atteintes à la protection de la vie privée.

 

Alors que la Russie n'a pas le droit d'exister en tant que telle aux JO (une décision prise par le CIO ou le boy de Rothschild ?), lé Premier ministre israélien Nétanyahou a été invité à assister aux Jeux pendant que son pays massacre le peuple gazaoui.

Selon une note des renseignements intérieurs citée par BFM-TV, les JO risque de « mettre en évidence divers actes commis dans le contexte de l'opposition sociale ».

Le pouvoir craint-il des manifestations, des grèves ? A  ce jour, le danger n'est pas apparu. Et puis il fait si chaud !

Il n'en reste pas moins que le banquier redoutait moins une menace terroriste que des mouvements sociaux. Ainsi le 25 juillet, à Nantes, le préfet a-t-il interdit des manifestations à proximité des Clubs 24 et les soirs de match à la Beaujoire, ces manifestation constituant une « menace inacceptable pour l'ordre public ». A Châteauroux, le préfet a interdit une manifestation qui devait se dérouler place de la République et qui avait pour objectif d'interpeller l'opinion sur les dérives liées à l'organisation des JO. La préfecture a demandé aux organisatrices de déplacer le lieu de la manifestation, ce qu'elles ont refusé. Pour le préfet, cette manifestation constituait « une grave menace pour l'ordre public », car les références au génocide de Gaza favorisaient une « orientation très politisée souvent reprise par des organisations d'ultra-gauche ».

 

Pour la capitale 45 000 policiers anti-émeute et militaires, 10 000 soldats et 22 000 gardes de sécurité privée ont été mobilisés. Des hélicoptères patrouillent dans le ciel, sans parler de centaines de drones : les officiels, et les « privés » qui sont interdits et représentent pour le pouvoir la menace majeure.
 

2 000 policiers étrangers, espagnols, allemands, qatariens, munis de leur gilet pare-balles et de leur fusil d’assaut, ont été invités à aider leurs collègues français, les Espagnols étant les plus nombreux : 320, la délégation la plus nombreuse jamais envoyée. Sans oublier dix chevaux, leur cavalier et dix chiens policiers spécialisés dans la recherche d’explosifs.

 

On ne parlera pas du Code QR qui interdit une grande partie de Paris aux Parisiens et aux autres. L'équipement de la police fonctionne mal, les codes ne pouvant pas être lus s'il y a trop de soleil.


 

Le président de l'Union des industries hôtelières (UMIH), Thierry Marx, a annoncé que les restaurants parisiens avaient perdu 30 à 60 pour cent de leurs revenus. Les livraisons par camion aux entreprises parisiennes subissent des retards massifs.

 

Ce climat créé par les pouvoirs publics explique peut-être que ces mêmes pouvoirs aient surréagi aux quatre incendies criminels, vraisemblablement coordonnés qui ont touché les systèmes de signalisation des TGV. Les autorités françaises ont arrêté le trafic sur la majeure partie du réseau TGV, annonçant que 800 000 personnes d'ici la fin du week-end seraient bloquées, dans l'impossibilité de se rendre sur les sites. Bombant le torse, Jean-Pierre Farandou, directeur général de la SNCF, a déclaré : « C’est la France qu’on attaque », tandis que la présidente de la région parisienne, Valérie Pécresse, a évoqué une « tentative de déstabilisation de la France ». Pour le parquet de Paris, il s’agissait d’une « attaque contre les intérêts fondamentaux de la nation ». Une attaque fomentée, selon Le Figaro (qui a trouvé cela tout seul), par l’ultra-gauche.

 

Les pouvoirs publics, Le Figaro ont la mémoire encore plus courte que celle des Français. Par exemple, ils ont oublié le fiasco policier et judiciaire de Tarnac en 2008, quand un groupuscule anarchiste avait été accusé d'avoir détruit les lignes ferroviaires du TGV. Les accusations se sont finalement effondrées, et on a fini par savoir que le coupable était un provocateur de la police britannique, Mark Kennedy, 42 ans, as du déguisement, policier britannique infiltré. Peut-être pas le summum du grotesqee, mais pas loin...

 

 

A partir de là, tous les délires sont possible. Le ministre israélien des Affaires étrangères Israel Katz a affirmé, sans fournir de preuves, que les tirs de signalisation du TGV étaient « planifiés et exécutés sous l'influence de l'axe du mal de l'Iran ». Le Guardian, quotidien habituellement sérieux, a pointé du doigt la Russie en écrivant : « Les services de sécurité à travers l'Europe sont depuis longtemps en état d'alerte face au sabotage russe après l'implication présumée de la Russie dans un incendie criminel dans l'est de Londres. » Il cite l'ancien ambassadeur de France en Russie, Jean Gliniasty, qui a déclaré : « Nous sommes évidemment dans une situation de conflit avec la Russie, et la Russie ne va évidemment rien faire, et c'est un euphémisme, pour aider ces Jeux olympiques à être un succès. »

 

La honte ne nous monte pas au front lorsque nous nous disons que les espoirs de Macron pour les Jeux olympiques (un pays apaisé et fier) seront déçus. En revanche, un pays où le flicage devient la norme sera le legs du boy de Rothschild.

 

Jeux Olympiques et répression policière
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1 août 2024 4 01 /08 /août /2024 05:01
 
 

Surfant paresseusement sur la vague Léon Marchand, je me permets de reproduire un article de 2019 à lui consacré.

