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31 janvier 2024 3 31 /01 /janvier /2024 06:01

Texte écrit en 2006 et publié en 2013 par les Cahiers du Forell (Poitiers)

 

Au commencement était le phonème. Dans sa Modeste défense du calembour, Jonathan Swift se demandait si le mot Pun ne venait pas d'un mot grec signifiant soit fond soit glaive1 suggérant que jouer sur les mots, c'est aller au plus profond du sens, mais que c'est aussi fendre le sens avec la rapidité de l'éclair.

 

Le calembour est une brièveté, un coin enfoncé entre l'essentiel et l'accidentel, entre des relations normalement signifiantes et la coïncidence, quand toutes les particules de la langue se recouvrent exactement. Il est à la base de toute la création langagière (orale ou écrite) dans la mesure où la littérature est peut-être avant tout un jeu consistant à marquer des relations de sens, des relations au sens.

 

Le calembour est le little bang de la Genèse de la parole. Tous les récits, toutes les allégories sont issues d'un mot qui a éclaté grâce à l'énergie d'un pun. Le mal (malum) a donné la pomme (malum), le mot s'est – par dérision, transformé en chose ou en nom de chose. L'arbitrarité du signe n'étant plus à démontrer, le calembour serait la preuve que la langue, comme le bois, travaille d'elle-même. Un dentiste cher au Beatle John Lennon décrivait ainsi l'intérieur de la bouche : « Everybody knows there are four decisives, two canyons, and ten grundies, which make thirsty two in all2. » Le calembour est bien un bref accident où le mot originel fait place à un assemblage de phonèmes dérivés quand une organisation spontanée de syllabes produit du sens, et bien sûr quand notre mémoire, notre culture nous permettent de reconnaître des multiplicités.

 

Cela dit, nous vivons une époque « moderne ». Lorsqu'on institutionnalise les vrais-faux passeports, lorsque le « Bébête-Show » sert de culture politique et que les hommes politiques eux-mêmes s'y réfèrent et se mirent parfois en lui, lorsque le sondé a remplacé l'électeur, on peut se demander si on n'a pas atteint (provisoirement, peut-être), un certain aboutissement de la pensée, quand la signification a disparu parce qu'on a perdu de vue la relation logique entre le signifiant et le signifié. Quand l'ECU est une monnaie, quand la Vénus de Milo retrouve ses bras non pour que nous ayons envie de l'original, mais pour que nous n'ayons plus besoin de l'original3, quand on attend des supermarchés qu'ils se substituent aux pouvoirs publics parce que les banlieues sont devenus des « ghettos4 », quand les sectes ont remplacé les églises, quand les ambitions personnelles ont démodé les partis politiques, on peut se demander si l'humanité va encore être capable de produire des signes authentiques. Lorsqu'on ne parvient plus à rattacher les mots aux choses parce que notre rapport aux signifiants est brumeux, on abandonne le monde de la création pour se satisfaire de celui de la répétition parodique, du pastiche tautologique, du jeu à l'état pur, quand le ludique ne renvoie qu'à sa propre performance, se dénote sans connoter le réel. C'est ainsi, nous semble-t-il, qu'on peut expliquer, ces dernières années, l'essor considérable de tout ce qui relève de l'imitation et du jeu sur les énoncés de la société. Il n'est pratiquement plus rien qui ne renvoie à autre chose. Quand le « tout vrai » doit s'identifier au « tout faux5 », la médiatisation s'opère très souvent par le biais de calembours.

 

Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, le calembour est devenu l'un des témoignages de la perte de cohérence de notre discours social, Lacan ayant été un témoin notoire de notre inaptitude à l'appréhension du réel, parce que, comme le pensait Victor Hugo, lorsqu'on a recours au calembour, notre esprit vole dans les deux sens du terme (« Le calembour est la fiente de l'esprit qui vole »).

