Le 29 mars dernier, dans le quartier de Montaigu à Melun une fillette avait été blessée
de 2 tirs de flash-ball par des policiers qui tentaient de disperser un attroupement
hostile. Deux mois après,l’enquête de police confiée à la sûreté départementale est
bouclée et la procureure de Melun a classé le dossier sans suite. Le sort de cette jeune
victime, élève de CM2, vient rejoindre celui des multiples victimes des tirs de flash-ball,
blessées une 2ème fois par la justice après l’avoir été par la police.
Vers 20 heures, alors qu’elle revenait tranquillement de chez une copine, la fillette
a été frappée de deux tirs successifs de flash-ball. L’un l’a touchée à la jambe et
l’autre dans le dos. Sa grande sœur de 14 ans qui l’accompagnait raconte :
« J’ai vu plein de fumées et j’ai commencé à courir avec ma petite sœur,
qui a commencé à se plaindre d’avoir mal. Elle est devenue toute bleue et toute violette. ».
En raison de ses blessures, elle a subi 21 jours d’incapacité totale. Mais là ne s’arrête
pas le préjudice. Sa mère qui a porté plainte explique que depuis ce jour-là,
sa fille « fait des cauchemars toutes les nuits et qu’elle doit la conduire chez le psychologue ».
« C’est une affaire qu’on suit de très près », « Les policiers et la famille de la
victime vont être entendus » avait assuré la procureuse de Melun, Béatrice
Angelelli. Aujourd’hui, le « verdict »est tombé : classement sans suite. Un nouveau coup
très lourd porté à la fillette et à sa famille quand on sait le rôle que joue
dans la reconstruction psychologique la reconnaissance du statut de « victime ».
Cette issue de l’enquête n’a cependant rien de rare. Déjà en2014, Mediapart
avait réalisé unrecensement des ravages causés par les tirs de flash-ball et de
l’impunité qui en résulte dans la plupart des cas, qu’il s’agisse de « bavures »
ou d’intention volontaire : « Selon notre décompte, depuis 2004, plus d’une
trentaine de personnes ont été grièvement blessées par des lanceurs de balle
de défense en France. Parmi elles, quatorze ont perdu un œil. Et un homme
est décédé à Marseille en décembre 2010. Mais de non-lieux en relaxes,
seuls deux policiers et un gendarme ont été condamnés. »
Toutes les astuces juridiques sont bonnes pour protéger les forces répressives
de l’Etat des rigueurs de la justice : éviter les assises comme ce fut le cas
en 2015, pour ce policier marseillais auteur d’un tir de flash-ball mortel,
traduit devant le tribunal correctionnel au lieu de passer aux assises comme
le demandait le Parquet. Invoquer la « légitime défense » méthode très
fréquemment utilisée et acceptée. Recourir à des peines symboliques assorties
de sursis. Sans parler des témoignages arrangés entre collègues flics ou des PV
mensongers comme l’a reconnu en 2015, le gardien de la paix à propos du tir
qui avait grièvement blessé au visage Rachid Tidjani.
Texte repris du blog Révolution permanente