 

Aux championnats de France de natation de Chartres, Léon Marchand, âgé de 19 ans vient de pulvériser son propre record de France du 400 4N, établissant la troisième performance mondiale de l'année.

 

“ Depuis le temps que je pose mon vieux séant sur les durs gradins des piscines de France et d’ailleurs, je ne dirai pas que je suis devenu un expert en natation mais, comme disent les Britanniques, un « amateur éclairé ». Notons que nos voisins d’outre-Manche ont forgé cette expression faussement modeste à partir de l’allemand “ éclairé ” (aufgeklärt, Aufklärung) et du français “ amateur ” (amateur). Pas l’inverse.

 

Je ne vous fais pas saliver plus longtemps. Le meilleur, c’est Léon Marchand. Retenez bien ce nom car il va résonner à tue-tête dans les futures épreuves internationales.

 

Il est membre des Dauphins du TOEC (Toulouse) depuis ses débuts dans la compétition. Je me souviens de lui lorsqu’il nageait, à 8 ans, avec – ou contre – Raphaëlle, la grande sœur de Rébecca Gensane. Fluet, mais terriblement efficace. Je me souviens également de lui lorsque je l’avais croisé dans une librairie toulousaine à l’occasion d’une signature d’écrivain [il s'agissait de mon cher Pierre Lemaitre]. Je m’étais dit : « en plus, ce n’est pas un bourrin ! »

 

Bon sang ne saurait mentir : Léon est le fils de Xavier Marchand, spécialiste du 200 4N, médaillé d’or aux Jeux méditerranéens, médaillé d’argent aux championnats du monde et d’Europe. Mais les gènes n’expliquent pas tout, loin de là. Ce que Léon réalise depuis bientôt 10 ans, il ne le doit qu’à lui. Un exemple : aux derniers Championnats de France junior de Dunkerque, il a remporté quatre titres, dont trois avec une facilité déconcertante. Il remporta son quatrième titre, le 200 brasse, avec 2 centièmes de seconde d’avance, à l’arraché, après avoir été mené pendant presque toute la course. Á l’issue de l’épreuve, les gradins s’enflammèrent, ce qui n’est pas courant en natation.

 

En cette année 2018/19, Léon détient les meilleures performances juniors en 100 et 200 brasse, en 100, 200 et 400 4 nages. En 100 4 nages, il distance son suivant de plus de 2 secondes, ce qui est énorme (à peu près 2m 50). Il détient par ailleurs la 2ème performance sur 100 nage libre et la 3ème sur 200 pap.

 

Si l’on confronte les performances de Léon à celles de l’élite toutes catégories, il est 3ème sur 100 brasse, 2ème sur 200 brasse, 4ème sur 100 pap, 3ème sur 200 4 nages et … 1er sur 400 4 nages.

 

Cet étonnant palmarès me permet d’avancer que Léon Marchand est, intrinsèquement, le meilleur nageur de France.

 

Bravo à lui et à son entraîneur Nicolas Castel. ”

 

Léon Marchand
 
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20 juillet 2024 6 20 /07 /juillet /2024 05:01

Une des raisons pour lesquelles le Tour est aussi populaire – hormis le fait qu’il rassemble les meilleurs coureurs du moment – c’est qu’il est visible depuis le bord de la route, et gratuit. Cette proximité a parfois favorisé l’expression de revendications extra sportives, comme en 1974 quand des groupes d’anarcho-syndicalistes espagnols exilés en France se sont attaqués à des infrastructures de la course et menacé les coureurs espagnols. Ou encore quand, en 1988 les ouvriers des chantiers navals de Saint-Nazaire se sont mis en grève et ont bloqué la caravane publicitaire sur le Pont de Saint-Nazaire tout en laissant passer les coureurs. Sans oublier les manifestations en faveur de José Bové en 2003 quand le syndicaliste agricole avait été incarcéré pour avoir détruit des cultures de maïs et de riz génétiquement modifiés. En revanche, en 1968, le Tour se déroula comme si les “ événements ” n’avaient pas eu lieu. Mais il fut plutôt singulier. Les contrôles antidopages furent quasi quotidiens. Jean Stablinski sera contrôlé positif à cause, dit-on, de son soutien envers les journalistes en grève. Lors de l'avant dernière étape, le belge André Poppe, qui n'avait pratiquement rien gagné jusque là, participe à une longue échappée qui lui permet d'être leader virtuel de la course. Furieux, le patron du Tour, Félix Lévitan (qui est aussi président de l'Union cycliste internationale et un des patrons du Parisien Libéré, organisateur du Tour), menace de supprimer toutes les primes, ordonne au peloton de rattraper les échappés pour empêcher un anonyme de s'emparer du maillot jaune à la veille de l'arrivée à Paris. Les coureurs obéirent.

 

Le Tour demeure largement une course de la ruralité, mais cette ruralité existe de moins en moins, l’État disparaissant peu à peu quand des bureaux de poste, des maternités ou des tribunaux d’instance ferment leurs portes.

 

Le cyclisme professionnel est de plus en plus capitalistique. Comme il nécessite des équipements considérables, la part de la main-d’œuvre dans les coûts de production est moins importante que la part de la maintenance.