 

Les universitaires ont toujours entretenu vis-à-vis du calembour une relation vivement critique et légèrement fascinée. Lanson y voyait « la plus basse forme du sentiment des sonorités verbales » ; voilà pourquoi, concédait-il, « il lui arrive de rapprocher les grands artistes et les grands imbéciles6 ». Bergson condamnait un « laisser-aller du langage » oubliant « un instant sa destination véritable et qui prétendrait maintenant régler les choses sur lui, au lieu de régler sur elles7 ». Tout aussi sévère, Lévi-Strauss pensait que le calembour « prend la place de la réflexion » et comme l'enseignement philosophique reçu par lui au début de ce siècle, il « exerce l'intelligence en même temps qu'il dessèche l'esprit8 ».

 

Infantilisme, humanisme ou « chute de l'homme » ?

Jouer avec les mots c'est, d'une certaine manière, retourner en enfance ou, plus exactement, y rester. Calembourrer n'a rien de pervers, ne relève pas d'un comportement marginal. Il s'agit d'une réflexion, d'une pratique plus ou moins consciente du fonctionnement de la langue, quand le locuteur tire profit des zones résiduelles du comportement langagier que les grammaires, les théories linguistiques ne prennent pas en compte9.

 

Le calembourisme est-il un humanisme ? On peut en effet se poser la question si on se souvient que la vogue du calembour, du contrepet, des jeux de mots en général s'est développée en France comme en Angleterre à l'époque de la Renaissance. « Le calembour est incompatible avec l'assassinat », dit l'un des personnages de La Chartreuse de Parme. Jean-Paul Grousset, un des piliers du Canard Enchaîné, voit dans le faiseur de calembours un homme qui aime son prochain, un homme qui rapproche les hommes et qui abolit, en même temps qu'il les dessine, les frontières des possibles du langage10.

 

Mais la lecture du Canard Enchaîné,ne serait-ce que parce que cet hebdomadaire se proclame satirique, installe le lecteur dans un club fermé avec ses innombrables connivences, une sorte de société secrète à visage découvert, où il n'est même plus nécessaire de se comprendre à demi-mot pour savoir qu'on fait partie du même monde. Jean-Paul Grousset et ses confrères jettent des pavés dans la mare, ce qui prouve au moins que pour eux il existe une mare commune. La satire est un genre conservateur en ce sens qu'elle veut à tout prix préserver le modèle en regardant par derrière lui. Lorsque durant les « événements » de mai 1968, le Canard titre : « Comment va le monde ? – Cahin-chaos », on sent bien que tout finira par s'arranger, ce qui n'empêche pas De Gaulle, ce qui avait peut-être échappé à l'auteur du calembour, d'être menacé par Caïn-Pompidou11. Baudelaire, grand usager du calembour, estimait quant à lui que l'humour était une réponse à la Chute de l'Homme et que le jeu de mots (de maux ?) traduisait la nécessité pour le créateur du dédoublement : « L'artiste n'est artiste qu'à la condition d'être double et de n'ignorer aucun phénomène de sa double nature12 ». Nécessité ou hasard dans la mesure où on peut se demander si le calembour n'est pas dans un premier temps une connivence avec soi-même, mais qui permettrait l'intrusion d'un autre mal connu et pas forcément attendu. On trouvera sans peine cet autre, démultiplié pratiquement à l'infini, dans l'imagerie produite par le christianisme depuis 2 000 ans. « Tu es Pierre, et sur cette pierre… », avait dit le Christ, prêcheur au discours moins tragique qu'on ne le croit parfois. Le calembour religieux n'a-t-il pas été exprimé par toutes ces curiosaet obscena qui, tels des points noirs ou des mouches, grêlent les murs pies de quantités d'édifices religieux. Du fond de l'oralité paysanne, nous sont parvenues ces affirmations doubles, oxymoriques, où le profane se fond dans le religieux, où le rire ne veut en rien céder à la terreur, en cette époque où, contrairement à ce que ferait Lacan, on savait ne pas dérouler un calembour. Dans la collégiale Saint-Martin de Champeaux, une stalle du XVIe siècle montre un homme urinant sur un van. La culture populaire médiévale aimait les calembours, échanger sons, sens, images, s'extraire du réel – comme l'a si bien fait Jeronimus Bosch13, pour mieux le réintroduire. Alors, « Petite pluie abat grand van14 ».

