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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 11:21

Dans cette grande université où des vice-présidents démissionnent à tire-larigot, le président a fait récemment appel aux CRS pour évacuer des étudiants qui avaient prétendument envahi le “ Congrès élargi ”.

 

Rue 89 publie le témoignage d’un étudiant en master, chargé de TD dans cette même université.

 

Extraits :

 

J’étais au rassemblement organisé pour protester contre les orientations de la présidence de l’université. Environ une centaine de personnes était présente devant le Grand Amphi de Lyon 2 pour s’inviter au « congres exceptionnel » organisé par le président.
Dans un premier temps, les agents hygiène et sécurité nous ont informé que le président acceptait que nous participions à ce congrès, à ma grande surprise je dois bien l’avouer.

 

Cependant et au bout d’un certain temps d’attente, nous avons vite compris que ce n’était qu’une stratégie pour nous faire patienter, et nous empêcher de pénétrer dans l’amphi. Nous avons donc pris la décision de rentrer dans cet amphi. Il y a eu effectivement une bousculade à ce moment là compte-tenu du fait qu’une centaine de personne tentait d’entrer par une porte devant laquelle se trouvait les agents hygiène et sécurité.

 

Précisons ici que ces personnes sont des agents contractuels payés une misère. Lors des mouvements sociaux, les présidents les utilisent souvent afin d’empêcher des rassemblements d’avoir lieu comme c’était le cas hier. Évidemment cela ne fait pas partie de leur métier et il n’est pas indiqué dans leur contrat qu’ils sont employés pour de telles tâches.

 

 

 

Occupation de l’amphi

 

 

Une fois dans l’amphi, nous avons pris place dans celui-ci et nous avons patienté jusqu’à ce que le congrès commence. L’amphi était également rempli de la plupart des profs élus au conseil d’administration. Après une trentaine de minutes d’attente, un des responsables administratifs de l’université est rentré et a demandé aux élus de s’en aller en leur précisant qu’ils communiqueront une autre salle dans un autre lieu, afin que la réunion puisse se tenir sans nous.

 

Escortés par des agents de sécurité

 

Nous nous sommes donc retrouvés dans la cour. J’ai discuté avec certains profs. Ils font partis d’une liste opposée au président actuel mais sont très minoritaires (Jean-Luc Mayaud a effectivement était élu président de l’université à 17 voix contre 5). Ils ont refusé pour leur part d’aller au second lieu de réunion, escortés par des agents de sécurité.

On a vu alors certains profs (plutôt proches du président) se diriger discrètement et un par un dans son bureau. Le président de l’université a fait monter des doyens ainsi que des représentants syndicaux dans le bureau où il s’est calfeutré, sans leur dire pourquoi.

 

Une porte forcée mais pas cassée en deux

 

Nous avons repéré ce manège et nous avons décidé de nous inviter nous aussi à cette réunion VIP. C’est à ce moment là que nous avons forcé une des portes. Elle n’est pas cassée en deux, il a suffit de tirer dessus (assez fortement certes) pour qu’elle s’ouvre. Un élément magnétique a donc peut-être été endommagé mais c’est à ma connaissance le seul dégât matériel de cette action.

 

Nous sommes donc montés par un escalier pour arriver devant une porte verrouillée devant laquelle sont disposés les agents de sécurité (dont celui « gravement atteint transporté en urgence » à l’hôpital…). « Nous » ? Non pas des « étudiants dirigés par la FSE » comme le précise le mail de la présidence de ce vendredi matin mais des gens déjà présents à l’AG du mardi précédent qui avait réuni environ 150 personnes.

 

Des gens de la FSE certes, mais aussi du Parti de gauche, de l’Union des Étudiants Communistes (UEC) et aussi beaucoup de non-encartés comme moi ou deux de mes potes en doctorat qui ne font pas partie d’un syndicat. Il y avait aussi des profs ou encore des représentants du personnel de la fac (BITAOS). 

 

Coup de sifflet et CRS qui déboulent

 

Nous étions assis par terre et calmes, respectant les tours de parole habituels en AG de 3 minutes par personne. Une heure après, les informations ont commencé à nous parvenir sur la présence de policiers aux abords de l’établissement.