 

L’équipe britannique Ineos Grenadiers (Egan Bernal, Geraint Thomas) a remporté sept Tours entre 2012 et 2019, dont quatre par Christopher Froome. Elle appartient à un groupe de chimie britannique depuis 2019 valant 80 milliards de livres et dirigée par l’homme le plus riche de Grande-Bretagne, Sir Jim Ratcliffe (21 milliards de livres), qui possède également 30% de l’écrie de F1 Mercedes, l’OGC Nice, le FC Lausanne, un empire qu’il dirige depuis sa résidence à Monaco. Il possède une licence pour extraire du gaz de schiste par fracturation dans le Yorkshire. Il est, ce n’est pas surprenant, un pourfendeur des lois visant à protéger l’environnement.

 

Total soutient pour sa part l’équipe française Direct Energie, tandis que l’australienne Team BikeExchange était sponsorisé par Orica, une multinationale minière liée à des déversements de produits chimiques partout dans le monde. Les équipes soutenues par des États comme Bahrain Victorious, UAE Team Emirates et Astana, ont toutes reçu des fonds de pays accusés de violations massives des droits de l’homme.

 

Les hommes politiques français ont cherché à récupérer quelques miettes de la popularité du Tour afin d’améliorer leur propre image. Jacques Chirac, alors maire de Paris, instaure le final de la course sur les Champs-Élysées – le seul autre jour de l’année où la grande avenue est fermée à la circulation est le 14 juillet pour le défilé militaire. En 1985, François Mitterrand se fait prendre en photo regardant le peloton traverser le Vercors appareil photo à la main, dans un massif qui, comme par hasard, a été un lieu emblématique de la Résistance française. Nicolas Sarkozy a passé une étape entière la tête à la fenêtre d’une voiture officielle à commenter la course en direct. Enfin, en 2019, Macron est venu à Bagnères-de-Bigorre féliciter Julian Alaphilippe pour sa victoire ce jour-là. Il a ensuite donné des interviews avec la presse, où il a défendu les actions de la police lors des manifestations des gilets jaunes.

 

En 1957,  Roland Barthes affirmait Roland Barthes affirmait dans Mythologies que le Tour de France était un rituel épique autant qu’un événement sportif. Pour lui, la course traversait « une véritable géographie homérique », son aura mythique permettant de cartographier les frontières d’une nation et de célébrer la ténacité héroïque de ceux qui pédalent à l’intérieur de ces frontières. « Ce qui est vicié dans le Tour », écrivait-il, « c’est la base, les mobiles économiques, le profit ultime de l’épreuve, générateur d’alibis idéologiques » […].

 

Retour sur le Tour (II)
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19 juillet 2024 5 19 /07 /juillet /2024 05:01

Le Tour de France est né d’un scandale politique qui va couper la France en deux pendant des dizaines d’années. En 1894, l’officier Alfred Dreyfus, qui est juif, est reconnu coupable d’avoir fait passer des secrets militaires à l’ambassade d’Allemagne. Deux ans plus tard, Dreyfus est innocenté et la culpabilité du commandant Esterhazy avérée.

 

À l’époque, Le Vélo est le quotidien sportif le plus diffusé. Pierre Giffard, son fondateur, est dreyfusard. Furieux d'un portrait où Giffard l'a dépeint, Jules Félix Albert de Dion Wandonne de Malfiance, dit Jules-Albert de Dion, catholique d'extrême droite et anti-dreyfusard, décide de lancer un journal concurrent, L’Auto-Vélo, pour ruiner Giffard. Cet organe se targue d’être apolitique. Il est imprimé sur du papier jaune (une couleur qui ne connote pas encore en France), alors que Le Vélo est imprimé sur du papier vert.

 

Fin 1902, tandis que Le Vélo vend 80 000 exemplaires chaque jour, L’Auto connaît de sérieuses difficultés. Le responsable de la rubrique cycliste a alors une idée de génie : si les courses longue distance, très populaires, pouvaient se dérouler sur les routes autour des villages et des villes du pays plutôt que sur un circuit, cela permettrait d’augmenter considérablement les ventes du journal.

 

Le premier Tour de France a lieu en 1903. Il s’agir d’une course de 2 500 kilomètres en six étapes reliant Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Paris. Le tout devant être parcouru en deux semaines.

 

Dès la fin du XIXème siècle, le cyclisme est un sport professionnel et c'est immédiatement un sport populaire. Les champions et les autres viennent de la classe ouvrière, urbaine et rurale. Les cyclistes sont traités par les organisateurs pour ce qu’ils sont : des prolos.

 

En 1924, les coureurs se révoltent contre leurs conditions de travail. Le vainqueur de 1923, Henri Pélissier, quitte la course en signe de protestation. Il forge l’expression de “ forçat de la route ”. Pélissier écrit à L’Humanité pour dire qu’il accepte « l’excès de fatigue, de souffrance, de douleur » de sa profession, mais que lui et ses compagnons de course veulent être « traités comme des hommes et non comme des chiens ». L’Humanité titre sur une « rébellion » des cyclistes brandissant « l’étendard de la révolte ». Les coureurs qui abandonnent sont des « grévistes », le Tour une vaste opération commerciale organisée par des « profiteurs du sport » pour exploiter le « prolétariat cycliste ». Le journal insiste donc sur la vie déshumanisante des cyclistes professionnels, les organisateurs arguant pour leur part que le cyclisme professionnel est un moyen d’ascension sociale : en1925, L’Auto réalise un film en plusieurs épisodes, Le Roi de la pédale, qui met en scène un jeune ouvrier gravissant les échelons de la société grâce au Tour.