 

Société et langage

 

Le calembour est l'une des astuces les mieux partagées du monde. Pierre Guiraud mentionne « des formes souvent assez fines du calembour qui ont laissé des traces dans la langue de l'argotier », et il cite le concierge surnommé cloporte15. Le calembour peut servir à créer des mots de passe pour les minorités, comme Señoreater pour un homosexuel mexicain16 ou cette French letter de mauvaise qualité qui devient Welsh parce qu'il y a a leek in it17.

 

Lorsque je dis que « Dieu est un mythe errant », je joue sur un jeu de mots préexistant, je tords une pensée elle-même tordue. Je débusque une stratégie langagière qui n'est pas neutre, et je finis par maîtriser une réalité qui m'avait échappé en affaiblissant la charge paradigmatique des vocables « Dieu », « mythe » et « Mitterrand ». Mais cette réussite n'a été possible que parce que je ne me suis pas écarté de la logique du sémantisme de la proposition rhétorique initiale. Dieu m'a ramené à Dieu. Le mythe au mythe. Le discours au discours. Mais, heureusement, le jeu sur les mots n'est possible que parce que dans l'univers, il y a davantage d'objets que de mots, et surtout que de sons, et parce qu'un mot n'est pas défini par sa seule forme, mais surtout par sa fonction. Sinon, Séphéro, le fameux soldat de La Marseillaise, ne serait jamais sorti de son calembourbier, ni non plus Pansa qui avait le sang chaud ! Qui plus est, le passage d'une langue à une autre ne suscite-t-il pas une forme d'hypnose comparable à celle d'Océania dans 1984, le lecteur recevant de la communauté qui l'intègre un « système de langage » avec un « mode d'emploi », mais aussi un « mode de contre-emploi », qui permet en môme temps d'affirmer la maîtrise du mode d'emploi18 ? Et c'est quand on ne connaît pas ces modes d'emploi et de contre-emploi qu'on peut produire, sans le savoir, les calembours les plus savoureux. On se souvient par exemple de cette histoire de Fernand Raynaud reprise par Gérard Genette et qui met en scène deux Allemands à Londres voulant se faire passer pour des Anglais et demandant dans un pub : Two Martinis, Please et répondant Nein, zwei à la question dry19 ?

 

Chez les scientifiques, le jeu de mots est condamné pour son ambiguïté, voire sa morbidité. C'est bien parce qu'il était – bon gré, mal gré – un marginal de l'institution20 que Roland Barthes a pu, en parlant de lui à la troisième personne, analyser sa jouissance amphibologique, lorsqu'il pensait, par exemple, à la polysémie du mot intelligence :

 

« R.B. garde au mot ses deux sens, comme si l'un deux clignait de l'œil à l'autre et que le sens du mot fût dans ce clin d'œil [...]. C'est pourquoi ces mots sont dits [...] "précieusement ambigus", [...] parce que grâce à une sorte de chance, de bonne disposition, non de la langue mais du discours, je puis actualiser leur amphibologie21 [...].

 

L'amphibologie serait-elle anarchiste, mais sur un mode défensif ? L'instigateur d'un quiproquo est toujours sur ses gardes, ne sachant jamais vraiment si sa stratégie discursive sera mal comprise ou trop bien comprise. Lorsque la pensée ou la langue fourchent, c'est-à-dire se dédoublent, s'agit-il d'une bourde ou d'un crime avec préméditation ? Les deux selon Victor Shklovski qui donne comme exemples de défamiliarisation (ostranenie), les calembours, les euphémismes concernant les sujets érotiques une fois que la création est pensée par l'énonciateur comme une recherche sur les potentialités cachées de l'objet22.