 

Avant la fin de l’AG, un coup de sifflet a retenti en bas de l’escalier nous donnant l’ordre de sortir. Les portes devant lesquelles nous attendions se sont enfin ouvertes… sur plus d’une dizaine de CRS en armure. Le commissaire, orné d’une écharpe tricolore, a donné trois coups de sifflets :

 

« Je vous ordonne au nom de la loi de quitter les lieux. À partir de maintenant les CRS sont autorisés à vous charger ».

 

De l’étage au-dessus de nous, une dizaine d’autres CRS sont arrivés. Autrement dit, il y en avait partout, en haut, en face et en bas. Nous avons quitté les lieux dans un calme relatif. A vrai dire, à ce moment-là, on a surtout peur de ce qui aurait pu nous arriver. Nous sommes descendus dans la cours de l’université. Les 30 CRS ont été rejoints par 20 flics en civil. Je suis parvenu à rejoindre les profs qui étaient avec nous mais qui ont été épargnés par les flics.

 

Arrestations

 

Quelqu’un m’indique que les policiers ont pointé du doigt les personnes qu’ils allaient arrêter et que toutes étaient syndiquées à la FSE (on apprendra plus tard qu’en fait 6 personnes ont été arrêtées dont 4 de la FSE).

 

Quelques instants plus tard, peu après que je me suis extrait du groupe, celui-ci a été brutalement dirigé vers la sortie de l’université. Par groupes de trois, les étudiants sont tous relâchés. Tous sauf 4 qui, au moment de sortir, sont pris par les flics, jetés à terre, immobilisés à plat ventre, menottés dans le dos, puis embarqués (deux autres personnes sont poursuivies dans les rues adjacentes puis arrêtées, mais nous ne le savons pas encore).

 

Ces quatre personnes sont tous à la FSE et ont toutes pour points communs de s’être levés tous les matins depuis la semaine dernière pour être présents à partir de 7h30 dans la fac pour distribuer des tracts et tenter de mobiliser sur cette action. Elles se sont toutes mobilisées pendant cette semaine pour faire entendre ce qu’il se passe actuellement à l’Université. 

 

Il convient d’indiquer ici un élément important : les CRS ont interdiction de pénétrer dans une université, sauf sur ordre du président.

 

Tout cela intervient dans un contexte très particulier puisque 3 vice-présidents de l’université ont démissionné parce qu’ils sont en désaccord avec les orientations de la présidence.

 

Application des lois LRU = privatisation

 

Actuellement sont appliquées les lois LRU dites d’autonomisation des universités. Privatisation serait un mot plus juste, mais autonomisation ça fait moins peur puisque « l’autonomie, c’est bien ». des cursus pour avoir un vivier à disposition qu’ils peuvent recruter.

 

À Lyon, le président de l’université à dans l’idée de nous faire intégrer une sorte de « super-université ». Fini Lyon I, Lyon II, Lyon III et Saint-Etienne : tout cela ne sera plus qu’une superfac. Le but ? Supprimer tous les doublons. Les postes par exemple, autrement dit, il n’y aurait désormais qu’un seul responsable des échanges internationaux pour les 4 campus. Mais on peut aussi imaginer à long terme que les cursus « en double » soient réunis dans un seul des campus. Lyon II et Lyon III perdront par exemple leurs spécificités pédagogiques et de recherche. 

 

Naître dans un mauvais endroit

 

Le risque de tout ça c’est qu’à long terme, la personne qui est né au mauvais endroit et qui n’a pas de fac dans sa ville sera obligée d’intégrer une université de sa région (nombreux accès en L1 réservés aux étudiants de Rhône-Alpes à Lyon 2). 

 

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commentaires

A
J'étais étudiant à Lyon2 il y a quelques années. Il y a eu une grève des enseignants en 2008, ca nous faisait presque un semestre sans cours. Je n'arrive pas à croire que quelque chose comme ca puisse se passer dans l'enseignement. Je conseille tout le monde de plutot aller en école privé. J'ai l'impression que l'enseignement public se dégrade de plus en plus.
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H
La chienlit habituelle. Eviter les doublons est le seul moyen de dépenser correctement l'argent public. Ce prrésident est plein de sagesse.
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