 

Pour couronner le tout, Pélissier, et son frère, dévoilent pour le grand public l’utilisation du dopage : « Nous souffrons du départ à l'arrivée. Voulez-vous voir comment nous marchons ? [...] Ça, c'est de la cocaïne pour les yeux, ça c'est du chloroforme pour les gencives ; nous marchons à la dynamite. »

 

Un coureur du Tour perçoit une indemnité journalière équivalente au salaire d’un ouvrier d’usine. Pour décourager toute protestation et niant les droits conquis par les travailleurs français par la loi Waldeck-Rousseau de 1884, les organisateurs du Tour préviennent que « toute entente entre les coureurs en vue de protestations quelconques, ou contre les décisions des officiels, toute entente pour retarder l’arrivée, etc., sera rigoureusement réprimée ». Dès lors, les (télé)spectateurs ne considèreront plus jamais les coureurs professionnels comme des travailleurs.


 

Retour sur le Tour (I)
TOUR DE FRANCE : AUJOURD'HUI, COL DE LA BONNETTE.
La plus haute route d'Europe : 2715 m.
Autant j'ai monté l'Izoard – je ne dirais pas les doigts dans le nez – trois fois, et à plusieurs reprises les cols d'Allos ou de la Cayolle, autant, après avoir terminé l'ascension de la Bonnette, je me suis dis que je n'y reviendrais pas. Trop dur pour moi, pas de plaisir, pour finir.
Pas un mètre de plat, la fin, après 23 kilomètres à 6%, consistant en mille mètres à 10%, avec généralement le vent dans le nez.
Dans la descente, j'étais tellement fatigué, mes mains étaient à ce point tétanisées, que je me suis arrêté. J'eus la force de décocher un vague sourire aux valeureux parents et amis qui, m'avaient soutenu (en voiture) dans cette épreuve.
C'était il y a 22 ans.
Retour sur le Tour (I)
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5 juillet 2024 5 05 /07 /juillet /2024 05:21

Par Charlotte Jones. Publié dans Ballast.

 

Le Tour de France est né d’un scandale politique. En 1894, l’officier d’artillerie juif Alfred Dreyfus est reconnu coupable de trahison pour avoir fait passer des secrets militaires à l’ambassade d’Allemagne. Deux années plus tard, l’absence de preuve prouve l’innocence de Dreyfus et la culpabilité d’un officier plus gradé que lui. Les rumeurs selon lesquelles il s’agissait d’un coup monté créent un tollé : l’Affaire Dreyfus divise le pays. À l’époque, Le Vélo est le quotidien sportif le plus diffusé. Pierre Giffard, son rédacteur en chef, est dreyfusard. Il a écrit un article à propos de l’affaire et de la manifestation qui a suivi lors d’une course hippique, au cours de laquelle le Comte Jules-Albert de Dion a été arrêté pour avoir frappé le Président de la République à la tête à coups de canne. Furieux du portrait où Giffard le dépeint, Jules-Albert de Dion décide de lancer un journal concurrent, L’Auto, afin de le mettre sur la paille.

 

Mais, à la fin de l’année 1902, tandis que Le Vélo vend 80 000 exemplaires chaque jour, L’Auto est en difficulté. À l’occasion d’une réunion de crise, la responsable de la rubrique cycliste du journal explique que si les courses longue distance, très populaires, pouvaient se dérouler sur les routes autour des villages et des villes de France plutôt que sur un circuit, ce serait une aubaine pour encourager les ventes du journal. C’est donc grâce à un coup de pub, suscité par une guerre de diffusion, que la première « Grande boucle » voit le jour en 1903 — une course en six étapes autour de la France, reliant Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Paris. On attend des participants qu’ils parcourent près de 2 500 kilomètres en deux semaines.

 

 

Le cyclisme n’a jamais été un sport amateur : il est devenu professionnel dès la fin du XIXe siècle, ce qui en fait l’un des premiers sports pratiqués à des fins commerciales. Le cyclisme est aussi depuis longtemps la vocation des Français de la classe ouvrière et le sport est suivi par les ouvriers. Les coureurs, d’ailleurs, sont eux mêmes très majoritairement d’origine paysanne ou ouvrière et vivent à la campagne […].

En 1924, les cyclistes du Tour de France se révoltent contre leurs conditions de travail. Le champion en titre, Henri Pélissier, quitte la course en signe de protestation. Les cyclistes professionnels, déclare-t-il, sont les forçats de la route, une expression incendiaire qui reflète les vastes divisions socio-économiques du pays. Pélissier écrit à L’Humanité pour dire qu’il accepte « l’excès de fatigue, de souffrance, de douleur » de sa profession, mais que lui et ses compagnons de course veulent être « traités comme des hommes et non comme des chiens ». Le journal s’empare de la protestation en titrant sur une « rébellion » des cyclistes brandissant « l’étendard de la révolte ». Les coureurs qui abandonnent sont des « grévistes », le Tour une vaste opération commerciale organisée par des « profiteurs du sport » pour exploiter le « prolétariat cycliste ».