 

Le calembour n'est pas un acte gratuit, qu'il témoigne de la crainte de l'autre, comme dénotait, au début de la guerre du Golfe Persique, cette constatation du petit garçon d'un marine : Sadly Insane took my daddy away23, ou l'antanaclase historique des Parisiens protestant contre les barrières d'octroi en 1789 : « le mumurant Paris rend Paris murmurant », ou enfin ce slogan mot-valise des Luddites : Long live the Levolution mariant les Levellers aux révolutionnaires français24. Si, comme l'a dit Raymond Queneau, « il y a peu de fautes stériles25 », c'est que la langue a deux faces et que, dans le même mouvement, elle regarde ce qu'elle met en forme et réfléchit sur elle-même en se réfléchissant. Consciemment ou non, l'énonciateur se plait à pécher contre la langue parce qu'il entrevoit un enrichissement. Amphibologiquement parlant, Barthes est un rêveur dont les fulgurances scientifiques passent volontairement par les détours de la poésie. Ce qui lui permet d'être plus sensible que d'autres au tremblement de la langue, à sa nature instable, au fait que l'on n'est jamais vraiment sûr, non seulement d'être compris, mais même d'exprimer ce que l'on veut réellement dire.

 

Calembour et création

Le calembour, ainsi que le mot-valise, sont la preuve que les mots sont rarement porteurs d'un seul sens. Une langue d'où ils seraient absents serait une langue où à chaque signifiant correspondrait un signifié, c'est-à-dire une non-langue. Alors que l'anagramme joue plutôt au niveau de la vision des mots, le calembour, comme la rime, lie des mots qu'associe la sonorité et non le sens : Why don't you starve in the desert ? Because all the sand which is there (all the sandwiches there).

 

Le calembour traduit la jouissance du locuteur qui sent les potentialités infinies d'une langue qu'il domine à mesure qu'il la malmène. Autrement dit, le désordre qu'occasionne le calembour est la preuve de l'ordre du génie de la langue. Il y a création verbale parce que le calembour transcende de nombreux genres discursifs. Lorsque Booz est vêtu de « probité candide et de lin blanc », lorsque Prévert évoque L'Emasculée Conception, lorsque Boris Vian joue de son quadruple instrument, la trompinette26, de nombreuses frontières entre genres littéraires ou rhétoriques sont anéanties. Quand, évoquant la mauvaise gestion de la compagnie Air Afrique, le Président Sénégalais Abdou Diouf affirmait en 1988, en connaissant, du moins l'espérons-nous, les vertus dévastatrices de l'ironie, qu'Air Afrique « battait de l'aile », il faisait se téléscoper différentes strates de la philosophie et de l'étymologie française, il comprimait la polysémie, ce que seul un chef d'État, même démocratiquement élu, pouvait se permettre.

 

Borges disait que les mots étaient en eux-mêmes métaphoriques ; il aurait pu ajouter, après Saussure qui estimait que les mots fouet et glas pouvaient frapper du fait même de leur sonorité27, qu'ils pouvaient être à eux seuls des calembours. Pierre Guiraud évoque l'homonymie en sanskrit de gavos(nuage) et gavos (vache) d'où serait née (ou « frère » ?) la légende du bouvier Cacus, gardien des vaches du ciel28. Il faut dire que l'étymologie peut nous aider à accéder à une étonnante connaissance de nous-mêmes, de notre culture, via le délire, la sortie du sillon. On pense aux travaux de Pierre Brisset pour qui l'étymologie donnait la clé, non seulement des mots, mais aussi du monde29. Ainsi, le gâteau matutinal préféré des Français s'appelle croissant, bien sûr parce qu'il en a la forme, mais aussi parce qu'il fut inventé pour commémorer une victoire autrichienne sur les Turcs. Brisset poussait loin son délire lorsqu'il exprimait que des idées exprimées par des sons identiques avaient la môme origine. Il donnait les exemples suivants :

 

Les dents, la bouche 

Les dents la bouchent 

L'aidant la bouche 

L'aide en la bouche 

Laides en la bouche 

Laid en la bouche

 

