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17 juin 2023 6 17 /06 /juin /2023 05:01

Il y avait 36 raisons de poursuivre Donald Trump. Je n’en citerai qu’une ici : les conflits d’intérêt. Lors de son mandat présidentiel, plus de 100 entreprises lui appartenant en tout ou en partie ont fait des affaires dans 18 pays d’Amérique, d’Asie et du Moyen-Orient. Trump refusa de vendre ses actifs ou de les confier à un gestionnaire indépendant contrairement à ce qu’avaient fait, par exemple, Ronald Reagan ou George Bush. Il confia la gestion de ses entreprises à ses enfants ou à des cadres.

 

L’ancien président des États-Unis n’est poursuivi que pour ses transgressions contre l’appareil de sécurité nationale. Selon l’acte d’accusation, il s’est emparé de secrets d’État relatifs aux plans de guerre de son pays. Des secrets portant sur les capacités nucléaires des EU et des plans d’attaque contre un certain nombre de pays. Ces documents sont classés « top secret » car ni la population ni les médias ne sont autorisés à en prendre connaissance. L’acte d’accusation s’appuie sur la loi sur l’espionnage votée en 1917 (Espionage Act).

 

Pour protéger ses plans de guerre secrets, l’acte d’accusation du gouvernement Biden s’appuie presque entièrement sur la loi sur l’espionnage de juin 1917 (Espionage Act). Cette loi fut ratifiée juste après l’entrée en guerre des États-Unis. Il s’agissait d’empêcher des menées hostiles aux opérations militaires et de l’insubordination dans l’armée. Parmi les personnalités accusées d’infraction à la loi, on trouve le socialiste révolutionnaire Eugene Victor Debs, accusé d’avoir empêché le recrutement pour la guerre, et qui fut emprisonné de 1919 à 1921, Joseph Franklin Rutherford, condamné à 20 ans de prison en 1918 avant d’être réhabilité, les époux Rosenberg, accusés d’avoir espionné au profit de l’URSS et qui seront condamnés à mort et exécutés. Plus récemment : Daniel Ellsberg, poursuivi en 1973 pour conspiration avant que les charges soient abandonnées, Bradley Manning, accusé d’avoir publié 260 000 câbles diplomatiques et condamné à 35 ans de réclusion, peine réduite à sept ans, Edward Snowden, inculpé d’espionnage, à qui le président Hollande refusa le droit d’asile et qui vit désormais en Russie comme citoyen de ce pays, reality Winner, condamnée à 63 mois de prison pour avoir fait fuiter des informations à la presse, et enfin Julian Assange, porte-parole de Wikileaks qui encourt 175 ans de prison pour “ espionnage ”, détenu dans des conditions très dures dans la prison de Belmarsh et qui est menacé par une mesure d’extradition vers les États-Unis. Il a, à ce jour, enduré outre-Manche sept ans de surveillance et d’incarcération.

 

L’Espionage Act a été réclamé en décembre 1915 par le président Woodrow Wilson dénonçant « ceux qui ont versé le poison de la déloyauté dans les artères mêmes de notre vie nationale ». Il en profita pour critiquer violemment les grèves dans le pays et le socialisme, particulièrement populaire chez les immigrés.

 

Le discours de Wilson a donné le ton des débats qui ont entouré les deux mesures les plus importantes et les plus interdépendantes prises par le Congrès en 1917: la déclaration de guerre contre l’Allemagne et la loi sur l’espionnage. Pour lui, l’Allemagne avait « noyauté des administrations en provoquant partout des intrigues criminelles contre [notre] unité nationale notre paix à l'intérieur et à l'extérieur nos industries et notre commerce. » Il demanda l'adoption rapide d'un projet de loi qui visait à protéger les plans de guerre de l'État et à écraser la dissidence ; ce projet fut adopté à part la Chambre des représentants le 4 mai et par le Sénat (par 80 voix contre 8) le 14 mai. Pendant ce temps, le gouvernement suivait de manière très fébrile l'évolution de la politique en Russie et l'on peut dire que la loi sur l'espionnage visait aussi à protéger les États-Unis contre la menace révolutionnaire.

 

La loi fit entrer les États-Unis dans une nouvelle ère. Selon l'ancien sénateur Moynihan trois nouvelles institutions sont entrées dans la vie des États-Unis : la conspiration, la loyauté et le secret. Chacune est devenue institutionnelle, bureaucratique. Plus tard le pays accueillera un FBI (Federal Bureau of Investigation) pour s'occuper de chacune d'entre elles et pour surveiller les conspirations à l'intérieur du pays. Enfin sera créé la CIA (Central Intelligence Agency) pour surveiller l'étranger. Tout cela géré par des administrations complexes travaillant dans le plus grand secret.

 

Au cours du XXe siècle, les administrations républicaines et démocrates ont utilisé la loi sur l’espionnage pour commettre de nombreux forfaits. On l'a vu avec Debs fut emprisonné. Plus tard, pendant la Seconde Guerre mondiale, le procureur général du président Roosevelt fit condamner 18 membres du Socialist Workers Party qui s'étaient opposé à la guerre. Le procureur utilisa la loi sur l'espionnage pour interdire à ce parti de distribuer sa publication The Militant par la poste.

 

Le ministère de la justice de Barack Obama a poursuivi plus de personnes en vertu de la loi sur l'espionnage que tous les présidents précédents réunis. 

 

Aujourd'hui, Trump est le candidat favori républicain à la présidence. Son retour au pouvoir est tout à fait plausible. Or il. s'est montré – toute proportion gardée – moins impérialiste que les présidents démocrates qui l'ont précédé et qui l'ont suivi.

 

Ces poursuites seraient-elles encore plus politiques qu'elles n'en ont l'air ?

 

 

 

Pourquoi Trump est-il poursuivi ?
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commentaires

G
j'attend dorénavant avec impatience les 36 raisons pour ne pas l'inculper ... Parce qu'après l'avoir comparé à biden reagan et bush j'estime que vous en ressortiriez grandi ...
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A
Ce qui se constate dans de nombreux films US c'est l'énormité des administrations chargées des contrôles et des surveillances.<br /> Des services si nombreux qu'on s'y perd et surtout une armée considérable de fonctionnaires chargés de tout ce bastringue. Tous et toutes on l'air énormément occupés et on devine qu'il s'agit de machines qui finissent par être des organismes qui veillent en premier à assurer leur survie en soupçonnants tout le monde et le moindre écart.<br /> Alors moitié cet instinct de survie propre à tout organisme vivant, moitié une paranoïa nationale qui voit partout des ennemis à " leur démocratie ", il me semble qu'il y ait peu de chance qu'ils reviennent à une politique raisonnable et qu'il faudra attendre que tout ce bazar s'effondre sur lui-même lorsqu'il aura atteint sa masse critique. Pas certain.<br /> Chez eux nombreux sont conscients du danger et surtout du ridicule de cette logique et côté ridicule il n'y a personne qui en a aussi bien raconté le comique que les frères Coen dans leur film Burn After Reading. Chaque personnage est cohérent dans son petit délire personnel mais l'ensemble est totalement loufoque.L'histoire commence avec une coach sportive dans une salle de sport qui souhaite se payer une chirurgie esthétique et qui n'en a pas les moyens et se termine par une scène où l'on voit deux officiers de la CIA qui, après avoir décidé sans raison logique de verser une grosse somme à la coach, referment le dossier en admettant qu'ils n'ont rien compris à cette histoire de fous.<br /> Moralité : il vaut mieux en rire. De temps en temps.
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