 

 

L’Humanité maintient la pression pendant l’entre-deux-guerres. Le journal dénonce « l’exploitation féroce et parfois criminelle » des « travailleurs de la pédale » et exhorte ses lecteurs à reconnaître que la course fait partie de la manipulation cynique des masses laborieuses par le capitalisme bourgeois qui lui offre « du pain et des jeux ». Des analogies ont été établies entre la vie déshumanisante et excessivement réglementée du cycliste et celle de l’ouvrier d’usine moderne, reliant leur protestation à une critique plus large du surmenage, des excès de vitesse et du taylorisme. Les organisateurs du Tour, quant à eux, insistent sur le fait que le cyclisme est un moyen d’ascension sociale. Le coureur cycliste professionnel est un héros populaire de l’époque, les athlètes sont présentés comme des travailleurs modèles : courageux, disciplinés, humbles. En 1925, L’Auto réalise un film muet en plusieurs épisodes, Le Roi de la pédale, qui met en scène un jeune ouvrier gravissant les échelons de la société grâce au Tour.

En réalité, les revenus des coureurs sont faibles et dépendent totalement des performances individuelles : le Tour offre aux cyclistes une indemnité journalière équivalente au salaire moyen d’un ouvrier d’usine s’ils satisfont aux normes de productivité requises, c’est-à-dire en roulant à une vitesse moyenne minimale de 20 kilomètres/heure. Pour décourager les coureurs enhardis par l’exemple de Pélissier, le règlement de 1925 prévient que tout coureur nuisant à l’image du Tour par son abandon sera banni et que « toute entente entre les coureurs en vue de protestations quelconques, ou contre les décisions des officiels, toute entente pour retarder l’arrivée, etc., sera rigoureusement réprimée ». En interdisant les actions collectives, le Tour prive les cyclistes d’un droit dont jouissent les travailleurs français depuis 1884, date à laquelle la Troisième République a officiellement reconnu la liberté de former des syndicats. Depuis cet épisode, les grèves et les ralentissements des coureurs ont été sporadiques. Le public français semble aussi moins enclin à considérer les coureurs comme des travailleurs. « Si les athlètes commencent à faire grève eux aussi », se demandait un spectateur désabusé en 1978, « où allons-nous ? ».

La politique de la course

Pour un événement sportif de cette ampleur qui se déroule au XXIe siècle, le Tour de France est étonnamment accessible. Dans l’ensemble, il n’y a pas de barrières. La course passe à quelques centimètres des spectateurs qui s’alignent le long des routes pour assister gratuitement à la course. Il n’est donc pas surprenant que le Tour ait aussi régulièrement été un lieu de protestation. L’action directe a été une perturbation récurrente. Citons quelques exemples : en 1974, les groupes d’anarcho-syndicalistes espagnols en exil qui composent Action Révolutionnaires Internationalistes (GARI) ont pris pour cible les infrastructures du Tour et menacé les coureurs espagnols ; en 1988, les ouvriers des chantiers navals de Saint-Nazaire se sont mis en grève pour de meilleurs salaires en 1988 et ont bloqué la caravane publicitaire sur le Pont de Saint-Nazaire tout en laissant passer les coureurs. Le groupe de défense des droits de l’homme de l’Union européenne et le groupe séparatiste basque ETA se sont opposés à l’organisation de la course. Ce dernier a même attaqué le Tour à l’explosif à deux reprises, en 1992 et 1996. Enfin, des manifestants antimondialisation ont cherché à attirer l’attention sur l’emprisonnement de José Bové pour avoir détruit des cultures de maïs et de riz génétiquement modifiés en 2003 en interrompant le Tour sur la route de Marseille. En 1968, cependant, le Tour s’est déroulé comme si la France fonctionnait à son habitude. Des journalistes, ennuyés par les premières étapes, ont organisé leur propre sit-in sur le bord de la route. Un médecin engagé sur le course aurait commenté : « Ah, la Sorbonne des vélos ».

Un groupe en particulier, les agriculteurs, a utilisé le Tour pour faire connaître ses problèmes spécifiques. En 1990, une trentaine d’agriculteurs de la région de Nantes a bloqué la route avec des arbres, mis le feu à des pneus et déversé du fumier, ce qui a incité 200 gendarmes à intervenir avec des voitures blindées. Les coureurs n’étaient pas contents. « Je comprends que les gens aient des problèmes, mais ils ne devraient pas profiter du Tour pour les exprimer », s’est ainsi plaint l’Irlandais Stephen Roche. Aujourd’hui, les coureurs restent largement apolitiques. Le parcours de la course suit pourtant une carte invisible du retrait progressif de l’État des zones rurales : les maternités, les tribunaux d’instance, les bureaux de poste et les commerces disparaissent tous des centres des petites villes.