De la création (au deux sens du terme) aux racines, il n'y a qu'un pas. L'auteur des Mythologies rappelait qu'aimablesignifie que l'on peut aimer. Comme l'étymologie, le calembour serait ce qui nous permet de retrouver nos origines, lasurimpression dont parle Barthes30 (comme lorsqu'on se souvient que tennis est une déformation du verbe tenir à la deuxième personne du pluriel de l'impératif) nous faisant remonter le temps en nous transformant en palimpsestes vivants qui peuvent, s'ils le souhaitent, jouer avec tout énoncé littéraire malgré ou contre son auteur. Robert Silhol a ainsi magistralement expliqué comment on pouvait jouer avec l'inconscient d'Apollinaire en jouant aux quilles avec les onze mots du refrain du « Pont Mirabeau31 » :

 

Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure

 

Mais si on s'en tient à une simple approche grammaticale, quoique ludique, des six premiers mots (« Vienne la nuit sonne l'heure »), on ne perd pas non plus son temps. Outre le fait que « Vienne » n'est peut-être rien d'autre que le chef-lieu d'arrondissement de l'Isère ou un département qui compte des chercheurs hors pair, on peut voir dans ce verbe (soyons réaliste) le véhicule des souhaits ou des regrets de l'auteur, on peut accorder à « la nuit » une valeur anaphorique ou une valeur généralisante, on peut conjuguer « sonne » au subjonctif, à l'indicatif ou à l'impératif, et on peut également donner à « l'heure » une valeur anaphorique ou généralisante. Ce faisant, on aura, sans effort, écrit Cent mille milliards de poèmes.

 

Dans sa dimension parodique, le calembour doit s'en prendre à une cible pré-existante. Shamela n'aurait jamais existé sans le Pamela de Richardson. Par le burlesque, Fielding s'attaque à un genre admis avant lui comme élevé. Mais bien qu'il produise un discours second, en détournant un genre de ses codes, il reste néanmoins redevable de l'hypotexte. La critique débouche, peut-être en fin de compte, et quoi qu'en aient les créateurs, sur une mise en valeur de la cible décriée. Lorsque le Canard Enchaîné appelait Couve de Murville Mouve de Curville, il nous semble qu'à son corps défendant il lui rendait service. Le but recherché était peut-être de railler un nom à particule ; mais comme le cérémonial de la nomenclature n'avait pas bougé, le calembour était rassis avant d'avoir servi32.

 

(Á suivre)

 

NOTES

1 Prose Works, ed, Herbert Davis, Oxford, 1957, vol. 4, p. 205-6.

2 The Writing Beatle, New York, 1967, p. 24.

3  Voir Umberto Eco, La guerre du faux, Paris, Grasset, 1985, p. 23.

4 L'abus, aujourd'hui, du mot « ghetto » atteste la coupure de l'individu et de la collectivité par rapport à leur culture et à l'histoire.

5 Leek = poireau, Leak = fuite. Umberto Eco, op. cit., p. 12.

6 Gustave Lanson, L'art de la prose, p. 32. Dans Dictionnaire philosophique, Voltaire qualifie le calembour de «la pire espèce du faux bel esprit». Selon Pierre Guiraud, le mot "calembour" viendrait de caller (bavarder) et  bourder (dire des blagues). Voir Les jeux de mots, Paris, P.U.F., "Que Sais-je ?", 1976, p. 121. Pun apparaît dans l'Oxford English Dictionary en 1960. Son origine est inconnue. Le mot vient peut-être de to pound, avec l'idée que les mots sont battus, que le sémantisme est écrasé, ou alors de punto, "pointe", ce trait cher aux pitres.

7 Le Rire, Paris, P.U.F., 1975, p. 92 (première publication : 1900).

8 Tristes Tropiques, Paris, U.G.E., 1955, p. 37.

9 Ce que Jean Jacques Lecercle appelle The remainder in The Violence of Language, Londres, Routledge 1991.

10 Si t'es gai, ris donc ! Paris, Julliard, 1963, p. 21.

11 5 juin 1968.

