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24 mai 2023 3 24 /05 /mai /2023 05:01

Un exemple, parmi des milliers d’autres nous prouvant – si besoin était – que le XXe siècle (pour le XXIe, un bilan est prématuré) fut fracassant et fracassé.

 

Officier de cavalerie polonais, Witold Pilecki fut agent de renseignement et chef de la résistance polonaise durant la Seconde Guerre mondiale. Il n’en fallait pas plus pour qu’il achevât sa courte vie (1901-1948) fusillé à Varsovie.

 

Il fut l’un des fondateurs de l’Armée polonaise secrète, un groupe de résistants en lutte contre l’occupation allemande.

 

Pendant la guerre, il se fait volontairement emprisonner en 1941 dans le camp de concentration d’Auschwitz afin de témoigner, de renseigner les Occidentaux. Il parviendra à s’évader du camp après deux ans et demi d’emprisonnement avant de prendre part à l’insurrection de Varsovie d’août à octobre 1944. Il est arrêté en 1947 par la police secrète après qu’on l’eut accusé de collaborer avec les services de renseignement britannique. Il est exécuté après une parodie de procès. Sa personnalité et son action seront cachées jusqu’en 1989. Il sera réhabilité comme « l’un des plus grands héros de la guerre ».

 

En 1926, il était devenu propriétaire du domaine familial situé dans l’actuelle Biélorussie. Il œuvre comme travailleur social, il fonde une coopérative agricole et préside une usine agroalimentaire. En 1932, il fonde une école de cavalerie. En 1938, il reçoit la Croix du mérite pour son action dans le domaine du travail social.

 

Il est mobilisé en août 1939 en tant que commandant de peloton de cavalerie. Quasiment anéanti suite à des combats avec les forces allemandes en septembre 1939, son peloton se replie à Lviv en Ukraine. Il intègre une division d’infanterie, détruit sept chars allemands et abat un avion.

 

Après l’invasion par l’Union soviétique en septembre 1939, la division est dissoute, Pilecki, se cache à Varsovie avant d’organiser l’armée secrète polonaise. En 1940, cette formation comprend 8 000 hommes. Pilecki demande alors à ses supérieurs l’autorisation d’être interné dans Auschwitz, un camp de concentration qui n’est pas encore d’extermination. Il reçoit le n° 4859. Durant son emprisonnement, il est promu par l’armée polonaise au rang de premier lieutenant.

 

Il organise dans le camp une « union clandestine des organisations militaires » et prépare combat contre les SS. Il crée un réseau d’entraide, récupère des médicaments et de la nourriture et parvient à inoculer le typhus à des SS. Il réussit à faire parvenir par radio à Londres des descriptions très précises sur le camp. La Gestapo du camp élimine plusieurs membres de l’organisation clandestine. Pilecki s’efforce de convaincre les alliés de la nécessité d’attaquer Auschwitz. Il s’évade après 947 jours de détention.

 

Les Britanniques refusent un bombardement aérien du camp. Plus tard, l’historien étasunien David S. Wyman posera la question évidente suivante : « Comment se fait-il que les gouvernements des deux plus grandes démocraties occidentales, sachant qu'il existait un endroit où 2 000 êtres humains sans défense pouvaient être tués toutes les trente minutes, sachant que ces exterminations continuaient, encore et encore, n'ont pas ressenti le besoin de trouver une voie pour éradiquer ce fléau de la surface de la terre ? » Churchill, pour sa part, avait refusé ces bombardements au motif qu’ils seraient « imprécis ».

 

En août 1943, Pilecki rejoint une organisation anticommuniste secrète, « L’Indépendance » pour préparer la résistance contre une éventuelle occupation soviétique. C’est alors que commence l’insurrection de Varsovie. Une horreur. Les combattants polonais vont résister 63 jours. On dénombrera coté polonais 18 000 soldats tués, 25 000 blessés et 180 000 civils tués. Les Allemands perdront 17 000 soldats. Après leur capitulation, les soldats polonais obtiennent le statu de prisonniers de guerre et sont emprisonnés en Allemagne. Ce qu’il reste de la population civile (environ 350 000 personnes) est parquée dans des camps de transit dans la banlieue de arsovie, puis déportée vers des camps de concentration. Pilecki est envoyé dans un camp en Silésie. Il est libéré par l’armée des États-Unis le 28 avril 1945.

 

En juillet 1945, il est affecté au renseignement militaire. En décembre, il organise un réseau de collecte de renseignements. Son identité d’agent de renseignements est découverte. Il refuse un ordre de quitter le pays. En 1946, le gouvernement polonais donne l’ordre de cesser les actions clandestines de la résistance polonaise. Pilecki refuse.

 

En avril 1947, il collecte des informations sur les atrocités commises par les Soviétiques en Pologne pendant l’occupation de 1939 à 1941. Il est arrêté par des agents du ministère de la Sécurité publique le 8 mais 1947. Il est torturé mais ne révèle aucune information importante. Le tribunal le juge « ennemi du peuple » et le condamne à morte le 15 mai. Il est exécuté 10 jours plus tard d’une balle dans la nuque par le bourreau alcoolique et violeur Piotr Smietanski. La dépouille de Pilecki n’a jamais été retrouvée.

 

En 1992, les autorités biélorusses détruisent la propriété des Pilecki. Les étangs qui l’entourent sont comblés avec du sable.

 

En 2003, le procureur qui a requis contre Pilecki est impliqué de complicité dans son meurtre. Il meurt en 2004 avant la fin de son procès.

 

Réhabilité, Pilecki est décoré à titre posthume de l’Ordre de l’aigle blanc, la plus haute décoration polonaise. En 2013, il est qualifié de « plus haut exemple de patriotisme polonais ». Plusieurs films, livres et bandes dessinées lui sont consacrés.

 

Ci-dessous : une photo de Pilecki pendant son procès.

 

Connaissez-vous Witold Pilecki ?
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