 

 

En 2018, des agriculteurs pyrénéens ont barricadé des routes avec des bottes de foin afin de protester contre les réductions prévues des subventions de l’Union européenne pour les régions agricoles. La police locale a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants, dont une partie a été projetée au visage des cyclistes. La réaction impitoyable de la police a renforcé l’impression que le Tour était devenu un spectacle dont l’État profite et qu’il protège. Le « sportwashing », en effet, est bien plus visible sur le Tour que sur n’importe quel type de manifestation. L’équipe Ineos Grenadiers (anciennement Team Sky) est financée par une industrie de la chimie qui compte plusieurs milliards de livres à sin capital et qui est dirigée par l’homme le plus riche de Grande-Bretagne, Sir Jim Ratcliffe. L’industriel possède actuellement une licence pour extraire du gaz de schiste par fracturation dans le Yorkshire. Si Ineos n’a pas encore commencé les opérations de fracturation en raison de litiges en matière de planification et à cause de protestations, la compagnie souhaite construire un site d’essai pour montrer que cela peut être fait « en toute sécurité ». Le géant de l’énergie Total soutient pour sa part l’équipe française Direct Energie, tandis que BikeExchange était auparavant sponsorisé par Orica, une multinationale minière liée à des déversements de produits chimiques partout dans le monde. Les équipes soutenues par des États comme Bahrain Victorious, UAE Team Emirates et Astana, ont toutes été critiquées pour avoir reçu des fonds de pays accusés de violations massives des droits de l’homme. Enfin, les entreprises paient entre 200 000 et 500 000 euros pour faire partie de la caravane publicitaire qui précède la course proprement dite et qui s’étend sur dix-neuf kilomètres et se compose de chars publicitaires distribuant des échantillons gratuits.

(Re)construire la France

L’influence des entreprises n’est pas inhabituelle dans les événements sportifs modernes. Ce qui l’est un peu plus, c’est le lien étroit qui existe entre le Tour de France et l’identité française moderne. C’est dû en partie à l’objectif initial de la course, qui était de renforcer, dans le sillage de l’affaire Dreyfus, un certain sens de la cohésion nationale. Il a été dit que jusqu’à ce que L’Auto commence à publier des cartes pour illustrer le parcours du Tour, peu de Français avaient en fait une idée de ce à quoi ressemblait leur pays sur le papier : c’est l’un des outils qui, selon la célèbre expression de l’historien Eugen Weber, ont participé à la « transformation des paysans en Français ».

 

 

Tour de France et lutte des classes

Le succès continu du Tour s’explique en partie par le fait qu’il fait appel à la mémoire collective du pays. Le Tour de 1989 offrait ainsi 17 890 francs au 1 789e kilomètre pour célébrer le deux-centième anniversaire de la Révolution française. Inévitablement, les hommes politiques ont cherché à s’approprier la popularité du Tour afin d’améliorer leur propre image. C’est Jacques Chirac, alors maire de Paris, qui a instauré la course sur les Champs-Élysées — le seul autre jour de l’année où la grande avenue est fermée à la circulation est le 14 juillet, pour le défilé militaire. En 1985, François Mitterrand a regardé le peloton traverser le Vercors appareil photo à la main, dans un massif qui, comme par hasard, a été un lieu emblématique de la Résistance française. Chirac a souvent dégusté des bières le long du parcours, tandis que Nicolas Sarkozy a passé une étape entière la tête à la fenêtre d’une voiture officielle à commenter la course en direct. Enfin, en 2019, Macron est apparu dans la ville pyrénéenne de Bagnères-de-Bigorre dans le but de féliciter Julian Alaphilippe pour sa victoire ce jour-là. Il s’est ensuite lancé dans des interviews avec la presse, où il a défendu les actions de la police lors des manifestations des gilets jaunes.

Au XXIe siècle, la polarisation politique est plus que jamais liée au lieu. Dès sa création, la Grande boucle a rappelé que la politique commence et finit à Paris. Les déboires électoraux de Macron aux législatives [de 2022] et le terrain gagné dans la capitale par la gauche et, ailleurs, par l’extrême droite, suggèrent que le consensus libéral représenté par ce point focal s’est effondré. Macron essaie de parler à tout le monde et d’aller partout, en présentant des mesures de son « agenda rural » et d’autres plans qui ont été conçus à la hâte dans le sillage des manifestations des gilets jaunes, autant de réformes tardives dont peu de gens pensent qu’elles feront quelque chose pour la France rurale. Lors du second tour de l’élection présidentielle 2022, Macron a obtenu une large majorité dans les grandes villes, tandis que Marine Le Pen l’a emporté dans les petites villes, les municipalités rurales et les anciennes zones industrielles en déclin. Reste à voir désormais si l’image du Tour comme fabrique d’unité nationale et d’accord bipartisan — « la trêve de juillet », comme on l’appelle parfois — résistera aux bouleversements.

 

En 1957, le critique culturel Roland Barthes affirmait que le Tour de France était un rituel épique autant qu’un événement sportif. Pour Barthes, la course traverse « une véritable géographie homérique », son aura mythique permettant de cartographier les frontières d’une nation et de célébrer la ténacité héroïque de ceux qui pédalent à l’intérieur de ces frontières. « Ce qui est vicié dans le Tour », écrivait-il, « c’est la base, les mobiles économiques, le profit ultime de l’épreuve, générateur d’alibis idéologiques » […].

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18 avril 2024 4 18 /04 /avril /2024 05:01

Après la mort d’O. J. Simpson, j’ai eu envie de revenir sur un épisode du procès de celui qui fut pendant 133 jours l'homme le plus célèbre de la Terre (lorsque Yeltsine débarque à Washington à ce moment-là, la première chose qu’il demande à son collègue président des États-Unis est : pensez-vous qu’il soit coupable ? »).