12 Charles Baudelaire, Curiosités esthétiques, Paris, Garnier, 1962, p. 263.

13 Un des aspects fondamentaux de l'œuvre de Bosch tient dans un considérable travail de retournement. Pour ne prendre qu'un exemple, à la limite mineur, on pourra considérer le démon, personnage direct de son Saint Jean de Patmos. Son sexe est une queue écaillée (on peut naturellement jouer sur le mot "queue" en flamand comme en français). Cet horrible appendice, sexe clos sur lui-même, privé pour toujours de l'étreinte, exprime la condition oxymorique du démon solitaire (sûrement pas démoniaque) et impuissant, et traduit, au niveau du discours, la confusion tragique que le mal introduit dans le langage.

14 Lire à ce sujet Claude Gaignebet, (et al.), Art profane et religion populaire au Moyen Age, Paris, PUF, 1985 (2e chapitre).

15  L'argot, Paris, PUF, 1956, p. 50.

16 Bruce Rodgers, The Queen's Vernacular, San Francisco, Straight Arrows, 1972, p. 29.

17 Leek= poireau. Leak= fuite.

18 Marina Yaguello, Alice au pays du langage, Paris, Le Seuil, 1981, p. 141.

19 Fiction et diction, Paris, Le Seuil, 1991. On peut également jouer sur con et con, chat et chat, rot et rot (« pourrir » en anglais, « rouge » en allemand). On pourra aussi aller chercher en Afrique keur(prononcé « cœur ») qui signifie « maison » en wolof et qui, étrangement, ressemble euphoniquement au ker des Bretons ! Signalons également une approximation troublante : to kowtow, verbe d'origine chinoise, signifiant "courber l'échiné", et akoto signifiant "à genoux" en baoulé, langue du groupe Akan. Enfin, dans le dialecte bavarois, jouer allegro vivace implique pour les musiciens en herbes qu'ils ne doivent pas taper sur leurs instruments comme s'ils leur donnaient des claques (wie Watsche).

20 Voir L.J. Calvet, Roland Barthes, Paris, Flammarion, 1990.

21 Roland Barthes par Roland Barthes, Paris, Le Seuil, 1975, p. 76. On sait que des moqueurs (Michel-Antoine Burnier et Patrick Rambaud in Pastiches, Paris : Balland 2018) parleront d'« angulage de mouches » pour qualifier certains méandres de la démarche barthésienne.

22 « Art as Technique », in ed. L.T. Lemon and M. J. Reis, Russian Formalist Criticism, Lincoln, University of Nebraska Press, 1965.

23 Ce fou triste (Saddam Hussein) m'a pris mon papa.

24 Cité par E.P. Thompson, TheMaking of the English Working Class, Harmondsworth : Penguin, 1968, p. 733.

25 Bâtons, chiffres et lettres, Paris, Gallimard, 1965, p. 69.

26 Dans trompinette, il y a « trompe », « pine », « trompette » et « trombine ».

27 Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, Paris, 1967, p.102.

28 Pierre Guiraud, Les jeux de mots, éd. cit., p. 41.

29 Pierre Brisset (1837-1923) est l'auteur de La Grammaire logique, Paris, Tchou, 1970. Bien sûr, la quête étymologique ne rapporte pas toujours les fruits souhaités. L'étymologie naît parfois de faux indices. Umberto Eco rappelle qu'orchis signifiait en Grec testicule ... In Les limites de l'interprétation, Paris, Grasset, 1992, p. 108.

30 Roland Barthes par Roland Barthes, éd. cit., p. 88.

31 Le texte du désir, Petit-Rœulx, Cistre, 1984 (chapitre 4).

32 En revanche, beaucoup plus cruel était le fait d'appeler, dans l'entre-deux-guerres, le père de l'ancien Président de la République Monsieur de Puipeu, lui qui venait de relever le nom de la famille d'Estaing.

 

 

Les frontières royales des calembours bons (I)
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