Gagnant-gagnant. Encore un concept qui nous vient des Etats-Unis (win-win). Selon la définition de Wikipedia, « Un accord par lequel chaque partenaire se préoccupe de l'intérêt de l'autre, d'une façon également favorable à son propre intérêt. Il ne s'agit pas de rechercher le meilleur compromis de partage des gains, mais de trouver un accord qui augmente les gains de chacun. »
Ce type de stratégie a une soixantaine d’années. Il a été pensé par des psychologues étasuniens pour la résolution des conflits entre parents et enfants, puis adapté au monde de l’entreprise privée. Ce concept est désormais très utilisé par les médias et le personnel politique du monde entier.
C’est peut-être Ségolène Royal qui, lors de sa campagne pour l’élection présidentielle de 2007, l’utilisa chez nous en premier. Ce qui surprit de la part d’une femme politique officiellement de gauche. Il s’agissait – semble-t-il, puisqu’elle n’eut pas l’heur de mettre son programme en pratique – de repenser les rapports entre le collectif et l’individuel, entre les patrons et les salariés. Ce que le banquier éborgneur prolongerait avec son « en même temps ». L’illusion qu’un équilibre raisonné pourrait triompher des égoïsmes, des individualismes décomplexés, pourrait imposer du social, mais aussi du politique. Plus de contrat léonin, plus de pâté de cheval et d’alouette (« Pour faire du pâté d’alouette, prenez un cheval et une alouette… »), critiqué par Laurent Fabius lui-même en 2010 : « Cette résignation, ce fut le social-libéralisme, une sorte de pâté d’alouette : on voit bien en quoi il est libéral, pas trop en quoi il est social. »
La société française est de plus en plus injuste, elle qui privatise les gains et socialise les pertes, elle qui exclue les pauvres des bénéfices en leur faisant supporter les pertes des riches.