 

Ce qui n’a pas frappé les téléspectateurs du monde entier à l’époque (moi inclus), c’est la composition du jury. Une composition – je ne dirais pas : raciste – mais à tout le moins raciale. Cette composition fut largement déterminée par l'endroit où le procès se déroula, à savoir une banlieue de Los Angeles, et non dans la juridiction où l’assassinat avait eu lieu, le quartier très huppé de Santa Monica. Simpson avait beau ne fréquenter pratiquement que des Blancs, il savait – tout comme ses avocats – qu’un jury à Santa Monica eût été largement blanc. Alors que le jury final fut à majorité noire. Avant même la nomination de ce jury, l’opinion publique était fracturée : les Blancs voyaient en Simpson un coupable, les Noirs un innocent.

 

Les Étasuniens avaient tous en mémoire l’affaire Rodney King : ce citoyen noir, ayant commis un réel excès de vitesse, n’avait pas vraiment collaboré avec la police lors de son arrestation. Les policiers l’avaient “ tasérisé ”, puis roué de coups à l’aide de leur matraque. Entièrement filmé, le passage à tabac dura 1 minute 20. King fut frappé une cinquantaine de fois alors qu’il essayait de se relever. Vingt policiers présents n’intervinrent pas pour modérer leurs collègues. Après avoir été menotté et entravé à l’aide de cordes, King fut traîné à plat ventre vers le côté de la route, la mâchoire fracturée et une de ses chevilles brisée. Il resta en garde à vue quatre jours avant que le procureur ordonne sa remise en liberté, aucune charge n’ayant été retenue contre lui. Les cops indélicats seraient acquitté par un jury composé de dix Blancs, un Asiatique, un Latino. Des émeutes s’ensuivirent qui firent 55 morts et plus de 2 300 blessés en une semaine. Un millier de bâtiments furent détruits pour un coût d’un milliard de dollars. Une semaine avant ces événements violents, la justice avait confirmé en appel la peine de prison avec sursis d’une commerçants coréenne qui avait abattu d’une balle dans la tête, par derrière, une adolescente noire de 15 ans après un litige pour une bouteille de jus d’orange.

 

Pour en revenir à Simpson, après l’audition de 900 personnes, un premier jury fut constitué comportant 40% de Blancs, 28% de Noirs, 17% d’Hispaniques et 15% d’Asiatiques. Le jury final comporta 15 Afro-américains, 6 Blancs, trois Hispaniques (pas un seul WASP (white anglo-saxon protestant). Les jurés potentiels subirent des interrogatoires très poussés, sous la foi du serment, bien sûr, en remplissant un questionnaire de 79 pages comportant près de 300 questions. Tous votaient démocrate, deux étaient titulaires d’un diplôme universitaire, aucun ne lisait quotidiennement le journal (mais huit regardaient régulièrement les “ shows-TV ”). Cinq estimaient que la violence sur un membre de sa famille était acceptable et neuf pensaient que Simpson était moins susceptible d’avoir commis le crime dont on l’accusait car il avait été un grand joueur de football. Cinq déclarèrent avoir eu des expériences négatives avec la police. Plusieurs jurés récriminèrent, en vain, contre des questions sur leurs croyances personnelles, leur sentiment concernant les mariages interraciaux, contre le fait de savoir s’ils avaient récemment subi des analyses d’urine, contre leur position concernant les amniocentèses.

 

La sélection des jurés dura plus de deux mois. Un candidat en fut exclu parce qu’il avait regardé des dessins animés avec ses enfants ; un autre car son réveil-matin était branché sur son poste de radio. Il fut interdit aux candidats de fréquenter des librairies. La procureuse Marcia Clark demanda que les candidats fussent soumis au détecteur de mensonge. Le président du tribunal refusa.

 

Dans le continent nord-américain, la sélection est soumise à une procédure de “ voir dire ” (en français, excusez du peu !). Un juré potentiel sera interrogé sur ses antécédents judiciaires. Tout comme les témoins experts ou les simples témoins. Les avocats peuvent utiliser leur pouvoir d’exclusion pour tout motif : apparence physique, expression corporelle, élocution hésitante. Les avocats de la défense pensèrent que les jurées femmes seraient spontanément favorables à la victime féminine, avant de se rendre compte, durant le procès, que les femmes noires du jury détestait Nicole Simpson à qui il reprochait de s’être fait entretenir par un mari riche et célèbre qui lui avait permis de se sortir de sa condition de serveuse dans une boîte de nuit.

 

Pour mémoire, on rappellera – ce qui est quand même aberrant – qu’une des principales raisons de l’acquittement d’O.-J. Simpson fut que Mark Furham, inspecteur de police de Los Angeles se parjura en déclarant qu’il n’avait jamais prononcé le mot nigger pour évoquer O.-J., ce qui discrédita complètement l’accusation. Et, ce qui est tout aussi aberrant, on se souviendra que Simpson fut déclaré innocent du double assassinat mais responsable de la mort de sa femme et de son amant. Il fut condamné à verser à sa belle-famille une somme exorbitante qu’il ne put jamais régler.

 

O.-J. put récupérer la garde de ses enfants, avec qui il s’installa en Floride. Sa fille suivit des études de sociologie à l’université de Boston. Son fils devint entrepreneur. Ils n’ont jamais douté de l’innocence de leur père et n’ont gardé aucun contact avec Jason, le fils aîné d’O.-J. qui fut un temps accusé d’avoir été l’assassin de Nicole.

 

 

Source UMKC (Université du Missouri à Kansas City

 

 

Retour sur le procès d’O. J. Simpson
Retour sur le procès d’O. J. Simpson
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2 août 2023 3 02 /08 /août /2023 05:09

J'ai relu ce livre de Jacques Augendre, une des meilleures mémoires du Tour de France, malheureusement trop béni oui-oui à mes yeux. J'en profite pour republier cet article de mon bloc  qui date de 2009.

 

Jacques Augendre, un des plus fins connaisseurs de l’histoire du cyclisme, vient de nous offrir un superbe ouvrage : Le Tour, 25 étapes de légende (Solar).

Comme Pierre Chany avant lui, Augendre est une encyclopédie vivante. Avec, cela dit, quelques petits trous. Ainsi, Armstrong est, à ses yeux, un grand champion (certes), mais il a réalisé ses stupéfiantes performances uniquement en buvant de l’eau minérale.

Comme on pouvait s’y attendre, l’ancien collaborateur du Monde consacre les premières pages de son ouvrage à la première étape du Tour de France Paris-Lyon, gagnée, le 1er juillet 1903, par Maurice Garin, futur vainqueur de la grande boucle.

Je le cite :

« Garin n’attend pas les coteaux du Lyonnais […] pour attaquer Il se détache avant Nevers en compagnie de son élève Pagie. Derrière eux, c’est la débandade. Il terminera sa chevauchée avec moins d’une minute d’avance sur Pagie et … 35 minutes sur Léon Gorget. Le dixième […] est relégué à plus de deux heures. »

Augendre mentionne que « au cœur de l’action », le journaliste Géo Lefèvre suit la course.

Alors, citons Géo Lefèvre, l’envoyé spécial de L’Auto, le quotidien du fondateur du Tour Henri Desgrange :

« L’arrivée ? Eh bien, je l’ai manquée ! Ce Garin et ce Pagie que j’avais vu se restaurer rapidement à Moulins et s’enfoncer dans la nuit, m’ont précédé à Lyon sur leur simple bicyclette, tandis que je roulais dans l’express ! Et, lorsque j’avais constaté par moi-même l’incroyable état de fraîcheur de ces deux démons de la route, calculé leur avance sur un horaire qui me semblait très optimiste, lorsque je l’avais établi, j’avais eu l’intuition que je les manquerais. Mon train arrivait à 8 h 50, je bondissais dans une voiture et, arrivé sur le Quai de Vaise, je voyais, de loin un millier de personnes s’agiter, crier, applaudir et entourer deux hommes blancs de poussière.

C’étaient eux ! […] Les grands manitous du contrôle [m’expliquèrent] : “ C’est bien simple : à 7 h 20, un coup de téléphone de tarare nous annonce le passage de Garin et de Pagie ; nous organisons en hâte le contrôle et, à 9 heures, nous entendons au loin le taratata des clairons. Un drapeau s’agite et Garin, sautant comme un chat sur les gros pavés du quai de Vaise, arrive bientôt finissant bon premier […]. ”

Garin a l’habitude de manquer ses arrivées ; lors de Paris-Brest, il débouchait au Parc des Princes le matin alors que la grande foule ne l’attendait que l’après-midi ; dans Bordeaux-Paris 1902, c’était tout juste s’il ne faisait pas son entrée au vélodrome à une heure où il n’y avait encore personne et, cette fois encore, […] il arrive à Lyon au moment où il n’y a aucun contrôle. […] Pagie finit bon second à moins d’une minute de son fameux rival, causant ainsi la plus grosse surprise que pouvait nous réserver cette bataille. […] Le troisième, Léon Gorget, arrivé une demi heure plus tard, a le masque rageur, il signe sans dire un mot.

[…] Dans la matinée, je retrouve Garin calme, reposé, superbe ; il me montre son séant. La trace de la selle n’est même pas visible. »

Desgrange assumera ces magouilles de cyclistes qui roulent plus vite que les trains. En 1904, les quatre premiers du Tour dont Maurice Garin et son frère César, seront mis hors de course pour tricherie par l’Union Vélocipédique Française. Maurice Garin sera suspendu pour deux ans. Lucien Pothier, deuxième de l’épreuve, à vie. Desgrange qui, naturellement, voulait privilégier l’esprit par rapport à la lettre du règlement, aura le front d’écrire que, dans ces dossiers, il n’y avait « point matière à des pénalités aussi lourdes. »

Tour de France : la truanderie ne date pas d'hier
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22 juillet 2023 6 22 /07 /juillet /2023 04:19

 

J’ai sous les yeux une serviette éponge distribuée aux nageurs français ayant participé aux championnats de France qui se sont déroulés à Rennes en juin 2023.

 

En imprimé : la fine fleur de la natation française.

 

En quelle langue les nageurs s’expriment-ils ?

 

En globish, bien sûr. Et comme ils sont très pressés de gagner, ils ne profèrent que des mots d’une syllabe. Á part Léon Marchand qui nous offre un impératif de très bonne facture. Il n’a aucun mérite : il vit aux États-Unis.

Sur une serviette éponge
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